Le peuple italien donne une claque géante à Berlusconi

Le 13 juin, 94 % à 96 % des votants ont rejeté les quatre initiatives berlusconiennes : les nouvelles centrales nucléaires, la privatisation de l'eau, et deux lois d'immunité judiciaire pour les ministres et le président du conseil. Leçons à en tirer :

 

Les Italiens ne votaient plus aux référendums, à tel point que cette formule de consultation semblait vouée à disparaître. Mais pour donner une claque à Berlusconi, ils ont sauté sur l'occasion : 57 % d'entre eux sont allés jusqu'aux bureaux de vote. Et ils ont exprimé un rejet quasi-unanime (94 % à 96 %) des quatre mesures berlusconiennes qui leur étaient soumises. L'ampleur du rejet vaut condamnation : le peuple d'Italie ne veut plus de « Silvio-la-honte ».

Ce séisme comporte deux leçons.

D'une part, c'est la fin du règne des chaînes de TV crétinisantes, arme du berlusconisme. Les danseuses à poil ne motivent plus l'électeur. 2011 n'est plus 1990. La crise du capitalisme tardif menace et angoisse les populations ; leur montrer des shows imbéciles (ou des Gay Pride comme Zapatero) n'a plus le même effet qu'au temps où le système lançait la Mondialisation Heureuse à coups de chansons lobotomisantes et de nuages multicolores. Les nuages se dissipent et les gens se réveillent, au vent matinal de la réalité.

D'autre part, force est de constater que les ultimes plantons du berlusconisme ont été depuis six mois, en Italie et même en France, des blogueurs de droite s'affichant aussi comme les « défenseurs » des « valeurs », au nombre desquelles (bien sûr) « l'héritage catholique ». Ils n'étaient pas dégoûtés, sachant ce qu'est Berlusconi sur le plan des valeurs ; mais des gens capables de nier la réalité du scandale des prêtres pédophiles, étaient tout aussi capables de s'acommoder des relents du bunga-bunga.

Et pourquoi s'en accommodaient-ils ? Parce que Berlusconi était, disaient-ils, « un rempart contre le communisme ».

Oui, vous avez bien lu : le communisme. En 2011.

Berlusconi était aussi l'allié de la Ligue du Nord, modèle aujourd'hui de tous les partis d'extrême droite puisqu'elle annexe « l'identité catholique » (voir ma note d'hier) à la xénophobie ; il fallait donc à tout prix défendre Berlusconi. Et voilà comment les Fiers Gardiens de l'Occident Chrétien se sont retrouvés les derniers avocats d'un indéfendable vieux ripou.

Laissons les morts enterrer les morts. Un monde nouveau demande à naître.