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04/06/2011

Une star du "climatoscepticisme" abjure cette idéologie

Un publiciste conservateur US fait un coming out : après s'être acharné à dire que l'idée du réchauffement n'était qu'un "complot socialiste", il se rallie aux faits scientifiques.  Extraits de l'article sur cette affaire


 http://www.slate.fr/story/39069/climatosceptiques-evolution

 climat,réchauffement,écologie

 

 <  Le journaliste D. R. Tucker,

     républicain, ex-négationniste climatique.

 

<<  Voici encore quelques mois, vous auriez eu toutes les difficultés du monde à trouver un climatosceptique plus caractéristique que D.R. Tucker. Auteur conservateur et animateur de radio, il ne gobait pas l'idée faisant des émissions de gaz à effet de serre les responsables de la hausse des températures. Il était pratiquement sûr que le réchauffement climatique était une imposture montée de toutes pièces par Al Gore, aidé d'une poignée de scientifiques 'libéraux' [ de gauche, NDPP] et assoiffés de subventions. [1]

Puis Tucker a fait ce que font rarement les partisans et les climatosceptiques : il a changé d'avis. «J'ai été battu par les faits», a annoncé Tucker sur FrumForum.com, un blog très populaire [...]. Dans un article daté du 19 avril, intitulé «Confessions d'un converti climatique», Tucker explique à ses lecteurs comment il en est venu à remettre en question les idéologies du débat climatique, à étudier les données scientifiques, et à en conclure que le réchauffement climatique était, dans les faits, vraiment très réel. [...] La conversion de Tucker a commencé à sa lecture du  Disconnect de Morris Fiorina, qui souligne les divisions partisanes à l’œuvre entre démocrates et républicains, et montre que l'écologie était auparavant l'une des principales préoccupations des conservateurs. La curiosité de Tucker fut piquée au vif.  [...] Ensuite, un ami a convaincu Tucker de jeter un œil au Quatrième rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat – la synthèse faisant autorité des données scientifiques évaluées par des pairs les plus récentes. «Au départ, j'étais un peu sceptique. Mais j'ai continué à lire, et il y avait tellement de preuves, tout était si détaillé, si corroboré, si documenté que j'ai eu une réaction du genre 'bordel de merde, c'est vraiment vrai!'»  

Dans les mois qui ont suivi, Tucker est devenu un promoteur actif de la législation sur le climat : [...] il en appelle ouvertement à un système de tarification du carbone, et continue à interpeler ses amis libertariens sur la question.

 

"Ostracisés" par leurs ex-coreligionnaires

[...]  Avant d'écrire son article, Tucker avait tout de même rencontré deux convertis climatiques comme lui: les époux Susan et Roger Shamel, ex-républicains de Bedford (Massachusetts). Leur conversion datait de 2006 [...] Depuis lors, ils ont été fondamentalement incapables de convaincre leurs amis et leur famille de la véracité de la science climatique, pour finir ostracisés. [...]  Ce n'est pas surprenant – souvent les idéologies enracinées sont tout simplement imperméables aux faits. [...] Ainsi, lorsqu'ils sont confrontés à des faits seuls, les sceptiques ne bougent en général pas d'un iota. C'est pourquoi Tucker devait tout d'abord remettre en question la politique, pour ensuite passer à la science...

 

L'état de l'opinion publique

La réticence des sceptiques à accepter de nouvelles informations est un trait que le physicien John Cook connaît bien. Il est responsable de Skeptical Science, un site extrêmement complet visant à réfuter les arguments des climatosceptiques.[...] Heureusement, la plupart des Américains peuvent encore changer d’avis. Les sondages montrent que leur opinion sur le climat est relativement fluide, et se fonde largement sur des événements actuels. [...]  Un hiver extrêmement neigeux peut pousser les Américains vers le «dubitatif», et des vagues de chaleur les mener sur les terres du «prudent», mais ces événements ont rarement des effets à long terme. Ainsi, la croyance générale dans le changement climatique pourrait rebondir avec des éclaircies économiques, ou des canicules estivales.

[...] Qu'est-ce qui pourrait donc pousser les sceptiques et les indécis à des conversions aussi significatives ?  Pour les sceptiques, il faudra probablement attendre le début du démantèlement du «secteur du déni» –  les  multinationales, les think tanks conservateurs et autres médias partisans qui ont un intérêt à véhiculer des doutes sur la science du climat. Et ce n'est pas demain la veille.

Les indécis, par contre, ont avant tout besoin de se confronter davantage et mieux à la science du climat. Les écoles devraient offrir de meilleurs enseignements sur le climat dans leurs programmes, et la couverture médiatique du sujet devrait s'améliorer. Tandis que les preuves scientifiques deviennent de plus en plus incontournables, et les impacts du réchauffement de plus en plus visibles, il est possible que de plus en plus d'Américains oscillent vers le «concerné»  – pour le rester.

 

Brian Merchant

trad. Peggy Sastre

 

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[1] « Je suivais le point de vue de Rush Limbaugh pour qui le mouvement écologiste était le 'nouveau refuge de la pensée socialiste' », a-t-il dit à Slate.

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Commentaires

UNE QUESTION DE PARTI

> Très intéressant. C'est la même chose ici en France : être "climatosceptique" (= négation du réchauffement) fait partie d'une attitude politique globale : le parti-pris "de droite". Comme être "pro-choix" (= abortionniste malthusien) fait partie d'une attitude systématique "de gauche".
Tucker a suivi le chemin juste en commençant par mettre en question l'attitude politique.
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Écrit par : jeanmi / | 05/06/2011

à jeanmi

> à ça près que les 9 dixièmes de la droite et du centre sont abortionnistes aussi, donc la comparaison est mal choisie, pardon.
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Écrit par : Nati / | 05/06/2011

à Nati

> pas si mal choisi quand même, la dépénalisation de l'avortement étant une loi... de droite, voulue par Giscard l'ex-copain de l'OAS.
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Écrit par : alasbar / | 05/06/2011

CONSPIRATIONNISTES

> Il serait intéressant de savoir pourquoi, en France au moins, le climatoscepticismea été partagé par une partie des milieux anticapitalistes de type "conspirationnistes" .
Hypothèse: la perception que la focalisation sur le CO2 faisait oublier d'autres menaces comme le bétonnage, ou même servait des lobbies: vente d'ampoules "basse conso" basée sur des bilans énergétiques biaisés,éolien, hydraulique, présentés comme énergies vertes et propres alors que certains barrages représentent des destructions de territoire aussi importantes que celles d'un accident nucléaire majeur (cf Belo Monte, Brésil: 6140km2 d'emprise).

PH


[ De PP à PH - Un exemple de cinglés conspirationnistes : les sectateurs de LaRouche, ex-trotskiste devenu extrêmedroitier... ]

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Écrit par : Pierre Huet / | 05/06/2011

@@ Jeanmi, Nati et Alastar:

> sur l'exemple de avortement, j'ai bien suivi la question de l'avortement à l'époque. le projet Giscard-Chirac-Veil n'a été voté que par une minorité des partis gouvernementaux, il est passé grâce au PS et au PCF très puissants en ce temps.
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Écrit par : Pierre Huet / | 05/06/2011

VOCABULAIRE

> Le vocabulaire utilisé dans cet article est dérangeant au plus haut point : "conversion" (utilisé une bonne dizaine de fois !), "confessions", "coreligionnaires", "convertis", "croyance", etc.
Pourquoi utiliser ce langage religieux ? Cela m'étonnerait qu'ils fassent allusion à la "conversion écologique" si chère à JPII...
Maintenant qu'il est indécent de parler de sa foi, le langage religieux est utilisé pour n'importe quoi, pour n'importe quelle opinion subjective, pour vendre des bagnoles, etc.
Non, la foi n'est pas une opinion subjective bankable.
Cette confusion langagière fait dire aux climato-sceptiques que l'"adhésion" au "dogme réchauffiste" est de l'ordre de la croyance, donc de l'irrationnel.
Pire, entendre des catholiques dire ça, parfois intégristes en plus, me donne une bien piètre opinion de la vision qu'ils ont de leur foi ; pour des "anti-modernes" auto-proclamés, c'est troublant de les voir plonger ainsi des deux pieds dans ce panneau monté par les modernistes les plus acharnés.
Cette perversion du langage nous noie donc dans la confusion subjectiviste la plus totale, et au nom de ce subjectivisme chaque bord a beau jeu de tirer à boulets rouges bien objectifs sur les "couillons d'en face"...
Rendez-nous notre langue française !

PM


[ De PP à PM - Attention, cher ami. C'est Jean-Paul II qui a utilisé pour la première fois l'expression : "conversion écologique". Et il en expliquait la portée : tout rejet de la responsabilité écologique est un rejet du devoir d'état, et donc, dans cette mesure, un péché. Prenons acte des explications du chef de l'Eglise devenu bienheureux ! ]

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Écrit par : PMalo / | 05/06/2011

ABJURER ?

> Et je vois que vous aussi, cher Patrice, tombez dans le piège ? Pourquoi utiliser le terme "abjurer" dans votre titre ?
N'est-ce pas entretenir la confusion ?

PM

[ De PP à PM - Mais justement, cher PMalo : le négationnisme climatique étant une sorte de dogme, y renoncer est une sorte d'abjuration ! Il faut sans relâche montrer que la campagne de dénégation est antiscientifique et repose sur un système idéologique partisan. (Pour voir lequel, il suffit de visiter une fois ses sites dédiés).]

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Écrit par : PMalo / | 05/06/2011

POSITIONS ET INVESTIGATIONS

> Pas facile pour moi, de m'y retrouver, je trouve les 2 positions très partisane.
Si j'ai bien compris l'une corrèle directement (ou on le comprend comme ça) le réchauffement au emission de CO2
L'autre nie cette corrélation ?
N'y a t il pas plusieurs causes au réchauffement ?
Je crois qu'il faut lutter contre les émission de CO2 pas simplement en parlant du réchauffement, en tous les cas.

d'O.

[ De PP à d'O. - Non, ce n'est pas exactement ça. La position de Tucker est celle d'un "réveillé" :
il dit avoir été endormi pendant plusieurs années par le système des négationnistes, consistant à nier, soit le réchauffement en lui-même, soit la part de responsabilité de l'industrie dans le réchauffement. Il ne s'agit donc pas d'opter pour une "position partisane" ou une autre ; il s'agit d'approcher le plus près possible des investigations scientifiques. Je vous conseille l'ouvrage du CNRS 'Le climat à découvert', qui vient de sortir et qui éclaire de façon complète l'approche scientifique.]

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Écrit par : d'Ornant / | 06/06/2011

JEAN PAUL II ET LA "CONVERSION ECOLOGIQUE"

> Jean-Paul II a utilisé l’expression « conversion idéologique » en 2002. Je le cite :
« C'est pourquoi, il faut encourager et soutenir la "conversion écologique", qui au cours de ces dernières décennies a rendu l'humanité plus sensible à l'égard de la catastrophe vers laquelle elle s'acheminait. […] » (Audience générale du mercredi 17 janvier 2001)
La même année, Mgr Renato Martino reprenait cette expression lors du sommet mondial sur le développement durable à Johannesburg ; ainsi que l’observateur permanent du Saint-Siège, en 2009 aux Nations Unies.
Plus couramment, le Saint Siège nous parle de la « conversion intérieure » nécessaire pour que nous puissions véritablement répondre aux défis écologiques. Ce qui revient au même.
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Écrit par : Blaise / | 06/06/2011

TICS ?

> J'avoue avoir partagé le malaise de PMalo en lisant les citations de Tucker, mais cela fait partie des tics de langage actuels, comme lorsqu'on parle de la "grand- messe du football..." ou de lithurgie (avec un H ! ) à propos d'un concert.
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Écrit par : Pierre Huet / | 06/06/2011

RATIONALISTES ?

> C'est vrai que c'est étonnant ce langage spirituel à propos de choses qui sont des faits matériels et scientifiquement prouvés. Ils se disent rationalistes mais il faut croire ou ne pas croire leur discours...
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Écrit par : VF / | 06/06/2011

PAS COMPRIS

> Cher Patrice, je crois que vous ne m'avez pas compris.
Mon premier commentaire ne portait pas du tout sur l'expression "conversion écologique" que je ne me permettrais pas de critiquer pour les excellentes raisons que vous donnez, et encore moins car elle est une réalité dans ma vie, mais le vocabulaire religieux utilisé à tort dans l'article dont vous nous faites part.
J'ai du mal à vous suivre quand vous me dites suite à mon second commentaire : "le négationnisme climatique étant une sorte de dogme, y renoncer est une sorte d'abjuration !".
Aux yeux du m(M)onde, peut-être ; mais ne me faites pas croire que vous partagez leur définition d'un "dogme" comme étant une idée, un concept, qu'il faille gober sans réflexion. Ce faisant, vous risquez de vous mettre inutilement à dos des personnes "très catholiques" qui vous liraient par hasard.
Non, très franchement, voir ce vocabulaire religieux utilisé à tort me chiffonne. Comme l'a dit VF, "C'est vrai que c'est étonnant ce langage spirituel à propos de choses qui sont des faits matériels et scientifiquement prouvés."
Plus que "étonnant", je dirais, pour vous paraphraser, que ce détournement de langage abusif est un des plus graves symptômes de l'esprit du capitalisme tardif.
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Écrit par : PMalo / | 06/06/2011

HUMEUR

> Mouais, je serai curieux de voir les données scientifiques. Car finalement ces quelques lignes ne disent pas grands chose. Personnellement, je suis septique sur la cause anthropique du réchauffement climatique et je reste prudent. Je m'appuie sur un rapport de Vincent Courtillot, un géophysicien qui a étudié le sujet dans le temps, au-delà de toute idéologie.
Et j'avoue que j'en ai marre de l'ostracisation systématique des personnes qui ne pensent pas comme tout le monde, par le qualificatif de conspirationnistes ! Personnellement, je pense que les conspirationnistes, comme on les traite ainsi, sont des gens qui ne gobent pas tout ce qu'on leur dit et qui creusent et cherchent à comprendre. Je pense aussi que c'est bien moins confortable de chercher et de douter que de baigner dans l'entendement global, sans se poser de question !

Luc


[ De PP à L. :
- Pas idéologue, Courtillot ? Il a été désavoué en 2010 par l'Académie des sciences, qui pourtant aurait aimé lui sauver la mise ! Ses allégations sont rejetées par la communauté scientifique.
- Libre à vous de préférer tout de même son militantisme à ce que disent les chercheurs...
- Si vous êtes réellement "curieux de voir les données scientifiques", rien de plus facile : lisez l'ouvrage des 120 scientifiques publié par le CNRS : "Le climat à découvert". Ensuite vous pourrez dire que vous avez étudié la question. Mais pour ça, il faut prendre du recul par rapport à vos humeurs, pardon de vous le dire... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Luc / | 07/06/2011

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