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09/04/2011

Le "bien commun" n'est pas "l'intérêt national" !

Dans la confusion des esprits, une idée tordue chemine sur la Toile : le "bien commun" (doctrine sociale de l'Eglise) coïnciderait avec "l'intérêt national" (axiome nationaliste) et permettrait de nier l'universel et l'équitable. Cette idée est grossièrement étrangère à la foi chrétienne :


 

...car le bien commun ne contredit pas forcément l'intérêt d'une nation, mais le dépasse et le relativise. La pensée sociale catholique souligne qu'il existe un bien commun universel : c'est celui-ci que désigne notamment Benoît XVI dans Caritas in veritate, quand il préconise un gouvernement mondial de l'économie (idée qui a ulcéré les nationalistes y compris dans les rangs catholiques).

C'est aussi ce bien commun universel que désigne Jean-Paul II dans Centesimus annus, quand il demande que les biens vitaux ne soient pas laissé à l'arbitraire du marché ou aux égoïsmes des Etats...

Ce bien commun fixe donc des limites et des contrepoids au bien particulier des nations. Surtout quand il s'agit des nations riches de l'hémisphère nord !

Aux internautes de tout bord : ne vous laissez pas désinformer par ce qui circule sur la Toile. On y trouve - exprimées au nom du catholicisme - des déclarations tendancieuses qui contredisent la pensée catholique, alors que la question était réglée depuis l'époque de Pie XI en 1920-1930 :aucun égocentrisme, individuel ou national, ne peut se réclamer du catholicisme.

Le catholicisme ne coïncide pas non plus avec une "civilisation occidentale" qui devrait affronter les autres civilisations.

Ni avec le modèle économique imposé au reste du monde par l'hémisphère Nord dans les années 1990...

Les textes de l'Eglise catholique sur tous ces points sont publics et formels. Quant aux élucubrations privées, elles n'engagent que leurs auteurs.

 

christianisme,catholiques,bien commun,nationalisme

 

Commentaires

MATERIALISTES DIALECTIQUES

> On trouve une assez bonne illustration de la notion d’« intérêt national » dans l’interview de Marc Peschanski par L’Express (le 11 septembre 2007) : lors du vote de la Loi de bioéthique en 2004, dit-il, « Nous avions sept ans de retard par rapport à l’équipe qui a créé, aux Etats-Unis, la première lignée de cellules souches embryonnaires. » En 2011, M. Peschanski continue de nous siffloter la même musique.
Dans une telle perspective, le « bien », la « justice », les « droits de l’homme » sont balayés ; seuls comptent les « intérêts » supposés de la nation. Et les seules lois contraignantes seraient donc celles de la concurrence. - Etonnant de la part d'un marxiste!

B.

[ De PP à B. - "Marxiste" : selon une rumeur persistante, le Pr Peschanski serait - ou aurait été - membre du groupe Lutte ouvrière. En ce cas, ce serait encore un exemple de la porosité de la frontière entre marxistes et ultralibéraux, matérialistes dialectiques les uns comme les autres. Comme disait Denis Kessler, ex-gauchiste puis leader ultralibéral en France dans les années 1990 : "je mène toujours la lutte des classes, simplement j'ai changé de bord." ]

réponse au commentaire ]

Écrit par : Blaise / | 10/04/2011

REGULIÈREMENT

> Oh merci !
Que cet article est bienvenu ! Je me bats régulièrement à propos de cette question sur quelque(s) blog(s) que je fréquente.
On peut très bien faire l'analogie avec la famille : faire le bien de ma famille est un devoir, certes, mais pas au détriment de la famille d'à côté. D'ailleurs, ce ne serait pas un bien pour ma famille : tôt ou tard, le mal que je fais à autrui "pour mon bien" se retourne contre moi. Comme aimer mon père et ma mère n'est pas dévaloriser le père et la mère de l'autre, mais au contraire aimer le père et la mère de l'autre en tant que père et mère d'un autre moi-même.
C'est pareil entre nations, juste une différence d'échelle, pas de nature. Et, à problèmes mondiaux, recherches de solutions ou de pistes mondiales : à économie mondialisée, gouvernance mondialisée.
Cette réciprocité est hélas souvent au refusée au nom du catholicisme, car elle serait un relativisme qui jouerait en faveur du "Nouvel Ordre Mondial" : nous "détenons la Vérité", nous l'"Occident très Chrétien", n'est ce pas, et nous n'avons aucune réciprocité à demander à ceux qui vivent dans le péché.
Certains ne comprennent pas que le Pape parle un langage universel.
Permettez que je "linke" vers votre article.

PM


[ De PM - Vous avez raison de vous battre sur ce point, qui est d'une importance croissante en ce moment. C'était déjà la ligne de fracture en 1926, quand Pie XI a mis l'Action française à l'index : Maurras entretenait la confusion bien commun / nationalisme depuis près de trente ans (d'où par exemple la création d'une "chaire du Syllabus" à l'Institut d'AF), grâce au sophisme selon lequel le seul bien commun historiquement repérable serait celui des nations. Comme toutes les hérésies, celle-ci consiste à prendre un aspect particulier et à le gonfler en norme générale : ce n'est pas parce que le bien commun national existe, qu'il est SEUL à exister. Il existe aussi un bien commun universel.
Aujourd'hui l'hérésie est en train de s'aggraver : non seulement certains reprennent la vieille idée de Maurras, mais ils l'aggravent dans le sens de la "Schadenfreude" (le "bonheur de nuire") : ils n'hésitent pas à dire, noir sur blanc, que nos droits DOIVENT s'exercer aux dépens des droits des autres, que c'est normal et naturel, donc catholique, etc. C'est ainsi qu'un certain milieu propage une notion hérétique du catholicisme, parce qu'elle lui permet de ne pas se sentir ridicule vis-à-vis des autres copains d'ultra-droite : ceux qui ne sont pas chrétiens (donc moralement plus à l'aise pour cogner dur sur l'étranger).
Je suis toujours frappé de la propension des ultra-cathos à ne pas connaître le catholicisme, malgré leurs kilomètres de citations pieuses... Dans un autre domaine ils écrivaient aussi il y a deux ans : "la diversité ethnique est une valeur chrétienne" ; ce qui est, au mieux une invention totale, au pire un emprunt au national-calvinisme maçonnique du pasteur Malan, fondateur du régime de l'apartheid en Afrique du Sud, 1948 ].

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Écrit par : PMalo / | 10/04/2011

VARIANTE

> Autre variante de l'"intérêt national" de la part de ces mêmes milieux: peu importe qu'un régime soit dictatorial, totalitaire voire même génocidaire, si le pouvoir en place protège (relativement) les communautés chrétiennes du pays, tout va bien.
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Écrit par : Mahaut / | 12/04/2011

> Dans le cas présent, leur arabophobie les éloigne de ce type de raisonnement. Ils applaudiraient au bombardement de Damas.
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Écrit par : Loftallah / | 12/04/2011

GOUVERNEMENT MONDIAL

> Gouvernement mondial de l'économie? mais par qui? Justement, il en existe déja un,les multinationales et les groupes de réflexion qui tournent autour, Bilderberg, Commission Trilatérale: financiers, malthusiens et eugénistes. L'ordre qu'il esquissent me fait peur. C'est celui que dénonçait Mr Hadjadj au Parvis. Leur conception des droits humains tend à briser les résistances existant dans quelques nations par-ci par-là. Le cloisonnement actuel des nations reste plus protecteur que néfaste.
Et le gouvernement international de l'économie entraînerait la nécéssité d'une uniformisation des modes de vie, des savoirs, des techniques par un formatage de règlements, ce qui se fait déja à l'échelle de l'Europe avec la réussite qu'on sait.
Pourquoi disoudre la diversité humaine dans le Coca-Cola?

PH


[ De PP à PH - Je vous suggère de lire l'encyclique 'Caritas in veritate', du pape Benoît XVI. Un gouvernement de l'économie mondiale selon l'Eglise catholique, c'est le contraire de l'empire des multinationales. ]

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Écrit par : Pierre Huet / | 12/04/2011

@ PP

> Bien sûr, je connais la perspective de 'Caritas in veritate' et j'adhère à cet appel. Mais voilà, ce n'est pas ce qui se passe, et peut-être même de moins en moins!
Ce qui nous ramène à la vieille problématique médiévale du Sacerdoce et de l'Empire, histoire sans fin. Dans un temps, les papes, rationnels, veulent une unité politique de la chrétienté autrefois, du monde aujourd'hui (encore plus difficile). Puis ils se mordent les doigts d'avoir suscité une puissance dominatrice. Puis.... de nouveau, veulent établir la paix par l'unité etc

PH


[ De PP à PH - Certes. Mais le souverainisme devrait se souvenir qu'il est un zombi : il est mort en août 1914, et une certaine civilisation européenne avec lui. ]

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Écrit par : Pierre Huet / | 12/04/2011

LA FAMILLE HUMAINE TOUT ENTIERE

"Dans une société en voie de mondialisation, le bien commun et l’engagement en sa faveur ne peuvent pas ne pas assumer les dimensions de la famille humaine tout entière, c’est-à-dire de la communauté des peuples et des Nations, au point de donner forme d’unité et de paix à la cité des hommes, et d’en faire, en quelque sorte, la préfiguration anticipée de la cité sans frontières de Dieu."

Benoît XVI, Caritas in Veritate
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Écrit par : Hubert Houliez / | 16/04/2011

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