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29/03/2011

Où vont les profits du CAC 40 ? pas "dans l'emploi et l'investissement"

...contrairement à ce que disent les somnambules du libéralisme :


83 milliards de profits pour les entreprises du CAC 40 en 2010... Or ces profits ne vont plus aux investissements et aux emplois : la moitié de ces 83 milliards quittent le circuit de l’économie productive pour aller sur les comptes en banques de l'hyper-classe ; le reste fournit les dividendes versés aux marchés. ("Ces mêmes marchés qui spéculent contre les Etats", soulignent les observateurs).

Ainsi la théorie libérale ("les profits vont à l'autofinancement des entreprises") finit en fumisterie : bonne pour les naïfs, professée par les roublards.

Je cite un analyste :

 « On nous dit que les grandes sociétés emploient 10% de la population active française. C’est vrai, mais elles ne créent plus d’emplois, elles en détruisent. Entre 2005 et 2009, les entreprises du CAC 40 ont supprimé 44 000 emplois en France, alors que le reste du secteur privé en créait 200 000. Michelin a détruit 5000 emplois en 5 ans ; Renault, près de 12 000 et Sanofi a licencié 3000 personnes en 2009-2010 (dont 1300 dans la recherche).

On nous répond que ces grands groupes "renforcent la position économique de la France dans le monde". C’est faux. Pour vendre, ils doivent désormais offrir aussi leur technologie et leurs secrets. Les centres de recherche se multiplient en Chine, et avec eux les brevets. Même les sièges sociaux s’en vont peupler les cantons suisses où il n’y a pas d’impôt à payer. Les grands groupes ne renforcent pas la France, ils l’affaiblissent.

On nous dit que ces grandes entreprises "investissent largement en France". C’est faux : Les mastodontes du CAC n’investissent plus dans notre pays pour les activités d’avenir. Alstom a racheté une société espagnole pour se lancer dans l’éolien, et Saint-Gobain en a fait de même en Allemagne pour le solaire, tandis que Renault est passé sous la barre des 20% de voitures produites en France.

On nous dit que ces entreprises "rapportent quand même beaucoup d’impôts à l’Etat". C’est encore faux. La recherche privée en France bénéficie du « crédit impôt recherche » et les sociétés du CAC pompent tous les allègements de charges à force de chantage. Celles-ci payent 12% d’impôt sur les sociétés contre 26% en moyenne pour l’ensemble des PME. De sorte qu’avec la complicité de l’Etat, ces entreprises prennent dans la poche des PME et des salariés pour engraisser les actionnaires.

On nous dit que ces grandes entreprises "structurent l’économie". C’est toujours faux. Elles étranglent les sous-traitants, en pratiquant une politique de l’assèchement : paiement en retard, débauchage de cadres, rapt de brevets et surtout usage des sous-traitants comme amortisseur de la crise. En Allemagne, c’est tout l’inverse, les grosses entreprises savent soutenir et développer leurs fournisseurs.

On nous dit de ne surtout rien faire car ces entreprises "partiraient". C’est faux. Elles partent de toute façon. Total a fermé la raffinerie de Dunkerque et en construit une à Jubail en Arabie Saoudite, délocalisant au passage ses émissions de CO² dans ce pays qui n’a pas ratifié le protocole de Kyoto.

 En résumé, ces profits sont inutiles pour l’investissement, inutiles pour l’emploi, inutiles pour la France, inutiles pour l’Etat, inutiles pour le tissu économique des sous-traitants et inutiles pour l’ensemble des salariés (les profits ont augmenté de 13% et les salaires de 2% en 2010). Pire, ces profits créent des tensions dans les entreprises en soulevant le cœur de chacun, du salarié au bas de l’échelle au patron à qui les actionnaires intiment l’ordre de ne pas augmenter les salaires. Les actionnaires sont devenus la cause majeure de la démotivation des travailleurs. »


 Que faire alors ? Promouvoir « l’alliance nouvelle des producteurs, qu’ils soient entrepreneurs, salariés, chercheurs, contre les rentiers et actionnaires », comme le proposent certains à gauche ? Je soutiens l'idée : « l’entreprise ne peut plus être gouvernée contre l’ensemble de ses salariés mais aussi contre les valeurs communes de notre société. »

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Commentaires

CEPENDANT

> Tout à fait d'accord avec cette analyse. Cependant, il vaut mieux que Michelin ou Total soient français que chinois ou allemands, car cela ferait encore moins d'emplois en France. Et quelle solution concrète ?
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Écrit par : ludovic / | 29/03/2011

PAS DEUX MAITRES

> Du Christ, dans son discours sur la montagne :
« Ne vous amassez point de trésors sur la terre, où la mite et le ver consument, où les voleurs percent et cambriolent.
Mais amassez-vous des trésors dans le ciel : là, point de mite ni de ver qui consument, point de voleurs qui perforent et cambriolent.
Car où est ton trésor, là sera aussi ton cœur.
La lampe du corps, c'est l'œil. Si donc ton œil est sain, ton corps tout entier sera lumineux.
Mais si ton œil est malade, ton corps tout entier sera ténébreux. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres !
Nul ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent. » (Mt 6:19-24)
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Écrit par : Denis / | 29/03/2011

LE STADE ANAL DE LA FINANCE

> Quand le message spirituel sur l’argent ne porte pas, faut-il recourir à la psychologie ?
Le cher Sigmund Freud aurait sans doute une opinion sur cette colonie d'oncles Picsou qui détruisent l'économie à force de cupidité, lui qui établissait un lien entre cette volonté d'entasser de l'argent et le petit enfant angoissé par la production et la destination finale de ses matières fécales (désolé de choquer encore une fois certains des lecteurs de ce blog). D'où, nécessairement, ce sens profond du CAC 40 : le cacarente. Or donc, à bien entendre Freud, l'avidité d'argent serait un signe d'infantilisme. Ces temps-ci, il est vrai, pour découvrir des patrons de multinationale surpayés et pris en flagrant délit d'infantilisme quand on leur annonce que leur magot est menacé, il ne faut pas chercher bien loin. Un exemple ? Ceux de Renault et leur délirante chasse à l’espion.
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Écrit par : Denis / | 29/03/2011

LES BONIMENTS DE JEAN-YVES NAUDET

> Le président des économistes catholiques JY Naudet soutient la thèse strictement inverse, trouvant encore les profits insuffisants, dénonçant leur écrasement par la fiscalité française, prétendant que les groupes CAC 40 paient plein pot. Le tout est enrobé dans un propos généraliste digne des cours de Terminale B que je recevais en 1985 :
http://www.libres.org/francais/conjoncture/032911_scandale_super_profits.htm
A lire absolument, cela vaut la peine de comparer les deux thèses, nous aurons vite compris laquelle cite les éléments les plus probants.
Le bon esprit de 68, c'était de faire vaciller les mandarins, y a encore du boulot, notamment côté catholique... Alors... mettons nous au boulot camarades !
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 29/03/2011

UNE ANECDOTE TYPIQUE

> Une petite anecdote, insignifiante mais pourtant typique, si vous permettez. Je ne peux pas vous donner les noms en raison des clauses de confidentialité, mais je garantis l’authenticité de l’anecdote.
Nous sommes un petit sous-traitant (quatre personnes, patron compris) d’un groupe international numéro un mondial dans sa branche (Sa nationalité ? Disons : deux gros blocs américains rachetés en majorité par un groupe français, avec ses principaux bureaux à Dublin…) Le patron de l’entité touche (du moins, ce sont les chiffres officiels publiés) 15 millions de dollars par an, auxquels s’ajoute une prime de 5 millions à chaque lancement réussi d’un gros produit (ces dernières années, environ deux fois l’an).
L’an dernier, sur un projet d’importance moyenne au budget conséquent, le chef de produit nous a demandé de raboter notre devis de 150 euros. Paralysés de mépris, nous avons raboté le devis de 150 euros.
Notre consolation, c’est qu’on est mieux à travailler chez nous. Nous avons instauré l’an dernier la prime inversement proportionnelle. Plus l’employé est jeune et nouveau venu, plus la part qu’il reçoit au partage de la marge en fin d’année (on ne distribue pas de dividendes, seulement des primes) est importante, ce qui lisse le salaire moyen de l’entreprise sur l’année, avec un très faible différentiel entre le salaire le plus bas et le plus élevé. On ne l’a pas fait savoir à nos clients. Ils ne veulent sûrement pas travailler avec une entreprise soviétique…
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Écrit par : Jean-Baptiste / | 30/03/2011

@ Ludovic

> quelle solution concrète ? pour commencer, rétablir nos instruments de souveraineté: monnaie nationale, contrôle des changes.
pour continuer, établir des règles fiscales et administratives qui favorisent l'autonomie de la propriété (actionnaires ou coopératives) le développement et la pérénnité des entreprises moyennes, spécialisées dans des métiers qu'elles maîtrisent bien. C'est ce qui fait la force des pays qui savent garder leur industrie. Exemple de faute à la française: actuellement tout est fait pour canaliser l'épargne des particuliers vers des investisseurs institutionnels, c'est à dire les compagnies financières et renforcer leur pouvoir.
Ajoutons que si on arrêtait de harceler ces entreprises, on économiserait en même temps des coûts de fonctionnement étatique.
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Écrit par : Pierre Huet / | 30/03/2011

LE LIVRE D'ERIC LAURENT

> Entendu ce matin Eric Laurent sur Radio Notre-Dame parler de son nouveau livre, "Le scandale des délocalisations", Plon. On nous cache l'ampleur des délocalisations, et que les aides de l'UE servent aux entreprises à organiser leur départ vers les émergents. Evasion fiscale, destruction des emplois. Actionnaire seul maître du jeu. Salarié à la poubelle. Et il y a des Naudet pour essayer de ne pas le savoir et réciter des questions de cours d'autrefois !!!
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Écrit par : J.F. Le Balp / | 30/03/2011

DEVINETTE

> Qui a dit : « Soutenir que les spéculateurs rendent un vrai service, ce n’est pas politiquement correct, mais c’est scientifiquement prouvé. »
Réponse : le président de l'association des économistes catholiques.
A lire, sa démonstration sur la nécessité et la moralité des marchés spéculatifs :
http://www.libres.org/francais/conjoncture/archives/conjoncture_1110/111610_speculation.htm
Avec, en conclusion, cette autre perle : "Mais le cœur de la question morale est simple : personne n’est obligé de venir sur ces marchés : ceux qui les jugent immoraux peuvent s’en abstenir et c’est leur droit le plus strict."
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 30/03/2011

à G. de Premare

> M. Naudet et ses allégations font du tort à l'image du catholicisme en France. Quand on lit
ses écrits, on a l'impression (justifiée) que les "économistes catholiques" sont déconnectés de
la réalité et récitent des théories sans rapport avec les faits. Comme c'est aussi ce dont les agnostiques accusent (à tort) "le catholicisme et ses dogmes", l'ensemble compose un épouvantail. Merci, Naudet.
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Écrit par : Gauvain Belot / | 30/03/2011

POLITIQUEMENT CORRECT ?

> Méfions-nous dès qu'on entend qqn se poser en "rebelle au politiquement correct". En France ça a une signification que ça n'a pas en anglais. Le Français qui dit ça, ou bien cherche à faire passer pour "rebelles" les slogans de la classe dominante ultralibérale (imposture top), soit, encore plus glauque, à faire passer pour "non-conformisme d'aujourd'hui" un retour du refoulé de Vichy. Dans certains milieux on arrive même à associer les deux selon l'actualité.
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Écrit par : venceremos / | 30/03/2011

MARGE

> Marge? je ne suis pas un économiste averti mais il me semble que le profit sur le chiffre d'affaires, ce n'est pas la marge comme l'entend M. Naudet dans le commentaire de G. de Prémare, mais le résultat... La marge étant l'écart entre le chiffre d'affaires et le coût matières... Les 6.5% de marge qu'il indique seraient donc faux?
Le reste est il aussi erroné?
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Écrit par : Alex / | 30/03/2011

LES GEANTS "OPTIMISENT"

> Voir également l'artcle suivant, paru en Belgique dans le journal "Le Soir": "14 milliards d'euros qui échappent en toute légalité à l'impôt des sociétés" http://www.pvda.be/fileadmin/users/nationaal/download/2010/12/101207_lesoir.pdf
On relèvera dans la liste plusieurs "filiales d'optimisation financière" de sociétés du CAC40, telles que Arcelor-Mittal (0€ d'impôts effectifs sur un bénéfice avant impôt de 1.288.708.000 €), GDF Suez (0.15% d'impôts effectifs) ou EDF (1.10% d'impôts effectifs)...
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Écrit par : J. Warren / | 30/03/2011

TOLSTOÏ PLUS CATHOLIQUE QUE NAUDET

> Je préfère lire Tolstoï à Naudet: l'argent pour le grand Russe est toujours le fruit du travail d'un homme, si bien que l'argent que l'on gagne sans travailler, nécessairement on l'a pris à un travailleur.
Pour lui notre système est foncièrement mauvais, au sens moral du terme, parce qu'il est fondé sur la "ruse" des uns, autrement dit ce tour de passe-passe par lequel on gagne toujours plus en travaillant toujours moins, et l'esclavage invisible des autres. Inversion des valeurs qui rend morale la ruse et immoral le travail honnête. C'est au nom de sa foi chrétienne qu'il dénonce notre économie ( pour ne plus être complice du mensonge), puis se met à vivre du travail de ses mains pour gagner son pain honnêtement. Et cette conversion radicale, parce qu'être chrétien c'est renoncer à toute forme de violence, il ne l'impose à personne.
Mais son exemple et sa réflexion ont bouleversé le jeune Gandhi. Qui pouvait imaginer que le comte Tolstoï, en devenant simple paysan pacifiste, ouvrait la voie au mouvement d'émancipation non-violent de l'Inde la sanguinaire, et ferait ployer la plus grande puissance coloniale et libérale?
Renoncer à l'argent et à tout pouvoir, il n'y a pas plus révolutionnaire!
Alors pour moi, pardon, mais Tolstoï l'hérétique est beaucoup plus chrétien que Naudet le bon catholique.
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Écrit par : Anne Josnin / | 30/03/2011

LA MARGE

> En effet Alex, la marge c'est la différence entre le prix de vente et le prix d'achat (pour le négoce) ou le prix de revient (pour la production). On parle de marge pour un produit ou un groupe de produits (comptabilité analytique). C'est le compte de résultat qui détermine le bénéfice. Le bénéfice net (ce dont il est question dans notre affaire) c'est la différence entre les produits d'exploitation et les charges d'exploitation (résultat d'exploitation) à laquelle on soustrait le résultat financier (produits financiers - charges financières), le résultat exceptionnel (produits exceptionnels - charges exceptionnelles) et l'impôt sur les bénéfices. Dans son article, JYN explique qu'au bout du compte 6,5 % de marge sont bien peu de choses. Cela serait vrai s'il s'agissait de marge : aucune entreprise ne peut survivre avec une marge aussi famélique. Mais il ne s'agit pas de marge, mais de résultat. En gros, ce qu'essaie de nous faire croire JYN, c'est que les entreprises du CAC 40 n'abusent pas puisqu'elles vendent 106,5 ce qu'elles achètent 100. Comme chacun sait que le commerçant du coin vendra facilement 150, 200 voire 300 ce qu'il achète 100, il veut nous faire croire qu'il n'y a pas d'abus. Il nous ferait presque pleurer sur ces pauvres CAC40 aux marges si étroites et écrasées par l'IS.
Nous pourrions également demander au professeur Naudet ce qu'il pense de l'organisation oligopolistique des grands marchés mondiaux, des ententes incessantes entre groupes concurrents pour maintenir cette structure oligopolistique qui sert leurs profits, du niveau de lobbying voire de corruption qu'elles pratiquent sur les marchés réglementés par la puissance publique (voir les scandales de corruption à Bruxelles), des petits arrangements avec les despotes africains pour s'assurer la maîtrise de certaines activités (BTP, industries extractives etc.). Question : connaissez-vous la notion de "malédiction des ressources" ? Elle désigne ces pays africains où plus il y a de ressources naturelles, plus il y a de guerres, et plus la population est pauvre. Voilà ce que fait le capitalisme : d'une bénédiction il fait une malédiction.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 30/03/2011

"NAUDET, CEST À PLEURER !"

> Naudet, c'est à pleurer ! Et le fait que ce Monsieur soit président de l'association des économistes catholiques ne peut qu'accréditer l'idée, dans le grand public, que la doctrine sociale de l'Eglise EST le libéralisme.
M. Naudet aurait pu figurer, en guest star, dans la petite BD figurant aux pages 12 et 13 du dernier numéro de La Décroissance : "Blandine la décroissante [au pays des cathos]". Avec ce rappel, in fine : "en 2002, 72% des catholiques pratiquants ont voté pour un candidat à l'élection présidentielle qui proposait de fonder sa politique sur la définition de la cupidité"...
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Écrit par : Feld / | 30/03/2011

PAS ECONOMIQUE ?

> Il vous répondra que vous ne connaissez rien en économie. Alors que le problème n'est pas économique, mais anthropologique et philosophique (et théologique).

PM

[ De Pp à PM - Mais si, il est économique ! Leur système ne fonctionne pas, il est autodestructeur... ]

réponse au commentaire

Écrit par : PMalo / | 30/03/2011

LE PROBLEME

> Le problème est économique, mais on ne s'en sortira pas par l'économie : au contraire, croire que tout se ramène à l'argent, au comptable (cf l'exemple du PIB, indicateur complétement absurde) est une des causes du problème.
Quant à 'la Décroissance', journal auquel je suis abonné et que j'aime beaucoup, leur anti-catholicisme est parfois pénible : s'ils ont raison de tacler l’embourgeoisement du catholicisme, ils aiment bien en rajouter des couches dans ce domaine, comme râler sur Benoit XVI et le cardinal Vingt-Trois, malgré leurs discours très critiques sur la société de consommation, par exemple (avec parfois des arguments de très mauvaise foi du genre : « les catholiques votent à droite, donc leurs pasteurs doivent balayer devant leur portes avant de faire de discours »). D’ailleurs la phrase : "en 2002, 72% des catholiques pratiquants ont voté pour un candidat à l'élection présidentielle qui proposait de fonder sa politique sur la définition de la cupidité" oublie de préciser que Ségolène Royal était l’adversaire de Sarkozy à ce moment-là... Le meilleur choix était sans doute de ne pas voter, je pense, mais je ne peux pas personnellement reprocher à ceux qui ont voté d’avoir choisi le moins pire.
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Écrit par : Gilles Texier / | 31/03/2011

LES ARTIFICES DE NAUDET

> Je partage entièrement le point de vue de Guillaume de Prémare. Je pense qu'Yves Naudet veut nous faire croire par des artifices de passe-passe qu'on peut être ultra-libéral et parfaitement en accord avec l'encyclique Caritas in veritate...
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Écrit par : Bernard / | 31/03/2011

Je précise mon commentaire précédent.

> On peut faire cette analogie : imaginez un mécano la tête dans le cambouis, ca fume ça pète ça craque de partout, il tient dans ses mains des bielles des pistons des roues d'engrenage.
Je peux lui expliquer que sa machine ne fonctionne pas parce que l'idée de départ est biaisée, il me répondra immanquablement "ta gueule, t'y connais rien en mécanique".
En effet, je ne sais pas à quoi sert telle bielle, tel piston, et cette fameuse petite roue d'engrenage. Mais je vois que sa machine ne peut pas marcher.
Le problème est peut-être aussi mécanique (à vrai dire, je n'en sais trop rien, je n'y connais rien en mécanique), mais pas que mécanique. Il faut une vue plus large que la bielle, le piston, la roue d'engrenage.
(Remplacez "la bielle le piston la roue" par "Le bénéfice net c'est la différence entre les produits d'exploitation et les charges d'exploitation (résultat d'exploitation) à laquelle on soustrait le résultat financier (produits financiers - charges financières), le résultat exceptionnel (produits exceptionnels - charges exceptionnelles) et l'impôt sur les bénéfices" (GdP))
Gilles Texier dixit : "Le problème est économique, mais on ne s'en sortira pas par l'économie : au contraire, croire que tout se ramène à l'argent, au comptable (cf l'exemple du PIB, indicateur complétement absurde) est une des causes du problème."
En parler avec des économiciens la tête dans le cambouis ne sert quasiment à rien s'ils n'ont pas cette vue extérieure à l'économie pure : le débat s'enlise dans des considérations trop techniques, dans lesquelles effectivement je ne comprends rien : je suis définitivement hors jeu. Personnellement, je ne peux jouer que sur d'autres tableaux plus larges, comme vous le faites ici.
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Écrit par : PMalo / | 31/03/2011

ECONOMIE

> Naudet, excellent professeur au demeurant (je garde un excellent souvenir de ses cours à sciences-po Aix), est d'un libéralisme assez outré difficilement compatible avec la Doctrine Sociale de l'Eglise...
Considérer Tolstoï comme un modèle en économie relève cependant d'une ignorance totale des données les plus simples de l'économie. Il y a quelque chose d'absurde à dire que l'argent gagné sans "travailler" est volé à quelqu'un. Si j'ai un peu d'argent et que je finance, à mes risques, la création d'une entreprise qui donne du travail à de pauvres bougres incapables de travailler à leur propre compte et qu'en échange je reçois une rémunération lorsque cette entreprise fait des bénéfices, je ne vois pas en quoi j'ai volé qui que ce soit... Il me semble même que j'ai fait oeuvre de bienfaisance. C'est cela le capitalisme dont le père Bruckberger disait "le capitalisme, c'est la vie". Les abus du capitalisme financiarisé ne doivent pas nous le faire oublier. Le capitalisme n'est pas forcément libéral...
Quant à au pacifisme de Tolstoï, il est en contradiction avec l'enseignement le plus constant de l'Eglise catholique depuis Saint Augustin. Refuser par principe toute guerre, c'est laisser la voie libre aux cyniques et aux violents. Gandhi a simplement eu la chance de se trouver confronté à un Etat de droit. Face aux nazis il aurait fini gazé... Je préfère de Gaulle à Gandhi... Et Thomas d'Aquin ou Hugo Grotius à Tolstoï... Qui je crois était surtout un malade (il l'a écrit lui-même), obsédé par l'idée de faire son salut par ses propres forces, culpabilisé à l'extrême par ses origines aristocratiques. Son extrémisme est plus un symptôme que la marque d'une foi authentique. Avec sa famille, il semble s'être comporté davantage en autocrate abusif qu'en père attentif à ne pas exaspérer ses enfants...
«Léon Tolstoï, personnage amer et tragique, que de fois j’ai songé à toi, à ce mélange de sublimité et de sottise qui fit ta profonde originalité, et à ta funeste influence ! Ô fils métaphysique de Rousseau, bien plus noble certes que ton père, comment alliais-tu la perspicacité la plus aiguë quant aux hommes, et le plus noir aveuglement quant aux idées ? Comment te retrouvais-tu toi-même, lorsque tu te cherchais âprement, ô solitaire ? C’est surtout ta fin qui me hante, ta fin errante et désespérée, où tu fus poursuivi, j’en suis sûr, par tous tes fantômes contradictoires, ta propre pitié muée en colère et ton humilité muée en orgueil.»
Bon, c'est du Léon Daudet mais ce n'est pas faux...
La colère devant les abus du capitalisme ne doit pas nous aveugler et nous lancer à la suite de faux prophètes dont les tourments devraient nous servir d'avertissement...
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Écrit par : Hubert Houliez / | 20/04/2011

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