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05/03/2011

Identité catholique ?

En voici l'approche selon le document du synode :


<<  Face à de tels changements, il est naturel que la première réaction soit une réaction d'égarement et de peur, lorsque nous nous trouvons confrontés à des transformations qui interpellent notre identité et notre foi, déjà dans leurs fondements. Il devient naturel d'assumer cette attitude critique de discernement maintes fois rappelé par le Pape Benoît XVI, lorsqu'il nous invite à développer une relecture du présent à partir de la perspective d'espérance que le christianisme apporte comme un don.[26] En réapprenant ce qu'est l'espérance, les chrétiens pourront apprendre dans le contexte de leurs connaissances et de leurs expériences, en dialoguant aves les autres hommes, en identifiant ce qu'ils peuvent apporter au monde, ce qu'ils peuvent partager, ce qu'ils peuvent assumer pour exprimer mieux encore cette espérance, et sur quels éléments, au contraire, il est juste de ne pas céder.

Les nouveaux scénarios avec lesquels nous sommes appelés à nous confronter exigent de développer une critique des styles de vie, des structures de pensée et de valeur, des langages élaborés en vue de la communication. Cette critique devra en même temps aussi fonctionner en tant qu'autocritique du christianisme moderne, qui doit constamment réapprendre à se comprendre soi-même à partir de ses racines.

C'est là que l'instrument de la nouvelle évangélisation trouve sa spécificité et sa force : il faut considérer ces scénarios et ces phénomènes en sachant dépasser le niveau émotionnel du jugement défensif et de peur, pour saisir objectivement les signes de la nouveauté avec, en même temps, les défis et les fragilités. « Nouvelle évangélisation » signifie donc agir dans nos Églises locales pour construire des itinéraires permettant une lecture des phénomènes indiqués précédemment, capable de traduire l'espérance de l'Évangile en des termes réalisables. Ce qui signifie que l'Église se construit en acceptant de se mesurer à ces défis, en devenant toujours plus l'auteur de la civilisation de l'amour.

Plus encore, « nouvelle évangélisation » signifie avoir l'audace de mettre la question sur Dieu au sein de ces problèmes, en réalisant la spécificité de la mission de l'Église et en mettant ainsi en évidence la façon dont la perspective chrétienne illumine les grands problèmes de l'histoire d'une manière inédite. La nouvelle évangélisation nous demande de nous confronter à ces scénarios en ne restant pas enfermés dans les limites de nos communautés et de nos institutions, mais en acceptant le défi de pénétrer dans ces phénomènes, pour prendre la parole et apporter notre témoignage du dedans. C'est là la forme qu'assume la martyria chrétienne dans le monde moderne, en acceptant la confrontation avec aussi les récentes formes d'athéisme agressif ou de sécularisme extrême, qui entend éliminer de la vie de l'homme la question de Dieu... >>

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Commentaires

LAICITE, IDENTITE, ETC

> Comment parler de nouvelle évangélisation ? Et comment échapper, à ce propos, à un débat sur nos « identités » ? Ces « identités » qu’il faut « respecter », comme a dit le chef de l’Etat (au Puy) – [soit en dit en passant : la peine et la honte – comme chrétien et comme journaliste – de lire par-dessus l’épaule de mon voisin, vendredi dans le train, ce titre de « 20 minutes » : « Sarkozy épaté par la chrétienté ». Vous me direz, ça aurait pu être pire. Du genre : « Vous avez vu le dernier truc “bling-bling” déniché par le président ? » Raaah ! la chrétienté…!!]
Pour ma part, j’estime que le débat inauguré par Nicolas Sarkozy sur une « laïcité positive » n’est pas inutile (c’est peut-être même le plus intéressant de son quinquennat). Il me semble qu’un aggiornamento des identités est indispensable pour faire porter du fruit au débat civique sur la laïcité et l’islam mais également au débat propre aux chrétiens sur la nouvelle évangélisation.
Ainsi de l’identité de notre République, avec son concept écrasant de laïcité (écrasante et cependant à géométrie variable).
Il est clair que la laïcité à la mode de chez nous ne devrait pas préjuger de la valeur de telle ou telle religion – pourvu que celle-ci ne portât pas atteinte aux libertés démocratiques fondamentales. Et pourtant, la plupart du temps, elle préjuge. L’exercice et l’expression religieuse doivent, selon elle, demeurer strictement privés, ils sont étroitement bornés et par exemple interdits d’hémicycles (à la différence d’autres démocraties où la foi n’est pas interdite de raisons). Et cet interdit nuit de toute évidence à la reconnaissance des réalités historiques et culturelles – notamment chrétiennes – qui ont fait la France puis l’Europe.
En France, le débat en restera à mon avis à une négation stérilisante de l’identité chrétienne, pourtant constitutive de notre pays, tant que ne seront pas posées des questions touchant aux valeurs fondatrices de notre société civile et des normes d’appréciation de ces valeurs. Valeurs et normes qui disent nos identités.
Pour donner un exemple : en quoi la laïcité à la française est-elle supérieure à ces valeurs chrétiennes qui ont dessiné pendant vingt siècles les contours de notre civilisation jusqu’à rendre possible une éclosion durable de la démocratie ? En quoi la laïcité nous protège-t-elle des signes et des expressions les plus délétères de ce néopaganisme du Marché et de la Consommation dont l’affichage n’encombre pas seulement nos « lucarnes » domestiques mais pollue de façon permanente nos villes et nos paysages ? (à ce propos, s’interroger : souffririons-nous davantage, croyants ou incroyants, demain, de la suppression de dix panneaux publicitaires à l’entrée du bourg ou de la destruction de l’église plusieurs fois centenaire de ce même bourg par suite de la désertion des fidèles ?)
Cette laïcité négative est aujourd’hui, me semble-t-il, une idéologie quasi totalitaire de notre République, propagée par un grand nombre de parlementaires et d’élus locaux. Elle est, sinon la nouvelle religion païenne, du moins le paravent commode du paganisme de ces temps derniers, celui de l’homme qui décide lui-même du bien et du mal avec son bulletin de vote, au gré des soubresauts du Marché mondialisé.
Bref, comment rendre compte de notre foi et notre espérance à des militants de la laïcité qui refusent cette « confrontation » souhaitée par le synode, confrontation qui les contraindrait à remettre en question leurs fondamentaux néopaïens ?
J’attends personnellement (et naïvement ?) beaucoup, à cet égard, du colloque de lancement du « Parvis des Gentils », sous la présidence du cardinal Gianfranco Ravasi, à Paris, les 24 et 25 mars prochains ( www.parvisdesgentils.fr/presentation.html ). Y trouvera-t-on d’authentiques laïcs et néanmoins païens décomplexés pour entrer (gentiment SVP) en dialogue avec ceux qui ont goûté à la Sagesse éternelle, et renouveler ainsi le dialogue de l’espérance chrétienne et de la gentilité ?
D.

[ De PP à D. - La première chose à faire, est de ne pas mélanger les problèmes. La "laïcité" en est un, et c'est de ça qu'il faut débattre en effet. Mais les "identités" en est un autre. Et réduire le christianisme à une question d'identité serait un suicide métaphysique, compliqué de sacrilège et d'idolâtrie ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Denis/ | 05/03/2011

BEMOL

> Un bémol sur le mot "parvis des gentils" : qui va comprendre ? il faut avoir lu la Bible pour savoir ce que ça veut dire. Pour tous ceux qui ne la lisent pas (99 % des gens), "gentils" veut dire "bisounours", le contraire sans doute de "parvis des méchants". Drôle de nom pour une opération censée ouvrir l'Eglise sur le monde extérieur.
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Écrit par : christine/ | 05/03/2011

@PP

> A propos d’identité. Que répondre à celui qui considère que ma foi en Jésus-Christ est constitutive d’une « identité chrétienne » ? Et par exemple, comment dialoguer avec tel rédacteur en chef web d’un grand hebdo qui m’a répondu un jour que mon commentaire (à propos d’une querelle médiatique faite au pape) n’était pas recevable parce que je le formulais en tant que catholique, et que l’argumentation d’un catholique déclaré n’était pas recevable (les légions du pape, etc.). Ce faisant, ce monsieur s’appuyait sur un corpus de valeurs bien précis, qui est celui d’une laïcité négative, son identité à lui. Et selon sa façon de penser, l’argumentation du croyant n’est pas acceptable à moins d’être présentée de façon neutre, sans déclaration d’appartenance.
Ce laïciste nie mon identité de catholique et l’interdit d’expression. Je vis dans un pays, la France, qui a été dessiné par les millions de personnes partageant cette identité chrétienne. Ce qui ne fait pas nécessairement d’eux des « identitaires » à la mode de qui nous savons. Mais c’est à cela qu’il me renvoie, un identitaire. En conclusion, dois-je avancer masqué ? Enfoui à la mode de nos vieux « prog » ? Et pouvons-nous admettre que la laïcité soit elle-même un corpus de valeurs constitutif d’une identité, et d’une identité qui devrait être davantage questionnée ?

D.

[ De PP à D. :
-Si nous pensons bien au même rédacteur en chef web, il est considéré - même dans la profession - comme un cathophobe obsessionnel, incroyablement partisan, pour des raisons qui ne regardent que lui et qui ne devraient pas engager son journal. Nous sommes nombreux à avoir été agressés nommément par son site en tant que catholiques (donc parias).
- La question n'est pas de savoir s'il existe une "identité catholique" : évidemment il en existe une ! La question est de savoir en quoi elle consiste. C'est là qu'est le piège. L'identité catholique ne consiste pas à mélanger nos préférences séculières et l'appartenance à l'Eglise (genre : "un catholique est forcément de droite" (ou de gauche). L'identité catholique consiste à ne suivre que le Christ, où qu'il nous mène, y compris très loin de nos préférences idéologiques séculières.
- C'est une fois au clair sur ce problème (et seulement à cette condition) que nous pouvons aller parler publiquement de notre foi là où il y a éventuellement des coups à prendre. Car nous devons les affronter personnellement en tant que témoins, mais nous ne devons en aucun cas attirer de mauvais coups à notre Eglise en donnant d'elle une image fausse... C'est là une lourde responsabilité, et nous devrions tous faire un examen de conscience avant d'aller prendre la parole. Au nom de quoi allons-nous parler ? Au nom de Jésus-Christ, l'Unique Nécessaire ? Ou au nom de l'idéologie que nous avons bricolée avec trois zestes de DSE et dix kilos de préjugés de classe sociale ou de parti ?
- Donc : avancer masqué, jamais, ce serait le contraire de l'évangélisation. Mais n'avancer qu'avec l'image authentique du Christ. Et comme disent les excellents "Sojourners" américains : "God is not a Republican (or a Democrat)". ]
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Écrit par : Denis/ | 05/03/2011

@ Christine

> Gentil, méchant… Ça permet déjà de cadrer un débat. Qui sait ? Des agnostiques et athées adeptes de la pensée bisounours vont peut-être se demander où la gentillesse prend racine ? Ou vouloir vérifier si les chrétiens sont aussi gentils qu’eux ?
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Écrit par : Denis/ | 05/03/2011

@ Denis

> Si la laïcité - et sa 'typologie', et tout ce qui en découle - est une vraie question pour notre société, ce n'est pas LA question ou un enjeu fondamental pour la nouvelle évangélisation.
Il peut être éclairant pour nous d'élargir le spectre de nos investigations en la matière au-delà d'un débat - à beaucoup d'égards - un peu franco-français, et d'étudier la situation de pays voisins qui ne connaissent pas un régime "de laïcité" à proprement parler.
Plusieurs pays européens ont connu jusqu'à un passé récent, ou connaissent encore un régime très accommodant pour l'Eglise ou les Eglises, comparable à la situation 'concordataire' que connaît encore l'Alsace. Y a prospéré pendant le XIXè et une bonne partie du XXè s. un catholicisme dont les institutions étaient très intégrées à celles de l'Etat, d'une façon ou d'une autre ('tapis rouge' et subvention des ministres du culte, de l'enseignement confessionnel, des mutuelles confessionnelles, partis et syndicats 'catholiques', etc.). Une situation apparemment encore bien plus 'favorable' que celle d'une 'laïcité positive', confinant parfois à un "régime de chrétienté". Cela a produit certains fruits positifs, et continue d'en produire, dans une certaine mesure.
Cela n'a toutefois pas empêché la plupart des Eglises de ces pays - surtout d'Europe du Nord - de connaître une désaffection et un effondrement rapide, plus tardif, mais plus grave et plus brutal encore que ce qui s'est produit en France à partir des années '60,'70.
Ces institutions "d'Eglise" portées à bout de "bras séculier" au coeur de la société n'ont pu empêcher une déchristianisation en apparence très rapide de ce qui était autrefois considéré comme des "bastions catholiques", tels que certaines parties de l'Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas. Et ce qui subsiste de ces "institutions catholiques" - et les "apparatchiks" parfois 'cathophobes' ou 'antipapistes féroces' qui les animent aux frais du contribuable - constitue plus souvent qu'à l'occasion davantage une gêne et un obstacle pour le tout petit noyau (même plus une minorité, comme en France) de l'Eglise de la nouvelle évangélisation...
Cela relativise un peu les problèmes (réels) résultant d'une longue cohabitation de l'Eglise de France avec une 'laïcité de combat'...
Les cathophobes de service - sous convert de 'laïcité' - n'empêcheront pas la nouvelle évangélisation (ceci dit ils lui mettront certainement quelques bâtons dans les roues...)
Comment dialoguer avec eux ?
Le fait que certains 'militants de la laïcité' soient sincèrement engagés à des titres divers dans la lutte contre les injustices de notre temps, portées par 'le système libéral-libertaire' nous offre un terrain de 'résistance partagée', qui peut aussi accessoirement faire évoluer le regard qu'ils portent sur le christianisme et les cathos, et permettre - à terme - un dialogue fructueux...
C'est plus pragmatique et (encore) plus porteur d'espoir - a priori - que de mener d'intéressants débats académiques ou politiques sur 'la laïcité idéale' (même si c'est nécessaire, également).
Mais comme le souligne PP, cela implique une sérieuse purification de notre part pour 'représenter' le Christ et l'Eglise en vérité (et pas autre chose) et vivre concrètement une 'option préférentielle pour les pauvres'. Et ce n'est pas simple, cela demande une conversion personnelle de chaque instant impliquant aussi nos 'éducations', nos 'identités socio-culturelles' ou 'de classe' (pourtant respectables en soi).

JW


[ De PP à JW - D'accord avec vous sur tous ces points. Ils devraient être un sujet de méditation pour ceux des catholiques que tente encore le mythe de "l'Etat chrétien". ]

réponse au commentaire

Écrit par : J. Warren/ | 08/03/2011

@ J.Warren

> Tous les sujets dont vous parlez sont très intéressants en eux-mêmes mais ils sont à mon avis hors sujet si on les situe par rapport à la nouvelle évangélisation. L’évangélisation ne consiste pas à proposer un système de pensée ou un positionnement défini par une stratégie de dialogue. On peut penser tout (ou presque) ce qu’on veut de toutes ces questions, cela n’a qu’une importance relative parce que l’évangélisation ne dépend pas essentiellement de nos engagements ou de nos opinions sur tel ou tel sujet (laïcité, idéologie libérale-libertaire etc.) et de leur capacité à rejoindre certains qui les portent aussi sans être chrétiens, mais elle dépend de la mise en œuvre de notre bonne volonté à essayer de vivre avec Jésus et parler de lui autour de nous. Si vous dialoguez avec une personne de tel sujet de société, ce n’est pas le regard chrétien que vous portez dessus qui fera la différence, même s’il peut l’intéresser ou faire évoluer son propre regard, c’est davantage votre capacité à témoigner de la vie avec Jésus et à lui proposer ce chemin. Je dirais peut-être que notre « rapport au monde » et le « dialogue avec le monde » en général n’a qu’un intérêt limité tandis que notre rapport personnel à nos contemporains a un intérêt vital. Je trouve qu’on a tendance à penser trop l’évangélisation en termes de système, de positionnement ou de méthodes, et pas assez à la penser dans sa dimension la plus évidente qui est la relation de personne à personne. D’une certaine manière je trouve que nous, les catholiques, sommes des gens trop "compliqués" et que nous gagnerions à davantage de simplicité et de modestie. Voir à ce sujet l’excellent film « Qui a envie d’être aimé ? » : le chemin de conversion qui y est présenté est un chemin simple et modeste qui part de choses humaines simples et modestes. Et tout dans ce film est sans prétention : les images, les dialogues, le jeu des acteurs, le scénario, et aussi l’ambition même du film. Les catholiques qu’on y voit, y compris les prêtres, ne se sentent pas « sortis de la cuisse de Jupiter », ils ne sont pas présentés comme des sages et des intelligents qui ont une opinion sur tout, une réponse à tout. Ils sont de modestes chercheurs de Dieu, voire des « bras cassés », et l’avocat bobo va se mettre les imiter : il va se mettre à chercher Dieu parce qu’il sent qu’il en a besoin dans sa vie, tout simplement.
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Écrit par : Guillaume de Prémare/ | 09/03/2011

JE LE VIS AU QUOTIDIEN

> Les deux derniers paragraphes du commentaire de J. Warren me touchent beaucoup, pardon de les citer en intégralité :
"Le fait que certains 'militants de la laïcité' soient sincèrement engagés à des titres divers dans la lutte contre les injustices de notre temps, portées par 'le système libéral-libertaire' nous offre un terrain de 'résistance partagée', qui peut aussi accessoirement faire évoluer le regard qu'ils portent sur le christianisme et les cathos, et permettre - à terme - un dialogue fructueux...
C'est plus pragmatique et (encore) plus porteur d'espoir - a priori - que de mener d'intéressants débats académiques ou politiques sur 'la laïcité idéale' (même si c'est nécessaire, également).
Mais comme le souligne PP, cela implique une sérieuse purification de notre part pour 'représenter' le Christ et l'Eglise en vérité (et pas autre chose) et vivre concrètement une 'option préférentielle pour les pauvres'. Et ce n'est pas simple, cela demande une conversion personnelle de chaque instant impliquant aussi nos 'éducations', nos 'identités socio-culturelles' ou 'de classe' (pourtant respectables en soi)."
Je vis cela au quotidien, avec tous ces jeunes en recherche que nous accueillons à la ferme, venant TOUS de milieux très déchristianisés et parfois plutôt hostiles, ou pour le moins souvent indifférents. (Si certains revendiquent une spiritualité, je n'en ai rencontré aucun qui se dise religieux...)
Les terrains d'entente sont très nombreux, et les réflexions que nous menons ensemble sont passionnantes.
Une chose me frappe vraiment (même si ce n'est pas surprenant), c'est à quel point l'enseignement de l'Eglise a "réponse à tout", et de manière si équilibrée, sans aucun extrémisme, grâce à ses deux mille ans d'approfondissement. Je me forme ainsi en continu, pour tenter de trouver des réponses aux "colles" qu'on me pose parfois.
Quant à ce que dit GdP, je suis bien sûr en accord avec lui, mais là j'ai beaucoup plus de mal à témoigner de ma foi avec des personnes non-croyantes, avec le coeur, simplement. C'est vraiment très difficile, une trop grande pudeur peut-être, et surtout une impossibilité à être simple : j'ai trop de mal à me départir de ce langage intellectualisant (très bien dans les discussions philosophiques et théologiques, ça en jette !), mais inopérant pour témoigner simplement de sa foi.
Cette phrase me décrit très bien : "D’une certaine manière je trouve que nous, les catholiques, sommes des gens trop compliqués et que nous gagnerions à davantage de simplicité et de modestie."
Il y a cependant une manière de parler de Dieu et de sa foi qui me hérisse, très gnangnan et psychologico-mystique, infantilisante, bêtifiante, collée au plafond, qui me fait personnellement fuir... (Pardon de vider mon sac ainsi, ce n'est pas très charitable, mais je pense à une personne en particulier ici où je vis.)
Question de sensibilité, peut-être.
Assez parlé de moi !
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Écrit par : PMalo/ | 09/03/2011

AVEC LA GRÂCE DE DIEU

> Je rejoins les derniers commentaires, en particulier celui de PMalo.
Je n'arrive pas à trouver crédible (mais je ne jette pas la pierre !) le fait d'aller dans la rue en proclamant "Jésus vous aime" et en racontant ma relation intime avec le Seigneur. Je trouve ça trop parachuté et sans prise avec la vie réelle des gens. (Maintenant, je sais que je caricature... il y a dans ma ville des semaines d'évangélisation de rue très bien faites).
Je me rapproche plus du dernier paragraphe du commentaire de J. Warren. Concrètement, la foi au Christ change nos modes de vie (comme le disait notre évêque hier à la messe des Cendres : trop de chrétiens vivent comme tout le monde sans que leur foi change quelque chose...), change notre regard, et notre manière d'agir, envers les pauvres, envers la création, envers nos collègues, nos subordonnés, nos supérieurs hiérarchiques, etc. Et là, annoncer que la foi au Christ est libératrice, oui ça a du sens !
Mais annoncer Jésus en sortant de son gros 4x4 BMW, le dernier iPhone à la main... (je m'excuse aussi pour ces propos excessifs, mais c'est pour donner une idée claire de ce qui me paraît anti-évangélique).
Bref, que le témoignage et l'annonce explicite du Christ se fasse sur le terreau d'une foi vécue. Et il y a urgence comme vous l'avez tous rappelé à une nouvelle évangélisation. Donc... au boulot !!
Avec la grâce de Dieu pour nous porter durant tout ce Carême.
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Écrit par : Pema/ | 10/03/2011

SERVITEURS

> Je suis de plus en plus intimement convaincue qu'on ne peut rendre visible la Présence de Dieu qu'en se faisant serviteur, en se mettant, tablier sur les hanches,à genoux, à laver les pieds de nos frères humains. Moi qui ai longtemps cru qu'évangéliser, c'était glisser un maximum de fois les références religieuses dans les conversations, et j'en ai agacé plus d'un: comme je m'en mords les lèvres aujourd'hui!!!Dieu n'est pas à plaquer de l'extérieur sur un monde payen, Il est à révéler, déjà présent dans notre monde en apparence seulement perdu, pèlerins d'Emmaüs s'éloignant tristement de Jérusalem, sans savoir que Jésus marche à leurs côtés. L'humble silence adorateur qui ouvre à la Présence plus que les cymbales triomphantes qui rendent sourds.
Ah, si par notre regard nous pouvions leur rendre visible la présence aimante de Dieu à leurs côtés! Par le simplicité de notre vie qui se laisse voir sans faux-semblant et avec ses failles aussi, s'ils pouvaient découvrir un Dieu accessible à chacun (combien pensent que ce n'est pas pour eux, les choses de la foi, parce qu'ils sont trop petits, pas assez convenables, comme ceci et comme cela, comme s'affichent encore trop de chrétiens qui chassent de leur "bien-portance" suffisante les modestes et les boîteux des églises,hélas)! D'accord avec vous Pema,Guillaume et P Malo.
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Écrit par : Anne Josnin/ | 10/03/2011

@ GdP, PMalo, Pema et AJ

> D’accord avec les commentaires de Guillaume sur l’évangélisation, à ceci près qu’il ne faut pas opposer des démarches, attitudes et engagements qui sont complémentaires et indissociables. Merci pour les témoignages de PMalo et Anne.
Bien sûr, le cœur de l’évangélisation consiste à faire connaître le Christ, ou plutôt, à Le laisser toucher des cœurs – éventuellement à travers nous -. Cela peut et doit se faire de manière explicite, chaque fois que c’est possible. Ceux d’entre vous qui ont participé à des missions paroissiales ou évangélisations de rue ne me contrediront pas. Même si cela heurte a priori notre pudeur, un tel type d’annonce (directe mais sans en faire un ‘Barnum’) est souvent une occasion peut-être unique pour beaucoup de parler à cœur ouvert de choses profondes, et de leurs attentes/rejets/questions par rapport à la foi, le Christ, l’Eglise. Et ce dialogue ‘en profondeur’ se crée peut-être aussi parce qu’on parle avec un inconnu qu’on ne reverra probablement jamais. Ceci dit, comme le soulignent PMalo, Pema et Anne, dans beaucoup de situations – on dira ‘de proximité’ (famille élargie, travail, etc.) -, l’évangélisation doit souvent être – d’abord - implicite, et passer par une façon d’être « un peu différente » avec les autres, une annonce explicite pouvant susciter des blocages immédiats (il faut essayer de sentir ‘jusqu’où’ nos interlocuteurs sont prêts à aller ou ne pas aller). Dans de telles situations, c’est une ‘charité’ vécue au quotidien « dans une relation de personne à personne » qui permettra une ouverture des cœurs, et – peut-être – une annonce explicite, si cela se met.
Merci à Guillaume de mentionner ce film (que je n’ai pas vu), et l’impératif d’aborder l’évangélisation (et notre prochain, en général) comme « de modestes chercheurs de Dieu, voire des ‘bras cassés’ ». C’est le B-A-BA de l’évangélisation, mais aussi d’une relation vraie à nous-mêmes, aux autres et à Dieu. Nous ne sommes pas en vérité si nous n’avons pas compris que nous sommes de ‘pauvres pécheurs pardonnés et aimés’, voire des ‘blessés de la vie’ à des titres divers.
Ceci dit, une fois posé que « l’essentiel » de l’évangélisation repose sur une relation en vérité et personnelle avec Dieu et mon prochain, notre « rapport au monde » n’a pas – selon moi – « une importance relative ». Par rapport à l’évangélisation, pour deux raisons principales : (1) la nécessité d’être cohérent avec Celui que nous annonçons (le gros 4x4 BMW de Pema, on fera juste une exception pour la Maserati quattro porte, objet d'art plutôt que grosse cage… :-) ), et (2) nos engagements ‘dans le monde’ et notre style de vie constituent le terreau de l’évangélisation des « consciences droites » de notre temps qui se battent pour des causes justes et nécessaires, sans pour autant connaître le Christ.
Notre foi est nécessairement incarnée et doit se manifester « concrètement » au quotidien. A cet égard, la pensée de Benoît XVI nous ouvre « des autoroutes » quand il nous ‘martèle’ au fil de ses encycliques, discours et livres, la nécessité de changer – et pas seulement de ‘moraliser’ - les structures (de péché) de notre monde en remettant l’homme et le plus petit au centre de tout, et donc le respect de la création. Et il nous rappelle que cela passe aussi « à un niveau individuel » par l’adoption d’« un autre style de vie », basé sur une sobriété joyeuse.
Il y a là, à la fois un immense « chantier de conversion » en ce qui nous concerne, mais aussi un « chantier d’évangélisation ». Comment penser que quand Benoît XVI nous invite à « entrer en dialogue avec tous les courants écologistes » (y-compris les néo-païens de la deep ecology), cet appel puisse être déconnecté de l’appel à la nouvelle évangélisation ? Et on peut imaginer que ce dialogue commencera par « ce qui nous réunit » probablement, avant de passer à une annonce directe du Christ.
Maintenant, ce n’est pas simple, ce n’est pas du ‘clé sur porte’ (« catho 9002 » ? :-) ), et c’est par tâtonnements et approximations successives que nous trouverons cet « autre style de vie » - ‘semence de chrétiens’ -, décliné à nos talents et vocation propre. Mais en même temps, il ne faut pas ‘réinventer la roue’ ou 'chercher midi à 14h'.
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Écrit par : J. Warren / | 11/03/2011

L'ÂME ET LE MONDE

> Je pense que J.Warren nous propose une bonne synthèse des différents enjeux soulevés dans les divers commentaires. J'y souscris globalement.
Pour préciser ma pensée sur un point important, je dis que le rapport au monde est "relatif" parce que le monde évolue à une vitesse phénoménale, tandis que l'on observe une remarquable fixité des ressorts de l'âme humaine à travers les âges. Mon idée est que l'Eglise, dans cette phase préparatoire du grand synode sur l'évangélisation, doit aussi inscrire à l'ordre du jour une redécouverte de ce qu'est profondément et inaltérablement l'âme humaine. C'est bien de décrypter ce qu'est le monde d'aujourd'hui pour s'y adapter, mais ce qu'est le monde d'aujourd'hui peut être balayé en quelques semaines par l'histoire.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 12/03/2011

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