Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/02/2011

La Brinvilliers sur France 2 : comment la pensée-zéro aplatit notre vision de l'histoire... et de la vie

Hier soir, un biopic (long-métrage biographique) conçu et interprété par Anne Parillaud, sur la dame qui finit décapitée en 1676 pour avoir empoisonné son père et ses deux frères :


 

Marie-Madeleine, marquise de Brinvilliers, empoisonne son père dans l'intention d'en capter l'héritage, pour dépanner son amant ruiné aux tables de jeux.

Atroce ? Oui : mais la mode aujourd'hui est de diluer l'atroce dans l'incohérent.

Interprétée par Parillaud, l'empoisonneuse nous « partage ses émotions », comme on dit dans les hypermarchés. Elle sert des bouillons-d'onze-heures à son papa qui meurt lentement dans des souffrances épouvantables ; mais, en même temps, elle a d'émouvantes conversations avec lui, genre « tu me comprenais mal mais là avec toi j'ai un bon feeling ». Si vous trouvez ça contradictoire, c'est que vous êtes un (une) nostalgique de l'ordre moral.

D'autant que la dame fait ça par amour pour son amant, le chevalier de Sainte-Croix, un peu tueur, un peu chimiste (il a appris l'art des poisons à la Bastille), et surtout joueur-tricheur professionnel : une sorte de héros « décalé ». C'est d'ailleurs lui qui a donné l'idée du meurtre à la dame. L'amour est invincible.

L'amour est une émotion ; toutes les émotions (n'importe lesquelles) sont les bienvenues, étant le carburant de notre société du marketing tombée en deçà du bien et du mal ; voilà donc Mme de Brinvilliers transformée en héroïne de notre temps, du genre, comme on dit, « qui ne transige pas avec ses émotions » : quelque chose comme Romy Schneider dans le vieux film de 1980 La Banquière, un des nanars précurseurs de cet état d'esprit.

Le principe est l'inexistence du bien et du mal : seules existent les émotions, les pulsions, les bouffées de désirs. Qu'elles vous portent à acheter une voiture ou à assassiner papa, ou à ruiner les épargnants, les émotions sont sacrées. Sans vos émotions, les commerciaux ne gagneraient pas leur vie, les salles de marché ne turbineraient pas.

Accessoirement, cette façon de tout raplatir sur les émotions produit des films pseudo-historiques ne comprenant rien à l'histoire. Voici comment Télérama résume le film de Parillaud : « jeune fille rétive à l'autorité masculine (!), puis amoureuse passionnée », la Brinvilliers « n'a de cesse de briser les carcans de son époque ». Quant au journal Le Monde, il critique la mise en scène « académique » (comprendre : « encore trop cohérente ») ; il l'aurait préférée rock'n'roll, « plus en phase avec la modernité de son personnage ». C'est ce que nous disions.


 

brinvilliers

 

 

Commentaires

L'ART

> L'art avait pour rôle de catalyser les émotions et de les remettre à l'endroit. Car l'art a des règles. Il ne suffit pas d'avoir envie d'écrire une symphonie pour pouvoir le faire (sauf à la Starac où on le croit encore), ou de se prendre pour Michel-Ange sans savoir dessiner! Le théâtre aussi a ce rôle, l'opéra plus encore. Le cinéma pourrait l'avoir s'il n'est pas réduit à un réalisme pseudo philosophique. Oui c'est le Beau qui sauvera le monde! Oui l'art est le meilleur catalyseur des émotions saines, comme troubles, du reste.
______

Écrit par : Rémi Martin/ | 10/02/2011

> Et ça a le droit de s'appeler biographique, ce salmigondis ?
______

Écrit par : Barbara/ | 10/02/2011

MODERNE

> Le Monde a finalement raison en considérant la modernité du personnage de la Brinvilliers : empoisonner son père pour du fric c'est la même chose qu'euthanasier des malades pour libérer des lits des cliniques privées...
Tuer pour du fric : la modernité.
Triste époque.
______

Écrit par : Damien Etienne Thiriet/ | 10/02/2011

C’EST QUOI L’AMOUR ?

> Quel est le plus profond désir de l’homme ? Aristote répond : le bonheur. Qu’est-ce que le bonheur ? C’est le « souverain bien », à savoir aimer et être aimé dans la « perfection de la vertu ». Désir, amour : c’est central. Aristote dit que « le désir est l’appétit de l’agréable ». Si l’amour n’était pas sensiblement agréable, l’homme ne le désirerait pas. Sans désir, je ne peux pas aimer. Sans émotion, je ne peux pas reconnaître que je suis aimé. Pour autant, ni le désir ni l’émotion ne suffisent à signifier l’amour. Défi complexe pour la condition humaine. In fine, la question centrale pour l’homme est : qu’est-ce que l’amour ?
La bouillabaisse romantique de « La Brinvilliers » ne l’aidera pas à définir ce qu’est l’amour, mais elle l’aidera peut-être au moins à discerner ce qu’il n’est pas. Le diable porte pierre… Quant à savoir ce qu’il est en vérité, la réponse est peut-être dans ce film sorti hier dans les salles : « Qui a envie d’être aimé ? » Quelle question ! Posez-là à l’humanité entière et voici que soudain, en un même mouvement sensible et spontané, 6 milliards d’hommes lèvent, la main, le cœur submergé de désir et d’émotion. Cette émotion et ce désir qui sont à la fois le lieu de notre fragilité et le moteur à explosion nucléaire de notre tension vers le bien, le beau, le vrai.
______

Écrit par : Guillaume de Prémare/ | 10/02/2011

QUESTION

> Autre question que tout Le Monde se pose : le prochain directeur de ce journal – en principe désigné aujourd’hui en la personne du journaliste Erik Izraelewicz – sera-t-il en phase avec ses émotions et celles du grand quotidien vespéral et de référence, institution historique s’il en est (et cependant d’une modernité affriolante) ? A l’heure où Libé (tendance Ségolène ?) s’apprête à recevoir Nicolas Demorand et tandis que le Nouvel Obs (tendance Martine ?) accueille Laurent Joffrin, la Gauche fera-t-elle le plein des rotos avec un Monde tendance DSK ? Et, question subsidiaire : ce trio terrible dissimule-t-il une empoisonneuse ?
______

Écrit par : Denis/ | 10/02/2011

EXTREME

> Franchement, M. de Plunkett, vous n'êtes pas cool ;))
Je vous propose une expérience de l'extrême dans ce domaine de la dictature de l'émotion : la lecture des hebdomadaires féminins (Elle, Marie-Claire, etc).
______

Écrit par : Jérôme/ | 10/02/2011

ET GILLES

> La Brinvilliers, une femme moderne et sensible...et Gilles de Rais? Un homme lui aussi sensible et qui refusait de quitter l'enfance?
______

Écrit par : vf/ | 10/02/2011

HEROS DU PAF

> Malheureusement les tueurs en série sont les nouveaux héros du PAF. Combien de films ou téléfilms avec des crimes? Nous sommes dans une époque nihiliste qui s'exprime avec des téléfilms comme celui diffusé hier soir sur France2.
______

Écrit par : Arnaud Le Bour/ | 10/02/2011

AUSSI DU BON

> Il y a de tout à la télévision....aussi du bon: ce que j'ai pu voir de "Grey's Anatomy" semble le montrer, par l'honnêteté des personnages dans leur recherche de l'Amour justement, avec leurs failles non dissimulées, recherche qui va de pair avec un combat permanent pour la vie, pourtant mystère souvent douloureux, et un profond respect des malades dans leur histoire et leurs croyances. Ce que notre monde en manque de repères peut donner de meilleur je crois, d'où peut partir un dialogue enrichissant entre chrétiens et non-croyants, et la reconnaissance de valeurs fondamentales communes.( Et beaucoup de jeunes suivent la série!) Qu'en pensez-vous amis blogueurs?
______

Écrit par : Anne Josnin/ | 11/02/2011

PAS D'ACCORD

> Je ne suis pas d'accord avec votre article. J'ai trouvé l'émission "honnête". Avec cette réserve : la mentalité du XVII° n'avait rien à voir avec la nôtre. Il y avait beaucoup de superstition surtout autour des poisons dont les méthodes avaient été importées d'Italie. Tout de suite après l'"mission j'ai relu les deux lettres de Madame de SEVIGNE (Lettres 531 et 535 tome II de La Pléiade et là, on comprend mieux. Il aurait fallu faire suivre l'émission d'un court débat avec des historiens spécialistes de cette époque. D'ailleurs le scenario du télé-film est fait à partir d'un roman.

B.


[ De PP à B. - J'ai aussi relu Sévigné... et, pardonnez-moi, je ne vois aucun rapport entre la mentalité du XVIIe et le personnage (romancé) de Parillaud. Permettez-moi de souligner que les articles de 'Télérama' et du 'Monde' applaudissent à l'anachronisme de ce personnage romancé, et critiquent la mise en scène (élément du film que vous approuvez au contraire, et moi aussi) parce qu'elle ne va pas dans le sens de l'anachronisme ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : bernard/ | 11/02/2011

IMAGES

> ....et caïn tua Abel, parce qu'il était jaloux des dons agréés par YWHW...premier enfant des hommes, premier assassin !
Quoi de neuf, pour les bourreaux sur cette terre?.... l'illusion d'être immortel, et in-jugeable.
Il en va de même pour ceux qui nous servent la soupe à table, comme à des cochons, en inventant des histoires qui devraient nous aider à nous pervertir par des belles images, des beaux "gros plans" mêlés de larmes bien sur, dixit au travers de la glorieuse et déesse télévision! amen, me répondraient-ils !
bouffonnerie ! Ah, au fait, combien de cerveaux endormis vont être touché par la dégueulasse grasse (ça m'évite d'écrire "grâce" pour l'autre qui n'est pas Dieu), ...pour se laisser bercer par ce genre de principe tout à fait recevable, à terme?
merci qui? (oh, mais c'est qu'un film après tout...)
et puis Laëtitia, violée et assassinée froidement, tout récemment,est une victime?
Non, tout comme ce film, ce bourreau ne faisait rien de mal, il ne faisait que répondre à ses passions, ses pulsions!! arrêtons de condamner ces gens, enfermés dans leur esprit et leur corps, merde alors!!! laissez les vivre, laissez les s'exprimer, bon sang!!!...ah c'est lui l'auteur de cet ouvrage peut-être?.....
ceci expliquerait sans doute la fin de vie de laëtitia...
pardon pour mes horreurs, mais je ne fais que poursuivre l'écriture de votre post, cher PP
(vous auriez pu prendre autre chose comme film, comme "carlos", basic instinct, et bien d'autre...)
______

Écrit par : jean christian / | 11/02/2011

MESSAGE AU MÉDIATEUR DE FRANCE 3 (FLORENCE CASSEZ)

Concernant l'émission des Racines et des Ailes du 16.02 consacrée au Mexique !
"Bonjour,
après le rejet inique du pourvoi en cassation de Florence Cassez je vous demande instamment de bien vouloir déprogrammer l'émission que vous vous apprêtez à consacrer au Mexique."
______

Écrit par : Pierre-Aelred/ | 11/02/2011

DEMANDER L'ANNULATION DE L'ANNÉE DU MEXIQUE :

ICI : ministre@culture.fr
______

Écrit par : Pierre-Aelred/ | 11/02/2011

HUMANISME

> Description de Télérama par Wikipédia:
"A noter aussi le net marquage à gauche du magazine, qui s'est détachée de son étiquette de "catho de gauche" pour passer à une orientation humaniste"
Ca , c'est de l'humanisme!
______

Écrit par : Pierre Huet/ | 11/02/2011

FLORENCE CASSEZ - MÉDIATEUR FRANCE3 :

> Contactez directement des Racines et des Ailes
"Bonjour,
Nous avons bien reçu votre message, dans lequel vous souhaitez joindre l'équipe de l'émission "Des racines et des ailes" sur France 3.
Nous vous conseillons d'adresser votre demande à l'adresse suivante:
France 3
Des racines et des ailes
6 bis rue Auguste Vitu
01.44.37.44.59
75015 Paris
Le médiateur a quant à lui pour mission de se faire l'interprète de vos remarques sur le contenu éditorial des émissions, une fois qu'elles ont été diffusées, auprès des personnes qui les conçoivent, les programment et en assument la responsabilité éditoriale.
Salutations attentives,
France Télévisions
Médiation des programmes"
______

Écrit par : Pierre-Aelred/ | 11/02/2011

ODORAT

> Si, j'y vois une expression de la mentalité : par exemple la référence aux esprits-animaux de Descartes de la part de la Marquise de Sévigné : elle expriment une sorte de correspondance entre les cendres de la Brinvilliers et l'odorat des témoins de l'exécution. ce qui montre un état d'esprit un peu superstitieux, qui n'est plus notre mentalité. Et ça le téléfilm ne le marque pas du tout.
______

Écrit par : bernard / | 12/02/2011

INSTINCTS

> Il y a quelques années l'affiche d'un film (consacré au marquis de Sade, me semble-t-il) proclamait: "suivez vos instincts!".
Curieusement, ce slogan n'est plus de mise lorsqu'un prêtre pédophile met en pratique ce magnifique programme.
On remarquera que Mme Bruni justifie son éloignement de la gauche par certaines réactions dans l'affaire Polanski-Mitterand. En effet, si des personnalités de gauche condamnent le tourisme sexuel et le viol des jeunes adolescentes, où va-t-on?
Quoi qu'il en soit, désormais un acte n'est plus jugé en lui-même mais selon la personnalité de celui qui le commet: par un prêtre, c'est horrible; par un membre de la médiacratie, c'est parfaitement compréhensible, peut-être même le signe d'un sain affranchissement des préjugés du commun.
______

Écrit par : xb/ | 12/02/2011

Les commentaires sont fermés.