Scandale du Mediator – Coupable : la société de marché

Interview du Dr Bruno Toussaint,

directeur de la revue médicale Prescrire,

dans Libération d'aujourd'hui.

Extraits :

 

« Cela illustre un phénomène classique : le marketing décide très tôt de l'orientation de la recherche. Récemment encore […] une firme trouvait une molécule, la développait, se battait ensuite pour avoir une autorisation de mise sur le marché (AMM). Et ensuite seulement le marketing entrait en action. Aujourd'hui, les firmes décident d'avoir un marché. Elles cherchent à l'investir. Comme, de nos jours, elles n'ont pas grand-chose en réserve, elles vont se tourner vers des petites boîtes, puis elles se donnent les moyens pour acquérir les parts de marché qu'elles se sont fixées. On le voit encore avec la maladie d'Alzheimer. Les firmes ont été très démunies devant ces maladies dégénératives, alors qu'il y avait une forte attente commerciale. Ce qu'elles ont trouvé n'a rien de révolutionnaire, mais elles le vendent... »

« Les pouvoirs publics sont de moins en moins exigeants. Il est plus facile d'obtenir une AMM pour une molécule qui ne vaut pas grand-chose. Ensuite, avec leur force de frappe commerciale, via leurs visiteurs médicaux, les firmes peuvent arriver à la vendre massivement. Ce qui est grave, c'est qu'elles se rendent compte que, même avec de mauvais médicaments, elles arrivent à faire beaucoup d'argent.

« Il faut fermer le robinet à poison, arrêter l'octroi d'AMM à partir de simples études contre placebo. On le dit depuis dix ans, personne ne nous écoutait.... Il faut une police du médicament. Il faut encadrer le marché et l'activité des firmes. Il faut une administration, financée par des fonds publics, au service des patients... »

 

> Donc : 1. le marketing décide de la recherche ; 2. on fait beaucoup d'argent avec de mauvais médicaments ; 3. les pouvoirs publics ont capitulé ; 4. ce processus malsain dure depuis dix ans... Voilà (appliqué  à la pharmacie) le processus général du néolibéralisme et de la « société de marché ». Toute déploration du scandale Mediator qui ne se complèterait pas d'une mise en cause du système économique, serait superficielle.

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