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21/12/2010

Benoît XVI tire toutes les leçons du drame de la pédophilie

Le pape appelle encore l'Eglise au repentir – et critique la société de l'argent, productrice du "marché de la pornographie" :


 

Recevant les vœux des cardinaux hier, le pape a une fois de plus montré la voie aux catholiques : une voix aux antipodes du triomphalisme agressif, et qui n'a rien à voir avec la frilosité ni le conservatisme.

Cela de deux manières :

1. Il a redit – une fois de plus – l'atrocité et la «dimension inimaginable» du scandale des prêtres pédophiles «qui transforment le sacerdoce en son contraire» et qui fait que «le visage de l'Église est couvert de poussière». Et il en a déduit, une fois de plus, un appel, non au retour en arrière, mais au « renouvellement » : "nous  devons accueillir cette humiliation comme une exhortation à la vérité et un appel au renouvellement», car « seule la vérité sauve» - « nous devons nous interroger sur ce que nous pouvons faire pour réparer le plus possible l'injustice qui a eu lieu ». D'où quatre directives : a) la «pénitence» ; b) « tenter tout ce qui est possible, dans la préparation au sacerdoce, pour qu'une telle chose ne puisse plus arriver» ; c) soutenir les victimes et «ceux qui s'engagent pour les aider» ; d) rassurer les «si nombreux bons prêtres qui transmettent, dans l'humilité et la fidélité, la bonté du Seigneur et qui, au milieu des dévastations, sont témoins de la beauté non perdue du sacerdoce».

2. Ayant ainsi martelé toute l'horreur de ce drame, il en a indiqué le contexte : une société dominée par l'argent (« la dictature de Mammon »), qui supprime tout repère moral pour fabriquer des moeurs sans précédent : autrement dit l'érotomanie commerciale, dont fait partie (outre le marché du tourisme sexuel et le marché de la drogue) «le marché de la pornographie concernant les enfants», qui «semble être considéré toujours plus par la société comme une chose normale».

«Pour nous opposer à ces forces», le pape propose de revisiter « leurs fondements idéologiques»: « Dans les années 70, la pédophilie fut théorisée comme une chose complètement conforme à l'homme et aussi à l'enfant... On affirmait -jusque dans le cadre de la théologie catholique- que n'existerait ni le mal en soi, ni le bien en soi. Existerait seulement un “mieux que” et un “pire que”. Rien ne serait en soi-même bien ou mal. Tout dépendrait des circonstances et de la fin entendue. Selon les buts et les circonstances, tout pourrait être bien ou aussi mal... La morale est ainsi remplacée par un calcul des conséquences et, avec cela, cesse d'exister».

 

> Commentaire

Cette « évolution culturelle majeure », comme dit Benoît XVI, est le relativisme, fondement même du libéralisme philosophique, lui-même issu du libéralisme économique : toutes les idées se valent dans l'abstrait, seuls leurs effets sociaux et économiques sont à prendre en compte, etc.

Le libéralisme a pris le pouvoir dans les esprits au cours des années 1970, que Benoît XVI critique à juste titre. Cette critique met en cause la permissivité d'après 68, qui fut, non une « prise du pouvoir par la gauche » (rappelons-nous que le PCF des années 50 était hostile à l'avortement), mais une prise du pouvoir par l'idéologie consumériste du «tout est permis ».

Si « tout est permis »... c'est parce que tout doit pouvoir être commercialisé.

La gauche s'est ralliée au libéralisme. La droite s'est ralliée aux « nouvelles moeurs ». Cette convergence montre simplement que la droite et la gauche, et le barnum médiatico-politique, ne sont que des annexes du système économique régnant : l'empire de Mammon, dit Benoît XVI.

 

10:01 Publié dans Idées, Société | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : christianisme

Commentaires

CURIEUX MANQUE

> Notez que les sites bien-pensants et les sites cathophobes, toujours ayant les mêmes réflexes (quoique en sens inverse), cachent à leurs lecteurs que le pape critique la dictature de l'argent !
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Écrit par : rusticus/ | 21/12/2010

Envoyé récemment au Figaro qui proposait un abonnement...

" Sous le choc de la récente affaire Anne-Lorraine Schmitt, j’ai bien du mal à saisir votre cohérence éditoriale. Dans le quotidien vous vous montrez pleins de compassion pour la famille de la jeune fille et dans l’hebdomadaire télévisé, lisible par de jeunes enfants, vous laissez apparaître le soutien financier de services tarifés qui ont pu nourrir l’imaginaire pathologique de son assassin. Votre ouverture d’esprit semble reposer davantage sur les lois du marché, ce qui peut vous mener assez loin, que sur une réflexion éthique mûrie et responsable.
Il ne me sera pas possible de vous apporter les finances que vous semblez accepter de si bonne grâce par ailleurs."
______

Écrit par : isabelle/ | 21/12/2010

IMPORTANCE

1)- Une phrase d'un importance terrible: "On affirmait -jusque dans le cadre de la théologie catholique- que n'existerait ni le mal en soi, ni le bien en soi." Télescopage de l'après-concile et de l'après-mai 68!
2)- Peut-on dire que mai 68 ne fut pas une « prise du pouvoir par la gauche » ? Pas sur! Lors des débats et de votes sur la contraception puis l'avortement, ces loi passèrent grâce aux gouvernements et une minorité de députés de fausse droite et le soutien EN BLOC des députés de gauche.
3) - cela explique probablement le télescopage que j'évoque, par la connivence (dixit le Cal Decourtray) entre le milieu dirigeant catholique de ces sombres années et la gauche socialiste et communiste. Il y a eu acceptation opportuniste massive de ce libéralisme moral par trop de catholiques car il était déja accepté par leurs amis marxistes. Il suffit de voir l'état de décomposition des républiques post-soviétiques dans les années 90 pour constater que la droite molle n'avait pas le monopole du relativisme moral.
PH


[ De PP à PH :
- Sur le télescopage de l'après-Concile et de mai 68, nous avons tous écrit des kilomètres d'articles depuis vingt ans. L'idée est vraie, mais qu'est-ce au juste que "l'après 68" ? Le triomphe de l'idéologie consumériste. Arrêtons de croire que c'était seulement "la gauche". Arrêtons de croire que "la droite" échappe à l'idéologie du système économique... dont elle est le servant.
- La loi Veil est une loi Giscard.
- Jeannette Vermeersch était violemment contre l'avortement.
- N'essayons pas de blanchir le libéralisme. Rendons-lui ce qui lui appartient : le relativisme. Ou alors nous ne comprendrons rien à ce qui arrive. ]

réponse adressée au commentaire

Écrit par : Pierre Huet/ | 21/12/2010

MARX ET LE LIBERALISME

> Sur l'ex-URSS. Marx se posait en successeur (non en ennemi) du libéralisme bourgeois, qu'il approuvait pour sa capacité de détruire les valeurs traditionnelles.
______

Écrit par : Gilles-François/ | 22/12/2010

@ PP

> Il ne s'agit pas de blanchir la droite libérale, mais il ne faut pas non plus innocenter la gauche et son idéologie de "maîtrise" du développement humain. Voir les pratiques eugénistes du socialisme suédois des années 40 et 50.
Pour autant que je sache, les "démocraties populaires" n'ont pas cultivé l'amour de la famille et encore moins le respect de la vie.

PH


[ De PP à PH :
- L'idéologie de "maîtrise" du développement humain a sa contrepartie à droite : c'est de livrer
le développement humain à l'argent (privatisation du vivant, empire des multinationales biotechnologiques, etc).
- Les pratiques eugénistes scandinaves ont commencé avant guerre, sous des gouvernements de droite ! cf la nouvelle de Paul Morand dans "Ouvert la nuit"...
- Je ne comprends pas pourquoi vous niez que la droite puisse avoir des torts.
- Constater qu'elle en a, ne fait pas de moi un nostalgique des démocraties populaires (contrairement à ce que vous semblez suggérer).
- Et pourquoi toujours parler d'un passé mort et enterré (l'URSS, les démocraties populaires, etc) ? Je vous parle d'aujourd'hui, et du fait que l'empire de Mammon, comme dit le pape, a phagocyté à la fois la droite et la gauche. Voilà la donnée décisive. Soyons de notre temps. ]

réponse adressée au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 22/12/2010

@ PP

> Bien d'accord pour être de notre temps, mais qui parle de la non-résistance des catholiques au mal dans les années 70 ? Benoît XVI.
Il lui faut bien revenir sur ces dérives pour placer des gardes-fous adaptés.
Mon propos concernait cette chose horrible...
______

Écrit par : Pierre Huet/ | 22/12/2010

LES BRAS M'EN TOMBENT

Bernard Sesboüé, Frédéric Lenoir. Le match théologique.
http://www.lavie.fr/hebdo/2010/3408-3409/bernard-sesboue-frederic-lenoir-le-match-theologique-20-12-2010-12637_183.php
Prochainement : Le CREDO ? Pour taper 1, contre tapez 2.
______

Écrit par : Louis Chaise/ | 22/12/2010

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