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18/12/2010

735 avant J.C. : Isaïe précise la Promesse, et condamne les compromissions politico-religieuses

Isa-e.jpgPremière lecture

de ce dernier dimanche

de l'Avent :


 

Isaïe 7, 10-16 :

<< Le Seigneur envoya le prophète Isaïe dire au roi Acaz : « Demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu, demande-le au fond des vallées ou bien en haut sur les sommets. » Acaz répondit : « Non je n'en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l'épreuve... » Isaïe dit alors : « Ecoutez, maison de David ! Il ne vous suffit pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! Eh bien ! Le Seigneur Lui-même vous donner un signe : Voici que la almah [« jeune épousée » ou « nubile » / la Septante dit « vierge »] enfantera un fils, et on l'appellera Emmanuel, c'est-à-dire : Dieu avec nous. >>

 

Rappelons-nous le contexte historique : en 735 avant J.C., l'ancien royaume de David est divisé depuis deux siècles. Au sud, Jérusalem (où règne Acaz). Au nord, Samarie. La menace est l'empire assyrien. Samarie veut le combattre, et assiège Acaz pour l'obliger à s'allier à elle dans cette guerre. Isaïe - au nom de Dieu - rejette ce faux devoir  ! Ce qui compte n'est pas de faire la guerre à une terreur internationale, mais de n'avoir foi qu'en Dieu et en sa promesse. Quelle est-elle ? D'assurer une postérité plus nombreuse que les grains de sable de la mer à Abraham, donc une descendance qui ne s'éteindra pas à la maison de David. (Aujourd'hui un milliard de chrétiens savent comment s'est acccomplie la promesse divine).

Les prophètes condamnent ceux qui réduisent la foi à leurs émotions politiques : ceux n'ont pas confiance en l'Eternel, ceux qui veulent s'allier à n'importe quoi pour combattre la « terreur internationale », tout en opprimant économiquement leurs frères. Ceux-là fatiguent non seulement les hommes, mais Dieu, et Isaïe leur lance l'anathème. Bien entendu, il se fait traiter par eux de traître à la nation. Il leur répond de la part de Dieu (1, 12-15) : « Quand vous vous présentez devant moi [Dieu], qui vous demande de piétiner ainsi mes parvis ? Cessez d'apporter des offrandes illusoires ! J'ai horreur de votre encens [...] et de vos convocations aux réunions, je ne supporte pas de voir l'injustice associée aux célébrations ! » Ayant ainsi dénoncé leur sacrilège (compromettre une religiosité ostentatoire avec une pseudo-politique et un comportement économique inéquitable), Isaïe ira plus loin : il leur annoncera l'exil, c'est-à-dire la fin de la nation politique. On sait que ce sera un pas de plus vers la « surnaturalisation » de la promesse divine, jusqu'à l'Incarnation du Fils. Cherchons les parallèles avec la situation d'aujourd'hui.

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Commentaires

DEBAT

> Il y a des choses justes dans ce que vous dîtes sur l'erreur que représenterait la recherche d'une alliance politique alors que comme le dit le dit le psaume: "notre secours est dans le Nom du Seigneur", leitmotiv de la plupart des prophètes. En revanche, il y a erreur, à mon avis, à stigmatiser toute relation entre le politique et le religieux. En effet, l'Histoire est réelle : en d'autres termes, si la dispersion d'Israël peut être vue comme le fruit de sa non-reconnaissance de Dieu, ce serait une vue trop "spiritualiste" que de croire que Dieu se désengagerait des réalités politiques de l'ère de l'Incarnation : les réalités nouvelles nées du déploiement de la Bonne nouvelle, en d'autres termes, la Chrétienté (je rappelle que Benoît XVI a utilisé le terme lors de la visite de NS) ne sont pas susceptibles de la même caducité. Distinctio sed non separatio, dit l'adage. Au risque sinon d'un divorce qui contredirait l'incarnation. Sur cette terre, de même que les deux Cités sont mêlées (st Augsutin), de même l'homme est inséparablement politique et religieux. Et c'est dans l'exercice de sa liberté dans la Cité ou polis que se déploie sa quête de sainteté. L'archétype, si j'ose dire de cela, fut sainte Jeanne d'Arc, quoi qu'on veuille penser d'elle ou l'usage qui peut en être fait. Vous réagissez trop contre ce lien me semble-t-il, fut-ce par irritation contre certains milieux. La "surnaturalisation" me semble en d'autres termes une erreur sur la voie chrétienne. C'est un point très important : le saint ne se désintéresse pas, au profit du religieux, du réel. Il y est à plein. Sinon il est dans le spiritualisme.

LP


[ De PP à LP :
- Certes. Mais le péché permanent d'un certain catholicisme français est la politisation, c'est à dire la réduction de l'espérance à un sous-espoir, celui du "bon gouvernement" (qui sécuriserait le milieu catho), avec tous les préjugés qui vont avec. Espoir perpétuellement déçu, souvent très mauvais conseiller, et, surtout, rendant inapte à comprendre le monde et à discerner les nouveaux profils du devoir chrétien.
- Ce n'est pas du spiritualisme que de rejeter les infamies que nous proposent nombre de catholiques d'ultra-droite : alliances compromissions, simonie intellectuelle, réduction du christianisme à deux ou trois "problèmes" et quelques slogans. (Comme par exemple ce beuglement de bêtise triomphale, sur un site à label catho : "Le Dieu d'Amour FAIT PEUR aux musulmans". Un de mes amis s'est converti de l'islam au catholicisme à cause du Dieu d'Amour, et je peux vous dire que la peur n'y a joué aucun rôle. Car si notre Dieu avait fait "peur", comme le souhaiteraient les crétins, ce garçon ne se serait pas converti).
- C'est justement par souci d'incarnation (de réalisme chrétien) qu'il faut discerner l'inévitable, qu'il nous plaise ou pas, et se mettre en mesure d'y témoigner de l'essentiel quoi qu'il arrive. Il y a des pages remarquables d'Ernst Jünger dans ce sens. (Je choisis à dessein cette référence à un penseur "de droite" et qui passa son existence - mais pas ses derniers instants - loin du catholicisme). ]

réponse au commentaire

Écrit par : JB/ | 18/12/2010

CAUCHON, UN CATHOLIQUE EN POLITIQUE

> Jeanne d'Arc, oui, l'évêque Cauchon, non!
Pourtant elle a péri sur le bûcher, condamnée par une certaine Eglise incarnée, engagée politiquement, après avoir été plus ou moins abandonnée par le roi de France et avoir erré à la tête d'un reste de troupe armée sans solde,sans plus de victoires glorieuses, serviteurs devenus inutiles. Cauchon: un évêque manifestement obsédé par le critère de pureté et d'orthodoxie absolue à la foi catholique: "si je suis le gardien de la pureté de la foi, nécessairement c'est mon engagement qui est le bon, le sien est donc diabolique,et l'argument mystique de "voix célestes" ne tient pas, puisque n'est-ce-pas elle porte une tenue non conforme à sa vocation de femme , point n'est besoin de convoquer pour cela le pape de Rome..."
En quoi exactement consiste le rôle de Jeanne? N'est-ce-pas, plus que de mener un campagne militaire, de redonner aux Français , personnifiés en ce mal assuré Dauphin, la certitude d'être fils et filles aînés de l'Eglise, titre non usurpé, d'être aimés du Père de manière unique?" Non, je ne t'ai pas abandonnée, tu es bien ma Fille chérie, et ta virginité d'autrefois, voici que je la renouvelle par ma Toute Puissance, parce que mes dons sont sans repentance ".
Retournons aux sources de notre baptême, retournons à Reims pour nous renouveler dans les grâces de l'Esprit Saint et courbons de nouveau notre tête de fier sicambre: voilà je crois notre priorité, non?
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Écrit par : Anne Josnin/ | 18/12/2010

à Anne Josnin

> A son procès de Rouen, quand Jeanne d'Arc répond à la question sur le "corps" de saint Michel, elle répond avec clarté et simplicité. Il se trouve que sa réponse n'est pas conforme au théorème scolastique sur les possibilités pour un ange d'intervenir matériellement en un point de l'espace. Théorème sans doute considéré à l'époque comme "non négociable"... Alors le greffier note en marge du procès-verbal : "consumata est", "elle (Jeanne) est cramée".
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Écrit par : christine/ | 19/12/2010

FARINE

> D'accord avec PP. Je considère non sans quelque perplexité le nombre de ces catholiques qui, sous prétexte d'optimisme, de courage, de réalisme et autres grandes vertus... se trouvent finalement réduits (naïveté? attraits des prébendes? complicité inavouable? ou un peu de tout cela mêlé?)à collaborer avec le mal et contribuent très fâcheusement, me semble-t-il, à enfariner la patte du loup...
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Écrit par : Diagraphès/ | 19/12/2010

LA VRAIE GRANDEUR DE L'EGLISE

> Benoit XVI est le premier pape à renoncer à porter sur son blason la tiare, symbole du pouvoir séculier de l'Eglise...
Quelles sont les annonces prophétiques de l’Eglise concernant son propre devenir ? Annonce-t-elle, péremptoire, l’avènement d’un nouvel âge d’or et son triomphe politique final ? Le renouveau victorieux d’une France et d’une Europe chrétienne, tel que le fantasme la mouvance dite « intégriste » ? Proclame-t-elle, sûre de sa force, que la reconquête des cœurs et des âmes, fruit de puissantes missions évangélisatrices, est proche ? Qu’elle vaincra ses détracteurs et régnera aux quatre coins de la terre ? Qu’elle sera grandeur et éclat au moment de la venue du Christ dans sa gloire ?
Non. La grandeur de l’Eglise ne se manifestera pas dans sa puissance conquérante, mais dans le creux de sa faiblesse, dans les tréfonds de son humiliation. Conspuée, méprisée, abandonnée par les siens, elle aura accomplie son oeuvre. En cela, elle suivra, jusqu’au bout, les voies du Seigneur…
La réponse qu’elle donne, qui se trouve aux paragraphes 675-677 du catéchisme de l’Eglise catholique, est tellement bouleversante d’humilité qu’il ne s’agit plus que de se taire, de la citer dans son intégralité et de la méditer :
«Avant l’avènement du Christ, l’Eglise doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants. La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre dévoilera le « mystère d’iniquité » sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c'est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair.
Cette imposture antichristique se dessine déjà dans le monde chaque fois que l’on prétend accomplir dans l’histoire l’espérance messianique qui ne peut s’achever qu’au-delà d’elle à travers le jugement eschatologique : même sous sa forme mitigée, l’Eglise a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme, surtout sous la forme politique d’un messianisme sécularisé, « intrinsèquement perverse ».
L’Eglise n’entrera dans la gloire du Royaume qu’à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection. Le Royaume ne s’accomplira donc pas par un triomphe historique de l’Eglise selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal qui fera descendre du Ciel son Epouse. Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du jugement dernier après l’ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe. »
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Écrit par : serge lellouche/ | 19/12/2010

AGIR CHRETIEN

> On a beaucoup critiqué la distinction de Jacques Maritain entre "agir en chrétien" et "agir en tant que chrétien"...
Je crois pourtant que, sans l'absolutiser, elle recèle une part de vérité...
Dans le champ politique, agir en tant que chrétien comporte un grand danger: celui qu'on identifie le choix prudentiel et personnel avec LE choix chrétien. Ainsi, l'échec ou les fautes sont attribués au christianisme... Ainsi de la politique orientale de G. W. Bush, et dans le passé, de certains choix de la Démocratie Chrétienne...
Deuxième risque, celui de se réfugier derrière des consignes officielles qui cléricalisent indûment l'engagement (attachement pavlovien aux points non négociables qui occulte le reste): puisque je suis chrétien je dois agir ainsi sans me poser de question, on élimine alors le rôle de la conscience. C'est le risque qui menace le catholique intransigeant... qui prend souvent pour un acte de conscience l'obéissance aveugle à des consignes dont la portée est souvent mal comprise.
Agir en chrétien, c'est mettre son drapeau dans sa poche et, en conscience, agir à la lumière de la parole du Christ. On le prie dans sa chambre et on met au quotidien ses pas dans les siens à la lumière de sa parole.
Reste qu'à certains moments la distinction est impossible à faire lorsque par exemple la liberté religieuse est en jeu.
Il ne s'agit pas d'enfouissement: rien n'interdit (au contraire) d'assumer sa foi au grand jour mais dans la simplicité, l'humilité, sans en faire un étendard.
La pierre de touche est celle de l'efficacité: le chrétien doit savoir renoncer à la victoire lorsque les moyens pour l'atteindre ne sont pas conformes à la parole du Christ. Le chrétien sait que la victoire essentielle est assurée et que le Royaume n'est pas de ce monde. Son but est d'habiter la Cité de Dieu et non de créer un paradis terrestre dont le rêve est destructeur. L'échec ici-bas n'est pas pour lui un échec définitif, il sait donc en prendre son parti et refuser les compromissions.
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Écrit par : Hubert Houliez/ | 19/12/2010

> Illustration du problème, sur l'excellent site d'Henrik Lindell:
http://www.dieu-et-moi.com/actualites/392-cote-divoire-eviter-le-pire.html
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Écrit par : Hubert Houliez/ | 20/12/2010

pour Serge Lellouche :

> pour info, un prêtre au Vatican m'a dit que si Benoit XVI avait mis une mitre sur ses armes c'était pour souligner son envie d'impliquer au maximum les autres évêques.
En revanche, il a introduit dans ses armes le "pallium".
Or "Ce n'est pas la tradition que les Souverains Pontifes le fassent figurer dans leur blason."(cf le site du Vatican).
Le pallium est "l'insigne liturgique typique du Souverain Pontife et il apparaît très souvent dans d'anciennes représentations papales. Il indique sa charge de pasteur du troupeau qui lui a été confié par le Christ. " (cf le site du vatican)
Donc le message des armes de Benoit XVI est que les évêques doivent s'impliquer dans leur travail avec lui car il est désigné pasteur du troupeau (et ça, ce n'est pas négociable).
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Écrit par : zorglub/ | 22/12/2010

BIBLE ET HISTOIRE

> Il est absurde de dater un texte biblique. La Bible est par nature intemporelle. L'existence historique d'Isaïe est aussi problématique que celle de Moïse ou de Jonas. Ce texte a simplement trouvé une application dans un certain contexte historique, mal connu d'ailleurs, comme il en trouve dans le nôtre.

MLL


[ De PP à MLL:
- Ce qui est absurde serait de croire qu'un texte biblique a été écrit au moment des événements dont il parle. Mais ça ne suffit pas pour dire que ces événements n'ont jamais eu lieu !
- Je vois ce que vous voulez dire, mais c'est incomplet. La Bible ré-interprète : mais ce qu'elle ré-interprète est une expérience historique. C'est même ce qui la caractérise par rapport aux religions païennes, fondées sur des mythes a priori.
- Ce texte n'est pas "tombé du ciel" comme le Coran ! c'est justement parce qu'il est le produit de certaines circonstances, qu'il est "historique". Dans son genre littéraire. Qui implique rumination, relectures, etc.
- Il peut également être vu comme "historique" dans la mesure où il évoque des événements qui ont eu lieu autant que le siège d'Alésia.
- La personne d'Isaïe n'est pas plus mal attestée que celle de Vercingétorix ! Quant à son époque et à son contexte "géopolitique", ils sont balisés par les historiens et les archéologues. Ozias ou Achaz sont datables par les moyens classiques de la recherche historienne... ou alors il faut renoncer à toute connaissance de l'Antiquité. ]

réponse adressée au commentaire

Écrit par : Michel Louis Lévy/ | 23/12/2010

MARC BLOCH

> Marc Bloch disait : "la mémoire collective ne conserve pas le passé, elle le retrouve ou le reconstruit sans cesse, en partant du présent". On peut voir ainsi le travail d'élaboration des livres de la Bible. Cela n'annule pas l'historicité des faits anciens qui servent de matériau.
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Écrit par : sèlah / | 24/12/2010

pour PP :

> si Michel Louis Lévy qui a posté ici est le même que celui qui sévit sur wikipedia et ailleurs, sachez que c'est un "obsédé" de la "zététique" (pseudo-science à la Onfray) et que toute discussion est inutile.
voir l'article écrit par MLL sur le site zététique consacré à Jésus ; ces niaiseries à la Blanrue faisaient rigoler mes profs quand j'étais z'en Sorbonne.
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Écrit par : zorglub / | 24/12/2010

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