16/12/2010
Et revoilà la coquecigrue de l'identité nationale
Sortie de sa cage par Copé, ré-enfermée par Baroin :
François Baroin, invoquant la "respiration démocratique" : "Le gouvernement ne rouvrira pas le débat controversé sur l'identité nationale qu'il a animé jusqu'en février", mais la question sera "au coeur" de l'élection présidentielle de 2012.
Jean-François Copé : il faut "une réflexion sur ce qu'exige, ce que veut dire être français, d'appartenir à une communauté nationale, de partager un projet individuel et un projet collectif... Tout cela, c'est le coeur même de l'appartenance à une nation. Je pense qu'il faut absolument revenir sur cela parce qu'il y a beaucoup trop de non-dits dans notre pays. Et Marine Le Pen surfe beaucoup sur ces non-dits."
Beaucoup de mots pour rien. Le malaise était venu du discours de diabolisation du « lien de famille » national ; diabolisation postulée par le néolibéralisme, inaugurée sous Miterrand, poursuivie sous Chirac, et qui a interdit l'intégration (la francisation) des immigrés. Le communautarisme en est la conséquence inéluctable, et l'on peut craindre que la ligne rouge de l'irréversible ne soit dépassée à l'heure qu'il est. D'autant que la xénophobie, faussement baptisée « mouvement national », n'est elle-même qu'une version du communautarisme : il suffit de parler cinq minutes avec un militant de cette mouvance, pour constater qu'il est purement et simplement... ethniste, chose incompatible avec la culture française - et avec le christianisme. La situation est un gâchis. Le gouvernement actuel y patauge lourdement, à l'aveuglette.
09:29 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : identité nationale
Commentaires
RIEN A VOIR
> "L'ethnisme n'a rien à voir avec la culture française". Ni avec le catholicisme ! L'acéphale qui écrivait il y a deux ans : "la diversité ethnique est voulue par Dieu", reprenait mot pour mot le slogan du pasteur calviniste fou qui fonda l'idéologie de l'apartheid en Afrique du Sud. Ca nous met un peu loin de saint Thomas d'Aquin.
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Écrit par : Ned / | 16/12/2010
TROP VRAI
> Il y a quelques jours, Mme Marie-France Garaud disait sur Radio Notre-Dame que quand on parle d'identité, c'est qu'on n'a pas, ou qu'on a perdu sa souveraineté. Ce n'est que trop vrai.
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Écrit par : Pierre Huet / | 16/12/2010
> Pour paraphraser McCain (les frites) : "l'identité nationale plus on en parle moins on en a".
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Écrit par : Ludwig / | 16/12/2010
HENRI IV
> On peut espérer que la redécouverte providentielle de la tête de Henri IV et sa réinhumation probable, avec quelques autres ossements récupérés çà et là, dans la basilique Saint Denis sera l'occasion d'une cérémonie de funérailles impliquant les autorités officielles de l'Etat - ce qui n'a pas été le cas pour Louis XVII - et probablement aussi les protestants. Voilà de quoi parler de l'identité nationale au sens le plus unifiant du terme (même si la réalité de Henri IV est un peu moins belle que son image forgée notamment lors de la Restauration).
Certes le personnage cadre trop bien avec le relativisme (entre le "Paris vaut bien une messe" et autres conversions et reconversions à répétition) mais enfin rien n'est parfait mais cela peut cependant être utile. De toute façon Henri VI n'est pas un saint, tout le monde le sait !
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Écrit par : B.H./ | 16/12/2010
REPUBLIQUE
> Aurait-on besoin aujourd’hui d’une « Contre-enquête sur la République », puisque celle-ci est censée forger « les conditions d’être français », selon l’expression utilisée par François Baroin ? Pour ma part, j’invite notre gouvernement à réfléchir sur notre tryptique « liberté, égalité, fraternité ». A nouveaux frais. Par exemple en méditant sur la liberté des Roms, l’égalité des sans-abri, la fraternité des pauvres de toutes espèces. Et pourquoi pas aussi, d’une trinité à l’autre, en réfléchissant à la liberté selon le Père, l’égalité selon le Fils, la fraternité selon l’Esprit Saint !
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Écrit par : Denis/ | 16/12/2010
FAMILLE
> Que signifie l'expression "« lien de famille » national" ?
xb
[ De PP à XB - C'est un analogie. Je m'étonne qu'elle ne vous paraisse pas limpide. Pour l'historien, le phénomène national - en tout cas en France - est un produit de la longue durée : un "esprit de famille" qui se capitalise au fil du temps. Les familles ne sont pas des entités closes : on épouse, on adopte, éventuellement on divorce ; le lien entre leurs membres n'est pas ethnique (les familles peuvent se métisser) ; il peut être intense ou distant ; il n'est pas idéologique (il y a les opinions les plus contraires au sein d'une famille), et pourtant il a un côté psychologique, voire culturel...
Je trouve que cette analogie rend assez bien compte de ce qu'était le vivre-ensemble à la française, avant qu'on ne donne de la France une définition abstraite et idéologique qui l'identifie à un système politique exclusif de tout autre, et qui oblige à zapper huit ou neuf siècles en amont de 1789. A ma connaissance, l'un des premiers textes qui évoquent "la France" comme une personne, différente de la royauté et surplombant les classes sociales, est de 1422 : c'est le "Quadrilogue invectif" d'Alain Chartier. Je pense qu'aucun de mes confrères journalistes n'en a jamais entendu parler. ]
réponse au commentaire
Écrit par : xb/ | 16/12/2010
LECTURES
> Dommage d'avoir supprimé la référence à la Tarasque. C'est une des grandes pages de l'Histoire sainte de la France. !!! Le quadrilogue invectif, tu connais cela, toi ??? Bonne lecture, tu nous surprend un peu . Il faudrait le rééditer : on y trouve un savoureux amour de la France !!!
M.
[ De PP à M. - L'oiseau de Bosch ne ressemblait vraiment pas à la tarasque. D'où le changement de nom. Quant à Chartier... je n'ai pas fini de te surprendre, hombre. ]
réponse adressée au commentaire
Écrit par : Marthecontrelatarasque / | 16/12/2010
JEAN PAUL II
> JP II avait défini indirectement ce qu'était pour lui la France : "si Marx avait été français, aujourd'hui tout le monde serait marxiste"...
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Écrit par : Feld/ | 16/12/2010
PLUS ANCIEN
> En revanche, il est faux de penser que c'est du Quadrilogue que date la reconnaissance de la France comme une entité sublimée encore plus qu'idéalisée. Une telle vision se retrouve dans la plupart des textes historiques dès le commencement, même si il est vrai que les textes à l'intention poétique ou littéraire la manifestent de manière plus affirmée selon la figure classique de la prosopopée. Ainsi, on retrouve cette vue Grégoire de Tours et son Historia Francorum (en dépit du titre) puis dans les Chroniques contemporaines, que ce soit celles propres à certains auteur (ex; Eginard) ou autres et bien sûr des textes comme la Chanson de Roland (quoi qu'on dise de son auteur), les récits de pélerinages ou de croisades (donc bien avant Alain Chartier). A la même époque que Chartier, Christine de Pisan écrivit un texte du même acabit sur la déploration des maux de la France. Ceci dit, nous sommes ici entre lettrés (au royaume des aveugles), car la jeunesse de France ignore tout ou presque de son Histoire (faîtes des sondages, vous serez affligés). Là est le vrai défi !
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Écrit par : JB/ | 18/12/2010
MACADAM VERBAL
> "respiration démocratique"...avec 2, 1 ou 0 poumons ? On réve ... Père Ubu pas mort même dans les hautes sphères infestées de l'esprit(plutôt l'odeur) du temps !
Les disparus du "Grenier de Montmartre" se serait sans doute bien divertis de tout ce macadam verbal au nom de la France !
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Écrit par : Gérald/ | 18/12/2010
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