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08/12/2010

Climat et démographie : deux exemples de pensée-zéro

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un dans chaque camp :


 

1.  A la conférence climatique de Cancun, M. Ted Turner (pollueur mental parlant de la pollution matérielle) déclare que le réchauffement vient de la démographie et qu'il faut imposer au monde une politique à la chinoise : « un seul enfant par foyer ! »  L'idée  de M. Turner  est d'une férocité imbécile. Il voit le problème à l'envers. Ce ne sont pas les humains qui sont en trop, c'est le capitalisme productiviste qui saccage la planète : il ne faut pas changer le nombre des Terriens, il faut changer le système économique qui empêche de les nourrir tous et creuse les inégalités. C'est ce que demande l'encyclique Caritas in Veritate.

2.  A Paris, un « libéral conservateur » (oxymore) apprend ce qu'a dit M. Turner... Mugissant donc d'indignation, il déclare : « les réchauffistes s'en prennent à la démographie ». Le terme « réchauffistes» – « warmists » est une arme des pétroliers américains pour disqualifier les climatologues : « réchauffistes » veut dire que le réchauffement n'existe pas, que c'est une invention pour nuire à l'Amérique. Donc le libéral parisien nie le réchauffement : négation absurde d'un fait scientifique. Et il en remet une couche, en suggérant que quiconque « croit au réchauffement » est donc un malthusien et un ennemi de la liberté... Suggestion inepte puisque : a) Malthus était un théoricien libéral  ; b) les malthusiens du Medef, en 2010, sont  climato-sceptiques ; c) l'écologie plénière  est anti- malthusienne : elle ne lutte pas contre l'humanité mais contre le capitalisme productiviste.

Ted Turner et son pseudo-adversaire français sont dans la même pensée zéro : ni l'un ni l'autre n'admettent la nécessité de changer le système économique. C'est logique de la part de Turner, milliardaire des médias (qui sont le centre nerveux du capitalisme productiviste). C'est niais de la part du libéral bleu-blanc-rouge, qui ne semble pas milliardaire.

 

 

Commentaires

ATTITUDES

> Merci de disséquer ces attitudes. Discerner leur point commun, c'est intéressant.
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Écrit par : Bruno / | 08/12/2010

PAS DE GAUCHE

> Quand les gens de droite vont-ils se sortir de la tête que le malthusianisme est une idée de gauche ? Marx et les socialistes français du XIXe le combattaient violemment. Et les idées antinatalistes du Club de Rome, dans les années 1970, sponsorisées par les milieux financiers US, ne venaient vraiment pas de la gauche.
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Écrit par : barbail / | 08/12/2010

MARX CONTRE MALTHUS

" Toute sa conception économique amène Marx à critiquer Malthus de façon entièrement originale, et d’abord à faire justice de son principe naturel de population qui apparaît comme secondaire dans sa théorie générale — contrairement à l’opinion courante de ses apologistes ou détracteurs, dont c’est le pont aux ânes.

Cependant, Marx réserve un grand honneur à Malthus il voit en lui le porte-parole de l’économie politique de ceux qui forment la troisième des classes fondamentales de la société bourgeoise ; les rentiers de la propriété foncière avec leur suite de fonctionnaires de l’Église et de l’État, sans parler des couches moyennes, de plus en plus nombreuses, de la société moderne.

C’est donc une véritable théorie d’économie politique que Marx s’attachera à critiquer en Malthus sous un double point de vue — celui de l’économie politique de la classe ouvrière, en lui opposant la conception humaine d’une société communiste non mercantile et en relevant que le porte-drapeau des rentiers est le pire ennemi des travailleurs, puis celui de l’économie politique classique de la bourgeoisie industrielle et progressive, représentée par Ricardo. Il met en lumière que Malthus – à titre de représentant social des parasites oisifs — a une sainte horreur de tous les problèmes économiques de la production et centre toute sa doctrine économique sur la circulation et la consommation vers lesquelles se porte l’attention des rentiers qui sont surtout intéressés à voir grossir la part de leurs revenus dans la distribution et à jouir de produits les plus nombreux et les plus variés, en orientant si possible les investissements et le développement des branches de la production capitaliste vers la fabrication d’articles qui sont à leur image. Ce n’est donc pas par hasard que Marx étudie longuement les élucubrations de Malthus sur la loi de la valeur, le profit, le prix, les classes productives et improductives, les crises et la surproduction. Dès lors, le fameux principe naturel de la population de Malthus retrouve la place qu’il mérite : c’est un effet variable, la cause étant les conditions économiques de chaque mode de production spécifique.

La formule de bateleur qui a fait la renommée de Malthus — la population croît au rythme effréné de la progression géométrique et les aliments en progression arithmétique seulement — n’est, somme toute, que l’arbre qui cache la forêt d’idées du pasteur anglican. C’est en réalité le cri de panique qui ponctue toute une conception de l’évolution humaine et accompagne la fin catastrophique de la population surnuméraire qui rétablit prétendument l’équilibre entre les aliments et les bouches.

Le fait historique qui amena Malthus à sa conclusion hâtive la réfute en même temps : la fameuse peste noire qui, de 1347 à 1350, décima le quart de la population d’Europe occidentale, soit 25 millions de personnes, fut suivie en Angleterre d’une longue période d’essor et de prospérité, mais eut l’effet contraire sur tout le continent qui retomba plus profondément dans le féodalisme.

Il est clair désormais que les grands cataclysmes modernes ne sont pas dus à un excès de population, mais au rythme d’expansion et de contraction du système économique capitaliste, comme en témoigne l’exemple récent de la guerre impérialiste, qui régénère le capital) et lui prépare un long cycle de prospérité, après avoir fait plus de 55 millions de morts et dévasté des pays entiers, en anéantissant à la fois les cités, les usines et les humains, tous en surnombre à la suite de la crise de surproduction des forces productives de toute sorte qui afflige cycliquement le monde capitaliste, en remettant le plus ignoble des « remèdes » malthusiens à l’ordre du jour — comme aujourd’hui où le monde est de nouveau enfoncé dans la plus grave crise économique de surproduction et de surpopulation de l’histoire.

Comme le montre à l’évidence la longue et minutieuse analyse de Malthus à laquelle Marx s’est adonné, l’essentiel n’est pas sa formule du déséquilibre fatal entre la croissance des bouches et celle des aliments, mais les moyens proposés par le pasteur anglican pour conjurer le cataclysme avec les mesures les plus propres à éviter, dans cette vallée de larmes, la surpopulation et à tempérer la surproduction.

Malthus a su être si convaincant que le théoricien le plus marquant de l’époque moderne — Keynes —, l’inspirateur de l’école économique du bien-être qui a accompagné dans cet après-guerre la pax americana sur le monde, avec les bienfaits de la prospérité capitaliste, s’est écrié : «Si seulement Malthus, à la place de Ricardo, avait été le père dont a procédé l’économie du xixe siècle ! Le monde en eût été bien plus riche et plus avisé. » Il trouve, en effet, que Malthus « a des racines profondes dans la tradition anglaise de la science humaine […], tradition marquée par l’amour de la vérité et une très noble lucidité, par un prosaïque bon sens, libre de toute sensiblerie et de toute métaphysique, et par un immense désintéressement et un esprit civique ».

À en croire des théoriciens modernes du bien-être, Malthus aurait entrevu la solution qui permettrait d’accorder population et aliments, voire d’améliorer l’indice de ceux-ci par rapport à celle-là, en traçant deux modèles : le premier correspond à la phase où une société réussit à faire croître la production proportionnellement au nombre de ses membres, soit à obtenir l’équilibre entre moyens de subsistance et têtes d’habitants, le second est celui où elle parvient même à améliorer ce rapport, en dépassant dans les deux cas sa fameuse formule — considérée comme plus littéraire que scientifique.

Malthus est, de la sorte, convié à présider au moderne bien-être humain. Le fait n’est pas pour nous étonner. Les grandes théories de classe surgissent aux tournants historiques en même temps que naissent en opposition les unes aux autres les grandes classes et leurs revendications — ainsi, celle de Ricardo, le porte-parole de la bourgeoisie industrielle, et celle de Malthus, le représentant de la classe des propriétaires fonciers, la troisième classe fondamentale de la société capitaliste. La science sociale avance ainsi par grandes illuminations et ne se distille pas au fastidieux compte-gouttes du savoir académique, fait de compilations désordonnées et sans vie, qui — comme le dit Marx — usurpe le nom de recherche scientifique."
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Écrit par : camélinat / | 08/12/2010

LES SOCIALISTES CONTRE MALTHUS

" Les socialistes devaient tous, pendant longtemps, se prononcer contre Malthus instinctivement, spontanément, et, du même coup, contre la limitation des naissances. Pour Marx, la classe bourgeoise, la classe propriétaire écrase le prolétariat non seulement par un partage inégal, mais par un système qui utilise mal les possibilités techniques et les ressources des hommes. Il est désormais possible, dit-il, de faire vivre tout le monde, sans réserve. Au banquet de la vie, on peut ajouter autant de couverts que nécessaire."
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Écrit par : zimmerwald / | 08/12/2010

TURNER

> Ted Turner a écrit son autobiographie dans un livre intitulé "Call me Ted". Sur le site internet de présentation/promotion de son ouvrage on peut lire : "This book is dedicated to my children. Of all my accomplishments, they're still the ones of which I'm most pride". On le comprend. M. Ted Turner a en effet 5 enfants (fiche Wiki).
Sur ce même site du milliardaire américain on peut lire "I prefer to live in the present while spending my spare moments thinking about the future." Marrant non ?
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Écrit par : Thomas/ | 09/12/2010

ENTRE AMIS

> Tenez, une spéciale dédicace, du débat écologique au second degré ;) http://pneumatis.over-blog.com/article-petits-debats-ecologiques-entre-amis-62670752.html
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Écrit par : Joël Sprung/ | 09/12/2010

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