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01/12/2010

Coups de froid locaux, réchauffement global

Le paradoxe n'est qu'apparent. Explication scientifique :


Sylvestre Huet, dans Libération d'hier :

 

<<  Pourquoi il fait froid :

Alors que nous vivions un début novembre très doux (19°C en Alsace), de l’air froid «s’est accumulé en Scandinavie», explique Patrick Galois (Météo France). Cette masse d’air s’est écoulée vers le Sud, provoquant une situation très contrastée : 23°C à Sofia, et -18°C au pays de Galles. Un sacré écart.

Actuellement, la situation est exceptionnelle en France : «L’air froid est bloqué au sol, mais il y a du vent d’ouest humide, en altitude, le tout produisant du froid et de la neige.» Prévision : un pic de froid mercredi, accentué par le vent (les températures «ressenties iront jusqu’à -10°C au nord du pays»), puis des températures qui remontent vendredi.

Pourquoi nos hivers sont plus ou moins froids :

Depuis peu, les climatologues ont identifié quatre régimes de circulation atmosphérique expliquant 90% de la variation des températures hivernales. Ces régimes favorisent soit les vents d’ouest, qui apportent la douceur atlantique, soit les vents du nord et de l’est, qui apportent le froid sibérien et nordique. Christophe Cassou (CNRS) les détaille : «Il y a d’abord l’Oscillation Nord-Atlantique (NAO). Elle est positive lorsque l’anticyclone des Açores et la dépression sur l’Islande sont forts. Elle est négative lorsque ces phénomènes sont faibles. Troisième régime : le blocage scandinave, marqué par un gros anticyclone sur cette région ; enfin, le dernier : la dorsale atlantique, caractérisé par un anticyclone des Açores se déplaçant au milieu de l’océan

Une NAO négative et le blocage scandinave sont causes de froids. Mais, si le premier fait les hivers les plus froids en moyenne, le second provoque les vagues de froid temporaires les plus glaciales. «La NAO positive apporte, elle, des hivers doux. Et la dorsale atlantique du frais», précise Jean-Pierre Ceron (Météo France).

Pourquoi fait-il froid alors que la planète chauffe ?

L’Europe de l’Ouest, «c’est une toute petite région du monde», souligne Christophe Cassou. Ainsi, l’hiver 2009-2010 y a été particulièrement froid, alors que, à l’échelle du globe, il s’agit du trimestre (décembre, janvier et février) le plus chaud depuis plus d’un siècle.

Surtout, la variabilité de l’hiver est supérieure à celle de toutes les autres saisons dans notre région. Alors que depuis vingt ans les étés, les printemps et les automnes sont systématiquement au-dessus ou très proches de la moyenne climatologique (1971-2000), ce n’est pas le cas des hivers, dont certains sont nettement en dessous.

Pourquoi l’hiver dernier a été si froid :

La question déclenche une drôle de réaction chez le climatologue : «On se demande plutôt pourquoi il n’a pas fait beaucoup plus froid». Car l’hiver 2009-2010 a été marqué par un record absolu depuis 1958, avec 63 jours sur 90 de NAO négative. Une situation extrême, avec régulièrement «une dépression sur les Açores et un anticyclone sur l’Islande.» Cassou a conduit avec d’autres spécialistes une étude minutieuse (1) comparant pour chaque jour l’indice de la NAO et les températures de 230 stations météo en Europe depuis 1958. Bilan ? «Nous aurions dû avoir l’hiver dernier des températures en général beaucoup plus froides, comparables à celles de l’hiver record de froid du XXe siècle, celui de 1962-1963. La différence provient pour l’essentiel de températures nocturnes moins froides l’hiver dernier. C’est là une signature indubitable : seul l’effet de serre intensifié par nos émissions peut la produire, car il fonctionne jour et nuit, alors que l’influence du Soleil ne se fait sentir que le jour.» Cette influence de l’effet de serre intensifié par nos émissions de gaz carbonique a été quantifiée par les climatologues et se trouve en adéquation avec les températures. En termes d’impacts, c’est là un côté «positif» du changement climatique : la fréquence d’hivers très froids diminue en Europe de l’Ouest.

Est-ce la faute du Soleil ?

Un article scientifique récent (2) propose de chercher dans les coups de mou du Soleil la raison des hivers froids en Europe de l’Ouest. La corrélation entre les deux phénomènes existe sur plusieurs échelles de temps (les auteurs remontent au XVIIe siècle) mais reste limitée. Souvent, elle ne fonctionne pas quand le froid provient d’une NAO négative. En outre, alors que le Soleil est au plus bas depuis 2004, nous avons certes des hivers froids (2009-2010, 2008-2009 et 2005-2006) mais aussi des hivers nettement plus chauds que la moyenne (2007-2008 et 2006-2007)... >>


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(1) Julien Cattiaux et al., «Geophysical Research Letters» du 22 octobre 2010.

(2) M. Lockwood et al., «Environmental research Letters», avril-juin 2010.

 

04:45 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Tags : climat, écologie