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29/10/2010

"Non à l'exécution de Tarik Aziz"

536581284.jpg...dit le Saint-Siège :


 

Le Saint-Siège souhaite que la sentence de mort prononcée le 26 octobre à Bagdad contre contre l'ancien Premier ministre irakien Tarik Aziz "ne soit pas exécutée".

 

Cela pour deux raisons : 

 

1. l'Eglise catholique est opposée à la peine capitale. (Elle le manifeste souvent, notamment contre les exécutions aux USA. Catéchisme de l'Eglise catholique, point 2267 : « Aujourd'hui, étant donné les possibilités dont l'Etat dispose pour réprimer efficacement les crimes en rendant incapable de nuire celui qui l'a commis, sans lui enlever définitivement la possibilité de repentir, les cas d'absolue nécessité de supprimer les coupables sont désormais assez rares, sinon même pratiquement inexistants ».)

 

2. La priorité en Irak devrait être de "favoriser la réconciliation et la reconstruction de la paix et de la justice après les grandes souffrances traversées".

 

 

Ajoutons que la condamnation de Tarik Aziz est un acte de vengeance communautariste (chiite), à ajouter à l'incroyable masse de meurtres et d'exécutions individuelles ou collectives, "judiciaires" ou non, commis dans le chaos irakien depuis sept ans : un chaos dont les Etats-Unis portent l'écrasante responsabilité.

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00:56 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (6)

Commentaires

CHRETIEN

> Sauf erreur, T Aziz est chrétien.
C'est donc bien un symbole contre la présence des chrétiens en orient.
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Écrit par : ludovic / | 28/10/2010

L'IRAK DEPASSE LES ETATS-UNIS

> Pour info, l'Irak est le deuxième pays au monde pour le nombre d'exécutions capitales, après la Chine et juste avant l'Arabie Saoudite (les Etats-Unis sont en quatrième position).
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Écrit par : Feld / | 29/10/2010

INTERPRETATION

> C'est un erreur d'interprétation que de dire que l'Église catholique est opposée à la peine capitale. Certes, elle privilégie de ne pas exécuter les criminels lorsqu'il est possible de faire autrement mais nulle part elle ne l'interdit formellement. Elle n'y est donc opposée que lorsque l'exécution du criminel devient une forme de vengeance.
Citons à ce sujet le point 2267 du CEC dans son ensemble et qui permet de mieux saisir la position de l'Église :

2267 L’enseignement traditionnel de l’Eglise n’exclut pas, quand l’identité et la responsabilité du coupable sont pleinement vérifiées, le recours à la peine de mort, si celle-ci est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’êtres humains.
Mais si des moyens non sanglants suffisent à défendre et à protéger la sécurité des personnes contre l’agresseur, l’autorité s’en tiendra à ces moyens, parce que ceux-ci correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine.
Aujourd’hui, en effet, étant données les possibilités dont l’Etat dispose pour réprimer efficacement le crime en rendant incapable de nuire celui qui l’a commis, sans lui enlever définitivement la possibilité de se repentir, les cas d’absolue nécessité de supprimer le coupable " sont désormais assez rares, sinon même pratiquement inexistants " (Evangelium vitae, n. 56).
Cordialement
X.

( De PP à X. - La position de l'Eglise a évolué depuis Jean-Paul II vers une "jurisprudence" opposée en tout et partout à la peine de mort. Voir l'éditorial du P. Lombardi cité par Koz dans son commentaire : l'accuserez-vous, lui porte-parole du Saint Siège, de "commettre une erreur d'interprétation" ?
L'interprétation mortifère du passage en question est de plus en plus délaissée par le Magistère. Suivons l'évolution de notre Eglise, ne nous accrochons pas au frein. )

cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Xavier / | 29/10/2010

Le P. LOMBARDI

> Avez-vous vu, lu, entendu, l'édito du Père Lombardi au sujet de la peine de mort ? Un extrait :

"Je suis opposé au recours à la peine de mort.

Je ne la veux ni en Chine, ni en Iran, ni aux Etats-Unis, ni en Inde, ni en Indonésie, ni en Arabie Saoudite, ni en aucun endroit du monde.
(...)
Je ne la veux pas pour ceux qui seraient innocents, mais je ne la veux pas plus pour ceux qui ont confessé leurs actes.
(...)
Parce que je crois en une justice plus grande. Et qu’il est bon de cheminer sur cette route pour affirmer toujours plus, et pour le bien de tous, la dignité de la personne et de la vie humaine, dont nous ne pouvons pas disposer."

http://www.la-croix.com/editorial-du-P.-Lombardi-contre-la-peine-de-mort/documents/2444022/47602
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Écrit par : Koz / | 29/10/2010

DISCERNEMENT

> La doctrine de l'Eglise - qui n'exclut pas la peine capitale - ne s'oppose pas à sa jurisprudence, qui l'exclut pratiquement dans les circonstances d'aujourd'hui. L'Eglise, dans sa sagesse, donne une lumière de discernement à l'homme contemporain, sans faire de son appréciation des circonstances un absolu. Il me semble que c'est ainsi qu'elle donne une orientation forte tout en respectant la liberté de conscience.
Souhaitons que l'Eglise soit entendue et que T.Aziz ne soit pas exécuté.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 29/10/2010

@ Xavier,

> votre remarque est juste dans l'absolu, la plupart des docteurs de l'église - comme la plupart des philosophes dans l'histoire - ont justifié le recours à la peine de mort. MAIS, toujours au titre de la légitime défense (le texte que vous citez le précise bien), c'est-à-dire dans les cas où le seul moyen de protéger le bien commun est la mort du coupable. Cette idée a été défendue à une époque où le système carcéral n'existait pas et où le seul moyen de se protéger était l'élimination physique du coupable. C'est ainsi qu'Augustin disait qu'on devait éliminer le criminel comme une bête féroce (Rousseau emploie peu ou prou la même image). Aujourd'hui, on est très loin de cette situation et l'Eglise peut changer sa position sans renier le principe: le droit à la légitime défense reste affirmé par l'Eglise mais la peine de mort ne PEUT PLUS être considérée comme un moyen proportionné à la fin.
Une exception me semble cependant pouvoir être considérée (je songe au procès de Nuremberg): lorsque le charisme d'anciens dirigeants politiques laisse planer la menace de restauration d'un régime totalitaire et criminel. On est en fait là dans une application d'un cas limite, celui du tyrannicide. Je ne jetterai pas la pierre aux juges de Nuremberg, pas plus qu'à Stauffenberg. Dans le cas de Tarek Aziz, son charisme n'a jamais frappé beaucoup de monde et la légitimité de son exécution est extrêmement discutable, d'autant qu'il a, la plupart du temps, joué un rôle d'apaisement dans le régime; d'aucuns diront de caution du régime, mais c'est le genre de question que les historiens et non les juges ont à trancher.
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Écrit par : Hubert Houliez / | 29/10/2010

Les commentaires sont fermés.