15/09/2010
Alain Minc s'enferre
Son article du Monde aggrave son dérapage
de France Inter, et fait douter
de ses capacités de raisonnement :
M. Minc est omniprésent : « conseiller politique, économiste, essayiste, dirigeant d'entreprise »... Dans le monde des entreprises on l'a vu à l'oeuvre : par exemple en 2007 lors de son éviction de Vinci, qu'il doublait au profit de Pinault pour venger son ami Zacharias. Dans le monde des idées, M. Minc fut l'un des dirigeants de la Fondation Saint-Simon qui mena la gauche à l'ultralibéralisme, lequel allait mener le monde où il en est aujourd'hui. M. Minc publie un livre par an. Ayant pompé une partie de son Spinoza dans la biographie publiée chez Climats en 1997 par l'universitaire Patrick Rödel, il fut condamné en 2001 à 15 000 euros d'amende par le tribunal de grande instance de Paris. Ecarté du journal Le Monde par la société des rédacteurs, M. Minc est accusé par ceux-ci d'avoir entraîné ce quotidien dans une situation économique difficile. En 2010, il perdra une bataille de coulisses pour la reconquête de ce journal... (http://electronlibre.info/Le-Monde-Alain-Minc-veut-se-fai...
M. Minc est le conseiller d'un nombre considérable de grandes sociétés. Cette position lui vient de son talent pour la « communication ». Talent incontestable, jusqu'à ces derniers temps... En effet, la « communication » repose sur la crédibilité de ce qu'on veut dire ; cette crédibilité disparaît si l'on dit n'importe quoi, et si ça se voit. Donnant en permanence son avis sur tout et rien, M. Minc n'a pas toujours le temps de vérifier avant de s'exprimer.
Le 25 août 2010, à France Inter, interrogé sur une déclaration du pape Benoît XVI interprétée comme une critique de la politique du gouvernement français envers les Roms, M. Minc déclare ceci, qui n'a aucun sens :
« Si vous me permettez de faire un petit hold-up d'antenne [...] J'ai envie d'exploser un peu. Ce pape allemand ? Parler comme il a parlé ? En français ? [...] Son insensibilité qu'on a mesurée quand il a réinstallé un évêque révisionniste, son insensibilité à l'histoire, dont il est comme tous les Allemands un héritier [...] On peut discuter (de) ce que l'on veut sur l'affaire des Roms, mais pas un pape allemand. [...] Jean Paul II, peut-être, pas lui. [...] Quand je vois les exégètes de la presse de gauche [...] lever leur chapeau en approbation aux propos du pape le plus réactionnaire que l'on ait connu [...], ça me trouble un peu. Pas lui , pas ça, pas comme ça. Un autre, oui, mais pas lui. »
M. Minc n'avait visiblement pas lu la déclaration du pape. Sa légèreté insultante déchaîne alors un tollé, y compris de la part de milieux peu portés en général à soutenir Benoît XVI. Face au tollé, M. Minc s'est-il senti mal à l'aise ? Le 14 septembre, dans Le Monde (journal apparemment peu rancunier), il publie un billet pour sauver la face :
Ce billet ne fait qu'aggraver le porte-à-faux de son auteur [1]. La réaction de M. Minc le 25 août était « à chaud », improvisée ; son article du 14 septembre, écrit à froid, n'a plus d'excuses. En quoi le fait qu'un pape soit allemand lui interdit-il de défendre les Roms ? L'argument de M. Minc n'en est pas un [2], ne tient pas debout, n'aurait même pas dû être écrit – si son auteur raisonnait. C'est un hors-sujet radical. C'est la confusion des idées.
Ne cherchons pas la clé de cette énigme : que M. Minc ait envers le pape une détestation aveugle, ce serait surprenant. Que son zèle envers l'Elysée l'amène à tirer sans réfléchir, ce serait moins surprenant. En tout cas, le fait est là : voici un « leader d'opinion » qui raconte n'importe quoi.
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[1] Il redit que le pape a « nommé » un évêque révisionniste. Ceci est faux. M. Minc le saurait s'il s'informait avant de parler.
[2] M. Minc ne voit pas que son argument se renverse : c'est justement (et a fortiori) parce que le pape est allemand - « héritier d'une histoire qui le dépassait », comme Willy Brandt - qu'il peut et doit soutenir les Roms, naguère persécutés par l'Allemagne.
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11:22 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : alain minc, benoît xvi, roms
Commentaires
NORMAL
> En bon neo liberal Mr Minc ne peut supporter le catholicisme. Mais c'est normal, c'est complexe et lui est tellement simpliste.
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Écrit par : scaringella / | 15/09/2010
CHAÎNE
> J'aimerais savoir ce que pensent les bonnes familles catho si heureuses que leur fiston ou leur fillette soient stagiaires à Direct 8, la chaîne du pieux M. Bolloré dont le moins pieux M. Minc est gourou.
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Écrit par : bastacosi / | 15/09/2010
LES COMMENTAIRES
> Pas de chance pour Minc, les commentaires qui suivent son billet au Monde ne lui font pas de cadeau. Inutile d'en rajouter !
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Écrit par : Roque / | 15/09/2010
@ P.P.
> Vous semblez surpris qu'un "leader d'opinion" raconte n'importe quoi. N'est-ce pas précisément parce qu'ils racontent n'importe quoi que les communicants deviennent des "leaders d'opinion" ou des experts comme Cohen sur l'économie, Barbier sur tout et son contraire, sans oublier les inénarrables Terras sur le "catholicisme" et Lenoir sur le christianisme. Formules à l'emporte-pièce, demi-vérités, demi-mensonges, approximations... le tout asséné avec force et conviction. Cela séduit des journalistes sur-payés, sous-formés, à la culture générale inexistante (pour ne même pas parler de ce qui devrait semble-t-il être leur "spécialité").
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Écrit par : Pierre-Aelred / | 15/09/2010
ELISE LUCET
> Mme Elise Lucet entre dans la compétition de la meilleure désinformatrice payée avec les deniers publics. Elle se lance aujourd'hui dans la Voicisation du journal de 13H. Le dernier exemple en date concerne - cela va de soi - l'Eglise et le voyage du Saint Père en Angleterre. Elle nous annonce un reportage dans lequel on parlera entre autre du fait que "les messes seront payantes". Le reportage arrive et... rien sur ce sujet. Je passe bien sûr sur le fait qu'il ne s'agit en aucun cas de faire payer les messes, mais Mme Lucet a renoncé depuis longtemps au moindre éclair d'honnêteté intellectuelle et au moindre soupçon de convenance. Non, allons-y d'un raccourci grossier et mensonger, mentons sur le contenu réel du sujet... enfin bref transformons ce qui fut autrefois un journal d'information en un tissu de ragots débités au kilomètre. Le pire c'est que ça marche.
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Écrit par : Pierre-Aelred / | 15/09/2010
STUPIDE
> Ce raisonnement est totalement stupide, en particulier pour Angela Merkel: si un pape français avait été élu, et qu'un évêque révisionniste avait été nommé (sic)... Nicolas Sarkozy aurait décroché son téléphone, et pas Angela Merkel.
Du reste, il suffit de regarder les réactions à l'article: TOUS les commentaires sont hostiles à M Minc...
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Écrit par : panouf / | 15/09/2010
VRAIMENT
> Au delà d'une ligne de défense tirée par les cheveux, ce que je trouve le plus choquant dans cette mise au point publiée par Le Monde est qu'il ose encore parler de "nomination d'un évêque révisionniste" !, comment peut on confondre une simple levée d'excommunication à une "nomination". Il dit vraiment n'importe quoi ce Monsieur Minc.
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Écrit par : michaël / | 15/09/2010
UN CHRETIEN NE PEUT ETRE SOLIDAIRE DE CETTE POLITIQUE
> Ainsi selon des proches du gouvernement la liberté d'expression dépendrait de nos origines nationales ou ethniques...
Tout cela alourdit l'ambiance en cette fin d'été après les tergiversations quant aux déchéances de nationalité de "Français d'origine étrangère"... Et la politique vis à vis des roms dont seuls nos dirigeants ne réalisent pas à quel point elle est scandaleuse.
Le consensus des partis de gouvernement contre la xénophobie est tout simplement en train de voler en éclat et on n'hésite plus à désigner des boucs émissaires en fonction de leur origine ethnique.
Cette situation est véritablement inquiétante et tristement révélatrice de l'état d'esprit de certains dirigeants politiques. Il ne fait aucun doute que des gens comme MM. Minc et Sarkozy n'adhèrent pas à une idéologie raciste, mais pour eux, apparemment, le combat politique autorise toutes les armes. Y compris éveiller les sentiments les plus bas et les plus vils. Cela est vraiment inquiétant. Et je ne vois pas comment un chrétien pourrait se sentir solidaire d'une telle politique.
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Écrit par : Hubert Houliez / | 15/09/2010
à Pierre-Aelred
> Il faut s'y faire: l'inculture religieuse des journalistes, communicateurs, gourous,conseillers et leaders de tout poil se développe exponentiellement, encore plus vite que le vide de leur culture générale; c'est bien triste. Il est inévitable qu'un touche-à-tout comme M. Alain Minc en soit victime à un degré particulier.
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Écrit par : Pierre Huet / | 15/09/2010
LA JEUNESSE DU PAPE
> bonjour,
non que j'ai de la sympathie pour la réaction de minc qui est un âne bâté, mais en revanche, écrire dans votre note "il est un héritier (le pape) de l'histoire allemande comme willi brandt" est un peu léger. Ratzinger est un pape très conservateur, qui a quand même commencé son entrée en fonction par des déclarations pas toujours heureuses sans parler du fait qu'avoir été dans la hj, certes comme la plupart des jeunes de son âge, mais pas tous, et avoir résisté, comme willy brandt (nom de clandestinité conservé après la guerre de Herbert Frahm), ce n'est quand même pas exactement pareil.
Willy Brandt n'est pas "héritier" de cette histoire, il en a été acteur, et il en a courageusement endossé le poids moral en tant que chancelier, représentant de la RFA, ancien exilé, ancien résistant, en s'agenouillant publiquement à Varsovie.
Ratzinger a subi les retombées individuelles du destin d'un peuple endoctriné et fanatisé. Ce n'est pas pareil.
L.
[ De PP à L. :
- Votre observation est à adresser à Minc, car l'expression "héritier de l'histoire" est de lui.
- Quant à la jeunesse de Joseph Ratzinger ; à l'attitude qui fut la sienne et celle de toute sa famille ; et à son comportement d'adolescent dans la guerre (p. ex. la scène face aux recruteurs SS)... je me permets de vous suggérer de vous informer. Il existe des biographies. ]
cette réponse s'adresse au commentaire]
Écrit par : latetato / | 19/09/2010
POUR LE RESTE
> au temps pour moi.
je croyais que c'était de vous.
Sinon pour le reste, je m'informerai peut-être à l'occasion, mais sinon,je ne vois pas trop ce que ça change.
Je n'accuse personne de rien. Je pointe ce qui me semble être une nette dyssymétrie entre W. Brandt et J. Ratzinger/B. XVI. Donc mettre les deux vécus sur le même plan me paraît un peu vite fait. Mais si c'est Minc qui raconte ce genre d'ânerie, je comprends mieux aussi...
C'est tout.
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latetatoto (j'ai oublié un to)
Écrit par : Latetatoto / | 19/09/2010
Complément:
> juste pour préciser que mon but n'est pas le dénigrement, je trouve très appropriée la prise de position sur les roms, comme vous dites, justement en tant qu'allemand, que Minc est un grand lâche de faire son mariole dans les médias avec ces références minables quand des gens sont traités ainsi, et que heureusement que certains ont encore une conscience qui va au delà de considération de politique crapoteuse ou de l'assiette de soupe versée par le pouvoir.
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Écrit par : Latetatoto / | 19/09/2010
@ Bastacosi
Ils n'en tirent aucune fierté, ils lisent ce blog, ils "réinforment" leurs collègues, ils ne baissent pas les bras, vous avez le droit de prier pour eux et plus encore pour les journalistes (apprentis ou non) qui bossent pour des patrons anticléricaux assumés, ce qui n'est pas le cas de M. Bolloré !
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Écrit par : Alfred / | 20/09/2010
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