11/09/2010
"Un enterrement chrétien n'est pas une célébration du défunt"
Mais il faut voir d'où vient cette dérive :
L'Eglise catholique australienne demande aux paroisses de ne plus laisser les pompes funèbres diffuser de la musique profane, ou projeter des photos et des vidéos du défunt, pendant les obsèques religieuses. Cette pratique, répandue également en Europe depuis quelques années, vient de la « déspiritualisation » contemporaine. Elle est inspirée par la société consumériste : autrement dit par le système économique. Obligé de s'emparer de l'esprit des masses (marketing des comportements), ce système asphyxie la vie intérieure des individus et la remplace par des codes-réflexes grégaires. D'où, par exemple, ces obsèques vidées de leur sens religieux. On observe le même phénomène sur les tombes depuis une dizaine d'années, notamment dans l'ouest de la France : de moins en moins de signes chrétiens, remplacés au mieux par par des photos gravées (paysages, animaux) et au pire par des modèles réduits d'objets de consommation (guitares, petites autos ou motos, etc). On saisit là le mensonge de la société consumériste : ces objets, censés caractériser la personnalité du défunt, la dissolvent en fait dans son rôle de consommateur. Ainsi la société sombre dans l'indifférenciation.
Cette indifférenciation est la marque du capitalisme tardif, agglutinant toutes les cultures du monde en une seule masse de consommateurs. Le phénomène critiqué par l'archevêque de Melbourne doit être situé dans ce contexte si l'on veut en comprendre la nature, donc l'ampleur.
-
11:34 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : catholicisme, christianisme, capitalisme, consommation, australie, melbourne, pop
Commentaires
ENTERREMENTS
> " Un enterrement n'est pas la "célébration" de l'existence de quelqu'un mais bel et bien un adieu sacré, qui doit se plier aux règles liturgiques". J'irai même plus loin : bien sur, la messe est offerte
pour le défunt mais ce qu'on célèbre avant tout c'est le Christ ressuscité ! Par lui, avec lui et en lui nous sommes déjà avec tous les saints dans la vie éternelle, la vie qui ne passe pas.
Mais là, c'est une simple laïque qui parle avec ses connaissances certainement très insuffisantes. Peut-être que quelqu'un peut apporter plus amples explications...
______
Écrit par : isabelle / | 11/09/2010
PAS EN FRANCE
> Cette histoire délirante de musique profane lors d'un enterrement, ce n'est heureusement pas le cas en France. Comment expliquer un pareille différence d'un pays à l'autre? L'Australie serait-elle davantage gagnée par l'habitus consumériste?
______
Écrit par : Blaise / | 11/09/2010
BEREGOVOY
> A Blaise - Je ne suis pas si affirmatif. On voit le cas en France. Aux obsèques de Pierre Bérégovoy, le curé a laissé jouer ... "La chanson de Lara".
______
Écrit par : Vinciguerra / | 11/09/2010
WE WILL SURVIVE
> Après la Coupe du Monde française, certains ont demandé qu'on passe "We will survive" à un enterrement.
______
Écrit par : zbing / | 11/09/2010
à ISABELLE
> '' "Il est ressuscité des morts". D'après ce qui précède, cela ne voudrait pas dire : en quittant les morts, mais : en allant les chercher, en les prenant avec lui, comme cela est merveilleusement décrit dans les prédications des Pères (cf. l'homélie du Vendredi Saint au Bréviaire). Mais si Paul s'exclame ensuite victorieusement : 'Où est-il, ô mort, ton aiguillon ? La mort a été engloutie dans la victoire' (1 Co 15, 54 s), cela veut dire encore quelque chose de plus : la réalité du mourir comme abandon de soi de l'homme a perdu son aiguillon (à savoir : qu'au bout du compte 'tout était vain'), et se trouve incluse à l'intérieur du déploiement de la vie éternelle.
Si le Père se donne sans réserve au Fils, et si, à leur tour, Père et Fils se donnent à l'Esprit Saint, n'y a-t-il pas là, au coeur de la vie éternelle, l'image originaire du plus beau mourir ? Ce définitif ne-pas-vouloir-être-pour-soi n'est-il pas précisément le présupposé de la vie la plus heureuse ? Notre misérable mourir est assumé dans ce "mourir vers" le plus vivant qui soit, de sorte que tout ce qui est de l'homme, sa naissance, sa vie et sa mort, se trouve désormais enveloppé, abrité, dans une vie qui ne connaît plus aucune limite. ''
Hans Urs von Balthasar, "Credo", Nouvelle Cité 2002.
______
Écrit par : PP / | 11/09/2010
DE VISU
> Cette histoire se passe aussi en France, j'y ai assisté : l'enterrement d'un jeune de 20 ans mort à petit feu d'un cancer de l'épaule avec DVD, musique rock, photos de vacances, de sa petite amie, discours des amis...etc,etc...
cela se passe en Nord Isère et je pense dans bien d'autres diocèses, ne soyez pas si naïfs... et les enterrements restent une des plus belles occasions d'évangéliser ! encore faut il avoir des prêtres...
______
Écrit par : Carmel / | 12/09/2010
ENCORE FAUT-IL
> Oui, encore faut-il des prêtres mais encore faut-il qu'ils veuillent évangéliser. Dans notre paroisse, le prêtre ne veut plus faire les enterrements et les confie à des laïcs, de bonne volonté, mais peu formés. De plus, c'est à CE moment que les familles recherchent du sacré et du spirituel. S'il le prêtre n'y est pas, comment va-t-on leur répondre?
p.s: idem pour les mariages.
______
Écrit par : vf / | 13/09/2010
Cher vf,
> ...quand ce n'est pas l'évêque lui-même qui interdit les célébrations d'obsèques par un prêtre, et ce même quand on a un prêtre "sous la main" (pour éviter une "rupture d'égalité " entre défunts j'imagine ?) J'ai des exemples (qui datent d'il y a quelques années).
Ceci dit, les laïcs en charge des obsèques sont souvent extrêmement dévoués et compétents, s'agissant d'un service qui exige tact, disponibilité et réactivité (pour des raisons...techniques évidentes). Réservé aux retraités (c'est le cas dans ma paroisse).
Les obsèques sont vraiment une occasion d'évangélisation très très privilégiée (bien plus que les préparations au baptême des enfants et au mariage). Il faut assurer, quand la question des fins dernières tombe littéralement sur la g...des gens.
______
Écrit par : Feld / | 15/09/2010
Les commentaires sont fermés.