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06/07/2010

200 000 visas demandés pour les juifs allemands en 1938 par le futur Pie XII

...révèle la fondation new-yorkaise 'Pave the Way' :


 

Dans un communiqué de la semaine dernière, Pave the Way annonce qu'un de ses chercheurs, l'historien allemand Michael Hesemann, a découvert une circulaire du 30 novembre 1938 (trois semaines après la Nuit de cristal), envoyée par le cardinal Pacelli aux nonciatures et délégations apostoliques, ainsi qu'à 61 évêques, afin de procurer 200.000 visas à « des catholiques non-aryens ». (Formule codée : en effet, le concordat de 1933 avec le IIIe Reich n'autorisait pas le Saint-Siège aider les juifs en tant que tels ; le faire ouvertement aurait déclenché la destruction de ses efforts). Dans cette circulaire, le futur Pie XII demande « que l'on veille à ce que des sanctuaires soient mis à disposition pour sauvegarder leur vie spirituelle et protéger leur culte, leurs coutumes et leurs traditions religieuses ».

Dans une lettre appuyant cette circulaire et datée de janvier 1939 (ajoute pour Zenit  l'universitaire italien Matteo Napolitano), le même Pacelli précise : « N'entreprenez pas de sauver seulement les juifs mais aussi les synagogues, les centres culturels et tout ce qui appartient à leur foi : les rouleaux de la Torah, les bibliothèques, etc. »

« Ce document est important parce qu'il montre ce que beaucoup d'entre nous affirment depuis toujours, à savoir que les efforts qui semblaient être destinés à la protection des juifs convertis uniquement, étaient en réalité destinés à protéger les juifs, indépendamment de leur conversion », souligne Ronald Rychlak, auteur de Hitler, la guerre et le pape.

Gary Krupp et Elliot Hershberg, animateurs de la fondation Pave the way, attestent que « tout ce que les recherches de la fondation ont trouvé jusqu'ici semble indiquer que la perception négative généralisée que l'on a de Pie XII est infondée ». Elliot Hershberg ajoute : « Beaucoup de juifs qui ont réussi à quitter l'Europe ne savent peut-être pas que leurs visas et leurs documents de voyage ont été obtenus grâce à ces efforts du Vatican. »

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20:00 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme

Commentaires

LE CONSUL DE SOUSA MENDES

> L'action de Pacelli explique moralement et spirituellement celle du consul portugais de Bordeaux, Aristides de Sousa Mendes, en juin 1940 :

"Aristides de Sousa Mendes do Amaral e Abranches est né dans une famille de l'aristocratie terrienne, catholique, conservatrice et monarchiste. Son père était membre de la Cour suprême. En 1907, Aristides et son frère jumeau César obtiennent un diplôme de droit à l'université de Coimbra. Tous deux entament ensuite une carrière diplomatique. César deviendra dans les années 1930, ministre de la Justice dans le gouvernement Salazar. Aristides occupe ainsi plusieurs délégations consulaires portugaises dans le monde : Zanzibar, Brésil, États-Unis. Après presque dix ans de service en Belgique, Salazar, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, le nomme consul à Bordeaux.

Aristides de Sousa Mendes est toujours consul à Bordeaux au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et pendant la bataille de France avec l'avancée rapide des troupes d'Adolf Hitler. Salazar parvient à maintenir la neutralité du Portugal, mais ses opinions personnelles sont plutôt favorables à Hitler. Par la circulaire 14, il ordonne aux consuls de refuser l'octroi de visas à ces catégories : « les étrangers de nationalité indéfinie, contestée ou en litige ; les apatrides ; les juifs expulsés de leur pays d'origine ou du pays dont ils sont ressortissants ».

Cependant, à Bordeaux où le gouvernement français s'est réfugié, affluent des dizaines de milliers de réfugiés qui veulent fuir l'avancée nazie et parvenir au Portugal ou aux États-Unis. Pour cela, il leur faut un visa du consulat portugais, que Sousa Mendes est donc chargé de dispenser avec parcimonie. Or, le consulat est envahi de réfugiés désirant atteindre Lisbonne.

Fin 1939, Sousa Mendes désobéit et donne quelques visas. Parmi ceux qu'il décide d'aider se trouve le rabbin anversois Jacob Kruger qui lui fait comprendre que ce sont tous les réfugiés juifs qu'il faut sauver. Le 16 juin 1940, il décide de délivrer des visas à tous les réfugiés qui en font la demande : « Désormais, je donnerai des visas à tout le monde, il n'y a plus de nationalité, de race, de religion ». Aidé de ses enfants et neveux, ainsi que du rabbin Kruger, il tamponne les passeports à tour de bras, signe des visas sur formulaires, puis sur des feuilles blanches et tout morceau de papier disponible. Aux premiers avertissements de Lisbonne, il aurait déclaré: « S'il me faut désobéir, je préfère que ce soit à un ordre des hommes qu'à un ordre de Dieu ».

Alors que Salazar a déjà demandé des mesures contre lui, le consul poursuit, du 20 au 23 juin, son activité à Bayonne dans le bureau du vice-consul médusé, alors même qu'il est entouré par deux fonctionnaires de Salazar. Le 22, la France a demandé un armistice. Sur la route d'Hendaye, il continue à écrire et signer des visas pour les réfugiés d'infortune qu'il croise à l'approche de la frontière. Or, le 23, Salazar l'a démis de ses fonctions. En dépit des fonctionnaires envoyés pour le ramener, il prend avec sa voiture la tête d'une colonne de réfugiés qu'il guide jusqu'à un petit poste de douane où, côté espagnol, il n'y a pas de téléphone. Le douanier n'a pas encore été informé de la décision de Madrid de fermer la frontière avec la France. Sousa Mendes impressionne le douanier qui laisse passer tous les réfugiés qui pourront ainsi, munis de leur visa, gagner le Portugal.

Le 8 juillet 1940, il est de retour au Portugal. Salazar s'acharne : il prive Sousa Mendes, père d'une famille nombreuse, de son emploi diplomatique pour un an, diminue de moitié son traitement avant de le mettre en retraite. De surcroît, Sousa Mendes perd le droit d'exercer la profession d'avocat. Son permis de conduire, émis à l'étranger, est refusé. Le consul déchu et sa famille survivent grâce à la solidarité de la communauté juive de Lisbonne : celle-ci permet à certains des enfants de Sousa Mendes de faire leurs études aux États-Unis. Deux de ses fils participent au débarquement en Normandie. Il doit fréquenter, avec les siens, la cantine de l'assistance juive internationale et, bien qu'il impressionne par sa mise soignée et sa prestance, il doit confirmer un jour : « Nous aussi, nous sommes des réfugiés ». En 1945, tout en se félicitant hypocritement de l'aide que le Portugal a apportée aux réfugiés pendant la guerre, Salazar refuse néanmoins de réintégrer Sousa Mendes dans le corps diplomatique. La misère se fait alors plus pressante : vente des biens, mort de son épouse en 1948, émigration de tous ses enfants sauf un.

Aristides de Sousa Mendes meurt dans la misère, le 3 avril 1954, à l'hôpital des pères franciscains de Lisbonne. N'ayant plus de vêtements propres, il est enterré dans une robe de bure.

Près de 30 000 visas ont été émis par le consul Sousa Mendes, dont 10 000 accordés à des réfugiés de confession juive. "
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Écrit par : Renaud / | 06/07/2010

LA VERITE

> Catholique, mais juif d'origine par la grâce du mariage de ma mère en 1939 avec un "goy" (mon grand père germanophone avait perçu dès 1935-1936 le danger du petit moustachu), je me réjouis de cette information. De l'objectivité, aucune complaisance d'aucune sorte, mais la vérité. Grâce à Dieu.
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Écrit par : Roque / | 07/07/2010

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