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25/06/2010

Sous la pression de l'argent, où va l'université ?

Couv-1025[1].jpgNouveau livre de la philosophe américaine Martha Nussbaum : 'Not for profit – Why Democracy Needs the Humanities' ('A but non lucratif – Pourquoi la démocratie a besoin des humanités'). D'où un dossier du 'Courrier international' du 24 juin, à lire d'urgence - en attendant la parution du livre en français :


 

Sous la pression du matérialisme mercantile, les enseignements relevant des humanités reculent partout dans le monde au nom de la rentabilité : cette « crise planétaire de l'éducation » est le sujet du livre de Nussbaum, dont le premier chapitre est traduit (condensé) par le Courrier international. Citations :

  

« Si cette tendance persiste, des pays du monde entier produiront bientôt des générations de machines utiles, dociles et techniquement qualifiées, plutôt que des citoyens accomplis, capables de réfléchir par eux-mêmes [...] et de comprendre le sens des souffrances et des réalisations d'autrui... »

 

« ...Alors la démocratie est vouée à l'échec, car elle repose précisément sur le respect et l'attention portées à autrui, sentiments qui supposent d'envisager les autres comme des êtres humains et non comme de simples objets. »

 

«  Les humanités et les arts ne cessent de perdre du terrain, tant dans l'enseignement primaire et secondaire qu'à l'université, dans presque tous les pays du monde. Considérées par les politiques comme des accessoires inutiles, à un moment où les pays doivent se défaire du superflu afin de rester compétitifs sur le marché mondial, ces disciplines disparaissent à vitesse grand V des programmes, mais aussi de l'esprit et du coeur des parents et des enfants. Ce que nous pourrions appeler les aspects humanistes de la science et des sciences sociales est également en recul, les pays préférant rechercher le profit à court terme... »

 

« L'idéal socratique est mis à rude épreuve parce que nous voulons à tout prix maximiser la croissance économique. La capacité à penser et à argumenter par soi-même ne semble pas indispensable pour qui vise des résultats quantifiables. Qui plus est, il est très difficile de déterminer la capacité socratique par des tests standardisés. Dans la mesure où les tests standardisés deviennent l'aune au moyen de laquelle on évalue les écoles, les aspects socratiques des programmes et de la pédagogie ont toutes les chances d'être abandonnés. La culture de la croissance économique est friande de tests standardisés et éprouve de l'agacement à l'égard des enseignements qui ne ne prêtent pas aisément à ce genre d'estimations... »

  

 

09:43 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (6)

Commentaires

PARENTS ET MOUVEMENTS

> Si l'université sombre ainsi, il faudra trouver ailleurs des lieux d'éducation où nos enfants pourront devenir "des citoyens accomplis, capables de réfléchir par eux-mêmes".
Je ne peux m'empêcher de penser au scoutisme, ou à d'autres mouvements comme le MEJ.
Face à la désertion de l'Etat, le rôle des parents devient de plus en plus crucial.

Écrit par : Louis Coupiac / | 25/06/2010

ARGENT TYRAN

> Finalement la démocratie conçue dans l'esprit des grands penseurs de l'antiquité,a été au cours des siècles détournée de son objectif par d'autres penseurs qui ont su en faire un instrument politique nébuleux, une sorte de poubelles aux idées fumeuses,orientée vers le service de leurs propres intérêts. Aujourd'hui il est important de louer la démocratie, mais beaucoup moins intéressant de la mettre en pratique. Ce qui compte c'est le MOT. Il est magique, mais vide de sens, comme beaucoup d'autres. Depuis assez longtemps je ne m'étonnes plus du recul des humanités; nos gouvernants croient que plus les peuples seront coupés de leurs bases culturelles, moins ils pourront exercer leur esprit critique et plus ils seront faciles à gouverner. Quant aux arts, ils n'ont de valeur que monétaire.
Je ne pense pas que cela soit un bon calcul ; en effet, à partir du moment où l'Homme ne discerne plus son destin, quand il oublie d'où il vient et qu'il ignore où il va, alors il se désespère il se révolte et, comme il a été rendu aveugle,sa révolte peut se transformer en haine, elle aussi aveugle ârcequ'il ne comprend plus ce qui l'oppresse.
L'argent roi se fait tyran,il a des sujets dociles et zélés dans tous les domaines qui le servent. Savent-ils ce qu'ils font ? Je crois que OUI !
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Écrit par : Gilles / | 25/06/2010

SUICIDAIRES

> Les professeurs de philosophie ne vont pas bien non plus, et j'avais la drôle d'impression d'être dans un asile lors de la dernière réunion d'harmonisation des notes pour le baccalauréat. Ils ont une attitude suicidaire (très à la mode par les temps qui courent: aimer la vie, voilà la vraie provocation à balancer à la face de notre société!), on n'aura même pas besoin de les pousser hors du jeu, ils s'en seront retirés tout seuls, comme tant d'autres empêcheurs de tourner en rond...Entre ceux qui, conscients de la barbarie de notre époque, se font les défenseurs du temple, éloignant toujours davantage la philosophie comme l'art de nos concitoyens,et ceux qui ont sombré dans une folie réelle qui les protège de celle du monde, où est l'espoir? Dans notre jeunesse! Les suicides et tentatives sont tragiquement des reflexes sensés dans ce monde de fous! il y a ceux qui se résignent( l'écrasante majorité),il y a ceux qui se révoltent par le suicide et ses dérivés( oui il y en a beaucoup), mais je n'en connais pas qui montre de l'enthousiasme pour notre monde. Quelques cyniques naïfs fils(filles) à papa, déjà tout occupés à leurs carrières, que les autres regardent avec pitié,quand ils les regardent. Et, au milieu, des jeunes de lumière, témoins sans le savoir d'autres valeurs, par leurs passions, que ce soit la voile,la danse, le free-rider,la mécanique, la guitare ou le cinéma,.. et par leurs passions ils renouent inconsciemment avec la grande tradition des Humanités, j'en vois la trace dans leurs propos et dissertations, même les plus maladroites. La vie est plus forte que tous les rouleaux compresseurs, elle finira par triompher de notre système mortifère, parce qu'elle est le premier don que Dieu nous fait. C'est pourquoi il me semble que face à ce déclin, une fois encore, c'est l'amour de la vie qu'il faut mettre en avant. Il y a eu d'ailleurs une manière de transmettre les Humanités qui était injustement déshumanisante,dévitalisante, nous faisant simple chaînon prisonnier dans l'enchaînement mécanique des générations, étouffant toute initiative originale pourtant inhérente au mouvement imprévisible de la vie. Que cette transmission-là, aliénation, ait été rompue, réjouissons-nous en. La culture n'est plus dans les Universités? On ne met plus d'argent pour cela? Regardez les agendas et murs facebook de nos jeunes, ils sont plein de citations, tant il est vrai qu'ils ont soif de maximes pour guider leur vie! C'est du Ben? Il ne tient qu'à nous de mettre sur nos murs virtuels Socrate, Pascal, Ronsard ou Bernanos, comme le font les amis d'Ozanam(excellente initiative).Partout où l'on voit émerger le plus frêle pousse de vie au milieu de ce fatras post-civlisationnel ravagé par la pollution matérialiste, notre tâche est de biner avec amour.La culture, celle qui est servante émerveillée de la vie, est déjà en train de renaître au coeur de nos cataclysmes civilisationnels.
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Écrit par : Anne Josnin / | 25/06/2010

EVALUATION

> La nouvelle mode est à l'évaluation des universités par l'AERES (l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur), évaluation prévue par la loi. Cette évaluation se fait selon des critères qui favorisent la recherche en sciences dures, et plus particulièrement la recherche appliquée. Il s'en suit logiquement que les rapports d'évaluation des universités enseignant les sciences humaines sont beaucoup moins favorables, comme si c'était une faute que d'enseigner ces disciplines. Et pourtant, le savoir pour le savoir, la gratuité de la connaissance et l'amour de découvrir sont des valeurs bien plus estimables que la course à l'argent et au profit à court terme. Encourageons les jeunes qui choisissent d'étudier la philosophie, les lettres classiques, l'histoire, l'histoire de l'art, et toutes ces disciplines qualifiées de non-rentables: il y a des débouchés au bout, et pas uniquement l'enseignement (s'ils n'ont pas cette vocation), il suffit de se renseigner et ils feront de bien meilleurs fonctionnaires ou salariés, puisqu'ils auront acquis culture générale et esprit critique.
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Écrit par : Et cetera / | 26/06/2010

LA LUTTE

> La lutte, oh combien justifiée et nécessaire contre l'argent roi ne doit pas faire oublier les impératifs de la vie sociale qui nécessite de voir émerger de nouveaux entrepreneurs. Il faut donc en même temps se poser la question de savoir pourquoi un "Citroën", un "Dassault", que sais-je, s'en irait actuellement à l'étranger pour mettre en oeuvre ses idées géniales.
La réforme des universités visait à corriger cette dérive, peut-être va-t-elle dans le mauvais sens ? Il faudrait des forces de proposition efficaces.
Mais la France est peut-être tout simplement un pays vieux, sans espérance et sans âme...
Quand la priorité d'un président est de recevoir un footballeur incompétent, alors que des syndicalistes et des organisations humanitaires toquent désespérément à sa porte, quel soucis peut-il avoir de votre latin et de vos humanités ?
Ne confondons pas humanités et humanisme.
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Écrit par : franek / | 26/06/2010

80 %

> Toutes ces dérives ne sont-elles pas sinon causées du moins aggravées par la transformation de l'université en établissement de masse, conséquence du fameux objectif de 80% d'une classe d'âge au niveau bac, impliquant en un deuxième temps , l'obsession de "caser" les diplômés du reste minoritaire par rapport aux entrants. On entre à flot à l'université, après, c'est beaucoup moins clair. Ne faudrait-il pas mieux définir les missions des Ecoles et des Universités?
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Écrit par : Pierre Huet / | 26/06/2010

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