09/06/2010
9500 euros pour une mission qui la dépasse : Mme Boutin ne rend pas service à l'image du catholicisme
Il faut assainir l'idée (ambiguë) du "devoir catholique de faire de la politique" :
On avait eu l'affaire déplaisante du super-duplex des Gaymard. Voici (en pleine angoisse de crise économique) l'affaire des 9500 euros nets avec voiture et chauffeur, alloués par Nicolas Sarkozy à Christine Boutin pour une mission assez étrangère à ses qualifications. Le moins qu'on puisse dire est que ça tombe mal, au moment où les Français s'apprêtent à subir une redoutable austérité imposée par la classe politique... Et ça tombe non moins mal pour l'image de l'Eglise catholique, après par six mois de campagne médiatique contre sa moralité. Mme Boutin est-elle l'Eglise catholique ? Elle l'est comme n'importe quel membre laïc de cette Eglise, ni plus ni moins : mais plus visiblement que d'autres (on peut le regretter) depuis sa scène dans l'hémicycle avec larmes et Bible brandie, lors du débat sur le Pacs ; scène que l'Eglise ne lui avait pas demandée et qui fait encore rigoler, hélas, dix ans après.
Pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il confié à Mme Boutin une mission d'enquête sur les conséquences sociales de la mondialisation ? « Ce n'est pas une mission bidon », dit Mme Boutin. On la croit. Et c'est bien le problème. Car la dame n'a pas compétence sur un tel sujet... Qu'elle se soit honorablement occupée du pénitentiaire, ou colletée avec les questions de logement, est une chose ; qu'elle soit en mesure de raccorder les problèmes sociaux à la mondialisation, en serait une autre. D'autant que Mme Boutin, libérale en économie, est mal placée pour analyser des effets sociaux dus (entre autres) à la dictature de l'actionnariat...
On se doute que ce job lui a été trouvé en échange de sa disparition du gouvernement. Pourquoi fallait-il (du point de vue élyséen) trouver quelque chose à cette dame ? Parce qu'elle est censée représenter les électeurs catholiques, et que 2012 approche. Mme Boutin fait savoir qu'elle sera peut-être candidate en 2012 ? Justement : Philippe de Villiers aussi était candidat aux élections présidentielles, et disait dans ses campagnes le plus grand mal du président sortant ; après quoi il appelait, au second tour, à voter pour celui-ci. Et Villiers aussi était censé représenter les électeurs catholiques... Aujourd'hui Villiers n'est plus sur le terrain, donc l'Elysée mise sur Boutin pour rééditer une fois de plus l'opération.
Cette opération était-elle appréciable ? Les voix catholiques portées sur Villiers s'égaraient moins que les voix catholiques de Le Pen : mais finir au second tour chez Chirac (l'ennemi des racines chrétiennes), ou chez le protéiforme Sarkozy, n'avait rien de gracieux. On peut dire la même chose d'une future candidature Boutin, vouée par ailleurs à faire encore moins de voix que les candidatures Villiers.
Et tout ça finit par poser le problème du fameux « devoir chrétien d'engagement en politique ». Certes, l'Eglise le mentionne régulièrement. Mais dans le vague : un peu trop dans le vague. Ce dont nous venons de parler (ou naguère le grand effondrement de la démocratie chrétienne italienne rongée par la corruption) pousse à affiner cette idée d'engagement. La réflexion a d'ailleurs été ouverte, voilà quelques années, par un document ratzingérien sur le chrétien en politique : document qui envisageait (pour la première fois) que l'action au service de la Cité ne prenne plus nécessairement la forme des partis politiques. L'expérience des vingt dernières années suggère en effet d'autres formules, dont il a plusieurs fois été question dans les débats de notre blog depuis 2006.
Revenons à Mme Boutin. Personne (sauf Sarkozy) ne lui demande rien. Elle est catholique ? Oui, et ça ne lui donne aucun droit particulier : surtout pas celui d'irriter les Français, ce qui ne rend pas service au catholicisme.
10:40 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : christianisme
Commentaires
CE QUI TOUCHE LES GENS
> Mme Boutin se dit "la catho de service", au "service" de quoi ? Certes elle a de bonnes positions en bioéthique, et alors : ce n'est pas une raison pour faire mauvais effet dans un autre domaine, qui touche beaucoup plus directement les Français : celui des revenus et du train de vie. Se souvenir du scandale soulevé chez les gens par l'attitude des Gaymard ! Moraliser sur la bioéthique ne sert à rien si on apparaît comme des profiteurs. Hypocrisie catho ? Bourgeois indécrottables ?
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Écrit par : Daniela / | 09/06/2010
MOCHE
> Oui, ça fait moche. J'avoue que travaillant pour la Commission Européenne à l'étranger (contractuel en Afrique, fin de carrière), j'étais avec les avantages en nature et l'exonération d'impôts largement plus payé que ça : de l'ordre de 12.000 euros par mois (avantages en nature compris). Je suis maintenant retraité.
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Écrit par : Roque / | 09/06/2010
AUCUN DROIT
> Vous avez raison, ça ne lui donne aucun droit, ça lui impose en revanche des devoirs. Il me semble que, malgré son attirance économique pour le semi-libéralisme, elle ne s'est pas trop mal tirée de la mise en oeuvre de sa vocation chrétienne dans le monde politique. Qui aujourd'hui peut se vanter d'avoir aussi peu plié sur les questions bioéthiques ?
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Écrit par : JG / | 09/06/2010
2012
> Je crois que PP a raison et Le Canard tort : si Sarko a refilé cette prébende à Boutin ce n'est pas pour faire "taire ses critiques" (dont il n'a rien à f...), mais pour mettre sur pied une opération genre Villiers en 2012, avec appel de la dame à voter Sarko au deuxième tour.
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Écrit par : Fulup / | 09/06/2010
BIOETHIQUE
> Il faudrait peut-être sortir de l'enfermement catho dans la bioéthique. Oui bien sûr c'est un sujet très grave pour l'avenir. Mais il n'y a pas que ça comme problèmes. La commission Justice et paix catholique ne cesse d'alerter sur tous les autres sujets d'injustice et d'inégalité, d'exploitation de l'homme par l'homme et de rapacité économique dans le monde et même chez nous. Pourquoi les cathos ne parlent-ils QUE de bioéthique et JAMAIS des exactions du capitalisme, dont d'ailleurs la biotechnocratie est un des aspects (ça aussi ils refusent de le voir) ?
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Écrit par : Girolamo / | 09/06/2010
NUL
> Exact, Girolamo. S'en prendre aux effets et pas aux causes, c'est nul.
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Écrit par : Amicie T. / | 09/06/2010
à GIROLAMO
> "Pourquoi les cathos ne parlent-ils QUE de bioéthique" ?
Les uns, parce que la bioéthique c'est de la morale :ça permet de tout mettre sur le dos de l'individu sans voir les causes structurelles (économiques). Donc de rester libéraux.
D'autres, parce que "le FN est le seul parti contre l'avortement" (mais ça il faut se dépêcher de le dire parce que le FN change à vue d'oeil). En plus le FN a toujours eu des positions contraires à l'Eglise sur d'autres sujets graves. Mais justement ne parler que de l'avortement permettait de masquer ces autres sujets. D'ailleurs sur ces autres sujets, les cathos lepénistes eux-mêmes étaient en désaccord avec l'Eglise.
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Écrit par : Fulup / | 09/06/2010
@ PP
> Vous y allez fort. Je pense qu’un chrétien qui connaît et défend la doctrine sociale de l’Eglise – c’est le cas de Christine Boutin – est assez bien placé pour réfléchir sur les ravages de la mondialisation. Quant à la rémunération touchée par Mme Boutin pour cette mission, elle reflète simplement les habitudes fort douillettes en usage actuellement dans la haute administration, à l’instigation du pouvoir exécutif. Pour ma part, je pense que le problème rencontré par Mme Boutin est surtout qu’en délimitant un champ politique pour le christianisme, elle prend le risque de faire basculer celui-ci dans le champ de l’idéologie. Or, comme le disait l’excellente éditorialiste de l’hebdo « Famille chrétienne », Marie-Joëlle Guillaume, dans une conférence prononcée le 29 mai dernier, à Paris : « L’idéologie se propose de faire un homme nouveau qui, vu de près, représente le triomphe du “vieil homme” » (ce «vieil homme » désignant donc l’homme marqué par le péché). Il est certain qu’on ne peut faire du Christ l’homme-sandwich d’un programme politique. « Chrétien » est à l’évidence le signe d’une appartenance, mais ne doit pas devenir l’enseigne d’un parti. Je suppose cependant que Christine Boutin le dirait elle-même : le parti chrétien-démocrate n’a certainement pas vocation à être « le parti du Christ ».
Denis
[ De PP à D. - Certainement pas, non ! Quant à la mission sur la mondialisation, pardon, mais les convictions ne remplacent pas la compétence. ]
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Écrit par : Denis / | 09/06/2010
POSITIONS
> il est vrai que l'appel à la politique est un peu vague souvent, pour en préciser le sens il est possible de rappeler ce qu'écrivait Jean-Paul II dans "Christifideles laïci", 42: "les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la "politique", à savoir l'action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir organiquement et par les institutions, le bien commun.[...] cette participation peut prendre une grande diversité et complémentarité de formes, de niveaux, de tâches et de responsabilités."
Le devoir de participer à la politique n'est donc pas un devoir de se présenter à des élections, encore moins d'appartenir à un parti, c'est le devoir de servir le bien commun.
Tenir un blog qui rappelle les exigences de la foi chrétienne en matière d'immigration, d'environnement etc. est en ce sens accomplissement de ce devoir, éminemment. Comme peut l'être l'engagement électoral de certains. Ceci dit, cette dernière forme peut être dangereuse dans les cas où la discipline partisane l'emporte sur le souci du bien commun. Certains ont la force de passer outre, ce ne sont pas forcément les plus connus. Certains sont trop naïfs pour comprendre le rôle qu'on leur fait jouer.
La clef, c'est le bien commun. Or le mot même de parti s'oppose diamétralement à l'idée de communauté... C'est la dialectique du tout et de la partie. C'est un signe du danger: le parti peut être un moyen, il risque souvent de s'ériger en fin et de nous faire passer à côté du bien commun. Aujourd'hui, c'est de plus en plus souvent le cas. Dans l'affaire du dimanche, bien commun par excellence, la logique partisane a tué la résistance...
Cette affaire m'a ouvert les yeux car lors de la dernière présidentielle, si vous vous en souvenez, je n'avais pas compris votre position et peut-être même l'avais-je attaquée vigoureusement, maintenant il me faut reconnaître que vous aviez vu juste...
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Écrit par : Hubert Houliez / | 09/06/2010
CRITERE
> Dans le monde du pouvoir,l'argent et le niveau de vie unissent les hommes plus sûrement que les convictions, et je me demande si je ne vais pas retenir comme critère premier, pour voter aux prochaines présidentielles, l'option préférentielle pour la pauvreté. Quel niveau de vie aura alors chaque candidat , à quels sacrifices financiers aura-t-il consenti pour rester en cohérence avec ses convictions, bref, dans quelle mesure est-il libre et a-t-il su rester au contact de la réalité quotidienne des gens? Je crois qu'aujourd'hui ce ne sont plus les idées qui comptent d'abord, tant il est vrai qu'elles ont été manipulées dans tous les sens,et qu'il y a de fait une répartition entendue des différentes sensibilités du champ politique(ainsi à madame Boutin la sensibilité catholique romaine),dont les électeurs sont les seuls dupes. Dans notre société relativiste, les engagements politiques ne sont plus guère de conviction,mais d'opportunisme.Le seul engagement qui coûte vraiment, c'est celui d'un certain inconfort matériel, d'un mode de vie humble, simple,le choix de rester vulnérable aux souffrances du peuple, et insensible aux sirènes du monde de la richesse , qu'elle soit bling bling ou bien-séante.
Enfin, le choix de la modération dans l'usage des richesses naturelles, de l'auto-limitation dans la consommation, est peut-être le seul idéal qui puisse nous réunir dans une société pluraliste,en même temps que le plus urgent à rechercher, donc politiquement parlant le plus important(avant le combat contre l'avortement).Il s'agit en effet ni plus ni moins de se réconcilier et avec la nature et entre nous. Cultiver la concorde. Aristote lui-même met au-dessus de la justice( et l'avortement est une question de justice) l'amitié, qu'il décline en concorde au sein de la société politique, en loi de vie au sein de la nature( les oiseaux eux-mêmes semblent liés par l'amitié, nous dit-il ainsi).Et ce qui définit l'amitié, c'est la vie en commun. Ce qu'il faut redécouvrir en cassant les barrières de l'argent et des richesses matérielles.
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Écrit par : Anne Josnin / | 09/06/2010
A FUIR
> Et oui, les partis politiques sont, surtout de nos jours, corrompus et corrupteurs. Ils sont à fuit comme la peste. L'engagement politique peut largement prendre d'autres formes, comme le dit si bien Hubert Houliez et l'extrait de JPII qu'il cite. En s'engageant autrement, le Chrétien peut témoigner plus librement, plus concrètement et surtout plus fidèlement de l(amour et de l'enseignement du Christ. Soyons inventif et passons-nous de ce système véreux et en putréfaction. C'est pour cela, au passage, que je rejette fortement le terme de conservateur pour un chrétien (mais je ne dis pas qu'il faille sortir la guillotine pour autant:) ).. Conserver quoi? La civilisation qui à donner naissance au pires idéologies de l'Histoire? Aux conflits les plus meurtriers et destructeurs? A la pire perversion des âmes? Aux pires formes de déshumanisation des êtres humains? Et il faudrait s'engager dans le système qui gère cela? Il faut une révolution, mais celle de l'Evangile. Aller, puisqu'on parlait d'Uchronie, en voici une idée: et si Lénine, face au drame de l'exécution de son frère, était devenu chrétien au lieu de plonger dans le marxisme et la violence?
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Écrit par : vf / | 09/06/2010
ETEINTES
> L'inénarrable Georges Frêche a peut-être vu juste lors de ces dernières élections régionales: "les partis politiques sont des étoiles éteintes qui continuent de briller".
La démocratie représentative et partisane est en crise dans toute l'Europe. Un fossé se creuse entre les élites coupées du réel et les peuples inquiets et/ou désabusés: Constitution européenne de 2005, abstention massive aux élections, référendum suisse sur les minarets... Pourquoi continuer de agripper à un système qui, s'il n'est sans doute pas éteint, est uniformisé, consensuel et outrageusement libéral (à tous points de vue) ?
Pour dépasser l'action politique partisane "catholique", le modèle chrétien reste donc à inventer. Je dois dire que je suis assez impatient de le voir éclore.
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Écrit par : Montcalm / | 09/06/2010
JEAN PAUL II
> si j'ai bonne mémoire, il me semble que Jean-Paul II n'était guère favorable à l'appellation "chrétienne"accolée à un parti ou à un syndicat.
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Écrit par : jean-michel / | 09/06/2010
D'ACCORD
> D'accord complètement avec HH...
Il est un endroit où l'on peut faire de la politique au service du bien commun en s'extrayant des logiques partisanes, c'est le conseil municipal... surtout dans les petites communes. Evidemment ce n'est guère reluisant, les honneurs et la gloire sont portion congrue, les critiques abondent et le travail est ingrat mais la réalité du terrain fait bien souvent taire les oppositions purement idéologiques et un chrétien y a toute sa place, il est l'Église pour les autres et si il peut rendre compte de sa foi, s'ouvre à lui un champ d'évangélisation tout naturel...
Quand on dit faire de la politique, un Français s'imagine immédiatement député ou sénateur, rarement conseiller municipal ou bénévole à la bibliothèque municipale ou membre des associations d'aide aux personnes agées ou président du club de foot... et c'est bien dommage ; pourtant il s'agit bien de politique. Je pense que c'est de celle ci dont parle BenoÎt XVI et JPII, simplement elle est moins spectaculaire et moins rentable que celle de Mme Boutin.
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Écrit par : Carmel / | 09/06/2010
ECRITEAU
> Bien d'accord avec vous, c'est notamment dans ce genre de cas qu'on découvre les limites de l'existence d'un parti avec une identification catholique (dans un but électoraliste ???)
C'est peut être dommage, mais pour pouvoir mettre ce type d'écriteau sur la devanture de son magasin, il faut effectivement pouvoir être totalement irréprochable, ce qui me semble bien difficile actuellement.
Et enfin pour ce qui concerne les compétences de Madame Boutin sur la mondialisation, je doute aussi d'elle sur ce sujet, mais finalement cette petite affaire va au moins avoir le mérite de l'obliger à travailler sur son dossier, car maintenant tout le monde va l'attendre :).
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Écrit par : Marc / | 09/06/2010
QUELQU'UN
> Deux remarques :
- Hannah Arendt ne distinguait pas fondamentalement le capitalisme du communisme, puisque les deux s'appuient sur une même vision d'un homme qui n'a que des besoins que l'économie peut satisfaire. Leur anthropologie est donc semblable (cf. la pyramide de Maslow). Il n'est donc pas étonnant que dans les deux systèmes ait émergé une nomenklatura, qui se sert elle-même sur le dos des autres. Pour cette nomenklatura, un salaire de 15000 euros est un minimum, un RMI (chacun trouvant qu'il travaille aussi bien que le mythique salarié du privé qui gagnerait toujours beaucoup plus).
- je suis perplexe quant au concept de "compétence" : j'aimerais un nom de personne compétente sur le sujet. Actuellement, les personnes dites compétentes changent d'avis avec les vagues de la conjoncture ; elles ont toujours été formées au même dogme économique (j'ai honte d'employer le beau mot de dogme pour désigner un enfermement de la pensée). Mais avez-vous des noms, ou sauriez-vous désigner des courants de pensée économique ?
Car la bonne personne pour ce travail serait à mon sens non un économiste, mais quelqu'un qui puisse lire sans oeillères Caritas in veritate, William Cavanaugh, Daniel Cohen (La Prospérité du vice) et qui ait assez d'expérience pour résister au sophismes déguisés en science des économistes qui ont pignon sur rue.
Quelqu'un qui sache que l'homme est autre chose qu'un consommateur, autrement dit qu'il ne se nourrit pas seulement de pain...
Jean
[ De PP à J. - ...Quelqu'un comme le secrétaire général adjoint de la CFTC, Joseph Thouvenel, qui écrit ce matin :
"Que penser de cette légalisation de la délinquance effectuée par la loi Maillié sur le dimanche ? Si ce n'est la soumission des lois de la République à la volonté marchande. Il est vrai que les délinquants économiques qui ouvrent le dimanche en toute illégalité ont un argument massue. Ouvrir leur permet de faire des bénéfices toujours plus importants. A ces stakhanovistes du paraître nous préférons opposer une organisation des temps de vie équilibrés. C'est cet équilibre que nous voulons maintenir ou retrouver. Celui de la France des bénévoles, des balades en forêt, des rires en famille, des parties de rugby entre copains, du verre de blanc sur le comptoir, des chorales lyriques ou jazzy. Face aux tenants d'un monde transformé par un immense champ de production, où la culture est en tête de gondole, la nourriture en fast-food, la pensée code-barrée, le salarié aux horaires décalés, la famille explosée, c'est sur une certaine idée de l'être humain au travail que nous nous prononçons."
Question : qui soumet les lois à la "volonté marchande" ? le parti que soutient Mme Boutin. ]
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Écrit par : Jean / | 09/06/2010
LE DOIGT DANS L'OEIL
> L'étymologie du mot politique étant « la cité », faire de la politique, c'est s'occuper des affaires de la cité, donc des personnes qui la composent. Pour cela, on peut rejoindre un parti politique où, catholique ou non, il faudra suivre les directives du parti qui lui-même suit les directives de l'opinion publique, puisque nous sommes en démocratie : le peuple gouverne.
Je pense que l'on peut s'occuper des affaires de la cité de plusieurs manières. Et, pour un chrétien, témoigner de l'évangile au sein de son univers proche, le territoire paroissial, en est une excellente. On peut témoigner de plusieurs façons et en s'efforçant ainsi d'agir pour le bien on agit, à terme, sur la cité : on "fait" de la politique.
Par exemple, en Afrique, 50 millions de catholiques au début du pontificat de Jean-Paul II et 300 millions maintenant et cela n'aurait pas d'influence sur la cité?
Je suis de plus en plus ébahi de voir des chrétiens s'efforcer de penser que tout ira mieux demain si "les valeurs de la droite d'hier" sont restaurées. Ils se mettent (volontairement ou non) le doigt dans l'œil jusqu'au coude.
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Écrit par : olivier le Pivain / | 09/06/2010
QUELQU'UN PEUT-IL ME DONNER LE NOM
> ...d'un seul homme ou une seule femme politique honnête ?
?
? ...
D'accord je prends ce silence pour une réponse.
Sur un autre sujet : à Lille, après la marche pour Jésus qui avait été menacée un temps, c'est la traditionnelle procession pour la Fête de Notre-Dame de la Treille qui a failli être interdite. La laïcité en action à Lille aussi : faire copain-copain avec les islamistes, cracher à la face des chrétiens.
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Écrit par : Gégé / | 09/06/2010
A MEDITER
> "Ceci dit, cette dernière forme peut être dangereuse dans les cas où la discipline partisane l'emporte sur le souci du bien commun."
Hubert, vous citez également avec bonheur Jean-Paul II et Christifideles laici pour nous rappeler ce qu'est la politique. A méditer par chacun chaque jour que Dieu voudra lui donner!! Faire de la politique c'est déjà faire un sourire et regarder son prochain quand on lui dit "bonjour" au travail, au supermarché... Si déjà on ne comprend ni ne vit ça, le reste,la politique au sens d'un engagement électif n'a aucun intérêt et serait même "dangereux" pour le bien commun. exemple connu de ma pomme: le reportage en Touraine d'Emmanuel Chain dans Haute Définition (qui se nomme pompeusement magazine d'information)... Citation choisie, de la bouche d'un ami commun, "tu comprends, un homme de sa stature est obligé de faire du compromis." Je ne sais plus où j'ai lu que la politique et son système de fonctionnement ont la tendance presque irrépressible à couper même un fervent chrétien de ses propres racines: la vie communautaire, la prière, les sacrements, bref la vie de foi... A méditer aussi car cela revient à dire que dans certains milieux comme la politique, mais ça ne lui est pas propre, le danger est d'être du monde, même insidieusement ou malgré soi. Car enfin, ce brave papy tourangeau n'a pas que des défauts, loin de moi cette idée; il surfe en permanence, c'est tout.
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Écrit par : Christ Hope / | 09/06/2010
BOBARDS
> http://www.partichretiendemocrate.fr/index.php/reaction-de-christine-boutin-a-larticle-du-canard-enchaine
Ce qu'on appelle l'indice terminal de rémunération le plus élevé de la haute fonction publique est de 1015 points, et "La valeur annuelle du point d’indice est ainsi fixée au 1er juillet 2009 à 55,1217 " (voir ici: http://www.fonction-publique.gouv.fr/article1013.html?artsuite=2), soit un traitement annuel BRUT de 55127 euros. Même avec des primes en sus, on est loin de ce que Mme Boutin avance, sachant qu'elle touche un salaire annuel net de l'ordre de 114000 euros (environ 135000 euros bruts), à quoi on ajoutera effectivement les locaux de fonction, le personnel de service, le chauffeur et la limousine. A titre de comparaison comme elle le fait, ni un conseiller d'Etat ni un conseiller maître de la cour des comptes n'a des avantages et rémunérations pour un montant aussi élevé, hormis pour logement, chauffeur, voiture de fonction si lesdits conseillers sont président de chambre régionale des comptes, de tribunal ou de cour administrative d'appel... Elle a une mission de nature gouvernementale, non pas seulement de haute fonction publique, et tous ses accessoires (rémunération et avantages divers), point barre! Pas la peine de raconter des bobards pour se justifier.
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Écrit par : Christ Hope / | 09/06/2010
PLUS FONDAMENTAL
> Il est certain que cela n'a pas été fait pour bâillonner Mme Boutin. Ses déclarations les derniers mois ont été assez critiques sur plusieurs points. En échange d'un ralliement au 2nd tour en 2012, je ne suis pas sûr que cela ait été pensé ainsi sur le moment même si cela peut être un effet secondaire.
Sur l'engagement, effectivement, il faut réfléchir à un engagement plus fondamental au sens de Landsberg avec son coté tragique... (au passage sur Sacristains, on peu lire un article intéressant sur la démocratie chrétienne : http://www.sacristains.fr/2010/05/31/la-democratie-chretienne-une-idee-neuve/).
Il reste que la participation à la vie politique de base, y compris en participant aux élections, est une nécessité. La présidentielle et les ministères sont sans doute trop corrupteurs à la réflexion mais un bon député peut faire du bon travail. Pourquoi y renoncer ? Nous ne pouvons ignorer les lois qui sont votées au Parlement.
Sur la doctrine de l'Église, elle tient parfaitement les deux bouts : Évangile social (pour la liberté bien que non libérale) et Évangile de la Vie...
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Écrit par : NM / | 09/06/2010
PAS QU'ELLE
> Il n'y a pas que Me Boutin qui réalise une mission qui la dépasse dans ce gouvernement ! C'est le contraire qui serait à souligner !
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Écrit par : Recto-Verso / | 09/06/2010
LA RAISON
> Au delà de toute référence religieuse, la raison la plus élémentaire recommande à rester en dehors des gesticulations d'un président s'évertuant à rester dans l'histoire - si elle le retient - comme le successeur de Félix Faure, qui, ayant voulu être César, finit Pompée (Clémen-sot).
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Écrit par : Patrick / | 09/06/2010
à Anne Josnin :
> je partage absolument vos orientations "décroissantes" vers un impératif de frugalité, mais mon raisonnement, quoique similaire au vôtre, n'aboutit étrangement pas à votre surprenante conclusion concernant le critère que vous retiendrez pour voter en 2012 : vous posez comme postulat qu'il convient de voter et que, partant, la mort dans l'âme face à ce théâtre d'ombres que sont devenues nos démocraties libérales occidentales, vous vous fonderez sur la simplicité pour choisir votre champion. Pourquoi ne pas briser les idoles (le dit-postulat en vertu duquel la participation au scrutin est un devoir) et considérer la possibilité de s'abstenir, autre forme possible de l'engagement politique le plus sincère et fervent ?
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Écrit par : blanche / | 09/06/2010
PAS GRAND'CHOSE
> Une telle mission confiée à des personnalités reconnues pour leur compétence passerait mieux. Je pense par exemple à Rocard, Juppé et autre J Delors. mais aussi des experts universitaires. Cependant on a vu ce qu'est devenu le travail de Juppé Delors sur la taxe carbone. Mme Boutin a sûrement des qualités, mais surement pas celle nécessaire à un sujet si pointu et important. Cette mission est doublement suspecte, car elle suggère que c'est un arrangement particulier avec NS, mais aussi car on peut penser que ce dernier n'en attend pas grand chose alors que ce sujet est central. Enfin comme on le lit dans la plupart des posts, ces dépenses inutiles de l'Etat en période d'austérité conduisent à l'écoeurement. Vivement 2012 pour que l'on tourne la triste page de ce mandat en espérant que la suivante ne sera pas pire.
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Écrit par : cow boy / | 09/06/2010
TROP
> Je crois que l'on en fait vraiment trop avec cette affaire:
1° Les conditions de rémunération de Mme Boutin sous malheureusement extrêmement classiques dans les milieux du pouvoir politique (hormis de proximité) ou des organisations internationales. C'est plutôt cela qu'il faut dénoncer (tout comme la rémunération des patrons).
2° Mme Boutin ne fait pas partie des cathos ultra libéraux ou ne parlant que de bioéthique, cf. par exemple son action pour la loi DALO (mais il y en aurait plein d'autres)
Je dis cela sans chercher à défendre Mme Boutin. Je trouve en particulier très maladroit d'avoir créer un parti appelé "chrétien". Aucun parti ne peut se revendiquer tel.
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Écrit par : ld / | 09/06/2010
VAUDRAIT MIEUX QU'IL N'Y EN AIT PAS
> Et quand j'entends les propos incroyablement nuls de Christine Boutin sur tous les sujets, montrant qu'elle n'est pas informée ou qu'elle n'a aucune idée, je suis désolée. Elle n'est au courant de rien, ne dit que des âneries, avoue ne rien connaître au sujet sur lequel elle est censée remettre un rapport dans trois mois, mais touche aujourd'hui 18 000 euros nets par mois !!!
Si c'est ça une femme politique catholique, vaudrait mieux qu'il n'y en ait pas. Idem pour les hommes d'ailleurs, si on se souvient des propos filandreux de Ph. de Villiers.
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Écrit par : Soledad / | 09/06/2010
à Blanche :
> Je garde un souci d'efficacité: or l'abstention d'une minorité ne change rien au petit jeu électoral,(surtout en France où le vote blanc n'est pas pris en compte).
Par contre passer devant un autre candidat, passer la barre-couperet des cinq pour cent: des raisons sérieuses qui font qu'on recherche et se dispute ces minorités votantes.
D'autre-part beaucoup d'électeurs aujourd'hui votent sans grandes convictions, sans illusion sur le caractère artificiel du débat et des couleurs politiques.(colorants artificiels hautement polluants et cancérigènes,lol!, on pourrait y mettre de l'humour sain,ça serait toujours ça de gagné).
En menant alors une campagne d'information sur une telle démarche( voter pour celui qui dans ses choix personnels fait montre de sobriété, de liberté vis-à-vis de la classe dirigeante et de la logique consumériste...: les critères seraient alors à étudier en profondeur) pourraient donner des idées à des déçus de tous bord, et obliger le débat à prendre en compte nos arguments. Même si le risque, c'est de faire du Nicolas Hulot(dont l'échec se discute...), si ce n'est que là ce ne sont pas de beaux discours mais des actes que nous irions chercher. Why not?
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Écrit par : Anne Josnin / | 10/06/2010
Ma réponse :
> Prière pour la FRANCE composée à l'occasion du 1500° anniversaire du baptême de la France. Je la dis tous les jours.
" Père tout-puissant et miséricordieux, Vous appelez toutes les nations divisées par le péché à se rassembler sous le joug très doux de Votre Fils bien aimé, Jésus, le Roi de l’univers.
Nous croyons que seul Votre Esprit d’Amour et de Vérité peut renouveler la face de la terre et tout restaurer dans le Christ ; qu’Il vienne au secours de notre patrie qui Vous offense et s’éloigne de Vous. Faisant appel à Votre miséricorde infinie, nous Vous demandons pardon pour elle.
Quant à nous, ayant une fois pour toutes remis à Notre-Dame ce que nous sommes et ce qui nous appartient, nous confessons nos infidélités et nous reconnaissons que la conversion de notre pays passe par notre propre conversion. Nous confions à Marie nos prières, nos pénitences, toutes nos actions. Qu’Elle nous garde du parjure et de toute faiblesse.
Père tout-puissant et miséricordieux, nous Vous en supplions, sauvez notre pays.
Coeur Sacré de Jésus, ayez pitié de nous qui mettons notre confiance en Vous.
Coeur Immaculé de Marie, intercédez pour nous."
Imprimatur : + Paul-Marie Guillaume, évêque de Saint-Dié
Écrit par : Gilles Daulphin / | 10/06/2010
à Anne Josnin
> Vous dîtes que l'abstention passe inaperçue et ne modifie en rien le jeu électoral puisqu'elle n'est pas plus prise en compte que le vote blanc et je m'inscris en faux : voyez les mines effarouchées des commentateurs du petit écran lorsque le taux d'abstention est élevé...
Personnellement, ça me fait réfléchir et si je ne prône en aucun cas l'abstention comme moyen absolu, je considère que, aujourd'hui, elle se révèle être une "arme" intéressante.
De toute façon, la politique relève du relatif, du conjoncturel : et sans doute que si, il fut un temps, notre "devoir" de chrétien était de se mobiliser pour la conquête des urnes, aujourd'hui, il nous appartient au contraire de refuser de cautionner ce grand foutage de gueule.
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Écrit par : blanche / | 10/06/2010
A MON AVIS
> Si, à mon avis, Mme Boutin a eu tort d'accepter cette mission, et surtout le salaire qui va avec, ce n'est pas parce qu'elle manquait de compétences ; sa plus grande faute est d'être tombée dans un piège : elle est maintenant absolument incapable de se présenter aux élections présidentielles dans deux ans, et toutes ses prises de position (ou celles de son parti, et en particulier de JF Poisson, en pleine campagne...) seront discréditées.
Il serait prétentieux de dire que Mme Boutin est une menace pour Sarkozy, mais s'il arrive à mettre Boutin et Villiers sur la touche, à faire s'affronter Morin, Bayrou, Villepin et Borloo, et à diviser le FN entre Le Pen et Gollnisch, il aura le champ libre à droite pour 2012... Mais ce n'est qu'une hypothèse !
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http://losservatore.wordpress.com/2010/06/09/des-salaires-des-politiques/
Écrit par : Goéland / | 10/06/2010
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