08/06/2010
L'Eglise contre les fonds spéculatifs
Intervention de l'observateur du Saint-Siège à l'ONU :
À la 14e session du Conseil des droits de l'homme, Mgr Silvano Maria Tomasi (observateur permanent du Saint-Siège auprès des institutions de l'ONU à Genève) a demandé la mise au pas des fonds spéculatifs. Il a commenté à Radio Vatican son intervention contre ces « fonds vautours » :
« ...des fonds spéculatifs qui achètent à bas prix les dettes des pays en voie de développement, de créditeurs publics ou privés, mais surtout de l'Etat. Après quoi, la compagnie qui achète la dette à très bas prix va demander au pays débiteur, de manière tout à fait légale, le remboursement du crédit initial, augmentant la demande et réclamant les intérêts, de manière à ce que le coût initial augmente de façon disproportionnée... Quand le pays ne peut plus payer, spécialement les pays en voie de développement d'Afrique, ces "fonds vautours" tentent de soutirer l'argent provenant de bailleurs de fonds publics ou de ressources premières du pays, comme le pétrole ou autres, de manière non seulement à récupérer la somme initiale, mais à faire également d'énormes profits au détriment de ces pays.
Le Saint-Siège demande la fin de ces spéculations : « L'économie a des conséquences sociales auxquelles on doit donner la priorité, car, finalement, c'est le bien commun que nous recherchons : le bien de la personne est au-dessus des mécanismes du profit. ... La dette ne doit pas devenir une forme d'oppression, qui bloque le développement et la survie. On doit chercher des formules pour encourager aussi bien les pays endettés à une gestion transparente, à lutter contre la corruption, à ne pas se lancer dans des programmes qui courent à la faillite, que les pays riches à faire des remises de dettes, de manière à garantir une nouvelle reprise pour ces pays. »
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09:48 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : christianisme
Commentaires
LA CORRUPTION
> La corruption est dans les têtes des dirigeants des pays riches, fascinés par celui qui « fait » de l’argent, même si ce n’est pas la contrepartie d’un véritable gain sur le plan économique. La spéculation est inséparable des mœurs du capitalisme et de ses grands dirigeants, politiques compris, comme le montre par exemple la complaisance des nations européennes à autoriser la vente à découvert sur les obligations d’Etat, justement dénoncée par Angela Merkel (même si la chancelière semble opter pour une posture plus orgueilleuse que solidaire dans la recherche d’une régulation financière – début du chacun pour soi ?).
Cette spéculation, rappelons-le, touche profondément les entreprises, notamment celles que possèdent très temporairement les fonds d’investissement, où le coût d’un salarié fait systématiquement l’objet d’une spéculation totalement indépendante de la valeur de son travail et parfaitement déconnectée des résultats de l’entreprise, à travers des « plans sociaux pour l’emploi » bidons.
Toutes choses qui émeuvent à peine nos responsables politiques.
Alors il est bon que l’Eglise parle, en souhaitant qu’elle ne se contente pas de dénoncer la monstrueuse spéculation sur le tiers-monde mais pointe nettement du doigt la mise en tutelle de l’économie mondiale et l’asservissement des peuples par les visées concupiscentes des requins de la finance.
Concupiscent ! Le mot amusera nos bobos affranchis et nos intellos friands de jeux de mots lacaniens (vive la psylacanise !). Mais c’est ainsi : l’économie mondiale est aujourd’hui tributaire de ce seul ressort, la concupiscence des principaux responsables de la finance internationale, de l’économie, de la politique, partie émergée (surnageante !) de notre humanité blessée et insuffisamment sensible à la Parole de Dieu révélée en Jésus-Christ. Et notre monde de basculer de plus en plus, avec eux, dans l’immonde. La 2e lettre de saint Jean nous a ouvert les yeux : « Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui car tout ce qui vient du monde – la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la richesse – vient non pas du Père mais du monde » (Jean 2 :15-16). Aimons et cherchons Dieu avec nos frères, que ce soit notre priorité, et le monde ira mieux !
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Écrit par : Denis / | 08/06/2010
ARCHIFAUX
> """La spéculation est inséparable des mœurs du capitalisme et de ses grands dirigeants, politiques compris, comme le montre par exemple la complaisance des nations européennes à autoriser la vente à découvert sur les obligations d’Etat"""
faux archi faux, ce n'est pas la doctrine sociale de l'église catholique romaine, sinon il n'y aurait pas de diacre dans les institutions financières!!!
on peut être acteur de l'économie et de la finance, faire son travail correctement en déchiffrant tous les pièges des spéculateurs, et conseiller ses clients dans un sens éthique de l'épargne, et heureusement d'ailleurs;
les investissements socialement reponsables existent et sont mis en avant par nombres d'intitutions religieuses, qu'ils soient à caractère éthique (gouvernance d'entreprise), solidaires, voire même charitables (placement dont les intérêts reviennent en partes aux petits frères des pauvres entre autre).
bref, ce que vous écrivez est de l'idéologie, qui condamne à jamais tout homme qui travaille ou fait fonctionner l'économie réelle ou financière. pour le coup, relisez la parabole des talents dans st matthieu, ou la parabole des mines dans st luc.....le seigneur conclut par les intérêts de la banque entre autre.
c'est une vue de cette parabole, parmi bien d'autres mais qui est bien là.
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Écrit par : jean christian / | 09/06/2010
à Jean-Christian
> Vous êtes un des "grands dirigeants" du capitalisme ? (c'est d'eux que Denis parle).
Si vous n'en êtes pas un, ce n'est pas de vous qu'il parle.
Alors de quel droit le taxez-vous d' "idéologie" ?
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Écrit par : Nati / | 09/06/2010
@ Nati
C’est sympa de prendre ma défense !
@ Jean Christian
Bravo au diacre qui s’assoit à la table des spéculateurs ! Puisse-t-il leur apporter la lumière de l’évangile. Bravo à cette sœur xavière salariée d’un cabinet d’audit, rencontrée lors de Paris Toussaint 2004 ! Nous avons besoin de leur parole, de leur témoignage sur les conduites professionnelles à l’oeuvre aujourd’hui dans les banques et les institutions financières. S’ils consultent ce blog, puissent-ils y apporter un témoignage éclairant. Pour ma part, il m’est arrivé d’aller écouter deux banquiers retraités venus parler de l’éthique de leur métier dans le choeur d’une église parisienne (avant septembre-octobre 2008). D’où il ressortait deux choses :
1/ que ces messieurs étaient plutôt fiers d’avoir su dire non à des chefs d’entreprise à la recherche de crédits pour développer leur société – ce faisant, ils leur avaient évité de « graves déboires » ;
2/ que la spéculation n’était bien évidemment pas le cœur du métier de banquier et qu’elle reposait sur des outils assez sûrs ; mais qu’en effet le choix de ces outils n’était pas neutre.
Une précision : cette dernière appréciation — « le choix des outils de gestion financière n’est pas neutre » – ne venait pas des deux banquiers, mais du prêtre modérateur des débats, spécialiste de ces questions dans le diocèse de Paris.
Bref, ce qui paraissait sûr aux yeux de nos banquiers retraités, c’était moins l’économie réelle et la prise de risque à laquelle elle appelait des chefs d’entreprise que l’économie purement financière et ses « outils ».
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Écrit par : Denis / | 10/06/2010
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