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29/05/2010

Migrants : le pape met à l'heure les pendules catholiques

Benoît XVI pour le regroupement familial des immigrés :


« Dans le respect de droits et de devoirs », titre L'Osservatore Romano en italien du 29 mai à propos du discours de Benoît XVI sur les migrations. C'est une question qui concerne, dit-il, « toute la famille des peuples » et exige la « co-responsabilité » internationale et la concertation. Le pape plaide notamment pour le regroupement familial des immigrés. Et il déplore « la discrimination, la xénophobie et l'intolérance ».

« La pastorale de la mobilité aujourd'hui, dans le contexte de la coresponsabilité des Etats et des organismes internationaux » a en effet été le thème de la réunion à Rome, pendant trois jours, des 70 participants - dont 23 cardinaux, archevêques et évêques - de l'assemblée plénière du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des itinérants.

Pour favoriser l'intégration des migrants Benoît XVI a invité les responsables politiques à une meilleure « concertation », de façon à répondre aux défis posés par les migrations. Il a aussi plaidé pour la famille, facteur d'intégration et donc pour le regroupement familial.

Les migrations font partie de ces « questions qui impliquent toute la famille des peuples », comme l'entrée ou l'éloignement forcé de l'étranger, la jouissance des biens de la nature, de la culture et de l'art, de la science et de la technique », qui, «doivent être accessibles à tous », a fait observer le pape.

Il a souligné que « l'avenir de nos sociétés dépend de la rencontre entre les peuples, c'est pourquoi les Etats sont appelés à partager les responsabilités du phénomène migratoire croissant, en reconnaissant la dignité de toute personne, dans un contexte où soient respectés les droits mais aussi les devoirs des étrangers ».

A ce propos le pape a salué les conventions internationales qui règlent la circulation des personnes en visant à « garantir la protection des droits humains fondamentaux » et à « combattre la discrimination, la xénophobie et l'intolérance ».

Le pape a dit apprécier aussi « l'effort de construire un système de normes » qui concernent « les droits et les devoirs de l'étranger et des communautés d'accueil » et invite à tenir compte avant tout de « la dignité de toute personne humaine créée par Dieu à son image et à sa ressemblance », soulignant aussi que « l'acquisition des droits va de pair avec l'accueil des devoirs ».

Soulignant que les migrations impliquent « toute la famille des peuples », le pape invite à la « concertation entre les gouvernements et les organismes plus directement concernés », notamment pour ce qui est de l'entrée ou de l'éloignement forcé de l'étranger, de la jouissance des biens de la nature, de la culture et de l'art, de la science et de la technique qui doivent être accessibles à tous ».

Pour le pape, ce qui est en jeu, c'est la « promotion de la paix » dans la « phase critique que traversent actuellement les institutions internationales, engagées dans la résolution des questions cruciales de la sécurité et du développement, au profit de tous ».

« Des perspectives de cohabitation entre les peuples peuvent être offertes », encourage le pape, grâce à « l'accueil » et à « l'intégration », en offrant « la possibilité d'entrer en toute légalité, en favorisant le juste droit au regroupement familial, à l'asile et au refuge, en rétribuant les mesures restrictives nécessaires et en luttant contre le déplorable trafic des personnes ».

Ce qui est en jeu aussi c'est la conciliation à la fois de « la reconnaissance des droits de la personne » et du « principe de souveraineté nationale », qui implique « les exigences de la sécurité, de l'ordre public et du contrôle des frontières ».

Surtout, Benoît XVI insiste sur la famille. Le pape invite les Etats à « promouvoir des politiques en faveur du caractère central et de l'intégrité de la famille » et de « l'ouverture à la vie ».

L'Eglise, ajoute le pape, soutient pour cela les familles, dont le rôle est « fondamental » pour l'intégration et la rencontre entre les peuples : « L'Eglise, par l'annonce de l'Evangile du Christ, dans tous les secteurs de l'existence, s'engage en faveur non seulement de l'individu qui émigre, mais aussi de sa famille, milieu et ressource de la culture et de la vie, et facteur d'intégration des valeurs ».

Le pape a donné en exemple le témoignage du bienheureux Jean-Baptiste Scalabrini, surnommé le « père des Migrants », et dont on fête, le 1er juin prochain le 105e anniversaire de la « naissance au ciel ». Il n'est pas sans lien avec la création du Conseil pontifical pour les migrants. En effet, sur le conseil du pape Pie X, en 1901, il partit pour le Brésil. Il y rédigea un mémoire adressé au cardinal Rafael Merry del Val, secrétaire d'État de Pie X, demandant l'institution d'une « Commission centrale » pour tous les émigrés catholiques. En réponse, un « Bureau pour le soin spirituel des migrants » verra le jour. Son importance grandira progressivement et le pape Jean-Paul II en fera un dicastère en 1988.

Zenit (Anita S. Bourdin)

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Commentaires

POLYGAMES

> Le regroupement familial doit-il inclure les "familles" polygames ?
xb

[ De PP à XB - Rome admet que des "restrictions" soient nécessaires. Mais elle n'admet pas qu'on déguise en restrictions particulières (donc légitimes) une intention de rejet général. (cette contorsion est celle de soi-disant papistes, vrais xénophobes, qui s'asseoient sur cet aspect des directives romaines). Entre la permissivité aveugle et la xénophobie, affichée ou sournoise, il y a une marge. ]

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Écrit par : xb / | 29/05/2010

POUR COMPLETER

> Pour compléter la réponse de PP à XB.
Symétrique inverse des pseudo-papistes : la permissivité de ceux qui veulent à tout prix un afflux illimité de populations déracinées comme si c'était un bien en soi. Attitude discutable et même suspecte. Le déracinement n'est bon pour personne. C'est ce que l'Eglise signale entre autres.
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Écrit par : lambik / | 30/05/2010

à lambik

> Peut-être et même sans doute. Mais il y a une chose contre laquelle les postures ne peuvent rien : le désert démographique irréversible (européen) attire les peuples jeunes. Ce fut ainsi depuis l'apparition de l'homme sur la Terre.
Ne me répondez pas que si on votait pour la droite la plus à droite les naissances reprendraient : sophisme grossier qui fait rire les démographes.
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Écrit par : maksoud / | 30/05/2010

PAS SI NOMBREUSES

> Les familles polygames sont-elles si nombreuses que cela? pour entretenir plusieurs femmes (avec les enfants qu'on a eu d'elles), il faut sans doute disposer d'une certaine aisance qui n'est pas à la portée de tous. N'est-ce pas?
Si ma vision des choses n'est pas erronnée, alors le regroupement des familles polygames ne devrait pas être un problème.
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Écrit par : Blaise / | 30/05/2010

ARSENAL ETATIQUE

> @ lambik : d'ailleurs la "droite la plus à droite" comme tu dis est contre l'Etat. Et il faudrait un étatisme énorme pour ressusciter la natalité : incitations, primes, garanties de carrières, mise au pas des managers d'entreprise hostiles aux grossesses, etc, etc. Tout un arsenal à donner des infarctus aux libéraux.
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Écrit par : Fulup / | 30/05/2010

IRREVERSIBLE

> à fulup - Et en plus on n'est même pas sûrs que ça marcherait. Les déclins démographiques sont irréversibles. Voir l'empire romain. Dès l'époque d'Auguste
il y avait ce problème. On sait où ça a fini.
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Écrit par : Misia / | 30/05/2010

ANTI-DISCRIMINATION ?

> J'ai soulevé la question de la polygamie car elle me paraît révélatrice d'un problème de fond : l'Eglise catholique a une conception précise et cohérente de la famille mais ce n'est plus le cas des pays "occidentaux" et ce n'est pas non plus nécessairement le cas des populations migrantes. Avec la multiplication des "familles recomposées" (ne sont-elles pas plutôt décomposées ou déstructurées ?) mais surtout avec l'invention du "mariage homosexuel" à travers les systèmes d'union civile, le terme famille n'a plus une signification claire. Dès que l'on sort du cadre juridique de la famille monogame hétérosexuelle, toutes les "combinaisons » deviennent envisageables. C'est la raison pour laquelle la polygamie n'est plus juridiquement une aberration. La position de l'Eglise est parfaitement cohérente mais n’y a-t-il pas ambiguïté à proposer des recommandations qui s’appliqueraient à des réalités juridiques et sociales fondées sur des conceptions différentes voire incompatibles avec celle de l’Eglise ?
Prenons un autre exemple dans un domaine voisin. Dans le texte, il est fait référence aux «discriminations » contre lesquelles il faudrait lutter ; or, c’est justement en se fondant sur ce concept que le lobby homosexuel a obtenu la fermeture de centres d’adoption catholiques en Grande Bretagne car le refus de confier des enfants à des « couples » homosexuels a été présenté comme une discrimination contre ces « familles ». Dès lors que les « unions civiles » sont ouvertes aux homosexuels, la position catholique est effectivement fragilisée sur le plan juridique. Aujourd’hui l’usage du terme discrimination est devenu très dangereux ; gardons à l’esprit que, par exemple, il y a une très forte pression, au moins dans les pays anglo-saxons, pour forcer l’Eglise catholique à admettre des femmes à l’ordination, justement sur la base de la lutte contre les discriminations. En Grande Bretagne, l’accès à la prêtrise réservé aux hommes est présenté explicitement comme une dérogation (situation éminemment fragile) aux principes de non-discrimination entre hommes et femmes.
xb

[ De PP à XB - Sur la question de la "discrimination", je vous suggère un déplacement d'angle. La société matérialiste libérale est hostile au catholicisme et le sera de plus en plus (jusqu'à ce que cette société s'autodétruise) ; elle le traite déjà comme une minorité bouc émissaire. Sachant cela, cette minorité gagnera à retourner contre ladite société certains de ses outils : notamment le dogme de "l'antidiscrimination" (issu du marketing de masse). Le terme libéral de "discrimination" a sans doute fait oeuvre destructive dans le domaine éthique, mais il peut aider les croyants catholiques, s'ils apprennent à s'en servir selon la règle du jeu de la dissociété contemporaine. On commence à voir des plaintes anti-discrimination jouer en faveur des catholiques : dans l'Education nationale par exemple.
Il n'y a d'autre issue que de chevaucher le tigre. Cessons de faire comme s'il y avait encore quelque chose à conserver, et comme si nous en étions les conservateurs ! Le matérialisme libéral achèvera d'abolir les vestiges de normes anciennes qui n'étaient déjà plus que le parfum d'un vase vide ; plaçons-nous dès maintenant dans la perspective de l'APRÈS, c'est à dire du chaos. Préparons-nous à être un germe au sein de ce chaos. Toute autre attitude serait illusoire : le "conservateur" est vaincu d'avance. ]

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Écrit par : xb / | 30/05/2010

CONCRETEMENT

> A PP (à propos de la réponse au commentaire de XB) : OK, mais concrètement ? Les vestiges des normes anciennes sont peut-être le parfum d'un vase vide, mais ils restent un témoignage. S'ils disparaissent - et surtout si l'humanité retourne à l'"état de nature", comment évangéliser ? L'important sera plutôt alors de rétablir l'ordre, dans les domaines spirituel et temporel, vite et à la schlague. Et pour ce faire, l'Islam me paraît être un peu mieux armé que le christianisme...Surtout si- comme dans tout processus révolutionnaire qui se respecte - les chrétiens auront tous été exterminés avant !
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Écrit par : Feld / | 31/05/2010

PAS PEUR

> Pourquoi doit-on, dans le catholicisme, se référer constamment à cette exhortation : "N'ayez pas peur !", exhortation qui s'applique on ne peut mieux en priorité aux problématiques liées à l'immigration ? Pour une raison simple, qu'on appelle l'espérance.
La semaine dernière, nous avons entendu l'évangile évoquer l'aveugle Bartimée, délivré de sa cécité par sa foi. L'aveugle Bar-Timée (Fils de la Peur ou du Peureux) nous invite à méditer sur ce qu'engendre la peur : l'aveuglement. Dans la peur, nous sommes aveugles. C'est la foi dans le Christ sauveur qui nous rend la vue. "Va, ta foi t'a sauvé". Comme le dit PP dans son dernier message, cessons de nous crisper sur ce qu'il y aurait encore à sauver. Nous ne sauverons rien, le Christ sauvera et c'est notre espérance. Nous devons nous délivrer de ces peurs : que notre culture disparaisse, que notre Eglise disparaisse, que nous soyons persécutés, anéantis, etc... Nous ne pouvons l'ignorer, mais nous ne devons pas l'aborder dans la peur. Nous devons l'aborder dans la foi et l'espérance : ça commence en se disant qu'en suivant résolument le Christ et son Eglise dans chacune de nos actions, en particulier nos engagements politiques, en témoignant d'un amour infini même pour ceux que nous sommes tentés de considérer comme des ennemis, alors le Christ sauvera tout ce qu'il est essentiel de sauver. Et cela ne se fera pas sans nous dans la mesure où c'est précisément parce que nous n'aurons pas refusé ses enseignements que cette délivrance pourra advenir.

L'Eglise n'est pas aveugle, elle aborde les questions de l'immigration avec une lucidité incroyable, sans angélisme ni peur, mais pour le bien de tous, qu'on soit de culture et de foi chrétienne ou pas, sans jamais opposer le bien des uns au bien des autres. Telle est la vraie justice.
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Écrit par : Joël Sprung / | 31/05/2010

MANIEMENT

> deux remarques
-Le maniement de "l'antidiscrimination" est délicat. La logique antidiscriminatoire, démarrée chez nous dans les années 70 avec la loi Pleven qui autorise des associations représentant des groupes favorise le communautarisme, puisqu'elle fragmente ce qui était unifié par la notion de ministère public. Nous, catholiques, ne pourrons peut-être pas éviter le chaos, mais avons-nous le droit de participer à son accroissement en poussant à la logique communautariste, et est-ce fondamentalement dans le rôle de l’Eglise ?

-n’y a-t-il pas un certain paradoxe à dénoncer le matérialisme libéral et se résigner d’emblée à ses effets ? L’avènement de sociétés multiculturelles abouti à un monde à deux niveaux : un niveau libéral débridé pour les groupes industriels et financiers d’extension mondiale ainsi que les pour les vedettes de spectacle et du sport, un ensemble de contraintes complexes et étouffantes pour ceux que leurs activités ou leurs affections lient à un pays. Ne pas accepter cette logique, c’est peut être « conservateur » voire « populiste » mais demeure nécessaire.
Cela fait partie des germes à entretenir.
PH


[ De PP à PH - Il y a la théorie et il y a le concret inévitable. Celle-ci ne peut servir de refuge face à celui-là. On ne réfute pas la réalité ! ]

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Écrit par : Pierre Huet / | 31/05/2010

L'UTOPIE ANTI-IMMIGRATIONNISTE

> Sur le fond, certains rêvent de bloquer l'immigration alors que nous ne réussissons pas à la restreindre. Il est temps de revenir au réel. Le réel c'est que les flux migratoires sont inévitables, impossibles à maîtriser et conformes à la loi naturelle et aux droits des personnes...
Dès lors, il s'agit d'apprendre à gérer l'accueil. La répression entraîne l'illégalité et la formation de ghettos, il faut changer de perspective: ouverture des esprits, solidarité et surtout évangélisation...
Un débat intéressant sur cette question s'est engagé sur le site de liberté politique dans la rubrique: "12 mesures pour 2012, et vous, qu'en pensez vous?" N'hésitez pas à y participer...
______

Écrit par : Hubert Houliez / | 31/05/2010

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