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05/02/2010

Crise économique, écologique, etc ? Oui : parce qu'il y a malaise dans la civilisation

Excellentes analyses dans  LA DECROISSANCE  de février :


 

Dans la série des Entretiens du Pr Foldingue, cette fois c'est Marianne – la République – qui vient chez le psychanalyste. Extraits :

 

Marianne (le professeur lui a demandé pourquoi elle insultait les lecteurs de La Décroissance) :

« Qu'est-ce qui nous humanise, professeur ? »

Le professeur :

« Hélas, c'est bien souvent la souffrance. Outre le fait d'intégrer notre finitude, c'est-à-dire que nous sommes mortels. »

Marianne :

« Vous saisissez le paradoxe ? Je n'ai pas compensé les effets pervers de refoulement de la mort et de la souffrance. Résultat : je suis redevenue une ado claquemurée dans sa toute-puissance. Sauf que, comme j'ai maintenant plus de deux cents ans et que l'on ne revient pas en arrière, je ne suis pas une personne passant légitimement le moment difficile de la crise d'adolescence, non, je suis désormais une personne malade. »

Le professeur :

« Quel rapport avec les insultes ? »

Marianne :

«  J'y viens, professeur, j'y viens. Que nous disent les objecteurs de croissance ? Ils nous rappellent à notre finitude, à nos faiblesses. Vous avez essayé avec un adolescent ?  […] L'adolescent se pense immortel, tout-puissant. En lui affirmant le contraire, vous réveillez chez lui une souffrance insupportable. Vous lui rappelez qu'il va vieillir, ressembler à ses parents pour enfin mourir. Vous lui dites qu'il est faible et limité et que c'est l'intégration même de ces notions qui fera de lui un véritable adulte. Vous lui rappelez que la science ne lui permettra pas de s'affranchir de la condition humaine. Vous l'appelez à l'altérité du monde, c'est-à-dire à un inconnu définitif qui ouvre à la liberté et fonde cette condition d'humain. Pour l'adolescent symbolique, la réaction ne peut être que violente. Cette perspective est insupportable pour lui. Il vous accusera alors de tout : de douter de la toute-puissance de la science, donc d'être un réactionnaire, etc. La décroissance brise ainsi le consensus sur l'idée que la croissance peut être éternelle et le progrès infini. Elle ouvre à un inconnu qui effraie, notamment les plus couards et conformistes, comme Luc Ferry. »

Le professeur :

« D'où toutes vos calomnies aux objecteurs de croissance ! »

Marianne :

«  Vous avez compris, professeur. Car bien davantage que contre les objecteurs de croissance, c'est contre la nature et les lois de la biophysique que hurlent Eric Le Boucher, Denis Olivennes et consort. Ils ne veulent pas devenir des adultes. "Forever young, I want to be forever young" ("pour toujours jeune, je veux être pour toujours jeune") était le titre d'un tube de leur jeunesse. Ils en sont restés là. Et au-delà de ces personnalités médiatiques, moi aussi en grande partie je suis dans cette pathologie. »

Le professeur :

« Ma pauvre petite Marianne... »

Marianne :

« Ne me plaignez pas, car ce sont les autres, les habitants du sud du globe, les générations futures, qui vont payer les frais de cette irresponsabilité. » 

 

 

 

Commentaires

LA DECROISSANCE

> Ce numéro de La Décroissance apporte bien des satisfactions !
Page 2 : une charge d'enseignant contre la pédagogie IUFM et Philippe Meirieu (pilier des réformes ultralibérales du dégraisseur Allègre).
Pages 4-5, une analyse de Paul Ariès sur la récupération de la crise écologique par les tenants du système actuel, tendance autoritarisme postdémocratique.
Page 6 : dans le même sens, une page de Vincent Cheynet contre les "écocrates" du capitalisme vert.
Page 7 : une charge contre Yves Paccalet, l'ennemi "écolo" de l'humanité.
Page 8 : une charge contre Al Gore, dont la maison à Nashville consomme 20 fois l'énergie d'un foyer ordinaire américain.
Page 10-11, une remise en lumière de ce qu'est vraiment l'objection de croissance (et notamment son opposition militante au malthusianisme).
Page 16 : dix lignes anti-consuméristes et inter-religieuses de Benoît XVI (discours du 17 décembre), avec cette réflexion très pertinente du journal : "Il est rigolo d'observer les plus ardents défenseurs de 'l'Occident chrétien' brandir le pape en étendard puis vomir la décroissance, hurler contre les minarets ou réclamer le renvoi des étrangers. Cela montre bien l'usage qu'ils font de la religion."
Page 17 : une critique du film 'Avatar' à laquelle PdP (et moi) ne pouvons je pense que souscrire : "Les moyens extraordinaires mis au service d'artistes géniaux font de ce film, vu en 3D, une oeuvre aux images meveilleuses et paradisiaques. De plus, l'histoire est franchement anti-coloniale voire anti-étatsunienne. Le problème est qu'on débouche sur une morale panthéiste, rousseauiste, où la solution à la crise écologique consisterait à devenir des sortes de guerriers masaï surpuissants s'éclatant en faisant du surf sur des oiseaux géants puis, le soir venu, vouant un culte à Gaïa. On est là bien loin du culte de la fragilité, de l'humanisme et de la sensibilité des objecteurs de croissance..."
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Écrit par : Euryale / | 05/02/2010

ANIMALITAIRES

> Euryale, on a les mêmes lectures mais tu oublies sinon le meilleur en tout cas un écho remarquable, page 18 dans ce numéro de La Décroissance : écho intitulé "Animalité", à propos du trimestriel libertaire "Offensive" :
"...Hélas, dans son dernier numéro, sur 'l'animalisme', la revue saute à pieds joints dans les pièges habituels de ce type de milieu et se vautre dans l'indifférenciation (humain/nature, homme/femme ou enfant/adulte). Une régression indifférencialiste confondue, comme d'habitude, avec l'émancipation. 'Offensive' recense dans ce même numéro l'excellente réédition du livre 'Le Feu vert' de Bernard Charbonneau, qualifié d'oeuvre 'd'une rare lucidité'. Ils devraient la lire car Bernard Charbonneau met justement en garde contre toutes les théories présentées dans ce numéro..."
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Écrit par : Ned / | 05/02/2010

PLUS A GAUCHE

> S'agissant d'un journal militant plus à gauche que toute la gauche, c'est intéressant. Signe d'espoir. Les choses changent.
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Écrit par : Luc / | 05/02/2010

REVUE DE V.A.

> Le député UMP Jean-Michel Fourgous dans Valeurs Actuelles de cette semaine. Interrogé sur l’avenir incertain des finances publiques, il affirme « Le capitalisme va survivre mais l’Etat est en danger ». Arrogance ou méthode coué ? Peu après, notre distingué membre de la commission des finances décline les trois options pour résoudre la question : 1. Augmenter les impôts ? « Comme nous détenons le record des prélèvements obligatoires, ce n’est plus envisageable ». 2. Réduire la dépense publique ? Oui, mais « ce ne sera pas suffisant ». 3. La croissance ? Réponse : « Faire non pas de la croissance mais de l’hypercroissance. Sinon, avec notre niveau de déficit, on ne remontera pas la pente. On n’a plus le choix. L’Etat est affaibli, force est de constater que seule l’économie de marché peut sauver la France. » La parfaite fuite en avant de l’adolescent : plus je fais de bêtises, plus je m’empresse d’en faire d’autres pour réparer les premières. Un peu plus loin, toutefois, le député cite Einstein : « On ne peut résoudre les problèmes avec ceux qui les ont créés. » Enfin une parole de bon sens.
60 pages plus loin, Basile de Koch raconte une émission télé animée par FOG, avec Coppens, Ramadan et Marion. Le sujet : « Dieu contre Darwin ». FOG ose la question qui tue : « Comment le monde a-t-il été créé ? » Réponse du catholique Marion : « La création ? Mauvaise question, puisque nous n’aurons jamais la réponse ! » Waouh ! Une telle audace vaut bien un habit vert ! A défaut de nous dire comment, Marion aurait éventuellement pu nous dire par qui, au moins par hypothèse. Mais bon, comme la téloche n’aime pas les bonnes réponses, on n’est jamais trop prudent. Et comme le philosophe Marion n’aime pas les mauvaises questions, on ne sera pas plus avancé pour cette fois.
Bref, tout ça sent la naphtaline, autant pour un système absurde que pour sa philosophie absconse. Ce monde libéral est en train de passer. Et ce passage ne se fait pas sans souffrances, en effet. De quoi passer un bon moment sur le divan.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 05/02/2010

MARION

> Le philosophe Marion est heideggérien : "Chemins qui ne mènent nulle part". Il est peut-être taoïste : "Obscurcis l'obscur." En tout cas il est académicien : "Tous ces noms dont pas un ne mourra, que c'est beau !" ("Cyrano de Bergerac", acte 1).
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Écrit par : Ratapoil / | 05/02/2010

MAXIMUM

> L'origine de l'univers, question "sans réponse" ? Voilà le degré maximum de christianisme que tolère le système postmoderne.
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Écrit par : gallusfactus / | 05/02/2010

POURQUOI RIEN

> De mémoire, l’introduction à la métaphysique de Martin Heidemachin commence à peu près par cette question : « Pourquoi y a-t-il l’étant et non pas plutôt rien ? » Oserais-je retourner et actualiser la question avec un brin d’excès : «Pourquoi n’y a-t-il rien dans la philosophie catholique du jour et non pas plutôt quelque chose qui ressemble à la sagesse de Dieu ? » Voilà une question métaphysique et je vous avoue que je ne connais pas la réponse. Help please !
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 05/02/2010

C'est extraordinaire de penser que je suis ce que je suis et que rien ni personne n'en est la cause et la finalité! Que l'homme dans son orgueil est suffisant!
Mais non chers amis, le monde, donc moi, aie une cause et une finalité. La cause c'est DIEU et la finalité c'est DIEU. Belle explication me direz-vous?
Oui, car pour vous le dire il a fallu que je le pense et l'écrive, non ? Alors d'après vous, c'est une pensée et une écriture automatique qui a opéré ce prodige? Regardez la voute des cieux, c'est le hasard et la nécessité qui a mis en œuvre ce chef d'œuvre? De plus vous qui refusez de croire au Créateur et à la création, vous vous privez de la certitude de la mort et de la Résurrection à la suite de Notre Seigneur JÉSUS-CHRIST. Et là vous passez à côté de quelque chose qui rempli le cœur et une vie, en attente de la Vie éternelle dans le sein de DIEU! Alléluia!
Vous n'avez pas la foi, dîtes-vous? L'avez-vous seulement demandée à DIEU dans une simple prière ?
Maranatha !
Merci !
JFL
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Écrit par : Jacques-François dit Locard / | 05/02/2010

OLIVIER DE SCHUTTER ET LES CRISES ALIMENTAIRES À VENIR

> à écouter (podcaster) absolument l'excellente analyse de Olivier de Schutter , rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation à l'ONU :
depuis sa nomination en 2008, ce juriste belge [formé à l'université catholique de Louvain, successeur de Jean Ziegler] n'a cessé de parcourir la planète pour intervenir dans les enceintes internationales avec toujours cette même conviction sans cesse reformulée : des crises alimentaires sont encore à venir, rien n'a été résolu. Tandis que s'enchaînent les déclarations d'intention, du sommet de la FAO à celui de Copenhague, des sièges gouvernementaux à ceux des institutions internationales, les mêmes politiques se poursuivent, qui privilégient le commerce et l'exportation au détriment des petites agricultures vivrières, seules aptes à nourrir la planète et à endiguer l'épuisement des ressources.

http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/terre_a_terre/

Il n'est pas normal que cette émission de Ruth Stégassy, qui aborde de manière très rigoureuse de nombreux sujets communs à ce blog, soit diffusée le samedi de 7 à 8h (pourquoi pas à 3h du matin?). J'invite les lecteurs de votre blog à manifester leur mécontentement comme je l'ai fait par mail à France Culture.
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Écrit par : Frédéric Ripoll / | 06/02/2010

DANY-ROBERT DUFOUR

> Merci de m'avoir sigalé ce numéro de La Décroissance. Ce qui m'a le plus frappé c'est le débat à la fin du numéro sur "jouir et spéculer sans entraves ?", surtout l'article du philosophe Dany-Robert Dufour :

" Le libéralisme économique depuis ses origines anglaises au XVIIIe siècle est à situer dans une problématique de libération des passions et des pulsions. Il se fonde sur l'adage selon lequel la libération maximale des vices privés fait la fortune publique, c'est à dire l'accroissement général de la richesse. Le tournant ultralibéral des années 1980 a précipité le libéralisme vers un néolibéralisme qui s'appuie sur les pulsions d'avidité et de jouissance dont la crise financière est la dernière manifestation. Cette économie de l'absence totale de limites diffuse dans les sociétés un impératif de jouissance généralisé. Dans cette économie, le marché est l'idéologie et le système le plus adéquats puisqu'il propose de fournir tout objet marchand ou manufacturé&, tout fantasme produit par les industries culturelles, susceptible de satisfaire l'ensemble des appétences.
L'idéal libertaire et anti-autoritaire des années 1960 voulait sortir du capitalisme, dont on commençait alors à entrevoir les effets dévastateurs, l'emprise de la consommation sur le monde. Mais il y a eu une ruse de l'histoire. Ceux qui voulaient affronter le capitalisme de masse et patriarcal ont contribué, sans s'en apercevoir, au passage à un capitalisme désinhibé. Ce dernier allait en effet utiliser une partie de cet idéal libertaire et de ses revendications pour le transformer en un idéal libéral avec une promesse de satisfaction généralisée. Un anarcho-capitalisme allait se mettre en place, transformant le monde en d'immenses troupeaux de consommateurs. Si le libéralisme a constitué un frein aux totalitarismes du XXe siècle, il a néanmoins entrepris une destitution de l'individu critique en faveur de l'individu libidinal et purement pulsionnel...
Le sujet ultralibéral apparemment jouissant est menacé par l'addiction multiple à tous les objets. Mettant au premier plan l'amour de soi et l'instrumentalisation de l'autre, il se trouve menacé par la dépression lorsqu'il n'y arrive pas. Le marché ne peut en effet satisfaire que des appétences immédiates. Or le véritable désir ne passe pas par ma satisfaction immédiate mais par la satisfaction différée. Ce n'est pas l'objet marchand qui donne ce que l'on recherche, mais l'objet que l'on va construire soi-même : le poème que l'on écrit, le tableau que l'on va peindre, la musique que l'on va chanter ou jouer, et la pensée que l'on va construire... En passant d'une économie de la répression totale à une économie de la jouissance, nous avons oublié qu'il y avait autre chose à mettre à la place... ''

Mais il faut lire tout le débat, avec les articles de Geneviève Azam et Jean-Paul Malrieu.
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Écrit par : filosof / | 06/02/2010

NON : HUSSERL

> Marion heideggerien ? Jean-Luc Marion ? Restons sérieux, c'est un phénoménologue, donc disciple de Husserl ! Je ne le vois pas non plus ultra libéral...
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Écrit par : ld / | 06/02/2010

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