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04/02/2010

Dans Port-au-Prince se relevant de ses ruines, le collège petit séminaire poursuit son action pédagogique


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Commentaires

FAIRE CONFIANCE AUX HAITIENS

> Malgré l'ampleur des dégats la vie continue en Haïti. D'autres exemples que le petit séminaire illustrent cela : l'Institut de Sauvegarde du Patrimoine National, l'ISPAN vient de publier sa dernière newsletter où il faut un inventaire photographique, partiel, du patrimoine national détruit par le séisme. C'est une publication de grande qualité faite sur place par des historiens haitiens.
Malgré tout, les grandes institutions comme l'Eglise ou l'Etat, ont tenu le coup. L'affaire des voleurs d'enfants dénoncés par la police haitienne illustre très bien cela : on croyait l'Etat mort et le voit capable d'empecher des kidnappings et de retrouver les familles des enfants.
La reconstruction d'Haïti ne pourra se faire que si les Haitiens ont toute leur latitude d'action. Faisons leur confiance.
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Écrit par : Damien Etienne Thiriet / | 04/02/2010

LE SEISME DE 1842

Le samedi 7 mai 1842, un violent tremblement de terre que l'on considère comme la plus grande catastrophe naturelle de son histoire, frappait la République d'Haïti. Cet épouvantable séisme allait détruire toutes les villes de sa côte atlantique et anéantir en un moment, des agglomérations comme le Môle Saint-Nicolas, Port-de-Paix et Fort-Liberté. Parmi les villes touchées se trouvait aussi le Cap-Haïtien, l'ancienne capitale de Saint-Domingue qui, d'un seul coup, fut réduit en cendres.
C'était alors une cité florissante qui prospérait par son négoce maritime, une ville pleine de vie et de mouvement dominée par une classe de grands planteurs opulents et une non moins fastueuse bourgeoisie d'affaires. Juste avant la catastrophe, le Cap était encore considéré, avec New Orléans et Québec, comme l'un des trois principaux centres commerciaux et culturels de l'Amérique francophone. John Candler, l'auteur d'un Brief notices of Hayti, un ouvrage publié peu de temps avant la destruction de la ville, rapporte que le Cap lui paraissait assez semblable à Saint-Pierre de la Martinique avec 27 rues orientées d'est en ouest et coupées à angle droit par 19 autres allant du nord au sud. Candler décrit aussi les maisons, d'immenses battisses dont les rez-de-chaussé e sont
occupés par des commerces, des étables ou des entrepôts alors que les familles résident dans les deux ou trois étages supérieurs.
Dans ses Mémoires encore inédits, mais dont quelques extraits ont été publiés en 1942 grâce aux soins de son neveu, M. Elie Lambert, l'écrivain et homme d'État haïtien, Demesvar Delorme, un témoin direct de la catastrophe, parle du Cap comme d'une "ville de politesse, de manières recherchées, quintessencié es mime, raffolant du roman, du chevaleresque, aimant les épiques récits de galantes aventures, comme l'Espagne de Cervantès. Même après la chute du royaume de Christophe, le Cap-Haïtien qui disputait encore à Port-au-Prince l'hégémonie financière et intellectuelle d'Haïti, ne le cédera vraiment à sa rivale qu'après le tremblement de terre de 1842. En un moment, cette ravissante cité de pierre avec ses édifices, ses belles demeures, ses vastes entrepôts, ses riches commerces et tous ses superbes monuments coloniaux qui en faisaient le Paris de Saint-Domingue, (si finement décrit par Victor Hugo dans Bug-Jargal) se
trouvèrent anéantis. On estime généralement à cinq mille le nombre des victimes ensevelis sous les décombres, soit presque la moitie de la population de la ville.
Demesvar Delorme jouait aux billes avec son frère, lorsqu'il remarqua que certains des soldats qui défilaient lors de la parade du samedi trébuchaient et tombaient de façon assez grotesque. " Un bruit sourd. nous dit-il, un grondement lointain, lugubre, comme sortant d'un gouffre profond se fait entendre du coté de l'est. [...] Nous chancelons, mon frère et moi tombons aussi. Le mur de la caserne au nord s'ébranle et tombe presque en même temps que nous. [...] Le clocher de la cathédrale que j'avais en face se mit à balancer dans l'air, les cloches sonnant à route volée en carillon sans rythme, sinistre, un glas horrible. Le clocher s'écroule, les parties hautes les premières. Puis l'église s'abat, et toutes les maisons environnantes, et toutes les maisons que je voyais, et enfin la ville entière. Tout cela avec un bruit sans nom, grondant au milieu d'une buée épaisse sortie des murailles brisées et qui s'épaississent de plus
en plus était devenu un nuage noir, lugubre, comme ceux des grosses tempête sur mer, et bientôt sillonnée comme eux de lueurs rouges, ardentes, agitées en tous les sens".
Après la catastrophe, Delorme nous dit comment il se rendit en vitesse chez ses parents où l'on commençait à peine à se réjouir du fait que personne n'avait périt, lorsqu'un de ses oncles maternels vint aux nouvelles avec ses vêtements maculés de sang. L'oncle s'empressa de leur expliquer qu'il s'agissait du sang d'une infortunée marchande du marche communal qu'il venait d'aider à dégager des décombres après qu'elle eut reçu une poutre sur les jambes. Peu après, tous Les membres de la famine Delorme se rendaient au Champ-de-Mars. C'est sur cette grande place ou cinquante ans auparavant Sonthonax proclamait la liberté des esclaves de Saint-Domingue, qu' ils passèrent la nuit à la belle étoile pendant que les incendies faisaient rougeoyer la ville tout autour d'eux. En effet, comme le séisme était survenu à l'heure où l'on préparait le repas du soir, les feux de cuisine n'avaient pas tarde à transformer les ruines en un
immense brasier.
La population, épouvantée par les répliques intermittentes qui durèrent au-delà d'un mois, ne dormait plus que dans la rue, sur les places publiques ou encore dans l'édifice miraculeusement épargné abritant l'ancien opéra royal de Christophe. (Aujourd'hui loge maçonnique l'Haïtienne). Le petit Demesvar, il était alors âgé de 11 ans, nous dit qu'à son réveil, au lendemain du cataclysme, il vit arriver le gérant de l'habitation de ses parents sur un cabrouet tiré par des boeufs. Il venait les chercher dans cet équipage pour les conduire avec armes et bagages à la campagne ou ils allaient vivre désormais.

Un autre rescapé de la catastrophe, un jeune commerçant allemand de nom de Peter Gottlieb Buhrow, nous a, lui aussi, laissé un récit touchant de ses aventures sous la forme d'une lettre datée du 15 mai 1842 expédiée à ses parents vivant à Hambourg. Surpris dans son lit par le séisme, Buhrow (il est le fondateur de la future Maison Schutt et Co) raconte comment il est resté pendant un temps interminable enseveli sous les décombres. Après des heures d'angoisse et de souffrance, il parvient enfin, dit-il, " à ramper sur les mains à travers les décombres ne reconnaissant plus rien des lieux où j'avais habité et me retrouvant enfin sous une table de billard [..] J'arrivai enfin vers quatre heures du matin au bord de la mer où se trouvait une foule de gens dons certains priaient et d'autres pleuraient ou hurlaient de douleur du fait de leurs graves blessures. La ville est totalement en ruines et ce qui n'a pas été brûlé est
pillé. En effet, dès le premier jour apparurent des bandits de l'intérieur du pays qui dérobèrent tout ce qu'ils peuvent trouver puisque l'ordre militaire avait disparu'. En fait, pendant les jours qui suivirent, la ville sera parcourue par de sinistres bandes de pillards en maraude, de chenapans patibulaires qui remuaient les pierres, fourrageaient les ruines fumantes, dévalisant les cadavres et terrorisant les survivants qui voulaient se ménager un abri parmi les vestiges.
En plus du tremblement de terre, un raz de marée avait envahi les rues commerciales du front de mer laissant une épaisse et nauséabonde vase noire après son passage. Dans son Histoire religieuse du Cap, Mgr. Jean-Marie Jan nous apprend que " le ciel fut tellement obscurci par les tourbillons de poussière que l'on aurait dit une nuit complète. La mer se précipita sur la ville, jusque dans les maisons qui bordent le quai et se retira aussitôt, fort heureusement. [...] Durant toute la nuit, il y eut de fréquentes oscillations et de violentes commotions. Bien plus, les trépidations du sol se répétèrent chaque jour et, quelquefois, à plusieurs reprises, pendant près d'un mois ".
Le Cap-Haïtien porte aujourd'hui encore les nombreux stigmates de cet affreux tremblement de terre que par euphémisme, ses habitants appelleront "l'événement ". La cathédrale du Cap, un imposant édifice de style neo-classique, ne sera entièrement restaurée que cent ans après son écroulement, en 1942, sous le gouvernement d'Elie Lescot. Le séisme n'épargna pas la Citadelle et infligea des dommages irrémédiables au palais de Sans-Souci, dont la chapelle sera cependant fidèlement reconstruite sous l'administration de Stenio Vincent.
Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que les Capois affrontèrent seuls toutes ces grandes épreuves morales et matérielles qui les accablaient. Après "l'événement " en effet, aucun secours ne fut organisé par les autorités haïtiennes et aucune assistance ne parvint non plus de l'étranger. Il faudra attendre 1844, pour que le gouvernement haïtien, après une visite du président Philippe Guerrier, accorde cinquante mille gourdes à la ville qui serviront à reconstruire le quai et à déblayer les rues de leurs décombres. Ce n'est que vingt-cinq ans plus tard qu'une nouvelle prospérité allait permettre la lente reconstruction du Cap, mais en 1842, Haïti perdait une ville brillante, un centre économique florissant qu'elle ne retrouvera peut-être jamais tout à fait.
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Écrit par : Haïti : le précédent de 1842 / | 04/02/2010

47 RELIGIEUX MORTS DANS LE SEISME

> Près de 47 religieux - sur plus de 170 000 victimes - ont perdu la vie dans le tremblement de terre du 12 janvier à Port au Prince, capitale d'Haïti.
L'agence Fides a rendu public un rapport publié par la Conférence haïtienne des Religieux : il s'agit d'un premier bilan, encore partiel, de la situation des communautés religieuses après le séisme.
De nombreuses maisons de Congrégations religieuses ont été détruites dans le séisme, et l'on compte des pertes significatives parmi les religieux et les personnes proches des communautés.
Les Filles de Marie Reine Immaculée ont signalé la mort de deux sœurs et de 8 élèves.
Deux frères des Ecoles chrétiennes sont morts eux aussi, leurs 3 écoles et leur maison provinciale ont été détruites.
Parmi les Montfortains, on compte 11 victimes. Leur maison, une école et certaines églises ont été détruites. 6 religieuses de la même famille religieuse, la Congrégation des Filles de la Sagesse, ont perdu la vie. Un employé est également décédé, et la Congrégation a perdu ses maisons et son école.
Quatre petites sœurs de Sainte-Thérèse sont mortes dans le tremblement de terre, ainsi que 7 professeurs et 60 étudiants. 5 de leurs maisons ont été détruites. Deux petits frères de Sainte Thérèse sont morts. Ils ont aussi perdu 5 maisons.
Les Salésiens comptent 3 victimes et une école et une maison détruites. Les pères de la Sainte Croix ont signalé un mort et une maison dévastée. Les Spiritains ont quant à eux perdu un membre, leur maison et une école. Et les sœurs de Sainte Anne ont perdu une religieuse. Leur maison et leur école ont été détruites.
Le séisme a aussi causé la mort de sœur Brigitte Pierre, des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul, alors que la maison de la Congrégation a été gravement endommagé.
D'autres communautés ont perdu leur maison : les clercs de Saint Viator, les Franciscains, les Frères du Sacré Cœur, Les missionnaires oblats de Marie immaculée, les Sœurs de la charité de saint Louis, les sœurs Dominicaines de la présentation, Les religieuses de Jésus et de Marie, la société du Sacré Cœur, les Maristes, les Missionnaires de Scheut, les Missionnaires du Cœur Immaculé de Marie.
Parmi les communautés à avoir perdu une école : les Sœurs salésiennes de Don Bosco, les Frères du Sacré Cœur, les Sœurs de Saint François d'Assise, les Sœurs de Saint Joseph de Cluny, les Missionnaires de l'Immaculée Conception et les sœurs de la Charité de saint Hyacinthe.
Les Sœurs du Christ Marie Alphonse ont aussi perdu un orphelinat et une école.
Selon des données de 2004, l'archidiocèse de Port-au-Prince comptait 2,5 millions de catholiques, soit 74% de la population. Port-au-Prince comptait 277 prêtres, 387 religieux et 1 200 religieuses.
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Écrit par : Luça / | 04/02/2010

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