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04/02/2010

Comment le business dénature l'écologie : le cas du bio dans les hypermarchés

L'UFC-Que Choisir appelle les consommateurs à faire pression sur les pouvoirs publics :


 

Enquête UFC-Que Choisir : les produits biologiques vendus par les enseignes sous leur propre marque coûtent en moyenne 57% de plus que les marques de distributeur ordinaires. Le boom du bio en France a aiguisé les appétits prédateurs : la grande distribution réalise aujourd'hui 42% des ventes de ces produits, déclassant ainsi les chaînes de détaillants verts (Biocoop, Naturalia, La Vie Claire, réduits à un piètre 27 %). L'emprise des hypers sur le bio aboutit fatalement à dénaturer ce domaine. C'est un aspect du greenwashing du marketing de masse, imposture qui se déploie aujourd'hui sous le masque de l'écologie : une extension du domaine d'un système économique qui est, en dernière instance, la cause du saccage de la planète... et l'adversaire de l'écologie.

 

 

communiqué

Prix du bio en grandes surfaces :

l'UFC-Que Choisir demande des comptes  

Alors que le Grenelle de l'Environnement ambitionne de développer l'agriculture biologique, l'enquête réalisée par les associations locales de l'UFC-Que Choisir dans 1624 magasins et publiée aujourd'hui, démontre que s'approvisionner en «bio » dans les grandes surfaces reste hors d'atteinte pour la plupart des consommateurs. Outre le faible nombre de produits proposés, c'est surtout le prix qui rend ces produits inaccessibles. Le panier de produits bio à marques de distributeurs (MDD) est 22 % plus cher que le panier de marques nationales conventionnelles. Pire, il est 57 % plus cher que le panier de MDD non bio.

Certes, une partie de cet écart est justifiée. L'agriculture biologique s'interdisant l'usage d'engrais et de pesticides de synthèse, le rendement moindre qui en découle rend les productions biologiques plus chères. Dans le cas particulier des produits transformés, les fabricants des filières bio mettent en avant la qualité de leurs recettes intégrant moins d'additifs et plus d'ingrédients nobles, ce qui a également pour effet de renchérir le prix.

Mais il n'en reste pas moins que d'autres raisons expliquant ces écarts sont en revanche inadmissibles. Au stade de la production agricole, le montant des aides de la PAC est historiquement lié au rendement à l'hectare, ce qui avantage les modes d'exploitations intensifs au détriment des producteurs biologiques, obligés de vendre plus chers pour équilibrer leur budget. La grande distribution contribue également à renchérir les fruits et légumes Bio. Alors que la marge est en moyenne de 50 centimes d'euro pour les pommes standard*(1), elle atteint 1,09 euros pour les pommes Bio*(2). Quant aux carottes, leur marge passe de 80 centimes en conventionnel1 à 1,33 euros pour le Bio*(2) !

Le marché des produits biologiques ne doit pas rester un marché de niche, réservé aux ménages les plus aisés, il faut le démocratiser ! En effet, l'objectif de tripler les surfaces cultivées en bio défini par le Grenelle de l'environnement, ne pourra être atteint que s'il est relayé par une augmentation parallèle de la demande des consommateurs.

A cet effet, l'UFC-Que Choisir exige :

- un calcul plus équitable des aides de la PAC, permettant un rééquilibrage des aides en faveur des exploitations en agriculture biologique.

- que la grande distribution rende le 'bio' accessible au plus grand nombre, en augmentant le nombre de références en rayon et en appliquant les mêmes marges que celles qu'elle applique aux produits conventionnels.

- que l'Observatoire des Prix et des Marges éclaire la formation du prix des produits biologiques.



*(1) : Marges moyennes de la grande distribution, pour les fruits et légumes, calculées par l'Observatoire des prix et des marges pour la période d'octobre 2010.

*(2) : Différence entre la cotation de Rungis donnée par le Service des Nouvelles des Marchés pour la période d'octobre 2010 et les prix moyens relevés par nos enquêteurs dans les rayons de la grande distribution.

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13:25 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écologie

Commentaires

SANS INTERMEDIAIRE

> Quelques réflexions du café du Commerce, le bien nommé :
Il paraît qu'il faut au moins sept ans à une terre pour être débarrassée de tous engrais, pesticides et autres (la norme officielle est de deux ans?)
En bio la demande est supérieure à l'offre.
Il y a quelques années, Que Choisir avait fait une enquête sur les carottes : les bio étaient plus "chargées" que les normales. D'autre part, les agriculteurs calculent au centime près, ils ne vont donc pas ajouter plus d'engrais ou de pesticides (autorisés) contrairement aux petits maraîchers ou aux amateurs qui auront tendance à trop traiter ?
Au marché il faut déjà se méfier, alors la grande distribution, n'en parlons pas, surtout si elle double ses profits.
Conclusion : même en sortant du café du Commerce je n'achète jamais de bio parce que cela me paraît encore incontrôlable, mais j'en mange souvent (du jardin à la cuisine sans intermédiaire)
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Écrit par : abyssus / | 04/02/2010

TOUT DE MEME MOINS CHER

> Il faut pourtant noter que, pour les gens disposant d'un petit portefeuille, le bio des grandes surfaces est beaucoup moins cher que celui des chaînes dédiées. Malheureusement. C'est l'éternelle logique perverse de la grande distribution : personne n'a envie d'y aller, mais beaucoup y sont forcés (moi, par exemple).
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Écrit par : JG / | 04/02/2010

à Abyssus,

> il ne faut cependant pas oublier que faire l'effort de privilégier le bio, sans nécessairement que cela représente 100% de notre panier, n'a pas pour seule finalité de consommer des produits de qualité qui ne renferment pas de substances nuisibles à notre santé. Cela a également pour vertu d'encourager très concrètement cette filière, avec toutes les conséquences positives que cela peut avoir in fine, par le moyen de notre propre demande. N'"acheter jamais de bio parce que cela [nous] paraît encore incontrôlable" me paraît relever d'un attentisme qui ne fait que retarder la conversion écologique de notre système de production et de consommation. C'est une chance que vous puissiez cultiver vos propres fruits et légumes "bio" mais souvenez-vous que tout le monde n'a pas la chance d'avoir un potager ni même un jardin !
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Écrit par : Thomas / | 04/02/2010

DE PLUS EN PLUS

A noter tout de même que des enseignes discount comme ED, Aldi, Dia, offrent de plus en plus de produits de base issus de l'agriculture biologique.
Autre chose aussi, lorsque j'achète ces produits, je constate qu'il y a moins de gaspillage. Le prix, une certaine notion de sacré, un goût plus agréable ? Je n'ai plus d'aliments qui dépérissent au fond du réfrigérateur. A prix égal, le choix de ma famille se porte sur une cuisine simple et bio, plutôt que sur des plats plus élaborés et préparés industriellement qui sont très coûteux.
Bien sûr, je n'ai pas les moyens du "tout bio" mais je dilue...
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Écrit par : passage / | 06/02/2010

> privilégier oeufs, farines (ou pain), salades, citrons, légumes secs...

Écrit par : bbaldo / | 16/02/2010

Les commentaires sont fermés.