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30/01/2010

Nouveau rapprochement entre catholiques et orthodoxes : cette fois, avec l'Eglise serbe

2008-03-03T152757Z_01_NOOTR_RTRIDSP_2_OFRWR-KOSOVO-SERBES-BOYCOTT-20080303.jpg...et c'est significatif :


 

Le patriarche Irénée, élu chef de l'Eglise orthodoxe serbe le 22 janvier, invite le pape Benoît XVI à une rencontre œcuménique en 2013, à Niš, ville natale de l'empereur Constantin, pour solenniser ensemble le 1700ème anniversaire de l'Edit de Milan qui établit la liberté religieuse dans l'Empire romain.

Selon le patriarche, la visite du pape en Serbie « pourrait être l'occasion pour nos Eglises d'établir un premier contact et, avec un peu de chance, de continuer ces contacts et d'entreprendre un nouveau chemin ». il a ajouté : « Ce nouveau chemin devrait être chrétien et sincère, avec le désir de constituer une unique Eglise du Christ ». Irénée a fait cette déclaration devant les journalistes : autre nouveauté historique, aucun patriarche serbe n'ayant jamais tenu de conférence de presse jusqu'à présent.

« Nous accueillons avec une grande joie cette très encourageante nouvelle », commente le jésuite Federico Lombardi (directeur du bureau de presse du Saint-Siège) : on doit y voir, explique-t-il, « un signe ».

Signe frappant d'un nouveau rapprochement entre les orthodoxes et l'Eglise catholique « latine »...

D'autant plus frappant qu'il y avait dans la mémoire des Serbes, à l'encontre de Rome, un antique grief national aggravé par les deux guerres mondiales. Depuis 1914, l'Eglise catholique – liée à la monarchie austro-hongroise – était perçue comme une ennemie à Belgrade. Perception encore aggravée en 1941-1945, quand la Croatie catholique était sous la coupe du régime d'Ante Pavelić, installé par Hitler, qui commit des atrocités contre les populations serbes et juives tout en affichant un pervers « national-catholicisme ». Naquit de cela une cathophobie serbe que le régime communiste de Belgrade utilisa pendant quarante-cinq ans, et qui rejaillit pendant les guerres de la dislocation post-yougoslave... (Non sans injustice de la part des Serbes, Jean-Paul II ayant demandé un cessez-le-feu aux Occidentaux également).

De cette mémoire, l'Eglise orthodoxe semblait devoir être la gardienne à tout jamais. J'avais moi-même cette impression en parlant avec les paroissiens serbes de l'église parisienne Saint-Sava, rue du Simplon, durant les bombardements américains sur Belgrade en 1999...

On mesure ainsi le pas en avant que représente le geste du nouveau patriarche serbe invitant le chef de l'Eglise catholique à venir à Niš célébrer les racines communes. Une détente à mettre à l'actif aussi de Benoît XVI, décidément le plus oecuménique des papes...

Et une libération des esprits tournant la page sur les infamies du XXe siècle ! 

L'Evangile nous libère tous du passé.

 

20:37 Publié dans Oecuménisme | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : christianisme

Commentaires

DU COURAGE

> Deo gratias ! Il fallait beaucoup de courage de la part du patriarche. En Serbie, le Vatican est plutôt mal vu ; on a interprété comme une provocation la béatification par Jean-Paul II d'un prélat compromis dans le régime fasciste oustachi (le cardinal Stepinac). Les Serbes s'imaginent aussi qu'il a soutenu les catholiques croates contre les orthodoxes dans les années 1990. Mais Benoît XVI bénéficie lui d'un préjugé favorable car il a refusé de reconnaître l'indépendance du Kosovo, terre sacrée pour les Serbes.
L'orthodoxie et le catholicisme sont tous les deux aux prises avec le matérialisme et la sécularisation rampants. Une rencontre en souvenir de l'édit de Milan tombe à pic. Ce qui nous unit est plus fort que les blessures mutuelles ! "Que tous soient un" !
Jovanovic


[ De PP à J. - Le cas Stepinac est significatif. Croate, il a commencé par entériner la création du soi-disant "Etat indépendant" en 1941. Mais, chrétien, il a pris très vite position contre les atrocités du régime oustachi. Cf wikipedia :
" Mgr Stepinac commença à appeler les responsables gouvernementaux à arrêter la persécution des juifs et des autres peuples[1]. Il en parla avec la direction des Oustachis après qu'il fut connu qu'ils étaient responsables des camps de concentration de Jasenovac et de Stara Gradiška. Ses lettres incluaient des appels pour faire la différence entre les gens qui étaient accusés d'être personnellement responsables d'infractions et ceux qui étaient racialement identifiés ou juste détenus en tant que "otages" ; il adressa des requêtes pour que diverses exceptions soient faites pour les gens mariés et pour les gens qui se convertissaient au catholicisme. Il utilisa également la chaire des églises pour condamner publiquement le génocide à l'encontre des minorités ethniques qui étaient poursuivies.
Il déclara lors d'une homélie, le 24 octobre 1942 : "Tous les hommes et toutes les races sont des enfants de Dieu ; tous sans distinction. Ceux qui sont Gitans, Noirs, Européens ou Aryens ont le même droit de dire Notre père qui êtes aux cieux. Pour cette raison, l'Église catholique a toujours condamné, et condamne toujours, toute injustice et violence au nom des théories de classe, de race ou de nationalité. Il n'est pas possible de persécuter les Gitans et les Juifs parce qu'ils sont supposés être de race inférieure". (Alain Finkielkraut Mgr Stepinac et les deux douleurs de l'Europe, Le Monde du 07/10/1998).
Le Dr. Amiel Shomrony, alias Emil Schwartz, secrétaire personnel de Miroslav Šalom Freiberger, grand rabbin de Zagreb jusqu'à en 1942, a déclaré ultérieurement qu'il considérait que Mgr Stepinac avait fait de son mieux pour les Juifs pendant la Guerre.
Les Oustachis menaient une politique de conversion forcée des Serbes orthodoxes au catholicisme, volet de la politique de persécution à l'encontre des indésirables au point qu'en 1941, l'évêque de Mostar, Alojzije Misic, "épouvanté par la violence des oustachis dans son diocèse, il interdit à son clergé de donner l'absolution à quiconque avait participé à des massacres de Serbes et, dès l'arrivée de Pavelic au pouvoir, il dénonça à Stepinac "le règne du carnage" qui venait de s'instaurer en Croatie. "Les hommes sont égorgés, assassinés, jetés vivants du haut des falaises, écrivait-il. Dans la ville de Mostar elle-même, ils ont été attachés par centaines, emmenés dans des wagons et tués comme des bêtes." (Alain Finkielkraut Mgr Stepinac et les deux douleurs de l'Europe, Le Monde du 07/10/1998).
Mgr Stepinac dénonce le gouvernement oustachi pour la persécution des Serbes. "Dès avril 1941, l'archevêque de Zagreb a protesté contre la législation antiserbe et antijuive promulguée par le régime" (Alain Finkielkraut Le Monde du 07/10/1998) [2]. " ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Jovanovic / | 30/01/2010

> C'est une très bonne nouvelle !
______

Écrit par : Jean-Claude / | 30/01/2010

UN ECHO DE MOSCOU ?

> On ne souligne pas assez comment Milosevic, pour maintenir son pouvoir postcommuniste, a joué des pires ressorts du nationalisme, en particulier en assujettissant la religion "nationale" (orthodoxe) à la politique qu'il menait. Le péché de l'orthodoxie a toujours été le nationalisme (le monde latin a d'autres péchés). Donc la démarche actuelle du patriarche Irénée est une grande innovation. Est-ce un écho de l'évolution de Moscou ?
______

Écrit par : G. Filpouche / | 31/01/2010

PRIER

> Tout ce qui va dans le sens de l'unité des chrétiens est toujours une bonne nouvelle.
Seulement, il ne faut pas se voiler la face, le chemin sera long avant qu'une vraie réconciliation se produise au niveau du peuple lui-même.
Dans un premier temps, unissons-nous dans la prière ! DIEU n'est jamais insensible quand les hommes, ses fils, font des efforts pour justifier le nom de fils de DIEU, et ainsi, le rendre crédible.
Maranatha !
Merci !

JFL

Écrit par : Jacques-François dit Locard / | 31/01/2010

RUE DU SIMPLON

> Excellente nouvelle ! Et une sympathique allusion à la rue du Simplon, quartier serbe de Paris non loin de la porte de Clignancourt. J'ai découvert cette rue un jour de fête des Rameaux dont la date collait avec notre Pâques. Ce ne sont pas moins que deux épiceries, une librairie, un bar et un restau qui sont 100% serbes. Et bien sur, il y a Saint-Sava.
______

Écrit par : Damien Etienne Thiriet / | 01/02/2010

GRAND ESPOIR

> bientôt le fruit sera tellement mur, qu'il tombera tout seul dans la main; les positions théologiques qui nous séparent encore ont pour une grande part, été débattues entre les deux confessions.
Restait la place et le rôle de l'évêque de Rome, où les seules références qui autorisent les débats, sont les années du premier millénaire !
on peut raisonnablement penser que ces riches années, permettront de trouver l'expression favorable d'une unité enfin retrouvé. C'est justement ce thème "du rôle de l'évêque de Rome" qui fut récemment débattu à Chypre, et qui le sera encore demain dans la ville du cardinal Schonborn; quand tout aura été débattu, dans la paix et l'amitié en Christ, quand enfin l'orthodoxie vivra son grand concile panorthodoxe, alors je crois que l'unité se réalisera. J'ai un grand espoir pour ce temps là; c'est mon souhait le plus cher pour l'Eglise d'ailleurs, mais Père que Ta Volonté soit faite, non la mienne pour ce qui concerne le jour.
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Écrit par : jean christian / | 02/02/2010

INVERSER LA PERSPECTIVE ?

> Il y a quelques mois, Mgr Aillet a posé la question de savoir dans quelle mesure la communauté de foi et les éléments d’accord existant sur la primauté de Pierre (en quelque sorte une reconnaissance encore limitée et incomplète) avec les orthodoxes ne suffisaient pas à affirmer déjà la communion. Quant aux points théologiques encore en suspens, son hypothèse était la suivante : ne serait-il pas plus simple d’en discuter une fois la communion affirmée plutôt que de faire de leur résolution complète un préalable à la communion ? Question : ne nous imposons-nous pas des exigences trop élevées dans le dialogue avec les orthodoxes ? La fin du plus grand schisme de l’histoire ne procurerait-elle pas des avantages bien plus importants que l’inconvénient de voir certains points encore imparfaits, sachant que l’unité de la foi est sauve ? N’y a-t-il pas ici matière à plus de souplesse ? La théologie est faite pour la foi et non la foi pour la théologie… Ceci est à réfléchir.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 02/02/2010

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