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27/01/2010

Les scientifiques aussi sont sous l'empire de l'Argent

L'esprit de ce temps parasite le médical et la recherche, comme il parasite le reste et notamment l'économie réelle :


 

Ne nous arrêtons pas aux effets. Ce qui compte, ce sont les causes. Ainsi l'esprit de casino qui s'est emparé de tous les milieux sociaux depuis dix ans ; de tous les milieux, y compris ceux qui avaient une réputation de désintéressement : les chercheurs scientifiques. Trois sujets de polémique en six mois sont venus illustrer ce problème : la partialité dont on accuse des comités d'experts de la Commission européenne en faveur de l'industrie biotechnologique agro-alimentaire (les OGM) ; le bidonnage de chercheurs indiens sur la fonte de l'Himalaya, pour capter des crédits ; et maintenant les liens entre l'OMS et l'industrie pharmaceutique, révélés dans l'affaire de la grippe A.

On se tromperait en isolant chacun de ces trois dossiers pour lui faire dire ce que l'on souhaite : que la construction européenne serait mauvaise en soi, ou que le réchauffement climatique n'existerait pas scientifiquement, ou que l'OMS financerait un complot mondialiste. Trois inepties.

Sur ces trois dossiers, que dit la réalité ? Que les scientifiques aussi sont contaminés par le délire de l'argent. Ce n'est pas eux la cause du problème. C'est lui. La folie du lucre (les moeurs de casino du capitalisme tardif : l'esprit « prends l'oseille et tire-toi ») parasite le médical, comme elle parasite tout le reste et notamment l'économie réelle. C'est ce qu'on avait envie de dire à Nicolas Sarkozy lundi soir pendant son numéro d'hypnotiseur : quand on a vu des patrons de PME françaises robustes vendre à des aventuriers ou délocaliser (sans autre raison que le lucre), et ruiner ainsi des régions entières, on est pris de scepticisme sur la capacité du système à fonctionner honorablement. L'argent est sans foi ni loi. Seul le politique parvenait plus ou moins à le tenir en respect ; le politique s'étant jovialement sabordé il y a vingt ans en faveur de l'argent, celui-ci peut piétiner le monde. Jusqu'à quel niveau de désastre ? Jusqu'à la prochaine crise, celle qui fera crouler le système sur la tête des hommes.

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10:38 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : grippe a

Commentaires

L'ABANDON DE LA RECHERCHE FONDAMENTALE

> J'ajouterais aussi que du fait de l'abandon quasi-complet de la recherche fondamentale qui consiste à n'avoir aucun but de retombées économiques, les chercheurs se mettent à agir comme des moutons. En effet, ils se retrouvent à tous devoir chercher dans la même direction sous peine de ne pas obtenir de financement. Et c'est le pouvoir de décision de dispersion des fonds qui est de plus en plus concentré et pyramidal qui produit cet effet. Un exemple de conséquence de cette erreur grave que de concentrer ce pouvoir de décision dans la recherche : j'ai un ami dont le sujet de thèse était très en vogue quand il a commencé ses recherches, et beaucoup de moyens et d'embauches en ont découlé par souci de vite en venir à l'applicabilité et la rentabilité. Seulement durant sa thèse, un des groupes de cette communauté nouvellement née a démontré que le but d'applicabilité était inatteignable... et hop des millions engloutis, des thésards qui se retrouvent avec un sujet dans lequel plus personne n'a d'intérêt, et les big chiefs qui sans scrupules trouvent un autre cheval de bataille le lendemain. Alors qu'en prenant son temps, en cherchant dans plusieurs directions, en laissant l'évidence venir peu à peu vers le chercheur, je pense que sur le long terme, la recherche n'en serait que meilleure et la connaissance plus profonde.

Écrit par : guillaume, | 27/01/2010

ET LA PROPAGANDE ANTINATALE

> Il faudrait aussi ouvrir le cas des entreprises qui produisent des préservatifs ou des médicaments anti-contraceptifs largement diffusés, notamment dans le Tiers-Monde, et qui permet à ces entreprises de récupérer la quasi totalité des fonds des Nations-Unies ou autres consacrés à la diffusion de la contraception et à la prévention du Sida. Il faudrait aussi s'interroger sur le rôle de ces entreprises dans les campagnes médiatiques enragées contre l'Eglise sur ces questions.
BH


[De PP à BH - Plaignons les incohérents, qui se plaignent de la propagande antinatale sans admettre qu'elle vient directement du système économique que par ailleurs ils défendent. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : B.H., | 27/01/2010

CONSTRUIRE UN AUTRE MONDE

> Le Christ nous avait prévenu pourtant... "Méfiez-vous de l'Argent trompeur". "On ne peut à la fois servir Dieu et l'Argent". Si cela peut au moins nous rendre un peu plus humbles...
Et cela nous montre l'urgence d'inventer (ou plutôt de construire, je n'aime pas ce que le mot "inventer" traîne d'idéalisme irréaliste) un autre monde : une autre manière d'envisager les relations de toutes sortes que la relation marchande. Il y a du pain sur la planche...

Écrit par : Pema, | 27/01/2010

LE PLUS ETONNANT

> Les scientifiques ne sont pas des surhommes, ils sont sensibles à l'air du temps. Ce n'est pas uniquement pour de l'argent que des scientifiques peuvent s'arranger avec la vérité (l'orgueil, la vanité peuvent également amener au mensonge ). A mon avis le plus étonnant est que par leur métier les scientifiques devraient avoir un rapport plus intime avec la vérité et sa recherche. Dans toutes ces affaires, je vois plutôt un manque de morale. La fin (préserver les budgets de recherche, ou un salaire) justifiant les moyens (mensonges).
L'autre point qui mérite réflexion est la tendance du politique à fonder des décisions lourdes de conséquences sur des avis scientifiques, qui sans être complètement faux sont incomplets ou manipulés par des lobbyistes (celui qui paye le scientifiques). Non seulement, le politique ne fait plus rempart au règne de l'argent, mais il ne sait même plus discerner ce qui relève de l'intérêt général et de l'intérêt particulier.
Concernant l'affaire de la fonte de l'Himalaya, je pense tout de même que cela fait du tort par ricochet au GIEC et que cela jette la suspicion sur ses conclusions. En effet comme le laboratoire indien, le GIEC vit de crédits qui lui ont été alloués au départ pour répondre aux trois questions suivantes :
• Existe-t-il un réchauffement climatique global ?
• Est-il d'origine humaine ?
• Il y a-t-il un impact régional du réchauffement climatique global ?
Si le GIEC répond non à l'une de ces question c'est la fin des recherches du GIEC et des financements qui les accompagnent. Cela peut constituer une raison suffisante pour certains scientifiques de bidonner ou d'arranger les résultats obtenus.
BC


[ De PP à BC - Ne rejoignons pas la campagne de désinformation montée par les industries lourdes, en faisant comme si le bidonnage himalayen (portant qui plus est sur un problème secondaire) annulait une masse d'observations parfaitement vérifiées et accumulées depuis des années !
Le bidonnage du carbone 14 (qui, lui, portait sur l'essentiel du problème) annule-t-il la masse des observations des experts sur le Linceul de Turin ?
En matière de sciences, une donnée ne saurait annuler l'ensemble des autres. L'Himalaya recule moins vite qu'on ne l'a prétendu ? Mais le Pôle, quand à lui, fond indiscutablement : et c'est un effet indiscutable du changement climatique ! Ne perdons pas le nord, si j'ose dire.
Et ne nous évertuons pas à donner tort au pape, qui ne perd jamais une occasion de rappeler les pays riches à leur responsabilité (ô combien "anthropique") envers l'environnement... ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : BC, | 27/01/2010

> Bravo ! je suis catho et je suis de tout coeur avec vous ...
JCG

Écrit par : iwjcg, | 27/01/2010

À QUOI SE RAMÈNE EN FAIT LAFFAIRE DE L'HIMALAYA

> Non en effet, ne pas gonfler l'enjeu de cette affaire, et ne pas se laisser impressionner par les petits perroquets du climatonégationnisme, dont les références "scientifiques" habituelles sont beaucoup plus déficientes que la faute des Indiens ! (Se rappeler la honte dont ont été convaincus plusieurs ténors du négationnisme au cours des dernières années, pour des rapports grossièrement faux et des chiffres truqués).
L'affaire de l'Himalaya est lamentable, mais voici à quoi elle se ramène en fait :

" Après l'échec de la conférence de Copenhague, fin décembre 2009, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est épinglé pour une erreur commise dans son dernier rapport (2007). Le groupe de chercheurs, chargés par les Nations unies de synthétiser les connaissances sur le changement climatique, y annonçait que les glaciers himalayens, châteaux d'eau de l'Asie, pourraient avoir presque complètement disparu en 2035. Or cette estimation, fausse, ne repose pas sur des travaux scientifiques dûment publiés.Révélée dimanche 17 janvier par The Sunday Times, l'affaire alimente depuis la chronique - principalement dans la presse anglo-saxonne. Et a contraint le GIEC à déclencher une enquête sur l'origine de la bourde.
Celle-ci tient en une phrase, à la 493e des 976 pages que compte le deuxième volet ("Impacts, adaptation et vulnérabilités") du rapport du GIEC : "Dans l'Himalaya, les glaciers se retirent plus vite que dans toute autre partie du monde et, si les taux de retrait se maintiennent, la probabilité est très élevée de les voir disparaître en 2035 et peut-être plus tôt, si la Terre continue à se réchauffer au rythme actuel." Mais, "dans cette phrase, prévient Christian Vincent, du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement, à Grenoble, tout est faux".
Sa provenance est indiquée dans le texte : le GIEC renvoie à un rapport de 2005 du WWF (Fonds mondial pour la nature), la célèbre ONG de protection de la nature. Or, dit le climatologue Hervé Le Treut (Institut Pierre-Simon-Laplace), l'un des auteurs du GIEC, "si un chiffre se retrouve dans un rapport du GIEC sans avoir été publié et soumis au processus de "peer review" (expertise préalable à une publication dans une revue à comité de lecture), c'est une erreur".
Non seulement le chiffre cité ne provient pas d'une étude scientifique, mais le rapport de l'ONG sur lequel s'appuie le GIEC ne se fonde pas non plus sur des travaux sérieux. En lieu et place d'une étude menée dans les formes, le WWF citait ainsi un article de presse de 1999, publié dans l'hebdomadaire américain New Scientist. Article dans lequel un chercheur interrogé par le journaliste mentionnait la date de 2035 comme une bonne estimation de la disparition des glaciers himalayens.
La date de 2035 n'a sans doute pas été complètement inventée. Chistian Vincent mentionne ainsi l'existence d'un rapport, publié en 1996, à la demande de l'Unesco, par le glaciologue russe Vladimir Kotlyakov. Dans ce texte, l'auteur estimait qu'en 2350, la surface des glaciers aux latitudes moyennes se serait dramatiquement réduite, leur couverture passant de 500 000 km2 aujourd'hui à quelque 100 000 km2. Une telle réduction scellant la quasi-disparition des glaciers asiatiques. De 2035 à 2350, il y a, au choix, un peu plus de trois siècles ou une petite coquille...
"Cette erreur doit être ramenée à sa juste mesure, tempère M. Le Treut. D'abord, elle ne change rien au fond du problème. Et il s'agit d'une erreur, sur plusieurs centaines de pages !" Pages dont la prose est, de plus, d'une extrême densité. De plus, le Résumé à l'intention des décideurs - document de quelques feuillets résumant le rapport et qui est remis aux décideurs politiques - ne citait pas la date de 2035. Preuve, s'il en fallait, que l'erreur relève de la simple négligence, non de la volonté de tromper. En outre, dit Jean Jouzel, membre du GIEC, elle a été commise par les auteurs du deuxième volet du rapport (qui évalue les risques locaux), "qui sont spécialistes d'enjeux régionaux, et pas des aspects purement scientifiques" - les sciences climatiques stricto sensu relevant des auteurs du premier volet.
Quant aux glaciers himalayens, explique M. Vincent, qui travaille sur le sujet, "on dispose de très peu d'informations sur eux". "On sait qu'ils sont en retrait continu depuis le milieu du XIXe siècle, mais nous avons très peu de longues séries de mesures suffisamment précises pour avoir une vision nette et globale de leur avenir à l'échelle de quelques décennies."
(Stéphane Foucart, Le Monde, 21 janvier).

Écrit par : à quoi se ramène en fait l'affaire de ll'Himalaya, | 27/01/2010

QUI VEUT BRULER LE GIEC, ET POURQUOI

http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/28/la-pression-monte-autour-des-experts-du-climat_1298001_3244.html
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Écrit par : Qui veut brûler le GIEC / | 30/01/2010

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