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29/12/2009

Sondage sur les catholiques français et leur pratique : très mauvais chiffres... "Panne du dimanche" ? Non : panne de la foi

D'où une leçon urgente :


 

« La France reste catholique, mais moins pratiquante » : titre de l'enquête Ifop dans La Croix d'hier. Sur 131 141 personnes interrogées, 4,5 % seulement disent aller à l'église chaque dimanche, et 15 % « régulièrement » (une fois par mois). « La France est le pays où la pratique dominicale est le plus en baisse », constate l'historien Denis Pelletier. D'autre part, le catholicisme français paraît quelque peu enlisé actuellement dans le sociologique et l'identitaire :

- chez les pratiquants, les paroisses des quartiers favorisés sont celles qui gardent un haut niveau de fréquentation, mais cela souligne le surpoids des milieux aisés dans le catholicisme français contemporain ;

- chez les non-pratiquants : a) leur participation épisodique à des actes religieux se réduit au rituel familial (naissances-mariages-enterrements),  ce qui la mène d'ailleurs à se défaire avec la famille dans notre société ; b) leur vague référence « catholique » ne parle pas de foi, mais renvoie à d'approximatives « racines chrétiennes » auxquelles 54 % des non-pratiquants se disent attachés sans qu'on voie à quoi ils pensent. (Dans certains cas il se pourrait que la référence « chrétienne » ne soit qu'une façon de se situer par rapport aux musulmans). En tout état de cause, parler de « racines chrétiennes » en l'absence de foi religieuse est une posture muséographique, à la merci des récupérations partisanes séculières. [1]

Cette relative évaporation du contenu de la foi chrétienne, constatée par de nombreuses études, force à se demander ce que veulent dire des formules comme « la France reste catholique », ou « l'identité catholique ». Selon un quotidien, « la présence à l'église le dimanche n'est plus le critère de l'appartenance religieuse... Les deux courbes de l'identité catholique et de la pratique dominicale se sont complètement disjointes. »  Mais peut-il y avoir une identité catholique en dehors de l'eucharistie ? Dès l'aube du christianisme, le chrétien est l'homme (ou la femme) qui tient par dessus tout à prendre part à l'eucharistie dominicale. Peut-on appeler « chrétien » celui qui pourrait y prendre part – mais qui choisit, par indifférence, de rester chez lui ? Celui-là peut penser tout le bien qu'il voudra des « racines chrétiennes de la France » : cette opinion sur le passé ne fait pas de lui un chrétien.

Une grande partie des catholiques non pratiquants (et même – d'après les sondages – certains pratiquants) n'adhèrent pas aux articles de foi du Credo, voire doutent de l'existence de Dieu. On ne devrait donc pas s'étonner de leur absence à la messe. On ne devrait pas non plus affirmer qu'une « nouvelle manière de vivre l'identité catholique » se dessine... alors qu'il s'agit d'une dissolution de la foi chrétienne dans l'air du temps d'une époque matérialiste mercantile, comme le montrent les analyses de Jean-Paul II et de Benoît XVI sur la crise de la foi dans les pays riches.

En présence de cette « panne de foi », l'urgence pour les catholiques n'est pas de scander des slogans (genre « le catholicisme s'accomplit en se dissolvant » – ou, à l'opposé, « la France est catholique depuis Clovis »). L'urgence est d'ouvrir le catéchisme et de l'étudier crayon en main. Il n'y a pas de christianisme sans foi, ni de foi sans connaissance ! Première lettre de saint Jean : « Et voici comment nous pouvons savoir que nous Le connaissons : c'est en gardant ses commandements. Celui qui dit "je Le connais", et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur ; la vérité n'est pas en lui. » On ne peut se dire chrétien sans connaître les commandements du Christ. Encore faut-il admettre qu'Il a donné des commandements (par exemple celui de l'eucharistie) ; et ne pas se bricoler un christianisme vide en disant que c'est un progrès.

 

__________

[1]  Selon le sens donné à la notion d'identité, le thème de « l'identité chrétienne » (s'il est séparé de la foi) est politiquement récupérable par la droite ou par l'extrême droite. La droite joue l'air des « racines chrétiennes » aux catholiques, en période électorale, sans que cela se traduise jamais dans l'action des gouvernements sur les questions de société. L'extrême droite, sourde aux appels du pape contre la xénophobie, veut faire croire que l'identité chrétienne (universelle par définition) est compatible avec l'ethnicisme. -

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16:25 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : christianisme

Commentaires

AU QUEBEC AUSSI

> Je viens de lire le sondage sur le site de La Croix, juste avant de voir votre nouvel article. Effectivement, et ici au Québec le phénomène est le même depuis une quarantaine d'année, il y a une dilution de la pratique qui accompagne la dissolution de la foi. Nos chiffres ne sont pas tellement différents et le débat identitaire existe ici aussi. À preuve, la fameuse commission Bouchard-Taylor tenue récemment.
Sur un plan élargi, ce phénomène de dissociation de la pratique et du credo, qui aboutit à des situations cocasses (!) où l'on voit des gens se réclamant d'un catholicisme ad-hoc maison et individualisé, affirmer qu'ils croient à la réincarnation, aux "anges" (entendre "être merveilleux demi-dieux à notre service" sans rapport au Dieu trinitaire) etc...
L'étape suivante n'est pas loin, en fait elle pointe déjà son hideuse tête ... c'est la haine pure et simple de l'Église catholique.
Pour certains, qui sont simplement critiques de l'institution (comme le site Vie Rurale), on se réclame encore de la Foi, mais en condamnant sans jugement l'Église institutionnelle. Pour ceux-là, qui sont encore croyants, la perte de la pratique est là. Viendra ensuite la perte du bénéfice des grâces - surtout celle de l'eucharistie - et de la foi. Voir
http://www.la-vie-rurale.ca/contenu/12181
Rien de nouveau, rien qui n'ait pas été annoncé. Je lisais hier soir le testament spirituel de l'Abbé Franz Stock. Vous me permettrez de citer deux paragraphes :
"- Plus la crise est profonde, plus les fondements mêmes de l'existence humaine sont remis en question, plus cette crise affecte aussi le corps de l'Église. Et aujourd'hui, beaucoup de choses sont en train de disparaître ou d'éclater. Il n'y a plus rien de solide et de sûr autour de nous. Les croyances ancestrales, les valeurs auxquelles nous étions attachés s'évanouissent et les hypothèses les plus bizarres trouvent des adeptes.
- Dans de telles circonstances, il serait étonnant que l'Eglise humaine et incarnée restât comme une oasis reposante au bord d'une commune désagrégation. Ce qu'elle a de divin et éternel restera intact, mais nous lui verrons sans doute perdre ce qui en elle est seulement humain."
Pour le reste, voir
http://www.franz-stock.org/index.php?option=com_content&view=article&id=78%3Aansprache-am-2-jahrestag-der-seminargruendung&catid=34%3Astock&Itemid=1〈=fr
Prémonitoire, pourrait-on dire...
Je ne suis aucunement découragé car la Providence continue de mener cette barque au port.

Écrit par : Jean-Paul Viaud, | 29/12/2009

POSTCHRETIENS

> Bien dit. Nous n'avons plus le choix : soit nous flattons des personnes qui n'ont pas grand chose à faire de l'Eglise et du Christ, en sachant que de toutes façons, elles feront défaut au moindre vent contraire, soit nous prenons le courage de redécouvrir le radicalisme de notre religion. Ca fera sans doute tomber les post-chrétiens de l'arbre, mais comme disait Padre Pio :" Nous ne sommes pas tenus de nous abstenir de pratiquer le bien pour éviter de scandaliser les pharisiens".
GT

[ De PP à GT - Merci pour votre ps. ]

Écrit par : Gilles Texier, | 29/12/2009

CE QU'ILS OUBLIENT DE DIRE

> Terrible mais c'est la réalité ! ce qui me désole le plus dans ces chiffres c'est la désaffection des catégories populaires alors que nos cathos des années 60 nous proposaient soi disant les recettes pour les réconcilier avec l'Eglise, face à ce résultat on notera que nos bon cathos de progrès ont trouvé un ou des coupables: la faute à la restauration jean-paulienne qui a brisé l'élan. Ce qu'ils oublient de dire c'est que sans Jean-Paul II et les communautés nouvelles le catholicisme serait encore plus moribond!
Il faudrait aussi qu'un jour il y a ait une étude pour étudier de près les lieux de culte qui remplissent plus que la moyenne et on verrait que la variable sociale n'est pas la seule à prendre en compte.
Quand on parle du Christ le dimanche les gens reviennent, quand on commente le JT ils partent!

Écrit par : jean-claude, | 29/12/2009

à Jean-Claude,

> Ce qu'ils oublient aussi de dire, c'est que la désertification des églises fut le constat d'échec de la pseudo-liturgie imposée dans les années 1970 : non le rite de Paul VI en lui-même, bien sûr, mais ce qui fut fait en son nom et en le mutilant...
Sans même faire le procès (spirituel et artistique) de cette mutilation, il suffit de regarder les faits : le renouvellement des générations dans les paroisses a cessé de s'opérer lorsque s'est éteinte la dernière génération ayant suivi ce qu'on appelait antérieurement "le devoir dominical". Les générations suivantes appartenaient déjà au monde d'aujourd'hui : celui où il n'y a plus de devoir mais seulement l'individu et ses choix personnels. Pour choisir, il faut une motivation. Pour choisir d'aller à la messe le dimanche, la motivation s'appelle "foi religieuse". La raréfaction des pratiquants à partir de la fin des années 1980 s'explique par l'évaporation de la foi.
Ne nous racontons plus d'histoires, arrêtons de prétendre que les milieux cathos officieux des années 1980 ont "pris en compte la complexité des mentalités et du monde", etc ! Ils ont tout bonnement laissé la foi s'évaporer, en n'assurant plus la transmission de la connaissance religieuse. Se rappeler le tollé, dans l'Hexagone, contre le catéchisme de Jean-Paul II... Les sinistres farceurs des seventies-eighties prétendaient agir au nom de la modernité nouvelle ; en fait ils n'y comprenaient rien et en restaient aux utopies socialisantes de la période précédente. S'ils avaient "senti" le monde hyper-individualiste qui arrivait, et s'ils avaient sincèrement voulu le bien du catholicisme (au lieu de vouloir in petto sa disparition), ils auraient mis le paquet sur la formation religieuse des individus, sur la transmission des connaissances de la foi à chaque personne... Au lieu de ça ils ont fait le contraire : supprimer toute transmission du savoir, notamment auprès des enfants, suivant le modèle grégaire des pédagogues de l'EN, utopie ringarde dont on voit le résultat à l'école en 2009.
Voilà pourquoi il faut tout reprendre à zéro maintenant, dans le domaine religieux comme dans les autres. Commencer par remettre en lumière le contenu de la foi catholique...

Écrit par : PP, | 29/12/2009

DESACCORD

> Je voudrais rebondir sur ce que dit Jean-Claude, ainsi que sur la réponse de PP.
Je ne pense pas que la réponse à cette crise religieuse passe uniquement par une remise en lumière de la foi catholique. Bien sûr, clarification et explications sont toujours nécessaires. Mais des connaissances théologiques ne suffisent pas à donner la foi. Ce qu'il faut, c'est donner le goût de la vraie rencontre avec Dieu. Il n'y a pas de foi s'il y a du vague, il n'y en a pas non plus s'il n'y a que du contenu doctrinal. Or la rencontre avec Dieu ne se transmet pas, elle se vit personnellement. Donc, avant d'en arriver au devoir dominical, l'"individualisme" (mais dans son sens le plus noble) joue un rôle certain dans l'adhésion à une foi. Combien de familles où les parents ont transmis un bon contenu doctrinal mais où les enfants n'ont pas vécu cette rencontre avec Dieu, et, ne l'ayant pas vécu personnellement, ont déserté l'église, n'ayant comme souvenir du catholicisme que l'obligation dominicale et les batailles qui l'accompagnaient! À l'inverse, quand une société annonce 90% de catholiques, je suis curieuse de savoir qui est vraiment croyant et pour qui catholique est une étiquette socio-culturelle. Que savons-nous de la foi des générations qui nous ont précédées? N'y avait-il pas une sorte de conformisme ou d'obligation qui pesait sur la pratique religieuse, du moins dans certains milieux?
À Jean-Claude: j'attends que "mon" curé me parle du Christ ET du 20h, qu'il me montre comment, avec les textes du jour, je peux vivre une foi incarnée dans le monde dans lequel je vis, sans rien renier de ma foi chrétienne, mais sans tomber dans le "cachez ce monde que je ne saurais voir". S'il me parle d'une religion hors du monde, alors je vais commencé à me dire qu'il a raté quelque chose (et notamment au mystère de la Nativité).
Mahaut


[ De PP à M. - Vous savez que ce blog et ceux qui le lisent ne sont absolument pas des "hors-du-monde", ni des conservateurs.
Ne nous faites donc pas dire ce que nous ne disons pas : notamment que la solution serait une formation "purement doctrinale", concept dénué de sens dans le christianisme catholique qui n'est pas une gnose mais la rencontre avec Jésus-Christ.
Seulement cette rencontre postule un travail d'approfondissement : étude de la Parole.
Ce n'est pas moi qui le dis, mais saint Jean et saint Paul.
Sinon illuminisme, et finalement dérapage hors du chemin du Christ ! Le passé en fourmille d'exemples. Et le désert religieux français en 2009 est le dernier exemple en date.
On ne peut pas justifier le démantèlement objectif de la catholicité française qui fut opéré durant les deux décennies 1970-1980. Certes il fallait tout changer, mais pas tout bousiller... Or la France passa d'un extrême dans l'autre : d'une religiosité conformiste (peu éclairée) à un refus pur et simple de transmettre la foi (au nom de l'utopie spontanéiste). Comme dit saint Paul, comment connaître le Christ si personne ne l'annonce ? Les résultats furent palpables au bout de quelques années à peine, et Joseph Ratzinger les critiquait dès la fin de la décennie 70. Une action se juge à ses résultats, non à la cote médiatique de ses promoteurs... Ce qui serait insoutenable en 2010, ce serait de continuer à dire comme en 1970-1980 : "pour être avec le monde, il faut sortir du sanctuaire" ; dialectique idiote puisque spirituel et charnel sont inséparables pour un catholique.
ps - Sur l'individuel, Mahaut, vous dites en fait la même chose que moi ! Il n'y a pas de désaccord. Mais je reproche justement à l'utopie cathogallicane "progressiste" des seventies d'être restée grégaire, ce qui explique sa déconnection d'avec la génération individualiste qui a suivi (déconnection flagrante, les faits le montrent).]

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Écrit par : Mahaut, | 29/12/2009

Pour PP

> je partage votre constat et je le partage d'autant plus que j'avais cessé toute pratique suite à ces innovations pédagogiques, vous avez raison de souligner le parallèle entre ces innovations pastorales et celles de l'école pour une raison simple: les gens qui les mettaient en place étaient souvent issus de la même matrice, Mérieu est un catho dit de progrès!
Ce qui est consternant c'est de ne pas avoir compris qu'en suivant les idées du monde, en s'y moulant, la foi ne résisterait pas : surtout que dès cette époque on rentrait dans l'ère de la consommation de masse et du tout marketing... De fait les cathos de progrès ont été les plus grands alliés de cette société, des mutins de panurge comme souvent. Le plus grave aussi a été cette destruction systématique des pratiques populaires de la foi : parler de pèlerinage à l'époque c'était un gros mot. Il faut donc tout reconstruire et revenir à l'essentiel mais cela sera difficile tant nous manquent à la fois les pasteurs et les fidèles!
JC


[ De PP à JC :
- En ce temps-là, le courageux et profond combat du dominicain Serge Bonnet pour la religion populaire lui valut d'être ostracisé par ses frères...
- Les pasteurs manquent de moins en moins. Quant aux fidèles, à nous de les aider à se multiplier. ]

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Écrit par : jean-claude, | 29/12/2009

L'EUCHARISTIE

> Qu'est-ce-que l'Eucharistie dominicale? Nous sommes passés en France d'une pratique "stérile" en ce sens que nous ne vivions pas la messe comme le lieu de ressourcement à partir duquel toutes les dimensions de notre quotidien attendaient d'être irriguées(travail, vie sociale, familiale, politique, artistique et intellectuelle,...), mais comme un devoir d'une heure qui, une fois accompli dans les règles, nous donnait bonne conscience pour le restant de la semaine, à une désertion de la pratique en pensant retrouver dans le quotidien le Christ que nous refusions de rencontrer personnellement et communautairement expressément le dimanche.
Pour résumer: 1- il faut aller à la Source. 2- il faut à partir de cette Source ouvrir tous nos champs de vie pour qu'elle les irrigue.
Le drame aujourd'hui, c'est que le mot "catholique" n'est plus qu'une étiquette, coupée de la vie réelle des gens. Que font-ils le dimanche? ls se retrouvent en famille. Très bien. Cette vie de famille est de moins en moins habitée de l'esprit chrétien, hormis la dimension rituelle(baptême-communions-sépulture, éventuellement mariage).Ils font du sport. Tout-à-fait louable. Il y a longtemps que le sport, pourtant mis en valeur par de nombreux chrétiens, notamment via les patronages, non seulement ne transmet plus une approche chrétienne du corps, de la santé, du jeu (hormis dans le scoutisme!),mais des contre-valeurs: dopage, idolâtrie de l'argent, du luxe et de la gloire. Enfin ils regardent la télé ou vont sur internet: pourquoi pas?.Mais là plus encore opposition totale entre le son de cloche des médias et celui de leur clocher!Ce que je veux dire c'est qu'il faut, après nous être ressourcés, aller les retrouver là où sont les hommes d'aujourd'hui,et s'intéressser vraiment, se faire partie prenante de leur vie pour y amener Jésus.Ils croient que leur vie n'intéresse ni l'Eglise ni Dieu, mais pour beaucoup ils n'ont pas d'hostilité, pas d'opposition de principe! Ayant découvert le sport tardivement, j'y montre une passion de "convertie", et j'aime en parler autour de moi. L'occasion de beaux échanges. En me mettant à aller à la messe en courant,(d'abord parce que j'en avais le désir!), j'avais conscience d'ouvrir un petit passage dans ce mur invisible entre les deux mondes du sport dominical et de la pratique sacramentelle. De fait des gens non pratiquants, non croyants, m'interrogent maintenant tous les lundis,et peut-être un jour ou l'autre certains se joindront-ils à moi.Mais oui, si le sport est important pour vous, si le tunning, le foot,le jardinage ou la country vous passionnent, cela intéresse aussi l'Eglise! La preuve? Voyez le compliment de Benoît XVI à l'intention des...Simpsons'!

Écrit par : Josnin, | 29/12/2009

SOCIOLOGIE

1. J’aurais tendance à mettre en garde contre une vision trop « spiritualiste » de la religion où serait seule digne d’intérêt la démarche spirituelle liée à l’adhésion personnelle à la foi. Dire que cela est premier est une chose, en conclure qu’il n’y a rien en dehors de cela en est une autre. La religion catholique est par nature communautaire : recevoir le baptême fait entrer dans la communauté. Elle a une dimension sociale éminente, rappelée fort à propos par Lubac. Rappelons-nous aussi le discours du pape aux bernardins : le « quaerere Deum » (chercher Dieu) conduit, de manière incidente (c’est-à-dire sans l’avoir expressément recherché), à créer une culture qui imprègne progressivement l’ordre social. Et qui dit culture dit histoire, racines etc. À partir de là, si le « quaerere Deum » régresse, l’imprégnation dans l’ordre social et dans la culture régresse. Mais ce n’est sans doute pas une raison pour en éradiquer, au non d’un « repartir de zéro » ou d’une « radicalité de la foi » ce qu’il en reste. En bref, attention à ne pas « jeter le bébé avec l’eau du bain ». Au nom de la « radicalité » et de la cohérence de la foi, on en vient aujourd’hui à s’interroger sur l’accès aux sacrements (notamment baptême et mariage) pour ceux qui sont dans une démarche principalement familiale, culturelle et sociologique. Je crains que cette idée, qui court dans les milieux dits « conservateurs », ne soit une fausse bonne idée. J’aurais tendance à penser que ce qui reste de dimension sociale (et qui demeure significatif) demeure un allié plutôt qu’un ennemi, même si je comprends l’argument de « ne pas brader les sacrements ».
2. Attention aussi, à mon avis, à l’idée « la rencontre avec Dieu ne se transmet pas, elle se vit personnellement » ( Cf. commentaire de Mahaut). Je dirais : Oui, elle se transmet ; et oui elle se vit personnellement dans un cadre communautaire. On vit personnellement un don qu’on a reçu de Dieu par la médiation de sa famille et/ou de l’Eglise. Elle se transmet dans l’éducation, elle se transmet par le savoir : le catéchisme reçu donne accès à un contenu objectif et à l’intelligence de ce contenu. Education et savoir sont à mon avis déterminants. Comme toute vertu, la piété s'éduque par l’exemple et par la règle ; c’est ce qu’on a oublié ces derniers temps. Récemment, ma dernière fille de 5 ans m’a dit qu’elle n’avait pas envie d’aller à la messe et m’a demandé si on était obligé d’y aller. Je lui ai répondu : « papa va à la messe le dimanche même quand il n’a pas envie parce que oui, on est obligé. » Elle a eu l’information qu’elle cherchait.
3. La surreprésentation d’un certain milieu social dans les paroisses est réelle, principalement en milieu urbain. Sa raison est assez simple. Le milieu social en question a gardé une culture de la transmission : culture, racines, histoire, savoir, rites familiaux, habitudes sociologiques, prééminence de la religion dans la culture familiale. Cet emballage favorise la transmission de la foi, même si ce n’est pas automatique. Mais aujourd'hui, s’il n’y a pas de contenu surnaturel dans l’emballage, ça ne marche plus. Et si on jette l’emballage en prétendant ne s’attacher qu’au contenu, le contenu vole au vent. Regardons les statistiques sur l’origine des séminaristes, produites par le service national des vocations, c’est instructif : le profil type c’est famille nombreuse (moyenne 4 enfants), catholique pratiquante, CSP+, papa profession supérieure, maman au foyer, scoutisme, service de l’autel, etc. (et football bien sûr, ce qui est à mon sens décisif !)
http://vocations.cef.fr/IMG/pdf/synthese_3_pages__site_.pdf

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 29/12/2009

à G. de Prémare

> Non, l'idée de radicalité de la foi ne court pas dans les milieux conservateurs, c'est le contraire : les conservateurs préfèrent un athée de droite à un chrétien de gauche ! Et ils ne survalorisent pas du tout la démarche individuelle de rencontre avec le Christ, à laquelle ils préfèrent le ritualisme organisé le plus formalisé possible. Or la rencontre avec le Christ est essentielle, pardon, même pour des catholiques ! Quand je le dis je ne veux pas dire "extase" ni même "effusion de l'esprit" façon pentecôtistes ; on rencontre le Christ à travers l'Ecriture ou le bréviaire catholique aussi bien, et bien sûr et surtout les sacrements.
A part cela, je ne comprends pas pourquoi tant de catholiques (et ici même certains) s'énervent quand ils entendent parler de la primauté de la rencontre personnelle avec le Christ. Décidément il y a un vieux juridisme romain mal liquidé qui empêche d'être de plain-pied avec ce siècle.

Écrit par : Ribo, | 29/12/2009

@ à PP

> En fait, nous ne sommes pas si en désaccord que ça. Je réagissais par rapport à votre phrase "l'urgence est d'étudier le catéchisme": j'aurais plutôt dit "l'urgence est de revenir à la Bible, au sens profond et vrai de l'Incarnation, de la Passion et de la Résurrection, et après seulement on parlera du catéchisme et de ce qui fait que nous sommes catholiques et pas protestants".
En revanche, sur les années 1970-1980, je ne suis pas vraiment d'accord avec vous. J'ai bien connu les milieux progressistes de ma ville et de ma région, la rencontre avec le Christ n'était pas galvaudée ni reléguée au second plan. Mes reproches ne porteraient pas sur ce point-là;

@ Guillaume de Prémare. Cela va peut-être vous surprendre, mais, bien qu'ayant été élevés par des parents "progressistes", nous avons également été "traînés" à la messe le dimanche à coup de "on y va, c'est comme ça, ça ne se discute pas." Ça n'a pas donné d'excellents résultats sur le plan de la foi personnelle à l'âge adulte, et ceux qui sont aujourd'hui croyants et pratiquants ont redécouvert tous seuls, si j'ose dire, le sens de la messe et de la pratique religieuse; au contraire, nous avons tous eu une période de trop-plein, comme si les "il faut" de nos parents respectifs nous avaient dégoûtés de la foi par ses aspects formalistes. J'ajouterais également cette expérience: une adolescente de mon entourage ne voulait plus aller à la messe, malgré les exhortations de ses parents. Elle a exprimé récemment le souhait d'y retourner, après avoir reçu comme cadeau le manga "Le Messie". Les voies du Seigneur sont impénétrables.
Mahaut

[ De PP à M. - Nous sommes d'accord au fond. Notre seule différence porte sur deux réalités parallèles qui ont coexisté : d'une part les croyants "progressistes" dont vous parlez, ceux dont on ne saurait mettre en doute la foi ; mais aussi, d'autre part, le puissant courant qui a influencé longtemps les médias chrétiens et qui jetait le doute sur l'inspiration des Ecritures, l'historicité du Christ, la légitimité de l'Eglise, etc : tout ça au nom du "social", comme si le social n'était pas directement le fruit de la foi dans la Révélation, en Eglise !
A ce propos, vous opposez "catéchisme" et "Bible et mystères de la Rédemption". J'en déduis que le 'Catéchisme de l'Eglise catholique' de Jean-Paul II ne vous est pas très familier... Etudiez-le, vous verrez que c'est une mine de références scripturaires et théologiques, une admirable mise en perspective des mystères (la structure de ce catéchisme est organisée autour d'eux) ; en fait, un développement très riche et pédagogique du kérygme. Pas du tout un recueil de questions-réponses sèches comme autrefois. Je maintiens ce que je disais : si tous les catholiques connaissaient ce trésor, certains ne répondraient pas n'importe quoi aux journalistes sur le parvis des églises ! Au lieu de (mal) juger publiquement sa foi et son Eglise, mieux vaut les (bien) connaître. C'est ce qu'un écrivain catholique connu a dû expliquer à des religieuses, il y a deux ou trois ans, en découvrant - en vente dans leur librairie ! - les oeuvres de Prieur et Mordillat...
ps/ Notez que j'insiste ailleurs sur le rôle irremplaçable de la rencontre personnelle avec le Christ, et que d'autres interlocuteurs me reprochent ce "spiritualisme" ! Ce qui prouve seulement que l'on ne peut pas tout dire dans la même phrase, et qu'il faut beaucoup de discussion pour évoquer les divers aspects d'un problème. ]

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Écrit par : Mahaut, | 29/12/2009

PAS LA SEULE DIMENSION

> Je pense,Ribo, que vous ne m'avez pas vraiment lu ou alors je me suis bien mal exprimé, ce qui m'arrive. "Primauté de la rencontre personnelle avec le Christ", bien évidemment oui je souscris. Mon propos était simplement de dire que cette dimension première n'est pas la seule digne d'intérêt et qu'il serait abusif de considérer qu'il n'existerait rien d'intéressant en dehors d'elle. Etant entendu que le sujet de la discussion était précisément les aspects sociologiques et culturels de la religion, j'ai simplement souligné qu'il fallait les consisérer parce que c'est une dimension naturelle de la religion, même si elle est seconde et "incidente" selon le terme utilisé par le pape aux bernardins.
Quant à la notion de "conservateurs", je regrette de l'avoir utilisée car elle n'apporte rien à mon propos et elle peut être avantageusement supprimée de ma phrase (qu'elle semble malheureusement, à vous lire, avoir "vampirisée" dans son entier). Je suis nul en étiquettes, je ne sais pas ce que cela recouvre et je me garderais de définir ce genre de choses qui n'ont, à mon avis, aucune espèce d'intérêt. Je voulais aborder un sujet autrement plus important que ces vieilles histoires d'étiquettes qui ne respectent pas les personnes puisqu'elles les réduisent à des caricatures politico-épidermiques dignes de Plantu. Je voulais donc aborder la question capitale de l'accès aux sacrements de baptême et de mariage des personnes qui les demandent par tradition familiale mais sans réel engagement de foi. On entend de plus en plus qu'il faut cesser de distribuer largement ces sacrements. Sans avoir d'opinion définitive à ce sujet, je m'interroge sur les conséquences qu'auraient une telle orientation pastorale. Voilà une vraie question qui est de plain-pied avec le siècle.

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 30/12/2009

EUCHARISTIE

> ..."des commandements (par exemple celui de l'eucharistie)"
Je ne comprends pas !
Eucharistie veut dire "action de grâce (en grec moderne "eucharisto" veut dire "merci").
Quel rapport avec un "commandement" ?
MG


[ PP à MG - "Faites ceci en mémoire de moi". Ce n'est pas un commandement ? Il fonde toute la suite de l'histoire ecclésiale, pour tous les acteurs du mystère eucharistique. Il fonde entre autres la ferveur dominicale des premiers chrétiens. Par ailleurs commandement et amour sont synonymes dans l'Evangile : "quel est le plus grand de tous les commandements", etc. Il serait vain de chercher à opposer ces deux notions.]

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Écrit par : Michel de Guibert, | 30/12/2009

à Mahaut

> Pourquoi opposer la rencontre personnelle et la formation intellectuelle ? Je ne comprends pas cette attitude, les deux aspects sont aussi importants l'un que l'autre et se complètent.
Imaginons que je rencontre une jeune fille mirobolante, le coup de foudre, je cherche à la connaître, je réfléchis un minimum (!) avant de l'épouser, je ne reste pas sur ce "shoot" vaguement ébouriffant, purement émotionnel, qui ne resterait que passager.
De la même manière, quand je dissèque une œuvre d'art, quand j'étudie à fond un sujet, cet intellectualisme aride ne me suffit pas : j'ai besoin de mettre un peu de chaleur humaine là-dedans et je vais chercher à découvrir la personne qui est derrière, voire à la rencontrer personnellement.
Pour le Christ et la Foi, cela me paraît similaire. Untel peut faire une rencontre fulgurante avec le Christ et va se plonger dans l'étude par la suite ; un autre, par curiosité intellectuelle, va étudier la Bible, devenir expert en droit canonique, un exégète célèbre, et un jour se dire que finalement, si tout cela était vrai, ce serait pas mal...
Qu'importe le premier pas, s'il est du cœur ou du cerveau. Tous les chemins sont possibles, mais pour bien marcher, en équilibre et sans trop tomber, il faut les deux jambes.

Écrit par : PMalo, | 30/12/2009

à Guillaume de Prémare,

> Cette affaire du sacrement de mariage est en effet un débat. Le cas de l'enterrement est différent (c'est l'occasion pour le prêtre - s'il existe et s'il est là - de parler du sens de l'existence à une foule de gens qui n'ont presque jamais de contact avec l'Eglise). Mais dans le cas du mariage... Bénir l'union de gens indifférents à la foi, et qui auront divorcé trois ans après... Et entre temps ils auront pu répondre aux journalistes et aux sondeurs, en tant que "catholiques mariés à l'église", et on imagine ce qu'ils auront raconté sur le christianisme dont ils ignorent à peu près tout... Et ce sera incorpporé à de pompeuses études de sociologie, qui permettront à mes confrères et consoeurs d'écrire dans leurs journaux que "l'identité catholique est en voie de recomposition au prisme de la recherche individuelle d'aujourd'hui", etc...
Je ne propose pas de solution, ce n'est pas mon métier. Mais je reconnais que le problème se pose.

Écrit par : PP, | 30/12/2009

à PP

> Je suis de votre avis d'autant plus que je me suis mariée à l'église et que j'ai "été divorcée" cinq ans après. Mon ex n'avait aucune religion. Nous nous étions mariés à l'église parce que les familles y tenaient. Je suis certaine aujourd'hui que le mariage catholique (définitif) n'est vivable que pour des gens ayant la foi surnaturelle. Réfléchissez : il a été inventé à une époque où les femmes mouraient en couches. L'homme était marié deux ou trois fois dans son existence pour cette raison. Aujourd'hui les femmes ne meurent plus en couches et le mariage définitif dure... toute la vie ! Il faut de solides raisons religieuses souvent pour tenir malgré cette longue durée.

Écrit par : Nati, | 30/12/2009

ATTENTION AU DESENCHANTEMENT

> En effet, Mahaut, il n’y a pas de recette automatique et l’on voit des expériences diverses. Beaucoup de facteurs entrent en compte, dont bien évidemment l’environnement : nos ados ont-ils des relations d’amitié forte avec d’autres ados qui vont à la messe ou sont-ils isolés ? Ont-ils l’occasion de vivre en dehors de la famille des activités et/ou des temps forts qui édifient leur foi (scoutisme, camps de jeunes, Frat’, MEJ, Lourdes, Paray ou autre…) ? Le père de famille emmène-t-il ses ados se confesser avant chaque grande fête ? J’insiste beaucoup auprès de mes contemporains qui comme moi éduquent des ados sur le fait que l’éducation à la liberté intérieure passe aussi par la règle et l’obéissance. Donc rester ferme sur le dimanche : c’est sacré le dimanche, les enfants sont tout à fait capables de le comprendre. Rester ferme sur le dimanche, c’est par exemple lever les ados le dimanche matin pour aller à la messe même quand il y a eu messe de mariage la veille et qu’on s’est couché à 3h du mat’. Ce n’est pas du formalisme rigide, c’est un effort important et l’effort construit le caractère et la personnalité. Et je dis aux mamans qui sont souvent seules à batailler : c’est le job des papas, exigez cela d’eux, soyez beaucoup plus exigeantes avec vos maris sur leur responsabilité de dire et faire respecter la loi. Vos maris vous doivent cela et doivent cela à leurs enfants en justice et en charité. Sans cela, les mamans s’épuisent et leur crédibilité s’effondre progressivement. Je vous assure que les familles qui procèdent ainsi y arrivent bien souvent. Et parfois, il y a des vocations à la clé. Mais pour que ça marche, il faut une cohérence, notamment mener une vie sobre, promouvoir une « joyeuse austérité », éradiquer de l’ambiance familiale le matérialisme, le mercantilisme, l’idolâtrie de la réussite et des études brillantes à tout prix. Et par-dessus tout prier pour ses enfants, beaucoup prier, chaque jour sans relâche…
Ma conviction est qu’il n’y a aucune fatalité à la chute de la pratique religieuse. Ne sombrons pas dans le désenchantement parce que pendant quelques décennies les choses se compliquent. « Nous sommes à un temps de l’histoire », rappelait le cardinal 23 juste après l’assemblée de Lourdes.
Une petite histoire souriante pour illustrer cela :
Un évêque reçoit son presbyterium. Les prêtres expriment leur détresse : « la caté c’est la cata », « on confirme des jeunes et ils ne sont pas à la messe le dimanche suivant », « on prépare des adultes pendant trois ans et la moitié d’entre eux ne pratique plus dans les deux ans », « mes quêtes ont baissé de 30 % », « mes paroissiens ne sont jamais contents » etc.
Devant ces plaintes et complaintes, l’évêque sourit et répond sereinement : « Ô ne vous inquiétez pas pour si peu, tout cela ira beaucoup mieux dans… 2 ou 3 mille ans ! »
Bonne année 2010 à tous et merci à PP de nous avoir laissé toute cette liberté de parole pendant toute cette année 2009 !

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 30/12/2009

LE MODE DE VIE

> Le problème n'est pas le catéchisme ou l'éducation à la foi. C'est le mode de vie moderne. Quelle cohérence intellectuelle pour le chrétien pratiquant qui travaille chaque jour au bon fonctionnement de la société totalitaire marchande ? Aller à la messe n'a aucun sens, si le reste de la semaine on célèbre, par son travail et sa consommation, le culte de la matière, de l'argent-roi.
La déchristianisation n'est pas un processus dû à l'ignorance ou l'abêtissement. C'est la conséquence normale du changement de paradigme civilisationnel qui a eu lieu il y a deux siècles. A partir du moment où on décide que le bonheur n'est plus dans la présence de Dieu, mais dans le progrès scientifique et technique, dans l'accumulation de prothèses technologiques, dans la noyade dans une culture hors-sol, pourquoi venir s'étonner que les gens ne croient plus ? Nous tuons Dieu chaque jour par nos comportement robotisés et égoïstes, pourquoi continuer à aller à la messe ? La pratique n'a plus de sens, dans la cité moderne. La messe est devenue une vitrine sociologique, un geste identitaire interchangeable.
Car, il faudra bien le dire, être chrétien est une manière d'être, une ascèse, un rapport particulier au monde, fondamentalement incompatible avec le travail moderne et la consommation. La modernité a fabriqué une société où il est impossible d'être chrétien. Tant que nous ne brûlerons pas les symboles de notre aliénation qui défigurent la maison du Père, (l'argent, les usines, les banques...) nous ne serons que des esclaves qui tentent de se croire libre. Et nous serons de moins en moins nombreux.
Un jeune


[ De PP au J. :
- Partiellement d'accord avec vous. Cependant :
- une révolution consiste, non à brûier des symboles, mais à changer un système ;
- nous n'avons pas parlé ici d' "abêtissement" (notion non chrétienne) mais d' "ignorance" (du contenu et des implications de la foi) ;
- cette ignorance de masse n'est pas le fait du hasard ni de la mauvaise volonté : elle est l'un des effets mécaniques de la société matérialiste mercantile, dont vous parlez vous-même dans votre commentaire ;
- l'ignorantisme contemporain ne s'applique donc pas seulement au domaine religieux ; cf la coupure de transmission culturelle et le naufrage scolaire des pays riches. Donc la situation appelle, en réplique, "l'éducation à la foi", le catéchisme etc : ayez conscience que c'est indispensable.
- N'embellissez pas le passé antérieur à la révolution industrielle. Le christianisme français tombe gravement malade au XVIIIe siècle, et le virus est apparu au XVIIe... ]

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Écrit par : Un jeune, | 30/12/2009

NE PLUS BAPTISER ?

> En effet PP, le mariage est un grave problème. Et le baptême aussi : quand on fait baptiser un enfant, on professe la foi de l'Eglise et on s'engage (parents, parrain et marraine) à éduquer son enfant dans cette foi. Certains curés ont commencé à "refuser" (ou différer) des baptêmes. La presse en a parlé : "L'Eglise refuse les sacrements".
Mettre les personnes davantage devant leurs responsabilités (exposer explicitement et sans détours les responsabilités du mariage chrétien et celles liées au baptême) oui c'est urgent et ça commence à se faire plus fermement ; en revanche si on applique à la lettre le droit canon, il faut reconnaître qu'on ne va plus baptiser et marier grand monde. J'ai l'intuition que ce serait un grave problème, et les conséquences sont difficiles à mesurer. Donc, peut être prudence. Il est des circonstances où il faut peut-être savoir accepter des choses très imparfaites en se disant que le remède serait peut-être plus préjudiciable que le mal. Moi non plus ce n'est pas mon métier, je n'ai que des bribes de réflexion à ce sujet et une intuition qui vaut ce qu'elle vaut : souplesse pastorale accompagnée d'une grande clarté dans l'annonce ?
Maintenant, c'est à nos évêques de répondre à ces questions. Ils se les posent bien évidemment.

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 30/12/2009

@ PP

> Peut-être est-il extrême de penser que la destruction du monde moderne est en soit, un geste constructif, consistant à dégager l'horizon. Pour ma part, je ne crois pas au changement pacifique. Le système, lui, n'hésite jamais à user de violence pour nous imposer ses lubies et nous réduire au silence. Et les conditions d'un appel à une guerre juste me semblent depuis longtemps réunies.
Sur la question de l'éducation, je dirai ceci : quel sens cela a-t-il d'enseigner la culture classique et religieuse, quand tout ce que nous vivons se base sur le mépris et l'indifférence de cette culture ? Qu'apporte le catéchisme ou la Sainte Parole à la créature moderne ? Ce n'est qu'un message de plus, relatif et discutable, sans importance, qui ne changera rien dans son existence. Tout a été fait pour que l'idée et la pensée soient rendues inoffensifs. Car il est devenu impossible d'unir dans un même élan de l'action et de la pensée. Vivre ce que l'on pense relève désormais de la fantaisie adolescente, quand c'est précisément la condition de la sainteté. Comment peut-on oser demander aux jeunes de pratiquer le christianisme, quand on leur commande dans le même temps de conditionner leur vie entière aux exigences du matérialisme marchand ?
Un jeune


[ De PP au J. - Etes-vous en train de dire que le christianisme ne peut pas être vécu comme révolutionnaire ? ]

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Écrit par : Un jeune, | 30/12/2009

PAYS-BAS

> Sur ce thème, on lira avec profit la chronique de Sandro Magister relative aux Pays-Bas : http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1341594?fr=y

Écrit par : hildebrand, | 30/12/2009

VIDE

> Tout à fait d'accord avec PdP sur le lien entre catéchèse "pierre vivantes" et collège unique : les deux réformes du catéchisme et de l'enseignement scolaire ont la même source et les mêmes effets. Il s'agit d'une barbarisation générale, d'un gigantesque génocide culturel. Derrière les mots creux de la plus parfaite langue de bois, on n'enseigne plus rien, le vide total, si ce n'est la vulgate consumériste des médias actuels.

@ un jeune :
Le Christ fut toujours signe de contradiction, il n'a jamais été facile de le suivre. C'est dans la nuit la plus noire que la lumière porte le plus loin...

Écrit par : Julius, | 30/12/2009

à un jeune

> Votre révolte me touche: oui il faut s'emparer du Royaume avec violence!
Mais c'est en nous que se mène ce combat-là: qui vous empêche de rejeter "les exigences de ce matérialisme marchand"? N'êtes-vous pas libre? Alors partez à la conquête de cette liberté-là!Quand saint François d'Assise a fondé son ordre de petits frères mendiants, l'Eglise elle-même était engluée dans le matérialisme de l'époque, et nombre d'évêques et de cardinaux se sont opposés à son projet considéré insensé!Saint François est d'abord un jeune qui rêve de combat chevaleresque (et il est à mon sens, avec Maximilien Kolbe, un modèle de chevalier), arrêté, il sombre dans la déprime: tout cela pour rien?Il continue à chercher, et son ambition, loin d'être contrariée par le Christ, se trouve élévée bien davantage: non pas sauver Assise, mais l'Eglise entière, non pas se mettre au service d'un grand seigneur, mais du seul Seigneur!Et pour cela il doit conquérir sa liberté:il se met totalement nu dans une église, lui le fils du riche drapier d'Assise, il rejette ainsi tous les déterminismes sociaux qui font obstacle à sa mission, et sa peur du qu'en dira-t-on, puis il embrasse le lépreux:liberté nouvelle, et ainsi de suite. Il suffit d'un seul homme vraiment libre de cette liberté chrétienne pour sauver toute l'Eglise. Alors ne vous inquiétez pas: c'est quand tout paraît perdu que la Grâce surabonde, elle seule opère les véritables révolutions.

Écrit par : Josnin, | 30/12/2009

LE CATECHISME VU PAR BENOIT XVI

> Quand le pape partage l'avis l'avis de P.P sur le catechisme de l'Eglise de l'Eglise catholique:
"Je désire souligner que la présentation organique de la foi est d'une exigence inaliénable. En effet, les vérités individuelles de la foi s'éclairent mutuellement et, dans leur vision totale et unitaire, apparaît l'harmonie du plan de salut de Dieu et la centralité du Mystère du Christ. Sur l'exemple de Pierre Lombard, j'invite tous les théologiens et les prêtres à toujours tenir présente la vision tout entière de la doctrine chrétienne contre les risques de fragmentation et de dévaluation des vérités individuelles d'aujourd'hui. Le Catéchisme de l'Église Catholique, comme aussi le Compendium de ce même Catéchisme, nous offrent vraiment ce tableau complet de la Révélation chrétienne, que nous devons accueillir avec foi et gratitude. Je voudrais donc encourager aussi les fidèles individuels et les communautés chrétiennes à profiter de ces outils pour connaître et approfondir les contenus de notre foi. Elle y apparaîtra ainsi comme une merveilleuse symphonie, qui nous parle de Dieu et de son amour et qui sollicite notre ferme adhésion et notre réponse active." Catechèse d'aujourd'hui http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=3012093_catechese
Mike


[ De PP à M. - C'est plutôt PP qui partage l'avis du pape ! ]

Écrit par : Mike, | 30/12/2009

Guillaume de Prémare,

> je crois que votre intuition à propos de l'administration des sacrements du mariage ou du baptême à des mal-croyants rejoint le courageux et profond combat du dominicain Serge Bonnet pour la religion populaire qu'évoquait plus haut PP dans un commentaire.
N'éteignons pas la mèche qui brûle !
La préparation au mariage est aujourd'hui à la demande des évêques l'occasion d'une véritable catéchèse d'adultes, et c'est très bien ainsi.
Il faudrait qu'il en soit de même pour la préparation au baptême des petits enfants, et il serait bon que les baptêmes soient célébrés au cours des messes dominicales, comme cela se pratique en différentes paroisses ou communautés, plutôt qu'après, dans la mesure où un baptême est un événement qui concerne toute la communauté chrétienne. Et tant pis pour le rôti si cela rallonge un peu la Messe !

Écrit par : Michel de Guibert, | 31/12/2009

RENVERSEMENT DES VALEURS

> Beaucoup de thèmes et sujets. Je vais me limiter à un point par manque de temps.
@ un jeune :
"je ne crois pas au changement pacifique... les conditions d'un appel à la guerre juste...."
Pour votre 1er message, pensez à Gandhi, et pour le second, pensez au président Bush fils... J'espère que vous accepterez ces deux contre exemples.
Tel que je le perçois, dans votre recherche d'absolu, vous êtes imprégné par une culture de la recherche du grand soir, d'où sont sortis les deux totalitarismes épouvantables qui, au XXéme siècle, ont écrasé les femmes et les hommes plutôt qu'ils ne les ont grandis. On a voulu décider ce qui était bien pour l'homme, à sa place.
Dans l'Évangile, vous avez peut-être entendu parler du sermon sur la montagne, qui propose un total renversement des valeurs : heureux les doux...etc... C'est un absolu que je vous suggère d'envisager en alternative à celui que vous évoquez.
L'Evangile nous suggère aussi de faire aux autres ce que l'on voudrait que l'on nous fasse. Cette vision est différente de celle qui veut faire ou imposer aux autres ce que l'on pense bien pour eux. Par la guerre ou la force.
Etre chrétien, c'est vouloir suivre le Christ. Ce n'est pas toujours facile, et notre environnement ne le facilite pas toujours. Plutôt qu'une guerre, c'est une foi dans l'Amour du Christ, dans l'Amour de Dieu qui nous est proposée. C'est aussi une "ascèse" quotidienne qui nous est proposée, ascèse au sens d'exercice. Parce que cette ascèse permet de favoriser de bonnes habitudes, de préférence à d'autres, et l'Évangile en propose de nombreux exemples.

Écrit par : DO92, | 31/12/2009

@ PP

La foi est révolutionnaire. Et je n'appelle pas à une révolution armée. Je pense que nous sommes dans une période comparable à l'occupation, dans laquelle nous n'avons plus aucune prise sur le déroulement de notre histoire. Je pense qu'il est légitime d'entrer en résistance.
Quand à ce que dit DO92, je répondrai qu'avoir des exigences de sainteté pour soi est admirable, mais que la foi commande aussi de protéger son prochain ainsi que la Création. Si l'on peut se permettre de donner sa vie pour l'amour de Dieu, je crois que laisser l'humanité avilie et affaiblie par le joug de la matière, au nom de la paix chrétienne, est un non-sens. C'est pire que tout. C'est la bonne conscience, la lâcheté, qui fait passer la passivité pour un héroïsme.
Notre devoir est de protéger la nature, d'endosser la responsabilité envers les générations futures, et par conséquent tout faire pour arrêter, dès maintenant, la destruction des espèces et la décadence humaine, aux effets dévastateurs. Que l'on ose éluder cet impératif au nom de l'amour du Christ est répugnant.

Écrit par : Un jeune, | 31/12/2009

Cher Michel de Guibert,

> je souscris entièrement à votre volonté d'évangéliser ceux qui viennent encore demander des sacrements. Mais cela demande deux choses: tout d'abord qu'il y ait une véritable volonté d'évangéliser ces personnes, ainsi que des structures et des bonnes volontés formées pour ce but; ensuite, il faut quand même exercer un certain discernement et ne pas administrer de sacrement (je pense au mariage) à des personnes dont on voit qu'elles ne souhaitent pas y être fidèles ou qu'elles n'en perçoivent pas la portée. Je connais trop de gens qui ont retrouvé la foi et qui sont prisonniers d'un premier mariage qui a échoué. Ce sont des situations terribles à vivre et qui sont dues à ceux qui les ont soi-disant préparés et ensuite mariés avec beaucoup de légèreté.
Il ne faut pas exclure ceux qui demandent, mais il faut être clair et précis quant à la profondeur et à la portée des engagements qu'ils veulent prendre. Le Christ n'excluait personne, mais il fut clair et net avec le jeune homme riche.

Écrit par : vf, | 31/12/2009

Cher vf,

> je souscris moi aussi entièrement à vos remarques concernant la nécessité d'être clair et précis auprès des personnes demandant le mariage quant à la profondeur et à la portée des engagements qu'elles veulent prendre.
Je crois qu'aujourd'hui la préparation au mariage est beaucoup mieux faite qu'hier, mais les mariages qui échouent ne le sont pas toujours en raison d'une légèreté dans la préparation...

Écrit par : Michel de Guibert, | 02/01/2010

SONDAGES

> Le dernier sondage de La Croix sur les catholiques de France est assez significatif. Il y aurait bcp de catho en France (même avec une bonne loupe, c'est pas que j'en voie beaucoup !). C'est vrai que le chiffre en question s'effondre dès que le sondage aborde le nombre de pratiquants ! (ça, ça correspond mieux à la réalité). Le même sondage montre que même chez les pratiquants un certain nombre contestent l'enseignement de l'Eglise (sur tout ce qui touche plus ou moins à la sexualité, bien entendu). Dernier élément que je retiens du sondage : le catho pratiquant, contraitement à la caricature qui en fait un bourgeois du XVIem arrondissement parisien appartient à toutes les classes sociales, de manière superposable à l'ensemble des français. Par contre, il y a beaucoup moins de jeune. il y a carence pour le renouvellement ... ce qui est très préoccupant.
C'est tout ce qu'apporte ce sondage (du moins dans l'intéressant; parce que savoir ce que les catho pensent de Sarkozy, on s'en fiche un peu, non ?) Comme d'habitude, c'est un sondage sociologique qui n'est qu'une sorte de photo du paysage catho français et qui n'est pas un outil intéressant pour un non sociologue.
Autre culture, autre sondage : the pew institute, a lui fait un sondage sur les changements de religion aux Etats Unis : 50% des Américains des E-Unis auront changé au moins une fois de religion dans leur vie ! Mais là le sondage est utile sur le plan missionnaire et apologétique. Car il fait des détails : les catho, les protestants, pourquoi changent-ils de religion ?
Et un certain nombre d'idées ressortent. Par exemple, pour les catholiques, ce sondage fait ressortir pourquoi ils deviennent protestants classiques, ou chrétiens évangéliques, ou sans religion....

Écrit par : Gégé, | 06/01/2010

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