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23/11/2009

Et la palme de l'absurde est attribuée à... 'TV Mag', pour son résumé ridicule du film 'Mission'. En toile de fond : l'abolition de l'enseignement de l'Histoire

mission9f.jpgSi vous avez vu le film de Roland Joffé Mission, vous pouvez constater l'absurdité du résumé qu'en fait ce magazine [*] :

 

-< Jeremy Irons dans 'Mission'.


 

<< Mission dénonce sans ambages les ravages de l'évangélisation des Indiens d'Amérique au XVIIIe siècle. L'objectif de ces hommes d'église était simple: convertir les peuples au christianisme coûte que coûte... Ici, le réalisateur s'entoure de Jeremy Irons et de Robert De Niro pour mettre en lumière un pan sombre de l'histoire du christianisme. Le premier se glisse dans la soutane de Gabriel, un prêtre jésuite persuadé qu'il peut guider les Indiens vers la lumière grâce à l'écoute et à l'enseignement. Robert De Niro, lui, joue un ancien marchand d'esclaves devenu prêtre après avoir tué son frère lors d'un duel. Quand une guerre pour l'indépendance des tribus éclate, ils vont se retrouver dans des camps opposés. L'un croit à la puissance des prières et l'autre à celle de l'épée...>>

 

 

Aucune de ces idées n'est dans le film de Joffé – qui est fait dans un tout autre esprit.

Si l'auteur de ce "résumé" a vu Mission et l'a mal compris, conseillons-lui de changer de secteur : la critique cinéma n'est pas sa vocation.

Mais s'il n'a pas vu le film et s'en fait cette idée a priori, il a une excuse : dans l'esprit d'un garçon formaté par le politically-correct et la destruction de l'histoire dans l'enseignement secondaire, un film sur les missionnaires espagnols au XVIIIe siècle en Amérique du Sud ne peut raconter que ce que vous venez de lire.

Ca ne va pas s'améliorer : le gouvernement français supprime l'histoire et la géographie en terminale scientifique ! Lisez la protestation :

http://culturevisuelle.org/icones/154/comment-page-1

 

 

[*] http://www.tvmag.com/programme-tv/article/film/48537/prog... 

 

20:44 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : christianisme

Commentaires

> c'est ce que je vous disais l'autre jour !il y a une pétition à signer ? où? je n'ai pas réussi avec le lien que vous indiquez !

Écrit par : alice, | 23/11/2009

UN PEUPLE D'ESCLAVES

> Le projet de supprimer l'histoire-géo comme matière obligatoire en terminale scientifique : je n'étais pas au courant. Je trouve cela effrayant. Comment a-t-on pu arriver à envisager cela ? Veut-on absolument faire du peuple français un peuple sans mémoire, un peuple d'esclaves ?

Écrit par : Feld, | 23/11/2009

JEAN PAUL II ET L'HISTOIRE

> Encore une fois, bien vu cher Patrice ! Il faudrait évangéliser ces journalistes... Jean-Paul II nous disait aussi : "apprenez l'histoire de votre pays"...

Écrit par : JB Maillard, | 23/11/2009

LE GAG

> Et le gag, c'est qu'en parlant des "ravages de l'évangélisation", le magazine télé commercial tient le même discours que l'affreux épouvantable anticapitaliste Chavez, bête noire de tous les amis de la Global Petroleum Ethics & partners !
(Quand Chavez a cru bon de s'en prendre à Benoît XVI après le discours au Brésil sur l'évangélisation et les cultures indiennes).

Écrit par : Fulup, | 23/11/2009

LE DEFAUT

> Le péché de l'Histoire-Géographie, c'est de tenter de sauver quelques bribes d'esprit critique... "Défaut" totalement incompatible avec le statut d'esclave-consommateur.

Écrit par : Ren', | 24/11/2009

CA NE PAIE PAS

> les réactions commencent ! allez voir les discussions sur le lien cité dans l'article ! il ya quand même dans les commentaires négatifs un fond de vérité c'est que les méthodes en changement permanent n'ont pas arrangé la perception que les élèves ont de cette matière ! qui se souvient du tableau imbécile que l'on demandait il y a une dizaine d'années ? même moi j'avais de mauvaises notes ( à travers mes enfants) ! Franchement quel besoin a-t-on eu de transformer les élèves en agrégatifs ? car la triste vérité au bout du compte ( vue par les élèves et les professeurs de S ) est : c'est une matière qui ne paye pas J'ai vu des collègues me supplier de changer mes appréciations pour des dossiers de CPGE à des types qui n'avaient fait qu'assister à mes cours ! J'arrête ici parce je pourrais continuer pendant des heures !

Écrit par : alice, | 24/11/2009

PAS DU TOUT

> Alice, permets-moi juste de te dire que, en tant qu'agrégée d'Histoire, je n'ai pas du tout le sentiment qu'on exige aujourd'hui de nos élèves de se transformer en agrégatifs... J'enseigne aujourd'hui dans des établissements classés ZEP et, au collège ou au lycée, je découvre leur incapacité totale à se repérer dans l'espace et dans le temps. Si mes élèves ne possèdent pas les catégories mentales requises pour distinguer une ville (sur la carte : un point) d'un pays (sur la même carte, une surface), s'ils sont capables de positionner sur un axe chronologique les guerres mondiales en 1300 et la Renaissance en -200, on comprends bien comment ils peuvent m'affirmer ensuite avec un maximum de bonne foi qu'on ne peut être à la fois musulman et français ou chrétien et noir. Je n'en suis même plus à m'inquiéter des contenus mais bien des structures de l'esprit, qui nécessitent d'être développées, ce que l'Histoire et la géographie, tout comme les mathématiques et la grammaire ont, au-delà des savoirs transmis, vocation à faire.
Franchement, au vu du niveau affligeant de nos malheureux élèves dans ces disciplines, râler parce qu'on exige trop d'eux, prétendre qu'on leur demande de se transformer en agrégatifs, c'est quand même un peu insultant pour les agrégés.

D'autre part, comme l'explique si bien Lafforgue, les "humanités" auxquelles appartiennent l'Histoire sont avant tout liées au second "ordre" de pascal, l'ordre "intellectuel". Dénigrer l'Histoire et prétendre que son enseignement n'est pas nécessaire pour tout le monde, en arguant du fait qu'il ne sera d'aucune "utilité" concrète aux élèves dans leur vie professionnelle, c'est clairement confondre l'ordre de l'esprit avec l'ordre "matériel" qui devrait pourtant toujours lui être subordonné. Pour ma part, j'aime à croire qu'il existe encore des choses gratuites dans ce monde, et l'instruction devrait en faire partie. L'utilitarisme la guette et c'est à mon sens le plus grand danger qu'elle court actuellement.

Naturellement, l'ordre des esprits n'en demeure pas moins, si précieux qu'il soit, lui-même subordonné au troisième ordre pascalien, l'ordre "spirituel". La distance infinie qui le sépare des deux autres nous rappelle de ne pas surinvestir émotionnellement ce type de débats mais je confesse que, pour ma part, j'ai encore bien du mal à ne pas m'y jeter passionnément.

Écrit par : blanche, | 24/11/2009

TRANCHES DE CERVEAU DISPONIBLES (TF 1)

> Et cela se répand. Je viens d'avoir une discussion dure avec des élèves de 5e! Selon eux, l'Histoire ne sert à rien et c'est du bourrage de crâne. L'endoctrinement de TF1 fonctionne bien. Je me demande si, finalement, il ne vaut mieux laisser le bateau couler. Au passage, si tous les psycho-pédagogues qui nous ont conduit droit dans l'iceberg pouvaient se noyer avec!

Écrit par : vf, | 24/11/2009

MECHANT SATURNIN

> Histoire vraie: le professeur d'histoire de ma fille collégienne a cité comme exemple d'intolérance :...Saint Saturnin (ou Saint Sernin, martyr, premier évêque de Toulouse -nous habitons dans le Sud-Ouest)... Pensez donc, un chrétien, évangélisant les païens (et au passage, martyrisé d'affreuse façon), quelle belle illustration de l'intolérance !...

Écrit par : cristiana, | 24/11/2009

DEUX DEFAUTS

> J'ai l'impression qu'une certaine façon de concevoir aujourd'hui l'enseignement de l'histoire (mais pas seulement de celle-ci) consiste, à travers l'étude de documents, à demander au lycéen de travailler en historien. Je crois que cette démarche pèche par au moins deux défauts : c'est une façon de travailler qui se croit très universitaire mais qui est inadaptée à beaucoup d'élèves de lycée. Ensuite et surtout, elle transforme l'enseignant en pédagogue, cet esclave chargé d'accompagner l'enfant à l'école. C'est le document qui devient l'enseignant.
L'histoire (comme les maths que j'enseigne) est une discipline ; elle suppose donc un maître et un disciple. Un qui sait et enseigne ce qu'il sait et l'autre qui apprends.
Je n'irai pas jusqu'à dire "un qui cause et l'autre qui se tait" ; je pense que ce serait trop demander et il faut bien, à l'occasion, que l'enseigné puisse poser une ou deux questions.
Merci à vous Patrice pour ces info significatives à défaut d'être réjouissantes.

Écrit par : J.M.P., | 24/11/2009

LE PRIMAIRE

> Permettez-moi de compléter, ce n'est pas au lycée seulement que l'on demande à l'élève de faire un travail d'historien, c'est déjà ainsi à l'école primaire. Et malheur à l'enseignant qui utiliserait d'autres méthodes pédagogiques : il ne respecte pas les consignes qui vont avec les programmes, donc il doit être sanctionné.

Écrit par : Barbara, | 24/11/2009

@ cristiana

> J'imagine que le professeur de votre fille devait rendre responsable St Saturnin de l'intolérance... au plomb (le saturnisme) !

Écrit par : Michel de Guibert, | 24/11/2009

A JMP :

> C'est exactement cela. On n'a plus le droit de dire à un élève:"tais-toi et écoute celui qui sait". Quand j'étais à l'IUFM, on nous rabâchait que l'élève en savait autant que nous, qu'il avait ses propres représentations historiques car il s'était approprié un savoir par d'autres médias plus objectifs et surtout plus mobilisateurs que le professeur (tv, internet, etc), qu'il fallait partir des documents et de ces représentations, etc. Il ne s'agit plus de transmettre un savoir de base et une méthode de réflexion, il s'agit d'aider un apprenant à corriger ses représentations par la confrontation au document. La trace écrite est, bien sur, élaborée de façon diverse et variée et en autonomie par l'apprenant qui est ainsi acteur de la construction de son savoir par la mise en oeuvre des savoir-faire que l'enseignant a su lui faire découvrir par les action pédagogiques adaptées le mettant en situation d'acquisition cognitive sur des supports les plus variés et différents possibles. Tout cela part du principe que l'apprenant ne peut maîtriser un savoir que s'il l'a découvert par lui même afin de pouvoir se l'approprier.
(Depuis, quand j'entend le mot didactique, je sort mon Remington. Lol)
Plus sérieusement, derrière ce jargon se cache la volonté de faire croire que l'on utilise une démarche scientifique (le mot est lâché, les pseudo-universitaires des iufm veulent que l'Histoire soit aussi une science exacte, cf Paul Veyne et ce qu'il en pense) pour transmettre des savoirs à l'aide de ces fameux savoir-faire (et je passe sur le savoir-être). En fait, cette façon de faire fonctionne par suggestion (cela s'appelle la démarche hypothético-déductive officiellement) et prépare l'élève à ne plus réfléchir mais à réagir à des mots ou des images clefs auxquels il associe des concepts creux et superficiels mais politiquement corrects. Une espèce de méthode globale, finalement. L'acquisition d'une connaissance objective des faits, des contextes, ou des personnages comme base à une analyse est rejetée comme autoritaire et surtout inégalitaire. Car, dans tout ce jargon stupide qui tente de masquer un abîme de décadence intellectuelle, se cache cette vision libérale-soixante-huitarde qui veut promouvoir l'égalitarisme consumériste et donc casse tout ce qui peut développer l'esprit et ouvrir vers la liberté et la transcendance. Bref, il ne s'agit plus de faire grandir les âmes et la civilisation, mais d'apprendre à dire ensemble qu'un supermarché vaut une cathédrale gothique.
En référence: Petit vocabulaire de la déroute scolaire par Guy Morel et Daniel Tual-Loizeau chez Ramsay.

Écrit par : vf, | 24/11/2009

TELE-PUB

> Merci à JMP pour ses propos très conformes à la réalité. La démarche est, sous couvert de "science", de faire croire aux élèves que la réalité objective n'existe pas et que seul compte le ressenti subjectif.
Les cerveaux sont alors prêts pour la propagande télé-pubarde.

Écrit par : Julius, | 24/11/2009

ENSEIGNER

> chère Blanche, je ne râle pas ! loin de moi d'insulter les agrégatifs mais reconnaissez quand même que certaines méthodes que l'on nous demande d'appliquer sont des méthodes de recherches d'historien , comment appréhender un document quand on ne connait pas le contexte ? etc etc vous le savez bien !
Je me souviens d'une classe de 6ème tous en difficulté et de milieux sociaux défavorisés , ils ne comprenaient pas ce que je disais ( ils l'avaient dit au professeur de français) le jour où j'ai cessé de faire le programme officiel et que j'ai raconté l'Iliade et l'Odyssée on n'entendait pas une mouche voler ! et quand nous sommes allés au Louvre la conférencière était "bluffée" par leurs connaissances !
J'ai le bonheur aujourd'hui d'enseigner à des élèves bien élevés, d'un niveau plus qu'au dessus de la moyenne, c'est merveilleux à chaque cours, mais même avec eux, ce qu'ils adorent c'est quand j'enseigne et pas les exercices imposés !
Vous conviendrez qu'en géographie on atteint les sommets de l'absurdie ! (jargon, stupidité des exercices), les programmes sont tellement mal faits vous le savez aussi , c'est là qu'il faut faire passer les réformes !
Cela dit je peux comprendre votre désarroi de jeune agrégée absolument pas préparée au public que vous évoquez. Bon courage.

Écrit par : alice, | 24/11/2009

EUGENIO CORTI

> Sur le contexte historique du film Mission, je vous conseille de lire et faire lire l'excellent roman d'Eugenio Corti "La terre des Guaranis" (l'Age d'Homme, 2008). Fresque historique très instructive sur le rôle des jésuites et leur opposition aux pressions marchandes du Portugal pour imposer l'esclavage des indiens.

Écrit par : Guillaume F., | 25/11/2009

A Alice

> excusez-moi, je n'avais pas compris que vous vous en preniez au méthodes et non aux contenus et au sens même de l'enseignement de l'Histoire. Je ne peux que souscrire à tout ce que VF et vous-même dîtes et j'ai vécu la même expérience : depuis que j'ai cessé de croire et de leur faire croire que leur "opinion" avait la même valeur que celle de n'importe qui (relativisme), je suis revenue à plus de "magistral" (expression d'une quête de vérité)et que mes élèves m'entendent leur "conter" l'Histoire, on pourrait entendre les mouches voler. Enfin presque...

Écrit par : blanche, | 26/11/2009

CAMARADES, BRÛLONS LES PEDAGOGUES

> J'ai la même expérience qu'Alice. Antiquisant de formation, une des raisons qui m'ont fait retourner en collège est le plaisir de raconter l'Iliade, l'Odyssée, la trilogie des Atrides, ou de faire une heure de mythologie en passant des diapos de vases grecs en les racontant. J'ai un souvenir merveilleux (ça arrive) de deux classes de 6e en zep sensible, a qui j'avais, entre autre, raconté tout cela pendant trois heures de cours et qui, vers avril, ont voulu sortir de leur cité (chose exceptionnelle) et visiter un "vrai" musée. C'est à dire que le machin d'art contemporain de leur ville ne les intéressait pas du tout, il voulaient un musée où il y a de "vraies choses" (sic). Bref, on les a emmené au musée de civilisation romaine d'Arles. Ce fut un vrai grand moment. Non seulement, ils furent impeccables (choses vraiment rare) mais en plus, le guide, car on devait être accompagné vu d'où on venait, fut sidéré car ils se souvenaient quasiment de tout ce que l'on avait vu en classe, même le nom des différents gladiateurs ou des pièces d'une domus. Le plus gratifiant, c'est quand un bambin de 12 ans, de culture maghrébine version resident evil vous dit, devant la statue de Marc Aurèle:" il est beau le mec". Camarades, brûlons les pédagogues et le monde est sauvé.

Écrit par : vf, | 26/11/2009

UN PRIX

> Me Eolas a créé le prix Busiris pour distinguer les pires absurdités juridiques. Il faudrait peut-être inventer un équivalent dans le domaine de la culture religieuse...

Écrit par : NM, | 27/11/2009

COPIE-COLLE

> Ayant vu ce film il y a quelques mois, je crois connaître en partie la "source" de ce glorieux journaliste. Après avoir énormément apprécié le film (la musique est inoubliable), je me suis rendu sur le site allociné.fr. Ma surprise fut grande de voir, dans la rubrique "secrets de tournage", un texte insinuant que ce film était une attaque frontale contre le catholicisme. Il semble que le journaliste en question n'a fait que broder sur ce passage du site internet, comme en témoigne la première phrase de son article très semblable au modèle. Beau travail !
le lien : http://www.allocine.fr/film/anecdote_gen_cfilm=2152.html

Écrit par : Hauru, | 13/12/2009

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