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09/11/2009

Les évêques face au déclin de la pratique religieuse – ''Défis et initiatives'' – ''Environnement et écologie''

arton143[1].jpgL'assemblée de Lourdes a affronté les vraies questions, et ouvert des voies :


 

«Dans chacun de nos diocèses», a dit le cardinal Vingt-Trois dans son discours de clôture, «l'avenir de nos communautés chrétiennes repose sur la détermination de tous à témoigner de l'Évangile et à rendre visible sa puissance par la manière dont lui donnons corps à travers nos existences. C'est bien la passion de l'Évangile qui est notre identité et notre force.»

Parmi ses décisions, l'assemblée plénière a notamment créé deux groupes de travail. L'un, présidé par l'évêque de Valence (Mgr Jean-Christophe Lagleize), se nomme Rassemblements dominicaux, défis et initiatives : il vise à répondre aux problèmes actuels de la pratique en ouvrant de nouvelles voies , dans l'esprit des débats qui ont marqué cette assemblée de Lourdes.

L'autre groupe de travail, présidé par Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, se nomme Environnement et écologie. Mgr Stenger, issu du séminaire français de Rome, de l'Université grégorienne et de l'Ecole pratique des hautes études, est président de Pax Christi France (http://paxchristi.cef.fr) et membre du comité directeur de Pax Christi International. On connaît l'engagement écologique et social de Pax Christi [1]. La constitution de ce groupe de travail au sein de la CEF est un nouveau pas en avant, à applaudir et soutenir.

L'écologie... le social... la nouvelle évangélisation par la rénovation de la pratique dominicale et du témoignage catholique... Tout devrait marcher ensemble, si l'on écoute sans préjugés les évêques français.

Et il faut les écouter avec attention. À Lourdes, ils ont discuté du problème spirituel de l'Hexagone : séminaires vides, paroisses désertifiées.

Pourquoi la quasi-disparition des vocations, y compris dans le ''dernier carré'' des familles pratiquantes ?

Débat crucial, à condition de le regarder objectivement ; ce que ne font pas deux clans marginaux (opposés mais jumeaux) dans les milieux catholiques français : les sabordeurs d'un côté, les ultras de l'autre.

Selon les sabordeurs postchrétiens (vieux lobby encore influent sur des médias), la crise du milieu catholique en France ne s'expliquerait que par le décalage entre « le conservatisme de l'Eglise » et « les mentalités d'aujourd'hui ». C'est vrai d'une certaine façon. Mais le propos des sabordeurs est codé : en réalité, leur grief de « conservatisme » ne vise pas seulement les pesanteurs de l'institution, mais sa raison d'être et le contenu même de la foi ! Et leur invocation aux « mentalités d'aujourd'hui » ne sert pas les attentes profondes des gens, mais l'air du temps. Lequel vient de l'idéologie économique. Individualiste, consumériste, l'air du temps reproche trois choses au catholicisme : a) sa foi, qui ne change pas avec les modes ; b) son Evangile, étranger au consumérisme ; c) son Eglise, stable et organique, donc aux antipodes du new management. Les sabordeurs se disent chrétiens ? mais leur volonté est de vider le catholicisme.

Les ultras sont le symétrique inverse des sabordeurs. Ils ne nient pas que la sécularisation soit un danger. Mais ils en font une analyse faussée. Ils prétendent expliquer le déclin des paroisses (phénomène complexe) par un facteur marginal et unique : la non « utilisation » du « réservoir traditionaliste » par les évêques ! Cette idée n'est réaliste qu'en apparence. Elle est inconsistante en fait, pour deux raisons : a) le « réservoir traditionaliste » est trop faible pour venir corriger la désertification paroissiale. D'ailleurs les ultras ne nient pas cette faiblesse numérique : ce dont ils rêvent ouvertement, c'est d'un accueil de leurs idées, qui viendrait changer « la donne idéologique » [2] dans le milieu catho officiel. « Idéologique », disent-ils ? mot révélateur ! Il donne la seconde raison de l'inconsistance de la « solution traditionaliste » : b) les ultras mélangent religion et idéologie nostalgique, en un cocktail impossible à métaboliser dans l'organisme catholique aujourd'hui. Les nostalgies n'évangélisent pas... Ajoutons que l'ultracisme, en prétendant parler au nom des fidèles attachés au rite extraordinaire de la messe, leur nuit gravement ; ils n'avaient pas besoin de ce parasitage.

 

Mais dans le courant principal de l'Eglise française, la réflexion est tout autre. La presse y a fait écho à propos de l'assemblée de Lourdes:

 << "La sécularisation nous pousse à aller vers des gens qui ne connaissent rien à la foi catholique mais qui sont en recherche de sens ; dans ce contexte, nous devons avoir l'audace d'annoncer la foi", souligne Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Coutances et Avranches. C'est notamment à cette "mission" que s'est attachée la réflexion de Mgr Claude Dagens, évêque d'Angoulême, sur la visibilité de l'Eglise et l'évangélisation. Pour lui, l'avenir de l'Eglise, traversée "d'épreuves", passe notamment par une réaffirmation de l'identité catholique, rendue encore plus nécessaire par la présence en France d'une identité musulmane "affirmée". "Nous ne devons pas avoir peur de dire à l'autre ce que nous croyons", affirme-t-il, regrettant que les catholiques soient souvent "incapables de trouver la manière juste de s'exprimer". Selon lui, les grands rassemblements visibles et médiatiques ne suffisent pas. La visibilité de l'Eglise passe aussi par les témoignages de "solidarité ordinaire" de la part de catholiques engagés dans la vie sociale ou professionnelle, et par "l'éducation au mystère de Dieu"... >>

L'identité catholique, a souligné Mgr Vingt-Trois, n'est en rien comparable à « l'identité nationale » (narcissismes de groupes) dont se gargarisent actuellement les médias et la classe politique. Le catholique en tant que tel n'a qu'une seule identité : l'Evangile et sa nouveauté permanente. Et cette identité ne sacralise aucun groupe, puisqu'elle doit s'étendre à l'humanité entière...

 

Sur le plan pratique, les médias ont aussi fait écho aux pistes de recherche ouvertes par les évêques, comme nous le disions au début de cette note :

 << Différentes expériences, qui reflètent à la fois l'autonomie de chaque prélat dans son diocèse et la diversité des situations sur le terrain, ont été discutées à Lourdes : effacement des paroisses au profit de "pôles missionnaires", équipes pastorales itinérantes, recours à des prêtres étrangers ou à des prêtres de communautés nouvelles, désignation d'un "chef de communauté". Ce laïc, appelé à remplir la plupart des tâches jusqu'alors dévolues aux prêtres, à l'exception "évidemment" de l'eucharistie, pourrait même devenir l'interlocuteur des pouvoirs publics. "Un chef de communauté peut faire beaucoup, y compris organiser le covoiturage des fidèles pour qu'ils assistent à une messe organisée dans une ville voisine", explique l'évêque de Saint-Etienne, Mgr Dominique Lebrun...>>

 

Les médias ont aussi (pour une fois) fait allusion au coeur du problème - qui n'est pas l'organisation de l'institution, mais le contenu de la foi :

<< En d'autres termes, les chrétiens doivent savoir au nom de qui ils agissent et, surtout, apprendre à l'exprimer. Notamment lorsqu'ils sont appelés à travailler avec d'autres qui ne partagent pas leur foi. >>

 

 __________

 [1] En 2008, la revue du diocèse de Troyes a salué avec vigueur la parution de notre Ecologie de la Bible à nos jours (L'Oeuvre). En septembre 2009, Pax Christi a notamment organisé un week-end de formation sur le thème Appelés à vivre simplement, avec l'intervention de Jean-Pierre Raffin, membre de l'antenne Environnement et modes de vie de Pax Christi.

Le chantier de réflexion de l'écologie chrétienne est oecuménique : cf « Bible et écologie », http://www.la-bible.net/page.php?ref=semainebible09.  À signaler aussi : le réseau chrétien Paix, environnement et modes de vie (« Responsabilité, sobriété, solidarité entre les individus au niveau local, national ou international, entre tous les hommes et avec les générations futures, respect de la création, sont autant de valeurs qui découlent de la Bible, Ancien et Nouveau Testament. Aujourd'hui, des chrétiens toujours plus nombreux veulent s'engager dans une démarche active pour contribuer concrètement à la préservation et à la sage gestion de notre planète. C'est dans cette perspective que des organisations chrétiennes de diverses confessions ont créé un réseau chrétien œcuménique « Paix, Environnement et Modes de Vie », composé de mouvements et de groupes de chrétiens sur toute la France. »  (paxchristi.environnement@orange.fr )

[2]  Sic. Il va de soi que, conformément à la règle de notre blog, je ne citerai pas le site qui emploie ce terme : ce serait inutile, parce qu'il a envoyé son texte à tout le monde. Et ce serait l'occasion d'algarades superflues avec des obsédés du complot. 

 

Commentaires

NEFASTE

> Un site qui se veut un observatoire des évêques vient d'apparaître sur le net. Le peu que j'en ai vu est qu'il relève de cette mouvance qui veut changer la "donne idéologique". Une chose m'étonne avec ces gens, ils se veulent catholiques et pourtant ils agissent comme des protestants de la première heure. Ils estiment avoir la vérité et passent leur temps à critiquer et jeter des anathèmes sur l'Eglise. En tout cas, je ne pense pas que passer les évêques au crible et leur décerner des bons ou mauvais points soit très chrétien et productif dans la crise que nous traversons.

Écrit par : vf, | 09/11/2009

COMME GOLIAS

> Cet "observatoire des évêques" est très exactement une démarche identique -inversée- à celle de Golias !

Écrit par : Michel de Guibert, | 09/11/2009

BESOIN DE CONVERSION

> Les églises de Polynésie française sont pleines y compris de jeunes. Lorsque le père Tardif est venu à Tahiti en 1984 il a rassemblé 15000 personnes. A sa suite l'évêque l'a remercié pour avoir permis un renouveau de l'Eglise. Elles se remplissaient à nouveau. Ils ont vu et ils ont cru. L'Eglise de France n'a besoin que d'une chose, de conversion. Lorsque les fidèles vivront comme les polynésiens une foi authentique,nos églises se rempliront.
Peut-être privilégie t-on trop l'avoir sur l'être en France? Un signe pour montrer à quel point leur foi est vivante. Un professeur athée en poste à Tahiti m'a confié qu'elle avait participé à des offices religieux en Polynésie et que cela lui donnait envie de croire. Les polynésiens vivent leur foi au quotidien dans la simplicité avec leur coeur... Les français ont des difficultés pour passer de la tête au coeur.

Écrit par : grégoire, | 09/11/2009

à vf et M.de Guibert

> D'accord avec vous sur cette officine. Mauvaise foi stupide. Toujours ces microcéphales tellement sûrs d'eux qui distribuent des bons et mauvais points, forts de leur ignardise en matière religieuse (leur référence est l'ex-feuille de Le Pen, comme il y a 25 ans).

Écrit par : maksoud, | 09/11/2009

"ULTRA"... ET ULTRALIBERAL

> Quand on va sur le site en question, on découvre que son patron est aussi l'animateur d'un site ultralibéral particulièrement gratiné (par comparaison le Medef aurait l'air anticapitaliste). Voilà des intégristes qui ont trouvé le moyen de servir Dieu et Mammon. Ca leur donne évidemment le droit d'infliger des leçons d'orthodoxie doctrinale à tout un chacun. Le pitre ne rit pas.

Écrit par : Laurent Buc | 09/11/2009

> alors ça c'est intéressant, quand on pense à l'indignation de certains chaque fois qu'on ose souligner cette contradiction : être à la fois "catho" et libéral, le cercle carré. "Donnez une preuve", disent-ils. Et bien en voilà une.

Écrit par : Nadia, | 09/11/2009

> Dans LA CROIX, ce compte-rendu objectif :
08/11/2009 19:31
De nouveaux chemins proposés aux communautés chrétiennes

Réunis durant une semaine en assemblée plénière à Lourdes, les évêques ont réfléchi à l’avenir de l’Église en prenant acte de la situation très dure que connaît l’Église en France. C’est une caricature de Piem, projetée devant l’assemblée des évêques de France : trente prêtres sont dessinés, puis, vue suivante, dix s’éteignent : « Voilà la situation dans deux ou trois ans ». En s’appuyant sur quelques images fortes pour présenter l’avenir des communautés chrétiennes dans son diocèse de Saint-Étienne, Mgr Dominique Lebrun a, de leur propre aveu, secoué ses collègues.
Le témoignage d’évêques – ce qui ne se faisait pas auparavant – et notamment d’une génération de jeunes évêques, qui n’ont pas les pudeurs de leurs aînés, a sans doute permis à un tabou de tomber. Ce que tous faisaient depuis de nombreuses années dans leur coin a été clairement explicité. Personne aujourd’hui ne conteste la nécessité d’une profonde transformation. « Nous sommes passés de la pastorale de la conservation à celle de l’évangélisation », affirme ainsi Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne.
Ce constat commun posé, le consensus s’arrête là. Comme le note le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, « il n’y a pas de scénario ecclésial commun ». D’ailleurs, tous font preuve d’humilité : on sent bien que ce qui pouvait sembler « la » solution il y a quelques années, comme les communautés nouvelles, ou l’appel à des prêtres étrangers, n’est plus aujourd’hui qu’une voie parmi d’autres, car elles engendrent leurs propres problèmes : pour preuve, les difficultés que traverse une communauté comme celle des Béatitudes.
Pourtant, quelques lignes de fond se dégagent. D’abord, note Mgr Albert Rouet, archevêque de Poitiers, l’utilisation par tous du terme de « communautés chrétiennes », qui rappelle les communautés de base d’Amérique latine ou d’Afrique. Ensuite, le sentiment qu’il ne faut surtout plus penser l’organisation par rapport au nombre de prêtres. Mgr Hubert Herbreteau, dont le diocèse d’Agen est passé en dix ans de 420 à 26 paroisses, admet que, dans cinq ans, « pour ces 26 paroisses, je n’aurai pas 26 prêtres ». Mais ce redécoupage a été fait en fonction des besoins des communautés.
Autre point commun, le rôle croissant des laïcs, au sein d’ensembles pastoraux, où ils ont de grandes responsabilités. De même, les formations, qui se sont multipliées dans tous les diocèses, sous des modules divers. Enfin, un consensus s’est dégagé autour de la notion « d’itinérance pastorale » : la possibilité d’envoyer des prêtres de manière temporaire, dans des territoires où l’Église ne peut plus assurer une présence. Le maillage de tout le territoire n’est plus possible.
Attention cependant, note Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille : « Ce qui va permettre de rendre les chrétiens plus baptisés est plus important que de savoir comment on va s’organiser. » Chacun convient que le débat sur l’organisation ne peut rester isolé d’une réflexion plus vaste sur la mission de l’Église.
Le thème de l’avenir des communautés chrétiennes s’emboîtait donc parfaitement avec celui de la visibilité de l’Église, porté par Mgr Claude Dagens. Là encore, cette assemblée a marqué une étape importante : on est passé d’un constat sociologique, comme pouvait le faire « Proposer la foi » en 1996, à une lecture plus spirituelle de la situation. Dans un monde où domine l’indifférence, la communauté chrétienne témoigne d’abord par ce qu’elle est et ce qu’elle vit, son identité.
« Ne pas dire ce que l’on va devenir, mais ce que l’on annonce », résume Mgr Philippe Ballot, archevêque de Chambéry. Six mois après les crises qui ont secoué l’Église, les évêques, évoquant la visibilité, ne se sont cependant pas penchés sur les problèmes de communication.
En revanche, ils ont affirmé avec force que l’attention aux plus pauvres, la charité, est un élément constitutif de cette identité. Comme si la crise économique et l’apparition de « nouvelles pauvretés » liées à la mondialisation obligeaient à remettre l’accent sur l’engagement social. D’où l’appel lancé aux communautés chrétiennes quelques semaines avant Noël. D’où, encore, la longue audition, samedi, de Jacques Barrot, commissaire européen, sur les problèmes des migrations en Europe.
Ce passage d’une chrétienté sociologique à des communautés actives et confessantes risque cependant, observe Mgr Roland Minnerath, archevêque de Dijon, de laisser s’éloigner les « catholiques du troisième cercle », les pratiquants occasionnels. Comment peuvent-ils être intégrés dans ces communautés chrétiennes ? Question difficile, comme l’a bien montré le débat animé, autour de l’évangélisation des milieux populaires. Voilà un lieu où l’Église tend à s’effacer, ce qui préoccupe les évêques, sans qu’ils soient d’accord sur les solutions.
De même, d’autres regrettaient que ces réflexions sur l’avenir de l’Église se fassent à « périmètre constant », c’est-à-dire sans poser les questions de changement des règles, comme la possibilité d’ordonner des hommes mariés.
Le sujet reste tabou pour les évêques français, mais il a été abordé très directement par Mgr Edmond Djitanghar, évêque de Sarh (Tchad), venu rendre compte du Synode africain. En Afrique, a-t-il expliqué, des catéchistes bien formés, et avec une grande expérience, font des chefs de communautés à l’autorité importante et crédible, et « le jour où l’on pourra ordonner des hommes mariés, ils seront prêts ».

Écrit par : Luça, | 10/11/2009

"ULTRAS"... ET FIDÈLES TRADITIONNELS

> Je partage votre avis sur le fait que les "ultras" ne peuvent pas constituer la solution unique aux difficultés de l'Eglise de France (essentiellement à cause de leur propension à meler le religieux et le politique).
Néamoins, je pense qu'on ne peut pas renvoyer simplement dos à doc les "sabordeurs" et les "ultras". Les "ultras" (traditionnalistes ou lefrebristes) ont des vocations nombreuses par rapport à leurs effectifs estimés. Ils partagent avec les communautés "nouvelles" en croissances certaines caractéristiques qui me semblent essentielles pour une vie chrétienne authentique et qui méritent d'être analysées :
- une pratique assidue des sacrements (en particulier eucharistie et confession),
- une vie de prière régulière (adoration, chapelet, louange, …),
- une liturgie soignée,
- le soucis d'une formation sérieuses des laïcs et des religieux sur le contenu de la foi (cathéchisme, retraite,..),
- une attention toutes particulière aux familles (cellules de base des communautés chrétiennes).
On ne peut pas évangéliser si l'on est pas branché à la source (le Christ), on ne peut pas évangiliser si l'on est pas formé sur le contenu de la foi. La famille reste un vecteur formidable d'évangélisation verticale (parents enfants) et horizontale car elle est immergée dans le monde contemporain (Ecole, voisin, travail..) et elle reste une valeur commune à l'ensemble des français toutes catégories sociales confondues.
BC

[ De PP à BC :
- Prenez le temps de me relire, svp. Je dis mot pour mot : "l'ultracisme, en prétendant parler au nom des fidèles attachés au rite extraordinaire de la messe, leur nuit gravement ; ils n'avaient pas besoin de ce parasitage."
- Je distingue donc :
a) les FIDÈLES attachés à la Tradition de l'Eglise catholique (au vrai sens théologique et ecclésiologique du terme),
b) les ULTRAS, politisés, qui AMALGAMENT une idéologie (très discutable) à la Tradition de l'Eglise catholique.
- Je ne fais aucune réserve à l'encontre des fidèles. Le reproche que vous me faites n'a donc aucun fondement ! (excusez-moi de vous le dire).
- J'ajoute ceci à l'intention des fidèles "traditionnels" : ils ont tout à perdre en se laissant cornaquer par l'ultracisme via ses sites et feuilles belliqueux. Les ultras n'ont aucune légitimité. Ils ne peuvent pas parler au nom des fidèles. ]

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Écrit par : BC, | 10/11/2009

IDENTITE NATIONALE

> Une remarque sur la question, traitée à la marge, de l'identité nationale.
PP a raison de dire que "Le catholique en tant que tel n'a qu'une seule identité : l'Evangile." Je souligne cependant que le "en tant que tel" est important, afin que cela ne soit pas interprété comme l'idée que le catholique est apatride et n'a pas d'identité nationale, culturelle etc. Du reste, il n'est pas interdit non plus d'avoir une identité comme catholique et Français. Souvenons-nous du pape Jean-Paul II, si attaché à cette notion de "culture et identité" et qui vivait dune manière très intense à la fois son identité comme catholique, mais aussi comme Polonais... et comme catholique et Polonais.
L'Eglise n'a jamais condamné le patriotisme, elle l'a toujours encouragé comme une vertu naturelle.

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 10/11/2009

JEAN-PAUL II ET LA NATION

> "L'homme lie son identité humaine la plus profonde à l'appartenance à sa nation."
(JP II dans Laborem Exercens, au point 10)
GP

[ De PP à GP - Oui : il la "lie". Ce qui prouve que cette identité profonde vient d'ailleurs que de la nation. ]

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Écrit par : Guillaume de Prémare, | 12/11/2009

LA PLACE DE LA NATION

> Pour poursuivre notre réflexion, je dirais peut-être que l’identité profonde de l’homme comme être social se réfère en partie à la nation (en tant qu’elle est un lien), mais pas seulement. En effet, l’appartenance à la nation n’est pas le seul lien qui construit l’être social ; le premier lien étant la famille, les autres liens étant toutes formes de corps intermédiaires jouant un rôle dans l’ordre politique et social. Dans tous les cas, le lien national n’est pas un absolu. Quant à l’identité de l’homme en tant qu’il appartient à l’unique genre humain, elle est par essence extérieure à la nation ; elle ne peut être définie qu’en se fondant sur des principes philosophiques et/ou métaphysiques universels. Dans cette catégorie, on peut en effet dire que « cette identité profonde vient d’ailleurs que de la nation. » Et elle peut-être, si elle est ajustée à la vérité, un absolu.
Ajoutons que les principaux liens qui construisent l’homme comme être social sont pour la plupart subis, c’est-à-dire non choisis. C’est le cas de l’appartenance nationale, mais aussi de la famille. Le lien entre l’individu et la société ne se fait pas par contrat, ou alors faudrait-il admettre que le lien entre l’enfant et ses parents, et par extension avec l’ensemble de sa famille, est contractuel. Or, il n’est pas contractuel, il est naturel.
Toute la question pour l’homme est de savoir s’il consent à ce conditionnement accidentel (j’entends « accidentel » à vue humaine) qui le prive, qu’on le veuille ou non, d’une autonomie absolue dans la détermination de lui-même. Cependant, pour la plupart des hommes, ce consentement se fait par « loi naturelle », sans même y penser. Et quand il y a refus, il y a crise d’identité, qui renvoie le plus souvent à une forme de mésestime de soi. Un psychologue disait que l’une des étapes majeures de la maturité humaine « est le fait d’accepter ce qu’on n’a pas choisi ».
Pour Alain Finkielkraut, l’échec de l’intégration est en partie lié à la crise de l’identité nationale. Il résume ceci par cette question saisissante : « Comment voulez-vous faire aimer une France qui ne s’aime pas ? » Où l’on revient à la mésestime de soi… Question induite : l’amour de sa nation n’est-il pas la meilleure manière de vivre en harmonie avec ceux qui viennent de l’extérieur ?
Toute réalité humaine étant par nature sociale, les personnes qui immigrent recréent naturellement de nouveaux corps intermédiaires. Faut-il supprimer ces corps intermédiaires surajoutés ou au contraire trouver la manière qu’ils ne soient pas un facteur de déséquilibre mais concourent à l’harmonie de l’ensemble ? Pour ma part, je penche plutôt pour la seconde solution car la première est une négation anthropologique, mais encore faut-il pour cela que les corps intermédiaires d’origine soient cohérents et forts… et qu’ils demeurent la source du droit commun et le cadre habituel de son exercice. Et là, la question n’est pas seulement celle de l’identité, mais encore la cohérence de l’ordre politique et social dans son ensemble. L’ordre politique et social libéral est-il cohérent ? L’expérience ne semble pas en apporter la preuve irréfragable…
L’une des déformations de base de la philosophie libérale est d’ériger en absolu l’autonomie, comme fondement de toute liberté. Ainsi, l’homme doit être préalablement libéré de tout lien pour pouvoir recréer un lien par contrat librement consenti (dans sa nature, son degré.. et sa durée). C’est pourquoi la société libérale est par essence une société où règne le déracinement (familial, national, culturel, religieux). D’une certaine manière, c’est une société de désordre, ou tout au moins une société contraire à l’ordre naturel. Et comme, par nature, l’homme cherche à créer l’ordre, il s’évertue à recréer un ordre artificiel qui n’arrive jamais à atteindre l’équilibre nécessaire en vue du bien commun. D’où le système économique déshumanisant que nous observons, qui est un profond désordre alors même que les règles n’ont jamais été aussi nombreuses. Et le désordre est la condition parfaite pour que s’exerce la loi du plus fort. Conséquence : domination du capital sur le travail, règne quasi sans partage de l’argent…
Gillaume de prémare


[ De PP à GP - William Cavanaugh (nous parlerons bientôt de son livre "Le mythe de la violence religieuse", éd. l'Homme Nouveau) accuse l'Etat-nation d'avoir partie liée avec le système libéral, lui-même auteur de la vision actuelle (totalement déformée) du religieux dans la société. ]

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Écrit par : Guillaume de Prémare, | 12/11/2009

> Je ne connais pas William Cavanaugh. Quelle est l'articulation de son accusation contre l'Etat-nation ? La philosophie libérale induit un ordre politique et social à son image. Dans ce cadre, l'Etat-nation peut sans doute être dévoyé.
Pour ma part, je me garderais bien d'idolâtrer la nation. Mais je la défends :
- Comme cadre général d'organisation qui donne une cohérence et une unité aux corps intermédiaires qui structurent la vie sociale. Et la nation constitue d'une certaine manière l'échelon politique supérieur adapté (au-delà de cet échelon, c'est trop vaste ; Cf. Union européenne comme réalité politique qui a du mal à trouver une cohérence).
- Comme cadre géographique, historique, culturel propice au nécessaire enracinement de la personne, et donc ouvert à la tradition vivante, c'est-à-dire la transmission de génération en génération de quelque chose qui ne nous appartient pas et qui est plus grand que nous (langue, culture, religion etc.).
Au-dessus de l’échelon national, il y a la civilisation dans laquelle s’inscrit cette nation, élément fort d’identité également, mais la civilisation ne s’incarne pas dans une réalité politique supranationale.
Je veux bien être universel (ô combien oui tant j’admire Athènes et Rome !), mais jamais internationaliste…
In fine, au-dessus de tout cela : la dignité intrinsèque de l’homme et l’unité du genre humain. Mille fois oui… « Il n’y a plus ni juifs, ni païens, ni esclaves ni hommes libres etc. » Notre patrie définitive est dans les cieux, et nous y sommes déjà car le royaume est parmi nous.
Et notre patrie ici bas est sous nos pas, cette terre que nous chérissons, celle de nos pères et celle de nos fils, le même terreau qui nourrit, qui donne la croissance et se meut, souple et ferme sous nos pieds d’argile. Nous le sentons, parcourant nos terroirs, cette terre vit, elle n’a de couleur et de miel comparables nulle part ailleurs, ni sur les bords du Nil, ni aux abords de la plus belle oasis. Cette terre est la plus tendre à notre âme, non parce qu’elle nous appartient mais parce que c’est elle que nous recevons avant même que de l’avoir désirée. Nous recevons, nous façonnons la promise donnée en totalité à chacun, et nous transmettons. Malheur à nous si nous ne transmettons pas !
« Nous sommes les instants d’une chose immortelle », disait Barrès.
Voilà pourquoi, si je pouvais passer ma vie à faire aimer la France – sans oublier le Seigneur… et après lui qui est premier servi – je vous jure que je me contenterais d’une telle existence…

Écrit par : Guillaume de Prémare, | 12/11/2009

Pour Guillaume de Prémare

> " Et il vint dans l'esprit dans le temple. Et comme l'enfant Jésus y entrait, conduit par ses parents, pour qu'ils fissent pour lui selon la coutume de la loi ;
Et lui-même le prit dans ses bras, et bénit Dieu, et dit:
Maintenant tu laisses aller ton serviteur, Seigneur, selon ta parole en paix.
Parce que mes yeux ont vu ton salutaire,
Que tu as préparé devant la face de tous les peuples ;
Lumière pour la révélation des nations, et gloire de ton peuple d'Israël.
Et son père et sa mère étaient en admiration sur ce qu'on disait de lui.
Attendant la consolation d'Israël ; et la consolation est venue; et la consolation n'a point suffi. La consolation est venue, et la consolation n'a pas consolé.
La consolation n'a pas consolé Israël ; et elle n a pas consolé votre chrétienté non plus, ô mon Dieu.
Attendant la consolation d'Israël ; depuis cinquante ans, mon Dieu, depuis quatorze siècles, depuis cinquante ans nous attendons la consolation de votre chrétienté.
Attendant la consolation d'Israël ; du royaume d'Israël ; jusqu'à quand, ô mon Dieu, attendrons-nous la consolation du royaume de France ; la consolation de la grande pitié qui est au royaume de France.
La consolation est venue ; et elle n'a pas consolé assez ; elle n'a pas consolé suffisamment.
Mais lui, ce vieillard, ce vieillard de ce pays-là, on ne sait pas qu'il ait plus rien vu ensuite. Et heureux il ne connut plus aucune histoire. Heureux, le plus heureux de tous, il ne connut plus nulle autre histoire de la terre.
Il pouvait se vanter, celui-là aussi, de s'être trouvé au bon endroit. 11 avait tenu, car il avait tenu, dans ses faibles mains, le plus grand dauphin du monde, le fils du plus grand roi ; roi lui-même, le fils du plus grand roi ; roi lui-même Jésus-Christ ; dans ses mains il avait élevé le roi des rois, le plus grand roi du monde, roi par dessus les rois, pardessus tous les rois du monde.
Il avait tenu dans ses mains la plus grande royauté du royaume du monde.
Et il ne connut plus nulle autre histoire de la terre.
Car au soir de sa vie, au soir de sa journée, d'un seul coup, du premier coup il avait connu la plus grande histoire de la terre.
Et aussi la plus grande histoire des cieux.
La plus grande histoire du monde.
La plus grande histoire de jamais.
La seule grande histoire de jamais.
La plus grande histoire de tout le monde.
La seule histoire intéressante qui soit jamais arrivée. "

Charles Péguy
Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc

Écrit par : Michel de Guibert, | 12/11/2009

GNANGNAN ?

> De toute façon tant que témoigner de l'Evangile signifiera comme dans beaucoup des relais paroissiaux : faire du social, à l'exclusion de tout témoignage effectif de l'évangile, et encore moins de toute allusion verbal au Christ Ressuscité... et à remplacer la Messe par des auto-célébrations "gniangnian", on continuera à s'éteindre tout doucement.
g2G2

[ De PP à G. :
- Est-ce le cas de votre paroisse ? La mienne n'est pas comme ça, et je n'ai pas l'impression qu'elle soit hors du commun...
- On ne peut opposer "social" et "évangile". Comment voulez-vous témoigner de l'évangile autrement que de façon incarnée ? Et quelle forme d'incarnation trouver hors de la société des humains ?

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Écrit par : Gégé, | 14/11/2009

BEAUCOUP DE PAROISSES ?

> Hélas ! Je suis souvent frappé de la différence pratique (donc au niveau local, là où je suis) entre les textes par exemple sur l'évangélisation et le fait de taire à tout prix son appartenance au Christ par respect.
Ce qui m'amène à votre deuxième point : il ne s'agit pas de désincarner la foi; au contraire. Mais si nul ne témoigne du Christ... comment appliquer : "Annoncer l'Evangile à toutes les nations" ?
J'ai été frappé lors de la semaine missionnaire mondiale, par les tracts demandant de l'argent au nom de la mission. Combien d'entre eux ne mentionnaient absolument pas l'évangélisation mais juste des oeuvres sociales (ce qui est bien en soi, mais ce n'est pas forcément de la mission).
Encore une fois, il ne s'agit pas d'opposer l'un à l'autre. Mais il serait décevant d'attendre que les pierres crient !
Et puis je suis surpris de la rhétorique ici ou là, qui critique nos frères évangéliques qui n'ont pas peur de parler du Christ et du salut, et s'inquiète de leur croissance. Je ne peux m'empêcher de mettre ceci en rapport avec nos églises locales (en tous cas c'est encore vrai en bien des endroits, même si le curé local est admirable) qui se vident faute d'annoncer le Christ et de réduire l'"Annonce" au social.
Ne pas réduire l'évangélisation au social; ni au simple fait de dire trop facilement "Jésus" par ci, "Jésus" par là, voilà l'"alchimie" qui nous reste à atteindre dans beaucoup de paroisses savez-vous...

Écrit par : Gégé, | 14/11/2009

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