06/11/2009
Lévi-Strauss - Europe contre crucifix - le rapport Dagens - Obama... le 'Grand Débat' à Radio Notre-Dame ce matin
J.F. Colosimo, H. Lindell et l'auteur de ce blog, à écouter sur : http://www.radionotredame.net/emission/legranddebat/2009-11-06
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18:43 Publié dans Idées, Médias | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : christianisme
Commentaires
L'ARRÊT ANTI-CRUCIFIX
> Attention, il s'agit d'un arrêt d'un arrêt de la Cour Européenne des Droits de l'homme (CEDH) qui n'est pas une institution de l'UE.
Écrit par : Jean, | 06/11/2009
> Mais l'idéologie est malheureusement la même.
Écrit par : Fulup, | 06/11/2009
> Oui, mais l'UE est moins technocratique que la CEDH car elle a un parlement élu. Aux chrétiens de se mobiliser pour infléchir le Parlement européen et faire en sorte qu'il ait un regard plus humain.
Écrit par : Damien, | 06/11/2009
ILLUSTRE DEFUNT
> à PP - Vous y allez un peu fort avec Lévi-Strauss, non ?
Écrit par : Sylvie Miral, | 06/11/2009
> à Sylvie Miral - Ce n'est pas lui qui est visé par les qualificatifs durs. Dans le débat à RND je déplore que ce très grand intellectuel se soit laissé parasiter (dans le domaine écologique) par une idée inexacte et de bas étage, nullement digne de lui - et dont on ne comprend pas comment il a pu l'admettre sans examen : le procès fait à la Genèse censée "faire de l'homme un maître, un seigneur absolu de la création" (entretien au 'Monde' du 21 janvier 1979) ; puis l'idée selon laquelle l'homme, en "traçant la frontière" entre lui-même et les autres espèces vivantes, se serait ensuite "trouvé amené" à "reporter cette frontière au sein de l'espèce humaine" : autrement dit la Bible serait la mère de tous les racismes parce qu'elle distingue l'homme de la bête ! En réalité la Bible dit autre chose : être institué berger-jardinier-prêtre de la Création est le contraire d'un permis de saccager. D'où notre désolation de voir Lévi-Strauss, en 1979, parler du judéo-christianisme comme un militant du Front de Libération des Animaux.
Écrit par : PP, | 06/11/2009
LA TENTATION DE L'IMMANENCE
> Au fond ce qu'on reproche régulièrement au judéo-christianisme,peut-être ce que reproche Lévi-Strauss,c'est d'avoir rendu l'homme libre, et donc aussi capable du pire.
En effet deux visions, orientale et occidentale, traversent l'histoire humaine:la première, immanentiste, a développé de belles sagesses où humilité( et son autre versant:la joie, gâce d'enfance)et fatalisme sont indissociablement liés,l'autre, transcendante, a hissé l'homme, image d'un Dieu Créateur, au-dessus de la nature et de son temps cyclique, le faisant entrer dans une histoire unique de libération,mais là deux "sagesses" s'affrontent, celles du Monde où l'homme devient un tyran pour la Création(et pour lui-même),celle du Royaume où l'homme par participation devient "Créateur auxiliaire" du monde naturel.
Face à l'étendue des dégâts causés par l'homme occidental, il est tentant, voire "sage" de se replier sur une philosophie de l'immanence, mais voilà: la Sagesse de notre Dieu est folie aux yeux des hommes, qui veut faire de nous non plus des serviteurs mais amis du Tout-Puissant.
Écrit par : Josnin, | 07/11/2009
DISCUSSION
> Je crains que l'opposition convenue entre l'Orient et l'Occident, l'immanentisme et la transcendance, le fatalisme et la liberté, le temps cyclique et le temps linéaire ne soit rien d'autre qu'une projection de l'esprit. Ouvrez les yeux. Aujourd'hui en Occident, la plupart des gens sont des immanentistes convaincus. Si tous n'ironisent pas sur les "arrière-mondes", du moins l'avis de Nietzsche l'a emporté largement dans les consciences. Le fatalisme se porte aussi très bien. Les discours des politiques, des intellectuels, des membres d'associations, etc. font sans cesse référence à un déroulement de l'histoire sur lequel nous n'avons pas prise, à des contraintes techniques, économiques auxquelles nous devons nous soumettre sans chercher à les réformer. Quant au temps cyclique, il n'est pas totalement absent : on le retrouve par exemple en économie. Les crises doivent nécessairement se reproduire de façon cyclique dans les sociétés capitalistes. Donc inutile de paniquer, c'est dans l'ordre des choses.
L'Orient ne forme pas un seul bloc. Et dans une même aire culturelle vous pourrez trouver un certaine diversité de communautés. Ainsi, la Grèce antique n'aurait certainement pas mis l'humilité et la grâce d'enfance au nombre des vertus qui permettraient à l'homme d'accéder à la sagesse. Je ne suis pas sûr non plus qu'elles soient très valorisées chez les peuples hindou et bouddhistes. L'enfant qui n'a pas encore appris à maîtriser ses passions doit plutôt leur inspirer de la méfiance. La figure du vieillard, riche des expériences accumulées au cours de sa vie est beaucoup plus valorisante.
De plus vous rencontrerez en Orient des chrétiens orientaux,ou encore l'Islam. Une situation géographique n'est pas suffisante pour modifier le contenu de la foi. Et quant aux musulmans, même si leur conception de Dieu n'est pas la même que celle des juifs et des chrétiens, ils n'en sont pas moins acquis à sa transcendance. Eux aussi croient à la fin des temps, à la résurrection des corps et à la venue d'un monde nouveau. Ils ne sont donc pas immanentistes et leur conception du temps est indubitablement linéaire.
Écrit par : Blaise, | 07/11/2009
> On pourrait ajouter que transcendance et fatalisme (celui de la soumission à Dieu) riment dans l'Islam.
On pourrait ajouter que l'esprit d'enfance, l'humilité, la joie sont des des vertus fortement valorisées par le christianisme et qui sont même des voies d'accès privilégiées à Dieu.
On pourrait ajouter que le Christ, Dieu fait homme, fait éclater les dialectiques entre immanence et transcendance.
On pourrait ajouter qu'il y a toujours une certaine tension entre deux manières de voir le salut, entre l'abandon à la volonté divine et la participation au plan de Dieu comme co-créateur, entre la foi et les oeuvres, entre St Augustin et St Ignace de Loyola...
Écrit par : Michel de Guibert, | 07/11/2009
ETRANGE DISCOURS DE LEVI-STRAUSS
> Le discours "antispéciste" de Lévi-Strauss est d'autant plus étrange que par son travail il a lui-même contribué à tracer en ethnologie cette frontière entre l'homme sujet de culture et la bête. Pourquoi dans ce cas en faire le reproche au Livre de la Genèse ?
A l'opposé, la doctrine biologisante du racisme, qui établit des frontières "naturelles" au sein du genre humain, repose sur la négation (revendiquée) de toute distinction significative entre l'homme et la bête. La culture se voit inféodée de façon unilatérale aux sciences naturelles.
Je me souviens d'un passage de Gobineau, dans son livre sur l'inégalité des races, où notre théoricien s'était mis en tête d'expliquer les formes stylistiques de l'art des Etrusque par les traits physiologiques de leur race. D'où : (1) négation de la culture et de toute spécificité humaine (2) construction imaginaire de "races" humaines.
Écrit par : Blaise, | 07/11/2009
D'ACCORD
> Tout-à-fait d’accord avec Michel de Guibert !
Plutôt que d’attribuer plus ou moins arbitrairement les vertus « d’esprit d’enfance », « d’humilité » et de « joie » à une quelconque « sagesse orientale », qui nous en délivrerait le secret, nous ferions mieux de prendre conscience de leur spécificité proprement chrétienne. Inutile de se faire le disciple d’un gourou au fin fond de l’Himalaya pour apprendre à en vivre ; il nous suffit de suivre le Christ au rythme des Evangiles ; de participer à sa liturgie et de se mettre à l’école des saints.
N’est-ce pas le Christ qui a porté à sa perfection l’esprit d’enfance, l’humilité et la joie ?
On peut dire en effet, que « le Christ, Dieu fait homme, fait éclater les dialectiques entre immanence et transcendance. » Malgré tout, nous pouvons aller encore plus loin : Dieu, tel qu’il se manifeste dans l’histoire de son peuple, tel qu’il se révèle à nous dans les livres de la Bible, fait éclater les dialectiques entre immanence et transcendance. Le Dieu de l’Alliance est un acteur de l’histoire d’Israël et non pas un simple objet de culte. L’Incarnation n’est pas un événement absurdement isolé.
Écrit par : Blaise, | 07/11/2009
CROIX ET TOTEM
> Je suis bien d'accord avec vous, Blaise, notre société "occidentale" est très sensible aux attraits, réels, de ce que j'appelle sagesse orientale ( non au sens géographique du terme, mais dans un esprit peut-être exagéré de simplification), surtout face aux échecs des idéologies où "téléologie" sécularisée et divinisation paradoxale d'un homme rejetant par ailleurs l'idée de Dieu ont mis en péril l'humanité, voire la vie terrestre elle-même. Que cela plaise ou non,l'universalisme des Lumières(qui a rendu le colonialisme insupportable d'arrogance),le marxisme comme le nazisme sont bien nés chez nous, héritiers révoltés du judéo-christianisme.
Bien sûr, Monsieur de Guibert, l'esprit d'enfance et la joie sont vertus chrétiennes,alleluia!: mais notre culture est tellement consciente de sa supériorité,(qu'elle attribue à ses seules forces), que nous sommes tentés par exemple de regarder avec dédain ces peuples où le rire est conaturel à la vie,( quand il faut chez nous des séances de rire forcé pour lutter contre le stress!);tellement ignorante que beaucoup découvrent cette vertu chrétienne de l'humilité par la pratique de sports asiatiques(taï chi chuan et compagnie).
Et ce repli sur le fatalisme(tentant en période de crise exitentielle d'une civilisation, comme à l'époque des stoîciens),fait le bonheur de ceux qui nous dirigent en nous ôtant jusqu'à l'idée qu'il puisse en être autrement:si Jean-Paul II a fait tomber l'URSS,et faisait peur avec raison des deux côtés du mur, le Dalaï-lama apprend davantage à supporter les maux du communisme, comme ceux de notre Occident, qu'à s'y opposer.
Levi-Stauss à mon sens ne rejette pas le judéo-christianisme,mais les monstres qui en sont sortis, ne voyant pas que sa bienveillance universelle à l'égard de tous les peuples, en particuliers les plus vulnérables ,est aussi issue de sa culture judéo-chrétienne, et que ce qu'il admire chez eux sont souvent des vertus professées par le christianisme.
Lors de la première Evangélisation, on sculptait sur nos dolmens païens la croix du Christ:à l'ère de la nouvelle Evangélisation,remettons-la sur le totem "levi-straussien"(même si c'est interdit par l'Europe!)
Écrit par : Josnin, | 07/11/2009
> Cher Patrice, où peut-on trouver ce rapport de Mgr Dagens ?
Écrit par : vf, | 10/11/2009
@ vf
> Il devrait être publié prochainement.
Écrit par : Michel de Guibert, | 11/11/2009
SON COTE DETESTABLE
> J'ai écouté le débat de Radio Notre-Dame à propos de Lévi-Strauss. Je vous remercie d'avoir souligné les deux côtés de cet auteur, en particulier son côté détestable. En effet, lorsqu'il aborde le thème du structuralisme, il prend une position franchement matérialiste, niant la conscience puisque la structure s'impose presque mécaniquement à nous. Il va même jusqu'à dire : "ça pense". Déjà en 1963, de nombreux universitaires l'avaient remarqué.
Nous n'avons entendu que des éloges dithyrambiques. Jusqu'à M. Accoyer : franchement a-t-il lu cet auteur ? Il n'y a que 'La Croix' grâce à l'article de Marcel Neusch qui parle de "métaphysique nihiliste", et un peu le dossier du 'Monde', le lendemain.
Écrit par : TB, | 13/11/2009
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