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30/10/2009

Identité nationale, oecuménisme, sécularisation : 'Grand Débat' ce matin à Radio Notre-Dame

http://www.radionotredame.net/emission/legranddebat/2009-10-30

avec J.F. Colosimo, H. Lindell et l'auteur de ce blog...


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18:32 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : christianisme

Commentaires

BANALITES

> Bien d'accord avec vous à propos du pseudo-débat sur l'identité nationale : on en connaît d'avance le résultat, un monceau de banalités archi-ressassées depuis quinze ans. Quoi d'autre à en attendre ? ils lancent (relancent) ce "débat" non pour dire quelque chose, mais pour agiter le mot "identité" avant les régionales.
La vraie urgence serait en effet plutôt de discuter du contrôle des banques ! Mais ça...

Écrit par : chtonk, | 30/10/2009

DU BON DANS LES TROIS

> Sur l'oecuménisme, il y a du bon dans les trois intervenants, même si je préfère PdP :
- la dérive libérale du monde luthérien-anglican est le fruit du "magistère démocratique" de ces communions. En définitive ce sont les spin doctors des politiciens qui y définissent la théologie.
- dans l'orthodoxie la dérive (très ancienne) est nationaliste. On a toujours l'impression que le "la" y est donné par les services secrets ou l'armée.
Ces deux dérives sont en fait parentes et semblables. (dixit JF Col.)
Une défense efficace est le biblisme presbytéral. Celui-ci est vierge de ces dérives, mais en retour souffre d'un littéralisme qui risque toujours de verser dans un "salafisme chrétien".
Le catholicisme est l'autre moyen d'éviter ces dérives. Il garantit une foi vivante mais non "à la mode", respectueuse mais non soumise aux nations. Il repose sur le magistère du Pape qui n'est pas que "d'honneur" mais possède une dimension disciplinaire.
L'histoire, tant de l'orthodoxie que du catholicisme ou de l'anglicanisme, montre l'incapacité des ecclésiologies purement conciliaires à garantir une communion de foi fondée sur la "voie étroite" plutôt que le "chemin large de la facilité".
En conséquence, on perçoit le chemin oecuménique suivi par le Saint Père :
- rigueur sur l'union de foi
- tolérance sur la forme liturgique (à condition qu'elle soit reçue et non créée, et qu'elle exprime fidèlement cette foi)
- ecclésiologie qui garantisse les bienfaits sus-mentionnés du magistère papal.
Cela explique que sa vision de l'oecuménisme et de l'Eglise ne soit pas celle du cardinal Kasper.
Pour lui, comme pour nous, c'est véritablement le Christ qui a voulu l'Eglise !
Le cardinal Kasper, en diplomate exténué, tend à confondre la fin et les moyens. Il tend à négliger l'union organique du corps du Christ au bénéfice d'une "SDN des religions".
Plus conforme me parait la formule du cardinal Levada :"Les ordinariats personnels établis par la Constitution apostolique peuvent être considérés comme un nouveau pas en avant en vue de la réalisation de l’aspiration à la pleine et visible union dans l’unique Église, qui est l’un des principaux buts du mouvement œcuménique."

Écrit par : Julius, | 30/10/2009

à Julius,

> votre manière d'opposer Benoît XVI et le cardinal Kasper (à la suite, je crois me rappeler, de Jean-François Colosimo), n'est ni juste ni raisonnable.
Pas raisonnable : pourquoi Benoît XVI maintiendrait-il sa confiance au cardinal Kasper si sa vision de l'oecuménisme était à ce point opposée !
Pas juste : voilà ce que disait le cardinal Kasper dans un important document que j'ai déjà cité ailleurs (Discours d'ouverture de l'assemblée plénière du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens de novembre 2001) :
"Tous les dialogues sont convergents du fait de tourner autour du concept de communio comme de leur concept clé. Tous définissent l’unité visible de tous les chrétiens comme unité de communio, et sont d’accord pour la concevoir, par analogie avec le modèle trinitaire originel, non pas comme uniformité, mais comme unité dans la diversité et diversité dans l’unité. Cette convergence dans le concept de communion correspond à la vision du deuxième Concile du Vatican. Le Synode extraordinaire des évêques de 1985 a déclaré que l’ecclésiologie de communion est 'l’idée centrale et fondamentale des documents du Concile'.
L’unique Christ et l’unique Église étant présents dans chaque Église locale, aucune Église locale ne peut être isolée ; chaque Église locale est nécessairement et essentiellement en koinonia/communio avec toutes les autres Églises locales qui célèbrent l’eucharistie. L’Église universelle est une unité de 'communio' d’Églises.
Les Églises locales ne sont pas des subdivisions, de simples départements ou des provinces de l’unique Église, mais l’unique Église n’est pas non plus la somme des Églises locales, ni le résultat de leur association, de leur reconnaissance réciproque ou de leur interpénétration mutuelle. L’Église une est réelle dans la communio des Églises locales, mais elle ne naît pas de cette communio, elle est donnée antérieurement et elle subsiste dans l’Église catholique. En les mettant ensemble, cela signifie que l’Église une et la diversité des Églises locales sont simultanées ; elles sont intérieures entre elles (périchorétiques).
Au moment de nous embarquer pour le troisième millénaire, nous avons besoin d’un nouvel enthousiasme œcuménique. Mais cela ne signifie pas d’inventer des utopies irréalistes pour l’avenir. La patience est la sœur cadette de l’espérance chrétienne. Au lieu de contempler l’impossible et de nous impatienter contre lui, nous devons vivre la communio possible et déjà donnée, et faire ce qui peut être fait aujourd’hui. En procédant de cette façon, pas à pas, nous pouvons espérer qu’avec l’aide de l’Esprit de Dieu qui est toujours prêt à nous surprendre, nous trouverons le chemin vers un avenir commun meilleur. Dans ce sens: « Duc in altum ! » « Avance en eau profonde! » (Lc 5, 4)."
http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/documents/rc_pc_chrstuni_doc_20011117_kasper-prolusio_fr.html
Et Benoît XVI, dès le début de son pontificat, réaffirmait cet engagement en faveur de l'oecuménisme, dont il a fait une des priorités de son pontificat (Premier message du pape Benoît XVI au terme de la concélébration eucharistique avec les cardinaux électeurs dans la chapelle Sixtine le 20 avril 2005) :
" Nourris et soutenus par l'Eucharistie, les catholiques ne peuvent que se sentir incités à tendre vers cette pleine unité que le Christ a ardemment souhaitée au Cénacle. Le Successeur de Pierre sait qu'il doit de manière toute particulière prendre en charge cette aspiration suprême du Divin Maître. C'est à Lui, en effet, qu'a été confiée la tâche de confirmer ses frères (cf. Lc 22, 32).
C'est donc pleinement conscient, au début de son ministère dans l'Eglise de Rome que Pierre a baigné de son sang, que son Successeur actuel prend comme premier engagement de travailler sans épargner ses forces à la reconstruction de l'unité pleine et visible de tous les fidèles du Christ. Telle est son ambition, tel son devoir pressant. Il est conscient que dans ce but, les manifestations de bons sentiments ne suffisent pas. Des gestes concrets sont nécessaires, qui pénètrent les âmes et remuent les consciences, appelant chacun à cette conversion intérieure qui est le présupposé de tout progrès sur la voie de l'oecuménisme.
Le dialogue théologique est nécessaire, l'approfondissement des motivations historiques des choix qui ont eu lieu par le passé est également indispensable. Mais ce qui est plus urgent encore, est la "purification de la mémoire", tant de fois évoquée par Jean-Paul II, qui seule peut disposer les âmes à accueillir la pleine vérité du Christ. C'est devant Lui, Juge suprême de tout être vivant, que chacun de nous doit se placer, conscient de devoir un jour Lui rendre compte de ce qu'il a accompli ou non à l'égard du grand bien de l'unité pleine et visible de tous ses disciples.
Le Successeur actuel de Pierre se laisse interpeller personnellement par cette question et il est disposé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour promouvoir la cause fondamentale de l'oecuménisme. Dans le sillage de ses Prédécesseurs, Il est pleinement déterminé à cultiver toute initiative qui apparaîtra opportune pour promouvoir les contacts et l'entente avec les représentants des diverses Eglises et Communautés ecclésiales. En cette occasion, il leur adresse même son plus cordial salut dans le Christ, unique Seigneur de tous."
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/messages/pont-messages/2005/documents/hf_ben-xvi_mes_20050420_missa-pro-ecclesia_fr.html
Il précisait quelques jours plus tard son soutien au Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens (Discours du Pape Benoît XVI aux délégués des autres Églises et communautés ecclésiales du 25 avril 2005) :
"Notre rencontre de ce jour est particulièrement significative. Elle permet avant tout au nouvel Évêque de Rome, Pasteur de l'Eglise catholique, de répéter à tous, avec simplicité : Duc in altum! Allons de l'avant dans l'espérance. Sur les traces de mes Prédécesseurs, en particulier Paul VI et Jean-Paul II, je ressens fortement le besoin d'affirmer de nouveau l'engagement irréversible, pris par le Concile Vatican II et poursuivi au cours des dernières années grâce aussi à l'action du Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens. Le chemin vers la pleine communion voulue par Jésus pour ses disciples comporte dans une docilité concrète à ce que l'Esprit dit aux Eglises, courage, douceur, fermeté et espérance de parvenir au but. Il comporte par-dessus tout la prière insistante et d'un même cœur, pour obtenir du Bon Pasteur le don de l'unité pour son troupeau.
Comment ne pas reconnaître avec un esprit de gratitude envers Dieu que notre rencontre a aussi la signification d'un don déjà accordé? En effet, le Christ, le Prince de la Paix, a agi au milieu de nous, il a répandu à pleines mains des sentiments d'amitié, il a atténué les discordes, il nous a enseigné à vivre avec une plus grande attitude de dialogue, en harmonie avec les engagements propres à ceux qui portent son nom. Votre présence, chers Frères dans le Christ, au-delà de ce qui nous divise et qui jette des ombres sur notre communion pleine et visible, est un signe de partage et de soutien pour l'Évêque de Rome, qui peut compter sur vous pour poursuivre le chemin dans l'espérance et pour croître vers Lui, qui est la Tête, le Christ."
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2005/april/documents/hf_ben-xvi_spe_20050425_rappresentanti-religiosi_fr.html
C'est clair !

Écrit par : Michel de Guibert, | 31/10/2009

@ MdG

> Je vous remercie de vos citations. J'aurais peut-être dû écrire :"Cela explique que sa vision de l'oecuménisme et de l'Eglise ne soit pas celle que professe le cardinal Kasper". Car on peut imaginer qu'il faille faire la différence entre l'homme et les contraintes liées à sa fonction.
Cependant nul n'ignore qu'il est l'ancien assistant de Hans Küng à Tübingen et qu'il appartient à l'aile libérale de l'église allemande qui déjà donna tant de fil à retordre à Jean Paul II. Je lui reconnais cependant un certain souci "d'arrondir les angles".
C'est peut-être sa fonction qui l'amena à s'opposer à la déclaration Dominus Iesus en 2000, à la réécriture de la « prière pour les juifs » de la forme extraordinaire et à briller par son absence (lui et tout son conseil) lors de la conférence de presse du cardinal Levada sur les anglicans.
C'est peut-être par simple coïncidence et non par souci de torpiller une "corporate réunion", qu'il déclara très récemment "que la conversion était une question personnelle. Toute personne qui, à titre individuel, souhaitera se convertir au catholicisme sera accueillie, mais pas les groupes. L’Eglise catholique ne fait pas de prosélytisme."
Je crois cependant qu'il est utile à Benoit XVI, là où il est, dans le rôle du "good guy", gentil ambassadeur.
Dans un article de la Croix, I. de Gaulmyn vantait sa "loyauté" vis-à-vis du Pape.
Mais elle ne niait pas que ses conceptions oecuméniques ne sont pas en phase avec la théologie de Joseph Ratzinger.
Après cela, il est probablement plus intéressant de s'interroger sur la valeur de cette politique des "petits pas" et des "petits fours". Je serais heureux de lire le bilan que vous en faites :
- la déclaration commune avec les luthériens sur la grâce (très bon)
- l'incapacité à s'opposer aux dérives "libérales" des anglicans et des luthériens
- l'insuffisance du dialogue organisé avec les groupes évangéliques et pentecôtistes protestants
- le quasi-abandon des galiciens, toujours en butte à l'hostilité orthodoxe (accords de Balamand en 93 qui semblent contredire l'écclésiologie classique rappelée par Dominus Iesus)
- la persistance d'une haine aveugle anticatholique dans la communauté orthodoxe grecque (voir http://www.impantokratoros.gr/FA9AF77F.en.aspx )
D'une manière générale ces discussions me semblent faire la part trop belle à une vision conciliariste de l'Eglise, divisée en autant de chapelles nationales (voir http://istina.eu/index.php?page=textes-de-reference ).
Je ne veux pas faire de longues citations, mais je vous invite à lire le chapitre consacré à l'oecuménisme par Louis Bouyer (qui connut très bien le sujet) dans "le métier de théologien". C'est un peu vieux (1977), mais les dangers soulevés sont éternels.
Cela permet aussi de rester optimiste au regard des progrès réalisés depuis cette date.

Écrit par : Julius, | 31/10/2009

@ Julius

> Je ne sais, concernant le cardinal Walter Kasper, s'il faut distinguer ce que pense secrètement l'homme et ce qu'il professe publiquement ; je ne sonde pas les reins et les cœurs et ce serait lui prêter une certaine dose d'hypocrisie... qui ne correspond vraiment pas au franc-parler dont on crédite généralement le cardinal Kasper.
Le fait qu'il ait été assistant de Hans Küng à Tübingen n'est vraiment pas un argument ; Josef Ratzinger a lui aussi été un collègue de Hans Küng à Tübingen ! Tous deux ont été experts au Concile Vatican II, et il est plus qu'évident que leurs itinéraires ont divergé ensuite...
C'est Jean-Paul II qui l'a appelé en 1999 comme secrétaire puis en 2001 comme président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, et c'est Benoît XVI qui l'a confirmé dans cette charge en 2005, lui demandant en 2008 de rester à son poste au-delà même de la limite d'âge. Je crois que cela illustre suffisamment que, malgré certaines divergences théologiques, la confiance qui lui est fait est constante et totale.
Votre excursus sur la politique des "petits pas" et des "petits fours" est, dans ce contexte, assez [...censuré].
Vous me demandez ce que je pense de :
-- la déclaration commune avec les luthériens sur la grâce (très bon)
* D'accord avec vous : c'est le résultat le plus patent et il est de taille.
-- l'incapacité à s'opposer aux dérives "libérales" des anglicans et des luthériens
* Je ne vois pas en quoi en quoi les dérives d'autres confessions seraient à imputer à un prélat catholique !
-- l'insuffisance du dialogue organisé avec les groupes évangéliques et pentecôtistes protestants
* C'est une donnée assez nouvelle, et la difficulté vient là surtout de l'absence d'interlocuteur représentatif ; les fédérations protestantes éprouvent d'ailleurs les mêmes difficultés...
-- le quasi-abandon des Galiciens, toujours en butte à l'hostilité orthodoxe (accords de Balamand en 93 qui semblent contredire l'écclésiologie classique rappelée par Dominus Iesus)
* Pas d'abandon des Galiciens, comme vous dites (je suppose que vous parlez des gréco-catholiques d'Ukraine), mais un abandon de l'uniatisme comme manière de faire l'unité :
http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/ch_orthodox_docs/rc_pc_chrstuni_doc_19930624_lebanon_fr.html -- la persistance d'une haine aveugle anticatholique dans la communauté orthodoxe grecque
* Votre propos serait singulièrement à nuancer ; l'Eglise de Grèce était du reste représentée à la récente réunion mixte à Chypre et les réactions négatives de certains orthodoxes ont unanimement été condamnées par toutes les Eglises orthodoxes ! Mais, de toute façon, je ne vois pas là encore en quoi en quoi les sectarismes de certaines autres Eglises seraient à imputer à un prélat catholique !
Vous citez ce remarquable lieu d'œcuménisme qu'est le Centre Istina ; écoutez ce que dit le frère Hyacinthe Destivelle sur Radio Vatican :
http://62.77.60.84/audio/ra/00183633.RM
Votre appréciation sur "la part trop belle à une vision conciliariste de l'Eglise" n'engage que vous, mais il est de fait, ne vous en déplaise, que tout le travail oecuménique se fonde sur une ecclésiologie de communion et vise à articuler plus justement la primauté et la synodalité (ou la conciliarité, si vous préférez)
Je relirai bien volontiers Louis Bouyer, ce passionné de l'Eglise et de l'oecuménisme que je tiens en haute estime, mais je n'ai pas "Le métier de théologien" sous la main.

Écrit par : Michel de Guibert, | 01/11/2009

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