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25/09/2009

Vraie-fausse relance de l'affaire Williamson

On avait pointé ici plus nettement l'arcane de cette affaire :


 

http://www.slate.fr/story/10779/affaire-williamson-le-vatican-savait

Un article d'Henri Tincq intitulé : « Affaire Williamson / le Vatican savait ».

Extraits :

<< Une attachée de presse du diocèse de Stockholm a précisé à l'agence d'informations vaticanes APIC que l'évêché avait transmis la position de l'évêque Williamson dès la fin de novembre 2008 au nonce apostolique en Suède, Mgr Emil Paul Tscherrig. Celui-ci a aussitôt transmis l'information à Rome... Cette information est-elle bien parvenue jusqu'au Vatican ? Si oui, par qui? A t-elle été interceptée et bloquée ?

...La chaîne de télévision suédoise publie aussi sur son site un courrier adressé par le Père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican. [Il] affirme qu'il n'était pas au courant de l'interview controversée de l´évêque négationniste avant sa diffusion. «Le cardinal Castrillon Hoyos (alors président de la commission Ecclesia Dei, ndlr), ne m´en a rien dit avant la diffusion, a précisé le Père Lombardi. Je ne savais pas qu'une note sur Williamson avait été envoyée au Vatican, et je ne sais pas qui l´a reçue et lue. Personne ne m'en a parlé »...

Dans une interview accordée dès février 2009 au quotidien catholique La Croix, le porte-parole du Vatican avait déjà regretté que ceux qui avaient géré cette affaire n'avaient pas eu conscience de la gravité des propos de Mgr Williamson. Il avait déjà mis en cause le cardinal Castrillon Hoyos, principal négociateur dans cette affaire. Les principaux soupçons portent donc sur cette commission qui a préparé le dossier de levée des excommunications des quatre évêques intégristes — dont Williamson — et qui aurait bloqué les informations nauséabondes venues de Suède sur son compte. Elle a d'ailleurs été déchargée par Benoît XVI, fin juin, de l'essentiel de ses fonctions de dialogue avec les traditionalistes, celles-ci étant transférées à la congrégation pour la doctrine de la foi. Et son président Castrillon-Hoyos a été mis à la retraite.

...Federico Lombardi l'a confirmé jeudi 24 septembre dans une note aux journalistes: «Il est absolument infondé d'affirmer ou même d'insinuer que le pape était préalablement au courant des positions de Williamson». Le porte-parole de Benoît XVI a tenu à réaffirmer «la dissociation radicale du pape à l'égard des positions antisémites ou négationnistes» et rappelé sa lettre aux évêques, en date du 10 mars, par laquelle il avait mis «un terme à toute cette question», en démontrant «le caractère totalement infondé des accusations de manque de respect à l'égard du peuple juif qui lui étaient faites» et en reconnaissant aussi «les limites de la communication interne et externe du Vatican ». A bon entendeur... >>



N'épiloguons pas. L'article de Tincq (sur une relance de la polémique par la TV suédoise) confirme ce que nous écrivions ici à l'époque des faits, après des conversations téléphoniques avec des personnalités du Saint-Siège : la gravité de la situation avait bien été signalée à un bureau romain. Ce bureau avait bien « enterré » l'affaire, comme avait été « enterrée » l'affaire Wielgus (2005) et avec le même résultat : attirer un tollé contre Benoît XVI. Le décret de levée d'excommunication – au lieu d'être retardé pour vider l'abcès [*] – a été promulgué comme si de rien n'était : ce qui transforma le scandale Williamson en « scandale Benoît XVI », chose inexprimablement injuste mais qui fit des ravages dans l'opinion internationale. Pourquoi l'information de Stockholm a-t-elle été enterrée quelque part dans un bureau romain ? Selon les indices, il s'est agi d'un coup de billard retors, joué par un courant peu « conservateur » et visant à mettre Benoît XVI en position difficile. L'analyse de Tincq pèche ici par réflexe : incriminer un vieux cardinal non décisionnaire, dont les lacunes étaient connues, ne suffit pas à expliquer ce qui s'est passé dans le bureau d'un autre cardinal, décisionnaire, dont l'entregent était notoire.

 

[*] et contraindre Ecône à un examen de conscience sur les amalgames idéologico-religieux constituant l'intégrisme...

 

16:58 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : christianisme

Commentaires

LE DIFFICILE ET LE PERILLEUX

> Il sera toujours difficile de démêler dans cette affaire les responsabilités respectives du Cardinal Dario Castrillon Hoyos et du Cardinal Giovanni Baptista Re... et non moins périlleux d'imaginer un complot chaque fois qu'il y a dysfonctionnement grave.
Michel de Guibert


[ De PP à MG - Ne disqualifions pas sous l'étiquette de "complotisme" le simple exercice des facultés d'enquête. Comme vous le dites vous-même, on sait où sont les responsabilités. Chacun sait au Vatican que le cardinal Castrillon a fauté par présomption ("je me charge de toute cette affaire" - on a vu avec quelle efficacité), et que le cardinal Re a choisi de promulguer le décret au pire moment. Sachant que ce cardinal n'est pas un ami de Benoît XVI ni un "conservateur" (c'est le moins qu'on puisse dire), sachant ce qu'il a fait à propos de Wielgus puis de Recife, et sachant que ces trois affaires se sont retournées contre le pape, on n'a pas besoin d'être un maniaque du complot pour constater l'existence d'indices objectifs. Ils montrent par ailleurs que Benoît XVI n'est pas impliqué dans la "gestion calamiteuse" de l'affaire Williamson. Qui est impliqué ? Des collaborateurs du pape, a dit froidement le cardinal Schönborn. Qui n'a pas la réputation d'un complotiste.
Cela dit, chacun a le droit de ne pas regarder ces faits. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Michel de Guibert, | 25/09/2009

LA GESTION

> Je suis pleinement d'accord avec vous, Patrice de Plunkett, sur ce que vous dites avec le cardinal Schönborn, de la "gestion calamiteuse" de l'affaire Williamson.
Je suis pleinement d'accord aussi quand vous dites que Benoît XVI n'est pas impliqué dans cette gestion calamiteuse.
Pour le reste, je trouve comme vous suspectes certaines attitudes, et celle du cardinal Re dans l'affaire Wielgus est avérée, mais je me méfie un peu de ceux qui trouvent leurs délices à monter en épingle une opposition dialectique entre courants vaticanesques et à désigner les bons et les méchants de la Curie, je pense ici aux écrits de l'abbé Claude Barthe.
Le cardinal Re a eu de hautes responsabilités auprès de trois papes ; pourquoi cette confiance si longtemps renouvelée ?

Écrit par : Michel de Guibert, | 25/09/2009

BARTHE ?

> Tout ceci semble confirmer les analyses percutantes de l'abbé Claude Barthe sur le site "Eucharistie miséricordieuse", en particulier lorsqu'il se penche sur l'existence d'une opposition romaine au pape Benoît XVI.

Écrit par : hildebrand, | 25/09/2009

CURIE ROMAINE

> bonjour à tous, je reviens de loin et vous retrouve avec plaisir ; je découvre donc beaucoup de post très tardivement, et je tombe sur celui-là.
qu'est-ce à dire? le cardinal Re est-il toujours en fonction? quelle est sa fonction aujourd'hui au vatican? est-il oui où non à la retraite, et qu'est-ce que c'est que cette affaire Wielgus ?
enfin, cher pp, vous dites donc que ce cardinal n'est pas un "conservateur" mais un libéral (si je déduis bien...) mais qui milite pour quelle réforme dans l'Eglise?
il y aurait comme cela des affrontements profonds au vatican, contre benoit XVI?

[ De Pp à JC - Cher ami, relisez les notes et les commentaires mis en ligne ici au moment de l'affaire Wiliamson et de l'affaire de Recife ; vous y trouverez les éléments du cas Wielgus. Quand à l'existence de "courants" au Vatican, elle a toujours été : le saint-Siège est une organisation humaine et l'Eglise est composée de pécheurs. Qu'elle y survive depuis deux mille ans est une preuve de son origine surnaturelle ! ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : jean christian, | 28/09/2009

BARTHE ?

@ Hildebrand

> Euh... analyses percutantes ou parti-pris idéologiques ?

Écrit par : Michel de Guibert, | 28/09/2009

Les commentaires sont fermés.