12/09/2009
Qui osera dire aux victimes de la crise du système économique : « Rentrez chez vous » ?
Lecture de ce dimanche - lettre de saint Jacques (2, 14-18) :
« Mes frères, si quelqu'un prétend avoir la foi, alors qu'il n'agit pas, à quoi cela sert-il ? Cet homme-là peut-il être sauvé par sa foi ? Supposons que l'un de nos frères ou l'une de nos soeurs n'aient pas de quoi s'habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l'un de vous leur dit : Rentrez tranquillement chez vous ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! et si vous ne leur donnez pas ce que réclame leur corps, à quoi cela sert-il ? Ainsi donc, celui qui n'agit pas, sa foi est bel et bien morte, et on peut lui dire : Tu prétends avoir la foi, moi, je la mets en pratique. Montre-moi donc ta foi qui n'agit pas ; moi, c'est par mes actes que je te montrerai ma foi. »
Martin Luther rejetait ce texte néotestamentaire (il l'appelait « l'épître de paille »), parce qu'il y voyait l'origine de l'erreur – prêtée aux catholiques – du « salut par les oeuvres », alors que le salut est un don gratuit de Dieu.
Or le catholicisme, en indiquant le rôle des oeuvres, n'a jamais cru qu'elles procuraient le salut ! « Il faut faire quelque chose pour Dieu, mais il s'agit d'abord de le recevoir » [*]. Cela étant acquis, salut et oeuvres sont inséparables : « Ce salut ne vient pas de vous : il est un don de Dieu, il ne vient pas des oeuvres car nul ne doit pouvoir se glorifier. Nous sommes son ouvrage, créé dans le Christ Jésus en vue de bonnes oeuvres que Dieu a préparées d'avance pour que nous les pratiquions » (Ephésiens 2, 8-10).
Jacques dit (2, 26): « la foi qui n'agit pas est morte ». Celui qui ne se met pas au service des autres renie les prophètes (Isaïe 58, 6-7 : « le jeûne que je préfère [dit l'Eternel] : dénouer les liens provenant de la méchanceté, détacher les courroies du joug, renvoyer libres ceux qui ployaient... partager ton pain avec l'affamé... les pauvres sans abri, tu les hébergeras... »). Il renie aussi Jésus. ( Jean 13, 35 : « à ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples, à l'amour que vous aurez... », et l'amour n'existe pas sans ses preuves : nourrir les affamés, vêtir ceux qui sont nus).
Face aux douleurs humaines créées par le système économique, si certains responsables disaient : « rentrez chez vous, faites confiance au marché, ne nous demandez rien », ils contrediraient le christianisme. La solidarité des hommes dans le Christ est la raison d'être de la doctrine sociale. Lui opposer Matthieu 26, 11 (« les pauvres, vous les aurez toujours parmi vous ») serait un contre-sens et un blasphème.
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[*] Victor Sion, Pour un réalisme spirituel, 3. La chance du pécheur. (Editions des Béatitudes).
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23:41 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme
Commentaires
AGIR POUR LE SUIVRE
> Voilà une réflexion remarquable et que nous devrions garder en mémoire à chaque instant !
Cela me rappelle, Le Christ disant au jeune homme riche : "va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi." (Mc, 10, 21)
Car, au-delà du la réflexion que cela inspire immanquablement qu'il est difficile d'aimer à la fois Dieu et ses propres biens (on ne peut pas aimer Dieu et l'argent...) je trouve significatif que dans ce texte le Christ demande à l'homme d'agir avant de prétendre le suivre.
Écrit par : edophoenix, | 13/09/2009
Grands biens et Miséricorde.
> Vous savez ce qu'il advint de l'homme riche. Il s'en alla tout triste à cause de ses grands biens. Le plus étonnant, et le plus étreignant, quand je médite cette scène, est que l'homme a croisé le regard AIMANT de Jésus sur lui. Et que cela n'a pas suffi. Mon expérience d'homme riche me montre que je n'arrive qu'à m'épuiser quand je veux accomplir des œuvres qui ne sont pas le fruit de l'amour reçu, des œuvres qui prolongent cet amour reçu en le faisant fructifier, des œuvres qui répondent à l'initiative de Dieu qui nous as aimés le premier. Je vois mes grands biens, indépendance, liberté, peur de manquer, tout ce qui au fond demande de mourir à soi-même, perdre sa vie, en posant un acte de confiance pure à cause de la promesse du Christ. Je n'ai évidemment pas encore compris, le comprendrai-je un jour, comment il faut s'y prendre pour aimer. Faut-il se forcer, me demande souvent une amie, est-ce cela que la grâce vient féconder ? Vous devez le savoir, vous tous qui peinez, il est des moments où l'on est perdu, rien n'est clair, "qui peut être sauvé ?" vient résonner dans nos âmes dépitées. Alors j'y vais à tâtons, quand j'ai aimé par grâce, je le vois au bien que cela procure, le cœur se dilate. Je sens bien cependant qu'il faut "se forcer", faire violence à ma nature égoïste, sachant voir aussi que dans bien des cas je ne recherche que la reconnaissance et l'amour. A cause de tout cela, je le répète, l'épuisement guette, et le découragement, son allié. Il reste que nous sommes conduits à faire la vérité, puisque Dieu aime la vérité au fond des cœurs, et à aimer notre misère en la présentant à la Miséricorde. C'est là j'en suis certain, que Dieu nous simplifie et que nous nous convertissons le plus sûrement, et que la parole d'Isaïe peut s'accomplir en nous, quand nous sommes ouverts parce que pauvres, c'est-à-dire comme Dieu nous veut pour POUVOIR nous aimer en abondance. Voilà ce qui me vient, sous forme de petit témoignage, à la lecture du commentaire du jour. Amitié.
Écrit par : Jean-Marie Achéritéguy, | 13/09/2009
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