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10/07/2009

Lefebvristes : l'analyse du cardinal Ricard

L'archevêque de Bordeaux, sur l'évolution de la question lefebvriste aux yeux du Vatican :


 

<<  LA SIGNIFICATION DE ''ECCLESIAE UNITATEM''

1 - Le nouveau Motu Proprio Ecclesiae Unitatem, signé par le pape Benoît XVI le 2 juillet dernier, vient d'être rendu public aujourd'hui. Il ne fournit pas d'informations absolument inédites puisque son contenu avait été déjà en grande partie dévoilé par le Saint-Père dans sa lettre aux évêques du monde entier du 10 mars dernier.

Il restructure ainsi la Commission pontificale Ecclesia Dei :

Cette Commission demeure, mais est rattachée plus étroitement à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Son président sera le préfet de la Congrégation.  Les cas et les questions importantes, en particulier doctrinales, seront soumises aux instances ordinaires de travail de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Rappelons que cette Congrégation donne son avis sur les questions dont elle a à se saisir et que cet avis est toujours soumis au pape pour décision.

Cette Commission aura son organisation propre avec un secrétaire et des collaborateurs. La nomination comme secrétaire de Mgr Guido Pozzo, travaillant déjà à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, devrait renforcer ce lien institutionnel avec cette Congrégation.

2 - Mais ce qui est le plus intéressant dans ce texte, ce sont les attendus, les raisons, qui ont amené le pape à promulguer un nouveau Motu proprio. La raison principale en est le changement de contexte et l'évolution parcourue.

Le précédent Motu proprio Ecclesia Dei adflicta datait du 2 juillet 1988, juste après l'ordination illégitime de 4 évêques par Mgr Lefebvre, le 30 juin 1988. Il s'agissait alors pour la nouvelle Commission mise en place d'accueillir les prêtres, les séminaristes, les religieux, religieuses et laïcs qui refusaient de suivre Mgr Lefebvre dans cette démarche schismatique.

Aujourd'hui, l'enjeu s'est déplacé. Actuellement, la grande préoccupation du pape Benoît XVI est la sauvegarde de l'unité de l'Eglise et le désir d'ouvrir un dialogue avec la Fraternité Saint Pie X. Or, ce dialogue porte essentiellement sur des questions doctrinales, qui sont de fait du ressort de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. C'est la prise en compte de cette dimension qui explique la volonté de ce rattachement institutionnel de la Commission Ecclesia Dei à cette Congrégation. D'autres questions d'ordre liturgique ou d'ordre psychologique et canonique s'étaient posées. Elles avaient eu une réponse dans le Motu Proprio Summorum Pontificorum du 7 juillet 2007 (pour la liturgie) et dans la levée de l'excommunication des 4 évêques le 21 janvier de cette année.

Caritas in veritate. Le titre de la dernière encyclique pourrait également servir de sous-titre à ce Motu Proprio, tant il caractérise la conduite du pape dans sa responsabilité pastorale : la charité dans la vérité. Charité, car le pape veut montrer sa paternelle sollicitude envers la Fraternité Saint Pie X ; il fait tout pour faciliter le dialogue. Mais dans la clarté et dans la vérité aussi. Le texte rappelle que « tant que les questions doctrinales ne seront pas éclaircies, la Fraternité n'a pas de statut canonique dans l'Eglise et que ses ministres ne peuvent exercer aucun ministère légitime. » Le pape sait que les vraies difficultés sont d'ordre doctrinal et qu'une véritable communion dans l'Eglise ne saurait s'établir sur des ambiguïtés ou un flou doctrinal.

Lisant ce Motu Proprio, il m'est venu à l'esprit cette suggestion : pourquoi ne pas confier ce dialogue, qui va s'ouvrir avec la Fraternité Saint Pie X, à l'intercession de Sainte Catherine de Sienne qui a vécu dans une période de grande crise de l'Eglise une véritable passion de l'unité ?

Bordeaux, le 8 juillet 2009,

Jean-Pierre cardinal RICARD >>

 

 

Comme l'indique le cardinal, ce rattachement signifie que les problèmes entre Ecône et Rome sont aujourd'hui de nature doctrinale. Il ne s'agit pas de « sensibilités blessées » (par des événements d'il y a trente-cinq ans) : c'est sur fond d'incertitudes ou d'erreurs - théologiques et ecclésiologiques - que s'est développée l'attitude intégriste : attitude qui se présentait naguère comme une résistance à des orientations imposées dans l'Eglise par le « progressisme », et qui n'a plus de prétexte à invoquer aujourd'hui... mais qui perdure néanmoins. Ainsi cette dame me déclarant de façon absurde, lors d'un récent salon du livre : « Ici l'évêque ne croit pas que Jésus-Christ est Dieu. » Je lui ai demandé de m'expliquer ça. Elle n'a pas pu. J'en aurais été surpris.

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 -

ps/ Bien entendu cette dame, et les "intégristes" dont il est question, ne sauraient être confondus avec les catholiques de nuance "traditionnelle". Ceux-ci adhèrent à la pensée de l'Eglise. Notamment, ils n'essaient pas de biaiser Caritas in veritate pour la rendre compatible avec l'égoïsme national, le gaspillage et la xénophobie.

 

 

10:56 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (39) | Tags : christianisme

Commentaires

> Il n'y a plus qu'à faire confiance à l'ex-Saint Office !

Écrit par : Bernard Gui | 10/07/2009

DOCTRINE

> Enfin! Il va être question des divergences doctrinales entre les "intégristes" et le magistère de l'Eglise. C'est très intéressant car les dits intégristes prétendent qu'ils ne font rien d'autre que maintenir les positions doctrinales de l'Eglise jusqu'à Vatican II. Si on les suit, il s'agirait de confronter les positions doctrinales d'avant Vatican II et celles depuis Vatican II. S'opposeraient-elles? Y aurait-il eu un "tournant" doctrinal effectué par Vatican II comme le prétendait un autre tenant du traditionalisme radical, l'abbé Georges de Nantes? Ce dernier a réclamé à cor et à cris un procès canonique à Rome pour que l'on mette le doigt sur ses erreurs doctrinales ou, a contrario, sur celles de Vatican II. Il est heureux que l'actuel remaniement pointe du doigt les questions doctrinales qui opposent les uns et les autres pour que la lumière soit faite sur des points importants, comme par exemple celui de la liberté religieuse. Et demain, pourquoi pas Vatican III, concile de réconciliation dans la vérité?
Hildebrand


[ De PP à H. :
- Un Vatican III sera peut-être nécessaire au cours de ce siècle. Mais pas pour établir la "vérité", dont Vatican II ne s'était nullement éloigné, quoi qu'on ait pu fabriquer ensuite en son nom et en le trahissant. (Il suffit de lire ses documents pour s'en rendre compte. Mais les lefebvristes ne les lisent pas, crainte de devenir impurs).
- La fameuse pureté lefebvriste mérite d'ailleurs examen, et c'est la raison du rattachement de la commission ED à la congrégation de la Doctrine... En ecclésiologie et en théologie, le lefebvrisme est plus que suspect. (Les lefebvristes ne s'en rendent pas compte, comme ce fut toujours le cas dans l'histoire). Fasse le Ciel que le débat à Rome ouvre les yeux de certains, s'ils veulent bien relever la visière de leur heaume ! A Dieu rien d'impossible : même de fendre une armure d'orgueil et d'idées toutes faites. ]

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Écrit par : Hildebrand | 11/07/2009

UN TEXTE

> Si vous voulez un exemple de bouillie mentale intégriste, en voici un (par charité je ne dis pas sur quel site je le prélève). C'est à propos de la lutte contre le réchauffement climatique :
-------
" Toute une aile "libérale" (dite moderniste) de l'église catholique romaine soutient ce système dangereux et encourage l'Europe, l'ONU et le G8 dans cette mauvaise voie.
Ce faisant elle trahit celui qui dit que "la vérité vous rendra libre" ; car toute cette affaire est fondé sur le mensonge et rejette ces vérités :
- Si réchauffement il y a, il est dû à l'activité solaire, et non aux "gaz à effet de serre",
- L'activité humaine n'y est pour rien,
- Un réchauffement est meilleur qu'une glaciation,
- Réduire les émissions de CO2 n'aurait aucun effet sur la température..."
-------
Faites le total de ce monceau de c...ies. Vous y trouvez : ignardise péremptoire, manipulation par les vieilles officines US neocons, et - pire de tout - anathème
lancé sur le reste de l'Eglise catholique, parce que celle-ci ne pense pas comme
Bush et la demeurée Palin !!!
Je signale que sur le plan économique et social, le reste du site répète tous les vieux arguments libéraux des années 1990, comme si quinze ans n'avaient pas passé dessus et comme si le libéralisme n'avait pas déchaîné une catastrophe économique sur le monde.
C'est donc un échantillon parfait de ce qu'est l'intégrisme : une idéologie politicosociale (inepte) drapée dans des ornements catholiques. Voilà pourquoi Rome aura bien du mal.

Écrit par : Chtonk | 11/07/2009

GALILEE

> Ces mal-comprenants recondamneraient Gailée s'il leur tombait sous la main. Et ce sont eux qui nous reprochent, à nous, de déduire l'écologie de la vision catholique du monde, en quoi on ne fait que suivre Jean Paul II et Benoit XVI ! Et eux, qui suivent-ils ? Sarah Palin (la mémère qui croit que les dinosaures ont coexisté avec les hommes des cavernes). Qui se ressemble, s'assemble.

Écrit par : Amicie T. | 11/07/2009

SILEX

> Il se trouve que je sais quel site c'est. Le regarder est instructif. Leur grand homme en économie, c'est Naudet !! A toutes les sauces !! Ce qui établit objectivement le lien intégrisme-libéralisme-négationnisme climatique. Il ne manque plus que le militarisme ? n'ayez crainte, il est là lui aussi, c'est la totale.
Comme disait la vieille chanson des Frères Jacques, "Guignol Polka" :
"Plus que rigide
crâne de silex
complètement vide
t'as pas d'complexe..."

Écrit par : Fulup | 11/07/2009

@ Fulup

Il ne me semble pas très honnête de faire l'amalgame entre "La Trêve de Dieu" (puisque c'est bien de ce site qu'il s'agit et sur lequel on aboutit si on fait la recherche de l'extrait cité par Chtonk par un moteur de recherche) et Jean-Yves Naudet.

Écrit par : Michel de Guibert | 11/07/2009

à Michel de GUIBERT

> je déplore qu'on en vienne à citer des noms de sites, c'est justement ce que je ne voulais pas faire. Pas de chance, ce n'est pas la Trêve de Dieu qui a fait l'amalgame (encore que le raisonnement stupide sur le climat soit de ce site, hélas, et je voudrais qu'on m'explique ce que le négationnisme climatique apporte à la lutte contre l'avortement ! Mélange révélateur de ce qui peut se cacher derrière les meilleures causes). Le site qui fait l'amalgame avec Naudet est e-deo, qui cite la Trêve de Dieu avec enthousiasme après avoir "naudétisé" dans une note précédente... Et puisque les deux sites partagent les mêmes arrière-pensées politiques, tout va bien à bord du navire Pataquès.

Écrit par : Fulup | 11/07/2009

GRAND HOMME

> Oui, Fulup m'a un peu débordé mais il a constaté ce qui est. Maintenant, si le professeur Naudet se sentait gêné (on le comprendrait) d'être le grand homme de petits zozos, peut-être pourrait-il se demander par quel accident de l'histoire il se retrouve dans cette situation.

Écrit par : Chtonk | 11/07/2009

CONDAMNABLES ET HORRIPILANTS

> Chers amis,
le procès que certains d'entre nous font à M Naudet (dont j'apprécie la liberté de penser et l'honneteté intellectuelle sans toujours partager ses analyses et ses conclusions), me fait un peu penser à l'attitude d'esprit de certains lefebvristes dans ce qu'elle a de plus condamnable et de plus horripilante.
Gardons nous des racourcis et des conclusions hatives.

Écrit par : gdecock | 12/07/2009

PAS POUR AUTANT

> Je lis les réactions pleines de fiel qui, ci-dessus, critiquent la pensée des "tradi". J'en parle d'autant plus facilement que je n'en suis pas. J'en connais cependant, et je confirme que l'ouverture d'esprit n'est pas ce qui les caractérise le mieux. Est-ce pour autant que nous devons parler d'eux avec autant d'animosité qu'ils parlent de nous? Non. La main tendue de Benoît XVI nous oblige. L'amour du Christ pour tous les hommes encore davantage.
Prenons garde à ne pas tomber dans le pharisianisme qui guette chacun d'entre nous quand il se compare à autrui.

Écrit par : Natalie | 12/07/2009

à GDECOCK

> svp, soyons précis. Ce que plusieurs d'entre nous reprochent à JY Naudet, c'est sa façon de minimiser le message de la doctrine sociale catholique pour enlever tout ce qui contredit l'idéologie libérale. C'est un fait. On le déplore, mais voilà : c'est un fait. Faudrait-il ne pas le dire ? pourquoi ? Depuis des années, une poignée de libéraux monopolisent la parole catholique française en matière économique, alors que beaucoup de catholiques français ne partagent pas le parti-pris libéral. Faut-il que cette disproportion continue indéfiniment ? au nom de quoi ? des bonnes manières ? du consensus ? Ou bien est-ce que ces graves questions ne doivent pas être tenues pour graves ? Il ne faudrait pas confondre pondération et futilité.

Écrit par : Fulup | 12/07/2009

UN PEU D'ACCORD

> Un peu d'accord (en partie) avec Fulup. Ne privilégions pas trop le consensus et la langue de buis. Les problèmes sont les problèmes et il faut les voir en face. S'il avait fallu continuer à prétendre que la question lefebvriste n'était que la douleur de "sensibilités blessées" comme dit plus haut ici un intervenant, le pape n'aurait pas rattaché la commission Ecclesia Dei à la Congrégation pour la doctrine de la foi, chargée de tirer au clair les embrouilles doctrinales ! De même on ne va pas continuer à faire semblant de ne pas voir que certains diffusent à longueur de journée un méli-mélo de religiosité catho et de slogans du FN incompatibles avec la doctrine sociale de l'Eglise (contre l'écologie, contre les immigrés, contre l'Europe, contre tout ce qui est de gauche etc). Mais Michel de Guibert et Natalie ont raison, il ne faut pas invectiver. On peut dire les choses sans mépris.

Écrit par : Jeanmi | 12/07/2009

INTEGRITE, VRAIMENT ?

> Quand on voit comment sont traités le Corps et le Sang du Christ dans de nombreuses liturgies contemporaines, quand on voit avec quelle désinvolture sont traités nombre de dogmes et de dévotions, quand on voit comment certains intervenants ci-dessus traitent les catholiques de sensibilité différente de la leur, on serait tenté de donner raison à ceux qui se montrent intransigeants sur la conservation dans son intégrité de l'héritage reçu.
Hildebrand


[ De PP à H. :
- Vous auriez raison si le lefebvrisme consistait à être "intransigeant sur la conservation dans son intégrité de l'héritage reçu"...
- Mais ce n'est pas ça du tout. Le lefebvrisme ne "conserve" aucune "intégrité", bien au contraire : il dénature. Ce n'est PAS le catholicisme traditionnel. C'est une idéologie drapée dans des ornements catholiques. La démonstration en a été faite, mais c'est pour aider les endurcis lefebvristes à en prendre conscience que la Congrégation pour la Doctrine de la foi va ouvrir ce débat.
- A en juger par les récentes déclarations incendiaires du supérieur de la FSSPX pour la France, ledit débat ne sera pas une partie de plaisir.
- Je pense aussi qu'il faudrait cesser de répéter mécaniquement que l'eucharistie est célébrée avec indignité. Que veut dire ce lieu commun ? Il change de sens selon que l'énonciateur est :
a) lefebvriste (aucune messe valide si elle n'est célébrée par un prêtre lefebvriste),
b) non lefebvriste (alors selon quels critères et quelle quantification se permet-il d'affirmer une chose pareille ?).
- Dernier point : les deux ou trois commentaires que vous critiquez sont sans doute trop lapidaires, je l'ai écrit à leurs auteurs. Mais ne dites pas que leurs cibles sont "des catholiques d'une sensibilité différente de la leur". Cela pour deux raisons :
1. ce que ces deux commentaires attaquaient n'est pas une "sensibilité catholique différente", mais une attitude qui se sert du catholicisme (affiché) pour diffuser (en sous-main) des thèses déformant le catholicisme, ou étrangères au catholicisme et au christianisme : ce qui est un mal sous apparence de bien ;
2. introduire dans le domaine catholique la notion psycho-relativiste des "sensibilités" m'étonne de votre part, vous qui semblez être un tenant de la Tradition Impolluée ! Il faut au contraire chasser du débat catholique la notion de "sensibilités", qui aboutirait à tribaliser le milieu catholique français en le divisant en "communautés" introverties et revendicatrices ; ce qui serait une hérésie monumentale en matière d'ecclésiologie. ]

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Écrit par : Hildebrand | 12/07/2009

UNE MAIN EST TENDUE

> Cher Hildebrand, je suis d'accord avec votre constat de ce qu'était devenu la liturgie et la vie paroissiale en France (quoique cela évolue depuis quelques années et dans le bon sens). Mais le problème, c'est qu'a l'époque, on avait le choix entre le progressisme plus ou moins marxiste et le "traditionalisme" bien coloré de pétainisme dans tous les aspects de ce terme. J'ai fréquenté des groupes tradis qui ont ensuite suivi Mgr Lefebvre et je sais de quoi je parle. Entre la lutte des classes que j'ai subi au caté et le complot judéo-maçonnique qui obsédait ces tradis, j'en ai eu marre et je suis allé lire les textes de Vatican II (ce que nombre d'intégristes - puisque l'on désigne ainsi ce que ces tradis schismatiques sont devenus - n'ont jamais fait). Bilan: je suis resté dans l'Eglise catholique et j'essaie de suivre son enseignement. C'est bien beau de réclamer le dialogue, mais quand j'entends certains intégristes dire après la levée des excommunications qu'ils vont convertir l'Eglise et faire un Vatican III, j'ai des doutes sur leur volonté de réunion et de dialogue sincère et vrai. Maintenant, cessons de lancer des anathèmes et laissons l'Esprit faire. Une main est tendue, à eux de la saisir.

Écrit par : vf | 12/07/2009

IL Y A DES PROBLEMES PLUS GRAVES

> De toute mon existence, je n'ai assisté qu'à une seule messe selon le rite tridentin. Cet office ne m'a pas laissé un souvenir impérissable (je suis peut-être mal tombé). L'Evangile récité - en latin bien sûr -à toute vitesse, l'impression d'une distance infranchissable entre l'officiant, tourné vers l'autel, et la masse des fidèles. En mon for intérieur, je ne pus m'empêcher de penser : c'est donc pour cela que l'on fait tant d'histoires ? Alors, la messe selon le rite de Saint Pie V, archétype de la "vraie" messe, de "toujours" ? Cela me fait gentiment rire...
Je crois qu'il y a quand même des problèmes plus graves. Les catholiques pratiquants qui représentent grosso modo 1% de la population française. 95% des ex-catéchumènes adultes qui laissent tomber l'Eglise moins de 5 ans après leur baptême. La Fille aînée qui s'islamise à vitesse grand V (obsession que je partage avec les tradis...nobody is perfect). A côté de cela, ces querelles de rite me paraissent être des questions d'encorne-c...

Écrit par : Feld | 12/07/2009

EN BELGIQUE

> Je suis engagé dans ma paroisse, au sein d'une "unité pastorale" et je ne fréquente pas, ne vous en déplaise, les cercles intégristes. Cependant, malgré l'évidente bonne volonté des clercs qui desservent nos églises, je suis choqué par la trivialité avec laquelle sont traités les hosties et le vin consacrés, par les libertés que l'on prend dans la célébration en s'écartant des textes et des rites prévus, par certaines attitudes qui ne sont pas conformes avec les lieux.
Avec notre famille, nous avons toujours refusé de fréquenter les chapelles intégristes mais cela ne nous dispense pas d'être extrêmement critiques face au laisser-aller de la liturgie et plus encore de l'enseignement de la religion (obligatoire dans les écoles catholiques belges). Le degré d'ignorance de la foi est consternant malgré les catéchismes préparatoires à la première communion, à la profession de foi, à la confirmation et à 12 années de cours de religion. C'est, le plus souvent, du "n'importe quoi" et on se demande où sont les évêques, garants de la transmission de la foi.
Effectivement, je crois que le dialogue avec les "intégristes" sur lesquels vous portez un regard bien sévère (et parfois bien injuste), sera une occasion favorable d'aborder des questions essentielles.
Je n'en citerai qu'une : la religion catholique est-elle ou non la vraie religion à l'exclusion des autres, grâce à laquelle le salut est apporté à l'humanité, ou bien toutes les religions peuvent-elles y prétendre? En corollaire, l'oecuménisme signifie-t-il que l'Eglise catholique n'a plus à agir et à prier pour le retour au bercail des hérétiques (protestants) et des schismatiques (orthodoxes)? La valeur positive des autres religions signifierait-elle alors que l'on peut se dispenser des missions et de convertir les croyants de ces autres religions? Cela correspond à ce qui s'observe effectivement depuis Vatican II où l'élan missionnaire s'est effondré dans des proportions incroyables en même temps que s'affaissaient les vocations dans nos propres séminaires. Tout cela n'empêchait pas notre cardinal Suenens de célébrer le "printemps de l'Eglise"... On voit où cela nous a conduits aujourd'hui.
Hildebrand

[ De PP à H. :
- La situation en Belgique semble en effet pire qu'en France, à en juger par de nombreux témoignages.
- Sur Jésus-Christ seul sauveur universel, donc sur la vérité absolue du christianisme, la dernière encyclique est claire. Mais Paul VI, "le pape de Vatican II", en avait dit autant ! Il ne faut pas mettre sur le dos du concile les délires saccageurs des années 1970-1980.
- Les désinvoltures liturgiques et la nullité de certaines catéchèses tournent le dos (depuis quarante ans) à ce que Vatican II a dit et voulu. Dans la plupart des pays, cette imposture est en train de céder le terrain. Là où elle s'incruste encore, un travail est à faire avec le secours des prières du reste du monde chrétien.
- Je ne crois pas être "injuste" avec les intégristes : je me suis expliqué (dans une précédente réponse) sur le contenu que je donne à ce terme. Je me répète : il ne s'agit PAS des chrétiens croyants membres de l'Eglise et attachés à la forme extraordinaire du rite, mais de sectaires utilisant les apparences d'un catholicisme " à l'ancienne" pour véhiculer une idéologie dont Williamson (hélas représentatif) a donné un échantillon récemment. Ce que je dis de ce phénomène est donc (pardon) "juste" dans les deux sens du terme.
- Je comprends très bien que, compte tenu de la situation religieuse en Belgique, vous jugiez inopportun de parler de l'intégrisme. Cependant il est nécessaire d'en parler en France, pour les raisons indquées par d'autres commentaires et d'autres notes de ce blog depuis longtemps. Toute confusion a des effets graves dans une période de chaos culturel ; dissiper la confusion fait partie du devoir d'état des professionnels de l'information. Si nous ne le faisions pas, qui le ferait ? ]

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Écrit par : Hildebrand | 13/07/2009

EN BELGIQUE (2)

> Je confirme ce que dit H. sur l'état de l'Eglise catholique en Belgique. J'y vais souvent car ma soeur y vit. La dernière messe à laquelle nous avons assistée dans une petite paroisse de Bruxelles nous a permis de découvrir qu'on avait réécrit le Credo, et dans cette écriture pour le moins originale, il était écrit noir sur blanc que "Je crois en l'homme" et puis aussi "en la nature", si mes souvenirs sont bons.
Autant vous dire que nous avons toutes les deux récité le Credo que nous avons appris au catéchisme. Et je passe sur l'homélie, où le prêtre faisait participer l'assemblée... Et je passe sur plein d'autres choses, notamment entendues à la cathédrale Saint-Michel, à la grand-messe dominicale... Jusqu'où faut-il aller? Je sais bien qu'une messe est une messe, et que "quand vous serez réunis en mon nom, je serai là", mais quelquefois, le Seigneur, il doit avoir une sacrée peine. Sans doute plus lourde que la mienne, qui est pourtant immense à être témoin de cela.

Écrit par : Natalie | 13/07/2009

@ Hildebrand

> J'ajouterai au commentaire de PP, auquel je souscris, que votre manière de concevoir l'oecuménisme comme un "retour au bercail" des hérétiques et des schismatiques ne me paraît pas juste et aboutirait plutôt à bloquer tout le travail de dialogue oecuménique qu'à oeuvrer pour l'unité voulue par le Christ.
Votre position en la matière me paraît plus proche de celle de la mouvance lefebvriste que de celle de l'Eglise catholique, qui ne préconise plus "l'unionisme" comme méthode pour la recherche de l'unité des chrétiens.
La communion des Eglises est autre chose qu'une réintégration !

Écrit par : Michel de Guibert | 13/07/2009

@ Michel de Guibert

> Ce que vous écrivez à propos de l'oecuménisme me confirme que décidément nous ne partageons pas les mêmes convictions sur l'Eglise, Une, Sainte, Catholique, Apostolique et Romaine, et que dès lors, il serait grand temps qu'un concile rappelle quelle est la position authentiquement catholique sur le sujet. Pour ma part, je m'en tiens à ce qu'enseignait le catéchisme que l'on m'a fait apprendre jadis sans savoir qu'il s'agissait d'un catéchisme "intégriste" ou "lefébvriste". Il est tellement facile de balancer des étiquettes; c'est comme en politique où l'on est toujours le fasciste de quelqu'un.
Hildebrand

[ De PP à H. - Si vous considérez que le catéchisme d'avant Vatican II était "lefebvriste", c'est effectivement que nous ne partageons pas la même conception de l'Eglise. Votre opinion en faveur du lefebvrisme semble persister malgré le débat que nous venons d'avoir, les efforts faits pour comprendre votre perspective... et les indications fournies sur la véritable nature de ce courant. Libre à vous. ]

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Écrit par : Hildebrand | 13/07/2009

RIEN

> J'ai l'expérience de discussions avec des lefebvristes. Elles ne mènent jamais à rien. Leur parti-pris est coulé dans le bronze depuis trente ans, rien ne les fera jamais changer d'avis et tout ce qu'on peut leur objecter n'aboutit qu'à nous faire accuser des pires noirceurs !
En fait leur attitude est viscérale, ce qui la rend indifférente aux faits nouveaux et imperméable aux arguments.

Écrit par : Stanislas | 13/07/2009

UN SOUVENIR

> Faire croire que la seule pierre d'achoppement est la messe en latin est justement l'une des tactiques employées par les lefebvristes, pour se faire passer pour les victimes de l'affaire. S'il n'y avait "que" la messe saint Pie V dans sa dernière version (1962), ça serait déjà beaucoup plus détendu, mais il y a tout le reste. Ils ne se rendent pas compte qu'en agissant ainsi, c'est à la messe saint Pie V qu'ils font du mal puisqu'ils contribuent à l'assimilation entre amateur de messe en latin et intégristes, alors que tous ceux qui fréquentent la messe saint Pie V n'ont pas une mentalité lefebvriste-intégriste-tout ce que vous voulez.
Pour aller dans le sens de Stanislas, j'ai un souvenir marquant d'une discussion avec des lefebvristes: un grand lamento sur le Diable qui se déchaîne pour éprouver les honnêtes gens dans leur foi, alors que nous étions plusieurs à reprendre leurs arguments point par point et à leur faire remarquer que le vocabulaire qu'ils employaient était plus de nature à faire fuir à toutes jambes qu'à rapprocher leurs interlocuteurs du Christ. Et le pire dans l'histoire, c'est que mes interlocuteurs étaient jeunes.

Écrit par : Mahaut | 13/07/2009

VATICAN II

> Cher M. de Plunkett, m'autoriserez vous à confesser que je suis catholique romain et que, comme je l'ai indiqué plus haut, je ne fréquente pas les chapelles schismatiques, qu'elles soient lefébvristes ou autres. Soit je me suis mal exprimé, soit vous m'avez mal lu, mais je n'ai jamais écrit nulle part que le catéchisme qui m'a été enseigné était lefébvriste ou intégriste.
Je ne vois pas pourquoi vous cherchez à me disqualifier auprès des lecteurs de ce blog en voulant absolument faire de moi un apôtre du lefébvrisme.
Je lis avec intérêt votre blog parce que je le trouve, la plupart du temps, assez nuancé, et parce que j'ai le sentiment que nous appartenons à la même Eglise. Peut-être ai-je parfois certains regards différents mais je respecte vos positions que j'évite, lorsque je ne me sens pas en plein accord avec elles, de discréditer en concluant rapidement à un désaccord qui nous empêcherait de rester en communion.
Sur la question de l'oecuménisme où M. de Guibert a manifesté son désaccord avec moi, il y a, me semble-il, un débat possible qui n'implique pas qu'on me qualifie de "lefébvriste" et que, de mon côté, j'invective qui que ce soit.
Je suis historien de formation, et la longue histoire de l'Eglise m'amène à relativiser certaines choses. Je pense que les historiens à venir auront matière à analyser ce temps que vit l'Eglise d'aujourd'hui et qu'ils ne se priveront pas de constater que la continuité de la Tradition a été quelque peu mise à mal lors de Vatican II. Doit-on être prêt à confesser jusqu'au martyre que Vatican II fut un concile irréprochable? Mais peut-être considérerez-vous qu'aucun débat n'est permis sur cette question sous peine de verser dans le lefébvrisme et d'être implicitement exclu de la communion catholique?
Hildebrand

[ De PP à H. - Loin de moi l'intention de vous disqualifier (du reste votre patronyme n'apparaît pas) ! Mais je ne peux que tenir compte de ce que vous écrivez, or le mot "lefebvriste" vient sous votre plume à propos des catéchismes d'avant Vatican II : c'est là une ellipse assez... lefebvriste, pardon de vous le dire, et théologiquement inexacte... ]

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Écrit par : Hildebrand | 14/07/2009

@ Hildebrand

> Libre à vous de me considérer comme "hérétique"... mais je suis désolé de devoir vous rappeler que quand nous disons que nous croyons dans l'Eglise, Une, Sainte, Catholique et Apostolique, le terme "Catholique" veut dire "Universelle" (c'est le sens originel du mot "Catholique") et non "Romaine".
De plus vous rajoutez "Romaine" à votre Credo sur l'Eglise ; faut-il vous rappeler aussi que l'Eglise n'est pas que romaine, que dès l'origine elle s'organise autour de 4 (puis 5) Patriarcats : Antioche, Alexandrie, Jérusalem et Rome (puis Constantinople), Eglises soeurs unies autour de Rome qui préside à l'unité !
Oui, comme vous le dites, nous ne partageons pas la même conception de l'Eglise...
A quoi bon un nouveau Concile sur ce sujet... L'accepteriez-vous ?

Écrit par : Michel de Guibert | 14/07/2009

FRANCO-FRANCAIS

> Une question serait à poser et à bien étudier... Comment se fait-il que l'intégrisme catholique (qui a bien des points communs avec l'intégrisme musulman) est né en France et demeure essentiellement un problème franco-français? Pourtant Vatican II est un concile qui a touché toute l'Eglise dans son universalité... On me dira que c'est en France que les dérives liturgiques ont été les plus graves après le concile, c'est possible... La liturgie en Allemagne ou dans d'autres pays nordiques a aussi souffert me semble-t-il... Une piste d'explication à l'intégrisme français tiendrait à mon avis à notre histoire nationale: la révolution française, la laïcité, Maurras, Pétain etc. Car l'intégrisme français est d'abord un problème politique autour de la notion de patrie, de nation etc. C'est surtout un refus de la démocratie et de la République avec des variantes monarchistes, pétainistes etc. Tout cela au nom de la fameuse "royauté sociale et politique de NS JC..." qui a dit clairement dans les Evangiles que son Royaume n'était pas de ce monde... Mais le grave danger de Vatican II, son "modernisme" hérétique, a justement consisté à se réassimiler toute la grande tradition de l'Eglise d'avant le Concile de Trente avec un renouveau biblique et patristique qui a donné un souffle nouveau (quel mot horrible!) à la liturgie et à la théologie sans parler des homélies. La "tradition" intégriste commence au 16ème s. (Trente) et s'arrête avec Pie XII, le sommet étant bien sûr St. Pie X. Je ne sais pas si Rome se doute de tout le passif politique et nationaliste caché derrière les soutanes, les dentelles et la messe de "toujours"... Si l'intégrisme triomphait, l'Eglise catholique deviendrait une secte. D'ailleurs bien des intégristes vivent déjà à la manière d'une secte, en circuit fermé, car il faut se protéger des erreurs du monde et du modernisme: fréquentation exclusive des mêmes personnes et des mêmes milieux, mariages entre intégristes, écoles privées hors-contrat pour ne pas se mélanger aux autres etc. Je me demande comment un jeune formaté par ce milieu a une quelconque possibilité de recul critique pour pouvoir s'en sortir. S'il le fait, il sera rejeté et exclu, et se retrouvera absolument isolé puisque toutes ses relations étaient dans le milieu...
Quant à l'endoctrinement donné par la fraternité saint Pie X à ses jeunes, il se passe de tout commentaire, il suffit de voir et d'écouter:
http://www.youtube.com/watch?v=z0BCiKIyBH4
Mais rien de nouveau sous le soleil pour reprendre l'Ecclésiaste... Les partisans de Mgr. Lefevbre ne font que reproduire les attitudes d'une secte juive de l'époque de Jésus, les zélotes, sans parler des sicaires...
"Le courant des Zélotes « se définit par un nationalisme intransigeant et agressif. Appelant de tous leurs vœux l’instauration du Royaume (tiens... le Règne social de NS JC...), ses tenants estiment devoir en hâter la venue par la violence. L’étranger est pour eux l’ennemi. ils dressent des embuscades, manient le poignard – d’où le nom de sicaires qu’on leur donnait parfois –, entretiennent en Palestine un climat d’insécurité et d’agitation chroniques. Ils sont, de façon très directe, à l’origine de la révolte de 66-70. », Marcel Simon[1].
Wikipédia:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Z%C3%A9lotes

Écrit par : Père Robert Culat | 14/07/2009

@ M. de Guibert

> Nulle part, je n'ai affirmé ni sous-entendu que vous soyez hérétique. Vous me faites un mauvais procès. J'ai souligné notre désaccord sur l'oecuménisme et j'ai simplement signalé que c'est un cas intéressant dans le débat actuel. Quant au Credo, je ne prétends évidemment pas le modifier; j'ai simplement précisé mon appartenance et il est vrai que je suis "rattaché" à l'Eglise de Rome; est-ce un crime de le souligner? Méfiez-vous quand même de voir des intégristes partout et d'en faire vos boucs émissaires de prédilection!

Écrit par : Hildebrand | 14/07/2009

"REPROCHES"

> On me dit que dans "Minute" un prêtre traditionaliste a écrit : "On a beaucoup reproché au pape de mettre en avant l’idée d’un gouvernement mondial au n°67" (de Caritas in veritate). "On a beaucoup reproché" ? Extraordinaire ! Qui a "beaucoup reproché" un passage d'encyclique à Benoit XVI ? Mais oui : les mêmes qui jouent par ailleurs aux zouaves pontificaux sur d'autres sujets (uniquement ceux ayant un rapport avec le sexe, bonjour Dr Freud). En somme les seuls à "faire des reproches" à l'encyclique sont les plus papistes, tellement papistes qu'aucun pape n'est jamais à la hauteur de leur idée de la papauté. Gonflés, les mickeys.

Écrit par : Nati | 14/07/2009

POUR ETRE JUSTE

> @ Nati - Il y a traditionalistes et traditionalistes. Pour être juste, vous devriez ajouter que le prêtre en question (intellectuel de choc) soutient la proposition de Benoit XVI et souligne qu'elle est "d'un antilibéralisme viscéral".
Parmi les tradis, il y a sans doute des ahuris qui cumulent "militantisme pour la tradition" et "libéralisme d'école de commerce", sans voir que c'est incompatible. Mais il y a aussi des tenants de la grande lignée catholique sociale tendance La Tour du Pin etc, qui n'ont pas d'atomes crochus avec les précédents. Comment peuvent-il cohabiter, c'est une autre question qui ne nous regarde pas.

Écrit par : whitespirit | 14/07/2009

@ Hildebrand

> Bien sûr, vous ne m'avez pas traité formellement d'hérétique, je vous en donne bien volontiers acte, mais le sous-entendu est là quand vous me dites que ce que j'écris à propos de l'oecuménisme vous "confirme que décidément nous ne partageons pas les mêmes convictions sur l'Eglise" et que "dès lors, il serait grand temps qu'un concile rappelle quelle est la position authentiquement catholique sur le sujet", j'interprète cela comme me déniant une position authentiquement catholique concernant la question de l'oecuménisme !
Les mots ont un sens...
Maintenant si vous voulez débattre de ces questions sans invectives, je ne demande pas mieux !

Écrit par : Michel de Guibert | 14/07/2009

LIBRE EXAMEN

> Il y a un peu plus de vingt ans, j'étais étudiant à l'IEP d'Aix et j'y avais pour professeur - remarquable - Monsieur Jean-Yves Naudet. Je ne partage plus son optimisme libéral dans le jeu du marché. Cependant, je dois ajouter que ce professeur initiait par ailleurs les volontaires à l'étude de la DSE et assumait courageusement à l'IEP ses convictions catholiques. Il faisait une lecture de la DSE qui accordait sans doute trop au libéralisme et rejoignait sur bien des points les positions du Père Garrigues. Si je me souviens bien, ses conférences sur la DSE étaient données avec un Père de la paroisse Saint Jean de Malte à Aix où nous pouvions bénéficier quotidiennement de la superbe liturgie d'André Gouzes. On est donc bien loin de l'univers mental des intégristes. Je fréquentais par ailleurs à l'époque des lefebvristes et leurs positions économiques étaient unanimement antilibérales très très "La Tour du Pin"... Comment aujourd'hui des lefebvristes peuvent-ils verser dans un libéralisme école de commerce, il est facile, hélas, de le deviner: l'habitude de critiquer Rome, de mépriser l'enseignement de l'Eglise universel s'identifie maintenant à une forme de libre examen... Au fond, ils se comportent comme une variété de protestants de droite... La dérive continuera tant qu'ils ne se seront pas à nouveau greffés sur la Vigne.
Néanmoins, le débat doctrinal n'est pas bon que pour eux. On a évoqué la Belgique mais certains diocèses, non loin de la Belgique ne sont pas mal non plus et malgré la bonne volonté (souffrante) des évêques et de jeunes prêtres, un libre examen de la doctrine, de la discipline sacramentelle et de la liturgie y a abondamment cours au nom d'un esprit du concile très daté. La clarification fera du bien tous azimuts. La continuité de Vatican II avec la magistère antérieur ne fait aucun doute pour moi mais il vaut la peine de la manifester pour beaucoup.

Écrit par : Hubert | 14/07/2009

@ M. de Guibert

> Je pense n'avoir jamais recouru à l'invective à votre endroit. Je ne pense pas que nous puissions aboutir à un accord sur ce sujet comme sur d'autres, semble-t-il; c'est au Magistère de trancher de façon claire pour dissiper toute ambiguïté. Je ne prétends pas détenir "la" position catholique. Je reste "scotché", de bonne foi, à ce qui m'a été transmis, mais je vous reconnais tout à fait le droit de ne pas être d'accord en attendant que sur ce point, comme sur d'autres, la lumière soit faite. En attendant, si nous restions en communion fraternelle sur l'essentiel de ce qui nous unit en tant que disciples de Jésus-Christ, dans la communion catholique, cela nous permettrait d'échapper aux excommunications implicites et aux procès que nous ne sommes pas en mesure d'instruire, ni vous, ni moi.

Écrit par : Hildebrand | 14/07/2009

@ Hildebrand

> Le Magistère a déjà parlé : Décret conciliaire de Vatican II sur l'oecuménisme "Unitatis redintegratio"
http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_decree_19641121_unitatis-redintegratio_fr.html

Et le Christ aussi : Jean 17, 21
"Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu'ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m'as envoyé."

Écrit par : Michel de Guibert | 15/07/2009

INTERESSANT

Dans ce débat, il est intéressant de lire ou relire le discours d'ouverture du Concile du bienheureux pape Jean XXIII, discours insupportable pour les intégristes français qui relèvent en lui le germe de toutes "les hérésies conciliaires"... Deux extraits significatifs:
"Il arrive souvent que dans l'exercice quotidien de Notre ministère apostolique Nos oreilles soient offensées en apprenant ce que disent certains qui, bien qu'enflammés de zèle religieux, manquent de justesse de jugement et de pondération dans leur façon de voir les choses. Dans la situation actuelle de la société, ils ne voient que ruines et calamités; ils ont coutume de dire que notre époque a profondément empiré par rapport aux siècles passés; ils se conduisent comme si l'histoire, qui est maîtresse de vie, n'avait rien à leur apprendre et comme si du temps des Conciles d'autrefois tout était parfait en ce qui concerne la doctrine chrétienne, les mœurs et la juste liberté de l'Eglise.
Il Nous semble nécessaire de dire Notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur, qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin.
Dans le cours actuel des événements, alors que la société humaine semble à un tournant, il vaut mieux reconnaître les desseins mystérieux de la Providence divine qui, à travers la succession des temps et les travaux des hommes, la plupart du temps contre toute attente, atteignent leur fin et disposent tout avec sagesse pour le bien de l'Eglise, même les événements contraires."
" Ces choses étant dites, vénérables frères, il est possible de voir avec suffisamment de clarté la tâche qui attend le Concile sur le plan doctrinal.
Le XXIe Concile œcuménique — qui bénéficiera de l'aide efficace et très appréciable d'experts en matière de science sacrée, de pastorale et de questions administratives — veut transmettre dans son intégrité, sans l'affaiblir ni l'altérer, la doctrine catholique qui, malgré les difficultés et les oppositions, est devenue comme le patrimoine commun des hommes. Certes, ce patrimoine ne plaît pas à tous, mais il est offert à tous les hommes de bonne volonté comme un riche trésor qui est à leur disposition.
Cependant, ce précieux trésor nous ne devons pas seulement le garder comme si nous n'étions préoccupés que du passé, mais nous devons nous mettre joyeusement, sans crainte, au travail qu'exige notre époque, en poursuivant la route sur laquelle l'Eglise marche depuis près de vingt siècles.
Nous n'avons pas non plus comme premier but de discuter de certains chapitres fondamentaux de la doctrine de l'Eglise, et donc de répéter plus abondamment ce que les Pères et les théologiens anciens et modernes ont déjà dit. Cette doctrine, Nous le pensons, vous ne l'ignorez pas et elle est gravée dans vos esprits.
Présenter la doctrine d'une façon qui réponde aux exigences de notre époque.
En effet, s'il s'était agi uniquement de discussions de cette sorte, il n'aurait pas été besoin de réunir un Concile œcuménique. Ce qui est nécessaire aujourd'hui, c'est l'adhésion de tous, dans un amour renouvelé, dans la paix et la sérénité, à toute la doctrine chrétienne dans si plénitude, transmise avec cette précision de termes et de concepts qui a fait la gloire particulièrement du Concile de Trente et du premier Concile du Vatican. Il faut que, répondant au vif désir de tous ceux qui sont sincèrement attachés à tout ce qui est chrétien, catholique et apostolique, cette doctrine soit plus largement et hautement connue, que les âmes soient plus profondément imprégnées d'elle, transformées par elle. Il faut que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et présentée de la façon qui répond aux exigences de notre époque. En effet, autre est le dépôt lui-même de la foi, c'est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et autre est la forme sous laquelle ces vérités sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée. Il faudra attacher beaucoup d'importance à cette forme et travailler patiemment, s'il le faut, à son élaboration; et on devra recourir à une façon de présenter qui correspond mieux à un enseignement de caractère surtout pastoral.

COMMENT RÉPRIMER LES ERREURS
Au moment où s'ouvre ce IIe Concile œcuménique du Vatican, il n'a jamais été aussi manifeste que la vérité du Seigneur demeure éternellement. En effet, dans la succession des temps, nous voyons les opinions incertaines des hommes s'exclure les unes le autres, et bien souvent à peine les erreurs sont-elles nées qu'elles s'évanouissent comme brume au soleil.
L'Eglise n'a jamais cessé de s'opposer à ces erreurs. Elle les a même souvent condamnées, et très sévèrement. Mais aujourd'hui, l'Epouse du Christ préfère recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de la sévérité. Elle estime que, plutôt que de condamner, elle répond mieux aux besoins de notre époque en mettant davantage en valeur les richesses de sa doctrine. Certes, il ne manque pas de doctrines et d'opinions fausses, de dangers dont il faut se mettre en garde et que l'on doit écarter; mais tout cela est si manifestement opposé aux principes d'honnêteté et porte des fruits si amers, qu'aujourd'hui les hommes semblent commencer à les condamner d'eux-mêmes. C'est le cas particulièrement pour ces manières de vivre au mépris de Dieu et de ses lois, en mettant une confiance exagérée dans le progrès technique, en faisant consister la prospérité uniquement dans le confort de l'existence. Les hommes sont de plus en plus convaincus que la dignité et la perfection de la personne humaine sont des valeurs très importantes qui exigent de rudes efforts. Mais ce qui est très important, c'est que l'expérience a fini par leur apprendre que la violence extérieure imposée aux autres, la puissance des armes, la domination politique ne sont pas capables d'apporter une heureuse solution aux graves problèmes qui les angoissent.
L'Eglise catholique, en brandissant par ce Concile œcuménique le flambeau de la vérité religieuse au milieu de cette situation, veut être pour tous une mère très aimante, bonne, patiente, pleine de bonté et de miséricorde pour ses fils qui sont séparés d'elle. A l'humanité accablée sous le poids de tant de difficultés, elle dit comme saint Pierre au pauvre qui lui demandait l'aumône: « De l'argent et de l'or, je n'en ai pas, mais ce que j'ai, je te le donne: au nom de Jésus-Christ, le Nazaréen, marche. » (Actes, 3, 6.) Certes, l'Eglise ne propose pas aux hommes de notre temps des richesses périssables, elle ne leur promet pas non plus le bonheur sur la terre, mais elle leur communique les biens de la grâce qui élèvent l'homme à la dignité de fils de Dieu et, par là, sont d'un tel secours pour rendre leur vie plus humaine en même temps qu'ils sont la solide garantie d'une telle vie. Elle ouvre les sources de sa doctrine si riche, grâce à laquelle les hommes, éclairés de la lumière du Christ, peuvent prendre pleinement conscience de ce qu'ils sont vraiment, de leur dignité et de la fin qu'ils doivent poursuivre. Et enfin, par ses fils, elle étend partout l'immensité de la charité chrétienne, qui est le meilleur et le plus efficace moyen d'écarter les semences de discorde, de susciter la concorde, la juste paix et l'unité fraternelle de tous."

Écrit par : Père Robert CULAT | 15/07/2009

OECUMÉNISME

ZF09071507 - 15-07-2009
Permalink: http://www.zenit.org/article-21594?l=french
France : Le patriarche Bartholomée Ier à Lyon (18-19 juillet)

ROME, Mercredi 15 Juillet 2009 (ZENIT.org) - Le patriarche œcuménique Bartholomée 1er, se rendra pour la première fois à Lyon les 18 et 19 juillet 2009, pour participer aux travaux de la 13ème assemblée de la conférence des Eglises européennes (KEK, 15-21 juillet 2009, à Lyon), a annoncé un communiqué du diocèse de Lyon.

A cette occasion, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, ira accueillir le patriarche à l'aéroport de Saint Exupéry, en présence d'autorités civiles et du pasteur Jean-Arnold de Clermont, Président de la KEK.

Par ailleurs, précise le communiqué, samedi 18 juillet à 17h, après une réception à l'archevêché, le patriarche Bartholomée Ier et le cardinal Philippe Barbarin se rendront à la primatiale Saint-Jean, pour y célébrer les vêpres durant lesquelles le patriarche donnera l'homélie.

Le cardinal Barbarin a notamment souhaité inviter « tous ceux qui le souhaitent à participer à ce temps de prière, qui sera un moment historique pour l'Eglise de Lyon ».

Le Patriarche Bartholomée ira ensuite visiter l'amphithéâtre des Trois Gaules et la crypte de l'église Saint-Irénée, puis il s'entretiendra avec Mr le ministre Michel Mercier, président du Conseil Général, à l'Hôtel du Département.

Enfin, dimanche 19 juillet à 11h, le patriarche célébrera la ‘Divine Liturgie' à l'église orthodoxe située dans le 7e arrondissement de Lyon. A partir de 17h, le patriarche rejoindra la KEK.

Né le 29 février 1940 dans l'île d'Imbros (Turquie), sous le nom de Dimitri Archontonis, Bartholomée est le 270ème successeur de l'apôtre André. Il a étudié à Halki, à Rome (à l'université grégorienne), à Genève et à Munich avant d'être élu patriarche œcuménique en 1991 succédant ainsi à Dimitrios Ier dont il fut le bras droit. Parlant sept langues, dont le français, il est très investi dans le dialogue œcuménique et dans la protection de l'environnement, ce qui lui vaut d'être nommé parfois « le patriarche vert ».

Le communiqué souligne enfin que le cardinal Philippe Barbarin lui avait rendu visite à Constantinople en 2004, à l'occasion du 8ème centenaire du sac de la ville par les croisés. Il avait été accueilli comme un frère à Istanbul : le Patriarche avait alors montré que la miséricorde de Dieu est plus grande que les péchés des hommes et les blessures qu'ils s'infligent.

Écrit par : Michel de Guibert | 15/07/2009

"DISCUSSION FRANCHE"

Le dialogue entre Hildebrand et Michel de Guibert montre bien la nécessité d'une discussion théologique franche entre la FSSPX et la CDF.
Vous avez été à deux doigts de vous excommunier mutuellement, officiellement au nom de la "Tradition de l'Eglise" d'un côté et de "nécessités pastorales" de l'autre.
Laissons au Saint Siège le soin de démontrer que la FSSPX est hérétique, si elle l'est, et ne jouons pas les Savonaroles.
Je suis persuadé que nonobstant des précisions théologiques nécessaires (genre "dominus Jesus") l'union sera ré-exprimée.

Écrit par : Julius | 16/07/2009

@ Julius

Le Magistère a déjà parlé : Décret conciliaire de Vatican II sur l'oecuménisme "Unitatis redintegratio"
http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_decree_19641121_unitatis-redintegratio_fr.html

Et le Christ aussi : Jean 17, 21
"Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu'ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m'as envoyé.

Écrit par : Michel de Guibert | 16/07/2009

OECUMÉNISME

Un site à découvrir :
http://www.istina.eu/

Istina
Vers l'unité des chrétiens d'Orient et d'Occident

Écrit par : Michel de Guibert | 19/07/2009

Merci au père Culat pour ce texte de Jean XXIII, ô combien prophétique, particulièrement ce passage :
"...aujourd'hui les hommes semblent commencer à ... condamner d'eux-mêmes... ces manières de vivre au mépris de Dieu et de ses lois, en mettant une confiance exagérée dans le progrès technique, en faisant consister la prospérité uniquement dans le confort de l'existence. Les hommes sont de plus en plus convaincus que la dignité et la perfection de la personne humaine sont des valeurs très importantes qui exigent de rudes efforts. Mais ce qui est très important, c'est que l'expérience a fini par leur apprendre que la violence extérieure imposée aux autres, la puissance des armes, la domination politique ne sont pas capables d'apporter une heureuse solution aux graves problèmes qui les angoissent."
Je crois qu'on ferait de réels progrès, ici et maintenant, les uns et les autres, si on faisait un peu plus confiance à l'action de l'Esprit Saint dans l'Eglise du Christ, dans toutes ses composantes, jusque dans ses limites invisibles (relire le cardinal Journet sur l'Eglise, relire Maritain deux acteurs - directement ou indirectement - et combien inspirés du concile Vativan II). Ce passage de Jean XXIII est exemplaire : ne voyez-vous pas qu'à la suite du communisme, intrinsèquement pervers, toutes les fausses valeurs, les faux Dieux, les idoles de toutes sortes sont de plus en plus ébranlées ? et parce qu'elles sont ébranlées elles font plus de bruit que jamais ?
Un peu d'Espérance, que diable ! et cessons ces anathèmes. Il y a mieux à faire.

Écrit par : Frédéric Ripoll | 20/07/2009

SUR L'OECUMENISME

> a) Commentaire de Julius au commentaire précédent de Michel de Guibert
b) au-dessous, réponse de Michel de Guibert à Julius

********************

a) "...Et bien justement puisque vous insistez, il me semble que sur le fond le magistère donne raison à Hildebrand plus qu'à vous. ("UNITATIS
REDINTEGRATIO" n°3)
Certes il dit aussi qu'en pratique, il faut agir avec douceur et charité (dans la vérité), mais cela ne change rien sur le fond.("UNITATIS REDINTEGRATIO" n°4)

C'est bien de faire référence aux textes de Vatican II, mais il faut les lire aussi ...

n°3:
"En conséquence, ces Églises et Communautés séparées, bien que nous les croyions victimes de déficiences, ne sont nullement dépourvues de
signification et de valeur dans le mystère du salut.
L'Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se servir d'elles comme de moyens de salut dont la force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Église catholique.
Cependant, nos frères séparés, soit en particulier, soit réunis dans
leurs Communautés ou leurs Églises ne jouissent pas de cette unité que Jésus-Christ a voulu dispenser à tous ceux qu'il a régénérés et vivifiés pour former un seul corps en vue d'une vie nouvelle et qui est attestée par l'Écriture sainte et la vénérable Tradition de l'Église.
C'est, en effet, par la seule Église catholique du Christ, laquelle est "moyen général de salut", que peut s'obtenir toute la plénitude des moyens de salut. Car c'est au seul collège apostolique, dont Pierre est le chef, que furent confiées, selon notre foi, toutes les richesse de la Nouvelle Alliance, afin de constituer sur la terre un seul Corps du Christ auquel il faut que soient pleinement incorporés tous ceux qui, d'une certaine façon, appartiennent déjà au peuple de Dieu. Durant son pèlerinage terrestre, ce peuple, bien qu'il demeure en ses membres exposé au péché, continue sa croissance dans le Christ, suavement guidé par Dieu selon ses mystérieux desseins, jusqu'à ce que, dans la Jérusalem céleste, il atteigne joyeux la totale plénitude de la gloire éternelle. "

n°4:
"Par "Mouvement œcuménique" on entend les entreprises et les initiatives
provoquées et organisées en faveur de l'unité des chrétiens, selon les
nécessités variées de l'Église et selon les circonstances.
Ainsi en premier lieu, tout effort accompli pour éliminer les paroles,
les jugements et les faits qui ne correspondent ni en justice, ni en
vérité à la situation des frères séparés, et contribuent ainsi à rendre
plus difficiles les relations avec eux."

Amicalement.
Julius, pas passionné par les disputes théologiques, mais qui n'apprécie pas trop que certains s'attribuent un Magistère d'exclusion (et qui essaie de ne pas le faire). "

***************************

b) Ce que je disais à "Hildebrand", c'est que sa manière de concevoir l'oecuménisme comme un "retour au bercail" des hérétiques et des schismatiques ne me paraissait pas juste et aboutirait plutôt à bloquer tout le travail de dialogue oecuménique qu'à oeuvrer pour l'unité voulue par le Christ.
Et je lui disais que sa position en la matière m'avait paru plus proche de celle de la mouvance lefebvriste que de celle de l'Eglise catholique, qui ne préconise plus "l'unionisme" comme méthode pour la recherche de l'unité des chrétiens.
La communion des Eglises est autre chose qu'une réintégration !
Sans "jouer les Savonarole", ce que vous citez de "UNITATIS REDINTEGRATIO" me paraît tout de même assez différent de la position radicalement hostile à tout oecuménisme de la FSSPX !
Certes, la plénitude de la grâce et de la vérité y est clairement attribuée à l'Eglise catholique (pas seulement romaine !), mais il n'est nulle part dit que l'incorporation des Eglises séparées au Corps du Christ doit se faire sous la forme d'un "retour au bercail", même si le texte que vous citez ne parle guère des moyens de cette union.
Nulle part non plus ces frères séparés ne sont traités d'hérétiques ou de schimatiques, ce qui ne serait pas la meilleure façon de parvenir à l'unité !
Alors, si l'on reprend le texte dans son ensemble, en le lisant, comme vous souhaitez le faire, poursuivons notre lecture :

* La recherche de l'unité voulue par le Christ pour que le monde croie (Jean 17, 21) est clairement réaffirmée :
§ 1 "Promouvoir la restauration de l'unité entre tous les Chrétiens, c'est l'un des buts principaux du saint Concile œcuménique de Vatican II. (...) Il est certain qu'une telle division s'oppose ouvertement à la volonté du Christ. Elle est pour le monde un objet de scandale et elle fait obstacle à la plus sainte des causes: la prédication de l'Évangile à toute créature."

* Le mouvement oecuménique est clairement justifié :
§ 1 "Très nombreux sont partout les hommes qui ont été touchés par cette grâce et, sous l'action de l'Esprit-Saint, est né un mouvement, qui s'amplifie également de jour en jour chez nos frères séparés, en vue de rétablir l'unité de tous les Chrétiens."

* L'unité de l'Eglise est un mystère de communion à l'image de la Sainte Trinité :
§ 2 "Ainsi l'Église, seul troupeau de Dieu, comme un signe levé à la vue des nations, mettant au service de tout le genre humain l'Évangile de paix, accomplit dans l'espérance son pèlerinage vers le terme qu'est la patrie céleste.
Tel est le mystère sacré de l'unité de l'Église, dans le Christ et par le Christ, sous l'action de l'Esprit-Saint qui réalise la variété des ministères. De ce mystère, le modèle suprême et le principe sont l'unité, dans la Trinité des personnes, d'un seul Dieu Père, Fils en l'Esprit-Saint."

* L'unité n'est pas l'uniformité :
§ 4 : "Tout en conservant l'unité dans ce qui est nécessaire, chacun, au sein de l'Église, selon la fonction qui lui est départie, doit conserver la liberté voulue, soit dans les formes diverses de la vie spirituelle et de la discipline, soit dans la variété des rites liturgiques et même dans l'élaboration théologique de la vérité révélée. Il faut en tout cultiver la charité. De cette façon, tous authentiquement manifesteront de jour en jour la plénitude de la catholicité et de l'apostolicité de l'Église."

* L'unité passera par la docilité à l'Esprit Saint :
§ 4 : "Il ne faut pas non plus oublier que tout ce qui est accompli par la grâce de l'Esprit-Saint dans nos frères séparés peut contribuer à notre édification. Rien de ce qui est réellement chrétien ne s'oppose jamais aux vraies valeurs de la foi, mais tout cela peut contribuer à faire pénétrer toujours plus parfaitement le mystère du Christ et de l'Église."

* Il n'y a pas de véritable oecuménisme sans conversion :
§ 7 : "Il n'y a pas de véritable œcuménisme sans conversion intérieure.(...) Il nous faut par conséquent demander à l'Esprit-Saint la grâce d'une abnégation sincère, celle de l'humilité et de la douceur dans le service, d'une fraternelle générosité à l'égard des autres."

* La prière commune pour l'unité ets recommandée :
§ 8 : "Cette conversion du cœur et cette sainteté de vie, unies aux prières publiques et privées pour l'unité des Chrétiens, doivent être regardées comme l'âme de tout l'œcuménisme et appelées à bon droit "œcuménisme spirituel".(...) Il est permis, bien plus, il est souhaitable que les catholiques s'associent pour prier avec les frères séparés."

* La formation et l'absence de recours à la polémique sont recommandées :
§ 10 : "Il est, en effet, très important que les futurs pasteurs et les prêtres possèdent la théologie ainsi exactement exposée et non pas en termes de polémique, surtout pour les questions concernant les relations des frères séparés avec l'Église catholique."

* L'amour de la vérité, la charité et l'humilité sont recommandées, à l'opposé de tout irénisme ou de toute arrogance :
§ 11 : "Dans le dialogue œcuménique, les théologiens catholiques, fidèles à la doctrine de l'Église, doivent procéder en conduisant leurs recherches sur les divins mystères, en union avec les frères séparés, dans l'amour de la vérité, la charité et l'humilité.

* Le Concile reconnaît que l'unité de l'Eglise ne passe par par un 'unionisme' non respectueux de la légitime diversité des Eglises soeurs :
§ 14 : "L'héritage transmis par les Apôtres a été reçu de manières diverses et, depuis les origines mêmes de l'Église, il a été expliqué de façon différente selon la diversité du génie et les conditions d'existence. Ce sont toutes ces raisons, sans parler des motifs d'ordre extérieur, par suite encore du manque de compréhension mutuelle et de charité, qui donnèrent prise aux séparations."
§ 16 : "Il n'est pas du tout contraire à l'unité de l'Église qu'il y ait diversité de mœurs et de coutumes, ainsi qu'il vient d'être mentionné, et même une telle diversité est un élément qui accroît sa beauté ainsi qu'une aide précieuse pour l'accomplissement de sa mission. Aussi, le Concile déclare pour enlever tous les doutes possibles que les Églises d'Orient, conscientes de la nécessaire unité de toute l'Église, ont le pouvoir de se régir selon leurs propres lois, plus conformes au caractère do leurs fidèles et plus aptes à promouvoir le bien des âmes. L'observance parfaite de ce principe traditionnel (à vrai dire elle ne fut pas toujours respectée) est une des conditions préalables absolument nécessaires pour rétablir l'union."
§ 17 : "L'héritage transmis par les Apôtres a été reçu de manières diverses et, depuis les origines mêmes de l'Église, il a été expliqué de façon différente selon la diversité du génie et les conditions d'existence. Ce sont toutes ces raisons, sans parler des motifs d'ordre extérieur, par suite encore du manque de compréhension mutuelle et de charité, qui donnèrent prise aux séparations."

* Conclusion :
§ 18 : "Tout cela bien examiné, le Concile renouvelle ce qui fut déclaré par les Conciles antérieurs, ainsi que par les Pontifes romains: pour rétablir ou garder la communion et l'unité, il ne faut " rien imposer qui ne soit nécessaire " (Act. 15, 28). Il souhaite virement que tous les efforts dorénavant tendent à réaliser peu à peu cette unité aux divers niveaux et dans les diverses formes de la vie de l'Église, surtout par la prière et le dialogue fraternel concernant la doctrine et les nécessités les plus urgentes du ministère pastoral de notre temps. Pareillement, le Concile recommande aux pasteurs et aux fidèles de l'Église catholique d'établir des relations avec ceux qui ne sont plus en Orient, mais vivent loin de leur patrie. De cette façon, grandira entre eux une fraternelle collaboration: l'esprit de charité exclura toute forme de rivalité. Si tout cela se fait généreusement, le Concile en a l'espoir, le mur qui sépare l'Église d'Orient de celle d'Occident tombera. Ainsi n'y aura-t-il plus qu'une seule demeure. Le Christ Jésus en sera la pierre angulaire, assurant de l'une à l'autre l'unité."

* Sur quoi fonder l'espérance de l'unité :
§ 24 : Le Concile souhaite instamment que les initiatives des enfants de l'Église catholique progressent unies à celles des frères séparés, sans mettre un obstacle quelconque aux voies de la Providence et sans préjuger des impulsions futures de l'Esprit-Saint. Au surplus, le Concile déclare avoir conscience que ce projet sacré : la réconciliation de tous les Chrétiens dans l'unité d'une seule et unique Église du Christ, dépasse les forces et les capacités humaines. C'est pourquoi il met entièrement son espoir dans la prière du Christ pour l'Église, dans l'amour du Père à notre égard et dans la puissance du Saint-Esprit : "L'espérance ne déçoit point: car l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné" (Rom. 5. 5).


Vous voyez bien qu'il ne s'agit pas de pratiquer un magistère d'exclusion, mais de vérité dans la recherche de la communion !

Cordialement.

Michel de Guibert

Écrit par : Michel de Guibert | 22/07/2009

JANSENISME ET INTEGRISME

> Cette année 2009 peut-elle fournir à tous ceux qu’intéresse l’histoire du catholicisme en France une occasion de méditer, à frais nouveaux, l’aventure janséniste ? En effet, c’est en 1609 que fut réformée l’abbaye de Port-Royal, par la Mère Angélique Arnauld, alors âgée de 18 ans. Et c’est le 25 septembre 1709 que les religieuses de ce couvent – « pures comme des anges, mais orgueilleuses comme des démons », selon le mot, resté fameux, de l’archevêque de Paris, Mgr Hardouin de Péréfixe, en 1664 – furent expulsées de leur domaine, la démolition des bâtiments et de l’église du couvent étant ordonnée, l’année suivante, par Louis XIV.
Au-delà des querelles sur la grâce suffisante et la grâce efficace, et sur la signification et la portée théologique de ce qu’on appelle l’augustinisme, enfin sur la valeur du rigorisme moral des jansénistes, faire mémoire du jansénisme en cette année 2009 nous paraît intéressant par la comparaison qui peut être faite avec la dérive intégriste.
Le jansénisme est en effet l’histoire d’une Réforme catholique dévoyée et récupérée par une classe intellectuelle et bourgeoise (incluant la noblesse de robe, sa première assise) désireuse de faire politiquement et moralement pièces au Roi et au Pape. Or, trois siècles plus tard, le mouvement intégriste montre des dispositions comparables, ce qui ne laisse pas de poser des questions sur cette tentation récurrente et, décidément, très française de mettre la main sur le Bon Dieu et son Evangile.
Parmi les historiens qui ont oeuvré sur le jansénisme, on pourra par exemple lire l’intéressant travail de Françoise Hildesheimer (1), avec des réserves sur son insistance à présenter ce mouvement comme une affirmation de la conscience individuelle face aux « despotismes » royal et papal, la présentation par l’historienne des fondements théologiques du jansénisme paraissant par ailleurs insuffisante (2). En effet, la « conscience individuelle » des jansénistes se manifestait par une prétention insigne, celle de refonder la théologie catholique contre son magistère même, incarné depuis toujours par le pape et le collège des évêques. Un pape que d’autres - luthériens et calvinistes en tête – avaient commencé de dénoncer et brocarder, et ce depuis plus d’un siècle. Il faut dire que sous l’impulsion du Grand Arnauld, les jansénistes finassaient. Lorsqu’on se disait janséniste, on prétendait rester catholique. On voulait distinguer dans les condamnations de la doctrine de l’Augustinus par les souverains pontifes entre « le droit et le fait » (les propositions condamnées par le pape n’étant pas jugées, dans les faits, comme appartenant à la doctrine de Jansenius) ; aussi arguait-on d’un « silence respectueux » face à ce qui était regardé comme un égarement du Saint-Père (ainsi que l’on ferait sans doute devant un simple d’esprit !)…
En 2009, avec le mouvement intégriste, ce type de comportement paraît de nouveau à l’ordre du jour. Le pape et les puissances politiques (celles-ci étant nécessairement interpellées par l’aspect révisionniste de certaines prises de positions des intégristes – notamment de Mgr Williamson, qui nie la réalité de la Shoah) sont confrontées à un mouvement, l’intégrisme catholique, qui montre des dispositions finalement proches de celles du jansénisme.
1/ La Réforme catholique
Au XVIIe siècle, elle est incarnée pour l’essentiel, aux débuts du jansénisme, en France, par les oeuvres de saint François de Sales et de saint Vincent de Paul, et par le dynamisme missionnaire des jésuites. L’amour, la miséricorde, la confiance en Dieu étaient des marques évidentes de l’action développée par ces pasteurs. Mais ce ne furent pas celles que retinrent prioritairement les tenants de « l’Augustinus » (du théologien et évêque Jansenius), qui étaient partisans, comme l’abbé de Saint-Cyran, d’une élection plus haute et plus décisive, et d’une justice divine qui n’accordaient le salut qu’aux seuls personnes recevant cette « grâce efficace » leur permettant de répondre radicalement à l’appel du Seigneur dans une vie austère et pénitente. Et ce, en haine de la confiance envers le Dieu miséricordieux annoncé par les jésuites jusque dans leur (trop) fameuse casuistique.
En 2009, les tenants de l’intégrisme catholique sont partisans d’une « contre-réforme » qui consiste à revenir à l’Eglise préconciliaire, celle de Pie XII, voire de saint Pie V et saint Pie X, contre les Papes qui se sont succédé depuis Vatican II. Leur dénonciation du concile recoupe certaines des doctrines jansénistes : les vrais catholiques – les vrais élus donc, seuls capables de plaire au Bon Dieu – seraient ceux de la Tradition catholique, austères, pénitents, à genoux pour communier, etc. Bref, démontrant ce rigorisme moral qui manquerait, selon eux, à l’Eglise post-conciliaire.
2/ L’exclusion politique
De 1609 à 1709, et au-delà, jusqu’à la Révolution, le jansénisme prospère au sein de la noblesse de robe (notamment au Parlement de Paris) et dans une bourgeoisie intellectuelle qui se sent insuffisamment associée au gouvernement du royaume.
En 2009, l’intégrisme prospère parmi ceux qui se sont idéologiquement exclus de la République, héritiers pour une grande part de Maurras, de Vichy et des grandes heures du colonialisme à la française.
3/ L’orgueil théologique
De 1609 à aujourd’hui, le jansénisme est perçu comme une prétention orgueilleuse à refonder l’Eglise catholique, contre l’Eglise elle-même et le magistère du pape.
En 2009, la prétention de la Fraternité Saint Pie X, au nom des intégristes catholiques, est évidemment analogue. Ses théologiens ont engagé depuis quelques semaines le dialogue avec Rome, en plaçant la barre très haut (ou très bas, selon le point de vue choisi) : on pourra lire à cet égard (avec tristesse), l’interview donnée à ce sujet par Mgr Fellay (sur le site de la Fraternité Saint Pie X, www.dici.org).

L’avenir dira si le destin des intégristes est de fonder une Eglise dissidente – comme celle qui sortit du jansénisme à la mode hollandaise, ces « Vieux-Catholiques » de l’« Eglise d’Utrecht »). Cette Eglise dissidente connut, à ses débuts, de même que la Fraternité Saint Pie X, une apparente fécondité, attirant fidèles et vocations. Mais cette fécondité, loin de résulter d’une attitude missionnaire ouverte, comme celle de l’Eglise catholique, puisait à la seule nappe phréatique, vouée à l’épuisement, d’un cercle socialement fermé, manifestant une conception étroite de la présence du Dieu Un et trine dans le monde.

(1) Françoise Hildesheimer : « Le jansénisme en France aux XVIIe et XVIIIe siècles », Paris, Éditions Publisud, « Courants universels », 1991, 221 p. L’auteur a par ailleurs publié un remarquable « Richelieu » (Flammarion, 2004).
(2) Ainsi son attribution à saint François de Sales d’un rôle dans le jansénisme est erronée, le « docteur de l’amour » s’étant contenté de conseiller spirituellement, durant quelques années, la jeune abbesse réformatrice de Port-Royal, avant que celle-ci ne choisît comme directeur l’abbé de Saint-Cyran.

Écrit par : Denis | 24/08/2009

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