10/07/2009
Le Vatican contre l'idéologie libérale (depuis longtemps)
Par exemple en 1971 : Paul VI, lettre apostolique Octogesima Ad-veniens au cardinal Roy (président du conseil des laïcs et de la com-mission pontificale Justice & paix) à l’occasion du 80ème anniversaire de l’encyclique Rerum Novarum : "Aussi le chrétien qui veut vivre sa foi dans une action politique conçue comme un service, ne peut-il, sans se contre-dire, adhérer à des systèmes idéologiques qui s’opposent radicalement, ou sur des points substantiels, à sa foi et à sa conception de l’homme : ni à l’idéologie marxiste, à son matérialisme athée, à sa dialectique de violence et à la manière dont elle résorbe la liberté individuelle dans la collectivité, en niant en même temps toute transcendance à l’homme et à son histoire, personnelle et collective; ni à l’idéologie libérale, qui croit exalter la liberté individuelle en la soustrayant à toute limitation, en la stimulant par la recherche exclusive de l’intérêt et de la puissance, et en considérant les solidarités sociales comme des conséquences plus ou moins automatiques des initiatives individuelles et non pas comme un but et un critère majeur de la valeur de l’organisation sociale." Cette lettre est citée dans l'encyclique de Benoît XVI, qui consacre d'ailleurs un chapitre entier à la pensée économique et sociale de Paul VI.
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Commentaires
"DU VENT"
> Ouf, pour nous qui n'avons pas connu cette époque, quelle joie de découvrir ce texte ! ça fait du bien ça aussi ! Et ça rive leur clou aux tristes vaseux économistes institutionnels perpétuellement réinvités par les médias catho, et perpétuellement nous re-répètant que le libéralisme économique est la nature des choses et que Rome ne peut pas dire le contraire ! Eh bien si, Rome dit le contraire, et sans complexe, et vive Rome. Et si ça gêne les profs de fric, rien ne les oblige à se dire catholiques. Du vent. Ciao les gars.
Écrit par : Churubusco | 09/07/2009
PAS DE CONTRADICTIONS
> Et dire qu'il y a des rigolos pour dire que les papes se contredisent. Comme disait à peu près Wittgenstein : ce sur quoi on ne sait rien dire, mieux vaut ne pas en parler.
Écrit par : Pol Tava | 09/07/2009
LIBERAUX
> Merci pour vos analyses ( passionnantes ) et cet extrait. L'encyclique de Benoît XVI a de quoi agacer les libéraux. Pourtant, certains d'entre eux continuent à proclamer la compatibilité de ce texte avec la doctrine libérale. Etonnant !
Anne.
Écrit par : anne | 10/07/2009
AUTRE GRAND PAPE
> Je note avec intérêt que Benoît XVI se situe clairement dans le sillage de Paul VI, l'autre grand pape méconnu et calomnié (avec Pie XII, mais pas par les mêmes...)
Écrit par : Michel de Guibert | 10/07/2009
DSE ET LIBERALISME
> L'histoire de la DSE est l'histoire de la condamnation conjointe du libéralisme et du socialisme.
Certains ont prétendu que l'Eglise s'était ralliée au libéralisme parce que Jean-Paul II disait du bien du marché et qu'il a écrit que la DSE n'était pas une troisième voie. D'où ils ont déduit que le libéralisme était exonéré, qu'il n' y avait pas de moyen terme entre libéralisme et socialisme et que seul subsistait le premier. Chez certains, c'est une erreur de bonne foi. Je le crois, je l'ai partagée peu ou prou hélas.
Que voulait dire Jean-Paul II, en disant que la Doctrine Sociale n'était pas une troisième voie? Sans doute ceci: libéralisme et socialisme se donnent les mêmes fins: le bien être matériel de l'homme. Evidemment la DSE ne peut être vue comme une voie intermédiaire entre la solution socialiste et la solution libérale. La DSE n'est pas une variante de l'économie sociale de marché, elle n'est pas une troisième voie vers un même but.
Elle indique le chemin du développement complet de l'homme dans le respect de sa dignité et de sa vocation surnaturelle.
Il est évident que la DSE s'intéresse au bien être matériel et qu'elle peut dès lors reconnaître la supériorité du marché "libre" sur la planification socialiste. Les méfaits d'une planification généralisée ont été démontrés par des auteurs libéraux comme Hayek; ce n'est pas parce que cette démonstration est convaincante qu'on doit adhérer au libéralisme, à son scepticisme éthique débouchant sur un principe de neutralité morale de l'Etat. Reste que la définition du libéralisme est quelque chose de très complexe et que lorsqu'on parle de condamnation de celui-ci, il faut toujours se référer à la description qui en est faite. Quelqu'un qui défend la liberté d'entreprendre et reconnaît à l'Etat le droit d'imposer le repos dominical, ou toutes autres lois aidant les hommes à vivre vertueusement sans risquer d'être laminés par la concurrence des sans scrupules; celui là sera considéré par les socialistes comme un libéral et par certains libéraux comme un infâme réactionnaire. Quoi qu'il en soit, il faut se défier des "ismes": le libéralisme met la liberté au-dessus de tout. Un chrétien reconnaît à la liberté une valeur éminente mais n'en fait pas un absolu: la liberté n'a de valeur qu'ordonnée à la vérité et à la charité.
Écrit par : Hubert | 10/07/2009
PAUL VI ET LE CAPITALISME LIBERAL
> Et comme ni Benoît XVI ni Paul VI ne sauraient se contredire, on peut remarquer que Caritas in Veritate mentionne longuement Populorum Progressio de Paul VI. Et au numéro 26 de Populorum Progressio on peut lire ce qui suit:
"Capitalisme libéral.
Mais un système s'est malheureusement édifié sur ces conditions nouvelles de la société, qui considérait le profit comme motif essentiel du progrès économique, la concurrence comme loi suprême de l'économie, la propriété privée des biens de production comme un droit absolu, sans limites ni obligations sociales correspondantes. Ce libéralisme sans frein conduisait à la dictature à bon droit dénoncée par Pie XI comme génératrice de "l'impérialisme international de l'argent (26)". On ne saurait trop réprouver de tels abus, en rappelant encore une fois solennellement que l'économie est au service de !'homme (27). Mais s'il est vrai qu'un certain capitalisme a été la source de trop de souffrances, d'injustices et de luttes fratricides aux effets encore durables, c'est à tort qu'on attribuerait à l'industrialisation elle-même des maux qui sont dus au néfaste système qui l'accompagnait. Il faut au contraire en toute justice reconnaître l'apport irremplaçable de l'organisation du travail et du progrès industriel à l'œuvre du développement."
Écrit par : Nicolas Dangoisse | 10/07/2009
LIBERTÉ ET VÉRITÉ
> L'articulation entre la liberté et la vérité, ou plutôt la subordination de la liberté à la vérité, est un thème cher à Benoît XVI. Déjà le cardinal Ratzinger avait publié en 1999 un article remarquable sur ce thème et sous ce titre dans la revue "Communio" (n° XXIV, 2 - mars-avril 2009).
Il est disponible à l'adresse de Communio : passage Saint Paul, 75004 Paris ; on peut aussi le trouver intégralement sur internet par le lien suivant :
http://www.la-croix.com/illustrations/Multimedia/Actu/2009/4/15/communio.pdf
A lire ou à relire !
Écrit par : Michel de Guibert | 10/07/2009
PIE XII ET LA DSE
> Et en plus la DSE c'est obligatoire. Cf l'allocution de Pie XII le 25 avril 1945 aux membres du Congrès de l'Action catholique italienne sur la doctrine sociale de l'Eglise: "La première recommandation concerne la doctrine sociale de l'Eglise. Vous savez parfaitement combien de rapports essentiels et multiples rattachent et subordonnent l'ordre social aux questions religieuses et morales. Il s'ensuit que, surtout en période de bouleversements économiques et d'agitations sociales, l'Eglise a le droit et le devoir d'exposer clairement la doctrine catholique en si importante matière. Elle l'a fait, et même de nos jours. Mais si cette doctrine est fixée définitivement et sans équivoque dans ses points fondamentaux, elle est toutefois suffisamment large pour pouvoir être adaptée et appliquée aux vicissitudes variables des temps, pourvu que ce ne soit pas au détriment de ses principes immuables et permanents. Elle est claire en tous ses aspects ; elle est obligatoire ; nul ne peut s'en écarter sans danger pour la foi et l'ordre moral ; il n'est donc permis à aucun catholique (encore moins à ceux qui appartiennent à vos organisations) d'adhérer aux théories et aux systèmes sociaux que l'Eglise a répudiés et contre lesquels elle a mis ses fidèles en garde.
Vous comprenez maintenant pourquoi le Saint-Siège doit intervenir et intervient chaque fois que surgissent, même parmi ceux qui se disent catholiques, des idées sociales erronées ou des tendances pernicieuses. Soyez donc prudents et vigilants. Essentiels, à l'heure présente, sont la fermeté des convictions et le courage de les mettre en pratique, sans faiblesses et sans hésitations."
Écrit par : Nicolas Dangoisse | 14/07/2009
WEIGEL SE DEMASQUE
George Weigel n’a pas aimé (mais alors pas du tout) l’encyclique Caritas in Veritate :
http://article.nationalreview.com/?q=NTdkYjU3MDE2YTdhZTE4NWIyN2FkY2U5YTFkM2ZiMmE=&w=MA==
Il dénonce « La revanche de Justice et paix » (c’est le sous-titre de l’article).
Pour lui, Centesimus Annus a été « Le Waterloo de Justice et Paix » qui, à l’époque, aurait proposé à Jean-Paul II un brouillon de l’encyclique en contradiction avec la pensée libérale de celui-ci.
Justice et Paix a réussi à avancer ses pions, soutient Weigel. Du coup, il nous propose de faire le tri entre les bons passages (écrits par Benoît XVI) et les mauvais (ceux de la Commission). Weigel est le nouveau Zorro venu pour déjouer le complot tramé contre cette pauvre marionnette qu’est le pape.
Blaise
[De PP à B. - Ainsi Weigel jette le masque. Le soi-disant "grand papiste américain", nostalgique de Bush, se révèle pour ce qu'il est. Les catho-libéraux font le tri entre ce qui leur plaît et ce qui leur déplaît dans la pensée du Vatican. Ils ne peuvent donc servir de référence.]
Cette réponse s'adresse au commentaire.
Écrit par : Blaise | 16/07/2009
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