23/06/2009
Un rapport d'Oxfam International : la double responsabilité des pays riches face au changement climatique
"Agir ensemble,
ou chacun pour soi ?"
Communiqué
<< Dans un nouveau rapport publié aujourd’hui, Oxfam International affirme que pour parvenir à un accord équitable et ambitieux sur le climat, les pays riches ont deux responsabilités : réduire leurs propres émissions de gaz à effet de serre et soutenir les pays pauvres à faire de même.
Le rapport "Agir ensemble ou chacun pour soi ?" présenté à l’occasion de la conférence des Nations unies sur le climat à Bonn, affirme que seuls les pays riches peuvent permettre aux négociations internationales sur le climat de sortir de l’impasse et éviter ainsi un désastre climatique.
La communauté scientifique a démontré qu’il était nécessaire de revenir aux niveaux d’émissions de 1990 d’ici à 2020. Pour Oxfam International, près de la moitié de ces réductions doivent s’effectuer grâce à la mise en place d’un « Mécanisme global d’atténuation et de financement » qui fournira aux pays pauvres les moyens de limiter leurs émissions.
D’ici à 2020, les pays riches doivent également réduire d’au moins 40% leurs émissions en dessous des niveaux de 1990, principalement sur leur territoire national. Le rapport d’Oxfam détaille les réductions nécessaires pour atteindre ce chiffre et démontre qu’aucun pays riche n’approche pour l’instant de ces objectifs. L’Union européenne doit par exemple réduire de 44% ses émissions par rapport à 1990 alors que le Paquet Energie Climat européen ne prévoit qu’une réduction de 20% à 30%.
"Agir ensemble ou chacun pour soi ?" propose une réponse à deux questions très controversées qui pèseront lourd dans les négociations : qui doit réduire les émissions et qui doit financer cette réduction ? Un accord international sur le climat doit être signé en décembre prochain à Copenhague mais les négociations ne progressent que très lentement.
Les pays riches sont aujourd’hui responsables des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre. Mais ce sont bien les populations les plus pauvres qui sont les premières et les plus importantes victimes du changement climatique. En Afrique, les variations des précipitations perturbent déjà les activités agricoles tandis que la hausse des températures augmente la propagation des maladies.
"Si nous voulons éviter une catastrophe humaine, nous devons sortir ces négociations de l’impasse dans laquelle elles se trouvent actuellement. Les pays riches sont responsables de ce bourbier. Ils ont les moyens financiers et la technologie pour nous en sortir. Cela les met face à une double responsabilité, à la fois réduire leurs propres émissions mais également soutenir financièrement les pays pauvres à faire de même" a déclaré Jeremy Hobbs, directeur général d’Oxfam International.
Grâce à l’argent provenant de la vente des permis d’émission de carbone, le "Mécanisme global d’atténuation et de financement" financerait le soutien nécessaire aux pays en développement. La transition vers des modes de développement moins pollueurs pour des pays les plus pauvres de la planète, comme l’Ouganda ou l’Inde, serait financée en totalité. Des économies plus développées comme le Brésil ou la Chine devraient en revanche financer une partie de ces coûts, selon leurs poids économiques.
"Oxfam estime qu’au moins 150 millions de dollars sont nécessaires chaque année pour financer à la fois les activités d’adaptation et d’atténuation dans les pays pauvres. Ce montant est relativement modeste comparé au prix de l’inaction que l’économiste Nicolas Stern estime entre 5% et 20% du PIB mondial, et il n’est rien en comparaison des milliards débloqués en faveur des banques" continue Jeremy Hobbs.
De nombreux pays en développement ont déjà franchi d’importantes étapes pour réduire leurs émissions et souligner leur volonté de négocier des actions plus importantes, avec le soutien financier et technologique des pays riches. Le Mexique s’est par exemple engagé à réduire de moitié ses émissions d’ici à 2050. La Chine est quant à elle leader dans le domaine des financements des énergies renouvelables où elle a investi 12 milliards de dollars en 2007.
"L'avenir du monde dépend de la réduction des émissions mais seuls les pays riches ont les moyens d’y parvenir. Un accord global doit permettre, grâce à de nouvelles sources de financement, de soutenir un développement sobre en carbone dans les pays pauvres".
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Notes
- Résumé en français du rapport "Agir ensemble ou chacun pour soi ?" (PDF)
L’ultimatum climatique qui vise à recueillir un million de signatures avant le sommet de Copenhague. >>
Le rapport indique les niveaux de réduction des émissions que les pays riches doivent atteindre pour participer de manière équitable à cet objectif : l’Europe doit réduire de 44% les niveaux de 1990 d’ici à 2020, dont la majorité au niveau national. L’UE s’est pour l’instant engagée sur une réduction entre 20 et 30 %. Les Etats-Unis doivent eux réduire de 45% ses émissions alors que la loi actuellement en débat à la Chambre des représentants propose un retour autour des niveaux de 1990. Le Japon, sur le point d’annoncer son engagement sur une réduction entre 7 et 25%, devrait atteindre les 56% de réduction, tandis que la Russie, qui doit déjà établir un objectif à moyen terme, doit atteindre les 20%. L’Australie, qui s’est engagée sur 25% de réduction, devait réduire de 40% ses émissions. Le Canada, dont les engagements actuels ne représenteraient en 2020 qu’une baisse de 3% par rapport à ses niveaux de 1990, doit procéder à une réduction de 43%.
Oxfam France – Agir ici est signataire de l’appel
10:24 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
"LET'S MAKE MONEY", un réquisitoire contre l'argent fou
Je vous communique ça :
> Après "We Feed the World", film événement sur les dérives de l’industrie alimentaire, le réalisateur Erwin Wagenhofer revient avec un nouveau documentaire intitulé "Let’s Make Money", une démonstration implacable sur les conséquences humaines, démographiques et écologiques de la dérégulation économique. Une fascinante plongée au coeur du système financier mondial.
C'est l'histoire de deux mondes qui s'interpénètrent sans jamais se rencontrer. Dans l’un, on ramasse du coton ou on casse du minerai, dans l’autre, on "fait" de l’argent. Entre les deux, une passerelle à sens unique, qu’empruntent les flux invisibles de la finance mondiale. Une frontière immatérielle et pourtant infranchissable, qui concentre entre les mains de 10% de la population mondiale 80% des richesses, et les sépare du reste de l’humanité.
Une démonstration implacable sur les conséquences humaines, démographiques et écologiques de la dérégulation économique, notamment sur les pays pauvres, un voyage à travers les folles dérives du capitalisme financier.
Des mines d'or du Ghana aux banques londoniennes, des champs de coton du Burkina Faso aux gratte-ciel de Singapour, des bidonvilles de Madras aux plages de Jersey, le cinéaste s’attaque à l’opacité d’un système complexe dont il tente de démonter les mécanismes tortueux et de montrer toute l’iniquité.
Le film reflète, par sa construction, la juxtaposition d’univers que tout oppose, Nord et Sud, riches et pauvres, investisseurs et paysans, hommes d’affaires et enfants des rues... Il enchaîne plans-séquences et témoignages multiples, qui illustrent les risques d’une économie sans garde-fous et les méfaits du néolibéralisme triomphant : spéculation effrénée, investissements fictifs, chantage économique, évasion fiscale, surexploitation de la main d'oeuvre, pays du Sud ruinés par le protectionnisme occidental, privatisation des services publics, pollution...
Il en montre aussi les aberrations. Dans l'industrie cotonnière, les subventions accordées aux agriculteurs américains empêchent les pays du Sud d’accéder au marché mondial et coûtent par exemple au Burkina Faso 80 milliards de dollars par an, un manque à gagner dont le montant est quatre fois supérieur à la somme que perçoit ce pays sous forme d'aide.
Autre scandale, on estime qu’actuellement plusieurs milliers de milliards de dollars dorment à l’ombre des paradis fiscaux où ils échappent à toute forme de taxe. Si cette richesse était imposée au taux très modéré de 30%, les gouvernements du monde entier toucheraient 250 milliards de dollars de recettes annuelles supplémentaires, qu’ils pourraient dépenser pour endiguer la pauvreté et atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement de l’ONU...
Au-delà du vertige procuré par de tels chiffres, le film de Wagenhofer cherche à interpeller le citoyen ordinaire, mais aussi le simple contribuable. Celui dont l’argent, une fois déposé en banque, est introduit dans le circuit monétaire international et contribue, sans qu’il le sache, à alimenter un système qui, à l’échelle du globe, ne profite qu’aux populations riches d’Etats privilégiés. Plaidoyer pour une redistribution équitable des richesses, ce film engagé est avant tout un bel hommage aux valeurs citoyennes de l’information."
(«Je ne pense pas que l’investisseur doive être responsable de l’éthique,
de la pollution ou de quoi que ce soit que produise la compagnie
dans laquelle il investit. Ce n’est pas son boulot.
Son boulot est d’investir et de gagner de l’argent pour ses clients »
Mark Mobius, président de Templeton Emerging Markets).
(«Si nous ne créons pas un nouveau mode de répartition des richesses,
ce qui a abouti à la Seconde Guerre mondiale se reproduira sous une autre forme.
C'est une nouvelle ère de barbarie qui s'ouvrira »
Hermann Scheer, lauréat du prix Nobel alternatif et député allemand).
Écrit par : Amicie T. | 23/06/2009
AU CANADA
> Bonjour monsieur de Plunkett,
Je suis étudiant canadien, et je travaille cet été pour le Diocèse de Sault-Marie à l'organisation et l'animation d'activités liturgiques et communautaires au Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes, ici à Sudbury, au Canada. Vous le savez peut être, Sudbury est un haut lieu de dans le monde des écologistes canadiens: à la fois symbole de la dévastation que l'industrie de l'homme peut infliger à un écosystème et de l'espoir que tout cela n'est pas irrémédiable si nous agissons aujourd'hui, et ensemble*. Mercredi prochain, ce sera le 1er juillet, soit la Fête du Canada, et pour la souligner, il y aura une célébration eucharistique au sanctuaire. Deux heures plus tard, plusieurs viendront voir les feux d'artifices municipaux (le sanctuaire est sur une montagne surplombant le coeur de la ville). Vu l'affluence qu'il y aura pour ces deux activités, ceci est une opportunité en or de sensibiliser les gens au cours d'une table ronde à ces questions qui concernent tous les habitants du Grand Village global : soit la crise économique dont le néolibéralisme est largement responsable, et du saccage humain et écologique que sa logique encourage. Ce serait aussi une opportunité de les exposer doucement tout en n'heurtant pas leur liberté de conscience aux idées, parfois même un peu subversives, de la pensée sociale de l'Église. Lecteur assidu de votre blog depuis quelques années, je sais que la Nouvelle Évangélisation, l'établissement d'une économie digne de l'Évangile et la protection de l'environnement vous tiennent à coeur. Je me demandais si vous (et tout autre lecteur intéressé) pouviez entrer en contact avec moi afin que je puisse vous poser quelques questions pour que cette activité porte le plus de fruits possibles. Votre connaissance approfondie de ces dossiers et votre expérience seraient d'une grande aide à l'inexpérience de mes jeunes années. Mon courriel : ccharbonneau@diocesecentre.com
Votre frère en Jésus-Christ Notre Seigneur,
Christian Charbonneau
* «Peut-être que l'une des transformations qui représentent le mieux Sudbury, c'est l'effort conjugué visant la réhabilitation des sols, un processus en cours depuis la fin des années 1970. Les réussites de la région dans le cadre du reverdissement des terres environnantes et de la réhabilitation des lacs de la région ont engendré une reconnaissance mondiale à l'égard de Sudbury pour ses efforts environnementaux.» tiré du site de la municipalité du Grand Sudbury (http://www.greatersudbury.ca/)
Écrit par : Christian L-C | 24/06/2009
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