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23/06/2009

Mais qu'est-ce qu'un "prêtre" pour les catholiques ?

Une année de réflexion pour dissiper les malentendus :


 

  

Qu'est-ce qu'un prêtre ? Question brumeuse actuellement, comme le montre un récent sondage chez les catholiques français. Nombre d'entre eux ont l'air de regarder leurs prêtres par les yeux de la société : ce serait un « animateur », une sorte de psy, qui devrait être entièrement aligné sur les normes séculières. D'où le fait qu'une grande majorité ne voie pas pourquoi un prêtre catholique (ou orthodoxe) ne peut être une femme...

Ce brouillard existe dans tous les pays de l'hémisphère nord. Le Vatican ouvre donc une « Année sacerdotale » afin de remettre les choses au clair. Dans l'hebdomadaire du Centre de télévision du Vatican, le jésuite Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, explique « l'importance fondamentale du service du prêtre dans la vie de l'Eglise ». Ce service « traverse aujourd'hui des difficultés » : « le climat général de sécularisation qui prévaut dans de vastes régions du monde, une baisse d'appréciation du rôle du prêtre dans la société, les profondes blessures portées à l'image publique des prêtres suite aux comportements indignes de certains d'entre eux, et dans une certaine mesure la juste valorisation des vocations laïques dans l'Eglise. »

Comment répondre à ces difficultés ? L'opinion courante (aiguillée par les médias) répond, par réflexe, que les prêtres devraient être mis aux normes de la société laïque. Ce serait liquider le sacerdoce, pilier du catholicisme. Le P. Lombardi indique au contraire la voie suivie par l'Eglise, pape en tête : «  Le pape ne répond pas par des considérations socio-religieuses, mais encourage à un engagement de renouveau intérieur de tous les prêtres pour que leur témoignage évangélique dans le monde d'aujourd'hui soit plus fort et plus incisif. » Dans la lettre ouvrant l'Année sacerdotale, le pape « ne part pas de l'extérieur, mais du cœur de la vocation sacerdotale, du modèle concret de sainteté sacerdotale qui nous est offert par le saint curé d'Ars...  Cela peut paraître une provocation d'inviter les prêtres du monde à prendre pour modèle le curé d'un petit village français de deux cents habitants, mort il y a 150 ans, mais si le prêtre vit vraiment de l'Eucharistie et du service de la réconciliation entre Dieu et les hommes, autrement dit de la manifestation de la miséricorde de Dieu, le temps et le lieu deviennent secondaires.»

C'est la réponse catholique à la crise actuelle du sacerdoce en Occident. La dimension où elle se situe est rejetée par le monde marchand ; influencés par les médias, nombre de gens interprètent la foi des catholiques (eucharistie, donc sacerdoce) comme une étrangeté incompatible avec les « valeurs d'aujourd'hui ». Donc indifférente aux personnes, puisque ces « valeurs » sont infusées à tout le monde comme étant le garant de la tolérance et du confort mental... D'où la virulence [*] de beaucoup quand la conversation vient sur la liturgie : sujet qui devrait leur être indifférent dans la mesure où ils ne mettent jamais les pieds à l'église – mais sujet qui, bizarrement, suscite en eux des véhémences.

Apparemment inexplicables de la part de non-pratiquants, ces véhémences veulent dire quelque chose. Elles sont le symptôme d'un manque, d'un lien refoulé avec une recherche spirituelle, même s'il se traduit de façon biaisée. Dans un salon du livre du Midi, une brave dame proteste violemment contre « la messe en latin » alors qu'elle ne va jamais à la messe. Elle ne protesterait pas si l'idée de messe lui était indifférente... C'est à partir de là que peut s'établir une conversation. Et c'est aussi ce que dit le P. Lombardi dans son article : la lettre de Benoît XVI a « une touche de spiritualité profonde, une grande tendresse d'amour pour Jésus et pour les personnes, en particulier pour celles qui, au plan spirituel, sont loin de Dieu ou en difficulté... N'est-ce pas de cet amour qui  essaie de se manifester dans le cœur de chacun, que l'on a aujourd'hui terriblement besoin et avec urgence ?  C'est pour cela que le pape parle du prêtre comme un don fait à l'Eglise et à l'humanité. »

Tout est là : dans la redécouverte du sens des choses. Un prêtre catholique n'est pas un simple psy, ni un animateur social. Et son rôle ne lui appartient pas ; ni n'appartient à l'Eglise dont il est membre. La vocation de prêtre est un don surnaturel. Ces raisons ne sont compréhensibles que des croyants ? Mais non : leur logique interne est compréhensible même de ceux qui n'y adhèrent pas – à condition de ne pas nier la légitimité d'une démarche de foi, même au sein de la société actuelle. Alors on peut débattre de tout.

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[*]  J'en suis témoin : dans tous les festivals et salons du livre à travers la France, ce genre de discussions est extrêmement fréquent (lorsqu'on propose au public des livres d'enquête sur les problèmes religieux).  Au delà des agressivités ou des fausses certitudes (" ce pape qui veut nous faire revenir à la messe en latin", etc), la virulence des réflexes est le symptôme d'un besoin religieux : sinon il n'y aurait pas de virulence, mais une indifférence. L'erreur fatale de la part du catholique serait, dans ce type de situation, de s'énerver et de crier à la cathophobie ! 

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Commentaires

TEMOIGNAGE

> A la question : qu’est-ce qu’un prêtre ? on peut répondre beaucoup de choses. Pour ma part, je voudrais témoigner de ce qui suit, en profitant de la paix dont nous jouissons sur ce blog, grâce à PdP.
Oui, le prêtre nous donne Jésus-Christ, il nous donne part à Jésus-Christ dans la célébration de l’eucharistie et le ministère de la Parole. Il est banal, en tant que catholique, de le dire, et de rappeler que le Seigneur vient à nous par les mains du prêtre, entre ses mains, à chaque eucharistie. Il l’est peut-être moins d’attester, pour les croyants et les incroyants, que le périmètre immédiat de l’autel où Jésus nous est donné, ce saint des saints, est comme la colonne de nuée de l’ancienne Alliance et que bon nombre des laïcs qui ont eu la grâce de monter à l’autel comme ministres de l’eucharistie (appelés à distribuer la communion à leurs frères et soeurs) ont été, fût-ce très brièvement, saisis par cette présence de Dieu – d’où le respect qu’il est urgent de rétablir, quelquefois, dans ce rapport des prêtres et des laïcs aux saints autels de nos églises.
De même, toujours pour les catholiques les plus engagés, et qui montrent une faim et une soif inextinguibles de la Parole de Dieu, combien ont reçu des grâces du Saint-Esprit ! Non seulement celle d’être comme « coupés en deux » par le glaive de la parole du prédicateur, dans telle ou telle homélie, et ce, à la mesure de leur péché ; mais encore, la grâce de sentir comme couler sur leur front, dans la parole inspirée de tel ou tel prêtre ou évêque, cette huile sainte du Psaume 133. Celle-là même où David s’exclame : « Voyez! Qu'il est bon, qu'il est doux d'habiter en frères tous ensemble! C'est une huile excellente sur la tête, qui descend sur la barbe, qui descend sur la barbe d'Aaron, sur le col de ses tuniques. C'est la rosée de l'Hermon, qui descend sur les hauteurs de Sion; là, Yahvé a voulu la bénédiction, la vie à jamais. » Amen !

Écrit par : Denis | 23/06/2009

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