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22/05/2009

Surchauffe sécuritaire dans l'Hexagone


La loi Hadopi sera-t-elle retoquée par le Conseil constitutionnel ? Selon le PS qui a déposé le recours, onze motifs devraient motiver cette censure, dont les trois principaux sont :

1. la disproportion entre le délit et sa double sanction (accès Internet coupé + paiement maintenu de l'abonnement) ;

2. l'atteinte à la présomption d'innocence de l'internaute, qui devra prouver l'absence de délit ;

3. l'illégitimité des pouvoirs attribués à l'Hadopi, simple organe administratif mais doté du pouvoir de punir arbitrairement (la coupure allant de quelques mois à un an) ;

4. la contradiction entre la loi Hadopi et la légalité européenne, selon laquelle l'accès internet fait désormais partie des libertés essentielles du citoyen.

Libération (22 mai) rappelle que " dans un avis émis en novembre, la Cnil avait formulé de sévères critiques sur le projet de loi Création et internet, se demandant 'si au regard des finalités poursuivies, les traitements de données personnelles envisagés sont proportionnés et si les garanties prévues pour assurer la protection des données personnelles recueillies et traitées sont de nature à préserver l'exercice des libertés constituionnellement protégées au nombre desquelles figure la liberté individuelle...' "

On voit dans quel sens tourne l'engrenage Elysée-Matignon-UMP. On voit aussi quel business il sert. Plus que jamais, la classe politique est au service des intérêts privés.

 

10:53 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (5)

Commentaires

JUSQU'OÙ

> On peut en effet se demander jusqu'où iront les choses. Tout se passe comme s'il s'agissait de détourner l'attention des gens. Plus on les tourne vers on ne sait quel "complot international", moins ils manifesteront contre les licenciements ?

Écrit par : Nati | 22/05/2009

TETANOS

> Et pendant ce temps, on met en place sans trop de bruit un contrôle complet d'internet (hadopi, fichiers, surveillance des connections, etc.). En même temps, la véritable insécurité progresse tandis que l'état abandonne de plus en plus de quartiers à l'anarchie et aux réseaux mafieux. Je ne vois pas ce que le gouvernement a à gagner dans cette évolution. ou alors ils sont tétanisés par l'incompréhension de la situation (voir Jospin en son temps) et pas la lâcheté devant le politiquement correct. Cette évolution me pose des questions. Mis a part le délire conspirationiste (cf l'affaire de l'ultra-gauche), la volonté de contrôler le net et les radars (pompes à fric) sur les routes, je ne vois pas vraiment la mise en place d'un état policier. Le taux d'agression augmente, n'importe qui peut rentrer dans une école ou un hôpital, passé certaines heures, les transports dans les grandes villes ne sont pas si sur que cela, etc. Alors? Plan organisé ou vertiges d'hommes politiques coupés du monde et prisonniers du virtuel des sondages?

Écrit par : vf | 22/05/2009

AVEUGLE

> La loi Hadopi est un instrument très dangereux, qui non seulement centuplera les pouvoirs inquisitoriaux de l'administration, mais engendrera d'innombrables bavures. Sachant la lourdeur de l'administration et son refus de reconnaître ses torts, comment se fera-t-on rendre justice ? Espérons que le CC obligera au moins l'UMP à introduire le pouvoir judiciaire dans le processus Hadopi. Sinon nous serons livrés à une machine répressive aveugle.

Écrit par : Pflister | 22/05/2009

DISCRIMINANT

> Sur le site Agora Vox, il y a aussi des trucs qui avaient été expliqués pour montrer le caractère insensé d'hadopi, entres autres qu'il y aura deux types d'internautes :
> ceux qui sont assez calés en informatique,
> et ceux qui ne le sont pas.
Oeuf Course ! Les premiers seront assez malins soit pour ne pas se faire pincer (s'ils piratent), soit pour sécuriser leurs connexions, soit pour prouver leur bonne foi.
http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/hadopi-pour-les-nuls-explications-54212

Écrit par : Jan-Pawel | 23/05/2009

BAUDELAIRE ET FINKIELKRAUT

> Cher Patrice de Plunkett, j'ai écouté ce matin l'émission "Répliques" de Alain Finkielkraut sur le thème : "L'art, la culture et le culturel" avec Marc Fumaroli et Michel Deguy. Il me semble que le contenu de cet échange (qu'on peut réécouter facilement grâce au podcast) mérite éminemment un débat sur votre blog. Au delà des saines réactions sur les grands mensonges de ce temps (art contemporain, matérialisme mercantile - en cela, ils sont d'une certaine façon, sur la même longueur d'onde que vous) et en dépit de remarques du bout des lèvres sur l'héritage chrétien, je ne peux m'empêcher de voir dans ce débat une sorte de larmoiement passéiste un peu dépassé, défendant le concept étrange "d'écologie symbolique" où l'homme doit "cultiver son âme". Ils ont certes toute ma sympathie mais ce combat n'est-il pas vain ?
Comment en effet leur faire comprendre que la culture ne sauvera pas l'humanité et que des civilisations d'une barbarie absolue ont été aussi très cultivées ?
Le débat est tronqué. Par exemple : les références constantes des deux auteurs à Baudelaire, qui selon eux, serait épouvanté s'il revenait aujourd'hui, sont, bien sûr légitimes, mais ont-ils lu tout Baudelaire ? le même qui mettait religion et philosophie au-dessus du culte du beau et donc avait une certaine défiance à l'égard d'une certaine religion de la culture...
Je cite Baudelaire :

" Congédier la passion et la raison, c'est tuer la littérature. Renier les efforts de la société précédente, chrétienne et philosophique, c'est se suicider, c'est refuser la force et les moyens de perfectionnement. S'environner exclusivement des séductions de l'art physique, c'est créer de grandes chances de perdition. Pendant longtemps, bien longtemps, vous ne pourrez voir, aimer, sentir que le beau, rien que le beau. Je prends le mot dans un sens restreint. Le monde ne vous apparaîtra que sous sa forme matérielle. Les ressorts qui le font se mouvoir resteront longtemps cachés.
Puisse la religion et la philosophie venir un jour, comme forcés par le cri d'un désespéré ! Telle sera toujours la destinée des insensés qui ne voient dans la nature que des rythmes et des formes. (...) mais combien ils seront châtiés ! Tout enfant dont l'esprit poétique sera surexcité, dont le spectacle excitant de moeurs actives et laborieuses ne frappera pas incessamment les yeux, qui entendra sans cesse parler de gloire et de volupté, dont les sens seront journellement caressés, irrités, effrayés, allumés et satisfaits par des objets d'art, deviendra le plus malheureux des hommes et rendra les autres malheureux. A douze ans il retroussera les jupes de sa nourrice, et si la puissance dans le crime ou dans l'art ne l'élève pas au-dessus des fortunes vulgaires, à trente ans il crèvera à l'hôpital. Son âme, sans cesse irritée et inassouvie, s'en va à travers le monde, le monde occupé et laborieux; elle s'en va, dis-je, comme une prostituée, criant : Plastique ! plastique ! La plastique, cet affreux mot me donne la chair de poule, la plastique l'a empoisonné, et cependant il ne peut vivre que par ce poison. Il a banni la raison de son coeur, et, par un juste châtiment, la raison refuse de rentrer en lui. Tout ce qui peut lui arriver de plus heureux, c'est que la nature le frappe d'un effrayant rappel à l'ordre. En effet, telle est la loi de la vie, que, qui refuse les jouissances pures de l'activité honnête, ne peut sentir que les jouissances terribles du vice. Le péché contient son enfer, et la nature dit de temps en temps à la douleur et à la misère : Allez vaincre ces rebelles ! L'utile, le vrai, le bon, le vraiment aimable, toutes ces choses lui seront inconnues. Infatué de son rêve fatigant, il voudra en infatuer et en fatiguer les autres. Il ne pensera pas à sa mère, à sa nourrice ; il déchirera ses amis, ou ne les aimera que pour leur forme ; sa femme, s'il en a une, il la méprisera et l'avilira.
Le goût immodéré de la forme pousse à des désordres monstrueux et inconnus. Absorbées par la passion féroce du beau, du drôle, du joli, du pittoresque, car il y a des degrés, les notions du juste et du vrai disparaissent. La passion frénétique de l'art est un chancre qui dévore le reste ; et, comme l'absence nette du juste et du vrai dans l'art équivaut à l'absence d'art, l'homme entier s'évanouit ; la spécialisation excessive d'une faculté aboutit au néant. Je comprends la fureur des iconoclastes et des musulmans contre les images. J'admets tous les remords de saint Augustin sur le trop grand plaisir des yeux. Le danger est si grand que j'excuse la suppression de l'objet. La folie de l'art est égale à l'abus de l'esprit.
La création d'une de ces deux suprématies engendre la sottise, la dureté du coeur et une immensité d'orgueil et d'égoïsme. Je me rappelle avoir entendu dire à un artiste farceur qui avait reçu une pièce de monnaie fausse : Je la garde pour un pauvre. Le misérable prenait un infernal plaisir à voler le pauvre et à jouir en même temps des bénéfices d'une réputation de charité. J'ai entendu dire à un autre : Pourquoi donc les pauvres ne mettent-ils pas des gants pour mendier ? Ils feraient fortune. Et à un autre : ne donnez pas à celui-là ; il est mal drapé ; ses guenilles ne lui vont pas bien.
Qu'on ne prenne pas ces choses pour des puérilités. Ce que la bouche s'accoutume à dire, le coeur s'accoutume à le croire.
Je connais un bon nombre d'hommes de bonne foi qui sont, comme moi, las, attristés, navrés et brisés par cette comédie dangereuse.
Il faut que la littérature aille retremper ses forces dans une atmosphère meilleure. Le temps n'est pas loin où l'on comprendra que toute littérature qui se refuse à marcher fraternellement entre la science et la philosophie est une littérature homicide et suicide. "

Charles Baudelaire, 'L'École païenne', Pléiade p. 47-49 ('Semaine théâtrale', 22 janvier 1852)

Écrit par : Frédéric Ripoll | 23/05/2009

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