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22/04/2009

L’exhibition de cadavres ‘Our Body’ interdite hier par la justice : un coup d’arrêt (symbolique) au matérialisme mercantile

4219492634-l-exposition-our-body-a-corps-ouvert-interdite-en-france[1].jpgCette histoire de business est riche de leçons dans tous les domaines, et réserve de pénibles surprises aux promoteurs français de l'expo :


 

 

 

Toute la presse :

 

<<  L'exposition de cadavres humains Our body, à corps ouverts a été interdite mardi par un juge de Paris, qui a donné raison à deux organisations de défense des droits de l'homme. L'exposition, en cours depuis le 12 février à l'Espace Madeleine à Paris, devra fermer dans les 24 heures, sous astreinte de 20.000 euros par jour de retard. Ses organisateurs, Encore events productions, devront remettre les quelques 17 cadavres aux autorités publiques « sous astreinte de 50.000 euros par jour de retard », dit la décision.

L'exposition, déjà présentée dans de nombreuses villes dans le monde et aussi à Lyon et Marseille, devait se poursuivre jusqu'au 10 mai avant de déménager jusqu'en août au Parc floral de Vincennes. Les organisateurs ont fait appel, mais le premier jugement reste exécutoire.

Le producteur de shows Pascal Bernardin, gérant de Encore events, s'est déclaré "stupéfait" de cette décision. Selon lui, "il n'y aucune atteinte au respect des morts, il ne s'agit pas d'une exposition artistique, il s'agit d'une exposition anatomique, pédagogique".

Statuant en référé (urgence) à la demande de deux associations, le magistrat s'est appuyé sur une loi de décembre 2008 qui a étendu aux cadavres la protection accordée aux personnes vivantes.

Il estime qu'hormis les usages médicaux prévus par la loi avec autorisation, "l'espace assigné par la loi au cadavre est au cimetière", ou à la crémation.

"La loi prohibe les conventions ayant pour objet de marchandiser le corps", déclare le magistrat dans ses attendus. "La commercialisation est une atteinte manifeste au respect dû aux cadavres", ajoute-t-il.

Le tribunal de grande instance de Paris a statué après avoir été saisi par deux associations, Ensemble contre la peine de mort (ECPM) et Solidarité Chine, selon qui l'exposition violait les principes de respect du cadavre et d'inviolabilité du corps humain.

Les associations avaient dit craindre que les corps présentés et préservés selon un procédé nommé "plastination", imaginé en 1977 par le plasticien allemand Günther von Hagens, soient ceux de condamnés à mort en Chine.

L'exposition revendique jusqu'à ce jour 30 millions de visiteurs dans le monde.

La plastination consiste à plonger les corps dans des bains de formol puis d'acétone pour remplacer toutes ses graisses et liquides par de la silicone, ce qui produit un cadavre figé avec tous ses organes.

L'exposition les met en scène dans diverses postures. L'origine des corps est incertaine, les organisateurs parlant de Chinois ayant fait don de leurs corps à la science.

Pascal Bernardin assure avoir tous les documents justifiant une origine régulière. Les organisations plaignantes disent que Günther von Hagens a lui-même reconnu que certains corps présentaient une balle dans la tête. Le Comité national d'éthique avait émis des réserves sur le spectacle.

L'association soulevait l'hypothèse que les corps proviennent d'un trafic organisé par la police chinoise. Dans les documents de promotion, les organisateurs de l'exposition proposaient au public de découvrir "où est la rate, les poumons et l'hypophyse, comment les muscles fonctionnent quand on court et à quoi ressemblent les poumons d'un fumeur". >>

 

 

 

Commentaire

 

-  L’interdiction de cette exhibition a été demandée par deux organisations de défense des droits de l’homme. Donc les droits de l’homme peuvent être invoqués à l’appui de la condition humaine. Ils ne sont pas la propriété des négateurs de cette condition humaine, comme l’air du temps donnait à le croire ! D’autre part, les chrétiens ne sont pas seuls à défendre le respect de l’homme : des laïques sont prêts à agir pour lui. C’est une excellente nouvelle.

- Le tribunal  de Paris a donné raison aux plaignants. Argument : "La commercialisation est une atteinte manifeste au respect dû aux cadavres". Le juge a repoussé les allégations techno-sanitaires invoquées par les exploitants. Donc la jurisprudence n’évolue pas unilatéralement dans le sens de la facticité, présentée comme « conquête de l’autonomie de l’individu » : autre excellente nouvelle !

- Mais cette exhibition avait eu 30 millions de visiteurs dans l’hémisphère Nord, elle avait été montrée dans deux grandes villes françaises, sans que nul ne s’en émeuve… Jusqu’à hier, de gigantesques affiches pour Our Body s’étalaient dans les stations de métro parisiennes : symptôme du degré d’aveuglement d’une société sous l’emprise du matérialisme mercantile.

- Bien entendu, le gérant de la société exploitante Encore events productions [1] s'est déclaré "stupéfait" : selon lui, "il n'y aucune atteinte au respect des morts, il ne s'agit pas d'une exposition artistique, il s'agit d'une exposition anatomique, pédagogique". Mécanisme mental de l’utilitarisme : du moment que ce ne serait pas une exposition artistique mais « pédagogique », il n’y aurait pas d’irrespect envers les cadavres humains exposés ! Faut-il en conclure que pour M. Bernardin, l’art est forcément anti-humain ? Il faudrait aussi savoir ce que recouvre le mot « pédagogique ».

- Si M. Bernardin avait présenté Our Body comme une exposition d’art, les juges auraient-ils débouté les plaignants, en arguant de la liberté de « performance » de l’artiste « contemporain » ? Il y a des précédents dans les pays occidentaux.

GuntherVonHagens_Cologne2000[1].jpg- « Les associations avaient dit craindre que les corps présentés et préservés selon un procédé nommé "plastination", imaginé en 1977 par le plasticien allemand Günther von Hagens [photo], soient ceux de condamnés à mort en Chine. » On nage dans le rétro ! C’est à la fois Frankenstein et Fu-Manchu. En fait, von Hagens ne s’est pas toujours appelé von Hagens : il est né Liebchen [2], ce qui paraît plus rassurant, à ce détail près : le père du "plasticien" était officier SS. D'où peut-être le changement de nom... Pénible surprise pour les organisateurs français de l'exhibition, qui n'étaient sans doute pas au courant (bien que le Spiegel l'ait révélé dès 2005)...

- « Dans les documents de promotion, les organisateurs de l'exposition proposaient au public de découvrir "où est la rate, les poumons et l'hypophyse, comment les muscles fonctionnent quand on court et à quoi ressemblent les poumons d'un fumeur". » Toutes choses que l’on apprend au lycée en classe de sciences naturelles ! L’inutile est donc l’aboutissement de l’utilitarisme : on commence par dire que tout est permis du moment que c’est pour rendre service ; on finit par exhiber des morts pour attirer le badaud.

Merci aux juges parisiens.

 

  

 



[1] Remarquez ce nom en pidgin. Remarquez aussi que la société de production n’a pas cherché à traduire les mots Our body ; laisser le titre en basic global american signait l’origine mentale de l’exposition.

 

[2]  "Liebchen" : "Chérie", en français. Günther Liebchen est né en janvier 1945 dans la Pologne annexée par le IIIe Reich. La ville s’appelait alors Neu Skalmierschütz. Elle a ensuite repris son nom : Nowe  Skalmierzyce.

11:11 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (34) | Tags : our body

Commentaires

CA MERITERAIT PLUS

> Oui merci. Voir ces publicités le matin dans le métro me dégoutait, surtout après le petit déjeuner. Si la pub est déjà en soi une agression, mettre des images atroces sous les yeux de tous mériterait plus qu'une interdiction d'exposition, mais ça fait déjà bien plaisir.

Écrit par : Gilles Texier | 22/04/2009

LES FOIRES

> L'inutile pour faire courir les foules, oui. C'est la version moderne marketing de la baraque des monstres dans les foires d'autrefois !

Écrit par : Fulup | 22/04/2009

ET SON PERE ETAIT SS !

> Sur le site proposant une pétition (que j'avais signée) contre cette exposition monstrueuse, on peut lire ceci :
"Dans le passé, des détenus ont déjà servi de matériau anatomique : c’était le cas à Ravensbrück dans le service de Mengele, comme en France au Struthof, où le médecin venait choisir ses pièces sur pied pour les collections de l’université de Strasbourg. Hagens peut d’autant moins ignorer cela que son représentant commercial en Pologne est son propre père, Gerhard Liebchen, un ancien gradé SS (Der Spiegel, 28.02.2005)."
http://www.hermeneute.com/ourbody/
Il faut signaler que La Villette et le Musée de l'Homme avaient tout de même refusé de recevoir cette exposition.
Reste que des millions de gens ont adoré cette exposition, et un magazine comme Le Point avait lors de son inauguration publié une très bonne critique, sans états d'âme...
À lire aussi, les arguments de l'avocat qui a plaidé contre cette exposition : http://www.rue89.com/2009/04/04/our-body-lexposition-de-cadavres-portee-devant-la-justice
Pendant ce temps, la RATP, qui a si complaisamment, pour ne pas dire complicement, fait la publicité de cette chose, a exigé, par mesure hygiéniste, la censure de la pipe sur le portrait de Tati, pour sa rétrospective... Grande confusion des valeurs dans l'esprit de beaucoup de nos contemporains ?

Écrit par : Alina | 22/04/2009

FARCE

> S'occuper dignement de ses morts est le premier signe d'une civilisation. Que 30 millions de personnes soient allés visiter une telle expo. montre bien à quel stade ce "décivilisation" nous en sommes arrivés !
A l'époque du virtuel tous azimuts, dire que cette expo a un but pédagogique est une farce... on veut nous faire croire qu'en s'opposant à elle on en revient aux débuts de la médecine avec l'interdiction de disséquer des cadavres !
Bientôt il ne suffira plus de donner son corps à la science pour ne pas paraître ringard mais il faudra aussi le donner à l'art !!!

Écrit par : carmel | 22/04/2009

DES BERNARDINS EN GRAND NOMBRE

> Ce Pascal Bernardin n'a aucun rapport avec son homonyme apparent l'écolophobe compulsif Pascal Bernardin (nom de plume), même si l'expo Our Body est aussi contraire à l'écologie.

Écrit par : Amicie T. | 22/04/2009

RECORD

> Lu sur le site du JDD, cette réaction de lecteur. Un record de connerie libérale-consommatrice ! quand le "moi-moi-moi" mène à l'inhumanité pure et simple. Celui-là doit travailler plus pour gagner plus, aucun doute. Lisez ça :
" Par joeyerky - J'ai vraiment honte de cette France puritaine et liberticide. Je trouve toujours incroyable que certaines personnes se permettent de décider pour tout le monde. Que les personnes génées restent chez elles et laissent tranquiles celles qui ont envie d'y aller. A force de réduire toutes nos libertés, les moralisateurs vont finir par décider de tout ce que chacun doit faire... "

Écrit par : chtonk | 22/04/2009

QUI

> Qui est le juge qui a condamné ?
Est-ce le même que celui là :
http://www.trafic-justice.com/SITENE17/VEREUX/departem/75/juge/raingear/raingear.htm
???

Écrit par : Paul | 22/04/2009

PROPRIETE

> Si j'ai tout compris, ce qui fait problème est le fait que les cadavres sont la propriété privée d'une personne et qu'on n'est pas sûr de leur origine. Si la même exposition s'était montée avec des cadavres dont on connaît l'origine à 100% et qu'ils étaient la propriété d'une association à but non lucratif ou d'une personne morale, l'exposition n'aurait pas posé de problèmes?
Peut-être ai-je mal compris...

Écrit par : Mahaut | 22/04/2009

INCOHERENCES DU POLITIQUEMENT CORRECT

> Enfin une preuve que la conscience n'est pas morte en France. De plus, l'ascendance de l'auteur, même si c'était son père qui était SS et pas lui (quoique l'on puisse se demander quelles valeurs a-t-il reçu durant son éducation par ce père?), montre l'étrange rapport entre le matérialisme-mercantile et le nazisme (cf euthanasie, eugénisme, manipulations génétiques, culte du corps pur, etc.). Merci à Alina de rappeler les expositions de corps pratiquées par les nazis durant la guerre. Quant à l'argument pédagogique...., quelle hypocrisie. J'ai des collègues très politiquement correct (du genre "entre les murs") qui ont applaudi à cette exposition et trouvent choquant, non pas que l'on y montre des cadavres instrumentalisés et sans doute ceux de condamnés à mort chinois, mais que l'on critique cette exposition, au nom de la liberté de l'art (car elle fut présentée comme cela au début!). Et cela se dit professeur....

Écrit par : vf | 22/04/2009

LIBERTE DE QUOI ?

> La liberté comme norme absolue. - quel pont-aux-ânes! vous pouvez écraser, humilier votre prochain à votre aise, tant que la liberté est préservée. Mais quelle liberté? oui, qu'est-ce que c'est la liberté? Marx dénonçait dans la liberté des libéraux une aliénation. Sans adhérer à sa philosophie, on ne peut que lui donner raison sur ce point. Liberté de quoi? pour quoi faire? voilà la question. L'article du Cardinal Ratzinger, mis en ligne par La Croix, explique bien que la liberté véritable n'est pas séparable de la vérité. Il ne faisait que reprendre une ancienne tradition de l'Eglise. Saint Augustin disait déjà : "aime et fais ce que tu veux". C'est-à-dire que notre façon de bien désirer découle de notre charité, elle-même inséparable de notre connaissance de Dieu et de ce qui est juste pour Lui.

Ce qui a de quoi faire frémir, c'est qu'il y ait eu des gens qui sont allés en connaissance de cause à une telle exposition. Bernardin et ses comparses auront pu engranger de l'argent sur le dos des morts. Les nazis déjà étaient soucieux de rentabilité, lorsqu'ils récupéraient les dents d'or, emballaient les habits de leurs victimes et vendaient aux enchères leurs biens meubles.

Heureusement, P.P. fait bien de le remarquer, la condamnation de cette exposition "pédagogique" nous montre que tous ne sont pas prêts à accepter jusqu'au bout la logique utilitariste. La lecture d'auteurs comme Jean-Claude Michéa fait aussi prendre conscience que les chrétiens ne sont pas seuls dans notre société contemporaine. Il est encore possible d'agir.

Écrit par : Blaise | 22/04/2009

RIEN EN BELGIQUE

> Soutenez vos magistrats! Vous, Français, avez encore bien de la chance de voir réagir comme il se doit des gens soucieux de défendre la dignité humaine. Malheureusement, en Belgique, cette exposition a eu un vif succès sans que des protestations se fassent entendre. Des collègues, dans une école dite catholique, trouvaient tout à fait normal d'y emmener leurs élèves. La descente de notre pays aux enfers semble inexorable comme l'a manifesté la pitoyable prise de position de nos parlementaires à l'égard du pape. Il est extrêmement pénible, pour les catholiques, de vivre dans un tel délabrement spirituel, moral, mais aussi politique et social.

Écrit par : hildebrand | 22/04/2009

XIAO YU

> Merci d'avoir relevé cette macabre mise en scène. Il y avait eu en Suisse à Berne voici quelques années une exposition de l'artiste chinois Xiao Yu, où figurait une chimère avec un corps de mouette et une tête de foetus. En raison du scandale, elle avait été retirée de l'exposition: http://www.productionmyarts.com/arts-en-profondeur/art-et-scandale/1999-xiao-yu-ruan-fr.htm

Écrit par : Dom | 22/04/2009

PIQUANT

> Je connais bien l'avocat des associations, nous sommes du même barreau. Ce qui est piquant, c'est qu'il s'agit d'un confrère très libéral, très "en pointe" sur les questions de moeurs. Je me souviens d'une conversation avec lui sur la question de l'inceste, au cours de laquelle il m'affirmait que certaines sociétés africaines la pratiquaient, et qu'il s'agissait plus d'une norme artificielle que d'une règle tirée de la nature humaine.
Ceci ne retire rien au bien fondé de son action dans cette affaire lamentable.
Petite précision, il ne s'agit pas du tribunal correctionnel, mais du juge des référés (juridiction civile).

Écrit par : Edouard | 22/04/2009

> Sur le site Liberté Politique, lire l'article "Our Body, l'art des manipulations sémantiques et financières" :
http://www.libertepolitique.com/culture-et-societe/5255-our-body-lart-des-manipulations-semantiques-et-financieres

Écrit par : PMalo | 22/04/2009

ABSOLUE

> Généralement quand je suis d'accord, je ne dis rien. Là je l'indique, votre papier est très bien.
Sur la liberté "absolue", cela pourrait inciter à lire un texte d'un cardinal allemand paru dans la revue Communio (et dont l'Express et Rue 89 se sont fait l'écho, sans le fournir). "Seule la vérité (entendre, y compris la vérité morale) nous rend libre !"

Écrit par : Julius | 22/04/2009

QUESTION A LA RATP ET A LA SNCF

> Question froide à la SNCF et à la RATP : quand prendrez-vous la peine d'ôter de vos (nos) stations les affiches pour "Our body", désormais ILLEGALES ? Trois jours après le prononcé du jugement (immédiatement exécutoire), ces affiches sont TOUJOURS EN PLACE, insultant la vue des usagers ! Exécutez-vous. Si vos régies publicitaires font de la réticence, cassez-la. Toute mauvaise volonté de la part de deux sociétés d'Etat, ouvrirait des poursuites devant les tribunaux administratifs ! Comptez sur nous pour les susciter.

Écrit par : Fulup | 22/04/2009

CAUCHEMAR

> Le père de "von Hagens" était SS, "von Hagens" est né en Pologne nazifiée, ce qui laisse penser que son papa y exerçait ses talents. Or on apprend aussi que papa est aujourd'hui le représentant commercial de fiston... en Pologne ! Il commercialise donc aujourd'hui en Pologne, où il participa naguère à ce que l'on sait, les oeuvres cadavéreuses de son rejeton ! Réveillez-moi, c'est un cauchemar !

Écrit par : Plöt | 22/04/2009

POINT D'IMAGE

> Si une telle exposition n'est ni légale ni moralement admissible (je partage cette opinion), pourquoi en publier une image, même petite ? N'est-ce pas également une forme de banalisation, n'est-ce pas au fond la même chose ? J'aurais apprécié une autre façon d'identifier le sujet...
Cemaco

[De PP à C. - Ce blog de journaliste n'est pas l'organe d'une ligue de vertu. C'est un instrument d'information. L'image en question est le coeur même du problème abordé.
Elle EST le sujet. Voiler les sujets n'est pas du journalisme. Vous êtes libre de blâmer l'existence du journalisme ; mais c'est comme ça que les catholiques français ont réussi à se mettre hors jeu, avec le remarquable résultat qu'on a pu mesurer depuis deux mois. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Cemaco | 22/04/2009

@ Cemaco

> Comment pouvez-vous dire que la note en question "banalise" l'exposition Our Body ? Est-ce que vous l'avez lue ? Non, apparemment. Ou alors vous êtes de ceux qui confondront éternellement le pompier et l'incendiaire. Ce qui est typique de la droite bien pensante !!

Écrit par : Amicie T. | 22/04/2009

PLUTÖT LA SMALAH D'ABDELKADER

> à M. Cemaco - Non mais je rêve ? Une vignette timbre-poste est "la même chose" qu'une campagne d'affiches géantes dans le métro pendant plusieurs mois ? Mais sans montrer, comment traiterait-on le sujet ? Sans doute eussiez-vous préféré qu'on ne le traîtât point, jarnicoton. Je le pressens.
ps/ C'est vrai, PP, vous auriez pu à la place passer une reproduction de 'la Prise de la smalah d'Abdelkader par le duc d'Aumale'. C'eût été plus convenable.

Écrit par : Martial | 22/04/2009

LE SPECTRE D'UNE GUERRE CIVILE ?

> Considérant certainement que les Français étaient un peuple sensible et délicat, les organisateurs nous avaient quand même privé de la partie la plus pédagogique de l'expo, présentée ailleurs dans le monde : les enfants non nés. Oui, des cadavres correspondant aux différentes étapes de développement du foetus...Je trouve cette autocensure scandaleuse (lol) !
Je suis sidéré par le fait que, dans leur immense majorité , nos concitoyens n'aient pas été choqués par cette abomination. Un peuple qui accepte cela est capable du tout, et surtout du pire...
Pour sortir un peu du sujet : j'ai longtemps pensé qu'une guerre civile n'était pas possible en France, du moins dans l'immédiat (Pompidou avait dit, en substance, me semble-t-il, que le jour où il y aurait 100 000 chômeurs en France, ce serait la guerre civile. Alors...) Mais une telle perte de repères, associée à une haine rentrée - une rage impuissante- que l'on trouve chez beaucoup (c'est peut-être parce que je travaille à Paris, mais je ressens confusément une immense agressivité chez les gens que je côtoie, ou même que je ne fais que croiser).
Et quand les ingrédients d'une guerre civile sont réunis, le passage du calme plat au bain de sang peut être très très rapide.

Écrit par : Feld | 22/04/2009

A Cemaco :

> Sans vouloir vous offenser, votre réaction me fait songer au changement d'assise sémantique du "malheur à celui par qui le scandale arrive" évangélique. Si je ne m'abuse, dans la langage courant, cela ne signifie plus malheur à celui qui pousse son prochain à pécher, mais : malheur à celui qui a refusé de fermer sa g...devant l'injustice.

Écrit par : Feld | 22/04/2009

SOMBRES ORIGINES DU PROCEDE

> Dès l'annonce de cette expo, je me suis dit que je n'irais certainement pas : ça me paraissait trouble, on ne précisait pas l'origine des corps et c'était grave, on les traitait sans respect, ça ressemblait trop à du voyeurisme. Je pense que beaucoup de gens de bon sens ont décidé de s'abstenir comme moi.
Cette exposition rappelle sans aucun doute les procédés nazis. Je voudrais signaler que ces procédés nazis sont issus des procédés soviétiques. Quand on fait le lien entre les deux, cela fâche certaines personnes de gauche, et pourtant des auteurs comme Stéphane Courtois soulignent ce lien avec conviction.
D'ailleurs l'exposition du corps de Lénine ne relève-t-elle pas de la même erreur d'exposer un corps à des fins idéologiques, au lieu de lui donner l'oubli dans un coin de cimetière ?...

Écrit par : Martine | 23/04/2009

A feld:

> pour avoir une guerre civile, il faut des camps dans la société. Pour avoir des camps,il faut une idéologie, même simple, ou une identité jugée menacée, pour fédérer les mécontents. Il faut une structure qui les organise et un ou des chefs. Tout cela manque actuellement. Les idéologies sont mortes, l'indentité est laminée par la mondialisation, la société est atomisée, individualisée au maximum et il n'y a plus, ni les repères, ni les liens sociaux qui permettraient une agglomération du mécontentement menant à une guerre civile. Pour finir, je pense que la France est un pays de vieux "cons" arc-bouté sur des rêves et des idées d'il y a 50 ans. Et ce ne sont pas les vieux qui font la révolution, mais les jeunes. Or les jeunes sont où? Dans les banlieues ! Et là, il y les chefs, les structures, les liens, les idées ou les repères. Je ne pense pas que nous sommes dans une situation pré-insurrectionnelle mais plutôt, pour prendre une comparaison historique qui vaut ce qu'elle vaut, dans une période comparable à celle de l'empire romain finissant. Les barbares sont déjà chez-nous et il faut les évangéliser, voilà le défi à relever. Je ne suis pas pessimiste mais j'essaye d'être lucide et d'observer. Mon espoir est dans le Christ et mon devoir est de témoigner. Je me refuse à me battre pour le cadavre en putréfaction qu'est devenu mon pays, mais je veux bien souffrir pour le corps glorieux de mon Seigneur.

Écrit par : vf | 23/04/2009

A Martine :

> Je ne sais plus qui avait dit que notre société avait totalement intégré les valeurs du nazisme et du communisme...
Ce qui m'effraie le plus, ce n'est pas tant l'existence d'une telle expo que le fait que, pour une grande partie de la population, son bien-fondé ne fasse pas débat.

Écrit par : Feld | 23/04/2009

MOINS AGRESSIFS, SVP

> Je suis gênée de l'agressivité de plusieurs commentaires à la question posée par Cemaco. PP lui a répondu clairement et simplement : "Voiler les sujets n'est pas du journalisme." Quelle utilité d'en rajouter sévèrement ? L'avantage de poser des questions qui peuvent paraître débiles à certains est de voir les réponses intelligentes de PP pour ces mêmes questions, que d'autres gens de bonne foi peuvent par ailleurs se poser.

Écrit par : F Lecoufle | 23/04/2009

De PP à Catoneo - Vous ne manquez pas d'air, d'envoyer des messages aimables à notre blog ! Circulez.

Écrit par : De PP à Catoneo | 23/04/2009

@ feld :

> "Je ne sais plus qui avait dit que notre société avait totalement intégré les valeurs du nazisme et du communisme..." dites-vous. Mais quelques personnes, dont par exemple Maurice Druon dans son essai "La France aux ordres d'un cadavre".
Personnellement je n'ose plus le dire, car lorsque je le dis on m'accuse de croire en la théorie du complot, quand on ne m'insulte pas.

@ vf :

Oui notre situation est comparable à bien des égards à celle de l'empire romain décadent : caisses de l'Etat vide, nombre de fonctionnaires en hausse vertigineuse, homosexualité galopante, et j'ajoute selon votre suggestion, arrivée des barbares à nos portes...

Écrit par : Martine | 23/04/2009

PAS A DROITE ?

> Rien dans la question de Cemaco ne permettait de le classer à droite. Et d'ailleurs, si c'était le cas, en quoi serait-ce un crime? il serait plus sain de dépasser ce conflit stérile de partis, qui nous fait oublier l'Evangile. Ni la gauche ni la droite ne saurait être le rassemblement des Saints, ou nous enseigner la Vraie doctrine.
De plus le débat autour de l'éthique de l'image est un vrai débat, qui existe au sein même de la corporation des journalistes. une telle question n'avait donc rien de répréhensible en soi, quelle que soit la réponse qu'on lui donne. Ce qu'a fait P.P., sans entrer dans les attaques personnelles. Et sans intimidations.

Écrit par : Blaise | 23/04/2009

DESHUMANISATION REFLECHIE

> On remarquera que cette entreprise de déshumanisation du corps humain, cette façon de le ramener à une machine est très réfléchie. Mettre les foetus aurait peut-être permis à certains visiteurs de comprendre qu'un foetus est réellement un être humain. Prise de conscience qu'il fallait absolument éviter.
Par la suite, supprimer des humains en mauvaise santé ou les utiliser comme banque de pièces de rechange, utiliser des femmes comme couveuses d'embryons ne posera pas plus de problème éthique dans l'esprit de gens que l'IVG. Les machines, on les jette ou on les recycle quand elles sont hors d'usage.

Écrit par : Barbara | 23/04/2009

PAS PERSUADEE

> Ouille! Quelle volée de bois vert ! Lisant les commentaires concernant cette exposition sur différents sites d'information, j'en ai vu plus d'images que je ne l'aurais souhaité; cela m'a laissé un sentiment de malaise, d'où ma réaction. Je souhaitais faire partager mon inquiétude concernant la banalisation d'images violentes ou transgressives sur les écrans, sur les murs et dans les magazines. Je ne suis pas persuadée qu'il faille les montrer pour en parler, d'ailleurs j'écoute beaucoup la radio...

Écrit par : Cemaco | 23/04/2009

IMAGE

> J'aime bien me faire l'avocat de ceux qui ont été malmenés, surtout quand je m'interroge comme eux, alors je dirai avec Cemaco : non, je ne suis pas du tout persuadée qu'il faille obligatoirement montrer tout ce dont on parle.
Je croyais d'ailleurs qu'il y avait une éthique de l'image, et qu'on ne pouvait pas montrer n'importe quelle photo, par exemple n'importe quelle photo de cadavre, d'action violente ou sexuelle en direct...
Ceci dit la photo présentée par PP ne me choque pas vraiment : j'ai vu pire et je dois être vaccinée...
Martine


[ De PP à M. - Des centaines de milliers de Marseillais, de Lyonnais et de Parisiens ont vu cette image, placardée de force dans les lieux publics. Faire toute une histoire parce que notre blog a reproduit une vignette de 2 cm2 pour donner une idée de la mise en scène de l'exposition, est une attitude qui m'abasourdit. Y aurait-il encore des gens pour croire en l'utilité de la tour d'ivoire et de la non-information ? Couvrez ce que je ne saurais voir, même si tout le reste de la population l'a vu ? Je-n'ai-qu'une-âme-et-il-faut-la-sauver ? etc ? ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Martine | 24/04/2009

@ PP :

> Mais votre vignette de 2 cm2 ne m'a PAS choquée !...
Je pense juste que Cemaco a le droit d'être plus sensible et de le dire, et beaucoup plus généralement je me posais la question de la nécessité ou non de l'image...

Écrit par : Martine | 24/04/2009

LES AFFICHES SONT TOUJOURS LÀ

> En attendant, les affiches n'ont toujours pas été retirées, dans la rue et le métro. 2 cm2 ce n'est effectivement pas très gênant, mais les publicitaires n'ont pas le même sens des proportions... Comptent-ils vraiment retirer leurs cochonneries, ou font-ils sciemment traîner les choses? je suis peut-être excessivement méfiant, mais avec des vicieux de cet acabit, autant s'attendre au pire.

Écrit par : Blaise | 24/04/2009

Les commentaires sont fermés.