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04/03/2009

Pourquoi cette rupture entre le monde universitaire et le gouvernement (et par delà, le monde libéral) ?

Un lecteur nous envoie cette note :


 

 

<<  Le site La vie des idées publie le texte d'une intervention de Vincent Descombes (directeur d'études à l'EHESS) sur le thème : L'identité collective d'un corps enseignant. C'est un texte superbe qui, sans esprit partisan, permet de comprendre pourquoi le monde universitaire, habituellement passif et divisé, s'est mobilisé comme il l'a fait. Partant de la conjoncture actuelle, Descombes livre une réflexion de haute volée sur la nature de l'Université et la nature singulière de son « identité collective », qu'il définit en fonction de cette création originale : « l'idée européenne d'Université ». L'histoire et la meilleure tradition sociologique sont mobilisées pour rendre compte de l'incompréhension durable qui s'est établie entre le gouvernement et le monde universitaire, entre une vision inspirée de « l'esprit de l'entreprise » et le « monde des statuts » propre à l'Université.

 

C'est à lire, ici :

 

http://www.laviedesidees.fr/L-identite-collective-d-un-co...

 

Extrait :

« L’idée que la concurrence entre individus est toujours bénéfique, mieux, qu’elle est toujours morale (car les perdants sont en réalité des gens de peu de mérite, puisqu’ils ont par définition fait moins d’efforts que les gagnants) ne peut venir qu’à des gens situés dans le monde A. En revanche, l’idée que le meilleur principe d’une vie sociale est celui d’une collégialité entre pairs pour ce qui est de la définition des grades et de leur attribution, ne peut venir qu’à des gens situés dans le monde C. Un tel monde, à forte identité collective et à forte différenciation interne, peut certainement faire place à l’émulation, il peut aussi comprendre des conflits de préséance ou de primauté (quand les « degrés » sont mal définis), mais il ne peut pas concevoir qu’une sélection par exclusion puisse être juste. Quiconque ne trouve pas une place à tel niveau de l’organisation d’ensemble devrait en trouver une à un autre niveau : mais il ne devrait jamais être possible, en principe, d’être purement et simplement rejeté hors du système. » >>

 

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00:13 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : université

Commentaires

LOSERS

> Très exact ! Et l'idéologie utilitariste appelle les perdants "les losers", infecte expression instaurée dans les années 1990, encore plus infecte dans sa stupîde déformation franchouillarde : "loosers", qui voudrait dire "les détachés", "les mal adaptés", "les branlants". Pourquoi cette déformation ? Parce que les franchouiillards raffolaient du "oo" yankee vers 1990: cf les wanadoo et autres kelkoo (bonjour les blaireaux, tels Jean-Marie 'nous-sommes-tous-des-américains' Colombani).

Écrit par : churubusco | 04/03/2009

DES PERDUS AUX PERDANTS

> Et l'idée que pour les perdants point de salut, est une dérivation sécularisée de cette terrible idée calvinienne de la prédestination selon laquelle la Providence a décidé de toute éternité que vous êtes un élu ou un damné: un "perdu". Transformer l'idée de "perdus" en idée de "perdants", mais toujours vue comme une fatalité, a été l'oeuvre de la sécularisation capitaliste du calvinisme. Ensuite elle a fusionné avec l'idéologie darwinienne du "struggle for life" et de la dominance des "meilleurs", les "winners", contraire des "losers".

Écrit par : eisenbart | 04/03/2009

LES ANTI-HEROS

> J'ai du mal à percevoir une rupture dans la conception gouvernementale de l'Education. Celle-ci, depuis un siècle, n'a-t-elle pas toujours fonctionné en exacerbant la compétition, en excitant les antagonismes au sein des classes, en échelonnant les mérites de chacun, en excluant les mauvais éléments ? J'ai beaucoup de mal à voir la mobilisation des enseignants autrement que comme un réflexe de conservation au moment ou leurs intérêts professionnels sont menacés.
Le fait que, depuis quelques années, les anti-héros soient plébiscités par la population, que les losers soient adulés à travers des figures de la contre-culture, comme Néo dans Matrix ou les protagonistes des comédies de John Appatow, montre le refus d'une société où la valeur de l'homme est indexée sur le profit qu'il engendre.

Écrit par : Quentin | 04/03/2009

> C'est l'histoire de Sparte contre Athènes.
Où est le progrès intellectuel en 2500 ans ?

Écrit par : Annie | 04/03/2009

@ Quentin

> Le problème soulevé par le billet ne concerne pas l'éducation en général, mais l'université où, il me semble, il n'est pas exact de parler de compétition exacerbée, même s'il y évidemment un processus de sélection — d'ailleurs un peu grippé chez nous. Mais l'article de Vincent Descombes tend justement à montrer qu'il y a dans le projet de réforme porté par le gouvernement une rupture réelle dans la conception de ce qu'est une université.
La plupart des universitaires sont acquis à l'idée d'une réforme, dont ils sont bien placés pour éprouver la nécessité. Pourtant, même les mieux disposés à l'égard du gouvernement ont perçu dans les dispositions du projet davantage qu'une réforme, une véritable remise en cause des valeurs propres de l'enseignement et de la recherche universitaires, sur fond d'incompréhension totale de ce qui justifie cette institution, assortie de provocations parfaitement inutiles et purement démagogiques.

Écrit par : Philarete | 06/03/2009

@ Philarete,

> Le problème soulevé par le billet ne concerne peut-être pas l'Education Nationale en général, mais le gouvernement actuel a un gros problème avec l'Education Nationale dans son ensemble et je copie-colle sur les "réformes" de l'école primaire ce que vous dites dans la deuxième partie de votre commentaire : "Pourtant, même les mieux disposés à l'égard du gouvernement ont perçu dans les dispositions du projet davantage qu'une réforme, une véritable remise en cause des valeurs propres de l'enseignement (...), sur fond d'incompréhension totale de ce qui justifie cette institution, assortie de provocations parfaitement inutiles et purement démagogiques."

Écrit par : sombre héros | 06/03/2009

" JE FULMINE "

> Désolé, mais je fulmine quand je découvre ce type de déclaration : "J'ai beaucoup de mal à voir la mobilisation des enseignants autrement que comme un réflexe de conservation au moment ou leurs intérêts professionnels sont menacés". Je sacrifie régulièrement des journées de salaire non pas pour mes "intérêts professionnels", mais pour les élèves que j'ai devant moi, que l'on sacrifie sur l'autel des intérêts économiques à court terme. Quand on les entasse à 30 par classes, ce ne sont pas mes "intérêts professionnels" qui sont en jeu, mais leur avenir. Quand on met des vacataires devant les élèves par manque de profs pour faire croire aux parents que tout va bien, ce sont encore ces enfants qui sont sacrifiés. Quentin, je vous invite donc à élargir votre regard, et à vous méfier des mensonges gouvernementaux.

Écrit par : Ren' | 06/03/2009

ENSEIGNANTS

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Écrit par : Tom | 23/03/2009

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