Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/02/2009

Mgr Fellay dit « non » à la condition romaine : reconnaître Vatican II

Il l’a dit noir sur blanc le 25 février…


…au journal suisse Le Courrier :

 

<<  Le Vatican exige la reconnaissance du concile pour réintégrer les lefebvristes. C'est «mettre la charrue avant les boeufs», dénonce Mgr Fellay. La levée de l'excommunication de quatre évêques de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) ne signifie pas une «intégration» dans l'Eglise, mais est une porte ouverte pour le «dialogue», avait précisé la Secrétairie d'Etat, le 4 février, en réaction à la polémique créée par les propos négationnistes de l'un des prélats réhabilités, Mgr Richard Williamson (qui vient de rentrer en Grande-Bretagne). Or Rome pose comme condition de cette intégration la «pleine reconnaissance du concile Vatican II», ainsi que «du magistère des papes Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul Ier, Jean-Paul II et de Benoît XVI lui-même». Pas de problème pour le second point, mais la fraternité schismatique campe sur ses positions en ce qui concerne sa dénonciation virulente du concile, au nom de son combat pour la «restauration de la tradition». Entretien avec le supérieur de FSSPX Mgr Bernard Fellay – successeur de feu l'évêque Lefebvre :

- Le Courrier - La condition posée par Rome à une réintégration de la Fraternité dans l'Eglise est la reconnaissance du concile Vatican II. La Fraternité est- elle prête à franchir ce pas?

- Mgr Fellay - Non. Le Vatican a reconnu la nécessité d'entretiens préalables afin de traiter des questions de fond provenant justement du concile Vatican II. Faire de la reconnaissance du concile une condition préalable, c'est mettre la charrue avant les boeufs.

- Vous avez déclaré vouloir, dans les entretiens avec les autorités romaines en vue d'une réintégration, parvenir à une restauration solide de l'Eglise. Votre espoir est-il donc que l'Eglise revienne sur les acquis de Vatican II ?

- Oui, car ces acquis sont de pures pertes: les fruits du concile ont été de vider les séminaires, les noviciats et les églises. Des milliers de prêtres ont abandonné leur sacerdoce et des millions de fidèles ont cessé de pratiquer ou se sont tournés vers les sectes. La croyance des fidèles a été dénaturée. Vraiment, ce sont de drôles d'acquis ! >>  Etc.

 

 

Les choses sont claires aujourd’hui, comme elles l’étaient auparavant : les lefebvristes continuent à rejeter en bloc Vatican II, auquel ils attribuent – en tant que concile ! – les dégâts subis par l’Eglise catholique au cours des trente années suivantes.  La  FSSPX fait fi du travail d’analyse théologique, sociologique, historique, mené depuis trente ans, et qui établit ce qui s’est réellement passé dans le monde : entre autres, comment la société matérialiste mercantile (avec ses formidables moyens d’imprégnation psychologique de masse) a entrepris de pulvériser tout ce qui lui résiste, catholicisme en tête.  Là est pourtant la cause n° 1 de la désertification des églises et des séminaires [1]... Les lefebvristes n’ont jamais voulu admettre l’existence de cette cause-là, parce qu’ils ne veulent pas admettre que le système néocapitaliste et néolibéral joue un rôle-clé dans la destruction du spirituel. Enfermés dans un système de références datant (au plus récent) de l'époque de la guerre froide, réfractaires à toutes les données actuelles, ils portent à l’extrême les tics mentaux de l'ultradroite dont ils sont une annexe.  Voilà le fond du problème.

Le Vatican n’a pas l’habitude d’appuyer ses décisions sur ce qu’il lit dans les journaux ; il attendra que Mgr Fellay ait la franchise de lui dire face à face ce qu’il a déclaré au Courrier et que l’on retrouve depuis quelques jours dans d’autres journaux, sur le web  – et même (ce matin et a contrario) dans la bouche du président du CRIF, qui attend avec intérêt la suite des événements…

 



[1]   La raison n° 2 étant, à l’intérieur de l’Eglise catholique elle-même, les deux déferlantes d’idéologie postchrétienne : d’abord « progressiste » (1970-1990), puis relativiste (de 1990 à nos jours). Ces deux déferlantes ne venaient pas du concile, même si elles invoquaient indument son autorité.

 

 

13:04 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (18)

Commentaires

ABÎME

> Un autre exemple de l'abîme qui nous sépare: lire l'incroyable sermon prononcé à St Nicolas le dimanche suivant le décret de levé des excommunications...

http://www.laportelatine.org/communication/sermonsecrits/Cacq090125StNicolas/Cacq090125.php

Écrit par : Marco | 02/03/2009

CEUX QUI PRETENDENT "CONVERTIR ROME"

> On revient enfin au plus important, après l'efficacité du chiffon rouge des délires de Mgr Williamson: la place réelle qu'entend prendre la FSSPX dans l'Eglise. Il semble qu'elle soit assez simple: "convertir Rome et la faire revenir sur les erreurs propagées depuis le concile Vatican II".

Écrit par : Arnaud de Latrollière | 02/03/2009

RELATIVISER

> Cette interview a été publiée par "le monde" daté du 1er mars. En ce qui me concerne, j'ai d'abord douté de la véracité des propos prêtés à Mgr Fellay. Mais étant donné que vous relayez l'information, je la considère désormais comme fiable.
Néanmoins je crois qu'on peut relativiser l'importance des propos de Mgr Fellay, et pour deux raisons:
1/ Ce n'est pas une position officielle de la FSSPX. Cela compte dans le contexte actuel de dialogue tendu entre Ecône et Rome.
2/ Les propos de Mgr Fellay sont (comme d'habitude) ambigüs. Il faut éviter de sortir le "non" de Mgr Fellay de l'ensemble de sa réponse. Il semble plutôt dire qu'il ne veut pas répondre à une question posée aussi directement. Je pense qu'il veut à tout prix éviter d'approuver Vatican II officiellement, pour ne pas faire fuir ses troupes. Il sait qu'il ne peut pas non plus rejeter Vatican II avec une phrase du type : " le concile Vatican II n'a rien donné de bon, et nous proposerons à Benoit XVI de le rejeter en bloc officiellement". Sa réponse surfe sur ces deux extrêmes.
Je ne défends pas Mgr Fellay. Mais il ne faut pas non plus tuer dans l'oeuf les efforts de rapprochements initiés par le Saint-Père. Continuons de prier en ce sens!

Écrit par : Lionel Nicolas | 02/03/2009

LE PROBLEME

> Mgr Fellay limite son analyse à l'Europe et oublie qu'il y a du monde autour = 50 millions de catholiques en Afrique au début du pontificat de Jean-Paul II, 120 millions de catholiques à la fin de son mandat et les prêtres qui vont avec (source : Benoit XVI de Georges Weigel). Mais ces catholiques là ne doivent pas convenir à Mgr Fellay. En tout cas, Jean-Paul II, c'est après le concile et on sait très bien que le problème en Europe a démarré avant le concile.
Quant à votre phrase "Enfermés dans un système de références datant (au plus récent) de l'époque de la guerre froide", tout le monde peut bien comprendre que parmi les plus anciennes, elles datent de la Révolution Française. Toujours Weigel dans "Jean-Paul II, témoin de l'espérance", qui consacre deux pages sur un livre de 1000 pages au problème d'Econe dit quelque part dans ces deux pages : "Mgr Lefebvre, dernière victime de la révolution française".

Écrit par : olivier le Pivain | 02/03/2009

DOUBLE LANGAGE

> La levée des excommunications, nous l'avons toujours dit, ne signifie en rien la réintégration (et encore moins la "réhabilitation") des évêques de la FSSPX, ni des prêtres et des laïcs qui les suivent.
Comme il a toujours été dit également, elle ouvre seulement la voie à un dialogue en vue d'une éventuelle réintégration.
Mgr Fellay est un spécialiste des propos ambigus, pour ne pas dire du double langage, et comme le souligne à juste titre Lionel Nicolas, il est un peu contraint par ses propres troupes à tenir des propos ambigus pour ne pas rester seul à dialoguer avec Rome, le concile Vatican II demeurant l'ennemi à abattre pour la majorité des lefebvristes, comme en témoigne notamment l'homélie de St Nicolas du Chardonnet que rapporte Marco.
Dans ces conditions, on peut légitimement craindre que le dialogue en question demeure assez vain et peu constructif.
On voit mal comment avancer avec des gens qui veulent, comme le dit fort bien Arnaud de Latrollière "convertir Rome et la faire revenir sur les erreurs propagées depuis le concile Vatican II" !
Comme le dit fort justement Patrice de Plunkett : "Les choses sont claires aujourd’hui, comme elles l’étaient auparavant : les lefebvristes continuent à rejeter en bloc Vatican II, auquel ils attribuent – en tant que concile ! – les dégâts subis par l’Eglise catholique au cours des trente années suivantes."
Il appartient maintenant aux quelques lefebvristes de bonne volonté, s'il en reste, de saisir la main tendue en se dessaisissant de tous leurs vieux démons ; cela demande de l'humilité, beaucoup d'humilité...

Écrit par : Michel de Guibert | 02/03/2009

DES LIVRES QU'ON NE VEUT PAS CONNAÏTRE

> Comment voulez-vous qu'on parvienne à une réconciliation si on décide justement de sauter à pieds joints par dessus les sujets qui fâchent?
Veut-on une réconciliation dans la vérité ou une capitulation?
Il faut admettre que les actes du concile soient eux-mêmes l'objet des discussions entre l'Eglise et la fraternité St Pie X, sinon il y aurait duperie ou illusion.
On ne procède pas autrement dans le dialogue oecuménique avec les autres confessions chrétiennes.
D'ailleurs, tout le monde a à y gagner. On a fait l'autruche depuis trente ans sur les problèmes de cohérence de certaines affirmations du concile avec les actes précédents du magistère.
Pour ma part, il y a longtemps que j'attends qu'une voix autorisée veuille bien éclairer ma lanterne. A part quelques courageux chercheurs peu connus, personne ne s'est risqué à ce travail qui a trop attendu.
Cémoi

[ De PP à C. - Mais si, plusieurs s'y sont risqués. Et pas n'importe qui. Et leurs travaux ont été publiés. Ils sont remarquables, décisifs. Et ils dissipent les lieux communs rabâchés sur Vatican II. Lisez par exemple les six volumes du Père Basile, du Barroux, sur la liberté religieuse et Vatican II. Vous ne connaissiez pas l'existence de ces livres ? Voilà le problème. Depuis trente ans, les traditionalistes répètent que Vatican II contredit la Tradition - et refusent de prendre connaissance des travaux qui montrent le contraire. Comment voulez-vous alors se réconcilier si l'on n'étudie pas les sujets qui fâchent ? ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Cémoi | 02/03/2009

ULTRADROITE ?

> Pas d'accord avec votre lien (volontairement provocateur ??) entre la FSSPX et "l'ultradroite". Pas d'accord pour deux raisons :
- d'abord parce qu'il faut se garder de politiser un débat avant tout ecclésial, théologique, liturgique, spirituel. Le travers dans lequel tombent trop souvent nos prêtres et évêques (dont certains ont fait du combat contre la droite un objectif au moins aussi important que la Nouvelle Evangélisation), ainsi que nos journalistes, occulte le vrai débat. Et, tout à fait honnêtement, je suis surpris de trouver ce même travers ici.
- ensuite parce que, si les opinions politiques des fidèles de la FSSPX sont souvent proches de la droite nationale, d'une part ils ne sont pas les seuls, d'autre part il n'y a pas que ceux là dans la mouvance lefebvriste. Et que, toute diabolisation médiatique étant écartée par principe sur ce blog, l'analyse des idées et des propositions des partis situés à droite de l'UMP, de Dupont-Aignan à Le Pen, ne tourne pas nécessairement à l'avantage du libéralisme mercantile ! Et puis n'oublions pas que le fond politique (s'il faut en parler, au moins sur un plan culturel et historique) des lefebvristes, c'est plutôt l'Action Française, le Maréchal Pétain, la Résistance non communiste et l'anti-gaullisme catalysé par le drame algérien. Pas franchement libéral...
En fait d'ultralibéralisme, je crois qu'on en trouve à la pelle dans les paroisses "conciliaires-bourgeoises-de-la-bonne-société" qui votent à deux mains pour l'Europe de Barroso, qui votent aux élections nationales pour un ou deux partis peu embarrassés par ces questions. J'en connais des centaines ! La plupart de mes amis en font partie !!

Edouard


[ De PP à E. - Pardon, cher ami, mais vous avez une vision rationaliste des choses. La réalité est bien moins cohérente. La plupart des gens de l'ultradroite ont un pied dans la Réaction (pour ce qui est de la morale et des grands mythes) et un pied dans le libéralisme (pour ce qui est de l'économique). Je ne veux nommer aucun site web, ni aucun autre genre de médias, ni aucune personnalité, mais les exemples foisonnent... Enfin, ne dites pas que le lefebvrisme est "pluriel". Il ne l'est pas. Il est la branche religieuse d'un milieu socio-idéologique fermé. C'est même ce en quoi il diffère radicalement de l'Eglise catholique, qui est (et heureusement) un caravansérail... ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Edouard | 02/03/2009

OFFICIEL ET OUTRECUIDANT

> Cette fois, le refus de Vatican II est "officiel" et l'outrecuidance [nous espérons aider le Saint-Siège à porter le remède approprié à la perte de la foi à l’intérieur de l’Église] manifeste aussi...

Les évêques lefebvristes expriment au pape leur refus de Vatican II

"Nous espérons aider le Saint-Siège à porter le remède approprié à la perte de la foi à l’intérieur de l’Église", écrivent les quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie-X, dans une lettre adressée au pape le 29 janvier dernier

Dans une lettre adressée le 29 janvier à Benoît XVI pour le remercier d’avoir levé leur excommunication, les quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie-X confirment leur refus de Vatican II.

« Nous désirons commencer dès que possible avec les représentants de Votre Sainteté des échanges concernant des doctrines en opposition avec le Magistère de toujours », écrivent-ils dans cette lettre qui vient d’être publiée par Fideliter, organe de la FSSPX.

« Par ce chemin encore nécessaire (…), nous espérons aider le Saint-Siège à porter le remède approprié à la perte de la foi à l’intérieur de l’Église », précisent-ils.

Rien de nouveau
Cette lettre est dans la droite ligne des déclarations publiées depuis le 24 janvier par les responsables de la Fraternité Saint-Pie-X. Ainsi, le 16 février, dans une interview au quotidien valaisan Le Nouvelliste, Mgr Fellay, le supérieur de la FSPX, stigmatisait les "ambiguïtés de Vatican II" et émettait des réserves sur l'espoir d'aboutir à un consensus doctrinal avec le pape : "On a l’impression qu’il est proche de nous sur la question liturgique. D’un autre côté, il tient très profondément aux nouveautés de Vatican II", déplorait-il.
Interrogé quelques jours plus tard, le 25 février, par le journal suisse Le Courrier, Mgr Fellay était encore plus clair sur ce concile dont, à ses yeux, les fruits ont été "de vider les séminaires, les noviciats et les églises"... A la question de savoir si la FSPX serait prête à franchir le pas et reconnaître Vatican II, il répondait : "Non (...). Faire de la reconnaissance du concile une condition préalable, c'est mettre la charrue avant les boeufs".
La-croix.com avec AFP
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2366614&rubId=4078

Écrit par : Michel de Guibert | 03/03/2009

CEUX QUI REVIENNENT, ET LES AUTRES

> C'est vrai que Mgr Fellay tient des propos volontairement ambigUs. Je pense qu'il est "coincé" entre les instructions claires de Mgr Lefebvre (ne jamais rompre avec Rome et pas de sédévacantisme) et l'esprit qui habite la Fraternité et ses fidèles (parfaitement illustré par le sermon cité ci-dessus, prononcé quelques jours après la levée des excommunications et qui exhorte les fidèles à tenir bon pour, in fine, convertir les fidèles, les prêtres, les evêques et le Pape (!) de l'Eglise conciliaire...)
On a parlé de l'esprit du Concile, on pourrait parler aussi de l'esprit anti-conciliaire qui habite ce courant. Le plus dur, je crois, c'est qu'ils deviennent en fin de compte des protestants classiques : doctrine construite librement à partir de ce que Rome enseigne (je prends ce que je veux, je laisse ce que je veux) et rejet de l'autorité du pape. Mgr Fellay a l'air d'avoir conscience de cela et il a aussi l'air de se rendre compte du risque encouru chez les plus jeunes, qui n'ayant jamais connu la discipline catholique de l'obéissance au Magistière et le sentiment filial envers le saint Père, éprouveront d'immenses difficultés à devenir véritablement catholiques.
Je suis personnellement assez pessimiste quant à une réintégration en masse de la Fraternité. Il me semble que cette mouvance est trop enfermée dans ses délires conspirationnistes et son sentiment de supériorité et d'autosatisfaction. J'espère avoir tort et merci à Benoit XVI de tout essayer quand même !
Quoiqu'il en soit, certains, en groupe ou individuellement, reviennent à Rome. Quel chemin humble et douloureux ! A nous de soutenir ceux-là de notre mieux, même si on ne s'en sent pas toujours très proche. Ma filleule a été baptisée par un prêtre qui a appartenu à la Fraternité et qui est maintenant dans une paroisse "ordinaire" de Paris. Quelles difficultés pour lui ! Mais son humilité, le témoignage de sa fidélité, je suis certaine qu'ils porteront des fruits pour toute l'Eglise !
dgeni


[ De PP à D. - Mon expérience et mes impressions actuelles recoupent exactement ce que vous dites ici. ]

Écrit par : dgeni | 03/03/2009

CONCILE

> L'argumentation de Mgr Fellay est de dire prinicpalement que Vatican II est la cause de la disparition des fidèles et la désertion des séminaires. Si son raisonnement était exact, la FSSPX qui se veut la continuatrice de l'Eglise d'avant Vatican II devrait déborder de croyants et de séminaristes ? Qu'en est-il exactement ? Je n'ai pas l'impression que ce soit vraiment le cas.
L'analyse politique et sociale réac-libérale au sujet de la FSSPX me paraît pertinente pour l'avoir déjà constatée. Ils ne sont pas dans Vatican II parce qu'ils ne sont plus dans le monde d'aujourd'hui. Ils défendent des valeurs qui, si elles sont estimables pour certaines, appartiennent au passé. Le risque de leur rigidité est d'aboutir au même problème que l'islam avec la fermeture de l'ishtihad.
Dans réconciliation il y a concile.

Écrit par : Qwyzyx | 03/03/2009

DEDRAMATISER ?

Ne conviendrait-il pas de dédramatiser les divergences entre la FSSPX et Rome ?
Si l’on appliquait à la FSSPX la démarche œcuménique habituelle, ne devons-nous pas reconnaître que les points d’accord constatés (sur le dépôt de la Foi, la primauté de Pierre et l’enseignement moral de l’Eglise) seraient probablement jugés suffisants pour fonder la communion et que l’on choisirait prudemment de garder les divergences théologiques pour plus tard ?
Certes, encore faudrait-il que la FSSPX accepte de ranger dans un tiroir annexe quelques questions théologiques, ce qui n’est pas gagné. Cependant, l’abbé Laguérie l’a bien fait, alors pourquoi pas Mgr Fellay ?
Une petite histoire peu connue plaide contre le formalisme excessif, les exigences irréfragables, les préalables incontournables et les pistolets sur les tempes :
Frère Roger, pasteur calviniste fondateur de Taizé, a communié publiquement des mains de Mgr Ratzinger aux obsèques de Jean-Paul II. Frère Aloïs, son successeur, a ensuite témoigné que frère Roger ne s’était jamais formellement converti à la Foi catholique. On a jugé, sans doute à raison, que l’imperfection formelle ne lésait pas la vérité, puisque frère Roger croyait à la réalité et à la vérité des sacrements et de la Foi de l’Eglise. Il se confessait à un prêtre catholique et communiait depuis 1972.
De même que « le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat », la théologie est faite pour la Foi, et non la Foi pour la théologie ; le concile Vatican II est fait pour l’Eglise et non l’Eglise pour le concile.
Un peu de souplesse, de bon sens et d’optimisme ne feraient pas de mal…
Guillaume

[De PP à G. - Je suppose que si le pape Benoît XVI fait demander à Ecône de désarmer sa haine anti-Vatican II, ce ne sont pas des paroles en l'air, et qu'accepter ou refuser un concile de l'Eglise universelle n'est pas un point de détail. (Si j'ose dire). Je ne suis pas sûr que la souplesse, le bon sens et l'optimisme aient quelque chose à voir avec un problème de fond touchant le "sentire cum Ecclesia". Je me permets aussi d'estimer que ceux qui traitent ce concile par dessous la jambe devraient l'étudier un peu, et cesser de croire que ce fut "une erreur de parcours due aux illusions des sixties". ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Guillaume | 03/03/2009

@ Guillaume

> C'est au vu et au su de tous, par les caméras de télévision du monde entier, que Roger Schütz a reçu la communion des mains du cardinal Ratzinger lors des funérailles de Jean-Paul II le 8 avril 2005.
Le fait est bien connu et a suscité bien des discussions sur la "conversion" au catholicisme de frère Roger, lequel, sans s'être formellement "converti" publiquement, contrairement au frère Max Thurian, n'en était pas moins très proche de l'Eglise catholique, mais se situait dans une sorte de démarche d'unité post-confessionnelle ou meta-confessionnelle.

Écrit par : Michel de Guibert | 03/03/2009

SOUPLESSE & MODERATION

> Cher PP,
Ce n'est pas seulement à Mgr Fellay que le pape demande de "désarmer sa haine", mais à tous les baptisés qui se perdent dans des polémiques sans fin : lire son discours aux séminaristes de Rome où il dénonce "l'arrogance intellectuelle".
Entre ceux qui refusent Vatican II, ceux qui refusent Humanae Vitae, ceux qui refusent telle ou telle nomination d'évêque, ceux qui refusent Dominus Iesus (ils sont nombreux dans le mouvement oecuménique), ceux qui veulent rallumer les polémiques de 1926, ceux qui ne veulent pas de la TAC, ceux qui se méfient de Kirill etc., ne croyez-vous pas que le débat dans l'Eglise est devenu une grande foire aux anathèmes mutuels qu'alimentent tous ces jugements catégoriques et définitifs ?
"sentire cum Ecclesia", ça passe aussi par "sentire cum Petro", et Petro nous demande un peu de modération et de souplesse dans nos jugements. C'est peut-être à prendre en considération...
Guillaume


[ De PP à G. - Précisément. Sur tous les points que vous énumérez, vous et moi sommes d'accord. Alors sur lequel voulez-vous que je me mette à faire de la "souplesse" au lieu de décrire les faits ? La question lefebvriste ? A son sujet, je ne fais que suivre l'indication du Vatican : la réconciliation est possible si l'interlocuteur ne rejette plus en bloc un concile. Est-ce le cas ? Evidemment non : Ecône traite Rome comme "à convertir" (lisez les homélies lefebvristes). Je dis donc simplement, avec le Vatican, que l'on ne peut discuter qu'entre gens ouverts à la discussion.
Arrêtons de parler des lefebvristes comme d'enfants prodigues ; la définition même de l'enfant prodigue est qu'il se repent. Il n'y a chez eux pas l'ombre de repentir. Bien au contraire. Si je voulais mettre de l'huile sur le feu, je publierais ici les invraisemblables messages qu'ils m'envoient : insultes envers l'Eglise, extrême violence mentale, narcissisme victimaire ("nous avons tant souffert, il faut nous rendre justice"), obsessions politiques extrêmes et obsolètes (d'hier et d'avant-hier), propos haineux envers les personnes, et (parfois) ignorance du B-A BA de la théologie... C'est tellement consternant que je ne le mettrai jamais en ligne. Je vous assure que cette abstention est de la souplesse, et qu'elle vise à apporter de la modération dans le débat. Mais évidemment elle ne se voit pas !
Si vous le voulez bien, je souhaiterais que vous ne me ripostiez pas en me re-disant d'être souple, etc ; il me semble que nos positions sont maintenant bien indiquées.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Guillaume | 04/03/2009

FRERE ROGER

> Merci à Michel de Guibert pour ce complément d'information sur frère Roger.
Certains ont qualifié cette "démarche d'unité post-confessionnelle ou meta-confessionnelle" de prophétique. Il y a sans doute beaucoup à explorer de ce côté.
C'est la raison pour laquelle je citais ce cas pour appeler à un peu de souplesse.
On évoque trop souvent la vérité pour faire obstacle aux chances de réconciliation. La vérité a parfois bon dos. Au nom de la vérité, on veut tout, tout de suite, sans nuance, on exige, on se raidit sur des préalables non négociables.
La vérité, c'est aussi de dire que le principe de gradualité a toujours existé dans l'Eglise. Procéder par étapes ne se fait pas inévitablement au préjudice de la vérité. Le Christ est le chemin, la vérité et la vie. On oublie parfois le mot chemin : un chemin ne se fait pas en un jour...
Pour ma part, je suis saisi par le chemin prophétique de Frère Roger, et je n'aurai aucune difficulté à ce qu'on procède par étapes avec quiconque.
Procéder par étapes, c'est précisément ce que le pape comptait faire avec la FSSPX, et voici qu'il doit y renoncer, confronté à une sauvagerie sur fond de jugements sommaires qui ressemblent de près aux exécutions du même nom.
On réagit comme des sauvages, oubliant que l'Eglise est une mère.
Guillaume

Écrit par : Guillaume | 04/03/2009

IL Y A BIEN D'AUTRES CHOSES QUI COMPTENT

> à Guillaume - "Sauvagerie sur fond de jugements sommaires" l: est-ce que vous parlez des prises de position soulignant l'incompatibilité entre certaines attitudes de la FSSPX et l'Eglise universelle ? Alors excusez-moi mais je vous trouve tacitement partisan. Vous avez d'ailleurs le droit de l'être.
Ce qui est partisan c'est de refuser de tenir compte de la foule des gens sincèrement scandalisés par ce qu'ils ont cru être la désinvolture de Rome à propos du négationnisme, et pensent que W. a dit tout haut ce que les trois quarts des lefebvristes pensent tout bas.
C'est un peu facile de dire : "Pfff, médiatique, tout ça, méprisons et passons". Parce que, qu'on le veuille ou non, "ça" touche la masse de nos contemporains, qui sont justement les gens à évangéliser! Et les gens scandalisés ne peuvent plus être évangélisés! "Ne soyons des obstacles à personne", recommande saint Paul - ce blog d'ailleurs s'en est fait l'écho semble-t-il. Un souci de l'Eglise, donc de nous tous, doit être d'ôter cet obstacle de l'esprit de nos contemporains. Je ne crois pas que nous ayons le droit de dire "peu importe, la seule chose qui compte est d'ouvrir les bras au bon Mgr Fellay". Il y a bien d 'autres choses qui comptent.

Écrit par : Michel-André | 04/03/2009

Cher Patrice,

Vous donnez en exemple la Parabole du fils prodigue... je me permets tout de même de signaler que le Père va au-devant de lui avant même de savoir pourquoi il revient. Après tout, peut-être voulait-il demander une rallonge financière ?
Je dis cela parce que j'ai trop lu et entendu cette parabole ces derniers temps citée pour critiquer la décision de Benoit XVI. (ce n'est pas le cas de ce blog, je l'ai bien compris). Si le Pape va au-devant de la Fraternité St Pie X, et qu'on lui crache au visage, il aura quand même eu raison de le faire. Ca m'énerve que certains cathos se souviennent de la Bible seulement quand ca les arrange, et pour donner des leçons au Pape, encore...
En tout cas, un grand merci pour ce blog (j'aurais dû commencer par ça !).
Bien amicalement.


[ De PP à D. - Dans une période de confusion générale comme celle-ci, il est difficile de dire les les faits sans avoir l'air d'un pion. Si c'est mon cas, j'en suis confus et j'y veillerai. D'autant qu'une partie de mes réactions vient d'informations qu'on ne peut pas divulguer. Sachant ce qui s'est réellement passé, et voyant qu'une des parties (Ecône) tient un double langage, comment ne pas être irrité de voir les uns noyer le poisson, les autres déformer les perspectives, et les troisièmes nous parler d'eux-mêmes comme si c'était le sujet ?
Vous ne faites évidemment pas partie de ces catégories. On sent votre bienveillance lucide.
Cela dit, dans l'application de la parabole du fils prodigue à la triste affaire en question, il faut être complet : le père a bien raison d'aller au devant du fils qu'il aperçoit au loin. Mais la parabole nous a prévenus que le fils revient repentant. Et je suis navré de voir que rien, dans les paroles et les écrits des lefebvristes en ce moment (hormis quelques formules vagues qui ne sont que protocole), n'exprime autre chose que : "Nous avons toujours eu raison, maintenant il va falloir nous en donner acte." On ne peut pas écarter cela (qui est le FAIT) au profit d'un voeu pieux ("si d'aventure ils changeaient", etc). Tout le monde et moi-même souhaitons qu'ils changent. Mais on en attend une première ébauche de manifestation. Si celle-ci vient, alleluia, je ne demande qu'à être surpris et à rendre grace à l'Eternel d'avoir accompli un prodige de plus, à main forte et bras étendu. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : dgeni | 04/03/2009

@ Guillaume

> Benoît XVI a tendu la main en levant les excommunications, geste de miséricorde !
Les circonstances (fortuites ? je crains que non) ont obscurci ce geste et brouillé la lisibilité de ce geste.
Pour autant, la main tendu est-elle saisie ? J'en doute.
Quand les évêques lefebvistes écrivent : "Nous espérons aider le Saint-Siège à porter le remède approprié à la perte de la foi à l’intérieur de l’Église", on se dit qu'il y a beaucoup d'arrogance intellectuelle et peu de souplesse, d'ouverture et d'humilité.
J'imagine que le seul remède à ce genre de démon est le jeûne et la prière...

Écrit par : Michel de Guibert | 04/03/2009

LES HOMMES PEUVENT CHANGER

Sur le fond, je suis d'accord avec vous Michel de Guibert, ainsi qu'avec P.de Plunkett et Michel-André (suite à votre remarque, je retire le mot "sauvagerie", maladroit et excessif).
Je veux simplement apporter un note de différenciation sur la forme, pour suggérer un peu plus de douceur dans les jugements, particulièrement sur les personnes, car les hommes peuvent changer.
Me permettez-vous un récit plus personnel ?
Voici 10 ans environ, j'ai passé une (très) longue soirée à parler dans un cadre privé avec l'abbé de Tanouarn. Bien entendu : impossible de le convaincre de quoi que ce soit.
En sortant de cette soirée, je me dis : impossible qu'il trouve un jour un accord avec Rome. Dans le même temps, un élément m'incitait à un timide optimisme : je venais de passer plusieurs heures avec un prêtre furieusement sympathique et chaleureux, aux vertus humaines évidentes (sans parler de sa stature intellectuelle), et qui me semblait avoir un profond amour de l'Eglise.
Depuis, l'eau a coulé sous les ponts, l'abbé en question a dit, après l'accord IBP : "J'ai découvert le visage de Rome, un visage de miséricorde."
Idem pour l'abbé Laguérie, qui nous semblait (ou qui se présentait) si fanatique.
Voir sur le site de l'IBP l'excellent reportage de KTO sur l'IBP ROMA : le chemin parcouru par est édifiant.
Mon message est donc simple : les hommes peuvent changer, la miséricorde fait bouger les coeurs, soyons peut-être un peu plus patients...
Et comme dit Michel de Guibert : prière. Trois fois oui !
Guillaume

A PP : Inutile en effet de publier la boue qui vous parvient, nous n'avons malheureusement aucun mal à l'imaginer. Je vous encourage fraternellement à ne pas vous laisser atteindre : "la douceur est un fruit de la force", dit la sagesse chrétienne.
G.

[ De PP à G. - Oremus. Flectamus genua ! ]

Écrit par : Guillaume | 04/03/2009

Les commentaires sont fermés.