16/02/2009
"Moins et mieux : les Français changent leur mode de consommation"
Toutes classes, tous âges, toutes régions confondues. C'est un signe, mais de quoi ?
Oubliant leur réflexe consumériste, les médias nous signalent que "60 % des Français disent économiser de plus en plus sur leurs dépenses quotidiennes pour pouvoir continuer à s'offrir des loisirs " (sondage Ifop). Les trois quarts des Français affirment également plutôt "privilégier les produits respectueux de l'environnement, même s'ils coûtent un peu plus cher".
Par ailleurs, selon le sondage, parmi ces 60 % des personnes interrogées "plutôt d'accord" pour dire qu'elles économisent de plus en plus sur leurs dépenses quotidiennes pour pouvoir continuer à s'offrir des loisirs, le taux de personnes "plutôt d'accord" monte à 73 % parmi les personnes âgées de moins de 35 ans, et même à 80 % dans la sous-catégorie des 18 à 24 ans. Chez les plus de 35 ans, les 35 à 49 ans sont les plus nombreux (66 %) à dire "faire attention à leurs dépenses quotidiennes pour pouvoir maintenir leurs dépenses en loisirs", devant les 50-64 ans (54 %) et les plus de 65 ans (44 %).
Ce courant nouveau touche tous les milieux de la société : les ouvriers (71 %) et les employés (67 %), mais aussi plus de la moitié des professions libérales et cadres supérieurs (61 %). Et toutes les régions : 72 % dans le Sud-Ouest, 69 % dans la région parisienne, 68 % dans le Sud-Est et le Nord-Ouest, 63 % dans le Nord-Est.
09:05 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : écologie
Commentaires
GROS RIRES
> Dur, pour les écolophobes qui se foutaient de la gueule des partisans de la vie sobre, avec de gros rires : "manger moins de viande ? ouaf, ouaf". "Rouler moins ? hi hi". "Rouler moins vite ? arh arh, à bas le politiquement correct et les radars", etc. Il arrive un moment où la bêtise se retrouve nue. Qu'on la rhabille, elle est moche à voir.
Écrit par : Amicie T. | 16/02/2009
PESSIMISTE
> Le sondage ne semble pas dire s’il a été demandé aux individus interrogés de définir ce que signifiait pour eux le mot "loisir"... Peut-être s’agit-il tout simplement de prendre sa voiture pour partir en week-end, faire du moto ski, du scooter des mers ou plus modestement du quad dans la forêt voisine... Voir de prendre l’avion pour un séjour sur une île lointaine et exotique ou en Thaïlande... Je le crains. Pardonnez-moi ce pessimisme, mais il manque bien des éléments pour faire parler ces chiffres. Autres hypothèses, ce "diminuer ses dépenses quotidiennes" ne dit-il pas tout simplement diminution des revenus, du pouvoir d’achat, etc... et donc le choix de privilégier les loisirs, puisque nous sommes effectivement dans une société du loisir (ici un sujet de réflexion peut-être intéressant : loisir & libéralisme...). Enfin, 75% des français privilégient "les produits respectueux de l’environnement"... alors pourquoi donc plus de 75% des français font leurs courses dans les super marchés à très bas prix ou règnent "les produits industriels", alimentaires ou pas ? Donc conclusion sous forme de clin d’oeil : déguster une magnifique entrecôte grillée (provenant d’un animal fort bien élevé dans de vertes prairies... et de chez un boucher qui sait travailler la viande !), suivi d’une promenade digestive qui mènerait nos pas du côté des éditions du Cerf pour acheter quelques ouvrages de la collection « Sources chrétiennes »... Ni "écolo", ni "gaspilleur"... juste la vraie vie, n’est-ce pas ?
Écrit par : Samarium Barcial | 16/02/2009
CE N'EST QU'UN DEBUT
> à Samarium Barcial - Oui, on peut noircir le tableau en y mettant tous les mauvais paramètres, jusques et y compris une allusion cruellement exacte à "Sources chrétiennes", collection notoirement liée au productivisme industriel pollueur le plus capitaliste et lue - voire écrite - par des Falstaff rougeauds et truculents gavés de côtes de boeuf au détriment des petits paysans pauvres du Sud.
On peut aussi, plus humblement, voir dans ce sondage (qui n'est évidemment qu'un sondage et ne porte que sur nos braves contemporains pas encore abonnés en masse à La Décroissance), le premier signe du changement de comportement qui va être imposé par la crise, puis par le pic de pétrole, etc. Ce n'est qu'un début, continuons le débat.
ps/ si je ne m'abuse, le 13/05/2006, sur le site de LCI, vous appeliez à "fumer de voluptueux cigares". Venus de Cuba par Boeing au prix du kérosène et au coût atmosphérique de la tonne de CO2 ? Diable diable.
Écrit par : Amicie T. | 16/02/2009
à Amicie T.
> Diable, diable... quelle mémoire ! Moi-même, qui pratique bien peu le dialogue sur internet, j’aurais bien été incapable d’avoir le moindre souvenir d’un commentaire griffonné au galop voici trois ans sur le site de LCI...
Juste une petite précision, mon clin d’oeil n’était pas vraiment ironique ; je suis, effectivement, amateur de ce que nous offrent les bêtes à cornes... et lecteur, évidemment, de ce que nous propose cette prestigieuse collection...
Le conflit cigare et kérosène, que vous évoquez donc, est emblématique, car, si nous réfléchissons bien, la soute pleine d’un seul avion cargo genre 747 suffirait à couvrir plusieurs années de consommation en France... admettons que ce soit encore trop de CO2 rejeté dans l’atmosphère, il reste la voie maritime... Dans le même temps, combien d’avions pour transporter des flots sans fin de touristes toujours plus avides de voyages ? Est-il bien raisonnable d’acheter dans une boutique bio des mangues sauvages venant du Vietnam (au demeurant succulentes...) ? Une mangue c’est plus lourd qu’un cigare, n’est-ce pas ? mais un cigare c’est plus marqué socialement qu’une mangue... Allons, ne nous égarons pas !
On peut aussi s’interroger, en fumant un cigare, sur une éventuelle collaboration avec un régime cubain peu recommandable mais aussi sur la participation à une économie qui fait vivre ou survivre de nombreuses personnes (petits paysans pauvres du sud) dans un pays pour le moins sinistré... etc...
Plus sérieusement il s’agit là de définir les priorités et de réfléchir sur ce que nous devons nous interdire ou sur ce que l’on doit nous interdire ; doit on culpabiliser ou éveiller en chacun de nous une haute responsabilité qui fait appel à notre seul libre arbitre ? Jusqu’où peut aller la biopolitique (dans le sens défini par Foucault il y a longtemps) ? Le vrai problème est, me semble-t-il, la croissance humaine et matérielle dans un monde fini. On ne pourra probablement pas arrêter la croissance matérielle, reste donc à la dématérialiser, à nous éloigner toujours plus du matérialisme. Vous conviendrez avec moi qu’entre le matérialisme et la société de loisir les liens sont forts et qu’entre la décroissance et les loisirs (en tenant compte de l’interprétation de ce concept par notre époque) les compatibilités presque inexistantes. D’où ma prudence.
Pour nous consoler et ne pas faire trop de concessions au pessimisme, voir au Cynisme, relisons Bernard de Clairvaux (toujours la même collection) et méditons sur la réforme cistercienne, ses choix d’austérité, son ascèse esthétique, sa purification de la parole... sans trop céder au comparatisme - notre monde de la sur-consommation n’est pas Cluny et nous ne sommes pas des cisterciens du XII° siècle, mais... dans ce sens, moins et mieux est le bien !
Enfin, tous mes remerciements à vous pour l’attention que vous portez à Barcial et à ses petits mots d’humeur... néanmoins, je reste étonné et/ou surpris de cela !
Écrit par : Samarium Barcial | 16/02/2009
VOULOIR
> Je vais aussi faire mon petit pessimiste...
"Economiser de plus en plus sur (ses) dépenses quotidiennes pour pouvoir continuer à s'offrir des loisirs." Cela ne veut aucunement dire vivre plus sobrement !
En caricaturant à peine, je traduis cette phrase comme cela : "aller moins souvent au McDo pour continuer à aller à Disneyland et toujours s'habiller chez XXX"
Aucune démarche volontaire là-dedans, juste une conséquence d'une baisse de pouvoir d'achat.
A quand une baisse du VOULOIR d'achat ?
Écrit par : PMalo | 16/02/2009
PESSIMISME ?
> Je penche aussi vers l'analyse "pessimiste", et je suis d'accord avec PMalo, rien de ce que je vois autour de moi ne m'incline à penser que la crise nous amène à des comportements plus sobres...or, le salut est là, et non dans un simple déplacement de nos habitudes d'achat...
cristiana
[ De PP à C. - Mais pourquoi ne pas voir là-dedans un début d'esquisse de quelque chose ? Pourquoi être pessimistes et nier les ouvertures qui peuvent se dessiner ? Malmenés par le chaos du système, les gens sont juste en train de découvrir qu'il était démentiel ; vous voudriez que les foules deviennent conscientes de tout du jour au lendemain ? Ce n'est pas comme ça que se font les germinations collectives, mais toujours progressivement, profondément, obscurément d'abord. Tirer sur les brins d'herbe ne les fait pas pousser plus vite. Que les sondés ne déclarent pas : "Le bio on s'en f..., ce qu'on veut c'est le retour de la croissance à tout va", c'est peut-être un signe (faible, petit, embryonnaire) : le signe que discuter est possible. Il faut prendre les gens là où ils en sont, et leur suggérer les directions dans lesquelles évoluer. Sinon quoi ? Fuir dans un désert l'approche des humains ? On n'est jamais une avant-garde quand on est tout seul.]
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Écrit par : cristiana | 16/02/2009
FREMISSEMENTS
> Vous avez raison...Ma tendance personnelle est de voir le verre à moitié vide; c'est un défaut, et parfois une faute...Il faut se réjouir de ces frémissements, même si les développements sont incertains...Après tout, Moïse n'a fait que voir la terre Promise...
Écrit par : cristiana | 16/02/2009
> Pendant ce temps, les responsables du Parti Socialiste prônent "la relance par la consommation"...
Écrit par : Michel de Guibert | 16/02/2009
BENEFIQUE
> Je partage le pessimisme tout en observant une réaction intéressante des marchés qui ont cessé de spéculer sur le pétrole dès qu'il ont vu la baisse de consommation s'installer dans tous les secteurs touchés par la hausse des carburants (baisse de vente des véhicules, baisse de vente des hypermarchés accessibles surtout en voiture, baisse de vente des terrains et des constructions en périphérie, ...).
Le mass market est aux mains des holdings financières qui influent sur les marchés et tiennent la grosse indutrie et distribution. Et comme par hasard, le prix du pétrole a dégringolé aussi vite qu'il est monté dès que les chiffres de la consommation ont baissé sur les secteurs les plus sensibles de la consommation de masse.
Mutatis mutandis, sans se réjouir d'un retour à la raison ou de l'apparition d'une génération spontanée de consommateurs raisonnables, reste que la mécanique financière porte en elle même ses propres limites. Ce qui est une bonne nouvelle.
Cela ne reste qu'un point de vue qui entretient mon espérance à voir un monde plus équilibré s'imposer petit à petit. La hausse des prix a fait prendre conscience de la dimension prophétique du livre de Gilles Châtelet : "Vivre et penser comme des porcs".
La crise est bénéfique dans le sens ou elle a déclenché une prise de conscience, initié une réflexion, sorti le consommateur de la torpeur de son addiction au toujours plus. Vive la crise ? Il faut toujours voir le bon côté des choses.
Écrit par : Annie | 16/02/2009
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