Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/02/2009

Non, "l’affaire" n’est pas close – et c’est le cardinal secrétaire d’Etat qui en prend acte :

Communiqué aujourd’hui de la secrétairerie d’Etat du Vatican (cardinal Bertone) : sans leur acceptation pleine et entière de Vatican II, les lefebvristes ne seront pas reconnus  – Quant à Williamson, il doit changer radicalement d'opinions :


 

 

La secrétairerie d’Etat (« gouvernement » de l’Eglise catholique au Vatican) a indiqué aujourd’hui que les déclarations négationnistes faites par Williamson n'étaient pas connues du pape au moment de la levée de l'excommunication des quatre évêques illicites. S’il veut être vu comme un interlocuteur par le Vatican, Williamson doit « prendre sans équivoque et publiquement ses distances » avec ses propres dires, souligne le communiqué romain.

 

Le communiqué rappelle également cette « condition indispensable à une future reconnaissance de la FSSPX » : la « pleine reconnaissance du concile Vatican II ». C’était évident. Mais le psychodrame entretenu depuis dix jours a brouillé  l’évidence... 

 

Ce  gâchis  de  dix  jours aurait pu être évité : si ces choses avaient été dites le 24 janvier  au  lieu  d’attendre  le 4 février, un flot de calomnies atroces n’aurait pas déferlé en Occident sur le Vatican.

 

D’où le diagnostic du cardinal Schönborn sur la faute commise par  des « collaborateurs du Vatican ».  

 

D’où aussi, pour les catholiques conscients, une responsabilité :  expliquer autour d’eux (et Dieu sait que tout le monde en parle) les tenants et les aboutissants réels de l'affaire, sans chercher à voiler ce que chacun sait à Rome :

- que cette affaire a suscité au pape des problèmes qui auraient pu être évités, ayant été menée par NNSS Castrillon et Re avec une précipitation singulière et un étonnant manque d’informations  (je dis bien : étonnant, car les informations affluaient au Vatican de toutes parts) ;

- et que cette précipitation, assortie au début de commentaires officiels inadéquats, a donné au monde une impression fausse et fâcheuse ; impression qui n’aide pas l’évangélisation, et qui sert la cathophobie ordinaire du monde occidental.

 

En tout cas les choses sont maintenant clarifiées : et elles le sont par une déclaration qui, loin de prétendre l’affaire « close », prend acte de l’installation du malaise et veut y remédier. Que cette déclaration émane du cardinal Bertone est un signe supplémentaire.

 

 

 

 

 

Dans un premier temps, le texte revient méthodiquement sur les raisons, déjà évoquées, de la remise des excommunications par le pape, et en précise les implications : « Sa Sainteté a voulu lever un obstacle qui empêchait l'ouverture d'une porte sur le dialogue. Elle  attend que les quatre évêques manifestent de façon expresse la même ouverture, en  totale adhésion à la doctrine et à la discipline de l'Eglise (...). La levée d'excommunication a libéré les quatre évêques d'une peine canonique gravissime, mais n'a pas changé la situation juridique de la Fraternité-Saint-Pie-X, qui au moment actuel ne jouit d'aucune reconnaissance canonique de l'Eglise catholique. De même, les quatre évêques, bien que relevés de l'excommunication, n'ont aucune fonction canonique dans l'Eglise, et n'y exercent aucun ministère. »

 

Le Vatican revient ensuite sur les questions que pose le refus affiché, jusqu'à présent, par la Fraternité Saint Pie X, de la doctrine développée par le Concile Vatican II: « Pour une reconnaissance future de la Fraternité-Saint-Pie-X, la pleine reconnaissance du Concile Vatican II et du magistère des papes Jean XXIII, Paul VI, Jean Paul I, Jean Paul II et Benoît XVI est une condition indispensable. Comme l'a déjà affirmé le décret du 21 janvier 2009, le Saint Siège ne manquera pas, selon les modalités opportunes, d'approfondir avec les intéressés les questions qui restent ouvertes, afin d'arriver à une solution pleine et satisfaisant des problèmes qui ont été à l'origine de cette fracture douloureuse . »

 -

Enfin la secrétairerie d'Etat s'exprime sur le cas Williamson, de façon explicite et nominative.
« Les positions de Mgr Williamson sur la Shoah sont absolument inacceptables, et le Saint Père les refuse fermement, comme il l'a déjà souligné le 28 janvier, lorsque, se référant à cet atroce génocide, il a redit sa pleine et indiscutable solidarité avec nos frères destinataires de la première alliance, et a affirmé que la mémoire de ce terrible génocide devait conduire l'humanité à réfléchir sur la puissance imprévisible du mal lorsqu'il conquiert le coeur de l'homme. Il a ajouté que la Shoah reste pour tous un avertissement contre l'oubli, contre la négation et le réductionnisme, parce que la violence faite contre un seul être humain est une violence contre tous. Pour être admis aux fonctions épiscopales dans l'Eglise, l'évêque Williamson devra également prendre, de façon publique et absolument sans équivoque, ses distances avec ses positions sur la Shoah, lesquelles n'étaient pas connues du Saint Père au moment de la remise de l'excommunication. »

 

Une déclaration qui fait écho à la pétition des intellectuels catholiques lancée par La Vie dès le 29 janvier en ces termes : "Nous estimons que cet évêque ne saurait trouver sa place dans l'Eglise sans repentir sincère et explicite de sa part. Nous demandons au pape de condamner clairement les propos de Richard Williamson. C'est à nos yeux désormais, le seul moyen de réparer les dommages que cette situation fait connaître à l'Eglise elle-même."

 

(Source : La Vie).

19:55 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (49)

Commentaires

LES EVEQUES FRANCAIS

> Il m'apparaît que les évêques français ont été très en pointe dans la communication "de crise" qui a suivi le pataquès créé par l'exhumation fort à propos de l'interview de Mgr Williamson.
Nous avons eu droit à des prises de position de très grande hauteur, qui augurent du meilleur pour l'Eglise en général, et pour "celle qui est en France" en particulier.
Deo Gratias !

AL

[ De PP à AL - Je le ressens comme vous. ]

Écrit par : Arnaud de Latrollière | 04/02/2009

COMBINAZIONE ?

> Croyez vous qu'il y a eu précipitation et méconnaissance des deux cardinaux cités, ne serait-ce pas plutôt "combinazione" de certains qui n'apprécient pas Benoît XVI (Re?).

JMV


[ De PP à JMV. - Hélas, cette hypothèse n'est pas à exclure. Mgr Re n'est pas seul en cause... Mon impression, de source romaine, est que des "garde-barrière" - au Vatican - n'ont pas abaissé la barrière au passage du train, afin de lui faire écraser le car. (Le train étant le tollé mondial devant Williamson, et le car étant la levée juridique de l'excommunication). Tous les acteurs de cette affaire n'étaient pas dans l'ignorance. C'est ce que dit en pointillé la déclaration du cardinal Schönborn, qui, d'habitude, ne critique jamais publiquement ce qui se passe au Vatican ! Le fait qu'il ait pris la parole s'explique par l'existence d'un problème interne particulièrement grave. Le pape est peut-être tombé dans une embuscade, et c'est peut-être une illustration - éclatante et dramatique - de la présence d'une opposition au sein du Vatican, comme l'indiquait l'enquête des deux derniers numéros de 'L'Homme Nouveau'. Auquel cas le pape va devoir changer des têtes autour de lui. Ce sera facile : plusieurs sont sur le départ en retraite.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : jean-michel varcher | 04/02/2009

FUMEES

> "D’où aussi, pour les catholiques conscients, une responsabilité : expliquer autour d’eux (et Dieu sait que tout le monde en parle) les tenants et les aboutissants réels de l'affaire, sans chercher à voiler ce que chacun sait à Rome : [...] que cette précipitation, assortie au début de commentaires officiels inadéquats, a donné au monde une impression fausse et fâcheuse ; impression qui n’aide pas l’évangélisation, et qui sert la cathophobie ordinaire du monde occidental."
Oui, nous devons reprendre l'information, expliquer toujours et encore. Un constat néanmoins. Des cousins, catholiques parce que nés dans une famille catholique mais, comme beaucoup de monde, très peu pratiquants et assez critiques vis-à-vis d'une Eglise qu'ils ne connaissent qu'avec un tas d'a priori (formation vernis, christianisme social), ont réagi exactement comme les plus importants médias. Sans savoir comment argumenter, ils n'aiment pas Benoît XVI, et ce genre d'amalgames précipités les confortent dans leur rejet. Arriver ensuite, et tenter de reprendre les faits, solliciter leur raison à défaut de leur foi, les gêne profondément. Ce serait comme une fumée qui les justifient... puis ils vous voient arriver bien décidé à chasser cette fumée. Comment vous considèrent-ils? Un empêcheur de tourner en rond? Pire ! Un gêneur qu'ils ont facile à chasser en disant qu'il a la rage.Cependant je suis fier de ne pas supporter les âcres fumées mortifères, et je vous remercie de m'aider à les dissiper par ce blog.

Écrit par : Corentin | 04/02/2009

> Enfin...

Écrit par : Michel de Guibert | 04/02/2009

REGLE PRECISE

> Dans toute cette "affaire", il me semble qu'on ignore le rôle que tient la succession apostolique : cette règle précise qu'on est évêque si on a été consacré par un évêque qui a été consacré, etc, consacré par un apôtre choisi par le Christ. C'est ainsi, que cela plaise ou non, qu'on a toujours dû considérer les évêques orthodoxes ou anglicans comme de véritables évêques. Et de même on doit bien reconnaître que les évêques de la Fraternité Saint Pie X sont de vrais évêques.
A partir du moment où le pape obtient d'eux obéissance, ils n'auront plus le droit de consacrer d'autres évêques (s'ils le font, ils seraient à nouveau excommuniés). Ainsi, dans quelques dizaines d'années il n'y aura plus d'évêques à la fraternité. Donc plus d 'ordinations de prêtres. Et donc, encore quelques dizaines d'années plus tard, plus de prêtres. Donc plus de messes. La mort de la Fraternité Saint Pie X est ainsi programmée, à moins qu'elle ne subsiste à l'intérieur de l'église catholique dans laquelle elle ne peut rentrer qu'en faisant sienne tous ses enseignements.

Écrit par : Fabrice | 05/02/2009

D'AUTRES CHATS

> L'affaire était grave et la quantité des réactions sur le premier fil consacré à cette affaire en est la preuve. Maintenant il va falloir raccommoder tout cela, en France cela ne va pas être aisé comme d'habitude ! ( cf les commentaires des forums des lecteurs de la Vie ). Cherchez à qui profite le crime ? voilà maintenant que les Verts du conseil municipal de Paris en ont profité pour demander qu'on règle le cas de St Nicolas Du Chardonnet !
Est ce qu'on ne pourrait pas faire un Edit de Nantes pour les catholiques français ?
J'ai toutjours trouvé pathétique ceux qui baignaient dans la certitude d'un côté comme de l'autre !
comme je le disais dans le précédent fil entendre des jeunes dire je ne vais pas à la messe de tel ou tel endroit parce que ce n'est pas la vraie messe , c'est insupportable comme était insupportable les réponses de certains prêtres quand nous demandions le baptême de nos enfants !
"que la mémoire de toutes choses passées ... demeurera éteinte et assoupie comme toute chose non advenue " ; l'Eglise et en France en particulier a vraiment d'autres chats à fouetter !

Écrit par : marie | 05/02/2009

CHAUSSE-TRAPES

> Quand on lit les deux derniers N° de l'Homme Nouveau on est légitimement porté à penser qu'il a pu y avoir des chausse-trapes!
Cela n'enlève rien à l'invraisemblable légèreté de ceux qui se prétendent cathos et qui ont attaqué le Pape via la Vie et autre pétitions négatives et de ce fait n'enlève rien à la gravité de leur faute. Que le pape soit attaqué par Libé ou autre, ils jouent leur rôle de suppot du diable, on n'est pas étonné. Mais qu'il soit attaqué par des réputés cathos, et défendu du bout des lèvres par d'autres sommités (?) ça ç'est plus grave, et tant mieux qu'ils soient démasqués!

NJ


[ De PP à NJ - Sur la pétition de La Vie, je vous suggère de lire ce qu'en dit JP Denis lui-même en réponse à G. Leclerc (son texte est sous notre note du 26 janvier). Dans son esprit, et selon le texte de la pétition, il n'y a pas d'attaque contre la personne ni la fonction du pape. Je vous suggère aussi de lire ce que dit le cardinal Schönborn, qui ne passe ni pour un antipapiste ni pour un plaisantin. L'affaire des "fautes" à Rome est grave, trouble, et ne se résume pas à une attaque de la gentille Eglise par les méchants athées. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : journé nicolas | 05/02/2009

LE COTE POSITIF

> A mon sens, cette ''affaire'' aura au moins eu le mérite de montrer aux ''intégristes'' que les brebis galeuses sont aussi dans leur troupeau et qu'à moins de faire le ménage et de se concentrer humblement sur la nécessité d'unité avec humilité sur l'essentiel, ils ne passeront pas par le chas de l'aiguille.

Louis

[ De PP à L. - D'accord avec vous. C'est le seul côté positif de cette vilaine affaire. ]

Écrit par : louis | 05/02/2009

"TOUS"

> Il semble d'une grande importance que chaque catholique entende bien personnellement l'appel appuyé du Saint-Père contenu dans le communiqué de la secrétairerie d’Etat du Vatican : "Le Saint-Père demande l'accompagnement de la prière de TOUS les fidèles, afin que le Seigneur illumine le chemin de l'Eglise" et "Que grandisse l'engagement de TOUS les fidèles et des pasteurs pour SOUTENIR la grave et délicate mission du successeur de l'Apôtre Pierre comme gardien de l'UNITE dans l'Eglise". (c'est moi qui souligne)
Pourquoi ne pas commencer dès aujourd'hui une neuvaine à Saint-Joseph, patron de l'Eglise universelle (cf. 7ème jour St-Joseph, protecteur de l'Eglise) ?

Écrit par : Thomas | 05/02/2009

@ Fabrice

> La question de la succession apostolique dans l'Eglise anglicane a été longtemps discutée... et tranchée dans le sens de la non-validité des ordinations épiscopales dans cette Eglise.

Écrit par : Michel de Guibert | 05/02/2009

LES CONDUIRE A ÊTRE CLAIRS

> Ouf. Je trouvais cette affaire Williamson pénible au delà du dicible.
Egalement la possibilité qu'on puisse transiger avec Vatican II (dont Nostra Aetate fait partie).
Il me semble que l'institut du Bon Pasteur aussi devrait être conduit à clarifier ses positions sur tous ces chapitres...

Écrit par : Martine | 05/02/2009

COMPATIBLES ?

> Ce qu'il faut n'est pas "reconnaître" les lefebvristes, mais qu'ils acceptent de se "recycler". Ou plutôt : de se convertir. Eh oui. L'idée les scandaliserait sûrement, car ils croient que c'est à Rome de se convertir à la lumineuse pensée de feu Marcel Lefebvre ; mais ils sont là dans une erreur "véhémentement suspecte", comme aurait dit mon glorieux homonyme d'antan. Le lefebvrisme n'est pas une réaction de sauvegarde du rite ancien de la messe, ni même d'une certaine théologie. C'est une idéologie séculière à langage religieux. En tant que telle (et quelle que soit sa couleur politique), cette idéologie n'est pas compatible avec le "sentire cum Ecclesia". Voilà le problème. Pour être recyclable dans l'Eglise, le lefebvriste doit accepter de vivre une véritable CONVERSION : renoncer à ses opinions dans la mesure où celles-ci contredisent la pensée du Magistère. Si le lefebvriste s'y refuse, qu'il aille se faire voir. S'il se convertit, alleluia.

Écrit par : Bernard Gui | 05/02/2009

COMPLOT ?

> Un article du Monde repris par le Temps suggère un complot contre Benoît XVI. Qu'en pensez-vous? Le rapprochement me laisse songeur : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/3aa75ca6-f352-11dd-b16d-c1f112b95020|0
Merci pour vos articles. Espérons que de tout ce mal sorte un plus grand bien et que l'on puisse changer de sujet !

Dom

[ De PP à D. - Mlles Venner et Fourest, c'est "puisque ces choses nous dépassent, feignons d'en être les organisatrices". Elles courent désespérément derrière les médias pour faire parler d'elles, après le bide commercial et moral de leur petit pamphlet antiromain d'octobre dernier (qui leur a valu de se faire ridiculiser à la TV par JC Guillebaud et M Kubler). D'ailleurs : militer contre le catholicisme, c'est normal de la part de ces deux anticatholiques militant(e)s, ce n'est pas un complot. Personne n'a forcé Williamson à exprimer les saletés qu'il a dans le crâne. Et il savait parfaitement être interviewé par des Suédois cathophobes ; donc il savait l'usage qui serait fait de ses propos. Cet homme est un criminel.
S'il y a eu complot contre le pape, on doit - hélas, hélas - le chercher dans les murs du Vatican. Il a consisté à ne pas informer le pape de ce qu'était Williamson. Puis à ne pas protéger le pape contre les attaques gigantesques que suscitait (inévitablement) les propos obscènes de Williamson. Rendez-vous compte : 24 heures après que le scandale Williamson ait éclaté, on disait au Vatican que c'était "dans un journal" et que W. avait "démenti les propos" - alors que c'était à la télévision et impossible à démentir !!! J'ai eu, personnellement, la preuve directe de cette situation de désinformation à Rome.
Et puis enfin, quoi : un homme aussi opposé à la pensée de l'Eglise n'a pas sa place dans l'Eglise. Il faut appeler les choses par leur nom. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Dom | 05/02/2009

@ Bernard Gui

> Exact. Quand j'entends comparer les lefebvristes à l'enfant prodigue, je suis scandalisé jusqu'à l'os : car l'enfant prodigue dit : "Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi." Vous avez entendu les lefebvristes dire ça ? Jamais !

Écrit par : Chtonk | 05/02/2009

EXACTE

> Dans Le Monde, une analyse plutôt exacte à un ou deux points près :
http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/02/04/integristes-le-vatican-pense-que-les-protestations-passeront_1150425_0.html

Écrit par : Zoum | 05/02/2009

COMME SI

> Il est piquant de lire dans l'interview de Fiammetta Venner : "la question est de savoir si
l’« unité de l’Eglise » se fera au détriment de ceux qui restent attachés à Vatican II, à son œcuménisme." Comme si la question pouvait avoir de l'importance pour elle et Caroline Fourest !

Michel de Guibert


[ De PP à MG - Presque aussi piquant que d'entendre Christian Terras se déclarer fidèle de "tous les conciles de l'histoire de l'Eglise" ! Mais c'est le le drame de toute cette affaire : elle remet à flot les barcasses les plus avariées. Comme naguère l'affaire Gaillot. Et dans les deux cas, la faute en revient à la très mauvaise communication du Vatican. Si incroyablement mauvaise qu'elle ressemble à un sabotage... ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Michel de Guibert | 05/02/2009

@ PP

> Vous écrivez : "S'il y a eu complot contre le pape, on doit - hélas, hélas - le chercher dans les murs du Vatican." Vous pensez plutôt à des personnes prêtes à tout taire et cacher ou minimiser, voire à désinformer, pour réintégrer à tout prix les lefebvristes au risque d'éclabousser l'Eglise ou à des personnes prêtes à toutes les manoeuvres ou désinformations pour saborder cette main tendue aux lefebvristes par le Pape ?

Michel de Guibert

[ De PP à MG - Non : l'affaire des intégristes n'a été qu'une occasion comme une autre, pour des prélats "anti-Ratzinger", de mettre le pape en porte-à-faux vis-à-vis de l'opinion publique. Ils auraient aussi bien utilisé un autre dossier, pourvu qu'il soit susceptible de produire le même effet. C'est en tout cas ce qu'on dit à Rome ces jours-ci. Selon les mêmes sources, là est le vrai motif de la déclaration de Schönborn : il s'est porté au secours du pape en désignant en pointillé les coupables. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Michel de Guibert | 05/02/2009

LA MARMITE DU DIABLE

> Bonne démonstration! Merci et placet ! Cette histoire est vraiment la marmite du diable! Un terrible révélateur! Je ne comprends pas pourquoi c'est le pape seul qui doit présenter des explications et donner des excuses, sans que dans la Curie on le fasse de manière plus ouverte. Permettez-moi une citation de Jean-Paul II dans son discours à la Curie en 2000 : "Très chers frères, que cette perspective de foi marque également constamment votre service particulier. Si le Christ soutient celui qu'Il a choisi comme Successeur de Pierre, il ne manquera certainement pas d'accorder sa grâce également à vous, qui avez reçu la tâche difficile de le seconder. Mais si le don est grand, la responsabilité d'y répondre de façon appropriée est également importante. La Curie romaine doit donc être un lieu dans lequel on respire la sainteté. Un lieu où ne doivent pas exister la compétition et l'esprit de carrière, un lieu dans lequel ne doit régner que l'amour pour le Christ, manifesté dans la joie de la communion et du service, en imitant Celui qui "n'est pas venu pour être servi, mais pour servir" (Mc 10, 45). "

Écrit par : Dom | 05/02/2009

@ Zoum

Le lien est inexact ou mort...

[ De PP à MG - Le Monde a changé le lien. Maintenant ça marche. ]

Écrit par : Michel de Guibert | 05/02/2009

@ PP

Votre hypothèse de prélats "anti-Ratzinger" faisant flèche de tout bois est encore plus terrible que ce que j'imaginais...
Mais il me semble que le Cardinal Schönborn ne dit pas exactement cela ; je cite :
"L'on doit ici adresser une critique certaine aux collaborateurs du Vatican qui dans ce cas, de manière évidente, n'ont pas regardé la chose de suffisamment près ou qui n'ont pas creusé l'information avec assez d'égards".
Il me semble qu'il vise là des imprudences coupables en amont au moins autant que la gestion maladroite ou malintentionnée de la crise...
Michel de Guibert

[ De PP à MG - Le simple fait qu'un cardinal (surtout celui-là) s'autorise à mentionner publiquement un problème interne au Vatican, est exorbitant. Cela ne peut désigner qu'un problème si grave qu'il faut le divulguer pour que l'abcès soit crevé. Et cela confirme les enquêtes récentes sur l'existence d'une "opposition" antiratzingérienne. Cela dit, rien de nouveau sous le soleil : les coups tordus à Rome ne datent pas d'hier. Le fait que l'Eglise y ait survécu est même une preuve de son caractère surnaturel. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Michel de Guibert | 05/02/2009

@ PP

J'ai grande confiance dans le Cardinal Schönborn, et je pense que le Cardinal Lustiger n'aurait pas réagi autrement que lui.
Certes, il est clair qu'il y a une "opposition" anti-Ratzinger à Rome (et ailleurs), mais il me semble que le cardinal Schönborn attribue plutôt la « faute » à ceux qui, à la Curie, "n'ont pas regardé la chose de suffisamment près ou qui n'ont pas creusé l'information avec assez d'égards", autrement dit à ceux qui ont instruit le dossier des lefebvristes sans mener une enquête suffisamment approfondie sur les quatre évêques concernés.

Michel de Guibert

[ De PP à MG - Les deux choses ne sont pas à séparer, justement ! Mais je ne veux pas en dire plus. Il faudrait donner des noms, et je m'y refuse. ]

Écrit par : Michel de Guibert | 05/02/2009

UN MERITE

> "Mgr" Tissier de Mallerais aurait déclaré ces jours-ci que c'est aux "modernistes" de se convertir et de renoncer à Vatican II...
Sur certains blogs intégristes, la résistance est plus qu'énergique. D'ailleurs certains vont jusqu'à parler de "l'abbé apostat Ratzinger"...
Finalement cette crise aura peut-être un mérite : tout le monde va devoir se positionner clairement par rapport au Pape et à Vatican II : intégristes et non intégristes.
Même les "tradis" qui reconnaissent le Pape mais critiquent sans arrêt le concile ou disent, pour mieux tirer la couverture à eux, qu'il est mal appliqué.
On va devoir faire un énorme travail de compréhension et de pédagogie, pour mieux repartir du bon pied.

Écrit par : Martine | 05/02/2009

Des cardinaux en état de choc…
par Jean-Pierre Denis

"Il y a un de problème de management dans l'Eglise". Ce n'est pas moi qui parle, c'est un cardinal. Et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit d'un cardinal allemand en charge de l'œcuménisme. Je veux parler du cardinal Kasper, qui était déjà, sous Jean Paul II, l'un des tenants de la ligne modérée au sein de la Curie, un avocat patient du dialogue entre l'Eglise catholique, les autres Eglises et le monde contemporain. "Il y a eu faute dans la politique de communication du Vatican", ce n'est pas moi qui parle, c'est un cardinal. Et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de l'archevêque de Vienne, patron de l'Eglise autrichienne, un homme certainement beaucoup plus proche que son collègue Walter Kasper de la pensée de Benoît XVI, puisqu'il fut un de ses grands électeurs lors du conclave. Je veux parler de Christoph Schönborn, un prélat qui passe lui-même, depuis des années pour papabile.
La question du gouvernement de l'Eglise était un sujet tabou. Sous l'effet de souffle de l'affaire Williamson, c'est devenu un débat public. Un débat politique, dans tous les sens du terme. D'abord parce qu'il concerne les rouages de pouvoir au plus haut niveau de l'Eglise, ce que l'on appelle la Curie. Ensuite parce que le pape compte certes d'abord comme chef spirituel, mais il est également souverain temporel d'une monarchie à la fois élective et absolue.
Que les cardinaux se soient mis à en parler de plus en plus ouvertement ces derniers jours, que d'autres acceptent désormais de l'aborder avec franchise dans des conversations privées, que des évêques français laissent entendre qu'ils ont eux-mêmes été confrontés à ce problème montre l'étendue du problème. La volte face de la Secrétairerie d'Etat, qui déclarait mardi 3 février que l'affaire était close avant de publier mercredi 4 une note apportant les précisions tant attendues, notamment en France et en Allemagne, prouve au passage qu'à Rome même, comme nous l'affirmions dès la semaine dernière, on est conscient de cette situation.
Derrière l'affaire Williamson, c'est donc la question de la réforme de la Curie qui revient sur la table. Au-delà, la crise provoquée par la levée des excommunications conduit aussi à s'interroger sur la question de la collégialité (une notion clé de Vatican II) et sur la collaboration entre les conférences épiscopales nationales et les organes centraux de l'Eglise, eux-mêmes sans doute beaucoup trop cloisonnés. C'est un dossier pour lequel Benoît XVI, pape mystique plus que politique, n'a sans doute guère de goût. Mais un dossier incontournable, sauf à exposer l'Eglise catholique à des nouvelles difficultés à l'occasion d'autres prises de décision mal ficelées, sur des sujets sensibles à résonance planétaire.

http://www.lavie.fr/l-hebdo/une/article/0974-des-cardinaux-en-etat-de-choc/

Écrit par : Ce qu'a dit JP Denis, cité | 05/02/2009

Une éthique de l’information
Editorial de Gérard Leclerc

Notre confrère Libération consacrait sa « Une », lundi dernier, à l’affaire de la tentative de réconciliation entre Rome et la Fraternité Saint-Pie X, en utilisant un titre pour le moins ambigu  : « Benoît XVI, le calice négationniste ». En soi un tel titre semble cautionner les pires calomnies diffusées durant plusieurs jours contre le Pape. Ne parle-t-on pas de boire le calice jusqu’à la lie  ? Benoît XVI aurait donc accepté de se réconcilier avec un évêque ouvertement négationniste, en pleine connaissance de cause  ? Heureusement, le sous-titre modère quelque peu la provocation pour une information plus objective  : « Nombre de catholiques s’indignent du retour dans le giron de l’Église, décidé par le Pape, de prêtres intégristes, dont l’un nie la Shoah ». Il n’empêche que même ce genre de formules se joue de l’ambiguïté pour suggérer ce qu’on n’ose pas toujours dire en clair. À savoir que l’Église romaine est prête à toutes les concessions pour amadouer « les intégristes », y compris la tolérance pour le négationnisme. En fait, le dossier proposé par Libération aboutit à tordre le cou même aux ambiguïtés. Laurent Joffrin reconnaît honnêtement que le scandale est venu d’un « hasard médiatique ». Et l’entretien publié avec le philosophe Rémi Brague montre que nombre de catholiques reconnaissent le bien fondé d’un dialogue en vérité avec les traditionalistes.
Peut-on tirer d’ores et déjà la leçon de pareil emballement médiatique  ? Sans trop cultiver l’illusion qu’on mettra fin aux pratiques douteuses et aux coups bas  ? La première mission de l’information est de s’interroger sur l’origine de ce qui a été rapporté, en vérifiant soigneusement la conjonction des événements et leur possible manipulation à des fins idéologiques. Par exemple, quel rapport y avait-il entre la volonté du Saint-Siège de faire avancer le dossier traditionaliste et la déclaration insensée d’un incontrôlé à laquelle personne ne s’était intéressé lorsqu’elle avait été diffusée, en novembre dernier. Il n’est pas superflu de vérifier s’il n’y a pas désaccord profond entre l’évêque Williamson et son supérieur Bernard Fellay. L’éthique de l’information suppose une extrême rigueur non seulement dans la vérification des faits mais aussi dans la validation des interprétations. Sur des sujets aussi graves, on n’a pas le droit de se contenter de rumeurs, et d’opérer des rapprochements hasardeux. Et lorsqu’on ose se fonder sur eux pour s’ériger en procureur, le sommet de la désinformation n’est pas seulement atteint, c’est la vérité et la justice qui sont bafouées, au point de faire perdre toute confiance dans la presse et les médias modernes.

http://www.france-catholique.fr/Une-ethique-de-l-information.html

Écrit par : Ce qu'a dit G. Leclerc, cité | 05/02/2009

L'Eglise n'ouvre pas sa porte qu'aux "parfaits",
par le Cardinal André Vingt-Trois

En 1988, Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de la Fraternité Saint-Pie-X, passant outre à l'interdiction et aux avertissements que lui avait adressés le pape Jean Paul II, consacrait évêques quatre de ses prêtres, au mépris de la tradition la plus ancienne de l'Eglise. Ce faisant, il entrait dans une rupture formelle avec l'Eglise qu'il prétendait défendre et l'excommunication était prononcée contre lui et les quatre intéressés.
Le pape a la mission de veiller à l'unité de l'Eglise. Ni Jean Paul II ni Benoît XVI ne pouvaient prendre leur parti de cette dérive schismatique qui entraîne dans la déviance des gens de bonne volonté. Ils ont tenté de rétablir cette unité avant que les situations se cristallisent.
Lors de la rupture entre l'Orient et l'Occident comme au moment de la Réforme, de chaque côté, des esprits avisés et motivés par l'amour de l'Eglise ont tenté d'éviter la fracture. Ils n'ont pas pu réussir. Tirant les leçons des siècles passés et conscients de leur charge particulière, Jean Paul II et Benoît XVI, pour éviter un schisme durable, ont ouvert des portes les unes après les autres. A ce jour, bien peu ont pris sur eux de les franchir. La décision de Benoît XVI est une nouvelle chance donnée à la force de la communion sur les forces de la division.
Cette décision a suscité beaucoup de réactions : comme si l'ouverture de la porte était l'approbation de toutes les erreurs ! L'émotion a donné à entendre des propos surprenants appelant l'Eglise à condamner et à exclure... Je ne me sentirais pas bien à ma place dans une Eglise qui n'ouvrirait ses portes qu'aux "parfaits". Je pense que beaucoup des hommes et des femmes qui ont été appelés par le Christ à mener une vie nouvelle n'étaient pas très recommandables. Je suis heureux que mon Eglise soit assez forte pour appeler à la conversion. Cette ouverture de l'Eglise n'est jamais une approbation du mal commis. Elle est toujours un appel à se convertir.
La peur n'est pas bonne conseillère. Tout au long de ces jours, je me suis demandé qui avait peur de qui et de quoi. Les fantasmes du "retour en arrière", ceux d'une trahison du concile Vatican II, qui ont été agités comme des périls immédiats, sont-ils vraiment capables de nous aider à comprendre la situation et à la vivre ? J'en doute. Il y a plus de quarante ans, ce concile a recueilli les fruits du dynamisme et de la vitalité de l'Eglise et leur a donné leur efficacité institutionnelle.
Le mouvement liturgique, le mouvement oecuménique, les recherches bibliques et patristiques, sont sortis des cercles des pionniers et des spécialistes pour enrichir la vie chrétienne de tous. Ce qui a surgi du concile, ce n'est pas une autre Eglise, c'est l'Eglise catholique avec toute sa tradition, rajeunie et revigorée. Interpréter le concile comme une fracture engendrant une autre Eglise, n'est-ce pas précisément faire le jeu de ceux qui dénient à l'Eglise conciliaire le droit d'assumer la tradition et qui s'en réservent la défense exclusive contre tous ?
Il n'y a pas plus de nouvelle Eglise qu'il n'y a de nouvelle messe. Il y a l'évolution vivante de la tradition ecclésiale qui se développe sous la conduite des pasteurs légitimes de l'Eglise.
Si nous devons craindre quelque chose, ce ne sont pas les risques qu'une minorité de catholiques feraient courir à la vie de l'Eglise, à son dynamisme et à sa mission. C'est bien plutôt que notre timidité et nos lenteurs ne laissent s'affadir le dynamisme de la foi. Nous avons suffisamment de signes de la vigueur de l'Evangile en ce temps pour ne pas trembler devant des risques hypothétiques. La peur engendre la méfiance et l'intolérance, sinon la jalousie.
A ceux qui récriminent contre sa générosité, le maître de la vigne répond : "Ton oeil est-il mauvais parce que je suis bon ?" (Matthieu XX, 15). Aujourd'hui, à qui profite la hargne qui se donne libre cours ?
Et maintenant ? La porte a été généreusement ouverte. Qui va se présenter pour saisir la main tendue et à quelles conditions ? Si j'en crois certains discours largement diffusés sur Internet, un certain nombre des membres de la Fraternité Saint-Pie-X ne se disent pas prêts à reconnaître la tradition ecclésiale dans le concile Vatican II ni la messe que célèbrent le pape et la totalité des évêques catholiques. On attend aussi de savoir si ceux d'entre eux qui prônent le négationnisme sont décidés à y renoncer, non seulement par des propos de circonstance, mais réellement et profondément.
Depuis maintenant un demi-siècle, nos relations avec les juifs, "nos frères aînés", ont pris un tour nouveau. Elles sont faites non seulement de respect et d'estime, mais d'une réelle amitié, tant entre les responsables de nos communautés que dans les relations habituelles entre juifs et chrétiens. Cette évolution n'est pas une posture stratégique ou politique.
Elle s'enracine dans une véritable conviction théologique. Elle est appelée à durer et à se développer, et nous ne ménageons rien pour répondre à ce que nous considérons comme un signe des temps et un appel. Sur tout cela, le pape Benoît XVI s'est engagé fortement et encore mercredi 28 janvier. Nous n'en sommes pas surpris et nous nous en réjouissons.

http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/02/03/l-eglise-n-ouvre-pas-sa-porte-qu-aux-parfaits-par-andre-vingt-trois_1150082_0.html

Écrit par : Le texte du cardinal Vingt-Trois, cité | 05/02/2009

« Le pape est obsédé par la résolution des schismes »

INTERVIEW de Rémi Brague dans "Libération"
Recueilli par C. C.

Rémi Brague, philosophe, universitaire, est notamment l’auteur de « Du Dieu des chrétiens et d’un ou deux autres » (Flammarion, 2008). Il est l’un des signataires de « l’appel des intellectuels catholiques » lancé par le magazine La Vie, intitulé « Pas de négationnistes dans l’Eglise ».

Pourquoi avez-vous signé cet appel ?
C’est assez simple. Je craignais ce qui s’est passé depuis, à savoir une confusion entre une démarche purement juridique qui est celle de la levée d’une excommunication, et l’approbation donnée aux propos scandaleux d’un homme sur un sujet particulièrement sensible. Pour l’Eglise, en effet, le peuple juif n’est pas n’importe quel peuple, mais un peuple auquel elle est liée de toutes les fibres. Commettre une telle erreur est d’autant plus facile que les gens, et les journalistes, ne connaissent rien au fonctionnement juridique de l’Eglise et associent la déclaration du négationniste Williamson et, deux jours plus tard, la levée de l’excommunication. Or, ces deux événements sont sans rapport, même s’il est vrai que cette coïncidence tombe mal. La levée d’une excommunication ne signifie pas une réintégration automatique, et la balle est maintenant dans le camp des intégristes. Leur réintégration va dépendre de leur attitude, le point essentiel étant de savoir s’ils acceptent l’autorité du concile Vatican II.

Pourquoi le pape a-t-il décidé de lever, selon vous, l’excommunication ?
Il semble que le pape soit obsédé par le jugement que l’Histoire pourrait porter sur lui. A savoir un homme qui n’a pas réussi à résoudre ce schisme. Son métier est de faire tout ce qu’il peut pour éviter que les choses ne deviennent irréparables. Or le schisme avec l’Eglise d’Orient dure depuis plus de mille ans, et ne parlons pas de la Réforme protestante, même si c’est plus récent. Tout ceci doit l’obséder.

Benoît XVI a-t-il une chance de convaincre les intégristes de rentrer dans le rang ?
Ratzinger, avant d’être pape, a manœuvré avec ces gens-là en très fin diplomate. Contrairement à l’apparence qu’ils essaient de donner, les lefebvristes ne forment pas un front absolument uni. Il y a parmi eux des gens intellectuellement plus respectables que Monseigneur Williamson et tout prêts à entrer en communion avec les autres évêques. Nous espérons qu’ils seront les plus nombreux possibles.

A priori, on peut avoir l’impression que le dialogue avec les intégristes va être difficile car ils sont très sûrs d’eux, mais on verra. Un pasteur comme le pape n’a pas le droit d’anticiper sur la réaction possible de gens, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de supposer qu’elle pourrait être négative.

Tout de même, les intégristes flirtent de très près avec l’extrême droite : Philippe Laguérie, ancien lefebvriste rentré dans le rang, a célébré le baptême de la fille du comique Dieudonné avec pour parrain Jean-Marie Le Pen… D’autres continuent à célébrer le culte du maréchal Pétain.
Quand on vous demande de baptiser un gosse, vous ne cherchez pas à savoir quelle est l’attitude des parents, ni ce que pense le parrain. C’est l’enfant que l’on baptise et on ne confesse pas les parents et les parrains. Par ailleurs, il est clair que les intégristes chassent sur les terrains de la bonne droite traditionnelle, qui n’a rien compris, rien appris, ni sur le maréchal, ni sur le reste.

Mais on a bien discuté avec les communistes dans les années 50 et 60. C’était d’ailleurs peu fructueux : on était tous pour «la paix», mais ce mot n’avait pas le même sens des deux côtés. Pourquoi ne pas risquer le même exercice avec les intégristes ? On vit dans une société qui fait l’apologie du dialogue. Et on nous demande de dialoguer avec tout le monde. Je ne vois pas pourquoi en exclure les intégristes.


http://www.liberation.fr/societe/0101316172-le-pape-est-obsede-par-la-resolution-des-schismes

Écrit par : L'itw de Rémi Brague, citée | 05/02/2009

> Michel Kubler : "Les choses sont clarifiées et il faut s'en réjouir"

Rédacteur en chef religieux de "La Croix", Michel Kubler réagit à la publication de la note de la secrétairerie d'Etat sur l'affaire Williamson, mercredi 4 février
Pour écouter Michel Kubler :

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2364266&rubId=4078

Écrit par : Michel Kubler, cité | 05/02/2009

Mgr Hippolyte Simon : « Enfin ! nous attendions cela depuis le 24 janvier ! »

Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont et vice-président de la Conférence des évêques de France se réjouit de la clarification apportée par la Secrétairerie d’État

Comment réagissez-vous au fait que la Secrétairerie d’État demande à l’évêque intégriste négationniste Richard Williamson de prendre « ses distances sans équivoque et publiquement » avec ses déclarations sur la Shoah ?

Mgr Hippolyte Simon : Enfin ! nous attendions cela depuis le 24 janvier, date de la publication par le Vatican du décret levant l’excommunication des quatre évêques intégristes.

Comment comprenez-vous l’expression utilisée dans ce communiqué « avant d’être admis à des fonctions épiscopales » ?

Une fonction épiscopale ne signifie pas forcément une charge canonique dans un diocèse. Il faut distinguer, en effet, pouvoir d’ordre et pouvoir de juridiction. Quant à savoir si Richard Williamson sera admis à exercer une fonction épiscopale, il est trop tôt pour répondre. Cela dépend de lui. La balle est dans son camp ! S’il veut à nouveau se servir de cette condition comme d’un prétexte pour ne pas reconnaître l’autorité de l’Église, libre à lui. En tout cas, la preuve est faite – s’il y avait besoin d’une preuve – que les quatre évêques intégristes n’ont pas encore été réintégrés par le Vatican, comme cela a été dit trop souvent ces derniers jours.

Du coup, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France compte-t-il maintenir son prochain voyage à Rome ?

Je ne sais pas qui a lancé cette information, mais elle est fausse. Nous n’avons pas décidé d’aller à Rome et nous avons encore moins de raisons d’y aller puisqu’il n’y a plus d’urgence. Cette demande de la Secrétairerie d’État ouvre un long espace-temps. Désormais, les choses sont plus claires et il faut maintenant laisser décanter…

Le communiqué émanant de la Secrétairerie d’État pose également comme « condition indispensable à une future reconnaissance de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) la pleine reconnaissance » du concile Vatican II et du Magistère des papes qui ont suivi ce concile. Qu’en pensez-vous ?

Cela me paraît en effet élémentaire. Je n’ai pas dit autre chose dans mon texte : Pourquoi j’obéis au pape, en juillet 2007, au moment du motu proprio, lorsque j’écrivais que Benoît XVI accordait tout aux intégristes sur la forme des rites, mais qu’il ruinait l’argumentaire de Mgr Lefebvre sur le fond, aussi bien sur le Missel de 1970 que sur la liberté religieuse ou l’œcuménisme.

Recueilli par Claire LESEGRETAIN


http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2364270&rubId=4078

Écrit par : Mgr Hippolyte Simon, cité | 05/02/2009

Une remarque sur l'intervention de Martine :

> Vous écrivez "Même les "tradis" qui reconnaissent le Pape mais critiquent sans arrêt le concile ou disent, pour mieux tirer la couverture à eux, qu'il est mal appliqué.".
J'ai peur d'avoir mal compris votre propos. Si les textes issus du Concile Vatican II étaient si bien appliqués que cela, sans déformation, pourquoi le thème de l'herméneutique de la continuité serait-il autant mis en valeur et expliqué par le Magistère actuel et singulièrement par le Saint-Père Benoît XVI (cf. discours du 22/12/2005 et développements ultérieurs)?
S'accorder sur ce diagnostic n'est-il pas primordial pour éviter, justement, de nouveaux schismes, rampants ou non ?
Merci M. de Plunkett pour la reproduction du communiqué de Mgr Simon. Cependant, je regrette qu'il associe de façon exclusive, semble-t-il, les "intégristes" et le Motu Proprio sur l'usage des livres liturgiques de 1962 : comme tout autre document magistériel, ce texte est pour TOUTE l'Eglise. Je pense qu'il n'est pas juste de perpétuer ce raccourci qui contribue à entretenir l'amalgame dans bien des esprits.

Écrit par : Thomas | 06/02/2009

Le Vatican apporte les précisions tant attendues sur l'affaire Williamson

Après dix jours de rebondissements dans la crise intégriste, une note de la Secrétairerie d’État somme Mgr Williamson de retirer publiquement ses propos négationnistes


Cette fois, la clarification est venue de la Secrétairerie d’État, l’instance la plus haute du Saint-Siège.

En trois points, elle veut lever toute ambiguïté par rapport à la levée de l’excommunication des évêques, et notamment les déclarations négationnistes de Mgr Williamson, à qui il est demandé de retirer publiquement ses propos « absolument inacceptables » sous peine de ne pas être admis comme « évêque de l’Église catholique ».

L’admonestation de la chancelière allemande, mardi 3 février, a enlevé les dernières hésitations de ceux qui refusaient de mesurer l’ampleur de la crise, et a amené à la rédaction de cette note solennelle. En effet, les critiques d’Angela Merkel ont provoqué une véritable tempête au Vatican, mardi soir, alors que l’on croyait, selon les propos du secrétaire d’État, le cardinal Tarcisio Bertone, que l’affaire pouvait être « considérée comme close ».
Exceptionnel

Il est extrêmement rare qu’un chef d’État demande des clarifications au pape. Et lorsque ce chef d’État est celui du pays d’origine du pape, c’est encore plus exceptionnel… La rapidité de la première réponse, le communiqué rédigé dès mardi soir par le P. Lombardi, directeur du bureau de presse, en témoigne. Mais depuis, les coups de téléphone n’ont pas cessé. D’abord, parce que le pape suit de près l’actualité allemande. Si l’émotion en France est restée relativement sous-évaluée ici, en revanche, ce qui se passe depuis quelques jours en Allemagne ne l’est pas. De plus, Benoît XVI estime Angela Merkel et a été sensible au fait qu’elle ait parlé comme « chrétienne » sur un sujet très douloureux pour la mémoire allemande.

C’est d’ailleurs bien des rangs germaniques qu’était venue la contestation interne la plus dure depuis quelques jours. Le cardinal allemand Walter Kasper, son compatriote le cardinal Lehmann, et le cardinal autrichien Christoph Schönborn, ont clairement critiqué la décision de lever des excommunications, ou du moins la manière dont cela était géré. De plus, Angela Merkel menaçait de faire contagion auprès d’autres responsables politiques. Mardi déjà, les présidents de la Chambre des députés et du Sénat de la Pologne lui emboîtaient le pas, critiquant une décision qui, ont-ils dit, « créait la confusion dans l’Église ».

À cela s’ajoute le problème d’Israël, avec qui le Saint-Siège tente de négocier la visite de Benoît XVI, et plus généralement la communauté juive, avec laquelle la Curie souhaite aujourd’hui retisser des liens. Le fait de dire clairement qu’on ne peut être à la fois évêque de l’Église et négationniste devrait la rassurer. « C’est le signe qu’attendaient tous les juifs du monde », a réagi, dès mercredi soir, le président du Congrès juif mondial, Ronald S. Lauder.
Le vent a tourné à l’intérieur de la Curie

En Europe, la crainte des évêques était que se réveillent dans l’Église de vieux démons antisémites. Un homme venant d’Amérique latine comme le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la Commission Ecclesia Dei, en charge du dossier intégriste à Rome, était passé à côté du problème. De ce point de vue, la mention précisant que le pape n’était pas au courant des positions de Williamson concernant la Shoah, au moment où il a donné son feu vert pour la levée de l’excommunication, sonne comme un désaveu à l’encontre du cardinal.

La note de la Secrétairerie d’État montre de manière très claire que, après un moment d’hésitation, le vent a tourné à l’intérieur de la Curie. Le Vatican, comme toute institution, est traversé par des tendances diverses. Celle représentée par le cardinal Castrillon Hoyos visait à réaliser l’unité à tout prix avec la mouvance intégriste, au risque de revoir la lecture du concile Vatican II.

Le fameux discours du pape en décembre 2005 sur la juste interprétation du Concile, son motu proprio libéralisant la messe en rite tridentin, et enfin les modifications liturgiques qu’il apportait progressivement, avaient semblé ouvrir la voie en ce sens. C’était mal juger de la manière dont l’Église, à Rome, reste profondément attachée au Concile.
Le pape va-t-il changer des responsables ?

Depuis quelques jours, des responsables comme le cardinal Kasper, ou le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la Congrégation pour les évêques, faisaient connaître leur désapprobation. La Conférence épiscopale italienne avait pris ses distances, demandant à ce que l’on pose comme condition l’acceptation totale de Vatican II. Jusqu’à l’hebdomadaire catholique Famiglia cristiana, qui s’inquiète cette semaine de ce que ces événements allaient venir « brouiller l’image de Vatican II ».

De manière inhabituelle, la note de la Secrétairerie d’État fait mention non seulement du Concile, mais aussi du Magistère des papes Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul Ier, Jean-Paul II et Benoît XVI. Une interprétation très large, qui relativise la fameuse distinction opérée entre le Concile lui-même et son interprétation, par Benoît XVI. Cette fois, on précise que les intégristes doivent reconnaître non seulement le Concile, mais aussi le Magistère des papes qui l’ont interprété, notamment Paul VI et Jean-Paul II : il suffit de penser à la rencontre interreligieuse pour la paix à Assise, organisée par ce dernier, objet des critiques acerbes de la Fraternité-Saint-Pie-X.

Comment va désormais pouvoir se résorber la fracture avec celle-ci ? Le cardinal Castrillon Hoyos va-t-il poursuivre lui-même les négociations ? Mercredi 4 février, la presse italienne, y compris le très sérieux quotidien économique Il Sole, titrait sur la « mauvaise gouvernance » au Vatican. Le pape va-t-il changer des responsables ? On sait combien il répugne à agir sous la pression. En attendant, le communiqué apporte enfin les précisions sur la situation des évêques et membres de la Fraternité, que l’on attendait depuis dix jours. Dix jours d’un douloureux gâchis.

Isabelle DE GAULMYN, à Rome


http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2364253&rubId=1098

Écrit par : Dans la Croix, citée | 06/02/2009

P. Lombardi : « Nous n’avions pas en main la maîtrise de cette communication »

Le porte-parole du pape, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, revient sur la crise intégriste de ces derniers jours


La Croix : Le décret levant l’excommunication des évêques intégristes a provoqué une grande émotion. Qu’est-ce qui vous a manqué pour mieux l’expliquer ?

P. Lombardi : Le problème de ce décret, c’est qu’il a été négocié jusqu’au dernier moment et que certains points restaient confus. Il ne marquait pas l’aboutissement d’un processus, mais une étape, donc sans donner un résultat clair. Cependant, le communiqué l’accompagnant laissait trop d’aspects dans le doute, donnant lieu à diverses interprétations. De plus, comme il s’agit d’une négociation avec une autre partie, le document se trouvait déjà sur certains sites et journaux. Nous n’avions pas en main la maîtrise de cette communication.
N’y a-t-il pas eu insuffisance de communication ?

Pour l’Église, le problème de la communication n’est pas simple. Faut-il dire tout et tout de suite ? Parfois, il vaut mieux ne pas parler. Une communication très ouverte, surtout concernant un processus de négociation aussi complexe, peut parfois le bloquer, ou le discréditer. Mais dans ce cas précis, ce qui a été le plus dommageable, c’est la concomitance entre la question de l’excommunication et la diffusion des positions négationnistes – et injustifiables – de Mgr Williamson.
Aurait-on pu l’éviter ?

Honnêtement, le point délicat est de savoir qui connaissait les opinions de cet homme. Lorsqu’on propose au pape de lever l’excommunication de quatre évêques, il ne s’agit pas d’un nombre important, comme s’ils étaient 150. On les connaît, ces quatre évêques. Sans doute les personnes qui ont géré cette affaire n’avaient-elles pas conscience de la gravité des propos de Mgr Williamson. Il est vrai que les négociations ont été menées avec Mgr Fellay. Mais les positions des autres évêques n’ont pas été suffisamment prises en compte. Ce qui est sûr, c’est que le pape l’ignorait. S’il y en a un qui devait le savoir, c’est le cardinal Castrillon Hoyos.
Voyez-vous une évolution des médias, plus hostiles envers l’Église ?

Les médias ne sont pas plus ou moins mauvais qu’autrefois. Ils reflètent notre monde. Soyons lucides : il existe des courants opposés à l’Église, qui la considèrent comme liberticide, etc. Le message de l’Église est aujourd’hui souvent à contre-courant de la pensée majoritaire, dont les médias sont naturellement les porte-parole. Mais les réactions peuvent aussi être positives. On l’a bien vu lors de la mort de Jean-Paul II. Et il faut se souvenir que les voyages de Benoît XVI aux États-Unis, en Australie et en France, où pourtant, au départ, l’opinion publique était loin d’être acquise, ont montré que son message pouvait aussi être bien retransmis par les médias.
Les catholiques eux-mêmes ont du mal à comprendre les décisions du Vatican. Pourquoi ?

Certains documents sont destinés aux spécialistes du droit canonique, d’autres aux théologiens, d’autres à l’ensemble des catholiques et d’autres à tous les hommes. Mais aujourd’hui, quelle que soit la nature du document, il se retrouve directement sur la place publique. Cela devient difficile à gérer.
Dans cette crise, votre communication ne s’est-elle pas faite en lien avec les épiscopats locaux ?

Lorsque l’on est prévenu à temps, on essaie de prendre des contacts. Parfois, le document est déjà entre les mains des évêques locaux, avant même que nous l’ayons. Je crois qu’une culture de la communication reste encore à créer au sein de la Curie, où chaque dicastère communique de manière autonome, ne pense pas forcément à passer par la Salle de presse, ni, lorsque l’information est complexe, à rédiger une note explicative.
Quelles leçons tirer de cette crise ?

Si les explications de la note de la Secrétairerie d’État du 4 février avaient été données dès la publication du décret, nous nous serions épargné plusieurs journées de passion. Surtout lorsqu’il s’agit de sujets « brûlants », il est préférable de bien préparer ses explications. Mais il est impossible d’éviter toute difficulté. Nous devons aussi être prêts à courir des risques. Et on ne peut certainement pas penser progresser dans une voie de réconciliation sans lever les ambiguïtés.
Recueilli à Rome par Isabelle de GAULMYN


http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2364367&rubId=4078

Écrit par : Le P. Lombardi dans La Croix, cité sur | 06/02/2009

La levée de l’excommunication
de quatre évêques

L’affaire des quatre évêques a bouleversé l’opinion.
Comment ne pas comprendre le dégoût qui s’est emparé de nos concitoyens à propos de Monseigneur Williamson et de son révisionnisme ?
D’une part, c’est sinistre.
D’autre part, c’est stupide.
Et les remous soulevés par cette affaire sont, eux, plutôt réjouissants. Ils disent : « Plus jamais cela ».

Il y a un amalgame entre la levée de l’excommunication et l’affaire Williamson. Cet amalgame est certainement dû à un mauvais « timing » de la communication du Pape. On peut l’accorder.
Mais il y a plus, et l’immense désarroi est en grande partie le fait d’un manque de confiance envers le Pape.

Voyant un titre dans le journal accusant son frère, on prendrait le temps de téléphoner au frère en lui disant : « Je te fais confiance. Explique-moi ce qui est arrivé ».
Là, on a accusé avant de s’être renseigné.
Le communiqué de Rome affirmait que les évêques excommuniés reconnaissaient l’autorité du Pape.
On aurait pu s’en réjouir.
Le communiqué de Rome ne parlait pas de réintégration.
On aurait pu faire confiance.
Au lieu de cela, on accuse le Pape d’antisémitisme, on le soupçonne de brader Vatican II…
Est-ce juste ?

Messieurs les bons apôtres qui donnez des leçons d’Eglise à qui veut les entendre, savez-vous ce que sont la vérité ?... la justice ?
Mes frères qui souffrez, prenez le temps de réfléchir avant de crier ! A qui ont servi vos cris ?

+ M. Dubost
Evêque d’Évry - Corbeil-Essonnes
le 30 janvier 2009


http://evry.catholique.fr/La-levee-de-l-ecommunication-de

Écrit par : L'avis de Mgr Dubost, cité | 06/02/2009

FUITES

> Un peu facile d'accuser les collaborateurs du pape. C'est de la bonne rhétorique. Mais le problème est ailleurs: ce sont les fuites à la curie en direction de certains vaticanistes (toujours les mêmes depuis l'affaire du motu proprio qui s'est déroulée de manière quasi similaire mutatis mutandis) pour susciter des réactions contraires dans le monde catholique. Le dossier se fait de plus en plus précis et l'on pourra en dire beaucoup plus dans quelque temps!
Vincent Pellegrini


[ De PP à VP - Non, le cardinal Schönborn n'est pas un rhétoricien. Il ne parle pas à la légère. Il est beaucoup, BEAUCOUP mieux informé que nous (et plus proche du pape). Ne repoussons pas son avertissement.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Vincent Pellegrini | 06/02/2009

A VINCENT PELLEGRINI

> Pardon, mais vous ne pouvez pas réduire cette histoire à une méchante fuite organisée méchamment par de méchants progressistes pour empêcher méchamment la mesure pro-tradis. Ca, c'est refuser de regarder en face le vrai dysfonctionnement, qui a été énorme, inouï et effarant : la Curie ne voyant pas l'étendue du légitime scandale soulevé par Williamson dans l'opinion, et pressant le mouvement pour publier le décret de levée d'excommunication au pire moment: c. à d. sans commencer par assainir le climat en condamnant Williamson et en rappelant qu'un concile oecuménique s'impose à tous les fidèles, sauf à devenir protestants.
Comment une pareille faute de pilotage a-t-elle pu être commise ? Pourquoi Rome, qui n'est jamais pressée, s'est-elle pressée pour une fois et au moment où il aurait fallu prendre son temps et parer à la première urgence ? C'est LÀ qu'il y a trouble et malaise. C'est de CELA que parle le cardinal Schönborn. C'est de cela aussi que les traditionalistes ne veulent pas parler, parce qu'ils sont très contents que le décret ait été publié précipitamment. Ils sont comme quelqu'un qui aurait mis le feu à la ville en allumant sa pipe. Vous me direz : ce n'est pas eux qui ont mis le feu, mais Williamson. Je répondrai que Williamson est l'un d'eux, et qu'ils s'en rendent objectivement complices en disant : "Circulez il n'y a rien à voir, cette affaire est sans importance, en parler c'est insulter le pape". D'abord, ce n'est pas insulter le pape que de parler de Williamson. Ensuite, l'affaire a de l'importance, et même beaucoup. Car elle parasite gravement la nouvelle évangélisation. C'est ici que les Athéniens s'atteignent : les traditionalistes sont indifférents à la nouvelle évangélisation, leurs centres d'intérêt sont ailleurs. Mais malheur à moi si je n''évangélise pas, disait Paul.

Écrit par : Festina Lente | 07/02/2009

ABOUT NOTHING

> 7 février : on apprend que Williamson récidive dans le plus pur style Faurisson, avec une itw au Spiegel. Et d'un.
Avec un peu de chance, on apprendra ensuite que les trois autres anathématisent vatican II usque ad infernos. Et de quatre.
SPQR : Si Peu Que Rien. Ou comme on dit chez les Williamson : much ado about nothing.

Écrit par : W. S. | 07/02/2009

@ Thomas :

> Vous m'avez parfaitement comprise : oui j'en ai assez que certains fassent leur fonds de commerce de la critique permanente et tout à fait négative de Vatican II, naïvement ou sciemment, en répétant le leit-motiv introduit par les intégristes, un lent poison, qui consiste à proclamer que le Concile est mal appliqué. C'est devenu une mode chez certains, une sorte de bon ton, de prêt à penser, presque une sorte de terrorisme, car il est bien vu, en plus, d'acquiescer, on a l'air plus intelligent, mais... ces gens là ne savent souvent même pas expliquer en quoi il est mal appliqué. On leur pose la question et alors ils vous répondent qu'un psaume responsoriel a été mal chanté le jour du mercredi des cendres à Viroflay...!
De là à dire qu'on n'a plus qu'à jeter le concile il 'y a qu'un pas, et c'est ce qu'ils cherchent...Critiquer négativement l'application du concile, c'est la porte ouverte à la critique du concile lui-même.
D'où la réponse du Pape sur l'herméneutique de la continuité, pour essayer de résister à ce poison.
Essayons partout où nous sommes de vivre les textes de ce concile, qui est à prendre en entier, dans lequel nous n'avons pas à faire notre marché, sur lequel nous devons travailler, en commençant par le lire nous mêmes dans sa totalité, se le faire expliquer si on ne le comprend pas, suivre les directives du magistère sur son application, et le mettre chaque jour dans nos vies en faisant confiance à l'Esprit Saint qui a éclairé ne l'oublions pas les évêques du concile...

Écrit par : Martine | 07/02/2009

@ Vincent Pellegrini

> Je veux bien déplorer avec vous les fuites vers les milieux "vaticanistes", mais je déplore bien plus encore la légèreté de ceux qui ont instruit le dossier des lefebvristes sans mener une enquête suffisamment approfondie sur les quatre évêques concernés et la précipitation avec laquelle le décret de levée des excommunications a été publié en négligeant avec une inconscience invraisemblable les conséquences extrêmement graves pour l'Eglise de cette précipitation coupable.

Écrit par : Michel de Guibert | 07/02/2009

PROVIDENTIEL

> Finalement, le fait que Mgr Williamson récidive avec le Spiegel est peut-être providentiel. Mgr Fellay est ainsi obligé de faire le ménage à l'intérieur de la Fraternité Saint-Pie X. Voici le commentaire que j'ai mis sur mon blog tout à l'heure:
Il semble que le schisme à l’intérieur même de la Fraternité Saint-Pie X (Ecône) ait commencé. Mgr Williamson n’a pas obéi à son supérieur, Mgr Bernard Fellay, qui lui avait donné l’ordre de se taire désormais sur tout ce qui touche à la politique et à l’histoire. Non seulement l’évêque négationiste ne s’est pas rétracté, mais il relance la polémique et compromet ainsi définitivement l’ouverture d’un dialogue de réconciliation entre le Vatican et Ecône. Il est désormais clair que Mgr Williamson veut torpiller le processus en cours entre Rome et les traditionalistes. Mgr Fellay n’a désormais plus d’autre choix que d’obtenir rapidement de Mgr Williamson une rétractation publique ou de l’exclure de la Fraternité Saint Pie X. Le bruit court que Mgr Williamson ne serait pas le seul évêque traditionaliste à traîner des pieds pour retourner au bercail romain. Mgr Fellay est dans une situation très difficile. Il ne reste plus qu’à prier pour qu’il ait le courage de choisir son camp et de passer du côté du pape. Reste que la Fraternité est plus démocratique qu’il n’y paraît. Les supérieurs de district, le Conseil du supérieur général, voire le chapitre général qui a élu Mgr Fellay ont aussi leur mot à dire. Bref, on entre dans une période très délicate. Les durs d’Ecône et les courants non “ratzingériens” de l’Eglise souhaitent sans doute in pectore que la situation se durcisse encore et que tout le processus de rapprochement passe au stade de la glaciation. Pourtant, après le risque très grand pris par le pape pour réduire ce schisme, il est à souhaiter que les traditionalistes un peu plus modérés, derrière Mgr Fellay, aient le courage de faire la pas et de prendre leurs distances par rapports aux ultras. Personnellement, je n’y crois plus. A vues humaines évidemment.

Écrit par : Vincentius Peregrinus | 08/02/2009

@ Martine

> Il me semble qu'au contraire, en niant le fait que le Concile Vatican II n'a jamais été reçu ni appliqué comme il conviendrait, vous faites le lit de ceux qui développent une herméneutique de la rupture, herméneutique commune aux "intégristes" et aux "progressistes" (excusez cette terminologie, pour faire vite)...
Précisément Benoît XVI (ou le même du temps où il était encore le cardinal Ratzinger) a toujours développé une herméneutique de la continuité qui s'oppose à toute tentative de faire passer le concile Vatican II comme ayant induit une rupture avec la Tradition de l'Eglise.
Sur la question de la liturgie, que vous prenez comme exemple des critiques caricaturales de l'application du concile Vatican II, lisons Benoît XVI (du moins le cardinal Ratzinger) qui ne mâche pas ses mots pour critiquer la déplorable application du Concile en matière de liturgie:
*** "La liturgie ne vit pas de surprises sympathiques et de trouvailles captivantes, mais de répétitions solennelles. Elle ne doit pas exprimer l’actualité dans ce qu’elle a d’éphémère, mais le mystère du sacré."
(Cardinal Ratzinger, Entretiens sur la Foi p.150)
*** "La liturgie n’est pas un spectacle qui aurait besoin de metteurs en scène géniaux ou d’acteurs de talent. La liturgie ne vit pas de surprises « sympathiques », de trouvailles captivantes ; elle vit de répétitions solennelles ! Elle ne doit pas exprimer l’actualité (dans ce qu’elle a d’éphémère), mais le mystère (dans ce qu’il a d’éternel)."
(Cardinal Ratzinger)
*** Une certaine liturgie… “devenue opaque et ennuyeuse à cause de son goût pour le banal et le médiocre au point d’en donner le frisson”
(Cardinal Ratzinger, Entretiens sur la Foi chapitre IX)
*** "L’effrayant appauvrissement qui se manifeste là où l’on chasse la beauté et où l’on s’assujettit seulement à “l’utile”, est devenu de plus en plus évident. L’expérience a montré que le fait de s’en tenir à la seule notion de “Inaccessible à tous” n’a pas rendu les liturgies véritablement plus compréhensibles ou plus ouvertes, mais seulement plus indigentes. Liturgie “simple” ne signifie pas misérable ou à bon marché : il y a une simplicité qui vient du banal, et une autre qui découle de la richesse spirituelle, culturelle et historique... Là encore, poursuit-il, on a banni la grande musique de l’Église au nom de la “participation active” : mais cette “participation” ne peut-elle pas signifier aussi perception par l’esprit et par les sens ?"
(Cardinal Joseph Ratzinger, pape Benoît XVI, Entretien sur la foi, Fayard 1985)
*** "La position du prêtre tourné vers le peuple a fait de l’assemblée priante une communauté refermée sur elle-même. Celle-ci n’est plus ouverte ni vers le monde à venir, ni vers le Ciel. La prière en commun vers l’est ne signifiait pas que la célébration se faisait en direction du mur, ni que le prêtre tournait le dos au peuple – on n’accordait d’ailleurs pas tant d’importance au célébrant. De même que dans la synagogue tous regardaient vers Jérusalem, de même tous ensemble regardaient "vers le Seigneur". Il s’agissait donc, pour reprendre les termes de J. A. Jungmann, un des pères de la Constitution sur la Liturgie de Vatican II, d’une orientation commune du prêtre et du peuple, conscients d’avancer ensemble en procession vers le Seigneur. Ils ne s’enfermaient pas dans un cercle, ne se regardant pas l’un l’autre mais, peuple de Dieu en marche vers l’Orient, ils se tournaient ensemble vers le Christ qui vient à notre rencontre."
(L’esprit de la liturgie (2001), Cardinal Joseph Ratzinger, aujourd'hui Benoit XVI)

Écrit par : Michel de Guibert | 08/02/2009

@ M G :

> J'ai lu le livre de Benoît XVI, et ne crois pas qu'en disant qu'il ne faut pas critiquer impunément Vatican II, critique qui cède à une mode d'inspiration intégriste, on aille contre l'herméneutique de la continuité. Au contraire.
Je vais être complètement surbookée les jours prochains, mais je pense qu'il serait bon de revenir ultérieurement sur cette question.

Écrit par : Martine | 08/02/2009

@ Martine

> Vous opérez un glissement sémantique entre la critique de l'application du Concile Vatican II et la critique du Concile Vatican II lui-même...

Écrit par : Michel de Guibert | 09/02/2009

QUESTION DE FAIT

> Merci à Monsieur de Guibert pour cette précieuse collection de citations du Saint-Père sur la liturgie.
Dans ce débat, nous devons, pour débloquer les traditionalistes, reconnaître un fait, une question de pur fait.
Reconnaître que depuis Vatican II et depuis la réforme liturgique il s'est produit ou accéléré - la question des liens de causalité étant totalement réservée- une baisse qualitative de la pratique chrétienne qui leur fait horreur, et à juste titre: baisse ou disparition de la confession régulière, quasi-disparition de l'abstention de communier quand on n'est pas en état de grâce, baisse du sens du péché, baisse de la foi dans les dogmes, de leur enseignement, oubli pratique de la distinction du péché véniel et du péché mortel (reprise dans le nouveau catéchisme), entrée des influences de l'esprit du monde, oubli des principes de l'éducation catholique des enfants, etc., etc.
Si l'on ne reconnaît pas ça on avancera pas avec eux.
Ils ont une peur énorme de perdre l'essentiel de la foi comme moyen de Salut, de conversion et de sainteté. C'est ça qui les bloque.
Le fait qu'on ne reconnaîsse pas ce fait actuel est pour eux le signe que la crise continue et qu' il faut se réfugier dans la "Tradition" en attendant, etc.. Ils ont peur qu' on les amène aux mêmes glissements alors que déjà tout y conduit, ne serait-ce que la nature humaine quand la société devient folle et les paroisses molles.
C'est un fait qu'ils ont absolument d'entendre avant de pouvoir ensuite discuter, l'intelligence libérée, des vrais causes, du point de savoir si les textes du Concile ont, oui ou non, joué un rôle là-dedans, etc.
Merci à ceux qui n'emploient pas le terme d' "intégriste" qui est devenu vivement injurieux, et que les traditionalistes ressentent comme tels. On ne cherche pas à faire avancer vers soi un partenaire en lui donnant une étiquette infâmante. Quand un communiste nous dit qu' il est "communiste", nous l'appelons...communiste. Pourquoi pas eux? Ils sont hyper-sensibles au mépris qui vient du monde et que le monde catholique reprend trop souvent implicitement à leur encontre.

Écrit par : vicenzo | 09/02/2009

RESPECT MUTUEL

> Pour éclairer ce débat, j'invite chacun d'entre vous regarder l'émission de KTO sur le sujet. Parce que la qualité du débat mérite d'être remarquée. En dépit de désaccords évidents, et d'une certaine gêne (parlerais-je de langue de buis ?) du porte parole de l'épiscopat français, le débat a été marqué par un grand respect mutuel, et par une richesse de dialogue qui tranche singulièrement avec d'autres émissions fort mal informées. Comme l'a fait remarquer justement Christophe Geffroy (La Nef), le fait que l'abbé de Tanoüarn puisse tenir des propos aussi pondérés alors qu'il a été durant des années un lefebvriste pur et dur laisse penser que des choses changent, et que le dialogue est possible. Reste l'affaire Williamson, qui vient de récidiver. Que peut faire Rome ? Le ré-excommunier ? Ecône qui vient de lui retirer la direction d'un séminaire peut aussi l'exclure, comme elle l'a fait avec un prêtre italien coupable des mêmes propos. Mais cette émission donne de l'espoir ! Sauf à ceux qui par principe, refusent tout dialogue, d'un bord à l'autre, et ils sont hélas nombreux ! Notre curé, dimanche, a terminé la prière universelle par une intention envers le Pape Benoît XVI, envers les responsables et membres de la Fraternité Saint Pie X, et envers Mgr Williamson. Il n'a rien d'un "tradi". Il est simplement fidèle au Saint Père...

http://www.ktotv.com/cms/videos/fiche_video.html?idV=00043235&vl=video_nouveautes

Écrit par : Edouard | 09/02/2009

A Edouard et Vicenzo

> Vous avez une empathie pour les intégristes; sans doute en avez-vous parmi vos proches et je ne me permettrais pas de critiquer cette bienveillance naturelle. Mais il se trouve que j'en connais moi aussi quelques-uns et que je ne suis pas dupe de ces belles paroles qui montent comme un rideau de fumée. Certes, théologiquement, on peut tout prétendre, faire semblant de croire qu'il y a des mains tendues et des regards dans la même direction etc. Mais en réalité on sait bien de quoi il s'agit : ceux des lefebvristes qui étaient honnêtes et intelligents avaient rallié l'Eglise depuis longtemps, spécialement depuis l'élection de Benoit XVI. Ceux qui sont restés dans le bunker sont, soit les sectaires incapables d'envisager que Vatican II ne soit pas Sodome et Gomorrhe ; soit ceux qui ne réfléchissent pas du tout et qui restent dans le clan pour des raisons viscérales, parce que leur milieu en fait partie et parce qu'on ne discute pas les opinions légués par grand-père. Les neuf dixièmes de ceux-là pensent que Williamson y est allé un peu fort mais n'a pas tort au fond. D'ailleurs lisez l'entretien de l'abbé Bouchacourt (Argentine, ex-"curé" du Chardonnet) : il prend des distances protocolaires avec le négationnisme de Williamson (considéré d'ailleurs comme moins grave que son attitude de cavalier seul), mais il ne le condamne pas en tant que "thèse" historique, et il dit - chose symptomatique, et métaphysiquement absurde - que la Shoah n'est pas le seul drame dans l'histoire et qu'il y en a eu d'autres aussi terribles. Ce type de propos signe une attitude: celle de tout un milieu. Avec ce milieu-là se targuant désormais d'être dans l'Eglise, les problèmes superflus et nauséeux ne font que commencer.

Écrit par : Bogdan | 09/02/2009

DISCUSSIONS

> Bogdan, j'ai en effet des lefebvristes dans ma famille, et ils auraient plutôt tendance à me faire fuir ! Je ne suis pas certain qu'ils approuvent ce qui se passe en ce moment avec Rome. Mais, de même que je suis heureux de constater que des anglicans pourraient rejoindre l'Eglise, heureux de constater que le dialogue fructueux avec les orthodoxes avance, je suis heureux de constater qu'une séparation que n'a que 20, 30 ou 50 ans peut donner lieu à l'ouverture de discussions pour évoquer ensemble ce qui fâche et trouver un accord ! C'est tout !

Écrit par : Edouard | 10/02/2009

IMMENSE DIFFICULTE

> Une partie de ma famille fait partie de la FSPX. Mes parents ont été tentés à l'époque de suivre Mgr Lefèbvre, mais ne l'ont pas fait. Moi qui n'ai pas connu cette période, plus j'étudie la question plus je comprends très bien le terrible dilemme qui était le leur, plus je comprends le choix des uns comme des autres. Quelle que soit la décision prise, ce fut immensément douloureux, impliquant de grands sacrifices et remises en question. Je comprends l'immense difficulté qu'ont aujourd'hui ceux qui ont en toute connaissance de cause décidé la désobéissance à reconnaître leur erreur, et donc à accepter cette main tendue : ce serait accepter de s'être trompé, alors que depuis plus de 20 ans ils se confortent dans leur choix dans un bourrage de crâne hallucinant qui tourne objectivement à la mauvaise foi : ils sont dans leur droit, et c'est à l'Eglise de reconnaître ses erreurs... Incompréhension totale de ce geste.
Chaque fois que ce sujet est abordé avec l'un ou l'autre de ces membres de ma famille, la discussion est animée, parfois violente, l'apaisement impossible : ne serait-ce que prononcer le terme "concile" fait capoter toute tentative de dialogue, alors même que nous sommes tous d'accord pour dénoncer les abus d'une certaine époque. Hausser le ton ne sert à rien, ils gueulent de toute façon plus fort ; rester humble n'est guère plus productif : ils n'ont que faire de notre commisération...
Alors que nous nous voyons très régulièrement, personne encore n'a osé remettre ce sujet sur le tapis depuis la levée du décret, par peur. Une chape de plomb. Tout ce monstrueux tapage médiatique irrationnel et voulu ne fait qu'empirer les choses.

Écrit par : PMalo | 10/02/2009

LE SCHISME PEUT CONTINUER...

> Le plus décourageant dans tout cela, c'est que, même si les discussions de Rome avec Mgr Fellay devaient un jour aboutir (?), Mgr Williamson reste évêque et peut ordonner de façon totalement illicite mais non invalide et ainsi perpétuer le schisme lefebvriste...

Écrit par : Michel de Guibert | 10/02/2009

BORN AGAIN

> Je voudrais ajouter deux choses, qui sont, pardonnez-moi, des témoignages personnels :

1- une branche éloignée de ma famille est lefebvriste. Non pas hostilité envers Rome (le portrait de Benoît XVI trône dans leur entrée...), mais parce que dans leur campagne, hormis les désolantes platitudes liturgiques que certains trouvent si riches, il n'y a rien. Donc ils sont allés au seul endroit près de chez eux où ils trouvaient un catéchisme structuré pour leurs enfants, une pratique régulière des sacrements et une liturgie sacrée. Ils n'attendent qu'une chose : un accord de la fraternité avec Rome, tout en concédant volontiers que certains de leurs abbés sont des ayatollahs.

2- Je l'ai déjà écrit ici, mais je voudrais rappeler que je n'ai conservé la foi que grâce à quelques rencontres : un prof, le scoutisme, et aussi deux camarades de pension, lefebvristes, qui m'ont nourri de choses intelligentes, charpentées, de lectures denses et parfois difficiles, qui m'ont appris qu'on pouvait sans honte se rendre dans la chapelle du lycée pour méditer ensemble le chapelet ou adorer le Saint Sacrement. Le tout à la fin des années 80, quand les "projets pastoraux" des établissements catholiques étaient aussi vides que 15 ans avant, et aussi inconsistants que 15 ans après... Désolé de rappeler ces évidences, mais il faut admettre que les aumôneries de lycées ont d'énormes responsabilités dans la déchristianisation des jeunes catholiques. En 1988, ces deux jeunes sont restés mes amis, mais nous avons pris des voies différentes. Je n'ai jamais oublié qu'ils m'avaient apporté ce qui manquait, entre le caté de ma grand-mère (un peu limité à l'adolescence), la dimension spirituelle du scoutisme (dont ce n'est pas le but principal) et le vide sidéral de l'enseignement privé.

Alors, non, je n'ai jamais été lefebvriste. Non, je n'ai jamais été tenté par la critique systématique envers Rome, oui j'ai bondi de joie en apprenant qui était le successeur de Jean-Paul II. Et je prie, j'espère et je crois que notre Saint Père, au delà des polémiques, de l'arrogance des médias et des petites combinazione de la Curie, saura nouer un dialogue pour ramener à la bergerie ceux que tant d'entre nous détestent par principe, parce qu'on leur a appris depuis 30 ans à le faire. Pour ma part, je n'ai aucun compte à régler avec eux, je ne fais pas partie de leur chapelle, et je connais bien de gens (des gens très bien même !) qui ont été convertis, ou qui sont des "born-again" grâce à la rencontre, un jour, d'un prêtre tradi ou lefebvriste, ou d'une belle liturgie. Ce qui ne fait pas de ces "born again" des fanatiques, au contraire ils sont la plupart du temps d'une exemplaire fidélité au magistère et au Saint Père !

Écrit par : Edouard | 10/02/2009

Un chef d'oeuvre de désinformation dans la Tribune de Genève !


Benoît XVI, le pape qui dit non
VATICAN | La doctrine Ratzinger laisse de nombreux croyants dubitatifs.

DOMINIQUE DUNGLAS ROME | 16.02.2009 | 00:00

Que se passe-t-il au Vatican? La levée de l’excommunication de l’évêque négationniste Richard Williamson n’est que le dernier épisode d’une série de décisions de Benoît XVI qui troublent les consciences de nombreux croyants. Depuis son élection le 19 avril 2005, le pape donne l’image d’une Eglise davantage déterminée à affirmer des interdits qu’à tendre une main miséricordieuse aux fidèles.
La doctrine Ratzinger se résume à longue série de vetos. Non à l’avortement, à la contraception chimique ou aux préservatifs, à l’euthanasie, à la re
cherche sur les cellules embryonnaires, à la fécondation in vitro ou aux diagnostics prénataux. La vie pour Benoît XVI est sacrée. Elle commence dès la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde et dure jusqu’à sa fin naturelle. Ce n’est pas nouveau, mais il l’affirme comme un principe «non négociable». Même s’il s’agit d’empêcher de mettre au monde un enfant malformé ou d’abréger un coma irréversible comme celui de la jeune Eluana qui a bouleversé l’Italie.
La morale sexuelle n’échappe pas à la rigueur du pape allemand. C’est ainsi que Vatican a refusé de signer une convention des Nations Unies condamnant la persécution des homosexuels et s’oppose fermement à l’union entre personnes du même sexe. Les grandes questions qui ont animé les débats avant le dernier conclave – comme l’ordination de femmes ou d’hommes mariés, la démocratisation de la hiérarchie catholique – sont enterrées.
Le dialogue avec les autres religions est également en panne depuis l’arrivée de ­Joseph Ratzinger sur le trône de Pierre. «Le dialogue interreligieux, au sens strict de la parole, est impossible», a écrit le pape dans la préface d’un ouvrage du philosophe ­Marcello Pera. Benoît XVI entendait affirmer ainsi que la Vérité n’existe que dans la foi chrétienne. Comment dans ce cas traiter d’égal à égal avec quelqu’un qui est sur une fausse route? La réintroduction de la prière pour les juifs – qui demande la conversion du peuple élu – dans la liturgie du Vendredi-Saint fut ainsi, avant l’affaire Williamson, un premier motif de discorde avec la communauté juive.
Benoît XVI avait pourtant, dès son élection, placé les relations avec les juifs au centre de ses priorités. «Et il était sincère, confie un membre de la curie. Mais il y a une grande différence avec son prédécesseur. Jean Paul II laissait de côté les différents et il insistait sur les points de convergence. C’est une stratégie politique bien connue en diplomatie. Benoît XVI est un universitaire, un homme qui travaille sur les textes. Il veut faire avancer le fond. Et sur le fond, il n’y a pas toujours d’accord possible.»
Un Benoît XVI trop dogmatique et pas assez politique? Pour le théologien Vito Mancuso – dont le dernier livre De l’âme et de son destin est préfacé par le cardinal Martini – la crise est plus grave. «Une restauration préconciliaire est en marche. On le voit à l’interprétation même que le pape fait du­ ­concile Vatican II en le présentant comme la continuation du pontificat de Pie XII. Alors que ce fut une rupture totale pour la liturgie, la façon d’interpréter la Bible, les relations avec les autres confessions, la façon même d’aborder le monde.»
Et, comme le cardinal ­Martini, Vito Mancuso appelle à la tenue d’un nouveau concile Vatican III. «Pour refonder la foi et regarder en avant, pas en arrière.» 

------------------------------------------------------------

Bio express

Joseph Alois Ratzinger

❚ Naissance le 16 avril 1927 à Marktl en Allemagne.
❚ 1943: entre dans la lutte antiaérienne (DCA) allemande.
❚ 1944: est affecté à la Wehrmacht.
❚ 1951: est ordonné prêtre dans la cathédrale de Freising.
❚ 1958: est nommé docteur en dogmatique et théologie fondamentale.
❚ 1977: nommé archevêque de Munich et de Freising.
La même année, est promu cardinal.
❚ 2005: est nommé 265e pape sur le trône pontifical, succédant ainsi à Jean Paul II.

LCh

http://www.tdg.ch/actu/people/benoit-xvi-pape-dit-2009-02-15

Écrit par : Michel de Guibert | 16/02/2009

Les commentaires sont fermés.