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09/12/2008

Suicides « assistés » par internet : va-t-on nous dire que c’est un progrès de l'empathie et de la dignité humaine ?

La sinistre et exemplaire affaire de Guingamp :


 

 

 

On appréciera deux détails : le vocabulaire du comptable, qui s’exprime comme dans une télé-réalité (« je voulais créer un lien avec cette personne ») ; et le fait que le tribunal n’ait pas voulu qualifier son acte de provocation au suicide.

 

 

 

<< Un internaute, qui avait aidé une jeune fille de 16 ans rencontrée sur un forum de discussion à se suicider, a été condamné lundi à un an de prison ferme et trois ans avec sursis par le tribunal correctionnel de Guingamp. Jean sombre et tee-shirt noir, cheveux courts, Joël, un stagiaire expert comptable de 26 ans, avait expliqué très calmement fin septembre à la barre l'empathie qu'il avait éprouvée à l'été 2005 pour Florence, adolescente aux pulsions suicidaires, au point de l'aider à passer à l'acte. "Je voulais créer un lien avec elle. J'avais un sentiment fort envers cette personne", a-t-il témoigné, affirmant qu'il ne pensait pas qu'elle réussirait à obtenir les médicaments mortels. Le jeune homme, alors étudiant, se remettait d'une dépression durant laquelle il avait lui-même envisagé de se tuer.

Au cours d'une liaison de quatre semaines par courriels et SMS après leur premier contact, Joël avait conseillé à Florence d'utiliser de la morphine. Il lui avait expliqué dans les moindres détails les doses à ingérer, comment falsifier des ordonnances et même comment se rendre dans un endroit reculé pour avoir le temps de mourir avant que quelqu'un la trouve. Alors qu'il connaissait la date prévue du suicide, il n'avait à aucun moment donné l'alerte. "J'ai pas envie que tu partes et pourtant c'est moi qui te donne les clefs pour t'en aller", avait-il écrit à Florence peu avant sa mort.

Le corps de la jeune fille, domiciliée à Lannion (Côtes d'Armor), avait été retrouvé le 5 septembre 2005 dans une forêt du Finistère et l'enquête avait conclu au suicide par médicaments. En inspectant son ordinateur, les parents avaient découvert trop tard la correspondance de leur fille avec Joël, alors étudiant en Haute-Savoie.

Lundi, le jeune homme n'a pas fait le déplacement pour entendre sa condamnation. Condamné pour "non assistance à personne en danger", le jeune homme a été relaxé du chef d'accusation de "provocation au suicide". Il encourait cinq ans d'emprisonnement, et l'avocat général avait requis quatre ans de prison dont un avec sursis. Deux peines de 12 mois de prison avec sursis et 300 euros d'amende et de 18 mois avec sursis et 3.750 euros d'amende ont été prononcées contre la préparatrice en pharmacie qui a délivré la substance et la gérante de l'officine pour "homicide involontaire". Le tribunal leur a reproché d'avoir délivré la morphine sur la base d'une ordonnance falsifiée.

"Cette condamnation intervient dans un domaine où il n'y avait pas encore de jurisprudence", a déclaré à l'AFP Véronique Fima, directrice générale d'Action Innocence, soulignant qu'il y avait "de plus en plus d'incitations ou de suicides ou de pactes suicidaires avec des jeunes qui se donnent rendez-vous par Internet". Après cinq ans de polémiques et de procès ayant suivi la publication en 1982 du livre Suicide mode d'emploi, le Parlement a adopté le 31 décembre 1987 une loi réprimant la provocation au suicide, désormais punie de 3 ans de prison et 45.000 euros d'amende. L'un des auteurs de ce livre, Yves Le Bonniec, avait été condamné en novembre 1986 par la cour d'appel de Paris à 6 mois d'emprisonnement avec sursis pour non-assistance à personne en danger. >>

  

07:09 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

COCHIN

> Dans Libération du 9 décembre, la directrice du Centre d'éthique clinique de l'hôpital Cochin (Paris) prend fait et cause pour l'euthanasie. Nous voilà prévenus. On sait dans quel sens pèsera Mme la docteure Fournier dans les débats en 2009.

Écrit par : Help | 09/12/2008

CONTRADICTION

> Il y a contradiction manifeste. Car actuellement, dans les cliniques de soins palliatifs, l'ADMD a accès aux personnes en fin de vie, sans que le personnel puisse s'y opposer.

Écrit par : Blaise | 09/12/2008

COMPTES SOCIAUX

> La justice n'a fait que sanctionner la partie visible du problème. La question principale demeure.
Cette question est celle de savoir pourquoi une société dite civilisée, avancée, développée parvient à convaincre une jeune fille de se donner la mort.
La solution ne se trouve pas dans la répression du suicide.
Une jeunesse suicidaire, une population désespérée qui se gave de psychotropes, tout cela démontre l'incapacité politique à être crédible et à donner foi en l'avenir.
L'euthanasie apparaît comme une solution de facilité pour permettre d'évacuer un problème naissant de l'impéritie du pouvoir politique et administratif, de son manque de rigueur, de génie ou d'intelligence.
Quoi de plus opportun que l'euthanasie pour équilibrer les comptes sociaux ? un excellent moyen pour se débarasser de personnes risquant de peser à terme sur le budget de l'Etat. Ils suffit de les convaincre à partir. Surtout si elles sont prêtes à payer pour disparaître. C'est tout bénéfice, pour l'Etat et les héritiers. Voilà un bel exemple de mise en oeuvre de la rigueur budgétaire.
Il est pitoyable d'entendre la rengaine "séculaire" argumenter sur l'empathie quand le phénomène du suicide et de la désespérance des foules montre combien l'idéologie matérialiste dominante qui l'inspire - cette rengaine séculaire - et qui les inspire - ces suicides - est incapable d'amour. Elle y est même imperméable pour avoir développé à l'extrême son hostilité à tout ce qui peut être spirituel. Elle s'en est même fait un tire de gloire, une fierté.
Le débat sur l'euthanasie montre donc que le discours dominant se moque du monde en évoquant des sentiments qu'il est incapable de développer. Le problème du suicide - à commencer par celui des jeunes - ne se poserait pas aussi cruellement sinon.
Cela atteste de l'indifférence et du mépris pour la personne que véhicule intrinsèquement la classe dominante occidentale et son idéologie matérialiste. Une doctrine de pauvres types.
Dramatique. Surtout pour ceux qui n'ont pas la foi.

Écrit par : Annie | 09/12/2008

SUICIDE MODE D'EMPLOI

> Logiquement, le Parquet devrait faire appel de ce jugement puisqu'il y a eu manifestement provocation au suicide...
Le fera-t-il ? On peut en douter...
Le long combat de M. Henri Bonnal et de l'ADIS (auxquels je veux rendre hommage), qui avait obtenu en 1997 le vote de cette loi réprimant la provocation au suicide à la suite des nombreux drames engendrés par le livre "Suicide, mode d'emploi", est-il donc toujours à recommencer...
Pour la petite histoire, je me rappelle que les auteurs de ce livre, appartenant au courant libertaire de l'ultra-gauche, tenaient dans le livre "Suicide, mode d'emploi" (interdit, mais au bout de 5 ans de vente libre) des propos révisionnistes niant le génocide des Juifs ; ils affirmaient aussi que St Paul était le fondateur du christianisme !

Écrit par : Michel de Guibert | 09/12/2008

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