28/11/2008
Rencontre "Kephas" à Paris, le 29 novembre, présentée par l’abbé Le Pivain
<< (ZENIT.org) - « L'Eglise dans dix ans : quelle unité pour quelles missions ? » : c'est le thème des premières Rencontres de la revue Kephas organisées samedi prochain, 29 novembre, à Paris, à l'église Notre-Dame de Grâce de Passy (4-10 rue de l'Annonciation - 75016 Paris - 06 60 75 16 06)…
La journée s'achèvera par une table ronde animée par Patrice de Plunkett, et par une intervention de Mgr Eric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris. L'abbé Bruno le Pivain, directeur de la publication, présente l'événement aux lecteurs de Zenit.
Zenit - M. l'abbé le Pivain, vous organisez les premières Rencontres de la Revue « Kephas » sur le thème : « L'Eglise dans dix ans : quelle unité pour quelles missions ? ». Pourquoi avoir choisi le thème de l'unité ?
Abbé le Pivain - Dans la charte qui régit la démarche de Kephas depuis l'origine, et qu'on peut lire sur notre site, qui donne également le programme de ces rencontres (http://www.revue-kephas.org), se trouve cette remarque : « Les ‘tendances' ecclésiales reproduisent trop souvent un schéma dialectique, comme si l'Église était une société purement humaine, et non l'Église du Verbe incarné, Corps mystique organisé. »
Cela se vérifie particulièrement, avec des variantes et des nuances, dans la « querelle des Anciens et des Modernes », spécialement en ce qui concerne la liturgie, la transmission de la foi, quelques notions importantes comme la Rédemption, la morale chrétienne ; l'harmonie entre le maillage territorial - paroisses et diocèses - et les communautés nouvelles (qu'elles soient de type traditionnel, classique ou charismatique) ; la forme de complémentarité entre le sacerdoce ministériel et le sacerdoce commun des fidèles laïcs ; la réception du Magistère et la liberté humaine.
L'on se trouve ainsi dans une sorte de contradiction : tant de catholiques aspirent à cette unité vécue dans une joyeuse et fraternelle diversité, depuis les jeunes générations qui n'ont pas connu ces remous et pour qui Eglise rime avec unité et mission à ceux, plus anciens, qui voient les impasses où mènent ces tensions. Pourtant, la vie de l'Eglise est encore traversée par ces dialectiques qui l'affaiblissent et entravent la fécondité de son activité sacramentelle et missionnaire.
L'Église est essentiellement un mystère de communion trinitaire, qui devient visible d'abord par la manifestation de cette communion : « Voyez comme ils s'aiment. » Il serait suspect, voire inconséquent, de prétendre travailler à l'œcuménisme ou au dialogue interreligieux sans essayer d'abord - et tout en même temps, puisque c'est toujours le don de l'unité - de cultiver loyalement, sereinement, courageusement peut-être, la communion à l'intérieur de l'Eglise elle-même... même s'il faut se réconcilier avec son passé, ce qui est une condition indispensable pour envisager l'avenir sans crainte, ou le présent avec sérénité.
N'est-il pas temps de laisser ces clivages obsolètes aux oubliettes, spécialement dans cette France qui peine à se libérer de ses vieux démons dialectiques, pour entendre l'appel insistant de Benoît XVI à « la réconciliation interne au sein de l'Eglise » ? Qui peut y perdre ? Sans doute pas l'Eglise, ni la mission.
Pour s'y atteler, il faut savoir de quoi l'on parle. Autrement dit, en quoi peut consister cette réconciliation ? Est-elle même possible, à quelles conditions ? Quels sont les obstacles ou les atouts ? Sur quoi doit-elle porter ? Tout ceci à la lumière de l'adage si sage et prudent de saint Augustin, « in necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas », l'unité dans les choses nécessaires - ici, l'unité de foi -, la liberté pour tout ce qui relève du doute ou de l'opinion, la charité en toutes choses.
Zenit - Et pourquoi avoir lié la question de l'unité à celle de la mission ?
Abbé le Pivain - « Qu'ils soient un... afin que le monde croie » : voici le cœur de la prière sacerdotale de Notre Seigneur. La mission découle directement de l'unité.
Dans cette prière à son Père, Jésus décrit d'abord la nature de l'unité de l'Eglise, qui « tire son unité de l'unité du Père et du Fils et de l'Esprit-Saint », comme l'écrivait saint Cyprien repris par l'importante Constitution Lumen gentium de Vatican II, puis dans une belle méditation de Jean-Paul II sur l'unité organique de l'Eglise dans l'exhortation apostolique Christifideles laici.
Puis il précise que sans cette unité, l'Eglise ne peut être crédible, par conséquent, le monde ne peut pas croire en Celui qu'elle prétend rendre présent.
Le monde ne peut pas croire s'ils ne sont pas un. Ou encore, il ne peut y avoir de mission sans ce travail - au noble sens du mot - vers l'unité, laquelle est d'abord un don que l'on reçoit, comme le fruit de l'Esprit par excellence, avec la paix et la joie.
Bref, « il faut repartir du Christ », répétait Jean-Paul II : la fécondité de la Nouvelle évangélisation ne tient pas d'abord à des programmes, des trouvailles ou des planifications, quoique l'inventivité en ce domaine soit aussi bienvenue que la fidélité, mais de la capacité de l'Eglise à cultiver son unité interne, sans rechercher l'uniformité, sans non plus se « faire une raison » - puisque c'est déraisonnable - des clivages persistants.
Enfin - pourquoi ne pas le remarquer ? -, il faut cesser de se regarder le nombril, de façon à regarder vers les autres ; une communauté missionnaire et ouverte sur le monde est une communauté qui n'est pas sans cesse enfermée dans ses problèmes de « cuisine interne ». En ce sens, il est aussi salutaire de voir ailleurs, de considérer le merveilleux exemple de l'Eglise au Viet Nam, la fidélité des catholiques de Chine, l'essor - avec ses points forts et ses difficultés - de l'Eglise en Afrique ou en Amérique du sud etc.
Prenez l'exemple d'un jeune qui se pose la question de la vocation sacerdotale ou religieuse et demandez-vous où il voudra risquer « le beau jeu de sa vie », comme disait le routier Guy de Larigaudie. Alors, s'il y a des questions à poser - il y en a -, posons-les, sans langue de bois, ne les gardons pas sans cesse enfouies et faussant les rapports. Puis avançons, ensemble.
Zenit - Benoît XVI lui-même, dès son homélie en la chapelle Sixtine, en 2005, a indiqué l'unité visible de l'Eglise comme priorité de son pontificat. « Dans dix ans », selon vous, qu'est-ce qui aura changé ?
Abbé le Pivain - Je reprendrai ici quelques mots d'un entretien du Cardinal Barbarin dans Kephas : « L'Eglise n'est évidemment pas une société comme les autres où les choses se planifient et se programment. [...] Les gens qui programment ont déjà déterminé l'avenir. Ils savent que dans dix ans les vocations seront revenues ou, à l'inverse, qu'il n'y aura plus de prêtres, et ils veulent réorganiser les paroisses en conséquence. Mais ce n'est pas possible, parce que nous ne savons pas ce que sera la situation de l'Eglise dans dix ans. Elle avance selon la logique de la grâce, et non comme une entreprise. Et l'intelligence de notre travail ou notre prétendue lucidité doivent faire place à l'imprévisible de la foi.
Dans cet esprit, je vous propose deux réflexions.
La première, c'est que l'évolution du monde et de l'Eglise aura encore pris un tournant très important, dont nous ne savons pour l'heure ce qu'il sera. Il y a la vue humaine, qui est courte, avec la liberté et la responsabilité des hommes ; il y a aussi - et d'abord - la grâce de Dieu et sa Providence. En ce qui concerne la vie de l'Eglise, une question : doit-on suivre le flux « prévisible » des événements, quitte même à le précéder jusqu'à le susciter comme par une sorte de capitulation préventive sur fond de conservatisme, ou à l'inverse entretenir une sorte d'optimisme volontariste qui contemple quelque hirondelle voletant ici ou là pour décréter l'arrivée du printemps ? Peut-on imaginer plutôt que Dieu n'abandonne pas les hommes, et qu'il s'agit « d'entrer dans l'espérance », comme y exhortait Jean-Paul II, ou d'être « sauvés dans l'espérance », comme nous y invite Benoît XVI avec saint Paul ? Auquel cas il s'agit de faire toute sa place au réalisme catholique : celui du primat de la grâce et du don de Dieu qui suscite et nourrit la liberté humaine, l'enthousiasme, l'esprit missionnaire, et l'attention aux signes des temps à travers les réalisations qui portent des fruits visibles. Nous avons choisi comme devise pour la revue Kephas cette phrase de l'apôtre saint Jean : « La victoire sur le monde, c'est notre foi ! » (1 Jn 5, 4)
La deuxième réflexion est une lapalissade : dans 10 ans, les dialectiques évoquées plus haut auront dix ans de plus. En contrepoint, l'instabilité permanente du monde actuel n'invitera-t-il pas, plus que jamais, à redécouvrir ses racines dans la grande Tradition vivante de l'Eglise, désir que l'on retrouve si présent dans la société civile ? En 2018, cela aurait-il un sens de s'accrocher à d'antiques querelles, ou au contraire l'événement majeur que fut le Concile Vatican II ne pourra-t-il pas être reçu pour le bien de tous selon l'herméneutique de la continuité, non de la rupture, que prône le Saint-Père ?
En tout état de cause, c'est bien du réalisme de la foi dont nous avons besoin.
Zenit - Jean-Paul II avait recommandé pour l'an 2000 un examen de conscience de façon à passer la porte sainte moins divisés, en « purifiant » notre mémoire. Que reste-t-il à faire de ce point de vue ?
Abbé le Pivain - C'est une question qui nous concerne tous et chacun, parce qu'elle est d'abord spirituelle, comme Jean-Paul II l'avait souligné. Il s'agit bien d'une démarche de conversion, non d'une stratégie politique ou même pastorale.
L'histoire de l'Eglise comme celle des sociétés politiques, celle des couples ou des familles, le montrent : des tensions ou des querelles mal « vidées » empoisonnent pour longtemps la vie de ces communautés et « plombent » sérieusement la liberté de la réflexion comme celle de l'amour.
Dans cette optique, on ne peut faire l'impasse sur un certain nombre de clarifications nécessaires à la sérénité et la vérité du dialogue au sein même de l'Eglise, notamment dans la réception du Concile Vatican II. Jean-Paul II le précisait lui-même dans la Lettre apostolique Tertio millennio adveniente de 1994, qui annonçait le Grand Jubilé : « L'examen de conscience ne saurait émettre la réception du Concile, ce grand don de l'Esprit Saint à l'Eglise au déclin du deuxième millénaire. » (n. 36) Et il proposait en ce sens une série de questions précises.
Sept ans plus tard, au sortir du Grand Jubilé, il insiste, en 2001 avec Novo millennio ineunte : « En préparation au Grand Jubilé, j'avais demandé que l'Eglise s'interroge sur la réception du Concile. Cela a-t-il été fait ? [...] A mesure que passent les années, ces textes ne perdent rien de leur valeur ni de leur éclat. Il est nécessaire qu'ils soient lus de manière appropriée, qu'ils soient connus et assimilés, comme des textes qualifiés et normatifs du Magistère, à l'intérieur de la Tradition de l'Église. Alors que le Jubilé est achevé, je sens plus que jamais le devoir d'indiquer le Concile comme la grande grâce dont l'Église a bénéficié au vingtième siècle: il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siècle qui commence. » (n. 57)
...Quelques heures après son élection sur le Siège de Pierre, Benoît XVI déclarait dans sa première homélie, prononcée dans la Chapelle Sixtine :
« Le pape Jean-Paul II a très justement indiqué le Concile comme « boussole » permettant de s'orienter dans le vaste océan du troisième millénaire (cf. L. A. Novo millennio ineunte, 57-58). Dans son testament spirituel il notait également : « Je suis convaincu qu'il sera encore donné aux nouvelles générations de puiser pendant longtemps aux richesses que ce Concile du XXe siècle nous a offertes » (17 mars 2000). Moi aussi, par conséquent, alors que je me prépare au service qui est propre au successeur de Pierre, je veux affirmer avec force ma ferme volonté de poursuivre l'engagement de mise en œuvre du Concile Vatican II, dans le sillage de mes prédécesseurs et en fidèle continuité avec la tradition bimillénaire de l'Eglise. »
Pour cela, il faut se défaire de certaines oppositions tenaces, deux notamment : entre la raison et la Tradition d'une part, entre la Tradition et le Magistère d'autre part. Le récent synode romain sur la Parole de Dieu donne d'ailleurs en sens de précieuses indications, en mettant en lumière l'unité du donné révélé et sa transmission au cœur de l'Eglise, la fécondité de l'harmonie entre la foi et la raison.
Zenit - Vous évoquez le synode sur la parole de Dieu qui a réaffirmé que l'Ecriture doit être en quelque sorte comme « l'âme de la théologie ». En cette année saint Paul, quelle parole de l'apôtre des Nations proposeriez-vous à nos lecteurs, de tous horizons, religieux et culturels ?
Abbé le Pivain - Vous les connaissez mieux que moi et nous rendez à tous avec Zenit un inestimable service. En cette année paulinienne, je laisse la parole à l'Apôtre : « Mes frères, il m'a été signalé à votre sujet par les gens de Chloé qu'il y a parmi vous des discordes. J'entends par là que chacun de vous dit : "Moi, je suis à Paul" - "Et moi, à Apollos" - "Et moi, à Céphas" - "Et moi, au Christ." Le Christ est-il divisé ? Serait-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Ou bien serait-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? » Pour conclure : « Aussi bien, frères, considérez votre appel : il n'y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés. Mais ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort ; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l'on méprise, voilà ce que Dieu a choisi ; ce qui n'est pas, pour réduire à rien ce qui est, afin qu'aucune chair n'aille se glorifier devant Dieu. Car c'est par Lui que vous êtes dans le Christ Jésus qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification et rédemption, afin que, comme il est écrit, celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur. » (1 Co 1, 11-13, 26-31)
Zenit - Quels frais de participation avez-vous prévus pour cette journée « Kephas » ?
Abbé le Pivain - Le prix de la journée est de 15 euros par personne, 10 euros pour les prêtres, religieux ou étudiants, gratuit pour les 18 ans ou moins. On peut s'inscrire sur place, comme ne venir qu'une partie de la journée (tarif dégressif à la mi-journée). Il est possible jusqu'à jeudi de s'inscrire pour le repas de midi en envoyant un courriel avec ses coordonnées à l'adresse électronique : colloque.kephas@yahoo.fr >>
01:19 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : christianisme
Commentaires
> « Qu'ils soient un... afin que le monde croie » : c'est précisément la devise épiscopale du Cardinal Barbarin, cité par l'Abbé le Pivain.
Écrit par : Michel de Guibert | 28/11/2008
MAIS NON, PAS DE POLEMIQUE
> Je viens de lire cette annonce dans le Forum Catholique. Je ne tiens pas à polémiquer comme peuvent faire certains sur le sujet. Seule petite remarque : Une messe aurait dû être prévue durant cette journée chacun étant libre, bien sûr, d'y participer ou pas.
JMR
[ De PP à JMR - Intrigué par ce que vous dites, je suis allé voir sur le site en question. Je dois vous dire que je trouve certains de ses commentaires atterrants. D'abord par leur ton. Ensuite par cette habitude qu'ils ont, visiblement,de célébrer des "messes de clan" entre soi. Le colloque se déroule dans une paroisse et un samedi : rien n'empêche les participants de monter dans l'église !
Je précise par ailleurs que prière il y aura au début et à la fin, et que cela tombe tellement sous le sens qu'il n'était pas nécessaire de le mentionner dans le programme des interventions.
Mais, bon, ne soyons pas dupes : y aurait-il eu une messe privée au cours de ce colloque, que les mêmes renchériraient en persiflant : "une messe conciliaire !"
Grande pitié.
La "polémique" dont vous parlez n'en est pas une : c'est simplement la réaction aveugle de gens habitués, depuis des années, à confondre religion et groupuscule. Le colloque de Kephas est aux antipodes de cette mentalité (et de ses équivalents d'autres bords). ]
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Écrit par : Jean Michel Roulet | 28/11/2008
DELITEMENT
> Il me semble qu'on oublie ici les moyens de "sauver l'espérance". Celle-ci semble en mauvaise posture dans un monde qui pose en préalable à toute vie sociale la destruction de la vie intérieure. Notamment, je m'interroge sur le délitement de la tradition chrétienne, qui se limite de plus en plus aux célébrations.
Enfin, je suis heureux qu'on réaffirme l'importance de l'évangélisation, mais les formes souvent absurdes que celle-ci prend de nos jours me font penser qu'il est aussi nécessaire de repenser notre façon de communiquer la foi.
Écrit par : Quentin | 28/11/2008
> Bernanos écrivait : "On n'a rien compris au monde moderne si l'on n'a pas admis d'abord qu'il est une conspiration contre toute espèce de vie intérieure."
Écrit par : Michel de Guibert | 29/11/2008
> J'avais commencé mon commentaire par "pas de polémique". Et c'est d'ailleurs le même style de commentaire que j'avais mis sur le Forum Catholique.
Personnellement j'aime toujours qu'une manifestation à caractère religieux soit encadrée par des prières - c'est ce que vous allez faire, bien sûr - et, pourquoi pas, une messe.
Écrit par : Jean Michel Roulet | 29/11/2008
SILENCE ET LIBERTE
> A Michel de Guibert: Exactement. On ne peut pas avoir un peu de paix, de silence, de liberté intérieure dans notre monde. C'est même suspect que de le demander. La système doit toujours avoir prise sur nous. Finalement, l'idéologie moderne est totalitaire. Cela est bien visible dans les pratiques pédagogiques modernes (qui datent quand même des années vingt) qui veulent que l'élève soit toujours actif dans le "groupe classe". Rien n'est laissé pour la réflexion, la contemplation car c'est jugé passif et ce qui est passif est à rejeter car mauvais. On ne sait toujours pas pourquoi c'est mauvais dans la formation d'un élève sauf si on comprend qu'il faut détruire et empêcher toute vie intérieure libre. Oui, une bien grande phrase de Bernanos.
Écrit par : vf | 29/11/2008
LES ACTES
> En espérant que les actes de cette rencontre seront publiés ... KEPHAS n° Spécial ??? Bref topo bien senti dans IL EST VIVANT ??? Un commentaire ouvert dans toute revue crispée sur ce qui doit disparaître ???
..."soyez toujours joyeux et priez sans cesse"(les érudits retrouveront la référence dans St Paul ! Béni soit l'Eternel !)...alors pour tout un tas de lièvres levés pour la circonstance et qui ressemblent à des couleuvres : avec Thérèse de Jésus "Basta !"
G.
[ De PP à G. - Les actes paraîtront en 2009 aux éditions de L'Oeuvre. ]
Écrit par : Gérald | 29/11/2008
PP,
sans rapport avec le post ci dessus , je voudrais votre avis de professionnel . Arte nous ressort pour bien nous préparer à Noel et nourrir notre temps de l'Avent, les deux comparses, Prieur et Mordillat dont la thèse cette fois est celle de Loisy "Jésus annonçait le Royaume, et c'est l'Eglise qui est venu".
Bon, à chaque période liturgique importante on a droit à ces deux là et à leur thèse parfois risible... sauf qu'il font désormais foi en la matière !
Par ailleurs des dizaines de documents très intéressants pourraient être passés en cette période pour l'édification de tous, avec des info plus sérieuses, dépassant les thèses du XIXe siècle sur les début du christianisme !!
Ne faut il pas lancer des pétitions de masses sur les sites, blogues, magasines chrétiens pour être un peu respectés ?
Merci de vos réflexions en la matière.
G.
[ De PP à G. - Je n'en ai pas parlé parce que c'est la Nième version de l'arnaque Prieur&Mordillat (comme on dit Chevalier&Laspalès) : système archi-réfuté mais toujours reconduit, avec toujours la même complaisance des Grands Spécialistes, tellement heureux de passer à la télé, et de toucher pour une fois le grand public, qu'ils oublient chaque fois ce dont ils se re-plaindront ensuite : que P&M les instrumentalisent, les tronçonnent, isolent les phrases de leur contexte pour les remonter autrement, transforment des hypothèses subtiles en proclamations grossières, etc. Cette complicité entre les Grands Experts et leurs deux montreurs d'ours est pathétique et lassante.
Sur le fond de cette récidive, lire la page de Famille chrétienne, qui met clairement les choses au point et montre combien P&M se foutent du monde sur le plan de la rigueur historienne.
Attention tout de même : s'il est bon de mettre les choses au point, ce n'est pas pour qu'on "nous" respecte : c'est pour qu'on respecte l'exactitude. ]
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Écrit par : Gégé | 30/11/2008
PAS POUR NOUS
> "Attention tout de même : s'il est bon de mettre les choses au point, ce n'est pas pour qu'on "nous" respecte : c'est pour qu'on respecte l'exactitude."
Oui, vous avez raison.
Écrit par : Gégé | 30/11/2008
EH OUI
> Je vois qu'une messe a été célébrée :
"Pour info la messe a été dite à 12h par le Père Jean-Pierre Marie de la communauté Saint Jean. Elle n'était pas annoncée dans le programme car su qu'après l'impression. Elle a donc été annoncée en début de matinée puis fin de matinée".
Ce fut une très bonne initiative.
Écrit par : Jean Michel Roulet | 01/12/2008
@ Gégé
> Je lis sur la lettre hebdomadaire de mon diocèse (Echos de l'Eglise de l'Essonne) :
"L’Apocalypse" sur Arte
Du 3 au 20 décembre – Série sur l’Apocalypse en 12 émissions.
Jérôme Prieur et Gérard Mordillat présentent des spécialistes répondant à des questions sans que l‘on puisse savoir quelles étaient les questions et quelle était la totalité de la réponse.
« L’impressionnante mosaïque d’historiens sert en définitive à cautionner un cliché polémique » (J.M. Salamito, le Monde de la Bible n°186)
Écrit par : Michel de Guibert | 01/12/2008
PAUVRE LOISY
> Un point est révélateur de l'idéologie de Mordillat et Prieur : ils ont construit tout leur documentaire pseudo historique autour d'une phrase de Loisy. Leurs émissions ne sont conçues que comme des démonstrations de ce postulat de départ. Le reste est affaire de scénario et de montage.
Plutôt que de perdre son temps à regarder ces émissions, pourquoi ne pas se plonger dans "L'Eglise et l'Evangile" de Loisy? Le texte a certes un côté désuet, mais cela fait son charme : il nous donne un aperçu de ce que fut la crise moderniste du côté de ses acteurs. C'est la conscience tourmentée de Loisy qui se livre à nous, particulièrement émouvante. Nous voyons ce prêtre érudit, adhérant avec naïveté à la croyance positiviste de son temps, chercher à toute force à "sauver" la foi catholique, fût-ce malgré elle. Paradoxalement -et à l'opposé de Mordillat et Prieur- il ne s'agit pas pour lui de condamner l'Eglise catholique mais d'en prendre la défense. Son ouvrage est d'ailleurs une réponse aux conférences de Harnack sur l'essence du Christianisme.
Longtemps après, Loisy s'était plaint à Guitton de ne plus pouvoir célébrer la messe !
Écrit par : Blaise | 02/12/2008
> Pardon, j’ai interverti les termes. « L’Eglise et l’Evangile » c’est le livre de Jean Guitton. Loisy a écrit « L’Evangile et l’Eglise ».
Écrit par : Blaise | 02/12/2008
COMMUNAUTES ET RESEAUX
> Je poursuis ici ma contribution au débat sur l'Eglise dans 10 ans...
Pour parler du problème pastoral des cathos en réseaux qui sont de plus en plus nombreux par rapport aux cathos en Eglise... Avec le risque d'enfermement dans un ghetto dont j'ai déjà parlé ici. Un curé, pas du tout "progressiste"(je n'aime pas ces étiquettes, mais je suis bien obligé de préciser par rapport à certains intervenants ici), parlait, lui, des "cathos lambris"...
Je vais partir de la situation concrète de mon diocèse.
Par volonté épiscopale, ce diocèse est "envahi" par des communautés nouvelles dont la plupart viennent de l'étranger. Le clergé diocésain a compris depuis l'arrivée du nouvel évêque qu'il était une institution dépassée et que la "nouvelle évangélisation", c'était la spécialité des communautés nouvelles...
Un cas précis: l'une de ces communautés vient d'arriver depuis septembre. L'évêque lui confie une paroisse, un quartier, en ville.
Or que vois-je?
Cela fait deux fois que je reçois des mails via les AFC (un réseau), via une laïque du diocèse (un autre réseau, celle-ci ne pratiquant jamais dans sa paroisse) pour les activités proposées par cette communauté non pas à ses paroissiens... mais bien à tous les diocésains, via ces réseaux de bons cathos qui se cooptent entre eux et qui sous prétexte de liberté choisissent leur messe et leur paroisse...
Que propose donc cette communauté nouvellement arrivée chez nous?
(Elle doit s'ennuyer dans la mission qui lui a été confiée...).
1°/ Des camps de jeunes... Comme ça les aumôneries pourront fermer boutique puisque tous les bons cathos enverront leurs bons enfants (qui ne doivent pas se mélanger aux autres) avec les bons frères... Comme si la pastorale des jeunes n'existait pas et ne proposait rien dans le diocèse et dans les paroisses. Et puis, si jamais, une vocation est repérée au cours de ces camps de jeunes, soyons certains qu'elle sera fermement orientée vers la communauté en question... C'est ça la liberté! Et après on se plaindra de ne plus avoir de prêtres diocésains pour s'occuper des paroisses...
2°/ Des journées pour les mamans... et pour les papas... C'est vrai que les paroisses sont nulles et ne proposent pas de formation doctrinale et spirituelle aux papas et aux mamans... Mais que voulez-vous c'est plus simple de faire 30 ou 40 kilomètres pour aller vivre un temps fort avec une communauté nouvelle (ah, l'attrait de la nouveauté!) que de participer sur place à ce que sa paroisse offre! L'avantage de ce genre d'activités en réseaux c'est qu'elles évitent la douloureuse question de l'engagement là où l'on vit. On est cathos en réseau consommateurs. Ce sont pendant ce temps les braves mémés qui se tapent le ménage de l'église ou la décoration florale...
Ne nous inquiétons pas pour la pastorale ordinaire des baptêmes, mariages et funérailles, sur ce terrain, le clergé diocésain restera maître chez lui, pas de concurrence à craindre. Et puis c'est bien ce même clergé qui par, le casuel, fait vivre le diocèse (150 euros par funérailles par exemple), pendant que le diocèse paye toutes ces communautés nouvelles pour une mission autonome et déconnectée d'une vraie vie en Eglise (qui respecte les responsabilités de chacun.)
L'impression est ampère, et elle est la suivante:
Ces communautés acceptent bien souvent la charge d'une paroisse pour avoir un pied officiel dans le diocèse et à partir de là faire leur apostolat en dehors de cette paroisse ainsi que leur pub dans des milieux bien faciles...
Alors la "nouvelle évangélisation" est peut-être portée davantage par tous ces curés et ces vicaires qui dans l'ombre font leur boulot pour que le message du Christ parviennent aux tout-petits qui eux sont sur le terrain, et ne prendront jamais leur voiture pour aller vivre avec les frères à 40 kms de chez eux une journée mamans ou papas...
Mon diocèse est devenu un patchwork de communautés nouvelles sans aucune autre cohésion que la seule volonté épiscopale. C'est bien peu pour construire une véritable pastorale...
Je terminerai en signalant que ces cathos en réseau losrqu'ils ont un besoin urgent et pressant se retournent alors vers leur curé... Et demandent même des privilèges au nom de leur étiquette de bons cathos pour le mariage de leur fille bien-aimée (ce sont les fidèles mémés qui, une fois encore, auront dans l'ombre nettoyé l'église et composé les bouquets de fleurs bénévolement, ad maiorem Dei gloriam) ou les funérailles de grand-papa, à l'horaire qui nous convient, avec toute la pompe dûe à notre rang de bonne famille catho... Pour ça ils ne vont pas "déranger" la communauté nouvelle qui leur donne tant et qui est si merveilleuse... Faut dire qu'elle est quand même à 40kms de là où l'on habite! Alors le curé,dans ces conditions, ressemble un peu à l'épicier du quartier, il est là pour dépanner... On va habituellement chez Leclerc et à Auchan, mais de temps en temps on est bien content du service de proximité que représente la petite épicerie de quartier, même si, forcément le choix y est réduit, ou même si elle est tenue par un maghrébin...
A méditer sérieusement pour l'avenir de l'Eglise en France dans dix ans!
RC
[ De PP au P. RC - Ce problème a précisément été abordé au colloque de Kephas, et avec toute la lucidité nécessaire. ]
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Écrit par : Père Robert Culat | 03/12/2008
D'ACCORD
> D'accord à 200%.
Il commence à se produire, à une moindre échelle pour l'instant, la même chose dans mon diocèse, je passerai les détails et les exemples, ils sont à peu près les mêmes que ceux évoqués par le Père Culat.
Si bien que je ne laisse plus désormais l'aîné de mes fils, qui exprime depuis quelques années le désir de devenir prêtre, fréquenter aucun des lieux "accrédités" en vue des vocations : ni récollections, ni "écoles de prière", ni foyers d'aucune sorte. Aucune de ces communautés nouvelles, jeunes foyers consacrés et autres camps aux animateurs illuminés. Je fais confiance à mes vieux recteurs qui sont des prêtres diocésains, souvent d'un âge avancé mais d'une bonté et d'une foi bien solide et bien éprouvée par l'expérience de la vie. Mes enfants fréquentent les jeunes de leur âge, y compris les filles, ils aiment mieux jouer au ballon qu'aller adorer le Saint-Sacrement et je trouve ça très sain...
Écrit par : Christine | 03/12/2008
> Père Robert, ce que vous écrivez est tellement juste. Je suis curé de paroisse et vois cela tous les jours.
Écrit par : bernard | 03/12/2008
VRAIES QUESTIONS
> Le Père Robert Culat pose de vraies questions, des questions fondamentales même tournant autour de la désertion des paroisses par les cathos bien-pensants qui se retrouvent dans des ghettos confortables ; je comprends son amertume, mais je le trouve néanmoins bien sévère d'une part avec ces cathos qui ont parfois beaucoup souffert dans leurs paroisses ou dans leurs diocèses d'une pastorale qui faisait de l'enfouissement et de la sécularisation l'axe principal de l'évangélisation et qui, bien souvent, après un temps de ressourcement, s'engagent ensuite dans leurs paroisses, et bien sévère aussi d'autre part avec l'évêque d'Avignon, Mgr Cattenoz, qui a peut-être des défauts comme tout un chacun (je ne le connais pas personnellement), mais qui a le courage de parler vrai (ni langue de bois, ni langue de buis, ni langue de métal) et de multiplier avec zèle les initiatives pastorales dans son diocèse.
Écrit par : Michel de Guibert | 03/12/2008
ANCIEN RENOUVEAU
> Les posts du P.Culat, de Christine et Bernard...ainsi que la conversation que j'ai récemment eue avec un prêtre sur le sujet (cf un de mes précédents messages) confirment ce que je ressentais jusqu'à présent assez confusément : un certain renouveau du catholicisme, manifesté depuis la fin des années 70, est clairement en train de marquer le pas.
Ce renouveau ? Une sorte de "package", autour d'un certain nombre d'items (si je peux m'exprimer ainsi):
- les voyages de Jean-Paul II
- les JMJ
- le Renouveau charismatique et les communautés nouvelles
- les apparitions de Medjugorje, ...
Et maintenant que voit-on ? Un embourgeoisement du Renouveau, des groupes de prières qui "se la jouent". Et quelques évènements qui peuvent paraître anecdotiques (mais qui m'ont parfois f..tu un coup je l'avoue) : Ephraïm mis en examen, Guy Gilbert qui accompagne NS dans sa tournée romaine, la pop louange française qui explose en vol, ...
Je crois qu'il y a quelque chose de pourri au Royaume de la Nouvelle Evangélisation.
Écrit par : Feld | 03/12/2008
PAROISSE
> L'un des défis pour nous laïcs est de vivre dans le monde en cohérence avec l'Evangie et les enseignements de l'Eglise. Or pour être cohérent avec l'Evangile et le Magistère faut il encore les connaitre d'où l'importance d'une formation solide ! Vatican II est à mon avis frappant à ce sujet : tout le monde en parle mais presque personne ne l'a lu. Alors, au nom de l'esprit du concile, on interprète selon sa sensibilité et son ignorance et on véhicule des choses fausses. Dans ces conditions il est difficile d'exploiter les immenses richesses de ce concile.
Un autre problème est la collaboration entre les prêtres diocèsains, les laïcs, les communautés et les paroisses. Il est certain qu'il faille trouver un nouvelle équilibre compte tenu de l'effondrement au moins dans certaines régions des paroisses. Le XIXième siècle a été le siècle de la multiplication des paroisses. Aujourd'hui, de nombreux diocèses ont choisi la réduction du nombre de paroisses. Il est nécessaire de rassembler les forces mais quel est le projet d'évangélisation, quelle communauté émerge de ces regroupements. Quel est le rôle du clergé ? Comment utiliser les richesses des uns et des autres ? Comment vivre le service ? Pour résumer : qu'est-ce qu'une paroisse aujourd'hui.
Écrit par : Alexandre Ribéron | 04/12/2008
QUERELLES DE GENERATIONS
> Le coeur du problème des paroisses est les chrétiens que nous sommes si mal. Je fais parti d'un diocèse où les paroisses ont été remodelées. La nôtre regroupe maintenant une dizaine d'anciennes paroisses. Or cela se passe mal et pousse certains à aller vers les communautés nouvelles installées dans le diocèse. C'est la guerre ouverte entre les anciens voulant continuer de gérer "leur" paroisse comme avant et la nouvelle équipe montant des projets de qualité en fonction de la nouvelle organisation paroissiale. Alors que faire? Le dialogue est très difficile voire, dans certains cas, impossible. Cela devient intenable pour le curé. Faut-il attendre les temps des cercueils comme quelqu'un le suggérait? Et si d'ici là cela tourne au désastre surtout pour les jeunes de la pastorale? Quand je vois ça, je me dis que sans la foi, j'aurait bien du mal à aimer l'humanité.
Écrit par : vf | 04/12/2008
UNE PAROISSE DE L'EMMANUEL
> Notre paroisse a été confiée il y a déjà plusieurs années à 3 prêtres de la communauté de l'Emmanuel. Ils ont 3 clochers réunis en une seule paroisse. La communauté en elle-même est assez active dans la paroisse, mais elle ne constitue pas, loin s'en faut, la majorité des paroissiens. Nos trois prêtres effectuent au profit de l'ensemble de la paroisse un travail harassant et remarquable. Tout d'abord les tâches proprement liturgiques inhérentes à leur fonction : messe quotidienne et messes dominicales, confessions, visite des malades, adoration, funérailles (pas de laïcs qui dirigent des funérailles sans prêtres). Mais ils ont également mis en place une organisation du catéchisme, différencié selon les âges et les niveaux de connaissances qu'ils assument eux-même en partie et qu'ils dirigent et contrôlent auprès des laïcs catéchistes. Rien ne se fait sans leur accord. De même des groupes de jeunes, et un groupe d'enfants adorateurs, qu'ils animent eux-même. De même des actions d'évangélisation dans le quartier, auxquelles ils participent personnellement. Ainsi que des visites, prévues à l'avance et annoncées par des tracts dans les boîtes aux lettres, pour rencontrer les gens. Ils assument de plus les fonctions de visiteurs dans les deux maisons de retraite du quartier et y entraînent des jeunes (dont mon fils) pour les inciter à rencontrer régulièrement des personnes âgées. Ils sont également conseillers religieux de groupes scouts et souvent présents dans leurs activités. Bien entendu, je n'oublie pas l'organisation de déplacements (Paris pour Benoît XVI, Lisieux pour la béatification des époux Martin) où ils n'omettent pas d'emporter aube et étole pour proposer des confessions à leur groupe. Ni la procession du Saint Sacrement pour le fête Dieu (très mal vue de certains). Ni la direction générale de la paroisse, les laïcs étant encadrés et soutenus, mais jamais laissés seuls à prendre des initiatives. Ni la participation active à des groupes de réflexion type Amour et Vérité (toutes les 3 semaines). Et, j'oubliais, l'organisation d'actions de charité active dans les rues, aux côtés des clochards,avec les paroissiens. A vrai dire je ne sais pas comment ils font. Tout n'est pas parfait évidemment. Mais le résultat est là : l'église est pleine, les paroissiens ne sont pas des consommateurs mais largement impliqués, et le tout nous tire vers le haut !
Est-il inutile de créer des sortes de "pôles", là où c'est possible, pour pallier la dramatique pénurie de prêtres ? Ou faut-il préférer une "couverture" totale du territoire qui s'apparente hélas à du saupoudrage ? Je n'ai pas la réponse, mais je vois le résultat chez nous, qui provoque quelques rancœurs certes, et un assourdissant silence du côté de l'archevêché. La question mérite réflexion, et ne possède pas de réponse unique.
Écrit par : Edouard | 05/12/2008
A Christine,
> Attention à ne pas porter un discrédit sur l'adoration eucharistique, en l'assimilant un peu abusivement à ces nouvelles communautés que vous ne portez pas dans votre coeur: depuis le Concile l'adoration est tombée en désuétude, bien malheureusement: je me souviens d'un camp chrétien, en montagne, où j'ai rencontré ma future femme: c'est en râlant que le prêtre a accédé à l'initiative d'une membre de l'Emmanuel qui demandait l'adoration eucharistique, il a prétendu qu'il était en vacances... Inutile de vous dire que l'adoration porte du fruit, pour moi comme pour d'autres: le temps passé pour Jésus n'est pas du temps perdu. Peut-être que votre prêtre diocésain la propose par ailleurs? Sinon il faut rendre grâce à ces communautés d'avoir relancé la pratique de l'adoration.
Écrit par : Philippe C | 05/12/2008
DE TOUTE FACON
> Souhaitant revenir sur le constat du Père Culat, je pense personnellement que le fonctionnement en réseau est humain. Ce n'est d'ailleurs pas un fonctionnement nouveau.
C'est peut-être anachronique, mais il me semble que lorsque des petits groupes de moines bénédictins s'installaient dans des régions reculées au Moyen Âge, ils faisaient parfois de l'ombre au curé du village voisin. Il y a le bénéfice de l'étrangeté, la venue d'ailleurs, une érudition peut-être plus sensible, etc. Et il y eut aussi des moines enfermés dans un état contraint, des curés autodidactes d'une rare sagesse, etc.
D'une certaine façon, la paroisse est un réseau... de proximité.
Si je considère le cas de ma paroisse, qui est en fait un regroupement paroissial en campagne, le système fonctionne aussi sous la forme du réseau que dénonce - ce me semble - le Père Culat. Ainsi, régulièrement, même si le phénomène a eu tendance depuis quelques mois à décroître, des "Eucharisties" étaient annoncées au micro et sur le bulletin local pour les personnes âgées (regroupées sous l'étiquette "malades"), pour les enfants, etc. Dans le cas des "jeunes", il s'agit seulement de moments festifs occasionnels, et s'ils sont organisés par la paroisse, il est bien précisé que c'est à l'écart des paroissiens non jeunes. En outre, lorsqu'il s'était agi de repenser la géographie du diocèse, plusieurs responsables souhaitaient créer une nouvelle organisation paroissiale sur le calque des collèges et lycées: le réseau des jeunes est dans les grandes villes, ce serait donc là qu'il faut s'installer pour les prendre dans les filets.
Certes, j'avoue avoir caricaturé l'annonce par cette comparaison peu flatteuse des filets. Mais il me semble que les "réseaux" existent déjà. Lorsque la paroisse veut créer une manifestation particulière, les mêmes personnes sont sollicitées. Lorsque le curé souhaite être invité à dîner, il l'est par les mêmes paroissiens (d'autres ne peuvent pas financièrement, d'autres n'osent pas, d'autres n'en ont pas envie, d'autres ne sont pas paroissiens connus, etc. ce n'est pas un jugement). Lorsque nous sortons de notre domicile, la plupart d'entre nous démarrons l'automobile... ce qui nous empêche de nous laisser surprendre par des rencontres imprévues de voisinage.
Tout ça pour nous souhaiter, si je puis me permettre, de ne pas devenir des commerciaux pour atteindre de nouveaux réseaux chrétiens avec de splendides stratégies, mais plutôt d'être chrétiens, de rayonner de la joie de Dieu... le réseau arrive ensuite, et la stratégie est prévue par Quelqu'un de plus averti.
C'est mon sentiment. Récemment, j'ai passé quelques temps dans un autre département. Peu réceptif aux mouvements des communautés nouvelles, je me suis plutôt dirigé vers les églises paroissiales. Et ma déception fut grande d'y voir des responsables d'Eglise blasés. Certes, cette nouvelle concurrence recevait quelques flèches où pointait un peu de rancoeur, mais se dégageait surtout un abattement face à un monde devenu étranger à l'Eglise. Dans ces conditions, je comprends fort bien des familles qui se protègent en choisissant un réseau-cocon, ainsi que ces prêtres qui subissent une solitude difficile. La sortie de crise sera de toute façon dans la douleur, de même qu'il faut qu'un grain meurt en terre pour faire naître une nouvelle pousse.
Avec un peu d'humour, c'est douloureux pendant l'Avent de ne pas céder aux treize desserts, de patienter, mais cet effort ascétique permettra à Noël de vivre une joie plus intense encore!
Écrit par : Antonin | 06/12/2008
ATTENTES
> Je trouve que tout ce qui dit le Père Culat est plutôt bien senti. Mais il faut admettre, que dans les années 70-80, les paroisses et les diocèses étaient très faibles dans tous les domaines : spirituel, doctrinal , liturgique. Les commnautés nouvelles et les réseaux ont permis d'éviter la bérézina. Elles ont pu former des cathos motivés, des prêtres décomplexés, en court-circuitant généralement les appareils diocésains ; elles ont allumé le feu de la nouvelle évangélisation. Mais, maintenant, toute cette formidable énergie semble tourner en rond.
L'avenir peut donc ressembler à ça :
- des bastions super-cathos dans un océan d'indifférence (mais, à la limite, d'indifférence réciproque)
- une évangélisation de terrain réduite à quelques gadgets (démarchage, porte-à-porte, opération-séduction annuelle sur la voie publique...)
- une Eglise -"enfin! ouf!"- débarrassée de toute la pesanteur du catholicisme historique, culturel, sociologique, folklorique; une Eglise qui n'aurait plus de véritable influence sur la société française mais qui pourrait agir par le lobbying (conjoint ou non avec les autres communautés).
Y a-t-il une alternative ? Je pense aux modèles espagnol, polonais et surtout italien. On part d'un catholicisme culturel pour essayer d'amener chacun à un catholicisme de foi. Ce n'est peut-être pas très "nouvelle évangélisation" mais il semble que ça marche encore bien.
Illustration : Nous arrivons à Noël. La fréquentation des églises paroissiales va atteindre son pic annuel. C¹est du catholicisme culturel, on vient pour son noël breton ou provençal, pour "adeste fideles" et tout ça. Pourtant, il faut bien répondre à cette attente (et, seules les paroisses peuvent le faire) car on sait bien que derrière cette attente s'en cache une beaucoup plus grande : l'attente de l'Espérance.
Écrit par : PC | 06/12/2008
TACTIQUE
> Cher Patrice, à propos du "choix" de son église, je vous cite ce texte de CS Lewis, auteur de la "Tactique du diable" paru en ....1942 ! C'est un vieux démon qui écrit à un jeune démon encore peu expérimenté. Dans ce texte, l'Ennemi, c'est bien sûr Dieu lui-même :
"Mon cher Wormwoud,
Dans ta dernière lettre, tu me dis en passant que ton protégé a fréquenté une seule et même église depuis le jour de sa conversion, et cela en dépit d'un certain mécontentement. Puis-je te demander où tu veux en venir? Pourquoi ne me dis-tu pas pour quelles raisons il est resté si fidèle à son église locale? Ne te rends-tu donc pas compte qu'à moins d'être dû à de l'indifférence, cela est mauvais signe pour nous? Tu devrais savoir, en tout cas, que si tu ne peux guérir un homme de la manie d'aller à l'église, ce qu'il y a de mieux à faire est de l'envoyer dans toutes celles du voisinage à la recherche de l'église qui lui convient, jusqu'à ce qu'il devienne un fin gourmet, un grand connaisseur en églises.
Les raisons qui nous font agir ainsi sont évidentes. En premier lieu, il nous faut nous attaquer à l'organisation paroissiale. Car elle est fondée sur une unité de lieu et non d'affinités et, de ce fait, elle rassemble des gens de classes sociales et de mentalités fort différentes pour former un tout comme le souhaite l'Ennemi. En second lieu, la recherche de l'église qui lui convient ferait de notre homme un censeur, alors que l'Ennemi voudrait qu'il fût un élève. Car ce qu'il désire d'un laïc dans l'église, c'est qu'il prenne une attitude qui soit à la fois critique - en lui faisant rejeter ce qui est faux et inutile - et qui ne le soit pas du tout - en lui interdisant de porter un jugement de valeur, de perdre son temps à se creuser la tête sur ce qu'il rejette. Ainsi, sans faire de commentaire et en toute humilité, il pourra se mettre en état de réceptivité à toute nourriture spirituelle qui lui est offerte. (Tu vois à quel point l'Ennemi est abject, peu attaché au monde spirituel, irrémédiablement vulgaire!) Cette attitude, surtout pendant la prédication, crée un état d'esprit (des plus hostiles à notre politique) qui lui permet d'écouter même des platitudes. Il n'est guère de sermon ni de livre qui ne puisse devenir dangereux pour nous lorsqu'il est accueilli dans de telles dispositions. Je t'en conjure, remue-toi et expédie ce nigaud faire le tour des églises du quartier dès que possible. Ton activité jusqu'à présent ne nous a pas donné beaucoup de satisfaction."
(CS Lewis Tactique du Diable éditions EBV ch XVI pages 54 et 55)
Pas mal vu, n'est-ce pas?
Écrit par : bernard | 07/12/2008
A Bernard :
Excellent !
Écrit par : Feld | 07/12/2008
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