03/11/2008
"L'évolution" et "la création" : aucune antinomie entre ces deux notions
…dit Benoît XVI à ceux qui en doutent encore :
<< Il n'existe aucune incompatibilité entre création et évolution, explique Benoît XVI : le monde n'est pas un « chaos », mais un « cosmos » ordonné et fondé par le Créateur, et ce n'est pas incompatible avec la tâche de la science de l'explorer et de découvrir progressivement les lois qui le régissent et le font évoluer.
C'est en substance ce qu'a expliqué le pape vendredi matin, recevant en audience les l'Académie pontificale des Sciences réunie au Vatican du 31 octobre au 4 novembre sur le thème : Approche scientifique sur l'évolution de l'univers et de la vie (« Scientific Insight into the Evolution of the Universe and of Life »).
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Il est en effet possible souligne Benoît XVI de « lire », dans les règles internes du cosmos, et grâce au développement continue des sciences, la présence d'un Créateur.
Benoît XVI a fait observer en substance qu'affirmer que la fondation du cosmos et son développement sont le fruit de la « sagesse providentielle » d'un Créateur, ne signifie pas que la création n'a à voir qu'avec le début de l'histoire du monde et de la vie. Cela implique que le Créateur soit à « l'origine » de ces développements, mais aussi « les soutient continuellement ».
Le pape faisait allusion aux « questions qui surgissent naturellement sur le rapport entre la lecture scientifique du monde et la lecture offerte par la révélation chrétienne ».
« Mes prédécesseurs Pie XII et Jean-Paul II ont fait observer, a rappelé le pape, qu'il n'y a aucune opposition entre la compréhension de la Création donnée par la foi et la preuve offerte par les sciences empiriques ».
Benoît XVI a cité ces paroles de Jean-Paul II en 2003 : « La vérité scientifique qui est en soi une participation à la vérité divine, peut aider la philosophie et la théologie à comprendre encore plus pleinement la personne humaine et la Révélation de Dieu sur l'homme, une révélation que a été accomplie et perfectionnée en Jésus Christ ».
Le pape se fondait sur une métaphysique de l'Etre et citait saint Thomas d'Aquin rapportant au Créateur à la fois l'être et le devenir : « La création n'est ni un mouvement ni une mutation. Elle est au contraire donnée par le rapport fondamental et continu qui lie la créature au Créateur, parce qu'Il est la cause de tout être et de tout devenir ».
Lire l'évolution, ce n'est donc pas lire un « chaos », a fait observer le pape, mais comme « lire un livre », selon l'image utilisée notamment par Galilée, un livre « dont nous lisons l'histoire, l'évolution, l'être écrit, et la signification en fonction des différentes approches des sciences ».
« En dépit des éléments irrationnels, chaotiques et destructeurs qui se révèlent au cours du processus de changement du cosmos, la matière en tant que telle est ‘lisible'. C'est une construction interne ‘mathématique'. L'esprit humain peut par conséquent s'engager non seulement dans une ‘cosmographie', en étudiant les phénomènes mesurables, mais aussi dans une ‘cosmologie' c'est-à-dire en discernant la logique interne visible du cosmos », a-t-il ajouté.
« Au début, il se pourrait que nous ne soyons pas en mesure de saisir son harmonie complexe ou les relations de chacune de ses parties, ou leur rapport avec l'ensemble », a fait observer Benoît XVI.
Pourtant, les rapports que l'homme a su saisir et décrire au cours des siècles - par exemple entre les microstructures et les macrostructures du monde inorganique ou entre structure et fonction dans le monde organique et animal, - et entre la conscience de la vérité et l'aspiration à la liberté du monde spirituel, démontrent, pour le pape, que la recherche expérimentale et philosophique sait découvrir ces ordres graduellement, et « les perçoit en travaillant pour les maintenir dans l'être, pour se défendre des déséquilibres et surmonter les obstacles ».
Or, c'est justement grâce aux sciences naturelles, a fait remarquer Benoît XVI, que « nous avons notablement augmenté notre compréhension du caractère unique de la place qu'occupe l'humanité à l'intérieur du cosmos ». >>
Source : Zenit
Un seul commentaire : l’intelligence aiguë du pape Ratzinger libère les chrétiens, pas à pas, des entraves irrationnelles que des décennies de routine avaient laissées sur leurs épaules. Merci à lui. Non nobis, Domine.
00:31 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (12)
Commentaires
CLAUDEL
> Lisons ou relisons Claudel si bien présenté par J Julliard dans son dernier ouvrage.Claudel le grand souffle poétique, dramatique d'un catholique toujours plus vivant qui fait éclater nos âmes dans l'infini de Dieu.
Écrit par : jean-michel varcher | 03/11/2008
MEME ETERNEL
> Le Père Sertillanges le disait déjà il y a plus de 60 ans : même si le monde créé était éternel, il serait éternellement dépendant.
Écrit par : bernard | 03/11/2008
SCIENCE ET FOI
> Ce rapport "entre la conscience de la vérité et l'aspiration à la liberté du monde spirituel" a tendance à être occulté : nous souffrons encore des séquelles du Positivisme.
Mais c'est le point central pour avoir une vision juste de la création, qui n'est pas la "nature" au sens païen du terme.
Rm 8, 19-21 :
« J'estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous. Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu : si elle fut assujettie à la vanité, -non qu'elle l'eût voulu, mais à cause de celui qui l'y a soumise, -c'est avec l'espérance d'être aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. »
Jean-Paul II a également proposé une anthropologie qu'il faisait commencer par cette parole du Christ : « Mais à l'origine il n'en fut pas ainsi » (Mt 19, 3). Par conséquent la Création pour être bien comprise doit être jugée à l'aune du dessein originel de Dieu et de la rédemption finale des corps. Si les sciences sont précieuses, elles échouent à percer l'être profond de la création. Car, comme le déclare Gaudium et Spes (par.22), « Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation.»
Les paroles de l'Apôtre sont magnifiques : elles montrent qu'en l'homme détenteur d'un esprit c'est toute la création qui aspire à la glorification des fils de Dieu, -et qui est glorifiée.
D'où la nécessité de ne pas opposer de façon stérile science et foi. Pour porter tous ses fruits et ne pas tomber dans des contresens, la théorie de l'évolution doit pouvoir s'ouvrir à l'eschatologie Chrétienne.
Écrit par : Blaise | 03/11/2008
PAS UN INSTANT
> Oui, comme le dit fort bien Bernard à la suite du Père Sertillanges, le monde ne survivrait pas un instant sans le souffle créateur de Dieu.
St Paul ne nous dit-il pas aussi -nous l'entendions hier- que la création toute entière gémit dans les douleurs d'un enfantement qui dure encore."(Romains 8, 22)
Écrit par : Michel de Guibert | 03/11/2008
LE COSMOS
> Zenit a écrit: "Il est en effet possible souligne Benoît XVI de « lire », dans les règles internes du cosmos, et grâce au développement continue des sciences, la présence d'un Créateur."
J'ai un peu de mal avec cette phrase... En quoi les lois naturelles et le développement des sciences dévoilent-ils la présence d'un Créateur? N'y a-t-il pas là mélange des genres? Je serais curieuse de lire la phrase exacte de Benoît XVI car Zenit ne met entre guillemets que le mot "lire"...
Elisa
[ De PP à E. - Peut-être pourrait-on hasarder ceci : les lois du cosmos sont intelligibles par l'homme et seulement par l'homme ; il y a donc écho entre ces lois et l'esprit humain ; en ce sens l'homme est "à la ressemblance" de Celui qui l'a créé avec l'univers. La présence du Créateur se lit dans cette harmonie entre le cosmos et l'esprit humain, qui sont ses oeuvres. ]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Elisa | 03/11/2008
CLAUDEL
> jean-michel varcher a raison! relisons Claudel, le poète de la création!
Voici un florilège qui donne mille raisons de le lire et de le relire...
O certitude et immensité de mon domaine! ô cher univers entre mes mains connaissantes! ô considération du nombre parfait à qui rien ne peut être soustrait ou ajouté!
O Dieu, rien n'existe que par une image de votre perfection!
Est-ce qu'aucune de vos créatures peut vous échapper? mais vous les tenez captives par des règles aussi sévères que celle d'un coeur pénitent et avec une loi ascétique.
Et vous qui connaissez le nombre de nos cheveux, est-ce que vous ignorez celui de vos étoiles?
Tout l'espace est rempli des bases de votre géométrie, il est occupé avec un calcul éclatant pareil aux computations de l'Apocalypse.
Vous avez posé chaque astre milliaire en son point, pareil aux lampes d'or qui gardent votre sépulture à Jérusalem.
Et moi, je vois tous vos astres qui veillent, pareils aux Dix Vierges Sages à qui l'huile ne fait pas défaut.
(Claudel, La maison fermée, in « Cinq grandes odes », Paris, Gallimard, 1966, p. 96)
Dieu n’a rien créé que pour Lui-même. Comme Il est le principe de tout, Il est la fin dernière. Entre cet Alpha et Oméga s’alignent tous les éléments de la lisibilité.
Ces créatures, Il ne les envisage pas séparément. Ces éléments du vocabulaire ne sont pas pour lui dissociés. Les lettres n’existent que pour le mot, les mots que pour la phrase et la phrase que pour l’hymne. Tous les êtres existent et coexistent, ils naissent et ils co-naissent : in vinculo charitatis. Ils se prêtent mutuellement assistance pour se réaliser dans la connaissance et dans la louange de leur Créateur. Ils lui rendent témoignage à la fois par leur apparition et par leur disparition. Ils n’apparaissent que pour s’anéantir devant Lui. Ainsi la plume de l’écrivain qui laisse derrière elle quand elle s’arrête un sillage, un sillon indestructible.
(Claudel, La création et le Salut, in « Commentaires et exégèses », T. 28, Gallimard, 1978, p. 400)
"A mon tour je t’interrogerai et tu me répondras.
Où étais-tu quand je posais les fondations de la terre ? Dis-le moi si tu as intelligence. Qui en a réglé les mesures ? Qui a tendu sur elle le cordeau ? Sur quoi les bases en ont-elles été affermies ? Qui en a déposé la pierre angulaire ? Quand me louaient tous ensemble les astres du matin et que les fils de Dieu étaient transportés de joie !"
Où j’étais ? mais j’étais avec Vous, Seigneur ! J’étais dans Votre intention. J’étais avec Vous, attentif à Votre propre Sagesse qui se jouait devant Vous parmi les floculations de l’Abîme dans les bienheureuses compositions du poids, de la mesure et du nombre, j’étais partie dans les consultations du Père et du Fils en arrière des trois doigts de Votre main. Le cri de joie de vos Légions quand la lumière se fit et que tout à coup elles existèrent, je me souviens, j’étais là ! et je l’entends encore qui perce jusqu’au fond de cette carcasse périssable !
(Claudel, « Le Livre de Job », Plon, 1946, p. 16)
Et bien sûr il ne faudrait pas oublier son « Art Poétique », qui est l'oeuvre séminale. Ou l'art de faire de la métaphysique en poète.
Écrit par : Blaise | 03/11/2008
DAMBRICOURT
> En mars prochain, se tiendra à Rome un colloque sur l'évolution, auquel participera la paléontologue Anne Dambricourt, qui m'écrit :
"Il s'agit d'un événement majeur qui s'annonce historique, du moins dans l'histoire de l'Eglise : la réunion pour les 150 ans de la publication de 'L'Origine des espèces' de Darwin, des scientifiques reconnus dans le domaine de la compréhension des processus évolutifs, de philosophes et de théologiens."
Voici le lien :
http://www.evolution-rome2009.net/
(J'ai consacré deux notes aux travaux - passionnants et très controversés - d'Anne Dambricourt, notes succinctes qui contiennent des liens vers des articles plus détaillés. Mes notes sont ici :
http://amainsnues.hautetfort.com/sciences/
La phrase de zénit : ""Il est en effet possible souligne Benoît XVI de « lire », dans les règles internes du cosmos, et grâce au développement continue des sciences, la présence d'un Créateur" se réfère sans doute à des lectures faites par certains scientifiques de leurs propres travaux. Ce sont des lectures, des interprétations, des intuitions, des hypothèses, mais qui émanent tout de même de certains chercheurs prestigieux, comme l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan, que l'on peut écouter ici :
http://www.uip.edu/uip/spip.php?article643
[ De PP à A. - J'ai aussi consacré des notes à Anne Dambricourt et au problème de l'évolution, dans ce blog, catégorie Sciences, en 2005 etc. ]
Écrit par : Alina | 03/11/2008
@ Elisa :
> La science nous permet de faire une hypothèse sur le Big-Bang.
Mais elle est tout à fait incapable d'expliquer ce qui a causé le Big-Bang.
Donc cette incapacité, reprise depuis plus de 2000 ans par les philosophes, montre l'existence de Dieu Créateur.
La grande question philosophique "d'où venons-nous" ne trouve aucune réponse scientifique. La seule réponse en plus de 2000 ans de philosophie est : Dieu Créateur.
C'est la Création.
La science permet par contre de définir comment nous en sommes arrivés à ce que nous sommes.
C'est l'Evolution.
Si on combine ces 2 faits (l'un issu de l'usage de la raison et l'autre issu de l'observation), nous obtenons que l'Evolution ne peut être que le fruit de la Création.
Donc en réussissant à lire dans la Nature les lois qui la régissent, les scientifiques tombent sans cesse sur la question du sens, du "pourquoi" et sur la question de l'origine d'une telle complexité.
Écrit par : boris | 04/11/2008
ON CONFOND
> "L'évolution" et "la création" : aucune antinomie entre ces deux notions ! Le titre semble supposer qu'il y en avait une ! Cette affirmation est évidente. Ce que tout le monde confond, c'est "évolution" et "darwinisme" ! Or pour faire simple, le darwinisme c'est l'évolution + le "hasard" (mot utilisé par les matérialistes pour désigner Dieu !) + la "sélection naturelle", qui transformée par les hommes en "struggle for life" et qui, théorisée ensuite pour les hommes a donné le nazisme. Le jour où les humains reconnaîtront que hasard est un des mots qui peut désigner Dieu, mais aussi le diable de temps en temps, comme nature signifie en fait création, il n'y aura plus aucune ambiguïté, plus aucun étonnement ! Ceci prouve simplement que la linguistique (le parlé est le phénomène qui nous différencie le plus des animaux) est à la base de la philosophie et de la science, qu'elle est à la base de tout ! CQFD
Écrit par : Alexis Dumont | 05/11/2008
LES MOTS ET LE RAISONNEMENT
> Il est impressionnant de remarquer la puissance insoupçonnée des mots sur notre raisonnement.
Ces mots, lors de leur impact éveillent des images mentales, dont la préexistence est le fruit d’un long processus d’assimilation tout personnel d’influences diverses passées. Aussi, sous le coup du confort paresseux des idées reçues, est-il très difficile de dépasser l’horizon de ces images sur un sujet faisant débat.
Bien sûr qu’il n’y a pas antinomie entre la création et l’évolution et Alexis Dumont l’explique fort bien dans son intervention. L’astuce des artificieux a été notamment d’employer des mots en « ismes » (fondamentalisme, intégrisme, créationnisme, évolutionnisme, traditionalisme, etc.) pour transformer le débat en polémique et susciter des réactions d’autocensure par la mise en œuvre de procédés d’intimidation subtils faisant suggérer un risque d’affrontement.
Dans une enquête policière, il est recherché un faisceau de preuves suffisamment pertinent, or dans cette affaire de création/évolution, il y a un « hic » de taille ; celui de l’écriture. On peut prendre le problème par tous les bouts et se livrer à toutes les spéculations intellectuelles les plus savantes que l’on veut, l’écriture est apparue autour de 2500/2600 avant notre ère. Si donc l’homme a plusieurs centaines de milliers ou plusieurs millions d’années (cf par exemple la datation par le cnrs du crâne de Saint-Césaire : [« Le crâne de Saint-Césaire (collection Musée des Antiquités Nationales). Le fossile de Saint-Césaire est âgé de - 36.300 + ou - 2700 ans. C'est un des plus récents membres de la lignée néandertalienne. © Cnrs »]), cela voudrait donc dire que durant toute cette longue période jusqu’à vers 2500/2600 avant notre ère, l’homme ne connaissait pas l’écriture ? Il y a là quelque chose qui sonne faux, sauf à admettre que Dieu ait créé tout d’abord un être plus ou moins primaire, un abruti en somme, et qu’un jour l’intelligence lui ayant alors été donnée, il se soit mis à écrire pour aboutir à l’époque actuelle où force est de constater, chez l’homme, la présence d’une intelligence inouïe et inconnue du monde animal. L’organisation des infrastructures de nos cités, de notre production industrielle, les découvertes scientifiques en tout genre, l’exploration spatiale, etc . démontrent la présence d’une véritable débauche d’intelligence. Il est mathématiquement impossible que toute cette intelligence soit le fruit du hasard et les scientifiques de haut vol le savent bien. Et s’il n’y a pas hasard, il est également impossible que la puissance d’une intelligence créatrice soit inférieure à celle de sa création. Alors… est-ce vraiment idiot de penser comme le font certains que l’homme n’est peut être pas aussi vieux que cela. L’écriture pose une question dérangeante.
Il est également curieux de voir comment les Ecritures sont considérées par des personnes qui croient pourtant à l’incarnation du Verbe en la personne du Christ, à la tradition, à la transsubstantiation lors de l’eucharistie, sujets éminemment loin de la routine des faits ordinaires.
Exemple :
Le peuple Juif est un véritable miracle, il atteste de la véracité de l’histoire de la nation élue par Dieu, identité qu’ils ont su garder par leur attachement indéfectible à la Torah et en particulier au respect du septième jour de la création, à savoir le sabbat commençant chaque vendredi soir. Mais le peuple Juif ne représentait qu’une partie du peuple Hébreux, que sont donc devenues les dix autres tribus formant un ensemble beaucoup plus nombreux que celui du peuple Juif (tribus de Juda et des Lévites sauf erreur) suite à la conquête de Jérusalem par Sennacherib vers moins 700 de notre ère ?
Ces peuples sont manifestement présents aujourd’hui – tous les peuples de la terre sont identifiés et suivis par Dieu qui notamment leur alloue des anges (cf St Thomas d’Aquin) - mais sous d’autres noms et ce mystère est sûrement voulu par Dieu à cause de la nouvelle alliance de portée universelle où « il n’y a ni juif, ni grec ». N’a-t-on pas noté les formidables mouvements de populations avant et pendant l’ère communément appelée « historique », soit à partir du début de notre ère ?
L’esprit qui instille le matérialisme est arrivé à ridiculiser l’existence même du surnaturel qui est merveilleusement concret par ailleurs et qui soutient tout (la suite des saisons, les grandes migrations animales, etc.), d’où le désenchantement actuel moins marqué chez la jeunesse qui n’a pas encore eu le temps d’être profondément atteinte (on l’a vu au travers de l’accueil du Pape Benoît XVI en France notamment). Cet esprit de confusion veut faire croire que la science c’est le hasard, alors que la science c’est Dieu lui-même.
Écrit par : roxane | 06/11/2008
EVOLUTION
> La traduction française du message de Benoît XVI est maintenant en ligne (http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2008/october/documents/hf_ben-xvi_spe_20081031_academy-sciences_fr.html).
Une lecture attentive montre que le Pape ne valide pas la théorie de l'évolution. Il reconnaît bien aux scientifiques le droit d'explorer le monde, tout en insistant beaucoup sur le fait qu'il y a un Dieu créateur et que le monde est cosmos et non chaos, ce qui invalide de fait une interprétation néo-darwinienne littérale. Il va somme toute moins loin que Pie XII (http://www.vatican.va/holy_father/pius_xii/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_12081950_humani-generis_fr.html) et Jean-Paul II (http://www.ewtn.com/library/PAPALDOC/JP961022.HTM). Certes il admet l'existence d'une "évolution" du monde mais il ne dit rien de précis dans son message sur les théories scientifiques actuelles. Et au cours de la conférence qui a suivi, le Cardinal Schönborn s'est montré franchement dubitatif si l'on en croit la revue Science (http://albertbarrois.blogspot.com/2008/11/le-commentaire-de-science-sur-le-mme.html).
Écrit par : Albert Barrois | 17/11/2008
BIG BANG
> Pour compléter les commentaires aux propos de Benoît XVI sur le thème "Création et Evolution", je joins l’article ci-dessous, publié dans "Dimanche-Express" l’hebdomadaire paroissial belge, sous le titre "Au-delà du big Bang : la théorie des frères Bogdanov", par le journaliste Pascal André.
A L’ORIGINE DE L’UNIVERS
Un être mathématique ?
Y avait-il quelque chose avant le big bang? Pour Igor et Grichka Bogdanov, la réponse ne fait aucun doute: c'est un code mathématique qui serait à l'origine de notre Univers. Une théorie révolutionnaire, qui, peu à peu, semble s'imposer dans le monde scientifique.
Vedettes de la télévision dans les années 1980 avec l'émission de science-fiction "Temps X": Grichka et Igor Bogdanov ont toujours été intéressés par les questions relatives à l'origine du temps et de l'espace. Mais c’est surtout après leur rencontre avec le philosophe catholique Jean Guitton que cet intérêt s'est mué en véritable passion. "À l'époque, nous étions en train de préparer avec lui la sortie d'un livre intitulé "Dieu et la science", explique l'un des jumeaux. "Et c'est lui qui, le premier, nous a posé la question de l'avant-big Bang. Malheureusement nous nous sommes très vite rendu compte qu'aucun scientifique n'accepterait de répondre à cette question. Pour eux, il était inutile, voire absurde, de se la poser. "Face à une telle hostilité, il ne nous restait plus qu'une seule solution: chercher nous-mêmes la réponse."
En 1991, les deux frères s'inscrivent donc à l'école doctorale de l'Université de Bordeaux 1, dont ils sortiront quelques années plus tard, bardés chacun d'un doctorat, l'un en mathématiques, l'autre, en physique théorique. Les choses en seraient peut-être restées là, si en 2002, ils n'avaient présenté leurs idées révolutionnaires dans des revues spécialisées, déclenchant ainsi une véritable tempête dans le monde scientifique. Il est vrai que les Bogdanov proposent rien de moins qu'une théorie alternative à la gravité quantique. "De même qu'il existe un code génétique à l'origine des êtres vivants", expliquent-ils, "il pourrait exister un code mathématique à l'origine de l'Univers tout entier."
Un soutien bienvenu
Cette thèse, bien sûr, est inadmissible pour la plupart des chercheurs, déjà très réticents à l'idée de s'interroger sur l'origine de l'espace et du temps. Et ceux-ci ne se sont pas gênés pour le faire comprendre aux frères Bogdanov, faisant même preuve dans certains cas d'une réelle mauvaise foi. Fort heureusement pour Igor et Grichka, Lubos Motl, l'un des plus imminents spécialistes de la théorie des cordes et ancien professeur de Harvard, vient de publier aux Presses de la Renaissance un ouvrage fort intéressant , dans lequel il analyse et confirme leurs travaux. Un soutien de poids, qui risque bien de donner un nouvel essor à leur théorie.
Dans les laboratoires, les discussions s'enflamment: les Bogdanov ont-ils réellement fait une découverte importante ou bien s'agit-il d'un canular?
De passage à Bruxelles, ceux-ci ont accepté de répondre à nos questions. Le moins qu'on puisse dire est que leur théorie est séduisante et... particulièrement novatrice.
Pourriez-vous nous expliquer, en termes simples, le contenu de votre théorie ?
Grichka Bogdanov: En fait, Igor et moi avons essayé de savoir quelle est l'origine ultime de l'univers, ou, pour dire les choses autrement, de comprendre comment cette formidable machine qu'on appelle l'espace-temps est apparue. Et ce dont nous avons la certitude, ou quasi certitude, aujourd'hui, c’est qu'avant le big bang, c'est-à-dire il y a 13 milliards 700 millions d'années, il y a eu un point zéro, qui n'était ni un état de matière ni un état d'énergie, mais le troisième visage de la réalité: l'état d'information. C'est-à-dire toutes les lois mathématiques qui expliquent et régissent notre univers.
Igor Bogdanov: Je vais vous expliquer cela de manière plus simple encore. Cette table, devant moi, je peux la toucher, car elle est de nature matérielle. Mais notre monde est également gouverné par des lois qui ne sont pas matérielles. Par exemple, si je prends cette table, que je la soulève et que je la lâche, je vais la voir tomber. Autrement dit, je vais voir s'inscrire dans l'espace et le temps le résultat d'une information qui, elle, n'est pas du tout matérielle, à savoir la loi de la gravitation. Et cette loi, d'après nous, était présente avant le big bang.
G. B. : Supposons que vous ayez devant vous un DVD. Tant que celui-ci est dans votre main, vous avez de l'information, celle du film. Mais cette information est inaccessible, tant que vous restez dans le temps imaginaire, c'est-à-dire aussi longtemps que vous ne mettez pas le DVD dans un lecteur. À ce moment-là seulement, vous pourrez visionner le film, qui se déroulera alors en temps réel.
Mais qu'entendez-vous par temps imaginaire et temps réel?
G. B.: le film sur le DVD ne peut pas évoluer. Vous n'avez aucune prise sur lui, il est immuable. Dans le temps imaginaire, il n'y a pas d'évolution. Les choses ne se transforment pas; elles restent constantes. Par contre, une bougie ne peut pas brûler en dehors du temps. Il y a donc, dans notre monde, une équivalence entre le temps réel et l'énergie. Ce que nous disons dans notre théorie, c'est simplement que toutes les lois mathématiques, toutes. les constantes de l'Univers, étaient présentes sous forme d'information avant le big bang, c’est-à-dire dans le temps imaginaire.
Pourquoi votre découverte suscite-t-elle tant d'animosité de la part des scientifiques?
G. B.: Parce que nous avons poussé une porte qui, jusque là, était interdite. Pour la plupart des physiciens, essayer de savoir ce qu'il y avait avant le big bang n'a aucun sens. Et si cette question est tabou à leurs yeux, c'est parce qu'on touche là à un mystère qui est d'essence quasi théologique et qui, depuis plusieurs siècles, fait l'objet d'une querelle entre matérialistes et spiritualistes. Igor et moi ne parvenons pas à comprendre pourquoi la plupart des scientifiques se refusent encore aujourd'hui à admettre que l'Univers était information au point zéro. Ils n'ont pourtant pas le choix, puisque ce ne pouvait être ni de la matière ni de l'énergie. Même Einstein le pressentait. "Tous ceux qui sont sérieusement impliqués dans la science, disait-il en 1934, "finiront par comprendre qu'un esprit se manifeste dans les lois de l'univers, un esprit immensément supérieur à celui de l'homme." Malheureusement, la plupart des scientifiques sont loin de penser comme ça. Ils sont même impitoyables lorsqu'il s'agit de défendre le principe de séparation entre le monde physique et le monde métaphysique.
I.B. : S'il y a bel et bien un code cosmologique à l'origine de l'Univers, se pose aussi naturellement la question de son auteur. Qui l'a écrit? À moins qu'il ne s'agisse d'un fruit du hasard? En fait, aucun scientifique sérieux ne peut plus défendre aujourd'hui que le hasard ait pu engendrer une accumulation aussi grande d'improbabilités. Et là aussi, on n'a guère le choix: la causalité est forcément ailleurs.
Certains scientifiques défendent l’idée d'un dessein intelligent. Vous sentez-vous proches d'eux?
I. B. : On peut difficilement échapper au modèle du dessein intelligent à partir du moment où on reconnaît que l'évolution de l'Univers n'est pas guidée par le hasard. Si on rejette le hasard, on est obligé d'admettre l'idée d'un programme, d'un ordre, quelle que soit la forme qu'on lui donne.
Comment vivez-vous le rejet de votre théorie par la plupart des scientifiques?
G. B.: la philosophe belge Isabelle Stengers a dit, un jour, quelque chose qui nous a beaucoup encouragés. Pour elle, nous devons nous réjouir de cette opposition, parce que la polémique indique généralement l'irruption d'une idée nouvelle, d'une idée qui est en rupture totale avec les connaissances existantes. Et puis, ce qui nous rassure actuellement, c'est de voir que nous sommes de plus en plus souvent invités à présenter notre théorie dans les cénacles scientifiques. On sent qu'il y a une évolution. Et ce retournement, nous le devons en grande partie au livre de Lubos Motl.
« L’équation Bogdanov - Le secret de l'origine de l'Univers ?", Lubos Motl. Presses de la Renaissance, 2008, 240 pages.
Écrit par : Dechamps | 24/11/2008
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