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01/09/2008

"La Décroissance" et le livre "L’Ecologie, de la Bible à nos jours"

Le mensuel écolo radical nous souhaite « bon courage » :


 

 

 

Dans le numéro de septembre de La Décroissance, le directeur de ce mensuel - Vincent Cheynet -  parle du livre :  plutôt pour en dire du bien. Il le juge « complètement à contre-courant »  de la ligne du Figaro Magazine des années 1980, et met cela en rapport avec mon évolution personnelle. (Cheynet cite la réponse que je faisais à l’un de vous dans ce blog, le 2 août : « Un converti est quelqu'un qui ne cessera plus d'évoluer, d'être transformé, jusque dans ses réactions intellectuelles, jusque dans ses idées sur la société, et cela bon gré mal gré… »). Au sujet du livre, Cheynet constate : « L’auteur se déclare  pour  une  nouvelle  théologie de la libération conjuguant social et écologie et en rupture radicale avec les logiques d’accompagnement de la société de consommation. » Il me crédite ainsi d’un « salutaire esprit critique ».

Mais il trouve que cet esprit critique « se volatilise devant les portes de la curie romaine », où je deviendrais « partisan inconditionnel du chef de l’Eglise catholique ». Question de point de vue ! Mon intention, dans ce livre, est simplement de signaler les faits et gestes écologiques de Rome : faits et gestes indiscutables, que les médias français passent pourtant sous silence.

 

Vincent Cheynet enchaîne en affirmant à l’encontre de l’Eglise catholique trois choses.

 

> L’une est – à mon avis –  infondée. Les hommes du Vatican, dit-il, ont « basculé systématiquement du côté des puissances capitalistes » ; je ne vois pas bien ce qu’il veut dire, dans le passé et dans le présent.

 

> Mais ses deux autres observations sont vérifiées :

a) les évêques français, dit-il, ont appelé au « oui » lors du référendum européen, alors que le projet constitutionnel donnait force de loi à l'idéologie de la croissance ;

b) « les trois quarts des catholiques français » ont voté pour le système consumériste en votant Sarkozy. [1]

Cheynet sait forcément – et je le dis dans le livre – que  ces deux points viennent d'un phénomène sociologique : l'amenuisement du catholicisme populaire en France (point b), donc le « surpoids » d'une pensée bourgeoise, type business schools, dans les réflexions institutionnelles catholiques (point a). Il suffit d’assister aux Semaines sociales pour comprendre ce que je veux dire. 

 >

Vincent Cheynet dit également : « De plus,  le refus de Patrice de Plunkett d’une conception anthropocentrique (l’Homme au centre) du christianisme au profit d’une perspective théocentrique (Dieu au centre) interroge. Ne risque-t-il pas alors de nourrir une critique radicalement anti-progressiste (du type de celle de Soljenitsyne) fondée sur une vision politique de type théocentrique ? »

 

Bonne question, mais qui en appelle deux autres en retour :

 

1. Ce qui interroge, n'est-ce pas plutôt plutôt l’invocation du « progressisme » sous une plume écologiste ? Le « progressisme » n'est pas le progrès, ni les progrès. C'est autre chose : une  superstructure  idéologique, très datée, liée depuis deux siècles à tout ce que l’écologie politique combat.  Le « progressisme » a justifié les deux machineries productivistes du siècle dernier, celle de l’Ouest et celle de l’Est, avec les ravages que l’on connaît !  Le progressisme version soviétique a disparu il y a vingt ans, mais le progressisme version « mondialisation heureuse » s’est alors emparé de tout. C’est lui qui est en train de perdre ses boulons sous nos yeux, entre délires financiers, émeutes de la faim et pic pétrolier  - ce dernier point étant en voie de nous ramener au temps des guerres nationales. L’aboutissement de ce progressisme est le « capitalisme du chaos » décrit par Naomi Klein…

À moins que V. Cheynet n’emploie le mot « progressisme » dans un autre sens ? En ce cas on aimerait qu'il dise lequel, et dans quelle mesure ce sens concerne l’écologie.

 

2.  Je m’étonne aussi qu’un écologiste ait l’air de vouloir mettre « l’homme au centre », et reproche à la Bible de ne pas le faire. Habituellement, ceux des écolos qui s'en prennent à elle lui font le procès inverse : ils lui attribuent un « anthropocentrisme » censé avoir créé la mentalité productiviste ! 

Je me permets de faire observer à La Décroissance que le « théocentrisme » (adhérer au projet du Créateur envers la Création) se présente plutôt comme une garantie écologique transcendante, et mon livre insiste là-dessus… 

Par ailleurs, il n’y a aucune raison de voir un risque de théocratisme derrière le théocentrisme. Les deux idées ne sont pas liées. J’aurais même tendance à dire que, si l’on croit vraiment en Dieu, on trouve obscènes les systèmes politiques prétendument « religieux », pour l'usage qu'ils font de la religion. [2]

 

La conversion des chrétiens à l'écologie, y compris dans sa dimension politique, est un engagement pour un bien commun partagé par tous: croyants et non croyants. Les croyants ont juste la conviction d’apporter dans ce combat une Raison majeure. Ou, si l’on préfère : une lumière qui ne fait d’ombre à personne. Les catholiques sont d'ailleurs loin d'être les seuls chrétiens à penser ainsi. Je lis ces lignes dans le bulletin de rentrée de la communauté chrétienne du Point du Jour (baptistes évangéliques à Boulogne-Billancourt), à propos de la fête du patrimoine : « Le patrimoine un héritage collectif lié à une nation, une histoire, une culture, et s'élargissant même à un continent voire à une planète tout entière. La preuve en est sans doute aussi dans le constat actuel qui est fait du réchauffement climatique et des conséquences liées à une gestion catastrophique mondiale de ce patrimoine naturel que Dieu a donné à l'homme... »

 

Les écologistes chrétiens sont une espèce en voie d'apparition. Le débat ne fait donc que commencer. Vincent Cheynet conclut son article en disant : « Ces observations faites, nous souhaitons bon courage à Patrice de Plunkett. » Je l’en remercie cordialement.  

 

 

 

_____

[1]  Si la gauche avait opposé à NS quelqu’un de moins déficient que Mme R., beaucoup d’électeurs –catholiques entre autres – auraient voté différemment.

[2]  Aucune société « catholique » n’a visé à la théocratie. Savonarole a mal fini. La Ligue aussi. Dans le monde orthodoxe,  l’utopie de Soljenitsyne n'était pas théocratique mais quasi-tolstoïenne : une idyllique Russie de petites communautés locales, qui n’a jamais existé dans l’histoire.

 

 

 

Commentaires

LES MÊMES CHOSES

> Je ne connais pas Vincent Cheynet. Vient-il des milieux gauchistes marxistes? On comprendrait donc son accusation envers une vision spirituelle ou théocentriste. Combien de pseudo écolos nous sortent les drapeaux laïcards anti-chrétiens quand nous défendons les mêmes choses (au grand désespoir de nos "amis" catho-conservateurs-bushistes. D'ailleurs, comment peut-on être chrétien et bushiste? grande question).

Écrit par : vf | 31/08/2008

ENERGIE

> Je conseille à vf de lire le journal "La Décroissance" (j'y suis abonné pour ma part), dirigé par les Casseurs de Pub. Même si ce journal sort de temps à autre des petites piques, ça ne l'empêche pas d'être globalement neutre vis-à-vis la religion, voire bienveillant, ce qui est rarissime pour un média d'extrême gauche. Les journalistes y défendent une notion de la laïcité apaisée, permettant à chacun d'exprimer son point de vue.
De plus, les idées qu'ils developpent détonnent par rapport à la pensée unique, et peuvent, à nous catholiques, nous faire beaucoup de bien pour nous desintoxiquer des valeurs de cette société. Un travail que les journaux chrétiens sont souvent loin de faire avec la même énergie.

Écrit par : Gilles T | 01/09/2008

IRRATIONNEL

> Concernant les hommes du Vatican, dit-il, ont « basculé systématiquement du côté des puissances capitalistes », il faut savoir que c'est un lieu commun pour les milieux marxistes. Je m'en suis rendu compte en en discutant avec des militants ou intellectuels communistes. La variante est de dire que l'Eglise a toujours été du côté des possédants, du pouvoir.
En fait, nous nous trouvons là tout simplement face à un mythe, avec sa très forte dose d'irrationnel (Curieux au premier abord de la part de défenseurs de la raison contre l'obscurantisme).
Je pense qu'il serait intéressant d'écrire un livre sur le sujet, spécialement à destinations des personnes de sensibilité de gauche qui pourront être touchées.

Écrit par : Ludovic | 01/09/2008

MARMITE

> Lorsque vous dites qu'un converti ne cesse d'évoluer, rassurez-vous, même un chrétien "tombé dans la marmite quand il était petit" ne cesse d'évoluer aussi, ne serait-ce parce qu'il a forcément hérité de faux plis dans son éducation.

Écrit par : Ludovic | 01/09/2008

SEMAINES SOCIALES

> Lorsque vous parlez des semaines sociales de France, je ne sais pas si vous parlez du public ou des compte rendus, car lorsque je lis les propositions qui y sont faites, elles me semble plus marquées par une solidarité inspirée par un humanisme de bon aloi (mais malheureusement sans inspiration chrétienne déterminante) que par libéralisme triomphant style business school.

cf. http://www.une-societe-plus-juste.org/offres/gestion/menu_88_perso_88_932/les-12-propositions.html

Ludovic


[ De PP à L. - Vous avez raison. Ma formule était elliptique. L'agaçant, dans les Semaines sociales depuis quinze ans, était moins ce qu'on y disait que... ce qu'on n'y disait pas. En clair : l'absence d'analyse lucide et cohérente face au devenir prévisible du système ultralibéral. Maintenant que ce devenir est devenu flagrant, le ton des Semaines changera-t-il ? ]

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Écrit par : Ludovic | 01/09/2008

LE 1er SEPTEMBRE, ECOLOGIQUE ET ORTHODOXE

> Juste pour rappel: en 1999 le Patriarche de Constantinople Démetrios (prédecesseur du patriarche Bartholomée) a proclamé le 1er septembre (nouvel an ecclésial dans l'orthodoxie) journée de prière pour la protection de l'environnement.

Écrit par : Hervé | 02/09/2008

lLE MESSAGE DU PATRIARCHE

> e message du patriarche oecuménique Bartholomée pour le jour de la protection de l'environnement (1er septembre) a été publié en français sur le site orthodoxie.com : http://www.orthodoxie.com/2008/09/message-du-patr.html

Écrit par : Hervé | 03/09/2008

DEBAT

> Enfin un débat écologie politique - religion catholique intéressant !
Vous dites, Patrice, que vous ne voyez pas bien ce que le journaliste de la Décroissance veut dire par "Les hommes du Vatican ont basculé systématiquement du côté des puissances capitalistes » dans le passé et dans le présent.
Dès lors que nous nous penchons sur le passé en exerçant notre esprit critique, nous ne pouvons que nous heurter, nous les catholiques, à la douloureuse constatation de certains faits historiques peu glorieux pour l'Institution.
Des exemples ? Faut-il vraiment en donner ?
Personnellement, j'en ressent particulièrement deux comme des blessures béantes malgré le temps qui a passé :
L'attitude de l'Eglise sous Franco en Espagne.
L'attitude de l'Eglise sous Pinochet au Chili.
Deux authentiques partisans du capitalisme le plus délétère, mais surtout deux chouchous du Vatican pour leur combat contre "les rouges", au nom de l'ordre moral.
J'ai, irrémédiablement gravé dans la mémoire, cette image de prêtres réunis par centaines dans la cathédrale de Santiago pour le sacre du dictateur Pinochet. Tous, le bras levé dans un fervent salut fasciste et cet évêque, qui y met les deux, ce saint homme, pour bien recouvrir de bénédictions, l'assassin de Salvador Allende.
Il s'agit bien, à mon sens de pures "hommeries", mais fastueusement affublées de la pompe et du cérémonieux qui ne devrait habiller que l'authentiquement sacré.
Le mal est fait. L'auto justification ne sert de rien.
Mais perseverare diabolicum, comme on dit.
Et au présent, à bien y regarder, tout me porte à penser que les chefs de l'Eglise cherchent avant tout à s'assurer la fidélité des puissances financières, sur qui elle exerçait jadis une autorité morale, mais que les moeurs "libérales" largement répandues ont aujourd'hui ont rendues de plus en plus revêche à ses enseignements.
Je pense que, malgré ses discours sur le libéralisme, l'Eglise a surtout peur de s'aliéner les puissants de ce monde, de perdre son "bras séculier". Elle ne peut pas ne pas condamner, alors, elle y met les formes. Celles qui permettent aux intéressés de passer outre le message...
Aussi n'est-on pas près de la voir appeler à "l'objection de croissance".
Mais il n'est pas interdit aux chrétiens de prendre un peu d'avance sur l'Institution : je fais partie de ceux qui pensent que l'Eglise, c'est la grande masse de tous ceux qui se refusent à s'asseoir pour attendre et qui ont choisi de marcher à l'Aventure, avec Dieu.
Voilà, voilà.

Yann


[ De PP à Y. :
- Sur Franco, aucun doute sur la servilité de beaucoup d'évêques espagnols (sauf quelques-uns qui étaient... catalans). Certes il faut se souvenir que depuis 1931 on tuait des prêtres dans les rues, et que l'anticléricalisme meurtrier des milices du PSOE ne pouvait que pousser le clergé du côté Franco en 1936. Mais ceci n'excuse en rien la fameuse photo des évêques bras levé (pendant la guerre); ni les fusillades franquistes, d'ailleurs monstrueusement prolongées après 1939.
- Quant à l'atttitude du Vatican, il faut nuancer : Pie XII n'aimait pas du tout Franco. (Mais quand il est devenu pape, la guerre civile se terminait).
- Sur Pinochet, de quelle photo parlez-vous ? Aussi atroce qu'ait été ce régime, ses partisans ne saluaient pas bras levé. Vous me dites qu'il s'agit de prêtres ; alors, la photo n'est-elle pas prise pendant une messe concélébrée avec tout le clergé d'un diocèse ? Si vous allez à Notre-Dame de Paris le jour de la messe chrismale, vous verrez des centaines de prêtres levant le bras simultanément : c'est le geste de la consécration... et soyez sûr qu'aucun d'entre eux n'est fasciste !
- Sur Pinochet encore : contrairement à ce que la gauche a répété pendant trente ans, il n'a reçu aucun appui de Rome. Dans mon enquête sur l'Opus Dei (2005), j'ai même constaté qu'Escriva de Balaguer, lors de sa tournée en Amérique du Sud, a refusé de rencontrer les représentants de la junte chilienne : il n'a passé que quelques jours au Chili, pour des rencontres privées avec ses ouailles, alors qu'il avait passé plus d'un mois au Brésil à tenir de grandes réunions publiques. C'est un fait. Il situe bien le regard de Rome sur Pinochet.
- Cela dit, l'extrême droite du clergé chilien a sympathisé avec le régime. Mais beaucoup de prêtres, de religieux et de religieuses lui ont résisté, et certains y ont laissé leur vie. (Comme par ailleurs Mgr Romero au Salvador, assassiné par l'oligarchie).
- Vous avez l'impression que l'Eglise veut "s'assurer la fidélité" des puissances financières ? Mais ces puissances ne lui sont pas du tout favorables ! Elles la regardent de travers, au contraire, depuis les attaques de Jean-Paul II contre le matérialisme mercantile occidental. Je peux en témoigner : à l'époque je dirigeais le Figaro Magazine, et dans les déjeuners économiques il fallait entendre les grands patrons déblatérer contre "ce Polak moyenâgeux qui ne comprend rien à l'argent" ! Je peux vous dire aussi que les appels de Benoît XVI à "changer le modèle global de développement" sont mal reçus par les intéressés. De même que les discours musclés des nonces du pape à l'ONU et l'Unesco, sur la destination universelle des ressources de la planète, et contre leur appropriation par les intérêts privés. Lisez le Compendium de la doctrine sociale (sur le site du Vatican) : vous verrez que la pensée de l'Eglise est beaucoup plus "à gauche", sur le plan économique et social, que pas mal de cathos français aujourd'hui. (Si vous écoutez ces derniers, vous aurez l'impression que l'Eglise ne s'intéresse qu'à la reproduction humaine et qu'elle prescrit d'avoir un nombre illimité de rejetons ; ce qui n'est pas sa pensée, mais celle d'un certain micro-milieu. C'est ce milieu-là qu'il faut contourner et dépasser pour être en phase avec Rome, bien moins conservatrice qu'on ne l'imagine). ]

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Écrit par : Yann | 05/09/2008

L'EGLISE ET LES POUVOIRS

> Merci, Patrice, pour cette remise en place en bonne et due forme : C'est formateur !
Je dois avouer que j'ignorais l'attitude de l'Opus Dei vis à vis de Pinochet. Tant pis si elle ne l'a pas combattu, et tant mieux si elle s'est abstenue de le soutenir : j'étais convaincu - a priori - du contraire.
Quant à la cérémonie à laquelle je faisais allusion, on ne m'ôtera pas de l'idée que le geste était bien un geste fasciste, un signe d'allégeance corps et âme du clergé chilien au dictateur (en même temps bien sûr qu'un geste de bénédiction, disons un peu "tendu"). La puissance et la gloire, c'est à Dieu seul qu'elles appartiennent, mais il arrive que, de glissements d'intérêts en compromissions authentiques, même d'excellents catholiques, bien formés spirituellement, en arrivent à confondre Dieu et le diable, le plus puissant des deux "en apparence"...
Les messages de Jean-Paul II et ceux plus récents et même, encore plus offensifs de Benoît XVI à l'égard du matérialisme libéral ne m'ont pas échappé, bien au contraire. Ils me remplissent d'espérance. Si le peuple de Dieu se révolte contre le désordre établi, alors une solution vraie existe pour forger la grande alternative : la civilisation de l'amour.
Mais j'ai quand même du mal à comprendre les louanges du Saint-Père à l'égard d'un potentat comme Sylvio Berlusconi, par exemple, entre autres mafieux influents. Et pas vraiment portés sur la décroissance, si vous voyez ce que je veux dire.
Ou plutôt si, je les comprends. Le Vatican ne veut pas se couper un bras en s'aliénant idéologiquement les détenteurs du pouvoir économique.
Il se trouve aussi que le micro-milieu auquel vous faîtes allusion est loin d'être aussi "micro" que cela dans les pays premiers concernés par l'urgence de la décroissance. Très bons catholiques, ils s'agenouillent quand vient le moment de la transubstantiation, cela ne les empêche pas de préférer (à 80 % !) Sarko à leur candidat "naturel" (Bayrou) au moment de passer dans l'isoloir.
Les contourner ? Oui, ce n'est pas un problème. Difficile d'ailleurs de faire autrement si l'on veut avancer.
Idem pour cette gauche vers qui mon coeur penche depuis toujours, mais qui m'agace par son anticléricalisme daté. Je ne parle pas des athées militants, somme toute sympathiques car plus ouverts au dialogue que bien des "épidermiques" dans l'air (vicié) du temps.
Reste la fine équipe de "La Décroissance", pour tenter l'union sacrée de la contestation radicale et du "fait religieux". Le bateau de l'altermonde a besoin d'une boussole et d'un bon port à rejoindre. L'Eglise saura-t-elle se faire reconnaître comme son phare ?

Écrit par : Yann | 06/09/2008

EVANGELISER L'EXTRÊME GAUCHE

> Benoît XVI fustige l'injustice sociale et rappelle à son "ami" Sarkozy, que "c'est à l'Etat de les réparer".
L'Eglise, la vraie, la seule, serait-elle de retour ?
Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre dit-on.
Je constate, avec amertume, que dans ce pays, ceux qui portent le message de l'égalité entre les hommes et de la lutte pour la justice sociale sont toujours "à la ramasse" sur la question religieuse. "Remballe ton pape" par ci, "Le tapis rouge pour le Pape : une honte" par là...
Réflexes épidermiques et slogans bon marché à l'emporte pièce.
Quel gâchis !
L'extrême gauche, en voilà, une nouvelle terre à évangéliser d'urgence...

Écrit par : Yann | 12/09/2008

À YANN

> je ne pense pas que l'urgence soit l'évangélisation de l'extrême-gauche mais plutôt celle des cités de banlieue. Cela n'empêche pas qu'il faille annoncer le Christ aussi à Arlette et Olivier, mais, à mon sens et selon mon expérience vécue là-bas, l'urgence, ce sont les "quartiers".


[ De PP à VF - Je ne sais pas où les cathos en sont dans ce domaine, mais les évangéliques s'y attaquent sans complexes. ]

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Écrit par : vf | 13/09/2008

LES QUARTIERS

> A propos des "quartiers"... J'en ai une petite expérience aussi et, en effet, il me semble que nulle part ailleurs le conditionnement à l'idéologie consumériste n'est plus prégnante.
Toute une jeunesse défavorisée s'y démène pour acquérir les dernières Nike à la mode. Et lorsque tous ces objets de pseudo-désir sont acquis (par quelque moyen que ce soit) la désillusion est encore et toujours au rendez-vous. La course aux bonheurs factices est amère qui s'achève systématiquement dans le même gouffre de non sens. Et ce n'est pas la télé qui les aidera à sortir de cet enfer, bien au contraire.
En revanche, la religion...
Pour toute une frange de cette population de culture musulmane, c'est une réelle porte de salut : la quête de sens y trouve son compte. Et peut-on vraiment s'étonner que certains d'entre eux d'être sensibles au discours salafiste ? Celui-ci se nourrit précisément de ce qui fait leur malheur présent : il dénonce les pseudo-valeurs occidentales du libéralisme et du consumérisme. Et bien sûr, toutes les guerres qui en découlent. Guerres qu'ils ont beau jeu d'identifier à des "croisades" (Bush dixit) contre leurs frères musulmans.
L'évangélisation de ces quartiers est possible, à condition que les chrétiens n'hésitent pas à dénoncer comme telles les contre-valeurs chrétiennes qui ont façonné l'occident actuel. Ce serait, à mon sens, une excellente base de dialogue entre christianisme et Islam.
Yann

Écrit par : Yann | 14/09/2008

à P. de Plunkett

> Je me suis enfin procuré votre livre "L'écologie de la Bible à nos jours".
Je tenais à vous féliciter.
Votre chapitre consacré à "ceux qui ont décidé que le monde était un chantier", m'a particulièrement intéressé, notamment lorsque vous abordez -références à l'appui- la question de la machine comme décréation. J'ai vraiment eu le sentiment de découvrir du neuf.
De même, votre idée d'aller voir ce que disent les auteurs païens eux-mêmes, plutôt que de laisser la Bible seule devant ses accusateurs : voilà une méthode à la fois simple et judicieuse. En vous lisant, je me demandais quelles autres citations vous auriez pu rajouter à votre liste, à côté d'Ovide. Que diriez-vous de l'Antigone de Sophocle?
Lorsque le choeur s'exclame : "Il est bien des merveilles en ce monde, il n'en est pas de plus grande que l'homme". Inacceptable anthropocentrisme! D'après Sophocle, l'homme est celui qui, grâce à la technique, domine la mer la terre, et toutes les bêtes. "Bien armé contre tout, dit-il, il ne se voit désarmé contre rien de ce que lui peut offrir l'avenir. Contre la mort seule, il n'aura jamais de charme permettant de lui échapper [...]." Un éloge de la maîtrise sur la nature et de la technique, voilà qui est compromettant! sauf que les Grecs anciens n'ont pas connu leur révolution industrielle.

Écrit par : Blaise | 27/04/2009

L'UTOPIE

> J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre livre "L’Ecologie de la Bible à nos jours", car il traite précisément d’un sujet sur lequel je souhaitais avoir des informations : le rôle du christianisme dans le désir de domination de la nature par l’homme.
Vous déclarez qu’il n’y a rien dans la Bible qui aille dans ce sens et qu’au Moyen Âge, il n’en était pas question non plus, bien au contraire. Votre démonstration me semble plutôt convaincante.
Vous dites que l’idée de contrôler la nature apparaît au XVIIe siècle, puis qu’elle se développe au XVIIIe siècle, avec les Lumières.
Mais vous n’expliquez pas vraiment pourquoi elle est apparue.
Personnellement, il me semblerait logique que le projet de dominer la nature ait émergé au XVIe siècle avec les humanistes. En effet, les humanistes de la Renaissance pensent que l’homme est responsable de sa vie, qu’il peut faire des choix (libre arbitre). Il prend ainsi des libertés vis-à-vis de la Bible, ce qui explique qu’il puisse vouloir maîtriser la nature au lieu de protéger la Création.
D’autre part, vous affirmez que la planète n’a pas besoin d’utopistes mais de gens qui mettent au jour les problèmes. Or, c’est justement ce que font les utopistes. L’humaniste Thomas More (béatifié en 1886 et canonisé en 1935), qui a inventé le mot utopie, décrit et dénonce dans la première partie de "L’Utopie" la situation de l’Angleterre à son époque. Dans la seconde partie, il montre qu’un autre monde est possible.
Contrairement à ce que vous dites, le « besoin d’utopie » ne consiste donc pas à « renoncer à modifier ce qui existe », bien au contraire.
Vous prétendez que « l’utopie est irréalisable », or les auteurs d’utopies (Thomas More, Tommaso Campanella, Francis Bacon, Sébastien Mercier, Charles Fourier, Etienne Cabet, Edward Bellamy, William Morris, etc.) ont décrit des sociétés où les soins étaient gratuits, l’école pour tous, les journées de travail de six ou sept heures, où il existait un revenu minimum pour ceux qui ne travaillent pas, une caisse de retraite, etc (ces exemples sont glanés dans les utopies des auteurs cités plus haut).
Comme vous pouvez le voir, les utopistes ne proposent pas que des idées irréalisables.
La confusion entre « utopique » et « irréalisable » remonte au XIXe siècle, et elle est notamment le fait des industriels, qui ne souhaitaient pas que les ouvriers puisse rêver d’un monde meilleur et se rebeller contre leur condition (pour plus de détails, vous pouvez lire "La Négation du progrès dans la littérature moderne ou les Antiutopies", de Régis Messac). Elle émane donc de ceux qui par ailleurs maltraitaient la nature.
Toutefois, il est probable que les utopies aient eu une responsabilité dans le souhait de l’homme de soumettre la nature.
Elles évoquent cette domination, comme dans "L’Utopie" de Thomas More :« Le peuple en masse est employé quelquefois à déraciner des forêts mal situées pour la commodité du transport ; puis à en planter de nouvelles près de la mer, des fleuves et des villes ; car, de tous les produits du sol, le bois est le plus difficile à transporter par terre ».
Rien d’étonnant à cela, puisque leurs auteurs étaient plus ou moins sensibles aux idées de leur époque, notamment à l’humanisme et aux Lumières.
De plus, de nombreuses utopies ont été écrites par des auteurs renommés et leurs idées ont donc été largement diffusées (Cyrano de Bergerac, Fénelon, Marivaux, Montesquieu, Swift, Voltaire, Rousseau, Diderot, Casanova, Sade, Goethe, Balzac, Sand, Verne, A. France, Hesse, etc. (pour une liste bibliographique, vous pouvez consulter "Voyages aux pays de nulle part" de R. Trousson).
Je pense donc que la volonté de l’homme de dompter la nature date du XVIe siècle et que l’un des vecteurs de cette idée est l’utopie.
Mais il ne faut pas pour autant diaboliser l’utopie : elle a permis par ailleurs de diffuser des idées favorables au progrès social. De plus, suite au nouveau paradigme, l’utopie a évolué et il n’est plus question pour elle de dominer la nature : au contraire, les utopies écologistes la respectent (pour en savoir plus, vous pouvez lire "Ecotopia" de Callenbach).
J’ai essayé d’être synthétique et j’espère malgré tout avoir été claire. Dans le cas contraire, n’hésitez pas à me demander des explications.

Très cordialement,

Rachel G.
(après avoir obtenu une maîtrise de biologie des peuplements et des écosystèmes et un DESS d’information stratégique et innovation technologique, je m’intéresse beaucoup aux utopies et plus particulièrement aux utopies écologistes)

[ De PP à RG - Je partage largement votre avis (d'autant que ma femme est une descendante collatérale de Cabet !). L'évaluation critique que je fais du terme d' "utopie" concerne notre époque, non le XIXe. D'autre part, je vous accorde qu'une partie de l'humanisme préfigure ce qui se passera au XVIIIe avec les postcartésiens. ]

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Écrit par : Rachel G. / | 21/04/2010

DEMOGRAPHIE

> Il y a une chose qui est partagée par l'Eglise catholique et les mouvements en faveur d'une décroissance économique et que pour ma part je ne comprends pas, c'est le refus d'envisager une décroissance démographique pour sauvegarder la Terre. Nous avons multiplié par 35 nos effectifs depuis Jésus Christ, en cela nous avons éliminé tout le reste du vivant et avons montré bien peu de respect envers la nature. Pourquoi ne pas promouvoir une baisse de la natalité afin de permettre au monde d'offrir un peu plus à chacun et à la nature d'être préservée ?

D.


[ De PP à D. - Les objecteurs de croissance et l'Eglise catholique pensent que la Terre peut nourrir tous ses habitants - à condition de changer le système économique. Ce qui est en trop, ce ne sont pas les êtres humains : c'est la société de gaspillage et de spéculation sur les matières premières... Autrement dit, le capitalisme tardif. ]

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Écrit par : Didier / | 30/03/2011

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