Benoît XVI : l'exactitude de la foi

FR 2 s'étonne que le pape « s'en tienne aux dogmes traditionnels de l'Eglise catholique » :

Est-ce parce que l'Australie est trop loin pour intéresser les salles de rédaction parisiennes ? L'attitude des grands médias devant la JMJ de Sydney a été plus défectueuse que d'habitude. Sauf quelques articles, l'incompréhension a été la règle.

Dans le Journal du dimanche (numéro qui consacrait des pages entières à des sujets inactuels), dix lignes seulement sur les journées de Sydney – en les résumant à ceci :  « le pape a présenté des excuses à propos des prêtres pédophiles ».

Sur FR 2, quelques images et propos de pèlerins, et un envoyé spécial admettant qu'il y avait beaucoup de jeunes enthousiastes : cependant, concluait le confrère, « Benoît XVI en reste aux dogmes traditionnels de l'Eglise catholique ».

Cette dernière phrase mérite qu'on la dissèque.

Que veut-elle dire ? Que le grand nombre de jeunes rassemblés aurait dû pousser le pape à changer le contenu de la foi catholique...

Idée un peu présomptueuse de la part d'une télévision. Idée floue, surtout : parce que nos médias emploient à tort et à travers le mot « dogme ».

Pour les catholiques, le chantier des dogmes de l'Eglise  est un effort sans fin pour tenter de « comprendre ce que l'on croit » (*) ; et le dogme chrétien est lié à l'Incarnation du Fils : comme lui, il « circonscrit son propre au delà » (*). Le dogme est donc un effort inouï : à la fois cadeau du Ciel et honneur de l'intelligence humaine.

Mais cela, vous ne le ferez pas facilement comprendre aux esprits formatés par le matérialisme mercantile. Pour eux, le « dogme » est simplement une idée transmise à chacun par les générations précédentes : donc quelque chose de répréhensible, car chaque individu consommateur est censé ne suivre que ses propres humeurs du moment. (Tout le mécanisme du marketing repose sur cette malléabilité du client). Que l'individu se raccorde à un patrimoine d'idées collectif, à une « longue mémoire », est contraire à l'air du temps. Celui-ci veut bien d'une religiosité émotionnelle et amnésique, de type pentecôtiste, application  au religieux des mécanismes psychologiques de la consommation; mais il ne veut pas du grand chantier de méditation et d'approfondissement qu'est le catholicisme – ou l'orthodoxie russe, grecque, etc.

Ce refus est inhérent à l'air du temps. Il est l'obstacle que doit contourner la nouvelle évangélisation : sans polémiques inutiles, sans crispations passéistes absurdes – mais avec une calme fermeté dans l'exactitude de la foi. Celle dont Benoît XVI donne l'exemple.

 

 

(*) F. Cassingena-Trévedy, Etincelles II, éd. Ad Solem.