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07/07/2008

Lycée La Rochefoucauld (2) : mise au point par un témoin proche

Après notre note du 03/07/08 - La conférence de Simone Veil n'était pas le problème. Selon  ce témoin, le  malaise était ailleurs : une « dérive »  interne,  pédagogique, administrative  - et spirituelle :


Pierre Breese nous écrit :

<<  Qu'est ce qui s'est vraiment passé ? C'est hélas banal : au départ, des petites mesquineries, provocations et maladresses (remise en cause de conférences sur l'amour chrétien, distribution en 6ème d'un livre de contes d'une triste trivialité que ne compensaient ni la qualité littéraire ni même une franche gauloiserie, organisation de DST et contrôles le Vendredi Saint à l'heure du Chemin de Croix, petites vexations infligées aux professeurs qui n'étaient pas "dans la ligne" (retrait de places de parking,  tergiversations pour fixer les horaires ou les classes, coupure du téléphone dans le bureau mis à disposition de l'aumônier), mise en exergue malveillante du "manque d'organisation" d'un aumônier par ailleurs très apprécié et sollicité, mais qui ne bénéficiait d'aucun support, restriction de la retraite de préparation de la profession de foi, venue mal préparée de Simone Veil, remaniement du conseil pastoral sans concertation avec l'aumônier...

Pris séparément, ces faits ne méritaient guère plus que des maugréments goguenards; mais au fil du temps, cela est devenu un système conduisant à une dérive relativiste où la dimension catholique se transforme en un vague humanisme et où le "fait religieux", pour reprendre le jargon en vigueur, devient un option un peu honteuse.

La crise a éclaté en raison du refus obstiné du directeur d'établissement, sans doute dépassé par la question et replié sur lui, du dialogue avec les parents et l'aumônier qui depuis des années avait su aider les jeunes à vivre une foi décomplexée et assumée. Elle a été aggravée par quelques trublions qui, par désoeuvrement et/ou générosité, étaient très présents à l'école et occupaient des responsabilité associatives, et ont cru bon de jeter de l'huile sur le feu.

Le silence des tutelles, le manque de soutien des autorités ecclésiales ont créé un mélange détonant; un peu d'activisme anticlérical et une position ambigüe de l'APEL, préférant défendre les idées du bureau de l'association, plutôt que des 250 parents qui ont très clairement et respectueusement exprimé la volonté de régulariser cette situation de crise, avec et par le directeur d'établissement et l'aumônier actuel, ont conduit à un dérapage se traduisant :

- par des psychodrames de professeurs mal renseignées qui distribuent des tracts indûment présenté comme émanant de "l'ensemble des enseignants", pour exiger le maintien du directeur dont personne ne demandait le départ : il lui était seulement demandé qu'il accepte d'écouter les parents et cesse d'esquiver le dialogue en se réfugiant dans un discours de victimisation,

- par des manoeuvres comme l'interpellation du Canard enchaîné, focalisant le problème sur la venue de cette pauvre Simone Veil qui n'y est pour rien,

- par une agitation qui a finalement conduit la tutelle, le conseil d'administration et le diocèse à intervenir, trop tard, et avec un objectif de calmer le jeu. Je ne suis pas certain que le courage et le soutien de ceux qui ont fait preuve de dignité et de bonne volonté aient été les priorités dans la gestion de cette crise.

Le problème reste entier ; il appartient à présent aux parents et professeurs de bonne volonté de travailler ensemble pour rétablir un climat de confiance propice à une éducation de qualité, comprenant une composante spirituelle claire et conforme au magistère des papes Jean-Paul II et Benoît XVI. Il faudra sans doute un peu de temps pour que l'établissement La Rochefoucauld retrouve un projet pédagogique cohérent, mais c'est un vieil établissement, qui en a vu d'autres...

Pour répondre à d'autres commentaires, ne soyons pas irréalistes : les enseignants peuvent être excellents (et c'est le cas pour la grande majorité à la Rochefoucauld), sans pour autant partager les convictions religieuses. Cela n'enlève rien à leur mérite et au respect que leur portent parents et élèves. Simplement, il convient que la direction respecte leur sensibilité en évitant de les impliquer dans le projet pastoral, sauf à créer une situation qui ne peut que créer le trouble.

P.B.   >>

 

_____

Commentaire – Cet incident, comme beaucoup d’autres, montre où est le problème de l’école catholique : maintenir ou retrouver le caractère propre qui est l’une de ses raisons d’être ! (Mais une étrange attitude serait, au contraire, d'arguer de l’engouement des Français envers l’école privée, pour achever d’effacer ce caractère propre...  Mgr Cattenoz a dit là-dessus des choses cruciales).

 

Commentaires

À PIERRE BREESE

> Merci de votre éclairante mise au point. Elle recoupe ce que j'ai constaté dans un autre établissement. Il y a une dérive grandissante. Qu'en pensent les bureaux de l'Enseignement catholique ? Rien ? Ou le communiqué officiel, "tout le monde il est gentil" ?
Une question tout de même, monsieur Breese : dans votre dernier paragraphe qui rend hommage à juste titre aux professeurs non croyants dans un établissement catholique, vous semblez dire que la direction aurait fait pression sur eux en faveur de la pastorale. Mais plus haut dans votre texte, vous donnez plutôt l'impression du contraire ? Ou ai-je mal compris ?

Écrit par : Maguelonne | 07/07/2008

PENIBLES BOURGEOIS CHRISTOPHOBES

> Il y a aussi un phénomène nouveau et pénible : des parents qui choisissent un grand établissement catholique par pure mondanité (pour que leur bambin soit élevé avec des fils d'oligarques), mais qui sont christophobes comme l'époque les y pousse, et qui exigent que l'école "respecte" leur phobie.
Anecdote, rigoureusement authentique : dans un très grand collège parisien, une bourgeoise friquée, reçue par le directeur, lui lance : "Jésus-Christ ? Ne me dites pas que vous croyez à cette imposture !" Cette dame inscrivait son gamin au collège, mais voulait que le collège ne soit plus catholique. Et c'est en faveur de gens pareils qu'il faudrait gommer le caractère propre ?

Écrit par : Golo | 07/07/2008

LES BOURGEOIS LISENT TROP DAN BROWN

> Vous avez eu raison, PP, de mettre le récit du Canard enchaîné au conditionnel et d'envisager qu'il y ait désinformation. C'est d'ailleurs systématiquement ce que fait le Canard, en tout cas quand il est question des catholiques. C'est toujours la même méthode : déplacer le problème, monter en épingle un seul aspect, le déformer pour le rendre scandaleux, et napper le tout de grosses vannes bouffe-curé à base de vocabulaire 1910 que personne n'utilise plus : "diabolique", "prêchi-prêcha", "belles pénitentes", "confesse", "foudre divine", etc. C'est pathétique. Mais ça marche de nouveau, depuis que haîr le christianisme est devenu une mode dans la foulée (ô combien intelligente) de Da Vinci Code et de L'Evangile de Judas !!!

Écrit par : Pasquerel | 07/07/2008

1984

> Merci Monsieur Breese de cette intéressante et précise mise au point. Vous mettez bien le doigt sur le problème essentiel des établissements catholiques qui en sont restés depuis 40 ans à l'imposture de clercs dévoyés pour qui le "levain dans la pâte" est devenu l'alpha et l'oméga de toute pastorale. Surtout fondons nous dans la masse, surtout ne dépassons pas d'une ligne, surtout soyons des établissements strictement similaires aux établissements publics... Malgré les inévitables dérapages qui cela entraînera, il est finalement très sain que des parents réagissent et se mobilisent enfin pour changer cela. Les miens ont défilé en 1984, pour quel résultat ?

Écrit par : Edouard | 07/07/2008

BOITES À BAC "BIEN FREQUENTEEES"

> Oui, l'enseignement catholique ne mérite plus ce nom, pour la plupart des établissement. j'ai retiré mon fils de celui où il était inscrit tant le laisser aller de l'encadrement (violence, racket, etc.), l'inconsistance de la pastorale (d'ailleurs, il n'y a même plus d'aumônier cette année) et la politique de recrutement à tout va pour faire du chiffre empêchait toute volonté de qualité et d'enseignement dans une selon une vision catholique. La plupart des établissements ne sont plus chrétiens. Et 90 % des parents qui inscrivent leurs enfants non plus. Ils cherchent un établissement censé être mieux tenu, plus efficace pour la réussite que l'E.N et, surtout, où il n'y a pas de "racaille". C'est une demande sociale et pas spirituelle. En 1984, la plupart des gens qui ont manifesté l'ont fait dans cet esprit. On ne défendait pas l'école catholique mais l'école dite "libre". Celle qui fait réussir votre rejeton et le fait entrer dans les grandes écoles. On ne défendait pas la pédagogie de Don Bosco mais la "boite à bac" bien fréquentée.

Écrit par : vf | 07/07/2008

@ MAGUELONNE

> Pour être précis, sans encourir un reproche de "procès d'intention", la direction actuelle tend à écarter de la pastorale ceux qui vivent une conviction religieuse assumée, et n'hésite guère à confier à des enseignants moins attachés à une telle conviction, des responsabilités pastorales (conseil pastoral, responsabilité de cycle qui malheureusement ne dissocie pas la dimension pédagogique et la dimension pastorale).
Ces derniers ont toute leur place y compris dans un établissement catholique, et ils apportent une richesse humaine et pédagogique incontestable. Mais leur implication dominante dans le projet pastoral est source de confusion et il est malsain de ne pas en tenir compte.

Écrit par : Pierre Breese | 07/07/2008

PAS LIBRE

> Bien d'accord avec vous VF. D'autant plus que ceux qui manifestaient en 1984 (nos parents) étaient de cette génération qui a pris en pleine figure le relativisme et le libéralisme, et qu'elle manifestait contre un projet "de gauche" (par ailleurs scandaleux) plus que pour une école catholique. D'ailleurs, faut-il rappeler qu'ils n'ont pas été très aidés par nos évêques, que les AFC ont du aller chercher un par un... Je me souviens du nôtre qui, à Pâques 84, a annoncé en chaire qu'il ne se joindrait pas au mouvement (il s'est bonifié par la suite !).
Soyons honnêtes : en mettant mes enfants dans l'enseignement "privé" (il n'est ni libre, ni catholique) je ne le fais pas par conviction religieuse, mais uniquement par souci de les mettre dans un établissement qui a un bon niveau, où ils retrouvent ceux de leurs amis élevés comme eux (pas tous, loin de là !), et pour éviter le lycée public du coin, ses grèves et ses enseignants barbus ! Mais je m'empresse de les inscrire au caté "libre" (il n'est pas privé, mais catholique) où ils apprennent à peu près la même chose que moi au même âge, loin de la "pastorale", des "célébrations", et autres "solidarités" dont nous avons tant souffert !

Écrit par : Edouard | 07/07/2008

LA LETTRE DE Mgr BEAU

> Voici une lettre que Mgr Beau vient d'adresser aux paroissiens de St Pierre du Gros Caillou, paroisse pù se trouve La Rochefoucauld. Il salue l'engagement des parents et de l'aumônier et déplore les difficultés qu'il a rencontré pour exercer sa mission au sein de l'Ecole.

"Aux paroissiens de Saint Pierre du Gros Caillou
Chers Paroissiens,
Devant le climat de tensions vécues actuellement au collège et lycée de La Rochefoucauld, et constatant que la collaboration pastorale entre la direction de l’établissement et son aumônier était devenue impossible, après une réflexion approfondie, j’ai demandé au cardinal André Vingt Trois de retirer le Père Philippe de Maistre de cet établissement. Vous comprendrez bien que le souci de l’évêque est de venir en aide à ses prêtres. En conséquence, une nouvelle mission va prochainement lui être donnée, les liens du quartier trop déchirés actuellement ne lui permettent plus d’exercer paisiblement son ministère à St Pierre.
Etant donné la mobilisation des parents d’élèves autour du projet pastoral de La Rochefoucauld lors de la dernière visite de tutelle de l’établissement, en accord avec notre Archevêque et avec la tutelle des Frères des Ecoles Chrétiennes, Monsieur Frédéric Gautier, directeur diocésain de l’enseignement catholique de Paris, travaillera au nom du diocèse de Paris, avec les délégués de la tutelle Lasallienne et le chef d’établissement, à redéfinir les conditions propices à une nouvelle nomination d’un aumônier quand le moment sera venu.
Je sais combien, pour beaucoup d’entre vous et particulièrement pour les jeunes du quartier, cette nouvelle sera difficile à accepter étant donné ce que vous avez pu recevoir du Père de Maistre au long de ces trois années à Saint Pierre du Gros Caillou.
Celui qu’il vous a aidé à connaître, le Christ : continuez à en vivre et à manifester dans la paix l’authenticité de votre attachement à sa personne. L’Église ne se construit pas dans les conflits partisans.
Ma prière vous accompagne et particulièrement Philippe en ce temps difficile.

Mgr Jérôme BEAU"

A noter aussi que parallèlement à cette crise pastorale, LaRochefoucauld passe, dans le classement de l'Express, de la 2ème place au 335e rang national et au 40e rang sur 86 au niveau parisien. Quel gâchis !

Écrit par : Durer | 09/07/2008

CLORE L'AFFAIRE

> Pour clore cette affaire, nouvelle communication dans la feuille de la paroisse de cette semaine :
- la paroisse n'assurera plus le catéchisme dans l'établissement, et n'y enverra plus d'aumônier (les élèves pourront bien sûr suivre le catéchisme dans la paroisse, comme auparavant)
- le Père de Maistre quittera la paroisse du Gros-Caillou le mois prochain
- l'un des deux nouveaux évêques auxiliaires de Paris (Mgr Éric de Moulins-Beaufort) sera plus particulièrement chargé de restaurer un climat apaisé dans cette paroisse.

Écrit par : FPE | 01/09/2008

QUID

> Je suis heureuse d'apprendre qu'une lettre a été envoyé aux paroissiens par l'évêché pour dépassionner les choses...moins heureuse de voir que c'est le Père de Maistre qui a payé de sa personne et de son image cette histoire.
Quid du directeur d'établissement ?
Pourquoi n'a-t-il pas été révoqué ?

Écrit par : Clémence | 03/09/2008

DE Mgr BEAU

> En guise d'épilogue, une autre lettre de Mgr Beau, lisible en page 2 du bulletin paroissial de Saint-Pierre du Gros Caillou :
http://www.stpierredugroscaillou.com/public/744.pdf

Écrit par : Maubert | 05/09/2008

SITE

> Pour ceux qui ont suivi la crise de l'Ecole de La Rochefoucauld, voici un site fort bien fait que je viens de découvrir : www.ecolelaroche.com
Manifestement, ce n'est pas fini...

Écrit par : Jacques Schmitt | 29/01/2009

PLUS QUE JAMAIS

> On mesure l'arbre à ses fruits. Les Lasalliens viennent de dicter dans un long communiqué leurs conditions au retour éventuel d'un aumônier pour septembre prochain, sans même remettre en question un instant ni leur organisation de l'école, ni ceux et celles qui ont pourtant conduit au départ du Père de Maistre. Ce sont d'ailleurs ces mêmes personnes qui ont rédigé la plupart des exigences de ce cahier des charges, sur un mode défensif évidemment. Cela fait longtemps que les Lasalliens, aujourd'hui essentiellement provinciaux dans leurs implantations, vivent de certitudes pédagogiques d'un autre âge, dépassés par les vocations suscitées depuis par Jean-Paul II ou le cardinal Lustiger à Paris notamment! Pour exister encore, leur combat d'arrière-garde, bien mesquin en l'occurrence, les fait pinailler sur le retour d'un prêtre dans leurs établissement, incapables eux-mêmes de fournir un quelconque religieux de leur congrégation pour donner de l'élan à une pastorale moribonde. Le diocèse l'a compris, le Père de Maistre part pour Stanislas où il sera là accueilli à sa juste valeur. Quant à la présence d'un aumônier à La Rochefoucauld, cette année de jachère a montré qu'il était plus indispensable que jamais, quoi qu'en pense la tutelle ...

Écrit par : Charles, | 18/05/2009

SEPTEMBRE 2009

> Les choses progressent grâce à une implication habile et déterminée de l'évêque auxilliaire : le Père de Maistre est rétabli dans sa dignité, en devenant aumônier à Stan; Le Père Stéphane Pallaz proche du Père de Maistre, quitte Henri IV pour remettre de l'ordre à La Rochefoucauld. Les tentatives d'un professeur de gym. et du Pdt de l'Ogec de La Roche pour infiltrer le Bon Conseil ont pu être battues en brèche.
Le directeur de la Roche à l'origine de cette crise est encore en place, et la plus grande vigilance s'impose.

Écrit par : Jacques Schmitt, | 19/09/2009

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