05/07/2008
Agrocarburants : responsables de 75 % de la flambée des prix alimentaires ?
...Oui, selon un rapport de la Banque mondiale divulgué trois jours avant la réunion du G 8 :
Selon un rapport de la Banque mondiale publié vendredi par The Guardian, La hausse des prix alimentaires en 2007 a coûté 324 milliards de dollars (206 milliards d’euros) aux consommateurs des pays pauvres – et cette flambée mondiale serait causée à 75 % par la vogue mondiale des carburants végétaux, impulsée par les intérêts industriels atlantiques. Plus de 105 millions de personnes supplémentaires sont ainsi jetées dans la pauvreté.
Ce rapport était resté secret jusqu’ici pour ne pas créer d’affrontement entre la Banque mondiale et le département américain de l’Agriculture, selon lequel l’impact des agrocarburants sur les prix alimentaires ne dépasserait pas 3 %. On sait que l’administration Bush subventionne massivement le bioéthanol (à base de maïs) : entre autres au Brésil, d’où l’alignement du gouvernement de Lula sur la Maison Blanche. Alignement comparable de Bruxelles : l’UE assure que «l’impact à long terme des biocarburants sur les prix des céréales ne dépassera pas 3 à 6 % par rapport aux prix de 2006». Plus bushien que les bushiens, le porte-parole du commissaire européen à l’Energie accuse même la Banque mondiale de « dire n’importe quoi ».
N’importe quoi, vraiment ? Hormis Bush et sa garde rapprochée, personne n’ose avancer des chiffres comme 3 % ou 6 %. Stephan Tangermann, directeur de l’agriculture à l’OCDE, déclare à Libération (5 juillet) : « Ce qui est sûr, c’est que 60 % de la hausse de la demande mondiale en céréales et huiles végétales entre 2005 et 2007 était due aux biocarburants.» Il explique que l’économiste de la Banque mondiale, Don Mitchell, « a calculé le prix d’un panier de denrées entre janvier 2002 et février 2008, et mesuré une hausse globale de 140 % ; sur ces 140 %, 35 % seraient imputables à la hausse des prix de l’énergie, des engrais et à la faiblesse du dollar. La part des biocarburants (75 %) prend en compte une "chaîne de conséquences": la baisse des stocks mondiaux, la spéculation et les freins à l’exportation ».
L’industrie agro-alimentaire nie cela en bloc, avec la même violence verbale que Bruxelles. A l’en croire, tout irait bien si le marché était encore plus dérégulé et les multinationales encore plus souveraines. Traitant le rapport de la Banque mondiale de « stupide », Xavier Beulin (filière française des huiles et protéines végétales) reconnaît l’existence de quelques problèmes : mais il les impute aux… gouvernements nationaux. Il fallait s’y attendre.
15:57 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : écologie
Commentaires
RESISTER, RECONSTRUIRE
> Oui, ils sont aussi aveugles que les membres du politburo en URSS durant les années 80. Et cela finira de la même façon. En attendant, que de souffrances dans le monde actuel et quand le gros clash aura lieu, que de drames et de catastrophes à prévoir. Il va falloir résister à tout cela puis reconstruire. Que Dieu nous donne la force.
Écrit par : vf | 05/07/2008
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