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22/06/2008

L’avant-garde d’une nouvelle civilisation

51LC40uj4eL._SS500_[1].jpgDébat avec un lecteur de Metz :


<<  Monsieur de Plunkett,  nous nous sommes rencontrés il y a quinze jours à la fête du Livre à Metz et nous avons échangé quelques idées autour du livre L'écologie de la Bible à nos jours. Je viens d'en achever la lecture, et comme promis je vous fais parvenir ce petit commentaire, pour vous donner mon avis sur votre ouvrage.  [...]  Les questions d'écologie et d'économie sociale représentent un enjeu vital pour la survie de l'humanité. Sur ce point je vous rejoins sans nuance. Sur l'idée centrale de votre livre selon laquelle le christianisme permet précisément d'apporter une réponse à ces questions d'écologie et d'économie sociale, je vous dirais que je le conçois aisément. En effet, nous n'avons pas eu l'occasion d'en parler à Metz, mais je travaille depuis des années sur John Ruskin, auteur anglais de la période victorienne dont l'oeuvre esthétique et sociale est enracinée dans un christianisme constamment inspiré par les Ecritures. Je traduis actuellement son principal ouvrage d'économie sociale qui se fonde sur la célèbre parabole du vigneron - Matthieu xx - et qui contredit totalement les théories économiques en cours dans l'Angleterre du XIXe siècle, celles mêmes auxquelles vous faites référence dans votre livre. La thèse centrale de votre ouvrage m'est donc familière et je crois avec vous qu'elle est fondée.

Reste cependant le point de réserve  - mais c'est un point absolument fondamental - auquel nous avons brièvement fait allusion lors de notre rencontre : le monde n'est pas exclusivement chrétien et je crois que la révolution des modes de comportement qui s'impose pour sauver notre planète exige une adhésion commune qui dépasse le cercle des chrétiens. J'entends votre argument qui consiste à dire que si ces derniers montrent la voie, les autres suivront peut-être. Pour ma part, je crois que le défi écologique sans précédent auquel nous sommes confrontés représente une occasion extraordinaire de dépasser les croyances ou idéologies qui nous opposent et d'inventer un "vivre-ensemble" arc-bouté sur les questions d'écologie. Vaste programme me direz-vous ! Ce qui nous différencie en réalité c'est la question de la finalité : je lis dans votre ouvrage le désir de vivre dans un monde en harmonie avec les préceptes bibliques qui fondent le christianisme. Pour ce qui me concerne, je suis prêt à mener le combat écologique avec tous ceux pour lesquels ce combat devient la question fondamentale des décennies à venir. Peut-être nous donnera t-il l'occasion de créer de nouveaux "paradigmes" socio-économiques ?

Restons en contact, donc. Je serais heureux de poursuivre avec vous cet entretien.

Bien à vous,

Pascal Debout

 

 

Réponse - Mais nous sommes d'accord ! Mon livre appelle les deux milliards de chrétiens à devenir avant-garde d'une nouvelle civilisation : je n'écris pas qu'ils auraient vocation à le faire seuls. Si j'ai bien lu l'Ecriture, vêtir ceux qui sont nus et nourrir les affamés est un objectif en soi. Page 305, en conclusion du livre, je développe une idée très proche de la vôtre : « Oecuménè veut dire "la Terre habitée", et celle-ci n'est pas peuplée que de chrétiens, même s'ils sont la première religion de la planète. La Terre est la maison commune ; l'habiter ensemble va exiger un nouveau regard. […] Les chrétiens ont beaucoup à apprendre des écologistes. Ils ont aussi beaucoup à leur transmettre... », etc. Nous sommes prêts à travailler, selon votre expression, "avec tous ceux pour lesquels ce combat devient la question fondamentale des décennies à venir". C'est l'esprit de la doctrine sociale de l'Eglise, qui n'est pas une charte de club à usage interne  mais  une plateforme partageable, proposée à tous, chrétiens et non chrétiens, sur la base du bien commun universel ! Les croyants  voient dans cette édification une dimension surnaturelle ? Oui, et ils sont "prêts à donner les raisons de leur espérance à qui les leur demande" (épître de Pierre). C'est un témoignage légitime de leur part. Cela ôte-t-il quelque chose à la sincérité de leur engagement concret immédiat, aux côtés de non croyants ?  Non : aucun désir d'hégémonie* chez eux lorsqu'ils rejoignent ce combat... Ces questions demandent à être précisées parce qu'elles se posent depuis peu de temps : comme le dit Jean Bastaire, "les écologistes chrétiens sont une espèce en voie d’apparition" !

P.P.

 

(*) Les catholiques de 2008 ne sont pas tentés par le désir d'hégémonie ! Ce serait n'avoir rien compris aux attentes du monde actuel. Si cette nostalgie d'hégémonie restait présente à l'esprit de quelques-uns, elle les rendrait incapables de servir la nouvelle évangélisation. Rameaux desséchés...

 

Commentaires

AU CONTRAIRE

> Oh non, les catholiques ne sont pas tentés par une nostalgie d'hégémonie ! Ce serait plutôt la tentation contraire souvent : se fondre dans la foule. Enfin c'était la tentation il y a quelques années. Aujourd'hui autre temps, autres besoins. Evangélisation ? peut-être.

Écrit par : Gerbert | 23/06/2008

COMMENCEMENT

> Les chrétiens que je côtoie dans l'orbite écologiste sont pleins de bonne volonté et s'engagent volontiers dans des actions communes avec des écolos pas du tout croyants : mais ils le font dans une optique humaniste et moraliste, sans la grande dimension cosmique de saint Paul et de la Bible. Enfin il faut un commencement à tout.

Écrit par : Amicie T. | 23/06/2008

BASTAIRE

> Merci d'avoir cité ce pionnier de l'écologie chrétienne qu'est Jean Bastaire, lequel est aussi un des meilleurs et plus fervents connaisseurs de Péguy, ce qui n'est sans doute pas un hasard car sens de l'Incarnation et souci de la Création vont de pair !

MG


[ De PP à MG - Je suis en contact avec Jean Bastaire et Jean-Marie Pelt. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Michel de Guibert | 23/06/2008

DECROISSANCE

> Cher Patrice de Plunkett,
Le dernier numéro de la revue Contrelittérature porte sur la décroissance. Il y a des textes de Falk van Gaver et Philippe Conte notamment. Par contre l'article d'Alain Santacreu est assez critique par rapport à l'ouvrage d'Alain de Benoist sur l'écologie. Je m'étonne que vous n'ayez pas signalé cette revue qui me paraît très originale, étonnez-vous après que les chrétiens moisissent en vase clos. Pour information, un second dossier est consacré à l'art caché (avec un très beau texte d'Aude de Kerros).
Voici le site de la revue
http://talvera.hautetfort.com/

Cornellas


[ De PP à C. - Je ne l'avais pas signalé parce que... j'en ignorais tout bonnement l'existence. Ce n'est plus le cas. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Cornellas | 06/07/2008

MOISI

> à Cornellas - Vous trouvez qu'on sent le moisi parce qu'on ne connaît pas "Contrelittérature" ? Vous êtes gonflé. Veillez à ne pas tomber dans la présomption, ça ne mène jamais très loin.

Écrit par : Torbenn | 06/07/2008

ESSENTIELLES

> Non,Cornellas, on n'a pas du tout l'impression de moisir en vase clos ! Je vous trouve inutilement agressif. Les travaux dont vous parlez sont sûrement passionnants, mais enfin les journées n'ont que 24 heures et il y a beaucoup de choses à lire qui sont tout aussi essentielles (pardon).

Écrit par : Caroline | 06/07/2008

LA REVUE

> Je me suis seulement permis de faire un peu de promotion pour une petite revue que j'aime bien (comme j'apprécie la Nef ou Képhas, par exemple). Le fait que de jeunes intellectuels chrétiens y participent m'a paru intéressant. La synthèse opérée dans le dernier numéro entre l'écologie radicale et la dissidence de l'art contemporain m'a semblé aussi assez nouvelle. Je regrette l'expression "moisir en vase clos" qui, en effet, était inappropriée (surtout sur ce blog !) Ce n'était que maladresse, n'y voyez aucune présomption.

Écrit par : Cornellas | 06/07/2008

URGENCE

> Est-il encore temps de reprendre ce sujet après 5 mois?..je viens de découvrir ce blog passionnant...
Un extrait de la réponse de Patrice à Pascal:
Nous sommes prêts à travailler "avec tous ceux pour lesquels ce combat devient la question fondamentale des décennies à venir".
D'accord à 100% avec vous deux, mais n'oublions pas que notre foi nous invite à vivre pleinement l'aujourd'hui et le maintenant!Ce qui me rapproche de Pascal, au niveau de l'urgence à rejoindre les militants écologistes associatifs ou politiques, militants qui ont pris de l'avance sur le terrain de l'écologie, reconnaissons le!

De la part de Claire, mère de famille "anarchriste" (pas assez!)de Loire-Atlantique qui a beaucoup apprécié votre ouvrage L'écologie.
Monsieur de Plunkett, nous feriez-vous l'honneur de venir animer une soirée paroissiale à Nantes (ou banlieue) sur le thème de votre livre?

Claire

[ De PP à C. - Avec joie. ]

Écrit par : Claire | 02/12/2008

A Claire :

> Vous avez écrit :
"Ce qui me rapproche de Pascal, au niveau de l'urgence à rejoindre les militants écologistes associatifs ou politiques, militants qui ont pris de l'avance sur le terrain de l'écologie, reconnaissons le!"
Certains disent que ces militants font totalement l'impasse sur l'écologie humaine. Peut-être...Quoique...J'ai lu récemment un dossier remarquable, dans la revue Alternatives Santé (que l'on ne classe pas spontanément dans la même catégorie que Famille Chrétienne, Panorama ou La Nef), sur le thème "Se passer de la pilule ?" Après lecture, on peut retirer le point d'interrogation (si, si).

Écrit par : Feld | 02/12/2008

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